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Full text of "Dictionnaire de la langue Françoise, ancienne et moderne"

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DICTIONNAIRE 


DELA 


LANGUE  FRANÇOISE, 

ANCIENNE  ET  MODERNE, 


DE    PIERRE    RICHELET. 


TOMJË     T  JR.O  I S IJÉ  M  JE. 


P-Z 


DICTIONNAIRE 

D  JÊ       jL  ^ 

LANGUE    FRANÇOISE, 

ANCIENNE  ET  MODERNE, 

PIERRE      RI  C  HELE  T, 

NOWEI.I.E     ÉDÏTïON, 
AUGMENTÉE  D'UN  TRÈS^GRAND  NOMBRE  D'ARTICLES, 

TOMJË   TJR.OISIJËMM. 

P-Z 


ALTON, 

Chez  LE  s  Frères  Duplain,  Libraires,  grande  rue  Mercière,   Maifon  de; 
MM.  les  Chanoines  Réguliers  de  Saint  Antoine. 


M.     D  C,  C.     L  I  X, 
AVEC    APPROBATION    ET    PRIVILEGE    DU    ROI 


1l+ 

AUAMS 


DICTIONNAIRE 


DE      LA 


LANGUE    FRANÇOISE, 

ANCIENNE    ET    MODERNE, 

Avec  des  Obfervations  de  Critique ,  de  Grammaire  &  d'Hifioire, 


p.    p  A  c. 

Subji.  Mafc.  Une  des  lettres  de 
l'Alphabet  François.  (Faire  Un 
P.   Un  P  mal  fait.  ) 

Le  P   accompagné  de  Vh  fe 

prononce  comme  une  F.  Ainfi 

on  prononce  Phyfiquc,  de  même 

que  fi  ce  mot  étoit  écrit  Fifiquc. 

Le  P  ne  fe  prononce  pas  en  plufieurs  mots. 

Par  exemple ,  compte ,  loup ,  fepc,  fe  prononcent 

comme  s'ils  étoient  écrits  ,  conte ,  lou  ,  fet. 

Le  P  au  commencement  des  mots  fe  fuprime. 
Dans  ptifanne  &  dans  Pfeaume.  Au  milieu  des 
mots  il  fe  prononce ,  dans  baptifnial ,  exemption  , 
rédemption  ,  Rédempteur.  Dans  les  mots  où  le 
P  eft  final  ,  il  fe  prononce  ,  comme  dans  Gap  , 
ville ,  galop.  (  Voiez  Defmarais ,  Grammaire 
JprançoiJ'e.  ) 

PAC. 

Pacage,  ou  Parcage  ,  f.  m.  [^Pafcua.  ]  L'un 
&  l'autre  s'écrit ,  mais  quoi  qu'on  écrive  pafcage 
avec  une  J'.  il  ne  la  faut  point  prononcer.  Elle 
ne  fert  qu'à  montrer  que  la  filabe  eft  longue, 
(  On  apelle  pacage  ,  le  lieu  oîi  le  bétail  va 
paître.  )  Voiez  Pâturage. 

Pacal  ,  f.  m.  Arbre  qui  croît  aux  bords 
-d'une  rivière  près  de  Lima  dans  le  Pérou.  Ce 
bois  étant  brûlé  ,  les  Indiens  fe  fervent  de  fes 
cendres  ,  mêlées  avec  du  favon  ,  pour  guérir 
toute  forte  de  dartres. 

P  a  c  e'.  terme  de  Couvent.  Mettre  un  Reli- 
gieux in  pace ,  c'eft  le  mettre  en  prifon  oii  on 
le  réduit  à  une  vie  dure  &  au  jeûne. 
Tome  III, 


PAC. 

P  a  c  F  I ,  OU  P  A  F  I  ,y^  //z.  [  Decumanum  velumi 
artimon.  ]  Terme  de  Mer.  On  donne  ce  nom 
aux  deux  voiles  baffes.  Le  grand  Pacfi ,  c'eft  la 
grande  voile.  Le  petit  Pacfi  ,  c'eft  la.  voile  de 
mizaine.  O^an.  Dicî.  Mar.  On  dit  aufll  Pacfiqus, 
mais  le  premier  mot  eft  le  plus  ufité. 

Pacificateur  ,  y;  77Z.  \_PacifLcator  ,  mediaror.^ 
Qui  fait  des  traités  de  paix.  Qui  fait  la  paix. 
(  En  cent  lieux  il  me  dégrada  ,  ce  pacificateur 
d'Avaux.  Fait.  ] 

Pacification  ,  f.f.  \_Pacificatio  ,  mediatio.'\ 
Prononcez  pacificacion.  Ce  mot  a  un  ufage  aftez 
borné.  On  dit  ,  un  Edit  de  pacification  ,  pour 
dire  un  Edit  qui  tend  à  apaifer  &  à  pacifier  les 
troubles  &  les  brouilleries  du  Royaume  ;  mais 
il  ne  fe  dit  que  des  troubles  qui  furent  excitez 
en  1561.  fur  le  fujet  de  la  Religion.  Voïez 
là-deflus  VHijîoire  des  troubles.  Il  y  a  des  gens 
qui  fouffrent  par  des  Edits  de  pacification  , 
mais  leurs  dommages  font  récompenfez  par 
l'utilité  qui  en  revient  à  l'Etat.  Le  Maît.  pi.  ig. 

Pacification  ,  fè  dit  auffi  du  foin  qu'on  prend 
pour  apaifer  des  difl"enfions  domeftiques  ,  ou  des 
difFérens  entre  des  particuliers.  (  J'ai  travaillé 
à  la  pacification  de  leurs  difFérens.  ) 

Pacifier,  V.  a.  [  Pacare  ,fedure.  ]  Apaifer. 
Acorder.  Mettre  en  paix.  Donner  la  paix. 
(  Pacifier  l'Europe.  Abl.  Pacifier  la  France  , 
l'Italie ,  l'Allemagne.  Abl.  Pacifier  les  mouve- 
mens  de  quelque  Royaume. 

Pacifier ,  fe  dit  aufTi  des  querelles  des  particu- 
liers. (  J'ai  pacifié  leurs  différens.  J'ai  pacifié 
l'efprit  de  ces  frères. 

Pacifier ,  fe  dit  auffi  de  la  mer  &  des  vens. 

A 


i  PAC. 

[  SeJare.']  Aprcs  deux  jours  d'orage  ,  la  mer  fe 
paajia.  )  Il  eft  beaucoup  mieux  de  dire  la  mer 
le  calma. 

P  A  Cl  F  I  du  E  ,  /  m.  [  Pacificus.  ]  Qui  aime 
la  paix.  (  Bien-heureux  font  les  paciji'quis ,  parce 
qu'ils  feront  apellez  enfans  de  Dieu.  Nouv.  Tcfl.') 

Pacifique  ,  adj.  [  Pacificus  ,  quietus.  ]  Pdifible. 
Qui  aime  la  paix.  Qui  eft  en  paix.  (  L'cfprit 
pacifique.    Ombre  pacifique.  Dcfpr,  Satire  3.  ) 

La  mer  Pacifique.  [  Mare  pacificum.  ]  C'eft  la 
mer  du  Sud  qui  eft  au-delà  de  l'Amérique.  On 
l'apelle  pacifique ,  parce  qu'il  s'y  fait  moins  de 
tempêtes  que  dans  la  mer  du  Nord  ,  qui  eft 
rOcean  Atlantique;  cependant  au-delà  des 
détroit  de  Magellan  &  de  le  Maire  les  tempêtes 
font  auffi  fréquentes  &  peut-être  plus  furieufes 
qu'ailleurs. 

Mener  une  vie  pacifique  ,  ou  tranquille;  cholfir 
une  vie  pacifique ,  un  genre  de  vie  pacifique. 

^^  Pacifique  pofi'cffion.  Une  polfeilion  ne 
produit  jamais  aucun  éfet ,  fi  elle  n'eft  pacifique  ; 
&  c'eft  particulièrement  dans  la  Jurifprudence 
Ecléfiallique  ,  où  la  poifeiïion  pacifique  de  trois 
ans  eft  un  rempart  bien  folide  contre  l'avidité 
des  dévolutaires.  Le  Pape  Innocent  VIII.  établit 
dans  la  Chancelerie  Romaine  ,  une  règle  en 
faveur  de  la  poffeftion  triennale ,  quand  elle  eft 
pacifique  ,  &  cette  règle  a  été  confirmée  par 
tous  les  Papes  qui  lui  ont  fuccédé  :  la  France 
l'a  adoptée ,  parce  qu'elle  eft  conforme  à  la 
difpofuion  du  Concile  de  Bâle ,  fur  lequel  la 
Pragmatique  Sandion  &  le  Concordat  ont  été 
formez.  Pour  jouir  du  bénéfice  de  la  régie, 
non  -  feulement  il  faut  être  fondé  dans  une 
pofTeffion  paifible  de  trois  années  ,  mais  encore 
fur  un  titre  du  moins  coloré.  RebufFe  ,  qui  a 
fait  un  Commentaire  fur  cette  régie  ,  dit  que 
la  poffeftion  paifible  eft  celle  qui  n'eft  point 
troublée  ,  ni  en  jugement  ,  ni  hors  jugement  : 
mais  les  aftes  qui  font  faits  hors  jugement ,  ne 
peuvent  être  que  de  ftmples  proteftations  qui  ne 
peuvent  point  paffer  pour  un  trouble  légitime  , 
&  le  litige  injufte  n'eft  point  une  interruption 
de  la  pofleffion  ,  comme  il  a  été  jugé  par  un 
Arrêt  du  Parlement  de  Paris  ,  raporté  dans  le 
recueil  de  Bardet  ,  tom.  z.  liv.  S-  ch.  jS.  Il  en 
eft  de  même  d'une  inftance  intentée  devant  un 
Juge  incompétent  ;  elle  n'interrompt  point  la 
pofl'eflion.  Quant  au  titre  ,  il  doit  être  légitime 
&  canonique ,  ou  du  moins  coloré  ;  &  ,  félon 
le  fentiment  de  plufieurs  Dofteurs ,  le  titre  eft 
coloré  ,  quand  celui  de  qui  on  le  tient,  a  droit 
originellement  de  pourvoir,  quoiqu'accidentelle- 
ment  il  foit  furvenu  en  fa  perfonne  quelque 
empêchem£nt  qui  s'opofe  à  la  provifion  ,  pourvu 
que  cfes  empêchemens  ne  foient  de  la  qualité 
de  ceux  qui  font  exprimez  dans  la  règle,  comme 
la  fimonie.  On  peut  encore  dire  qu'un  titre  eft 
coloré,  quand  il  n'eft  point  réprouvé  par  la 
régie  ;  &  par  conféqucnt  un  titre  n'eft  point 
coloré  quand  il  eft  contraire  à  la  régie.  Au  refte, 
la  régie  a  lieu  dans  toutes  fortes  de  Bénéfices , 
même  à  l'égard  de  ceux  qui  font  de  patronage 
laïque. 

PacifiQuemfnt  ,  aJv.  [  Placidb  ,  tranquille.  ] 
Paifiblement.  D'une  manière  pacifique.  Dans  la 
paix.  Sans  guerre.  (  Vivre  pacifiquement.  Régner 
pacifiquement.  ) 

P  A  c  o  s ,  /  m.  [  Pacos.  ]  Animal  du  Pérou 
qui  eft  aprivoifé  ,  &  qui  porte  beaucoup  de 
laine  extrêmement  fine. 

PAcoi4i,Lt,  f.  f.   Certaine    quantité   de 


PAC.     P  A  D.     PAG. 

marchandifes  deftinée  au  commerce  ;  ce  mot 
fe  dit  principalement  de  la  marchandife  que  l'on 
tranfporte  ou  que  l'on  fait  tranfporter  dans  les 
pays  éloignez  pour  la  commercer. 

■j"  Pacte  ,  f.  m.  [^  Pactum  ,  fxdus  ,  convention  ] 
Ce  mot  fignifie  ,  Acord  ,  Convention.  Racine 
dans  Athality  Aft.  i.  Se.  i.  dit  : 

Rompe?  ,  rompez  tout  paRe  avec  l'impiété  ; 

Du  milieu  de  mon  Peuple  exterminez  les  crimes. 

Et  vous  viendrez  alors  m'immoler  vos  victimes. 

Pacle  ,  fignifie  aufll  ,  ou  l'écrit  par  lequel 
quelqu'un  s'engage  &  fe  livre  au  Démon  ,  ou 
les  fimboles  phyfiques,dont  l'aplication  produira, 
à  ce  qu'on  penfe ,  tel  ou  tel  éfet  en  conféquence 
du  pade. 

Faction,//  [  Conventio  ,  claufula.  ]  Ce 
mot  aujourd'hui  ne  le  dit  ordinairement  qu'en 
parlant  des  affaires  ,  &  il  fignifie  ,  Acord  ÔC 
Convention  qui  fe  fait  entre  quelques  perfbnnes. 
{  Faire  une  padion  avec  quelqu'un.  Vaug.  Rem.) 
Paclion  ,  dit  le  Père  Bouhours  ,  étoit  autrefois 
le  meilleur  ;  à  préfent  il  ne  vaut  plus  rien  -.pacle 
a  prévalu ,  foit  qu'il  s'agifTe  des  Sorciers  qui 
font  un  pafte  avec  le  Diable ,  foit  qu'il  s'agifTe 
d'autres  gens  :  paclion  n'eft  plus  qu'un  terme  de 
Palais.  Remarq.  pag.  408.  Vaugelas  ,  ch.  45 y. 
de  fies  Ohfervations  ,  a  dit  que  pache  pour  paclion 
étoit  un  barbarifme.  L'ufage  eft  cependant  de 
ne  fe  fervir  ni  de  pache ,  ni  de  paclion ,  quand 
il  s'agit  d'un  traité ,  d'un  marché  fait  entre  deux 
perfonnes.  Le  terme  convention  eft  générique. 
Tranfaclion  eft  une  efpéce  de  convention  ;  car , 
félon  la  définition  des  Jurifconfultes  ,  la  tran- 
fa'àion  eft  une  convention  faite  entre  deux  ou 
trois  perfonnes  fur  une  chofe  douteufe,  &  qui 
eft  litigieufe  :  &  il  y  a  cette  diférence  entre  la 
fimple  convention  &  la  tranfaftion  ,  que  celle-ci 
ne  peut  jamais  être  réfolue  &  annullée  que  par 
le  dol  perfonnel ,  c'eft-à-dire  ,  lorfque  l'une  des 
parties  a  été  trompée  par  l'autre  ,  qui  lui  a 
fouftrait  des  titres  importans. 

Pactiser  ,  v.  77.  [  Paclionem  facere  ,  pacifci.  1 
Faire  une  pafte  ,  ou  une  convention.  (Paflifer 
avec  quelqu'un.  On  dit  auffi  paclionner.  Il  eft 
deft'endu  aux  Procureurs  &  aux  Avocats  de 
paclionner.  ) 

Pactole,  //77.  [  Paclolus.  ]  Nom  d'un 
Fleuve  de  Lydie  ,  dont  le  fable  étoit  doré  :  il 
fe  dit  figurément  des  richeffes.  Le  Paftole  coule 
pour  vous.  l^Tibi  Paclolus fiuit.'\  C'eft-à-dire, 
vous  êtes  très-riche. 

P  A  D. 

Padech  a  ,  /ot.  Titre  que  le Grand-SeigneiM* 
fe  donne  ,  &  qu'il  n'acorde  à  aucun  Prince 
Chrétien  ,  qu'au  Roi  de  France.  Ce  mot  eft 
Perfan  ,  &  nos  Diftionnaires  l'expliquent  en 
Turc  par  ceux  de  Beg  ,  &  de  Sultan  ,  qui 
fignifient  Seigneur  ou  Prince. 

Paoelin  ,  /  ot.  [  Viiri  fufor  caliculus.  ]  Terme 
de  Verrerie.  C'eft  un  grand  creufet  où  l'on  fait 
fondre  la  matière  du  verre. 

Padou  ,/  m.  [  f^itta  bombycina.  ]  he  padou 
eft  une  forte  de  ruban  de  fil  ou  de  ibie ,  dont 
on  fe  fcrt  pour  faire  des  noeuds  de  fouliez , 
des  jartiéres  ,  &c.  (Padou  gris,  padou  noir, 
padou  blanc.  ) 

PAG. 

Pagale,//  Sorte  de  rame  ou  d'aviroa 
dont  on  fe  iert  à  canoter  ;  ç'eft-à-dire ,  à  conduire 


PAG. 

les  Canots  dans  plufieurs  endroits  derAmérique. 

Pagaie  ,  eft  aulfi  une  grande  efpatule  de 
bois  ,  dont  on  fe  fert  dans  les  fucreries  de 
l'Amérique  ,  pour  remuer  le  fucre  quand  il 
rafraîchit ,  afin  d'en  former  le  grain. 

Pagaye  ,  f.  f.  [  Rcmiis  minor  &  lattts.  ] 
Efpéce  de  pelle  ou  d'aviron  dont  fe  fervent 
les  Sauvages  pour  faire  nager  leur  pirogue  ou 
canot.  Voiez  le  4.  tome  des  Mémoires  de  V Aca- 
démie ,  page  3C)S)- 

Paganisme  ,  f.  m.  [  Gcnûlitas  ,  ficlorum 
Deorum  cultus.'\  Religion  des  Payens.  Religion 
Payenne.  (  Les  Dieux  du  Paganifme  étoient 
des  hommes.  ) 

Page,//  [  Pagina.  ]  Tout  le  côté  d'un 
feuillet  de  livre  ,  ou  tout  le  côîc  d'une  feuille 
de  papier.  (  Une  petite  ou  grande  page.  Faire 
de  grandes  pages.  ) 

^3"  P'ig'^  vient  de  pagina  des  Latins  ,  à 
pangendo. 

Page ,  fe  dit  auffi  de  l'écriture  contenue  dans 
la  page  même.  (  Je  n'ai  lu  que  la  première 
pr.ge  de  ce  livre.  ) 

P  A  c,  E  ,  J]  m.  [  Ephebus  ,  puer  rcgius.,  ]  C'ell 
ordinairement  un  Gentilhomme  de  douze  à  treize 
ans  ,  qui  fert  une  perfonne  de  qualité.  (  Un 
Page  bien  fait.  Etre  Page  de  la  grande  Ecurie. 
Erre  Page  de  la  petite  Ecurie.  Etre  Page  chez 
Monfieur.  Quitter  les  chauffes  de  Page.  On  dit 
aulii  quitter  les  ckaujjes  ,  &  cette  dernière  façon 
de  parler  eft  la  plus  ordinaire.  Etre  effronté 
comme  un  Page  de  Cour.  Sorte  de  proverbe  , 
pour  dire  être  fort  effronté.  *  Louis  XL  mit 
les  Rois  de  France  hors  de  Page.  Cette  façon  de 
parler  eft  figurée  ,  pour  dire  ,  il  les  a  rendus 
abfolus  &  mis  en  état  de  faire  &  de  dire  ,  il 
faut  cela  pour  les  befoins  de  l'Etat. 

Et  traînant  en  tous  lieux  de  pompeux  équipages , 
Le  Duc  &  le  Marquis  fe  reconnut  aux  Pages. 
Defpreuux.  ) 

Le  hors  de  Page.  On  apelle  ainfi  chez  le  Roi 
la  recompenfe  qu'on  donne  aux  Pages  qui 
fortent  de  fervice. 

Hors  de  Page.  Se  dit  auffi  figurément. 

(  Il  faut  fe  relever  de  ce  honteux  partage  , 
Et  metue  hautement  notre  elprit  hors  de  Page. 
Molière  ,  Pemmes  Savantes.  ) 

Tour  de  Page.  C'eft  une  malice ,  où  il  y  a 
quelque  cfpiéglerie.  (11  m'a  fait  un  tour  de  Page.) 

Page.  [  Puer  pedagogianus.  ]  Ce  mot  chez  le 
Roi ,  fe  donne  encore  à  quelques  jeunes  gens 
qui  fervent  ou  qu'on  inftruit.  (  Ainfi  on  dit , 
être  Page  de  la  Mufique.  Etre  Page  de  la 
chambre.  Les  Pages  donnent  les  mules  au  Roi.  ) 

§3"  Le  Préfident  Fauchet  ,  page  à  1 2.  a 
remarqué  que  jufques  au  tems  des  Rois  Charles 
VL  &  VII.  le  mot  de  page  femhlnit  être  feulement 
donné  à  de  viles  perfonnes  ,  comme  à  garçons  de 
pied.  Il  ajoute  que  l'on  voit ,  par  les  Mémoires 
de  Philippe  de  Comines  ,  que  les  Pages  qui 
fervoient  les  Princes  &  les  Seigneurs  de  fon 
tems  étoient  nobles  enfans ,  qui  par-tout  fuivoient 
leurs  Maîtres  ,  pour  aprendre  la  vertu  &  les 
armes.  Loifeau  ,  dans  fon  Traité  des  Ordres , 
chap.  5.  n.  zj.  a  remarqué  que  «  l'ancienne 
»  Nobleffc  de  France  n'étoit  pas  fi  glorieufe 
»  que  celle  d'à  préfent  ;  qu'un  pauvre  cadet  de 
»  Gentilhomme  ,  bien  qu'il  meure  quafi  de  faim 
»  dans  fa  chaumière  ,  tiendroit  à  deshonneur 
t>  de  fervir  en  la  Maifon  du  Roi  ;  même  feroif 


PAG.  3 

»  difficulté  de  céder,  dans  la  paroiffe  où  îl  eft, 
»  à  un  Grand  Seigheur  ,  difant  qu'il  eft  auffi 
>»  noble  que   le  Roi  :    ce  qui  eft   fi   ordinaire 
»  en  leur  bouche  ,  qu'il  eft  tourné  en  proverbe  : 
»  mais ,  le  tems  paffé,  tous  les  Gentils-hommes, 
>>  fans  exception ,  faifoient  ordinaire  de  fervir 
»   plus  grand  qu'eux  ;  car  les  Princes  fervoient 
»  le  Roi,  &  les  Seigneurs  fervoient  les  Princes, 
»  Si  les  fimples  Gentils-hommes  les  Seigneurs  ; 
»  comme ,  à  la  vérité ,  à  toute  forte  de  perfonnes 
»  c'eft  un  moyen  de  parvenir  que  de  fe  foumcttre 
»  aux  plus  grands  :  ce  qui  a  lieu  particuliére- 
»  ment  aux    Gentils-hommes  ;  car  comme  le 
»  Gentil-homme  ne  peut  faire  aucun  exercice 
»  pour  entretenir  fa  famille,  c'eft  le  feul  moïen 
»   qu'il  a  de  maintenir  fa  qualité  ,  que  de  s'avan- 
»  cer  aux  Charges  militaires  par  la  faveur  des 
»  Grands.  »  Il  ajoute  :    «  Les  jeunes  Gentils- 
»  hommes  étoient  Pages  des  Seigneurs,  &  les 
»  jeunes  Demoifelles  étoient  filles  de  chambre 
»  des  Dames.  »  Le  Préfident  Fauchet ,  en  traitant 
de  l'origine  des    Chevaliers  ,  chap.  i.   dit  que 
jufqu'au  règne    des  Rois   Charles  VI.  &  VII. 
on  apelloit  Pages ,  de  fimples  valets  de  pié ,  &C 
que  de  fon  tems  les  Tuiliers  apelloient  Pages , 
certains  valets  qui  portoient  fur  des  palettes  les 
tulles  vertes  pour  les  faire  fécher  ;  &  11  ajoute: 
auifi  le  mot  de  Page  volontiers  fignlfioit  Ds^ir  &C 
Jeune.  Le  Jeuparty  ,  en  la  chanfon  28.  dit  : 

Miex  vaut  un  Jaians  qu'un  Page, 
Et  deux  difmes  que  un  terrage. 

Quant  à  l'étlmologie  du  mot  Page ,  Ménage  & 
Cafeneuve  le  dérivent  de  pedagogium.  Lancelot 
dérive  Page  ànGrec  Trotis , puer ,  un  jeune  garçon. 

Pages  ,  f.  m.  [Nautici  tyrunculi.  ]  Terme  de 
Mer.  Garçons  qui  font  dans  le  navire  pour  le 
nettoyer  ,  pour  monter  aux  perroquets  &  fervir 
les  Matelots.    Voïez  Foumicr ,  Hydrographie. 

§3'  Parmi  les  Marins  ,  pages ,  mouffes,  garçons, 
font  les  jeunes  gens  de  l'équipage  ,  aprentifs 
matelots ,  ou  élevés  de  la  navigation.  Page  de- 
là chambre  du  Capitaine  ,  c'eft  celui  qui  fert  le 
Capitaine. 

\  Pagnote.  [  Lners ,  ignavus  ,  timidus.  ]  Ce 
mot  vient  de  l'Italien  ,  pagnotta  ,  qui  fignifie 
proprement  un  petit  pain  ,  &  figurément  un 
poltron  ,  un  lâche.  Il  n'a  d'ufage  en  François 
que  dans  ce  dernier  fens.  C'eft  un  frarac  pagnote, 
c'eft-à-dire  ,  c'eft  un  homme  qui  n'a  point  de 
cœur  ,  qui  eft  lâche,  qui  n'eft  point  hardi.) 

f  Pagnote.  [  Timida.  ]  Ce  mot  fe  difant 
quelquefois  des  femmes  ,  comme  il  y  a  des  ren- 
contres ,  où  il  fe  peut  dire  ,  eft  fans  conteftatioa 
féminin  ,  mais  ce  n'eft  d'ordinaire  qu'en  riant 
que  le  mot  de  pagnote  fe  dit  des  femmes.  (  Pour 
moi  ,  ce  dira  une  femme  ,  je  fuis  une  franche 
pagnote  ,  j'ai  peur  quand  je  vois  feulement  la 
figure  d'un  plftolet.  ) 

Mont  pagnote.  [  Statio  timidorum.  ]  Terme  de 
Guerre.  On  apelle  ainfi  un  lieu  élevé  qu'on 
choifit  hors  de  la  portée  du  canon  des  ennemis , 
&  où  fe  placent  ceux  qui  font  curieux  de  voir 
un  camp ,  un  fiége ,  ou  un  combat ,  fans  être 
en  danger.  On  l'apelle  auffi  le  pojle  des  invul- 
nérables. 

fPAGNOTERiE,//  [  Ignavia  ,  inereia.  ] 
Poltronnerie.  Lâcheté. 

Pagode, //7z.  [Pagodus.]  C'eft  un  nom  que  les 
Portugais  ont  donné  aux  Temples  des  Indiens 
qui  font  Idolâtres.  (Un  magnifique  Pagode.) 

Aij 


4  P  A  G.      P  A  I. 

Pagode  ,f.f.  Se  prend  auiïi  pour  l'Idole  qu'on 
adore  d;ins  le  Temple  ,  &  dans  ce  fens  il  eft 
féminin.  (  Une  pagode  d'or  ,  une  pagode  de 
pierre ,  une  pagode  hideufe  ,  &c.  On  nomme 
encore  Pagoiks ,  de  petites  figures  grotefiques, 
dont  la  tctc  fufpendue  remue  dès  qu'on  touche 
à  la  figure.  C'eft  en  faifant  allufion  à  ces  figures 
que  M.  de  Senécé  dit  dans  une  Rodondille  : 

O  !  fi  des  femmes  incommodes 
Des  tours  de  tête  délivroient  ! 
Que  de  M.iris  ,  comme  Pagodes , 
Inceirammcnt  la  tourneroiem. 

Pagode.  [  Nutnmus  indus.  ]  C'cft  au.Ti  le  nom 
d'une  monoie  qui  a  cours  dans  les  Indes ,  & 
qui  vaut  ;\  peu  près  un  écu  d'or. 

Pagurus,/w.  Efpéce  d'Ecrevice  de  mer 
longue  d'un  pied ,  6i  plus  large  que  longue.  Ce 
poiffon  eft  couvert  d'une  écaille  forte  ,  unie  , 
rougeâtre  ou  jaunâtre.  Ses  pattes  de  devant 
font  comme  celles  des  autres  écrevices.  Sa  chair 
eft  bonne  à  manger  ,  mais  difficile  à  digérer. 
Elle  eft  apéritive,  &  propre  contre  la  pierre, 
ôi  pour  faciliter  les  urines. 

P  A  I. 

PaÏable,  (Payable.)  adj.  ^^Solvendus.^ 
Qu'on  doit  païer.  (  Lettre  de  change  païable  à 
un  tel.   Somme  paiable  dans  iix  mois.) 

Pai'ant  ,  (Payant.)  adj.  &  Jhbjl.  m. 
[  Solvens.  ]  Celui  qui  paie.  (  Il  y  a  quatre  païans 
à  ce  repas.  ) 

Paie,  (Paye.)//  [  Stipendium.  ]  Chofe 
due  pour  avoir  fervi  &  travaillé.  Ce  qu'on 
donne  au  Soldat  pour  avoir  porté  les  armes 
au  fervice  de  fon  Prince.  (  Sa  paie  eft  bonne. 
Nous  ne  vous  fervirons  pas  feulement  pour  la 
paie ,  comme  des  mercenaires  ,  mais  par  affeâion. 
^bl.  Ret.  l.  z.  c.  3.) 

Paie,  f.f.  \_Deblcor.'\  Païeur  qui  paie  mal. 
(C'eft  une  mauvaife  paie.) 

Morte-pûic.  [  Iwprobus  debitor.  ]  Voiez-le  en 
fon  rang  fous  la  lettre  M. 

Paiement,  (Payement.)//??.  [ Mris 
folutio.  ]  Prononcez  paîmait.  Somme  qu'on 
paie.  (  11  voulut  avoir  cinquante  talens  pour  le 
paiement  des  troupes.  Abl.  Arr.  l.  i.  c.  lo. 
Donner  ,  prendre  ,  recevoir  en  paiement.  ) 

Paiement.  [  Pecuniœ  dies.  ]  Il  lignifie  dans  le 
commerce ,  certains  termes  fixes ,  où  les  négo- 
cians  doivent  aquitter  leurs  dettes  ourenouveller 
leurs  billets.  (  Il  y  a  quatre  païemens  à  Lyon.J 

*  Paiement.  [  Salarium  ,  manu  pretiiim.  ] 
Récompenfe.  Salaire.  Punition.  (  Il  donne  des 
excufes  en  paiement.  Il  a  reçu  le  paiement  de 
fes  crimes.  ) 

Païen  ,  ou  Payen.  [  Deornm  cultor ,  idolo/atra.] 
Prononcez  ce  mot  comme  il  eft  écrit.  Il  fignifie 
celui  qui  eft  adorateur  des  faux  Dieux.  (  Les 
Païens  étoient  aveuglez  ) 

Un  Païen  converti  qui  croit  un  Dieu  fuprême, 
Peut-il  être  Chrétien  qu'il  n'afpire  au  Baptême  ? 

Defpreaux. 

Païenne,  ouPayenne.//  [Deorum  cultrix.^ 
Prononcez  ce  mot  comme  il  eft  écrit.  Il  fignifie 
celle  qui  adore  les  faux  Dieux.  (  C'eft  une 
Païenne.  ) 

5;3"Païfnnie.  (Payinnie.  )  La  région  habitée 
par  les  Païens.  Ce  terme  étoit  fort  en  ufage 
dans  le  tems  des  Croifades.   Voïez   Du  Cange 


PAL 

fur  Jouiviilc  ,  page  5S-  dt  fes  Ohfervations.  Il 
ne  fe  dit  plus. 

PaÏer  ,  (Payer.)  v.  a.  [  Levare  fe  œrc 
aliéna.  ]  Prononcez  peier.  Donner  ce  qu'on  doit. 
(  La  plupart  des  gens  de  qualité  ne  paient  pas 
trop  bien  leurs  dettes.  Paier  à  trcn'c  jours  de 
vue.  Paier  à  jour  nommé.  Païer  à  htiire  vCiii. 
Païer  en  billets  ou  autre  valeur.  Payer  à  quel- 
qu'un ou  à  fon  ordre.  ) 

Paier  en  Vaquit  de  quelqu'un.  Pat  ru  ,  A [j emblée 
du  Clergé.  ]_Pro  alto  perfolvere.']  C'eft- à -dire, 
païer  pour  aquitter  quelqu'un.  On  dit  aulîi  paier 
à  Vaquit  de  quelquun.  C'eft  paier  à  fa  décharge 
pour  le  décharger.  Le  Mc.it.  Pl.nd. 

On  dit  de  la  marchandife  qu't'//e  paie  un  tel 
droit,  c'eft-à-dire  ,  qu'on  le  paie  pour  elle 
[  In  merces  dinarios  exigere.  ]  Une  paroiffe  païe 
tant  de  taille.  Un  Bénéfice  païe  des  décimes. 
Un  Officier  du  Roi  paie  la  Paulette  ,  pour 
empêcher  que  fa  charge  ne  devienne  vacante 
par  fa  mort.  Païer  à  dîner.  Païer  fa  bien-venue. 
Païer  fa  rançon. 

Peu  de  cœurs  paient  en  monoie  debonalloi.' 
Toureil.  Un  efprit  raifonnable  eft  affez  paie  par 
le  plaifir  d'obliger  une  perfonne  de  mérite. 

*  Ils  firent  paier  la  peine  du  crime  à  celui  qui  en 
étoit  auteur.  Vau.  Qjiin.  l.^-^-ll-  C'eîl-à-dire  , 
ils  punirent  l'auteur  du  crime.  [  Pœnas  darc  , 
luere.  ] 

■\  *  Je  te  le  ferai  paier.  [  Non  impuni  fcres.  ] 
C'eft-à-dire  ,  J'en  aurai  du  reffentimcnt.  Je  te 
rendrai  quelque  mauvais  ofiîce. 

■\  *  Te  voilà  paie  de  ta  raillerie.  C'eft-à-dire  y 
fe   voilà  puni.  Molière. 

*  Païer  la  foie  enchère.  Payer  les  pots 
caffez.    [  PleUi.  ] 

*  Paier.  Reconnoître  par  quelque  chofe  d'hon- 
nête ,  ou  d'utile.  Avoir  du  reflentiment  d'une 
chofe  par  une  autre  qui  foit  obligeante.  (Les 
Hollandois  païent  la  fidélité  de  leurs  femmes 
par  un  grand  afrujettifl"ement.  S,  Evrem.  in-^^ 
p.  ^oy.) 

*  Je  le  fuis  venu  trouver  pour  païer  fes 
faveurs  de  quelque  fervice.  Abl.  Ret.  L  i.  c.  3. 
Païer  d'excufes  &  de  révérences.  Abl.  Luc.  II 
faut  païer  de  fa  perfonne.  (  Les  yeux  qui  m'ont 
pris ,  paieront  tous  mes  maux  avec  un  fouris. 
Foit.  pocf.  ) 

Le  battu  paie  l'amende.  Voyez  Battu, 
Qui  répond  paie.  Proverbe. 
Paier    en  monoie  de  Jîrige.    Proverbe.    Voïez 
Singe. 

*  Paier  en  Louis.  Il  fe  dit  au  figuré  ,  &  en 
raillant  de  ceux  qui  ont  obtenu  des  lettres  de 
répit ,  &  qui  commencent  par  ce  mot  Louis. 

Se  païer  ,  v.  r.  [  Sibifacerefatis.  ]  Se  fatisfaire 
foi-même  en  prenant  ce  qui  nous  eft  dû.  (  Se 
païer  par  fes  mains.  ) 

Se  païer  de  raifon.  [  ALquum  &  bonum  audire,  J 
C'eft-à-dire ,  fe  contenter  de  raifon. 

*  Se  païer  d'excufes.  [  Excufationes  accipere.  ] 
C'eft  fe  contenter  des  excufes  qu'on  nous  dit. 

*  Ce  l'ont  là  ces  fortes  de  chofes  qui  m  fe  peuvent 
païer.  C'eft-à-dire ,  qu'on  ne  fçauroit  jamais  affez 
reconnoître.  Molière. 

*  On  dit  qu'7/n  homme  paie  les  violons ,  6*  que  les 
autres  dnnfer.t ,  quand  quelqu'un  fait  les  frais  d'un 
divertifl"ement  oii  il  a  moins  de  part.  On  dit 
d'un  homme  dur  &  avare  ,  qu'il  païe  en  chats 
&  en  rats.  [  Malefolvit.  ]  On  dit  que  les  peuples 
païent  les  fautes  des  Rois.  [  Qjddquid  délirant 
Reges  ,  pUcîuniur  Achivi.  ]   On  dit ,  tant  tenu. 


P  A  I. 

tant  pal- .  Pour  dire,  qu'il  faut  païer  à  proportion 
des  fervices.  On  dit  auffi  ,  qui  mariât  La  vache 
du  Roi  ,   à   cent  ans  de  là  en  paie  les  os. 

P  A  ï  E  u  R  ,  (  P  A  Y  £V  K  )  f.  m.  [  Nomen.  ] 
Prononccz/fj'c'Kr.  Celui  qui  paie.  Un  tel  fera  mon 
païeiir.  (  Un  méchant  paieur.  Un  bon  païeur.  ) 

Paicur  des  rentes.  [  Diribitor  ,  avilis  qUAjIor.  ] 
C'ell  un  Officier  qui  paie  les  rentes  alTignées 
fur  l'Hôtel  de  Ville  de  Paris ,  du  fonds  qu'il  a 
reçu  des  Fermiers  du  Roi  ,  ou  du  Receveur 
général  du  Clergé. 

•}■  *  C'ejl  un  pâleur  d'arrérages.  Ces  mots  fe 
difcnt  en  riant  pour  marquer  un  homme 
vigoureux ,  &  bien  capable  de  contenter  une 
Dame  en  matière  d'amour. 

PaÏeuse  ,  //  (Payeuse)  [  Dcbitrix.  ] 
Prononcez  peyeufe.  Celle  qui  paie.  (  C'cft  une 
méchante  païeufe. 

Paignes.  Efpece  de  tapis  ,  ou  couvertures 
dont  les  Nègres  des  côtes  de  Guinée  fe  couvrent. 

Paillard  ,/  m.  \Scortator ,fauix?\  Débauché 
avec  les  femmes.  Homme  fort  &  robufte ,  propre 
à  bien  fervir  une  Dame  en  matière  d'amour. 

l'aillurd, paillarde,  adj.  \_Libidinofus,invcncrem 
promis.  ]  Laicit. 

(  Il  foule  le  paillard  defir  , 

Qui  dans  Ion  fein  velu  fe  couve. 

5.  Amand  ,  Rome  ridicule.  ) 

(  Deux  forts  paillards  ont  chacun  un  bâton. 
Qu'ils  font  tomber  par  poids  &  par  meiure.  ) 

g^  Ce  mot  a  fignifié  &  fignifie  encore  un 
homme  débauché  ,  à  qui  les  laides  &  les  belles 
font  le  même  plaifir  ,  &  comme  la  corruption  du 
cœur  fe  répana  fur  tous  les  fentimens  ,  &  infefte 
toutes  les  aftions  ,  on  s'eft  iervi  du  mot ,  paillard, 
pour  figniiier  un  méchant  homme ,  lin  coquin  ; 
quelquefois  aufll  on  a  adouci  l'infamie  du  terme, 
en  l'apiiquant  à  certains  hommes  adroits  ,  &  que 
nous  appelions  bons  compagnons.  Rabelais  a 
fait  un  autre  ufage  du  même  mot  :  Fous  ne  l'aver 
pas  telle  (dit-il  )  vous  autres  paillards  de  plat  pays. 
C'eft-à-dire  ,  vous  aure^  rujlres  ,  &  gens  de  la 
(ampagne. 

•\  Paillarde  , y!  f.  (^Mulier  libidinofa.  ]  Celle 
qui  aime  fort  les  plaifirs  de  la  chair.  Celle  qui 
eft  impudique ,  lafcive  ,  qui  eft  dans  la  débauche 
des  hommes.  (C'eft une  franche  paillarde.) 

■\  Paillarder  ,v.n.\_  Scortari  ,  rébus  venereis 
jici,  ]  Ce  mot  de  paillarder ,  de  paillard  ,  de 
paillardeur  &  paillardife  ne  fe  difent  que  dans  le 
burlefque  &danslefatiriqueleplusbas.Pai//»zr<f4.-r 
lignifie  être  dans  la  débauche  des  femmes.  Fré- 
ciuenter  des  femmes  débauchées.  Prendre  des 
plaifirs  défendus  avec  des  perfonnes  de  mauvaife 
vie.  (  La  Loi  de  Dieu  défend  de  paillarder.  ) 

U  y  en  a  qui  difent  paillardement  ,  mais  on 
doute  de  l'ufage  de  ce  mot. 

\  Paillardise, y!  y!  [  Impudicitia  ,  venercœ 
yoluptates.^  Impudicité.  Commerce  charnel  qu'on 
a  avec  des  perfonnes  débauchées.  Plaifir  charnel. 
(  La  paillardife  eft  la  perte  de  l'ame  ,  du  corps 
&  de  la  réputation.  ) 

Paillasse  ,f.f.\Culcita(lraminea.'\  Ouvrage 
de  grofle  toile  ,  creuv  ,  &  fendu  par  le  milieu  ; 
qu'on  remplit  de  paille  ,  &  qu'on  met  fur  le 
bois  de  lit  &  fous  le  ma«elas ,  ou  le  lit  de  plume. 
(  U  n'y  a  pas  affez  de  paille  dans  cette  paillaffe. 
Plufieurs  perlbnnes  ne  le  fervent  point  de  pail- 
la (Tes ,  mais  de  fommiers  de  crin.) 

f  *  Paillaffe  d'  corps  de  garde.  [  Profiibulum , 
fcortum.  ]  Ces  mots  au  figuré  veulent  dire  une 


P  A  I.  5 

femme  ou  fille  de  mauvaife  vie  ,  qui  s'abandojine 
indignement  à  tous  les  foldats. 

*  On  dit  en  Proverbe  ,ferviteur  à  la  paillafji. 
quand  on  quitte  l'année  ,  parce  qu'il  y  faut 
coucher  fur  la  paillaffe. 

*  Paillasson.  \TcgmenJlramineum.'\  Termô 
de  Jardinier.  Efpece  de  couvertLre  de  paille, 
qu'on  met  fur  les  fleurs  &  fur  les  orangers, 
rhyver  ,  pour  les  conferver  àv.  froid.  (  Faire 
des  paillafîons.)  On  appelle  auiîi  paillaffon  des 
couvertures  de  paille  fous  lefquelles  on  met 
quelque  chofe  à  l'abri.  (Le  vin  dans  les  halles 
de  Paris  efl  quelquefois  à  couvert  fous  des 
paillaffons.  ) 

Paillajjon  ,  f.  m.  OU  nate  à  fenêtre  ,f.f.  \Storea. 
Jlramentiaa.l  C'eft  une  pièce  de  nate  couverte 
par  dehors  d'une  groffe  toile  qu'on  met  l'été 
devant  les  fenêtres  pour  empêcher  l'ardeur  du 
Soleil ,  &  qu'on  haufle  &  baiffe  avec  des  cordes, 
autant  qu'on  veut. 

Paille  ,/./.  [  Palea ,  culmus.']  C'eft  le  tuyau 
du  bled  ou  d'autre  grain  lorfque  le  grain  en  eft 
dehors.  (Petite  paille,  La  grande  paille.  De 
bonne  paille.  Donner  Je  la  paille  aux  chevaux, 
aux  bœufs  ,  aux  vaches.) 

■j"  *  Rompre  la  paille.  \_Tefferam  frangere.'\  Ces 
mots  fe  difent  des  perfonnes  &  veulent  dire. 
CefTer  d'être  amis.  La  paille  eji  rompue.  C'e!l-à- 
dire  ,  ils  n'ont  plus  d'amour  l'un  pour  l'autre. 

*  Paille.  [  Ramentum  ,  partes  vidais.  ]  Petit 
défaut  dans  quelque  pierre  précieufe,  (  11  y  a 
une  paille  dans  ce  diamant.) 

•j"  Pourquoi  voyez-vous  une  paille  dans  l'œil 
de  votre  frère ,  lorfque  vous  ne  vous  appercevez 
pas  d'une  poutre  qui  eft  dans  le  vôtre?  [Fejiucam 
in  oculo  videre!\  Nouveau  Tcjlament. 

Aller  à  la  paille.  Terme  de  Soldat  fantaffln. 
C'eft ,  lorfqu'on  eft  dans  un  bataillon  ,  pofer 
fes  armes  pour  aller  aux  néceffîtés  de  la  digeftion, 
les  reprendre  au  premier  coup  de  tambour  & 
fe  remettre  au  pofte  qu'on  avoit  quitté. 

Aller  à  la  paille ,  fe  dit  aufîi  des  Soldats  qui 
vont  chercher  de  quoi  fe  butter. 

Etre  dans  la  paille  jufqu  au  ventre.  On  le  dit 
d'un  homme  qui  a  toutes  fes  commodités  ,  &C 
fur-tout  des  gens  de  guerre. 

Etre  comme  rats  en  paille.  On  le  dit  des  gens 
qui  font  dans  un  lieu  où  ils  ont  tout  à  fouhait , 
&  oïl  ils  font  grand' chère  aux  dépens  d'autrui. 

Homme  de  paille  ,  fe  dit  particulièrement  des 
gens  qu'on  fait  intervenir  dans  les  aft'aires ,  SiC 
qui  prêtent  leur  nom  ,  quoiqu'ils  n'y  aient  pas 
de  véritable  intérêt.  On  le  dit  aulTi  d'un  homme 
de  néant,  de  nulle  confidération. 

Feu  de  paille.  On  le  dit  d'une  chofe  qui 
commence  avec  ardeur  ,  &  qui  eft  de  peu  de 
durée. 

Lever  la  paille.  Proverbe.  Il  fe  dit  de  ce  qui  eft 
excellent  en  foi.  (  Ce  vin  eft  excellent ,  il  lève 
la  paille. 

Croix  de  paille.  Proverbe  ,  qui  marque  qu'oit 
ne  fera  pas  une  chofe  ,  ou  qu'on  ne  croit  pas 
qu'elle  arrive.  (Si  je  me  fie  à  lui  ,  croix  de 
paille.  ) 

Tirer  à  la  courte  paille.  C'eft  tirer  au  fort  avec 
des  brins  de  paille  d'une  longueur  inégale. 

Mettre  bien  de  la  paille  dans  fes  fouliers.  On  le 
dit  d'un  homme  qui  en  peu  de  temps  s'eft  fort 
enrichi  dans  un  emploi. 

Paille.  Figure  dans  l'Evangile  ,  fignifié  les 
réprouvez.  (  Le  Seigneur  féparera  la  paille  du 
bon  grain.     Les  tempêtes  dont  l'Eglife  a   été 


G  P  A  I. 

battiil-  ,   ont  emporté  la  paille ,  &  fait  paroître 
le  froment.  NicoU.  ) 

Pailki.  [  Ramenta.  ]  Petits  endroits  foibles 
clans  les  métaux  qui  ne  font  point  affinez.  (Ce 
rafoir  n'a  point  de  pailles.  ) 

^^  Piiilks.  C'eft  la  mcme  chofequeyj^/c/iaz^- 
fures.  Ce  font  des  défauts  dans  l'acier. 

iCÉ'  P'ii'Us  ,  ou  écailles  de  fer  fervant  aux 
aprêteurs  fur  verre.   Félibicn. 

Pailles.  Inégalitez  &  diverfitez  de  couleurs 
qu'on  trouve  dans  les  marcaflites  ou  pierres 
de  mine. 

PailUs  de  bitus.  [Fibiila  ,  ntinacidiim.  ]  Terme 
de  Mer.  Longues  chevilles  de  fer  qu'on  met  à 
la  xcXQ  des  bittes  pour  tenir  le  cable  fujet. 

P  AI  L  L  E  T.  [  Hdvus.  ]  Mot  adj:clif.  Qui  fc  dit 
proprement  du  vin  ,  &  qui  n'eft  pour  l'ordinaire 
ufité  qu'au  mafculin.  Il  veut  dire  qui  tire  fur  La 
couleur  de  paille.    (  Vin  palllet.  ) 

P  A  ILLOTTE,  ou  Paillftte.  L'ufagc  eft 
pour  Paillette  ,/./■[  ^iuri  braclcolœ.  ]  Ce  mot  fe 
dit  de  l'or  ou  de  l'argent ,  &  fignifie  une  très- 
petite  &  trcs-legére  partie  de  l'or  ou  de  l'argent. 
(  Les  paillettes  d'or  ou  d'argent  font  précie\ifes.) 

Paillette.  [Jurl  ,  argenti  grana.  ]  Il  fe  dit  auffi 
des  petits  grains  d'or  &  d'argent  ,  applatis  & 
percez  ,  qu'on  applique  fur  la  broderie ,  pour 
lui  donner  plus   d'éclat. 

Paillette  de  fer.  [  Ferri  fillx.}  C'eft_  ce  qui 
tombe  du  fer  lorfqu'on  le  bat.  (  La  forge  eft 
toute  pleine  de  paillettes.  ) 

P  A  i  L  L  E  u  R  ,/  m.  [  Palcarius propola.']  Celui 
qui  vend  &  fournit  de  la  paille  à  de  certaines 
maifons  de  Paris  qui  ont  des  chevaux.  (  Le 
pailleur  nous  a  amené  de  fort  bonne  paille.  ) 

P  A  I  L  L  E  u  X  ,  adj.  Il  fe  dit  du  métal  qui  a 
des  pailles. 

Paillier,/.  OT.  [  Stramentiirtt.']  Prononcez 
pailUé.  C'eft  une  cour  de  quelque  ferme  ,  où  font 
les  chapons  &  les  volaiilles  ,  &  c'eft  dans  ce 
fens  qu'on  dit.  (  Un  bon  chapon  de  paillicr. 
[  Capo  ckortulis.  ] 

■\*  Il  eflfur  J'on  paillier.  ]  Juxta  prœfepe  fiium 
tfl.  ]  C'eft-à-dire ,  il  eft  chez  foi.  (  On  eft  bien 
tort   fur  fon  paillier.  ) 

Pailliers  ,  ou  plutôt  Paliers  ,f.  m.  \_Scalarum 
flatioius.  ]  Terme  d'Architedure.  Les  pailliers 
font  les  efpaces  qui  font  entre  les  degrez  des 
efcaliers  pour  fe  repofer  en  montant ,  ou  pour 
entrer  dans  les  appartemens. 

P  A  I  L  L  o ,/!  TO.  \_Panis  armamentarius.'\  Terme 
de  Marine.  Chambre  dans  une  galère  où  l'on 
met  le  bifcuit ,  &  où  loge  l'écrivain. 

Paillon  de  foudure  ,  f.  m.  \^Ferrumen.^ 
Terme  d'Orfèvre.  C'eft  un  petit  morceau  de 
métal  mince  &  allié  pour  fouder.  (Mettre  les 
paillons.  Pofer  les  paillons.  ) 

Paillons.  On  donne  ce  nom  à  de  petites 
feuilles  quarrées  de  cuivre  battu  très -minces , 
colorées  d'un  côté  ,  que  l'on  met  par  petits 
morceaux  au  fond  des  chatons  des  pierres 
précieufes  &  criftaux. 

Pain,/  m.  [  Panis.  ]  Prononcez  la  fylabe 
pain  des  mots  qui  fuirent  dans  cette  colonne 
comme  fi  elle  étoit  écrite  avec  un  « ,  au  lieu  de 
l'a.  Ainfi  prononcez /jci//.  On  appelle  propre- 
ment &  ordinairement  pain  ,  un  compofé  de 
farine ,  de  levain  .  ou  de  leveure  de  bière  qu'on 
paîtrit  ,  &  qu'on  fait  cuire  dans  un  four  pour  la 
nourriture  de  l'homme  principalement.  (  Bon 
pain.  Méchant  pain.  Pain  bis.  Pain  blanc.  Pain 
noir,  dur,  fec  ,  moifi  ,  molet,  tendre,  i;aftis. 


PAL 

Petit  pain.  Pain  chaland.  Pain  de  Goneffe.) 
Pain  à  la  Reine.  Ce  pain  n'a  été  appelle  de  ce 
nom  que  depuis  la  venue  de  la  Reine  Marie  de 
Médicis  en  France.  (Taire  du  pain.  Pain  cornu. 
Mie  de  pain.  Croûte  de  pain. 

^"  Pain  de  chapitre.  On  appelle  pain  de 
chapitre,  celui  que  l'on  diftribuc  tous  les  jours 
aux  Chanoines  dans  quelques  E^;lifes.  11  étoit 
autrefois  fi  excellent  ,  que  l'on  appelloit  pain 
de  chapitre,  les  meilleures  chofes.  «S'il  eft  queftion 
»  (  dit  Kenri  Etienne)  de  parler  d'un  pninaiant 
»  toutes  les  qualités  d'un  bon  6i  friand  pain , 
»  volrc  tel  que  celui  de  la  ville  Enflas  ,  pour 
«  lequel  Mercure  prenolt  bien  l;i  peine  dedécendre 
»  du  Ciel,  &  en  venir  faire  provifion  pour  les 
»  Dieux,  fi  nous  en  croïons  au  Poète  Archeftrate, 
»ne  faut-il  pas  venir  au  pain  de  chapitre,  je  dis 
»  au  vrai  pam  de  chapitre  ,  dont  celui  que  vendent 
>f  à  Paris  les  Boulangers  ,  a  retenu  le  nom ,  mais 
»  non  la  bonté  ,  finon  qu'en  partie  ?  » 

(0-  »  Le  pain  qui  n'a  pas  été  cuit  dans  le 
»four  banal,  eft  confifqué  ipfo facto  au  profit  du 
»  Seigneur  banier  ,  qui  peut  le  faire  prendre  de 
»  fon  autorité  où  il  le  trouvera  ,  &  exiger 
M  l'amende  de  fept  fols  fix  deniers  tournois  pour 
»chaque  fols».C'eftla  difpofitiondela  Coutume 
de  Nivernois  ,    art.  J. 

''£^°  P'^''"-  '^^  panière  ,  que  les  fujets  de  Saint 
Gondon  fur  Loire  ,  outre  le  cens  ,  doivent 
chacun  an  à  leur  Seigneur,  C'eft  un  grand  pain 
foiirman.   Ragueau. 

:{ff  Pain  d'hoflelage.  Redevance  due  au 
Seigneur  féodal  dans  la  Coutume  de  Dunois , 
art.  zy.  Pains  d'hoftelages  mangez ,  &  avenages 
doublent  pareillement  de  moitié ,  comme  lefdites 
tailles  &  feftages. 

Pain  de  rive.  [  Panis  in  fuma  non  allifus.  ] 
Terme  de  Boulanger  de  Paris.  C'eft  du  pain  qui 
n'a  point  de  bifeau ,  ou  qui  en  a  très-peu.  (If 
ne  manqueroit  pas  de  vous  parler  d'un  pain  de 
rive  ,  relevé  de  croûte  croquante  fous  la  dent. 
Mol.  Bourg,  gent.  a.  4.  fc.  l.") 

Pain  de  munition.  [  Panis  caflrenfîs.  ]  Terme  de 
Soldat.  C'eft  une  ration  de  pain  cuit  raffis  , 
entre  bis  &  blanc  ,  pefant  vingt-quatre  onces, 
qu'on  donne  à  chaque  Soldat. 

Pain  de  mouton.  [  Panis  mutuatus.  ]  Morceau 
de  pâte  cuite  ,  un  peu  plus  grand  qu'un  écu 
d'argent  ,  fait  avec  du  beurre  &  du  fromage, 
qu'on  vend  &  crie  par  Paris  ,  un  peu  devant 
&  peu  après  le  jour  de  l'an.  (  À  mes  petits  pains 
de  mouton  ,  Madame.  ) 

Pain  de  blanc  à  blanchir.  [  Cretœ  maffa."]  C'eft 
un  morceau  de  blanc  qu'on  vend  chez  les 
Chandeliers  de  Paris  ,  &  dont  on  fe  fert  pour 
blanchir  &  donner  de  l'éclat  à  la  vaiflélle. 
(  Froter  la  vaiffelle  avec  du  blanc.  ) 

Pain  à  chanter.  [Sacrifcii  panis  plagula.']}ioù.ie 
grande  ou  petite  qui  fe  fait  en  détrempant  de 
la  farine  de  pur  froment  avec  de  l'eau  ,  qu'on 
met  après  entre  deux  fers  figurez  fur  le  feu, 
&  dont  on  fe  fert  au  Sacrifice  de  la  Mcfle  ,  à 
la  Communion  &  à  quelqu'autre  ufage. 

Pain  à  cacheter.  Sorte  de  petit  pain  fans  levain, 
dont  on  fe  fert  pour  cacheter  des  lettres. 

Pain  azyme.  [Aiymuspanis.'\  Termes  confacrez 
pour  dire  pain  fans  levain  ,  dont  on  fert  préfen- 
tement  dans  l'Eglife  Latine  pour  confacrer. 
(  On  ne  peut  confacrer  dans  l'Eglife  Latine 
qu'avec  du  pain  azyme.  Les  Juifs  mangeoient 
l'Agneau  Pafcal  avec  des  pains  azvmes.  ) 

Pain  bénit.  [  Panis  lujlratus.  ]    C'eft  du  pain 


P  A  I. 

que  le  Prêtre  bénit ,  &  qu'on  coupe  par  morceaux 
pour  le  diftribuer  aux  fidèles  durant  une  Meffe 
îolemnelle.  (Prendre  du  pain  bénit.  Donner  le 
pain  bénit.  Faire  le  pain  bénit.  Recevoir  le  pain 
bénit.  Avoir  le  pain  benii. 

j3°  Cette  diftribution  du  pain  bénit  a  caufé 
fouvent  des  querelles  &  des  procès.  Quelques 
Auteurs  fe  font  imaginé  que  c'étoit  un  honneur 
qui  devolt  être  réglé  par  la  qualité  des  paroifllens: 
Benedicli,  fur  le  chapitre  Raynutïus,  &  Chaffantus, 
dansfon  traité  de  la  gloire  du  monde  ,  l'appellent 
honor.  Il  eft  dit  feulement  dans  le  Capitulaire 
d'Hincmar  ,  que  le  Prêtre  le  diftribuera  après 
l'avoir  béni  :  nous  iommes  d'ailleurs  tous  égaux 
à  la  face  du  Seigneur  ;  aulfi  les  Arrêts  ont  jugé 
que  le  Patron  étoit  feul  préférable  dans  cette 
ocafion  :  on  y  a  joint  les  Seigneurs  Hauts- 
Jufticiers  ;  même  les  Seigneurs  d'un  fief  fitué 
dans  la  parroiffe  ,  ne  peuvent  pas  joiiir  de  cette 
préférence  ,  félon  l'Arrêt  rapporté  par  Henris , 
tom.  2-  liv.  i.  q.  J.  Les  Officiers  du  Seigneur 
font  préférez  en  fon  abfencc  ,  û  ce  n'efl  lors 
qu'il  fe  trouve  des  Magiftrats  &  autres  perfonnes 
qualifiées  ,  fuivant  l'Arrêt  rendu  en  1664.  qui 
adjugea  la  préférence  à  MMe  Meaupeou  Confeil- 
ler  au  Parlement,  contre  les  Officiers  du  Seigneur 
du  lieu  d'EI  vry  :  cet  Arrêt  eft  rapporté  au  tome  2. 
liv.  8'  ch.  21.  du  Journal  dis  Audiences.  Pour 
éviter  toutes  ces  conteftations  ,  il  faut  que  le 
Marguiller ,  après  avoir  fait  préfenter  le  pain  aux 
Patrons ,  Seigneurs  ,  ou  Magiftrats ,  il  l'expofe 
à  la  poTte  de  l'Eglife ,  afin  que  chacun  en  prenne. 
Si  pourtant  le  Seigneur  veut  préfenter  le  pain 
un  des  jours  de  Fêtes  principales  ,  il  doit  avoir 
la  préférence.  Enfin  ,  les  Eccléfiaftiques  qui 
fervent  en  furplis  à  chanter  la  Meffe ,  doivent 
recevoir  le  pain  bénit  par  préférence  au  Seigneur, 
fuivant  un  Arrêt  du  Parlement  de  Paris  ,  du 
mois  de  Septembre  1716.  Voiez  Duperray ,  des 
Patrons. 

•j*  *  C^eûpain  bénit  que  d'cfiroquer  un  avare. 
C'eft-à-dire  ,  c'eft  bien  fait  que  d'efcroquer  un 
avare.  Mol. 

Pain  de  propojition.  \_Panespropofltionis.^  C'étoit 
un  pain  qui  étoit  expofé  dans  le  Temple  ,   & 

?ue  les  Prêtres  de  l'ancienne  Loi  offroient  à  Dieu. 
Dieu,  dans  le  vingt  -  cinquième  chapitre  de 
l'Exode  ,  verfet  30.  commanda  à  Moïfe  de  mettre 
fur  la  table  des  pains  de  propofition.) 

Pain  quotidien.  On  entend  parce  terme  emploie 
idans  l'Oraifon  Dominicale  ,  la  nourriture  de 
chaque  jour  ,  ouïes  befoins  journaliers. 

Pain  quotidien ,  le  dit  auffi  dans  les  difcours 
familiers ,  des  chofes  qu'on  fait  prefque  tous  les 
jours.  (  11  paffe  fon  temps  à  la  chaffe  ,  au  jeu. 
&c.  c'eft  fon  pain  quotidien.  ) 

Pain  de  bougie.  [  Fili  incerati  majfula.  ]  C'eft 
un  demi  quarteron  ,  un  quarteron ,  une  once  , 
un  peu  plus  ,  ou  un  peu  moins  de  bougie  pliée 
&  arrangée  proprement  qu'on  vend  chez  tous 
Jes  Ciriers  de  Paris.  On  dit  aufli  un  pain  de  cire. 

Pain  defucre.  [  Sacchari  majja.  ]  C'eft  du  fucrc 
formé  en  manière  de  piramide,  qui  contient  trois, 
quatre,  cinq,  fix  ,  fept  ,  huit,  neuf,  dix  ou 
douze  livres  de  fucre  tout  au  plus  ,  &  qu'on 
vend  à  Paris  chez  tous  les  Epiciers.  (Couvrir 
un  pain  de  fucre.  Pain  de  fucre  en  papier  gris , 
&  pain  de  fucre  en  papier  bleu.  ) 

Avoir  la  tête  faite  en  pain  de  fucre.  C'eft  avoir 
la  tête  longue  &  pointue. 

Pain  de  vieux  oins;.  [  f^eteris  axurîaix  ma([a.  ] 
C'eft  une  maffe  de  vieux  oing  en  forme  de  pain 


PAL  7 

que  font  les  Charcutiers,  &  qui  fe  vend  à  Paris 
chez  les  Charcutiers  &  les  Chandeliers  pour 
graiffer  les  roués  de  caroffes ,  de  chariots,  de 
charettes  ,  de  tombereaux  ,  &c.  (  Acheter  un 
gros  ou  un  petit  pain  de  vieux  oing.) 

Pain  de  lie.  [  Mufja  fœcis  acetofœ.  ]  Terme  de 
Vinaigrier.  Lie  accommodée  en  forme  de  tuile 
faitiére  ,  dont  les  Chapeliers  fe  fervent  pour 
fabriquer  leurs  chapeaux. 

*  Pain.  Ce  mot  entre  dans  quelques  phrafes 
figurées  &  dans  quelques  proverbes.  Exemples. 

(  •  Tandis  que  Coletet  croté  jufqu'à  l'échiné  , 

Va  mandier  fon  pain  de  cuiiine  en  cuifme.  Defp.  Sat.  i.) 

C'eft-à-dire  ,  va  manger  tantôt  chez  l'un  ,  & 
tantôt  chez  l'autre.   [  Rogat  viclum.  ] 

*  Je  lui  ai  mis  le  pain  à  la  main.  [  Pra  manu, 
dedi  unde  vivat.  ]  C'eft-à-dire  ,  je  lui  ai  donné 
moyen  de  fubfifter  &  de  gagner  fa  vie. 

*  Sans  moi  il  n'auroit  point  de  pain.  [  Sine  me 
nihil  effet  quod  ederet  domi.]  C'eft-à-dire  ,  fans  moi 
il  n'auroit  pas  de  quoi  fubfifter. 

*  La  Jbtife  du  peuple  lui  donne  du  pain.  (  Ineptiâ 
plebisvitam  alit.]  C'eft-à-dire,  le  fait  fubfifter. y^i/. 

*  l/n  tel  travaille  pour  du  pain.  [  Pro  cibo 
laborat.  ]  C'eft-à-dire  ,  pour  fubfifter  feulement, 

■j"  *  y/ a  eu  fa  maifon  pour  un  morceau  de  pain. 
[  Viliori pretio  domum  émit.  ]  C'eft-à-dire  ,  à  très- 
vil  prix.  Pour  peu  de  chofe. 

^  *  Manger  fonpain  blanc  le  premier.  [Benignam 
modh  habuit  fortunam  ,  nunc  iniquam.  ]  C'eft  avoir 
du  repos  au  commencement  ,  &  de  la  peine 
après  ;  c'eft  faire  bojine  chère  d'abord,  &  enfuite 
ne  la  pas  faire  fort  bonne. 

Manger  fon  pain  à  la  fumée  du  rôt.  C'efl  être 
tém.oin  des  plaifirs  d'autrui  fans  y  participer. 

■f  *  Emprunter  un  pain  fur  la  fournée.  C'eft- 
à-dire  ,  obtenir  la  dernière  faveur  de  quelque 
belle  avant  que  de  l'époufer. 

■{■  *  Avoir  dupain  cuit.  \Utitur  cibis  arte  quœjîtîhi\ 
C'eft-à-dire ,  avoir  dequoi  fubfifter.  Avoir  des 
provifions.   11  fe  dit  au  fujet  de  diverfes  chofes. 

\*  Manger  fon  pain  dans  fon  fac.  C'eft  manger 
feul  comme  un  vilain  fans  faire  part  à  perfonne 
de  ce  qu'on  a  de  bon. 

•{■  *  Manger  du  pain  du  Roi.  [Panem  Regium 
edere.  ]  C'eft-à-dire  ,  être  en  prifon  ou  en  galère. 

*  A  mal  enfourner  on  fuit  les  pains  cornus. 
Proverbe  pour  dire ,  que  quand  on  commence 
mal  une  affaire  ,  il  eft  difficile  d'y  remédier. 

■\  Il  ne  vaut  pas  le  pain  qu'il  mange.  Cela  fe  dit 
d'un  valet  fainéant. 

*  f  Liberté  &  pain  cuit.  Proverbe  pour  dire, 
qu'on  eft  heureux  quand  on  a  du  bien ,  ôi  qu'on 
n'eft  fujet  à  perfonne. 

^^  Etre  en  pain  ,  c'eft  être  émancipé  ,  dans 
les  Coutumes  de  Hainaut,  de  Mons  &  de  Tournai. 
Etre  hors  de  pain  ,  c'eft  de  même  être  émancipé. 

■{■  *  Cela  efl  long  comme  un  jour  fans  pain. 
Proverbe  qui  fe  dit  d'une  chofe  qui  ennuie. 

■f  *  Il  promet  plus  de  beure  que  de  pain.  [  Plura 
poUicetur  quàm  prxflat.  ]  Proverbe.  Il  donne  de 
vaines  efpérances. 

f  On  dit  d'un  homme  qui  déjeijne  avant  que 
d'aller  à  la  Meffe  ,  qu'i/  va  à  une  Mejfe  des  morts  , 
qu'il  y  porte  pain  &  vin, 

-{■  On  dit  ,  pain  coupé  n'a  point  de  maître , 
pour  marquer  qu'on  peut  fe  fervir  du  pain  ds 
ion   voifin. 

Pain  d'épice  ,  f.  m.  [  Panis  mellitus.  ]  C'eft  un 

compofé  de  miel  ,  de   fleur  de  fégle  ,    &  des 

'     quatre  épic-es  qu'on  fait  cuire  au  four ,  &  qu'on 


8  P   A  I. 

vend  à  la  livre  par  pain  ou  par  petite  pièce. 
(Faire  de  l'excellent  pain  d'épice.  Le  meilleur 
pain  d'cpice  cft  celui  de  Reims  en  Champagne.) 

Pain  J'îpicc  A  la  Domine.  Il  s'appelle  ainfi  du 
nom  de  fon  Inventeur  ,  M.  Dominé  ,  de  V'itri- 
le-François. 

*  //  aime  h  pain  d'épice.  II  fe  dit  au  figuré 
d'un  Juge  qui  taxe  trop  haut  fes  vacations. 

Pain-J'épicier  ,f.  m.  [Piflor/piciarius.  [  Celui 
qui  fait  &  vend  des  pains  d'épices.  (  Ceft  un 
des  meilleurs  &  des  plus  riches  Pains-d'épiciers 
de  Paris.  ) 

P  A 1 N  B  ï'c  H  E  ,  /  /  [  MuUer  iners.  ]  Terme 
injurieux  qu'on  dit  à  des  femmes  pour  leur 
reprocher  leur  faincantife  ;  comme  fi  on  difoit , 
qu'il  faut  leur  mettre  le  pain  au  bec.  (  Cette 
femme  eft  une  vraie  painbéche. 

Pain  de  pourceau  ,f.'n.  [  Ciclamen  orblculatum.'] 
Ceft  une  herbe  qui  eft  une  efpece  de  ciclamen. 

Pain  de  cocu  ,  f.  m.  [  Trifoiium  acetofum.  ] 
Efpece  d'herbe  qu'on  mange  en  falade. 

•l^.  Pain  d'afinage.  Il  refte  toujours  quelque 
matière  d'argent  dans  le  fond  de  la  coupelle  , 
en  forme  de  pain  ,  &  que  l'on  appelle  pain 
d'afinagi  ,  ou  plaque. 

Pain£s  ,  ou  Peines.  Les  Courroïeurs 
nomment  ainll  les  morceaux  de  drap  ou  d'étofe 
de  laine ,  dont  ils  font  leur  gipon. 

Paiomirtoba/  m.  Petit  arbriffean  légumineux 
du  Bréfil ,  dont  il  y  a  deux  efpeces.  Leurs  racines 
font  eftimées  bonnes  contre  le  venin.  Les  plantes 
font  déterfives  ,  apéritives  ,  vulnéraires  ,  rafrai- 
chiflantes  ,  &  tempèrent  l'ardeur  des  reins.  La 
femence  infufée  dans  le  vinaigre  ,  guérit  la 
gratelle, 

Pajonisme.  [Pajomfmus.]  Seûede  Calviniftes 
qui  s'éleva  vers  la  fin  du  dix-feptiéme  fiecle  ,  & 
qui  futainfi  appellée  à  caufe  de  Pajon  ,  Miniftre 
d'Orléans ,  qui  en  étoit  l'Auteur.  Cette  fefte 
étoit  une  branche  de  l'Arminianifme  rafiné.  Ceux 
qui  la  fuivoient  étoient  appeliez  Pajonijles.  V. 
le  Suplém.  de  Mortri  de  IJSS.  article  Pajon. 

Pair  ,  du  latin  Par  ,  égal  ,  femblable  , 
compagnon.   On  dit  pair  &  compagnon. 

P  AïiKs  ,  f.  m.  [  Pares.  ]  Prononce  Pers.  Les 
fiefs  étant  devenus  héréditaires ,  on  appella  Pairs 
un  certain  nombre  de  vafleaux  du  fief  dominant 
qui  étoient  obligez  de  tenir  la  Cour  du  Seigneur  , 
&  de  juger  des  caufes  féodales.  Voïez  Du  Tllkt , 
Recueil  des  Rois  de  France. 

Pairs  de  France.  [  Patricii  Franciœ.  ]  C'étoient 
douze  grands  Seigneurs  ,  tant  Ducs  que  Comtes, 
dont  il  y  en  avoit  fix  Eccléfiaftiques  ,  &  fix 
qui  ne  l'étoient  pas.  Us  furent  créez  par  le  Roi 
Loiiis  le  Jufte  pour  aftifter  au  Sacre  &  au 
Couronnement  des  Rois  de  France ,  &  juger 
les  caufes  de  la  Couronne.  Les  Pairs  Ducs 
Eccléfiaftiques  font  l'Archevêque  de  Reims , 
l'Evêque  de  Laon  ,  &  l'Evêque  de  Langres. 
Les  Pairs  Eccléfiaftiques  Comtes  ,  font  l'Evêque 
de  Beauvais  ,  l'Evêque  de  Châlons ,  &  celui  de 
Noyon.  Les  Pairs  Ducs  Séculiers  étoient  les 
Ducs  de  Bourgogne  ,  de  Normandie  &  de 
Guyenne.  Les  Pairs  Comtes  Séculiers  étoient 
les  Comtes  de  Flandre  ,  de  Champagne  &  de 
Touloiifc.  Voïez  Du  Tillet.  Il  faut  ajouter  ,  que 
pour  éclaircir  cette  matière  en  deux  mots  ,  il 
eft  néccffairede  diftinguer  les  tems,  &  de  dire, 
que  fous  la  première  &  fous  la  féconde  race 
de  nos  Rois ,  il  y  avoit  des  Pairs  ;  mais  c'étoit 
im  fimplc  titre  qui  diftinguoit  les  perfonnes 
riches ,  ou  d'une  famille  ancienne ,  &  le  peuple 


P  A  ï. 

qui  gémiffoit  dans  une  condition  vile  ,  &  même 
fervile  ;  &  ce  ne  fut  (  félon  le  fentiment  de  la 
plupart  des  Dofteurs  )  que  depuis  l'éreâion  des 
fiefs ,  que  l'on  commença  à  établir  des  Pairs  en 
titre ,  &  à  donner  ce  nom  à  ceux  qui  pofl"édoient 
des  fiefs  relevant  d'un  Seigneur  fuzerain  :  ainft 
les  poffeft"eurs  des  hauts  fiefs ,  comme  les  Comtes 
de  Champagne  ,  les  Ducs  de  Normandie  ,  & 
autres  de  cette  qualité  ,  étoient  les  Pairs  du  Roi  ; 
&  de  même  les  vafl"aux  des  Seigneurs  étoient  leurs 
Pairs,  La  fonâion  de  ces  Pairs  confiftoit  princi- 
palement à  juger  les  diférends  qui  naifl"oient  ou 
entre  le  Seigneur  &  un  Vafl^al ,  ou  entre  les 
Vafl'aux,  lorfqu'il  s'agifl"oit  d'une  matière  féodale. 
Il  n'eft  pas  poftible  de  marquer  précisément  le 
tems  de  l'éleûion  des  Pairs  :  mais  ce  qu'il  y 
a  de  vrai ,  eft  qu'ils  n'ont  commencé  que  depuis 
l'établiffement  des  fiefs,  &  l'on  eft  perfuadé  qu'à 
l'égard  du  Roi  ,  il  n'y  eut  d'abord  que  douze 
Pairs  qui  adifterent  aux  Sacres  de  nos  Rois ,  aux 
Affemblées  publiques  ,  Si  aux  Jugemens  qui 
pouvoient  concerner  les  fiefs  &  les  perfonnes 
du  premier  rang.  Il  eft  aifé  de  comprendre 
comment  les  Parlemens  étant  érigez  en  tribunaux 
réglez ,  les  Pairs  furent  appeliez  dans  l'éleftion 
du  Parlement  de  Paris ,  que  l'on  a  toujours  apellé 
la  Cour  des  Pairs  Laïques  ,  &  Eccléfiaftiques  :  le 
nombre  des  premiers  n'eft  point  fixé,  mais  il  n'y 
a  que  fix  Pairs  Eccléfiaftiques  qui  ont  été  érigez 
en  diférens  tems. 

Pair.  [  jEqualis  ,  par.  ]  Mot  adjectif,  &  qui  ne 
fe  dit  ordinairement  qu'au  mafcuUn  ,  &  qui 
fignifie  égal ,  pareil.  Il  ejifans  pair.  C'eft-à-dire  , 
il  n'a  point  d'égal. 

Pair ,  [  Par.  ]  Il  fe  dit  de  quelques  oifeaux 
qui  s'aparlent  pour  la  génération  ,  comme  des 
pigeons  ,  des  tourterelles ,  &c.  (  La  tourterelle 
ne  vajamaisfansfonpair,  on  dit  que  quand  elle  a 
perdu  fon  pair  elle  mène  une  vie  languiflante.  ] 

Pair.  [  Numerus  par.  ]  Terme  i^ Arithmétique. 
{  Nombre  pair.  C'eft-à-dire,  un  nombre  qui  fe 
divife  en  deux  parties  égales  en  nombres  entiers, 
&  fans  fraftion.) 

Pair.  Les  Négocians  &  Banquiers  difent  que 
le  change  eji  au  pair  ,  pour  faire  entendre  qu'il 
eft  égal  de  part  &  d'autre  ;  c'eft-à-dire ,  qu'il  n'y 
a  rien  à  gagner  ni  à  perdre  dans  les  négociations 
que  l'on  fait  d'argent  &  de  lettres  de  change  , 
enforte  que  pour  une  fomme  qu'on  donne  en 
un  endroit ,  on  reçoit  pareille  fomme  dans  un 
autre  ,  fans  qu'il  en  coûte  de  change  ou  de 
remife. 

Pair  ,  Se  dit  aufli  de  l'égalité  des  monoies 
entre  elles;  c'eft-à-dire,  de  ce  qu'il  faut  donner 
d'une  forte  d'efpece  pour  y  rencontrer  jufte  la 
valeur  d'un  autre. 

Nombre  pairement  pair.  [  Numerus  par  primus.  ] 
Ceft  un  nombre  pair  qui  ne  fe  peut  divlfer  que 
par  des  nombres  pairs  &  non  par  des  impairs. 
Tels  font  le  nombre  4.  celui  de  8.  &  tous  fes 
multiples  16.  Z4.  32.  &c. 

Nombre  pairement  impair  ,  ou  plutôt  impairement 
pair.  [Par,  impar  numerus.  "]  Ceft  un  nombre 
pair ,  qui  peut  fe  divifer  par  un  nombre  pair , 
&  par  un  impair.  Tels  font  tous  les  multiples 
de  2.  qui  ne  font  pas  les  multiples  de  4.  comme 
6.  qui  fe  peut  divifer  par  2.  &  par  3.  &  de  même 
10.  14.  18.  20.  &c. 

Nombre  pairement  6-  impairement  impair.  Ceft 
un  nombre  pair  qui  fe  peut  divifer  par  deux 
nombres  pairs ,  &  aufti  par  un  nombre  pair  & 
par  un  impair.  (Tels  font  tous  les  multiples  de 

4.  qui 


PAL 

4,  qui  ne  font  multiples  de  8.  comme  ii.  10. 
18.  &c.) 

Pair  &  non  pair,/,  m.  [  Par  &  impar.  ]  C'eft 
imo  i'orte  de  jeu  où  l'on  cache  pkifieurs  pièces 
de  monoie  dans  la  main  ,  &  oii  l'on  fait  deviner 
quelqu'un  fi  le  nombre  des  pièces  qu'on  cache 
eft  pair  ou  non.  (  Joiier  à  pair  &  non  pair.  Il 
y  a  non  pair  ,  il  y  a  pair.  ) 

Pair  à  pair ,  adv.  \_yEquaHtir.'\  (Nous  y oWd  pair 
à  pair.  C'efl-à-dire  ,  égaux.  ^ 

Du  pair  ,  adv.  [Sociiis  ej/e.)  D'égal.  De  même 
air.  De  même  manière.  (  Aller  du  pair  avec 
quelqu'un.  Patrie ,  plaid.  6.  Il  y  a  des  gens 
obfcurs  &  d'un  mérite  fort  médiocre  qui  veulent 
aller  du  pair  avec  les  perfonnes  illuftres  &  d'un 
haut  mérite.  ) 

Paire  ,  f.  f.  [  Par ,  jugum.  ]  Deujf  chofes  de 
même  efpéce  ,  dont  l'une  ne  va  guère  fans  l'autre. 
(  Une  bonne  paire  de  fouliez.  Une  méchante 
paire  de  bottes. Une  paire  de  fabots.  Une  paire  de 
gans  ,  de  piftolets ,  ôic.  Une  paire  de  pigeons , 
de  bœufs ,  &c. 

(  Elle  av-oit  au  bout  cfe  fes  manches 
Une  p.iire  de  mains  fi  blanches. 

Scaron.  ) 

On  dit  ^nfCl  une  paire  de  cifeaiix  ,  de  pincettes  , 
de  caleçons  ,  &  d^ autres  chofes  compojïes  de  deux  . 
parties  femblables. 

Paire,  [  Nervorum  conjugatio.  ]  Ce  mot  fe  dit 
en  terme  d'Anaromie  ,  &  en  parlant  de  nerfs. 
(  Il  part  du  cerveau  fept  paires  de  nerfs.  ) 

Pairement ,  adv.  [  Paricer.  ]  Voïez  fous  pair. 

Pairie  ,f.f.  [Paris  Francu  dignitas.]  Prononcez 
périe.C'eû.  une  Ibrte  de  grande  Seigneurie  annexée 
feulement  aux  Diichez  &  aux  Comtez.  C'eft  un 
droit  de  Pair.  C'eft  une  qualité  de  Pair.  Loi/eau, 
Traité  des  Seigneuries  Subalternes  .  ch.  3.  (Eriger 
un  Duché  en  Pairie.  Les  Rois  de  France  peuvent 
i'euls  dans  leur  Royaume  ériger  des  Terres  en 
Pairie.   Choifi ,  Vie  de  Philippe  de  Valois.  ) 

]^  AÏS  ,f.m.  [  Regio  ,  Patria  ,  Natio  ,  Oréis.] 
Trononcezpéis.  Ce  mot  vient  de  l'Italien /"a^/t:, 
lignifie  ,  Région  ,  Contrée  ,  Patrie  ,  Lieu  de  la 
naijj'ance  d'une  perfonne.  (  Avant  que  d'entrer 
dans  un  pais ,  il  fe  faut  informer  des  mœurs  des 
habitans ,  &  des  différentes  Coutumes  du  pais. 
Autant  de  pais,  autant  de  Coutumes.  Pveconnoître 
le  pais.  Ai-l.  Le  Sage  n'a  point  de  pais  parti- 
culier. Ils  font  de  même  pais. 

Tout  peuple  peut  avoir  du  goût  &  du  bon  fens; 

Ils  l'ont  de  iout  pais  ;  du  fend  de  l'AmLrique 
Qu'on  y  mène  un  Rhéteur  habile  &  bon  critique , 
Il  fera  des  Sçavans. 

La  Vont.  ) 

§^  Pais  ,  depagus ,  qui  fignifioit  une  contrée, 
&  même  l'étendue  d'un  certain  terrein  ,  que 
nous  appelions  un  village.  Tulliiis  avoit  inftitué 
des  fêtes  ,  dans  leiquelles  on  parcouroit  les 
champs  avec  de  l'eau  luftralc  que  l'onrépandoit  ; 
ces  fêtes  étoientappellces  Paganaliu.  Ovide  en 
fait  mention  dans  fes  Faftes  : 

Pagus  agtitfeflum  ,  pagum  liiftrate  colonî , 

Et  date  pagiinis  anima  liba  fucis  ; 
Placeniur  maires  frugum  Tdlufque  Cercfque 
Farn  fuo  gravidce  ,  vifccribufquc  fuis. 

Il  y  a  apparence  que  pagus  eft  le  wj-Voç  des 
Grecs  ,  qui  fignifie  une  élévation  ,  une  petite 
montagne  ,  l'ufage  étant  de  s'étabhr  plutôt  fur 
les  hauteurs  ,  que  dans  les  fonds  &  dans  les 
plaines.  Le  terme  pagus  fignifie  ,  dans  les 
Auteurs  de  la  baflTe  latinité ,  non  feulement  \n\ 
Tome  ///. 


PAL  9 

village  ,  mais  encore  une  contrée  ,  un  bailliage. 
Païs  rnontueiix.  Pais  plat  &  uni.  Pais  de  bois. 
Pais  de  chafl"e.  Pais  maritime  ,  marécageux , 
abondant  en  pâturages.  Païs  fertile  ,  flérile  ,  fec 
&  maigre.  Païs  d'Etats.  [  Regio  vecliga/is  ex 
prœfcripto  deputatorum  conventu.  ]  Ce  font  en 
France,  les  Provinces  qui  ont  confervé  le  droit 
de  faire  des  impofitions  fur  eux  par  leurs  Députez 
&  par  les  Notables  de  la  Province ,  comme  la 
Bourgogne,  la  Bretagne  &  le  Languedoc. 

Pais  "d'Eleclion  ,  c'eft  une  Province  011  les 
impofitions  fe  font  par  les  Elus  &  autres  Officiers 
créez    à  cet   effet. 

Païs  de  concordat.  [  Regio  in  qua  viget  pacîio 
inter Leonem decimumPapam  &Prancifcumprinmm .] 
Pais  où  les  matières  bénèficiales  fe  règlent  par 
la  difpofition  du  Concordat  fait  entre  Léon  X. 
&  François  I. 

Païs  d'obédience,  eft  celui  où  le  Concordat  n'eft 
point  reçu  ,  comme  la  Bretagne  ,  la  Lorraine. 
Païs  de  Droit  écrit.  [  Provinciœ  juris  fcripti. 
Ce  font  les  Provinces  &  les  endroits  de  la.. 
France  où  l'on  décide  les  affaires  par  Pautorité 
du  Droit  Romain.  (La Provence  eft  un  pais  de 
Droit  écrit.) 

Païs  coûtumier.  [  Regiones  Juris  confueti.  ]  Ce 
font  les  endroits  de  France  où  Pon  décide  les 
affaires  civiles  par  les  Coutumes  des  lieux. 
(  L'Ifle  de  France  ,  la  Picardie ,  la  Champagne  , 
la  Normandie,  font  des  pais  de  Droit  coûtumier.) 
■{-  Païs  Latin.  [Parijien/îs  Univerfitas.  ]  Termes 
burlefques  pour  dire  ,  \!Uni\'erftié  de  Paris  ,  ou 
quelque  autre  lieu  de  cette  nature.  (H  y  a  peu 
de  gens  polis  dans  le  pais  Latin.  C'eft  un 
homme  du  païs  Latin ,   &  c'eft  tout  dire. 

Les  Rois  du  Païs  Latin 

Ont  pour  fceptre  une  férule.  Main.  ) 

f  Païs  de  fapience,  [  Normannia.  ]  On  appelle 
ainfi  en  riant  la  Normandie  ,  parce  que  la 
Coutume  des  fidèles  Normans  eft  Pune  des  plus 
fages  Coutumes  de  France  ,  ou  félon  quelques- 
uns  ,  la  Normandie  eft  appellèe  le  païs  de  fapience , 
parce  que  c'eft  le  pais  de  la  fourberie  &  de  la 
diffimulation  ,  qui  eft  la  prudence  des  enfans  du 
fiécle.  Cela  ne  fe  dit  que  de  la  bafle  Normandie. 

\P aïs  de  cocagne.  [  Fertilis  regio.  ]  C'eft-à-dire  , 
un  pais  abondant  en  toutes  fortes  de  biens  & 
de  chofes  pour  la  vie.  M.  Aftruc  ,  dans  fes  Mém. 
fur  le  Languedoc,  p.  316.  dit  :  Les  pelottes  dit 
paftel  apprêté  s'appellent  coques  ou  co.jnaignes  , 
&  le  paftel  ainfi  apprêté  ,  pa(lel  en  coquaigne. 
C'eft  de  là  ,  ajoûte-t-il ,  qu'eft  venu  l'ufage  de 
dire  païs  de  coquaigne  ou  cocaigne ,  pour  dire  un 
païs  riche,  parceque  le  païs  où  croît  le  paftel, 
s'enrichifToit  autrefois  par  le  commerce  de  cette 
drogue. 

(  *  Le  païs  de  Caux  eft  impaïs  de  cocagne.  Sur. 

Paris  eft  pour  un  riche ,  un  païs  de  cocagne. 

Defpréaux  ,  Sat,  6.  ) 

Païs ,  fe  dit  figurément  en  chofes  fpirituelles 
&  morales.  (  Les  Modernes  ont  découvert  des 
païs  inconnus  dans  les  fciences.)  [  Multa  incognita 
dctcxerune  reccntiores.  ]  L'Algèbre  eft  un  païs 
inconnu  à  la  plupart.  Ce  Prédicateur  a  bien 
battu  du  païs.   [  Campos  excurrit.  ] 

*  Païs.  Mot  dont  les  gueux  &  les  petits  artifans 
fe  fervent  quand  ils  fe  faluènt.  (  Bon  jour /au. 
Adieu  païs.^ 

'\    Il  eft  bien  defonpaïs.  [Nimium  fane  ineptus 

eft.  ]  C'eft-à-dire ,  il  eft  fort  neuf.  Il  eft  fort  niais. 
j    .1  g 


,o  PAL 

■}■  *  Gagner  p.ûs.  Oeil  fuir.  [  So/i/m  veriere.  ] 

-f  *  Counr  U  puis.  [  Peregrè  abire.  ]  C'cft  voyager 
en  divers  lieux. 

•{•*//  lui  a  bun  fuit  voir  du  pals.  C'eft-à-dire  , 
il  l'a  mené  loin.  U  lui  a  donné  de  la  peine.  Il  l'a 
embaraffé,  chicané.  II  lui  a  iàW  des  pièces. 

PLu-païs,f.m.  [Campe jlresloci.]  La  Campagne. 
Le  piat-pais  eft  tout  à  fait  perdu.  Faire  le  dégât 
dans  le/'/rtf-/''"'-  Fourager  {q  plat-pals.  Le  plat- 
païs  étoit  fans  bois.  ) 

•f  Le  pais  d'adieu  fias.  [Occitanla,  f^afconia.] 
Mots  burlefques  ,  pour  marquer  le  Languedoc 
&  la  Gafcogne.  Il  eu  du  pah  d'adieu  Jîas.) 

*  Ju^er  à  \ui  de  puïs.  Ce(l  juger  d'une  chofe 
dont  on  n'a  pas  une  connoiffann;  certaine. 

PaÏsage  ,f.  m.  [Traclus  amanà  locorum  varietate 
dif  inclus. ]LepafageeR.un  des  principaux  genres 
de  peinture  ,  &  renferme  en  ra.;ourci  tous  les 
autres.  On  appelle  païjage  ,  im  tableau  qui 
reprcfente  quelque  Campagne.  (Unbeau  païfage. 
Aimer  les  païfages.  )  L'art  de  faire  ces  repré- 
fentations  s'appellent  encore/'rt/y.'fn'e. On  diftingue 
le  païfage  du  genre  héroïque  ,  &  le  paifage  du 
genre  pafloral.  Le  premier  ell  une  compofition 
formée  fur  ce  que  l'art  &  la  nature  offrent  de 
plus  majeftueux  ,  de  plus  rare  &  de  plus  frapant. 
Le  deuxième  eft  une  repréfentation  de  la  fimple 
nature  ,  telle  qu'elle  fe  montre  fans  fard  &  fans 
artifice.  Les  païfages  ordinaires  font  dans  le 
genre  paftoral. 

Paifage.  [  Rus  ,  locus  amœnus.  }  II  fignifie  pro- 
prement l'afpeû  d'un  pais ,  ou  d'un  territoire  , 
aufll  loin  que  la  vue  fe  peut  étendre.  (Les  bois , 
les  colines  &  les  rivières  rendent  les  païfages 
fort  beaux.)  C'eft  ce  que  les  Peintres  repréfentent 
dans  leurs  païfages. 

PAÏsAGiST£,yiOT.  [  Piclor  topograpkicus .  ] 
Prononcez  pêifagijle.  Peintre  qui  ne  travaille 
qu'en  païfages.  (  C'efl  le  plus  fameux  païfagifte 
de  Paris.  Le  jeune  Francifque  ,  Wouvermens , 
&  Maugobert  ,  ont  été  de  grands  païfagiftes. 

P  A  ï  s  A  N ,  f.  m.  [Homo  rnjiicanus.  ]  Prononcez 
pli  fan.  Ce  mot  vient  de  l'Italien  pacfano.  C'eit 
celui  qui  eft  de  quelque  Village  de  la  Campagne, 
f  Les  païfans  ne  font  pas  fi  polis  que  les  gens 
de  la  Ville  ;  &  les  gens  de  la  Ville  ne  le  font  pas 
tant  que  ceux  de  la  Cour.  Les  païfans  font  fins 
&  méchans ,  &  principalement  ceux  des  environs 
de  Paris.  Les  païfans  de  France, quoique  pauvres 
font  fouvent  plus  heureux  que  ceux  de  Pologne, 
qui  font  tous  efclaves  de  leurs  Seigneurs.  ^ 

Paifan  ,  paifanne  ,  [  Agrejlis  &  ruficus.  ]  II 
fe  dit  par  mépris  ,  &  fignifie  rufîre  ,  grofficr , 
peu  civil  ,  peu  honnête.  (  Avoir  l'air  païfan. 
Avoir  la  mine  païfane.  Avoir  des  manières 
païfanes.  Sa  conduite  eil  païfane  ,  &  je  ne  la  puis 
foufFrir.  ) 

Faisane  ,  /./.  [Ru/lica.]  Prononcez  péifane. 
Villageoife.  (C'efl une  jolie  païfane,  c'eft-à-dire, 
c'eft  une  villageoife  jolie.  C'ejl  une  franche  pmfane  ; 
c'eft-;Vdire  ,  c'eft  une  ruftre.  ) 

^^  Molière  a  dit  le  premier  ,  paifanerie dans 
fon  George-Dandin  :  J'aurais  bien  mieux  fait , 
tout  rie  fie  que  je  fuis  ,  de  m' allier  en  bonne  & 
franche paï/anerie.Onpem  le  dire  dans  le  comique, 
&  dans  la  converlation  familière. 

Paisible,  adj.  Prononcez  piflble.  [Placidus, 
tranquilUis  ,fedatus  ,  quietus.  ]  Il  fignifie  tranquille, 
&  il  fe  dit  des  chofes  &  des  perfonnes.  (  Paifible 
nuit ,  helas  !  je  ne  demande  que  le  repos  que  tu 
donne  à  tous.  C'dl  un  efprit  fort  paifible.  L'Etat 
eft  fort  paifible. 


P  A  I. 

Non  ,  ne  me  parlez  point  de  ces  tiédes  Amans 
Dont  les  Bdijlbles  cœurs  n'ont  nuls  einportemens. 

Mol.  ) 

Paifible  ,  fe  dit  des  animaux.  (  Ce  cheval  efl 
doux  &  paifible.  Un  agneau  paifible.  ) 

Lieu.xpuijibles.  On  appelle  ainfi  les  lieux  où  il 
n'y  a  point  de  bruit ,  où  l'on  eft  en  paix. 

Paifible ,  fe  dit  aufli  des  eaux  qui  ne  font 
point  agitées. 

Paifible.  [  Pacificus.  }  Ce  mot  fe  dit  principale- 
ment en  parlant  des  bénéfices ,  &  veut  dire  : 
Qui  n'eft  pas  troublé  dans  fa  pofTefTion  ,  qui  a 
pofTédé  trois  ans  ,  après  lefquels  on  ne  le  peut 
plus  troubler  ,  &  qui  pour  cela  eft  appelle  paifible 
pofjeffeur.  Il  fe  dit  aufli  des  autres  perlonnes-qui 
ne  font  pas  troublées  dans  leur  pofTeffion. 

(  Sonffrirez-vous  encor  qu'un  roc  inacceflîble 
D'un  injufle  ennemi  foit  l'azile  yjj/jfi/e  ^ 

Betoulaud.  )^ 

Paisiblement  ,  adv.  [  Sedato  animo  ,  tranquilÛ .\ 
D'une  manière  paifible.  D'une  façon  douce  & 
tranquille.  (  La  nature  ne  tend  qu'à  vivre 
paifiblement. 

t  Paissaler  ,  V.  a.  [Palare  ,  pedare.  ]  Mettre 
des  paiffeaux.  Dites  ,  Echalaffer  la  vigne. 

Paissant,  adj.  [Depajcens.^  Terme  de 
Blafon.  Qui  fe  dit  des  vaches  &  des  brebis  qui 
ont  la  tête  baiffèe  pour  paître.  Voiez  Paître. 

■\  Paisseav,/.  m.  [  PalkS  ,  pedamentum.  ] 
Ce  mot  ne  fe  dit  que  dans  les  Provinces  ,  &  en 
fa  place  on  dit  à  Paris  échalas. 

Pdijfeau  ,  fe  dit  aufîi  d'une  efpece  de  Serge 
qui  fe  fabrique  en  Languedoc. 

P  a  I  s  s  E  L  E  R  ,  V.  a.  fe  dit  en  Province  pour 
fignifier  mettre  des  paiffeaux  dans  les  vignes. 

P  a  I  s  s  £  L I E  R  E  ,  y^  /,  Lieu  où  l'on  fait  des 
paiffeaux. 

§3"  Paissomme.  Terme  maritime.  C'eft 
un  bas  fond  ,  où  i!  y  a  peu  d'eau. 

PAissoN,y^/7z.  [Radula.]  Terme  de  Gantier 
&  de  Peaucier.  Morceau  de  fer  ou  d'acier  délié 
qui  ne  coupe  pas ,  fait  en  manière  de  cercle  , 
large  d'un  demi  pied ,  ou  environ  ,  &  monté  fur 
un  pied  de  bois  fervant  à  déborder  &  à  ouvrir 
le  cuir  pour  le  rendre  plus  doux. 

P.iijjon,  f.  m.  [  Glandaria  vel  herbaria  paflio.  1 
Glandèe  &  autres  fruits  fauvages  que  les  porcs 
&  autres  beftiaux  mangent  à  la  Campagne.  (Les 
habitans  ont  droit  de  paiffon.  ) 

Paissonner,  V.  a.  Terme  de  Gantier  & 
de  Peaucitr.  C'eft  étendre  &  tirer  une  peau  fur 
le  paifl"on.  C'eft  la  tirer  &  l'étendre  fur  le 
paiffon.  (  Paiffonner  une  peau.  ) 

PaÎtre,  V.  n.  [Pafcere  ,  prata  pabulari.  ]  Je 
pais  ,  tu  pais  ,  il  pait  ,  nous  paiffons  ,  vous  paijj'e;^, 
ils  paiffent.  Je  paiffois  ,  je  paîtrai  ,  que  je  paifjiy 
paiffant.Ce  mot  eft  un  verbe  neutre  &  dèfeftueux. 
Il  fe  dit  proprement  des  bêtes  ,  &  veut  dire 
manger.  (  C'étoient  des  chevaux  de  bagage  qui 
paifloient.  yîhl.  Rtt.  L  i.  c.  2.  )  Mener  paître 
les  pourceaux.  Un  grand  nombre  de  pourceaux 
paifloient  le  long  des  montagnes.  Nouveau 
Tejlamcnt, 

Kelas  !  petits  moutons  que  vous  êtes  heureux. 
Vous  paifpx  ^■'"^  ^°'  champs  fans  fouci ,  fans  alarmes. 
Aulîi-tôt  aimés  qu'amoureux. 

Deshoul.  poijtet. 

Paître  ,  v.  a.  [  H:rham  pafcere.']  Ce  verbe  eft 
quelquefois  aftif,  (Paître  l'herbe.) 


PAL 

%y  Saint  Amand  a  abufd,  ce  me  femble,de 
te  terme  dans  fon  Contemplateur. 

Vous  qui  gardez  d'un  foin  fi  doux 
Le  cher  troupeau  de  votre  maitrc  , 
Lui  donnant  ,  en  dépit  des  loups  , 
Le  facré  pain  de  grâce  à  paiin-, 

L'Abé  Régnier  Defmarais  dit  dans  une  églogue  : 
Son  troupeau  qui  pji£oit ,  oublia  de  manger. 

Paître  &  manger  ,  c'eft  la  même  chofc  ;  ou  fi 
le  Poëte  a  entendu  parler  d'un  troupeau  qui  eft 
dans  le  pâturage ,  &  qui  cherche  à  paître ,  il  a 
péché  contre  la  juftefle. 

Paûre  ,  v.  a.  [  Abigere  pecus.  ]  Ce  verbe  eft 
toujours  aôif  lorqu'il  fignifie  mener  paître.  Faire 
paître.  (  Voïant  un  vainqueur  des  jeux  Olimpi- 
ques  paître  des  troupeaux  ;  il  dit  :  &c.  Ablancoun 
Apopht.  p.  148' 

C'eft  par  lui  que  laiffant  fur  le  haut  des  coteaux 

Paître  nos  pailibles  troupeaux. 

Nous  ne  craignons  point  le  pillage; 

Pendant  que  loin  de  nos  hameaux 
Tout  refpire  l'horreur,  le  fang  &le  carnage. 

Poét.  anon.  ) 

Paître  un  oifeau.  [  Avem  alere.  ]  Terme  de 
Fauconnerie.  C'eft  lui  donner  à  manger. 

*  Paître  ,  v.  a.  [  Pafcere.  ]  Il  fe  dit  au  figuré  , 
'&  fignine  enfeigner  &  conduire.  (  Jefus-Chrift 
dit  à  faint  Pierre  ,  paijf'ei  mes  agneaux  ,  paijfe^ 
mes  brebis.  Nouveau  Tejlament.  ) 

■\  Envoler  paître  quelqu'un.  [Aliquem  foras  quatere.] 
C'eft-à-dire  ,  chaffer  une  perlbnne  ,  l'envoier 
pr  )mener  comme  un  fot. 

*  Allei  paître  de  Vherbe.  C'eft  ,  allez  -  vous 
promener  ,  vous  n'êtes  qu'une  bête.  Sar.  poif. 

ÇT  Et  je  les  fçais  fi  peu  choïer , 
Que  celles  que  j  e  mène  paître  , 
M'y  devroient  moi-même  envoïer. 

Se  paître  ,  v.  r.  [Pafci.]  Se  nourrir.  (Les 
•orbeaux  fe  paiff'ent  de  charognes.  Les  bons 
oifeaux  fe  paiffent  fur  le  vif.  ) 

*  Se  paître  d'imagination  ,  de  chimères  ,  de  vent. 
[  Vana  meditari.  ]  C'eft-à-dire  ,  entretenir  fon 
efprit ,  &  fe  nourrir  de  chofes  vaines  &  peu 
folides,  &  d'efpérances  mal  fondées.  Il  eft  mieux 
de  dire  :  fe  repaître  l'imagination  de  chimères  ,  de 
•yent. 

P  A I T  R  I  N  ,  /.  OT.  [Piflrinum  ,  M-aclra.  ]  Terme 
de  Boulanger.  C'eft  une  forte  de  grande  huche 
où  les  Boulangers  de  Paris  &  d'autour  de  Paris 
font  le  pain.  (  Un  grand  ou  petit  paitriri.) 

Paitrir,  v.  a.  [Farinamfubigere.]  Faire  de  la 
pâte  pour  en  faire  enfuite  du  pain.  (  On  paitrit 
la  farine  avec  de  l'eau  ,  en  la  remuant  &  la 
mêlant  long-tems.  Paitrir  la  pâte  pour  faire  du 
pain.  Il  faut  encore  paitrir  cela  davantage. 

On  dit  cLuffi,  paitrir  l'argile  pour  faire  des  ouvrages 
de  terre.  [  Argillam  depfere.  ] 

t  On  diroit  que  le  Ciel  l'a  paitri  d'autre  limon 
que  moi.  Defp.  Satire  3. 

*  Etre  paitri  d'ignorance  &  de  vanité.  C'eft 
être  fot  &  vain. 

*  Il  eft  des  âmes  paitries  de  fange  &  de  boue  , 
qui  ne  font  éprifes  que  du  gain  &  de  l'intérêt. 
[  Terrenœ  anima.  ]  La  Bruy. 

P  Alx,^/,  [Pajt.  ]  Tranquillité  publique.  Ce 
mot  n'a  point  de  pluriel.  La  paix  ,  chez  les 
anciens  ,  étoit  une  Divinité  allégorique  ,  qu'ils 
faifoient  fille  de  Jupiter  &  de  Thcmis.  (  Offrir , 


P  A  I.         PAL.  II 

conclure,  faire  la  paix.  Rompre  la  paix.  Donner 
la  paix  à  toute  l'Europe.  Acheter  la  paix.  Vivre 
en  paix.   Entretenir  la  paix. 

Charmante  Pa^x  ,  délices  de  la  terre, 
Fille  du  Ciel  &  mère  des  plaiiirs , 
Revenez  combler  nos  defirs. 

Racine,  ) 

Paix.  Repos.  Douceur.  Tranquillité  d'efprit 
&  de  vie.  [Tranquillitas  ,  concordia.]  (Elle  nourrit 
dans  fon  fein  une  paix  éternelle.  Defpréaux , 
Lutrin. 

Ainfi  qu'en  ces  beaux  lieux  \zpaîx  régne  en  mon  cœur.  ) 

*  Paix.  [Pax,  reconciliatio.]  Réconciliation. 
Elle  confirte  à  fe  remettre  bien  avec  quelqu'un. 
(  Faire  la  paix  avec  quelqu'un,  f^oit.  l.  ^-  ) 

*  Une  paix  fourrée  ,  ou  pldtrce.  [  Pax  ficia.] 
C'eft-à-dlre ,  qui  n'eft  faite  qu'en  apparence  & 
pour  un  tems,  dans  le  dcffein  de  recommencer 
la  guerre  à  la  première   ocafion  favorable. 

Paix,  fedit  de  la  concorde  &  de  la  tranquillité 
qui  eft  dans  les  familles.  (  La  paix  régne  dans 
cette  maifon.  Nous  vivons  en  paix.  Entretenir 
la  paix  ,  &c.  ) 

Ange  de  paix.  C'eft  un  homme  qui  porte 
toujours  les  efprits  à  l'union  &  à  la  concorde. 
On  le  dit  aufli  de  celui  qui  annonce  quelque 
chofe  d'avantageux. 

Laifer  quelqu'un  en  paix.  C'eft  ne  le  molefter 
plus  ,  ne  l'importuner  plus.  (  Laiffez  -  nous  en 
paix.  Enfin,  il  me  laiff'e  en  paix.) 

Laiffer  les  morts  en  paix.  C'eft  ne  point  parler 
mal  d'eux.  (  Laiflbns  les  morts  en  paix.  ) 

Ne  donner  ni  paix  ni  trêve  à  quelqu'un.  C'eft 
ne  lui  donner  aucun  reiâche  ,  le  preffer  conti- 
nuellement. 

Paix  ,  fe  prend  auffi  pour  calme  ,  filence , 
éloignement  du  bruit.  (  On  eft  bien  en  paix  ici. 
On  eft  bien  paix  dans  ce  quartier  ,  dans  cette 
folitude.  ) 

Paix.  Terme  d'Eglife.  Manière  de  petite  plaque 
légère ,  d'argent  ou  de  vermeil  doré ,  qui  a  une 
poignée  par'derriere  ,  &  au  milieu  la  figure  de 
Jefus-Chrift,  ou  de  quelque  Saint ,  que  le  Diacre, 
après  VAgnus  Dei  de  la  Nlpffe  ,  donne  ^à  baifer 
au  Célébrant,  cnfuiie  au  Soùdiacre  &  à  l'Acolyte 
pour  la  faire  baifer  aux  autres  Eccléfiaftiqiies 
&  au  Peuple.  (Baifer  la  paix  avec  refpeft. 
Quand  legrandAumônierfe  trouve  à  la  Chapelle, 
il  fait  baifer  la  paix  au  Roi.) 

•  Paix.  [  Pax  fit  ,  filete,  fayete  lir^guis.]  Sorte 
d'adverbe  dont  on  fe  fert  pour  faire  taire  ;  pour 
prier  ou  pour  commauder  qu'on  ne  faffe  point 
de  bruit  &  qu'on  n'interrompe  point.  Le  mot 
de  paix  en  ce  fens  veut  dire  filence.  (  Paix-là  , 
paix-là,  je  vous  prie,  Meffieurs.  ) 

j-  Paix  ,  f.f  Le  peuple  appelle  de  ce  nom 
un  os  plat  &  large  ,  qui  forme  l'épaule  d'un 
mouton  ,  d'un  veau  ,  &c.  Les  Anatomlftes  , 
parlant  du  corps  de  l'homme ,  appellent  cet  os 
omoplate, 

PAL. 

P  A  L  ,  /  OT.  [  Palus.  ]  Ce  mot  eft  un  terme  de 
Blafon.  C'eft  une  pièce  qui  fe  tient  perpendi- 
culairement droite  ,  &  qui  partit  l'écu  en  long 
depuis  le  haut  jufqu'au  bas.  (Il  porte  de  fmople 
à  un  pal  d'or.  Il  porte  d'argent  à  deux  pals  de 
fable.  Col.  ) 

Paladin  ,/  m.  [  Eques  errabundtts.]Chsviheï' 

B  ij 


IX  PAL. 

errant  delà  table  ronde.  ("  Les  anciens  Paladins 
font  t'ameiix. 

Lui  qui  prefque  fcmblablc  à  ces  fiers  Paladins 

Qui  [jarcouroient  toute  la  terre , 
Enlève  à  des  Geans  envieux  &  mutins 

Non  de  libertines  infantes  , 
Mais  en  chemin  taifant,  des  places  importantes. 

Deshoul.  ) 

En  général  on  appclloit  autrefois  Paladins, 
ces  fameux  Chevaliers  errans ,  qui  cherchoient 
des  ocafions  pour  fignaler  leur  valeur  &  leur 
galanterie.  Les  combats  &  l'amour  étoient  leur 
unique  ocupation.  Pour  avoir  un  prétexte 
d'infultcr  les  Chevaliers  qu'ils  rencontroient  , 
ils  fe  propofoicnt  de  publier  que  leur  maîtreffe 
étoit  la  plus  belle  perfonne  qui  fût  au  monde  , 
&  d'obliger  ceux  qui  n'en  conviendroient  pas 
volontairement  ,  de  l'avoiier ,  ou  de  perdre  la 
vie.  On  dit  que  cette  manie  commença  de  régner 
dans  la  Cour  d'Artus  ,  Roi  d'Angleterre  ,  lequel 
recevoit  avec  toute  forte  de  courtoifie  & 
d'agrément  les  Chevaliers  de  fon  Roiaume  & 
des  pais  étrangers ,  iorfqu'ils  s'étoient  aquis  par 
leurs  combats  la  réputation  de  braves  &  de 
galans  Chevaliers.  Lancelot  étant  arrivé  dans  la 
Cour  du  Roi  Artus  ,  devint  amoureux  de  la 
Pleine  Genevre  ,  &  fe  déclara  fon  Chevalier  ; 
il  parcourut  toute  l'ifle  ;  il  livra  divers  combats , 
dont  il  fortit  victorieux  ,  &  fe  rendant  ainfi 
fameux  par  fes  faits  guerriers  ,  il  publia  la  beauté 
de  fa  maîtreffe  ,  &  la  fit  reconnoître  pour  être 
infiniment  au-deffus  de  toutes  les  autres  beautez 
de  la  terre.  Triftan  ,  d'un  autre  côté ,  amoureux 
de  la  Reine  Iffotte  ,  publioit  de  même  les  beautez 
&  les  grâces  de  fa  maîtreffe  ,  avec  un  défi  à 
tous  ceux  qui  n'en  conviendroient  pas.  Les 
exploits  de  ces  deux  Chevaliers  s'étant  répandus 
dans  le  monde  ,  l'émulation  &  l'envie  d'aquétir 
de  la  gloire  ,  mirent  aux  champs  plufieurs  autres 
Chevaliers  ,  à  qui  l'on  donnoit  le  titre  de 
Chtval'urs  errans  ,  &C  de  Paladins  ,  parce  que 
dans  le  commencement  ils  fe  refferroient ,  après 
de  longues  courfes  ,  dans  le  palais  du  Roi  Artus, 
où  ils  étoient  régalez  pour  les  délaffer  de  leurs 
fatigues  ;  &  comme  la  table  fur  laquelle  on  leur 
donnoit  à  manger  ,  étoit  ronde  ,  on  les  apella 
aufll  Chevaliers  de  la  table  ronde.  Les  avantures 
fabuleufes  de  ces  Chevaliers  ont  fourni  la  matière 
à  une  infinité  de  Romans  en  profe  &  en  vers , 
qui  font  encore  recherches  par  quelques  curieux. 

Palais,  f.  m,  [  Palatiuni  ,  domus  regia.  ] 
Bâtiment  magnifique  propre  à  loger  quelque  Roi 
ou  Prince.  (Bâtir  un  fuperbe  ,  un  magnifique 
Palais,  y^il.  Luc. 

Bâtir  en  mille  &  mille  lieux 
De  fuperbes  PuLiis  ,  des  Temples  vénérables , 
Des  Forts,  des  Places  imprenables. 
Bofijuillon.  ) 

Palais  Royal.  [  Domus  Augiijla.  ]  C'efl:  une 
belle  maifon  dans  la  rue  S.  Honoré,  qui  appartient 
à  Monficur  le  Duc  d'Orléans  ,  petit  fils  du  feu 
Régent  du  Royaume  durant  la  minorité  de 
Loiiis  XV. 

Palais  Cardinal.  [  Domus  Cardinalls.  ]  C'efl  la 
maifon  qu'on  appelle  aujourd'hui  Palais  Royal, 
&  où  logeoit  autrefois  le  Cardinal  de  Richelieu , 
qui,  à  caufe  de  cela  ,  s'appelloit  Palais  Cardinal. 
Balzac  a  repris  autrefois  cette  façon  de  parler , 
Palais  Cardinal.  Elle  eft  contre  les  régies  de  la 
Grammaire,  on  l'avoué  ,  mais  elle  eft  de  l'ufage. 

Palais  d'OrUans.  Belle  maifon  avec  un  jardin 


PAL. 

qui  eft  fituée  au  Fauxbourg  S.  Germain  ,  oh 
demeurolt  Mademoifellc  de  Montpenfier.  On 
l'appelle  Luxembourg. 

•j"  *  Palais.  [  Domus  fuperba  &  magnifica.  ] 
Maifon  belle  &  propre.  (  Sa  maifon  eft  une 
maifon  enchantée,  on  diroit  que  c'eft  un  petit 
Palais.  ) 

Palais.  [  Forum  ,  Curla  ,  BaJlUca.  ]  C'eft  un 
bâtiment  grand  &  vafte ,  divifé  en  plufieurs 
chambres  ,  où  font  diftribuez  Meffieurs  les  Pré- 
fidens ,  Maîtres  des  Requêtes  &  les  Confeillers 
pour  rendre  la  juftice  aux  particuliers.  (Le 
Palais  eft  beau  &  grand. 

Pour  augmenter  l'effroy ,  la  difcorde  infernale 
Monte  dans  le  Palais  ,  entre  dans  la  grand'fale. 

De/préaux.) 

*  Palais.  Ce  mot  eft  un  peu  figuré  dans 
plufieurs  façons  de  parler.  (Se  mettre  au  Palais  , 
c'eft-à-dire  ,  embraffcr  la  profeffion  d'Avocat , 
ou  acheter  quelque  charge  de  Magiftrature. 
Mourir  de  faim  au  Palais  ,  c'eft-à-dire  ,  ne  rien 
faire  dans  la  profeffion  d'Avocat.  Blondeau  crou 
fa  robe  au  Palais  ,  c'eft-à-dire  ,  n'y  fait  rien. 
Pour  faire  quelque  chofe  au  Palais  ,  il  faut 
dormir  entre  les  bras  de  la  fille  d'un  bon 
Procureur.  *  Le  Palais  n  enrichit  aujourd'hui 
perfonne  ,  c'eft-à-dire  ,  la  profeffion  d'Avocat 
n'eft  plus  fi  lucrative  qu'elle  étoit  autrefois.  ) 

On  dit  ,  gens  de  Palais ,  l'ufage  de  Palais  , 
le  ftile  du  Palais  ,  &c. 

L'Almanach  du  Palais  ;  c'eft  un  petit  livre  où 
fon«»marquez  les  jours  qu'on  ne  plaide  point. 

Palais.  [  Palatum.  ]  Ce  mot  fe  dit  des  hommes 
&  des  animaux  ,  &  veut  dire  la  partie  fupérieure 
du  dedans  de  la  bouche. 

(  Certes  on  vit  un  trifle  jeu  , 
Quand  à  Paris  Dame  Juftice 
Se  mit  le  palais  tout  en  feu  , 
Pour  avoir  mangé  trop  d'épice. 
S.  Amani.  ) 

Palais  de  bœuf.  Palais  de  brochet.  Palais  de 
carpe.  Rond.  Palaisde  cheval.  i'o/<;i/«/.  \Palatum^ 

Palais  de  lièvre.  [  Sonchus.  ]  Plante  dont  il  y 
a  deux  efpéces.  Elles  contiennent  beaucoup  de 
phlegme  &  d'huile  ,  médiocrement  de  fel.  Elles 
lont  humeâantes,  rafraichiffantes,  adouciffantes, 
apéritives.  On  s'en  fert  pour  les  inflammations 
du  foie ,  de  l'eftomach  &  de  la  poitrine,  &  pour 
augmenter  le  lait  des  Nourrices. 

Palamente  ,  f.  m.  [  Rémi  triremis.  ]  Terme  de 
Mer.  C'eft  tout  le  corps  d'une  rame  de  galère. 

Palans,/.  OT.  [  Funes  helciarii.  ]  Terme  de 
Mer.  C'eft  un  affemblage  d'une  corde  ,  ou  de 
deux  ,  d'un  moufle  à  deux  poulies  ,  &  d'une 
poulie  fimple  qui  lui  eft  opofée  :  on  s'en  fert 
pour  embarquer  &  pour  débarquer  les  mar- 
chandifes  &  les  pefans  fardeaux  :  une  de  ces 
cordes  s'apelle  étague,  Mantel,  &  l'autre  garant. 
Le  palan  ,  dit  un  autre  Auteur  ,  eft  la  corde 
qu'on  atache  à  l'étai  ou  à  la  grande  vergue , 
ou  à  la  vergue  de  mifaine ,  pour  tirer  quelque 
fardeau  ou  pour  bander  les  étais.  Il  eft  compofé 
de  trois  cordes  ;  fçavoir  ,  celle  du  palan , 
l'étague  &  la  driffe.  Il  a  des  pattes  de  fer  au 
bout  qui  déeend  en  bas.  Il  a  trois  poulies ,  l'une 
defquellcs  eft  double.  Celui  du  mât  de  mifaine 
ne  s'en  détache  jamais  ,  comme  étant  du  fervice 
ordinaire.  Aubin.  Grands  palans  ,  font  ceux  qui 
tiennent  au  grand  mât.  Palan  fimph.  Palans 
di  mifains  ,  ce  font  ceux  qui  font  atachez  au 


PAL. 

mât  de  mifainc.  Palan  à  caliornc ,  c'eft  la  caliorne 
entière  ,  laquelle  cft  un  gros  cordage  paflé  dans 
deux  moufles  à  trois  poulies  chacun  ,  dont  on 
fc  fert  pour  guinder  &  lever  de  gros  fardeaux  ; 
on  l'atache  quelquefois  à  une  poulie  fous  la 
hunç  de  mifaine  ,  &  quelquefois  au  grand  étai , 
au-deffus  de  la  grande  écoutille.  Palan  à  can- 
ddctte ,  qui  cft  une  corde  garnie  d'un  crampon 
de  fer  ,  dont  on  fe  fert  pour  acrocher  l'anneau 
de  l'ancre ,  lorfqu'elle  fort  de  l'eau  &  qu'on 
veut  la  boffer  ou  remettre  en  place  :  chaque 
candelette  a  de  fon  côté  fon  pendour  &  fon 
étrope.  Palans  d'ccai  ,  font  ceux  qui  font 
amarrez  à  l'étai.  Palan  defurpente.  Palan  d'amure. 
C'eft  un  petit  palan  dont  l'ufage  eft  d'amurer 
la  grande  voile  dans  un  gros  vent.  Amunr , 
c'elt  mettre  vers  le  vent  le  coin  de  la  grande 
voile  ,  que  l'on  apelle  le  point  de  la  voile ,  & 
toucher  un  trou  fait  dans  le  côté  du  vaiffeau  , 
lequel  eft  apellé  dogue  d'amure.  On  amure 
pour  aler  au  plus  près  du  vent.  Palans  dz  bout , 
ce  font  de  petits  palans  frapez  à  la  tête  du 
mât  de  beaupré  par-deflbus  ,  dont  l'ufage  eft 
de  tenir  la  vergue  de  (ivadiere  en  fon  lieu  ,  & 
d'aider  à  la  biffer  lorfqu'on  la  met  à  place. 
Palans  pour  rider  les  haubans.  On  apelle  rides 
de  haubans  ,  les  cordes  qui  fervent  à  bander 
les  haubans ,  par  le  moïen  des  cadénes  &  des 
caps  de  moutons ,  qui  fe  répondent  l'un  à  l'autre 
par  ces  rides.  Palans  di  retraite  ,  ce  font  de 
petits  palans  dont  les  Canonniers  fe  fervent 
pour  remettre  le  canon  dedans  quand  il  a  tiré , 
lorfque  le  vaiffeau  eft  à  la  bande. 

é;:it'P  ALANQ.UER.  C'eft  fc  fcrvir  des  palans. 

Palan  Q_tr  ï  ,  f.  f.  Efpéce  de  fortification , 
faite  avec  des  pieux,  qui  eft  en  ufage  en  Pologne, 
en  Hongrie  ,  &c.  (  Ataquer  une  palanque  , 
défendre  une  palanque.  ) 

^y  Palanque.  C'eft  un  commandement  pour 
faire  fervir  ou  tirer  fur  le  palan. 

Palan  q_u  in,  f.  m.  Chaife  portative  dont 
les  riches  fe  fervent  dans  les  Indes  ,  en  fe  faifant 
porter  fur  les  épaules  des  hommes.  (  Il  fe  faifoit 
porter  dans  un  palanquin.  ) 

■■Cs^  Palanquin.  C'eft  un  petit  palan  qui  fert 
à  lever  de  médiocres  fardeaux.  Il  y  en  a  de 
doubles  &  de  fimples.  Palanquins  de  ris ,  ce  font 
des  palanquins  que  l'on  met  au  bout  des  vergues 
des  huniers ,  par  le  moïen  defquels  on  y  amène 
les  bouts  des  ris  ,  quand  on  les  veut  prendre. 
Palanquins  Jlmples  de  racage  ,  dont  on  fe  lert 
pour  guinder  ou  amener -le  racage  de  la  grande 
vergue  ,  lorfqu'il  faut  guinder  ou  amarrer  la 
vergue.  Qn  apelle  racage ,  de  petites  boules  de 
bois  enfilées  l'une  avec  l'auti-e  ,  comme  des 
grains  de  chapelets. 

PalardeauXjYIot.  [  Obturamenta  navis 
foraminum.  ]  Terme  de  Mer.  Bouts  de  planche 
que  l'on  couvre  de  bourre  &  de  goudron  pour 
boucher  les  trous  du  bordage. 

Palastre  ,//.  [  Sera  capfula.  ]  Terme 
de  Serrurier.  C'eft  la  pièce  de  fer  qui  compofe 
la  partie  extérieure  ,  fur  laquelle  s'affemblent 
toutes  les  pièces  &  les  refforts  qui  la  font  agir. 

P  A  L  A  T  I  N  ,  /  OT.  [  Palatinus.  ]  Titre  que 
prenoient  les  Comtes  François  fous  les  premiers 
'  Rois  &  les  premiers  Empereurs  de  France.  On 
apcUoit  Comte  Palatin  ,  celui  qui  en  qualité  de 
Juge  prenoit  connoifl'ance  des  affaires  &  qui 
les  décidoit ,  à  moins  qu'il  ne  les  jugeât  d'une 
manière  à  être  difcutées  en  préfence  du  Roi. 
Il  y  avolt  en  Allemagne  ,*en   Pologne  ,  auffî 


PAL.  13 

bien  qu'en  France  ,  des  Comtes  Palatins.  Il  y 
en  avoit  auffi  en  Champagne.  Depuis  Charles 
le  Chauve  on  croit  que  les  Rois  de  France 
n'ont  point  fait  de  Comtes  Palatins  ,  &  les 
Comtes  Palatins  de  Champagne  n'ont  ceffé  que 
lors  que  la  Champagne  a  été  réunie  à  la  Cou- 
ronne. Voïez  Pithou  ,  Coutume  de  Troyes  :  le 
même  dans  fon  Traité  des  Comtes  de  Champagne  : 
Favin  ,  des  premiers  Officiers  de  la  Couronne  : 
Du  Tillet ,  page  IJJ.  Pafquier ,  liv.  2.  ck.  10. 
&  Catel ,  Hijloire  des  Comtes  de  Touloufe ,  liv.  i. 
chap.   J. 

Palatin.  On  apelle  Palatin  ,  ou  Comte  Palatin 
du  Rhin  ,  l'Elefteur  qui  a  fes  Etats  fur  le  Rhin. 
On  apelle  fa  Maifon ,  la  Mai/on  Palatine. 

Palatin.  On  apelle  ainli  le  Viceroi  de  Hongrie 
Se  les  Gouverneurs  de  chaque  Province  de 
Hongrie.  Palatin  ,  eft  auffi  un  titre  de  dignité 
en  Pologne  ;  le  Palatin  de  Pofnanie. 

Palatinat  ,/■  m.  [  Palatinatus.  ]  Ce  mot 
fe  dit  en  parlant  de  Pologne.  C'eft  la  Province 
d'un  Sénateur  de  Pologne:  (  Le  Royaume  de 
Pologne  eft  divifé  en  Palatinats.  Aprcs  qu'on 
a  délibéré  à  Varfovie  ,  chaque  Sénateur  s'en 
retourne  à  fon   Palatinat.  ) 

Palatinat.  [  Inferior  &  fuperior  Palatinatus.  ] 
Ce  mot  fe  dit  auffi  en  parlant  d'Allemagne. 
C'eft  un  pays  poffedè  par  un  Prince  qu'on  apelle 
Palatin.  (  Il  y  en  a  deux  en  AHemagne  ,  le  haut 
&  le  bas  Palatinat ,  ou  le  Palatinat  du  Rhin 
&  celui  de  Bavière  ,  Sanfon  ,  Introduction  à  la, 
Géographie  ,    i.  partie  ,  page  64. 

Palatine,  f.  f.  [  Focale  pellitum.  ]  Peau 
de  martre  ou  de  fouine  bien  paffée  ,  doublée 
de  taffetas  &  acommodèe  en  forme  de  mouchoir 
de  cou  pour  les  Dames.  (Elle  a  une  palatine 
fort  jolie.)  On  z^eWs  auffi  palatine  les  ornemens 
faits  de  ruban  &c  de  réfeau  que  les  femmes 
mettent  au  cou. 

P  a  l  au  T  ,  /  m.  C'eft  dans  le  ftile  familier 
un  terme  de  mépris  ,  qui  fe  dit  d'un  groffier 
villageois.  (  C'eft  un  gros  palaut  ,  un  franc 
palaut.  ) 

Pale,  adj.  [  Pallidus  ,  pallens.  ]  Qui  a  de 
la  pâleur.  Le  mot  de  pâle  a  la  première  filabe 
longue ,  &  c'eft  pourquoi  quelques-uns  écrivent 
pafle ,  mais  \f  ne  fe  prononce  pas.  (  Il  cft  pâle. 
Elle  eft  pâle.  Vifage  pâle.  Ahl.  La  pâle  main 
de  la  mort.  Main.  poéf.  11  demeure  tout  le  jour 
courbé  fur  un  livre  ,  toujours  pâle  &  détait , 
au  lieu  qu'auparavant  il  avoit  le  teint  frais  & 
vermeil.  Ahl.  Luc. 

Moi-même  dont  la  gloire  ici  moins  répandue, 
Dci  pâles  curieux  ne  bleiTe  point  la  vûi;. 
Defpreaux.  ) 

On  dit  des  rofes  pales.  [  Rofœ  patientes.  ]  Pour 
diftinguer  les  rofes  communes  d'avec  celles  de 
Provins  ,  qui  font  d'un  rouge  plus  vif  &  plus 
foncé.  Couleurs  pâtes.  [  Colores  pallidi.  ]  Ce 
font  celles  qui  font  lavées  ,  ou  qui  font  mêlées 
de  blanc.  (  Rouge  pâle.  Bleu  pâle.  Jaune  pâle , 
&c.  (  On  dit  que  le  Sokil  efl pâle  ,  [PalUtJ'ot.] 
quand  il  eft  couvert  de  quelque  petit  nuage 
qui  diminue  fa  clarté.  ) 

Pâles  couleurs,  f.f  [Arquatus  morhi/s.]  Jauniffe. 
Epanchement  d'humeur  bilieufe  par-tout  le  corps. 
(  La  belle  Philis  eft  morte  des  pâles  couleurs  à 
feize  ans.  On  l'a  plaint  de  mourir  d'une  maladie 
dont  il  eft  tant  de  Médecins.  )  C'eft  ordinairement 
la  maladie  des  filles.  On  a  fort  chanté  autrefois 
ces  vers  : 


14  PAL. 

La  Fille  qui  caufe  mes  pleurs , 
Fil  morte  tles  pàUs  couleurs  , 
Au  plus  bel  âge  de  fa  vie. 
Pauvre  Fille  ,  que  je  te  plains , 
De  mourir  d'une  maladie 
Dont  il  cft  tant  de  Médecins. 

Pale  ou  Palle,/./  [  Charta.  ]  Ce  mot 
a  la  première  filabe  brève  ;  c'eft  im  Terme 
à'EgUJ'e.  C'eft  un  carton  carré  couvert  de  linge, 
qu'on  met  fur  le  calice.  (  Cette  pale  eft  trop 
grande.  Couvrir  le  calice  de  la  pale.  Mettre  la 
pale  fur  le  calice.  ) 

Paie  ,  f.  f.  [  Rémi  extrem'itas.  ]  Terme  de 
Batelier.  C'eil  le  bout  de  l'aviron  qui  eft  plat. 
(  Pale  mal  faite.  )  On  l'apelle  aufli  la  pale  de 
la  rame  ou  de  l'aviron. 

Pale  ■,  f.  f.  [  Obcuramentum  llgneum.  ]  C'eft 
une  pièce  de  bois  qui  fert  à  boucher  un  biez 
de  moulin,  ou  la  chauffée  d'un  étang.  C  Lever 
la  pale.  )  On  l'apelle  auffi  la  bonde. 

P  A  L  e'a  G  ï  ,  f.f.  [  Exoneratio.  ]  Terme  de 
Marine.  Obligation  qu'ont  les  Matelots  de  dé- 
charger &  mettre  hors  le  vaiffeau  les  grains  , 
les  fels  ,  &  les  autres  marchandifes  qui  fe 
remuent  avec  la  pelle. 

^^  Les  Matelots  doivent  aux  Marchands  le 
palcaot  &  le  manéiige.  On  ^^ç\\q paUage  ,  l'atlion 
de  mettre  hors  du  vaiffeau  ,  les  grains  ,  le  fel 
&  autres  chofes  femblables  avec  la  pelle  ou 
pale.  Le  manéage ,  eft  l'aftion  de  mettre  hors 
du  vaiffeau  ,  avec  les  mains  ,  les  planches ,  le 
merrin  ,  le  poiffon  verd  &  fec  ;  &  pour  ces 
deux  manceures  il  n'eft  dû  aucun  falaire  aux 
Matelots. 

P  A  LE  z,  f.f.  C'eft  un  rang  de  pieux  emplofez 
de  leur  groffeur,  placés  affez  après  les  uns  des 
autres  ,  atachez  &  boulonnez  de  chevilles  de 
fer  ;  lefquels  plantez  fuivant  le  fil  de  l'eau  , 
fervent  de  piles  pour  porter  les  travées  d'un 
pont  de  bois. 

Palefrenur  ou  Palfrenifr  ,  f.  m.  [  yigafo, 
flabuli  curator.]  En  vers  on  fait  ce  mot  de  trois 
ou  quatre  filabes  ,  mais  en  profe  on  le  fait 
ordinairement  de  trois ,  &  fi  on  le  fait  de  quatre, 
on  doit  prononcer  fort  doucement  Ve  de  la 
féconde  filabe  ,  Palefrenié.  Le  palfrenier  eft  celui 
qui  panfe  les  chevaux  de  caroffe.  Ce  mot  vient 
du  vieux  mot  palefroi ,  qui  lignifioit  cheval.  (  Un 
Roi  de  Thrace  difoit  qu'il  lui  fembloit  qu'il  ne 
differoit  en  rien  de  fon  palfrenier  lorfqu'il  ne 
faifoit  pas  la  guerre.  Abl.  Apopht.  page  JfOJ.  ) 
On  apelle  valets  d'étable  ,  ceux  qui  panfent  les 
chevaux  dans  les  hôtelleries. 

■j"  Palefroi,  yiffz.  [  Equus  phaleratus.  ] 
Vieux  mot  qu'on  trouve  dans  les  Amadis  & 
autres  vieux  Romans  ,  &  même  dans  Sarazin. 
C'eft  le  cheval  que  montoit  une  Dame  &  fur 
lequel  elle  alloit  où  elle  vouloit.  (Elle  monta 
fur  fon  palefroi.  Voiez  V Amadis  des  Gaules  , 
Uv.  i.  cil.  J. 

Il  faut  fiiivre  le  Roi, 
Et  quel  moyen  ,  je  ne  le  puis  moi-même , 
Non  plus  que  ton  grand  Palefroi. 
Peliffln. 

Tels  palefrois  font  peur  aux  Dainoifelles. 
Sar.  Poej:  ) 

§j  Voiez  les  Origines  de  la  Langue  Françolfe 
&  de  la  Langue  Italienne  de  Ménage  ,  fur  le 
terme  palefroi  ;  je  n'ai  rien  à  y  ajouter  ,  fi  ce 
n'eil  la  raillerie  de  Sarazin  ,  dans  fa  glofe  fur 


PAL. 

le  fonnet  de  Job  de  Benferade  ,  où  le  Poëte 
exagérant  la  patience  dans  les  maux  que  fon 
amour  lui  caufe ,  l'explique  ainfi  : 

Bien  qu'il  eût  d'extrêmes  foufrances  , 
On  voit  aller  des  patiences 
Plus  loin  que  la  tienne  n'alla. 

L'expreflîon  ,  aller  des  patiences  ,  fut  généra- 
lement condamnée  ,  &  Sarazin  dit  fort  fpiri- 
tucllement  : 

Avec  mes  vers  une  autre  fois 
Ne  mettez  plus  dans  vos  balances  ^ 
Des  vers  où  fur  des  palefrois 
On  voit  aller  des  patiences. 

'f  P  A  L  r  M  A  ï  L  ,f.  m.  [  Sphxrijlerium  malleare.] 
Mot  vieux  &  hors  d'ufage  ,  au  lieu  duquel  on  ' 
dit  mail.  (  Jouer  au  mail ,  &C  non  pas  au  palemail.) 

Paleron  ,f.m.  [  Humérus  ,  Armus.  ]  Terme 
de  Charcutier.  C'eft  la  partie  du  porc  qui  eft 
jointe   au  jambon  de  devant. 

Les  Anatomiftes  fe  fervent  auffi  de  ce  terme 
pour  marquer  un  os  de  figure  prefque  trian- 
gulaire ,  qui  fert  pour  couvrir  le  derrière  des 
côtes.  On  dit  auffi  qu'un  cheval  eft  bleffé  au 
paleron. 

P  A  l  E  s ,  /  OT.  \_PaUs.  ]  La  Déeffe  des  Bergers 
dont  on  célébroit  tous  les  ans  la  Fête  à  la 
campagne  ,  &  que  les  Poètes  bucoliques  invo- 
quoient  quelquefois  dans  leurs  ouvrages. 

^'  Virgile  ,  Ovide  ,  Feftus  &  plufieurs 
autres  ,  ont  apellé  Pales,  la  Déeffe  des  Bergers,' 
ou  parce  qu'elle  préfidoit  aux  pâturages  ,  que 
les  Latins  apelloient  pabula  ,  ou  de  palare , 
errer  ,  parce  que  les  troupeaux  errent  fous  fa 
proteftion  dans  les  champs.  On  inftitua  une 
fête  à  fon  honneur ,  que  les  uns  apellent  Pariliai 
les  autres  ,   Paliîia. 

Pales  ,  ou  Palée  ,  f.  m.  [  Séries  palorum  in 
terra  defixorum.  Terme  à! Archittclure.  Pieux  qui 
fervent  aux  ponts  de  bois  au  lieu  de  piles  de 
pierre. 

Palestre, /  m.  [  Palafra.  ]  C'étoit  le  lieu 
où  les  luteurs  s'exerçoient.  Voïez  Vitruve. 

■  (  Ici  dans  la  paieflre  unie  , 
Les  luteurs  font  tous  leurs  efforts. 

S.  Arnaud,  Rome  ridicule.  ) 

Ce  mot  vient  de  waMa» ,  agito  ,  parce  qu'en 
lutant  on  remue  fon  corps.  Quoique  palefre  &C 
xyjte  aient  été  des  lieux  deftinés  aux  exercices  , 
il  y  avoit  pourtant  cette  difèrence  ,que  paleftre 
fignifioit  feulement  las  exercices  du  corps  , 
comme  la  lute  &  les  autres  femblables  ;  &  le  xyfte 
marquoit  tout  enfemble  les  exercices  du  corps 
&  ceuxde  l'efprit.  Les  combats  où  l'on  difputoit 
de  la  courfe  &  de  l'adreffe  à  lancer  un  dard  , 
ont  été  apellez  paleftrct  par  Virgile  ,  dans  fon 
Enéide  ,  Hb.  5. 

Pars  in  gramineis  exerttnt  membra  palejlrls. 

Et  dans  fes  Georgiques  ,  liv.  z.  verf.  S31,  il 
dépeint  les  jeux  de  ceux  qui  habitent  la  cam- 
pagne ,  &  il  dit  que  le  Laboureur  propofe  au 
Berger  un  combat  de  flèches  que  l'on  tire  contre 
un  but  ataché  à  un  orme  ,  &  les  oblige  même 
à  quiter  leiys  habits  pour  être  plus  propre  au 
jeu  ,   à    cette  palefre. 

pecorifque  mdg'iftris 

Vclocis  jaculi  cei  lamina  poxit  in    ulmo  , 
Corporaquc  agrcjli  nudaf  pradura  palizjlra. 

Vitruye  nous  aprend  ,  liv,  10,  ch.  ii,  que  l'on 


PAL. 

ne  connoifToit  point  en  Italie  les  paleftres  ,  & 
que  l'on  i"e  fervoit  pourtant  de  ce  terme  pour 
exprimer  les  lieux  où  l'on  enieignoit  les  exer- 
cices du  corps  :  il  enfeigne  néanmoins  dans  le 
même  endroit  ct>mment  il  faloit  faire  des 
paleftres.  L'origine  de  ce  mot  efl  vaxi  ,  qui 
iîgnifie  la  lute.  Le  terme  puUjhc  fignifie  encore 
les  combats  de  peribnne  à  peri'onne  ,  fans 
autres  armes  que  les  bras  &  les  mains.  La  fable 
a  inventé  une  efpéce  de  demi-Déeffe  ,  qu'elle  a 
apeilé  Paleftre  ,  &  qu'elle  a  fait  fille  de  Mercure. 
Philofirate  en  a  fait  le  fujet  de  l'un  de  fes 
tableaux  ,  où  il  dépeint  dans  un  des  plus  beaux 
lieux  de  l'Arcadie  ,  une  jeune  fille ,  à  qui  il 
attribue  la  gloire  de  l'invention  de  la  lute  ,  de 
laquelle ,  fclon  Paufanias  ,  Thefée  ,  après  avoir 
vaincu  le  géant  Cercyon  ,  commença  à  donner 
des  règles  &  des  préceptes  ,  que  l'on  enfeignoit 
dans  lin  lieu  préparc  pour  ces  fortes  d'exercices. 
Le  Peintre  n'y  avoit  mis  aucunes  armes  ofen- 
fives  ni  défenfives  ,  parce  que  les  combatans 
avoient  le  corps  nud.  Quant  au  xyjîi ,  c'étoit 
un  lieu  couvert  où  les  Luteurs  s'cxerçoient 
pendant  l'Hiver  &  dans  les  chaleurs  de  l'Eté. 
On  apelloit  \yj}e  les  allées  d'arbres  ,  dont  le 
feuillage  mettoit  à  couvert  des  ardeurs  du  Soleil 
ceux  qui  s'y  promenoient.  Pline  l'hiftorien  fait 
mention  de  ces  planes  de  l'Académie  d'Athènes  , 
que  les  promenades  des  Philofophes  ont  rendu 
il  célèbres  ;  Platanos  Athmis  Acadcmiœ.  ambula- 
tione  uhbratas. 

Maître  di  PaUjlre.  Du  tems  de  Quintilien 
ceux  qui  montoient  le  théâtre  avoient  pour 
objet  de  leur  fcience,  le  ton  de  la  voix  ,  le  jeu 
des  pafîîons ,  les  fentiments ,  &c.  Le  gefte  n'étoit 
pas  fi  abfolumcnt  de  leur  diftrift  ;  ils  dépendoient 
un  peu  à  cet  égard  des  Maîtres  de  Palcflre  ;  ils 
aprenoient  d'eux  la  manière  de  fe  camper ,  de 
marcher  ,  de  porter  la  tête  ,  de  mouvoir  les  bras. 
C'eft  là  ce  que  les  anciens  apelloient  l'art  des 
Maîtres  de  Palejlrt. 

V ALt.T  ,  f.  m.  [ Dlfcus.  ]  C'eft  un  morceau 
de  pierre  ou  de  tuile  ,  plat ,  rond  &  uni ,  dont 
on  fe  fert  pour  jouer  &  pour  jetter  auprès  d'un 
petit  but  fiché  en  terre.  (Mon  palet  eft  rompu.) 
Jouer  au  palet.  [  Difco  ■  ludere.  ]  C'eft  jeter  un 
palet  le  plus  proche  qu'on  peut  d'un  but  fiché 
en  terre  ,  avec  deffein  de  gagner  quelque  chofe 
à  une  ou  plufieurs  perfonnes  qui  jouent  avec 
nous.  (Jouer  au  palet.  Apollon  tua  Hiacinte 
en  jouant  au  palet.  ) 

^r  Le  jeu  du  palet  eft  fort  ancien  :  il  confiftoit 
ou  dans  ime  pierre  plate  ou  arrondie  ,  ou  dans 
ime  pièce  de  fer  auffi  ronde ,  que  l'on  jettoit 
d'une  main  ,  &  celui  qui  le  pouflbit  plus  haut 
ou  plus  jufte  au  but  remportoit  le  prix.  On  ne 
peut  pas  douter  que  les  Grecs  ne  fe  foient 
divertis  avec  le  palet.  Homère  en  fait  mention 
dans  fon  Iliade ,  &  dans  fon  Odiffée.  Parmi 
les  diférens  jeux  funétres  célébrez  à  l'honneur 
de  Patrocle,  &  qui  remplifl'ent  le  13.  livre  de 
Plliade  ,  Homère  raconte  qu'Achille  fit  porter 
au  milieu  de  l'aftemblée  une  prodigieufe  boule 
de  fer  ,  rude  &  groftiere  ,  dont  le  Roi  avoit 
coutume  de  fe  fervir  dans  fes  exercices  ,  & 
qu'il  lançoit  comme  un  difque ,  c'eft-à-dire , 
comme  un  palet  ;  &  ce  Héros  en  montrant  la 
boule  aux  Grecs  leur  dit  ,  félon  la  traduâion 
de  Madame  Dacier  :  «  Que  ceux  oui  ont 
»  allez  de  vigueur  &  de  force  pour  lancer  ce 
y>  difque  ,  viennent  difputer  le  prix  ,  qui  fera  le 
»  difque  même  ;  quelques  grandes  terres  que 


PAL.  15 

»  le  vainqueur  puiffe  avoir ,  il  peut  s'affûrer 
»  qu'il  aura  là  du  fer  pour  plus  de  cinq  ans  , 
»  &  que  fes  Bergers  &  fes  Laboureurs  ne  feront 
»  pas  obligez  de  quiter  leurs  troupeaux  &  leurs 
»  labourages  ,  pour  en  aler  acheter  à  la  ville  , 
»  parce  qu'ils  en  auront  abondamment.  »  Martial 
décrit  le  même  jeu  dans  ces  deux  vers,  Uv,  14. 

Splendidu  cîim  volitem  Spartani  pondère  difci, 
Efie  procul  pueri  ,  fit  fcmel  ille  nocens. 

L'avertiffement  de  Martial  aux  jeunes  gens  à 
qui  il  défend  de  s'aprocher  ,  a  pour  fondement 
l'avanture  funefte  d'Hiacinte  ,  dont  voici  l'hif- 
toire ,  félon  qu'Ovide  nous  la  raconte.  Apollon 
éperduement  amoureux  d'Hiacinte,  fit  une  partie 
pour  jouer  enfemble  au  palet  :  Apollon  commença 
le  jeu  ,  &  il  jetta  fon  palet  fi  haut ,  qu'il  perça 
les  nues  &  demeura  long-tems  en  l'air  :  Hiacinte 
s'avança  imprudemment  pour  le  relever  ;  mais 
le  palet  ,  du  bond  qu'il  fit ,  frapa  fi  fort  au  vifage 
Hiacinte  ,  qu'il  fut  renverfé  par  terre  ,  du  coup 
qu'il  reçut.  Apollon  le  releva ,  le  cœur  percé 
de  douleur  ;  il  efliiïa  fa  plaie  ;  il  emploïa  tous 
fes  fecrets  pour  le  guérir  ,  mais  il  ne  put  lui 
conferver  la  vie  ;  &c  pour  réparer  en  quelque 
manière  la  rigueur  de  la  deftinée  du  pauvre 
Hiacinte  ,  il  lui  promit  de  le  transformer  en 
une  nouvelle  fleur  qui  exprimeroit  l'excès  de  fa 
douleur. 

Paletot, y;  OT.  [ Palla. ]  Sorte  de  manteau 
ou  habit  de  gens  de  guerre.  Il  y  en  a  qui  difent 
que  c'eft  un  jufte-au-corps  d'étoffe  groffiere  & 
fans  manches ,  qui  ne  vient  que  jufqu'aux  genoux, 
&  dont  ioM.  vêtus  les  payfans  ,  principalement 
en  Efpagne.  Acad.  Franc. 

Palette  ou  Pale'te  ,/■/■[,  Palmula  luforia.'\ 
Manière  de  petit  batoir  rond  ,  dont  on  fe  fert 
lorlqu'on  joue  au  volant  ,  pour  recevoir  ou 
jetter  le  volant.  (  Une  jolie  palette.  ) 

Palette.  [  Parva  fciittlla.  ]  Sorte  de  petite 
fauciére  d'étain  ,  de  terre  ou  d'argent  ,  pour 
recevoir  le  fang  de  ceux  qu'on  feigne.  (  Ces 
palettes  font  fort  bien  faites.  ) 

Palette.  Ce  mot  en  parlant  de  faignée ,  fignifie 
le  fang  qui  eft  dans  la  palette.  (  Quand  le 
Médecin  aura  vît  ces  palettes  ,  on  les  jettera.  ) 
11  fignifie  auffi  plein  la  palette.  (Combien  faut-il 
tirer  de  fang  à  Monfieur  ,  deux  ou  trois  palettes  > 
On  lui  a  tiré  deux  ou  trois  \ionnc% palettes  de  fang.) 

Palette.  \_Palmida  atramentaria.^  Inftrument  de 
fer  en  manière  de  fort  petite  palette  de  fer  , 
dont  on  fe  fert  dans  les  Imprimeries  pour  relever 
l'ancre. 

Palette.  [  Palmula.  ]  Efpéce  de  petite  pelé  de 
fer  dont  les  forgerons  fe  fervent  pour  tifonner 
leur  feu. 

Palette.  [  Patella.  ]  Terme  àlAnatomie.  L'os 
plat  qui  eft  fur  le  genou. 

Palette.  Terme  de  Peintre.  Petit  ais  délié  & 
uni  ,  où  les  Peintres  mettent  leurs  couleurs 
lorfqu'ils  travaillent. 

On  dit  de  certains  tableaux  ,  qu'i/^  fentent  la. 
palette  ,  c'eft-à-dire  ,  que  les  couleurs  n'en  font 
point  afl"ez  vraies  ,  &  que  la  nature  y  eft  mal 
caraclérifée. 

Palette.  [  Palmula  picioria.  ]  Terme  de  Doreur 
fur  bois.  C'eft  un  tuyau  de  plume  au  bout  duquel 
il  y  a  du  poil ,  &  dont  on  fe  fert  pour  coucher 
les  feuilles  d'or  fur  le  bois. 

Palette.  [  Palmula.  ]  Terme  de  Doreur  fur  cuir. 
C'eft  un  outil  de  fer  emmanché  de  bois  ,  dont 


16  PAL. 

on  (c  fcrt  pour  faire  de  petits  ornemens  au  bout 
des  derniers  hlots  du  dos  ,  de  la  tcte  &C  de  la 
queue  des  livres. 

Puliite  aux  mrfs.  Terme  de  Doreur  fur  .cuir 
Infiniment  de  fer  à  manche  de  bols  pour  poufler 
les  nerfs. 

Faktu.  Terme  de  Doreur  fur  cuir.  Petit  orne- 
ment à  un  ou  à  plufieurs  filets ,  ou  de  quelqu'autre 
manière  femblable  ,  qu'on  pouffe  quelquefois 
fur  le  dos  des  livres ,  au  haut  &  au  bout  de 
chaque  bouquet.  (  l'oufl'er  une  palau.  ) 

PaLîUR  ,  Pasleur  ,  //.  lPallor.^^  L'un  & 
l'autre  s'écrit  ,  mais  il  ne  faut  pas  prononcer  \s. 
Couleur  pâle.  Certaine  blancheur  tade  &  morte 
que  la  peau  fait  paroître  fur  le  vifa^e  de  certaines 
perfonncs.  C'ell  auJfi  une  certaine  blancheur 
ià  le  &  dégoûtante  qui  ell  naturelle  à  certaines 
gens  ,  ou  qui  leur  vient  de  quelque  maladie. 
(  Une  grande  pâleur.  Une  pâleur  dégoûtante  , 
fâcheufe  ,  chagrinante.  Caufcr  de  la  pâleur, 
Oter  ,  chaffer  la  pâleur. 

De  mon  teint  abattu  la  mortelle  pâleur 
Te  dira  mon  amour  fans  bleffer  ma  pudeur. 

Lii  Su7^  ,   Poef.  ) 

P  A  L  E  z.   Voïez  Pales. 

Paliati?,  Paliative,  (Palliatif,  ive.  )  adj. 
[  Remed'ium  demuUens.  ]  Terme  de  Médecine. 
Remède  paliatif.  Cure  paliative  ,  c'eft-à-dire  , 
qui  ne  guérit  le  mal  qu'en  aparence  &  ne  fait 
que  l'adoucir. 

P  AL  I  ATION  ,  fPALL  1  AT  ION.)//  [FuCUS, 

dlffimulaùo.]  Couleur  adroite  &  ingénieufe  dont 
on  fe  fert  pour  faire  voir  qu'une  chofe  qu'on 
croit  méchcînre  ou  défendue  ne  l'eft  pas.  (Ne 
fuflîroit-il  pas  d'avoir  permis  aux  hommes  tant 
de  chofes  défendues  par  les  paliations  que  vous 
y  aportez.') 

Palier  ou  Pallier  ,  v.  a.  [  Colorare  ,  caufim 
oltendere.  ]  Couvrir  ingénieufement.  Donner 
quelque  couleur  à  une  chofe  ,  afin  qu'on  la 
voie  tout  d'une  autre  forte  qu'elle  n'eft  véri- 
tablement ,  afin  qu'on  ne  découvre  pas  ce 
qu'elle  a  de  méchant  ,  de  pernicieux  &  de 
fâcheux.  (  De  quelque  manière  qu'ils  palient  les 
maximes ,  elles  ne  vont  qu'à  favorifer  les  Juges 
corrompus.  ) 

Palingenesie  ,  f.  f.  [  Noviis  ortus.  ]  La 
Palingénéfie  eft  l'art  d'opérer  fur  les  corps  une 
certaine  refurrection  ;  elle  les  réproduit  de 
leurs  fels  &  de  leurs  cendres  ,  &  retrace  leur 
image  qu'elle  fait  paroître.  Le  Père  Kirker , 
Jéfuite  ,  un  des  plus  grands  admirateurs  de  la 
Palingénéfie  ,  dit  avoir  gardé  dix  ans  dans  fon 
cabinet  à  Rome  ,  une  fiole  qui  contenoit  des 
cendres  ,  d'où  ,  avec  un  peu  de  chaleur ,  il 
réfTufcJfoit  une  rofe  quand  il  vouloit.  Kirk.  Art. 
magnet.  l.  .3.  c.  4.  (juefi.  i.  En  général  le  mot 
Palingénéfie ,  qui  vient  du  Grec  ,  fignifie  réfur- 
reftion  ,  nouvelle  nailTance.  M.  de  Mairan , 
dans  fa  differtation  fur  la  glace  ,  imprimée  en 
1749.  page  302.  &  fulv.  parle  de  la  Palingénéfie, 
dont  il  paroit  ,  avec  raifon  ,  ne  pas  croire  les 
merveilles  qu'on  en  raconte. 

P  a  L  I  N  o  D.  Efpéce  de  Poëfie  qu'on  fait  en 
l'honneur  de  la  Vierge  à  Caën  &  à  Rouen. 
Le  mot  Palinod ,  vient  des  mots  Grecs  waX  ¥ 
&  a  " ,  qui  figtiifioit  chant  réitéré  ,  parce  que 
le  dernier  vers  ou  refrein  ,  qui  doit  toujours 
avoir  raport  au  privilège  de  l'Immaculée 
Conception,  par  l'allullon  qu'on  y  fait  à  quelque 
chofe  de  fingulier,  doit  être  répété  à  la  fin  de 


PAL. 

chaque  ftrophe ,  fans  altération  du  fens  &  fans 
aucun  changement  dans  les  exprefllons. 

Palinodie,//  [  Palinodia.  ]  Mot  qui 
vient  du  Grec  ,  &  qui  veut  dire  defaveu  de  ce 
qu'on  avoit  dit  ;  chant  contraire  9u  premier. 
h^  palinodie  eft  une  forte  de  poëme  qui  contient 
une  rétraftation  en  faveur  de  la  perlbnne  que 
le  Poète  a  offenfce.  On  dit  que  le  Poète  Stéficore 
eft  le  premier  Auteur  de  la  palinodie.  Horace  a 
compofè  une  palinodie  qui  commence  ,  O  matrts 
pulchrà  fiUa  pulchrior.  Defmaretz  dit  :  chante 
donc  la  palinodie  ,  cher  paradoxe  de  mes  fens. 

•}•  *  Chanter  la  palinodie.  [  A  fe  dicta  revocarc  ] 
C'eft  fe  rétrafter.  Dire  autant  de  louanges  qu'on 
avoit  dit  d'injures.  Voïez  Scaliger ,  Poétique, 
liv.J.  ch.   Il 6. 

PâLiR,PASLiR,v.n.  [  Expallefcere.]  '  'un 
&  l'autre  s'écrit ,  mais  il  ne  faut  pas  prononcer 
r/"dans  le  mot  pjflir  ,  parce  qu'elle  ne  fert  qu'à 
faire  longue  la  filabe  oh  elle  (e  trouve.  Pâlir, 
fignlfie  devenir  pâle.  (  La  moindre  chofe  qu'on 
lui  dit  d'un  peu  fâcheux  le  fait  pâlir.  Il  pdlic  à 
la  vue  d'une  épée  nue.  ) 

La  crainte  qui  fait  rougir  eft  plus  excufable 
que  celle  qui  fait  pâlir  :  celle  qui  fait  rougir 
naît  de  la  pudeur  &  d'une  honte  modefte  :  & 
celle  qui  fait  pâlir  témoigne  que  tout  le  fang 
fe  retire  au  cœur  pour  en  foutenir  la  foibleffe. 
M.  de  Scuderi. 

Moi  craindre  !  Ah  courons  ,  cher  Arcas  , 

Le  plus  affreux  péril  n'a  rien  dont  je  pJliJfe. 

J'irai  par-tout  .  .  .  Mais  Dieux,  ne  vois-je  pas  UlifTe  ? 

C'eft  lui  :  ma  fille  eft  morte  :  Arcas  ,  il  n'eft  plus  tems. 

Racine  ,  Ipkigenie  ,  ail.  j.Jc.  S' 

Je  pâfu,   je  frémis  quand  ma  douleur  cruelle 
Me  reproche  en  fecret  que  j'aime  une  infidelle. 

Marignî, 

Pâlir  eft  auffi  quelquefois  aclif ,  &  lignifie 
rendre  pâle.  (Cette  maladie  l'a  beaucoup  pâli.  Le 
vinaigre  pâlit  les  lèvres.) 

t  P  A  L  i  s ,  /.  w.  [  Palus.  ]  Il  fe  dit  des  pieux 
qui  font  plantez  pour  faire  quelque  clôture.  Il 
y  en  a  qui  dlfent  pâli;. 

Palissade,//  [ Palorum  difixorum  ordo.] 
Terme  de  Fortification.  C'eft  un  rang  de  pieux 
pointus  &  plantez  tout  droit,  près  à  près  dans 
les  travaux  de  terre.  (  Garnir  les  endroits 
folbles  avec  des  fraifes  &  des  paliffades.  Les 
paliffadcs  doivent  être  ferrées  ,  de  forte  qu'il 
n'y  ait  de  l'efpace  entr'elles  que  pour  paffer 
un  moufquet  ou  une  pique. 

Les  Forts  ne  font  pas  mieux  traitez , 
Le  Marquis  me  fait  voir  qu'ils  font  tous  deux  rèftez 
bans  paliffade  tk  fans  défenfe. 

Allié  Régnier  y  Foyage  de  Munich.) 

Paliffade.  [  Séries  arborum  muro  applicitarum.  } 
Terme  de  Jardinier.  Arbres  qui  font  face  de 
deux  cotez  ,  bordant  orcrinairement  une  allée  ; 
&  la  féparant  de  quelque  parterre.  (  Paliffade 
haute.  Paliffade  baflè.  Paliffade  d'apui.  Affermir 
une  paliffade  Mettre  en  paliffade.  ) 

Palissader,v.  4.  [  Vallare  locum.  ]  Terme 
de  Fortification.  Mettre  des  paliffades  en  quel- 
que endroit  qui  peut  être  emporté  d'emblée. 
Planter  des  paliffades  aux  portes  foibles  & 
dégarnis.  (  Paliffader  une  berme  ,  un  parapet , 
la  eorge  d'une  demi-lune  ,  &c,  ) 

Palisser,  V.  a.  [  Protcndere  fepem  fegeti.  ] 
Terme  de /jA^/nicr.  Attacher  des  arbres  contre 
une  muraille  avec  des  llfieres  de  drap  ,  ou  des 

morceaux 


PAL. 

morceaux  d'égiiillette  de  cuir  de  chien  ou  de 
chawois  ,  attachez  avec  de  petits  doux  fur  des 
chevilles  mifes  entre  les  joints  des  pierres  ,  ou 
("ur  des  morceaux  de  chêne  mis  dans  la  muraille 
lorfqu'on  la  fait.  (  Puliff'cr  des  arbres.  Arbres 
paitjfc:^  contre  une  muraille.  ■' 

S'il  lui  falloit  toujours  ,  comme  raoi  s'exercer , 
Labourer  ,  couper ,  tondre  ,  applanir  ,  paliffcr. 

Dcfprcdux.  ) 

Palisson  ,  qu'on  nomme  auffi  Pinçon  , 
f.  m.  Inftrument  de  fer  plat  &  poli  ,  planté 
debout  dans  un  pieu  ,  dont  les  Chamoifeurs 
fe  fervent  pour  ouvrir  les  peaux ,  c'eft-à-dire, 
pour  les  rendre  plus  molles  &  plus  maniables  , 
en  les  paffant  les  unes  après  les  autres  fur  cet 
inllrument. 

Paliure  ,  /  m.  [  Pallurus.  ]  Arbriffeau 
dont  les  rameaux  font  épineux  :  les  feuilles  & 
les  racines  de  cette  plante  font  aftringentes. 
Sa  fcmence  adoucit  les  acretez  de  la  poitrine  ; 
elle  excite  l'urine  ;  elle  eft  émollientc  & 
lélolutive. 

P  ALIX  AN  DR  E  ,  /  m,  Efpccc  dc  bois  violet 
propre  au  tour  &  à  la  marqueterie.  Le  plus 
beau  eft  celui  qui  eft  plus  plein  de  veines ,  tant 
dehors  que  dedans ,  &  qui  a  le  moins  d'obier. 

Pallas,/!  m.  Déeffe  ,  autrement  apellée 
Minerve.  {Pallas  ,  Minerva.]  Elle  étoit  fille  de 
Jupiter  ,  &  les  Poètes  ont  feint  qu'elle  étoit 
fortie  toute  armée  de  fon  cerveau.  C'eft  pour 
cela  qu'on  la  regarde  comme  la  Déeffe  de  la 
guerre. 

^^  Palladium.  Le  mot  eft  Grec  ,  Latin 
&  François.  C'étoit  un  bouclier  fur  lequel  on 
voyoit  la  figure  de  la  DéeiTe  Pallas  ,  &  à  qui 
la  fuperftition  Payenne  ,  accoutumée  à  fe  faire 
des  Dieux  ,  avoit  attribué  la  deftinée  des  Villes 
&  des  Empires  ;  on  dit  que  Dardanus ,  Fonda- 
teur de  la  ville  de  Troie  ,  enferma  ce  bouclier 
avec  les  Dieux  Pénates  dans  le  Temple  de  Vefta, 
qui  fut  en  grand  crédit  parmi  les  Troyens  ,  qui 
s'iiTiaginoient  que  la  durée  de  leur  Ville  dépendoit 
de  la  confervation  de  ce  bouclier. 

Cependant  ni  le  Palladium  ,  ni  les  Dieux 
Pénates  ,  ne  purent  pas  empêcher  qu'après  un 
long  fiége ,  Troie  ne  fût  entièrement  détruite 
par  les  Grecs.  Enée  éveillé  par  la  frayeur  d'un 
fonge  ,  où  Heftor ,  après  lui  avoir  annoncé  la 
ruine  de  f^  Patrie  ,  lui  confeilla  de  chercher 
im  afile  ,  en  lui  difant  qu'il  feroit  Fondateur 
d'un  grand  Empire  ,  eut  à  peine  le  tems  de 
prendre  fon  père  fur  fes  épaules ,  le  Palladium 
&  la  Déeffe  Vefta  d'une  main  &  fon  cher 
Afcagne  de  l'autre  ,  &  de  fe  fauver  au  travers 
des  fiâmes  jufques  au  bord  de  la  mer  où  il 
s'embarqua  ,  avec  les  triftes  dépouilles  de  fa 
patrie.  11  aborda  après  avoir  fouffert  tout  ce 
que  la  fureur  de  Junon  pût  inventer  pour  le 
faire  périr  ,  au  port  de  Lavinium  ;  on  y  dépofa 
dans  un  Temple  le  feu  facré  &  le  Palladium , 
pour  fervir  de  gages  de  fa  fidélité  &  de  garands 
de  la  faveur  des  Dieux  :  l'un  &  l'autre  furent 
cnfuite  tranfportez  dans  Albe  ,  &  enfin  dans 
Rome  ,  où  l'on  établit  les  Veftales  pour  garder 
avec  foin  ces  deux  chofes.  La  ruine  de  Troye 
étoit  une  preuve  certaine  de  leur  foibleffe ,  mais 
ce  fut  pour  cacher  au  peuple  l'impuiffance  du 
feu  facré  &  du  PuUadium  ,  qu'on  en  défendit 
la  vue. 

Nitltuiue  afpell.t  virorum 
Pallas  in  abftrnfo  ,  pignus  niimorabiU ,  Templo. 

Tome   III, 


P  L  A.  17 

p  A  L  L  I  u  M  ,  f.  m.  [  PûLlïum  ,  fi/perhumerale.'] 
Terme  A'Eglife.  Ce  terme  eft  Grec  ,  Latin  Se 
François  :  il  fignifie  en  foi  un  manteau.  C'étoit 
dans  l'ancienne  Eglife  un  habillement  femé  de 
de  croix  ,  qui  couvroit  tout  le  corps  depuis  le 
cou  jufqu'aux  talons,  qui  étoit  fans  manches, 
&  n'étoit  ouvert  que  par  en  haut  &  par  le  bas-. 
Le  palllum  dans  la  Grèce  étoit  commun  aux 
Evêques  ,  Archevêques  &  Patriarches.  Mais 
aujourd'hui  le  palUum  ne  fe  donne  qu'aux  Mé- 
tropolitains. C'eft  une  bande  large  de  trois  ou 
quatre  doigts  ,  chargée  de  croix  noires  ,  ôc 
attachée  d'un  rond  qui  fe  met  fur  les  épaules 
par-deffus  les  habits  pontificaux,  &  duquel 
pendent  deux  morceaux  longs  d'un  pied  ,  l'un 
par  devant  &  l'autre  par  derrière.  Le  pallium 
reprcfente  JeAis  -  Chrift  ,  qui  eft  le  Pafteur 
éternel.  On  croit  que  le  Pape  a  donné  le  pre- 
mier puliium  aux  Métropolitains. 

Le  premier  des  Evêques  de  France  qui  a  reçu 
le  pallium  ,  fut  Vigile  ,  Archevêque  d'Arles , 
afin  d'avoir  la  preflêance  fur  les  autres  Evêques  ; 
&  ce  fut  en  fa  faveur  que  Childebert  II.  écrivit 
au  Pape  S.  Grégoire.  Tertulien  marque  que 
le  pallium  étoit  l'habit  que  portoient  autrefois 
les  Chrétiens.  Le  pallium  eft  une  elpt-ce  de 
cercle  ou  de  colicr  ,  fait  d'une  laine  blanche 
d'agneau  ,  femé  de  croix  de  foie  noire  ,  que 
les  Archevêques  portent  lorfqu'ils  oficient 
pontificalement  ;  on  le  place  fur  leurs  épaules , 
&  on  l'attache  avec  quatre  épingles-  de  diamant  ; 
il  a  deux  pendans ,  l'un  fur  l'eftomac ,  &  l'autre 
fur  le  dos  de  l'Archevêque.  On  bénit  la  laine 
d'Agneau  dont  le  pallium  eft  fait  ,  dans  la 
Chapelle  de  Sainte  Agnès  à  Rome  ,  le  jour  de 
fa  fête.  Les  Soudiacres  Apoftoliques  ,  qui  font 
des  Oficiers  du  Pape ,  au  nombre  de  cinq ,  ont 
été  chargez  du  foin  de  cette  bénédiâion ,  &  de 
la  fabrication  àsspalliums  ;  ils  afeâent  de  paffer, 
en  allant  à  la  chapelle  de  Sainte  Agnès ,  devant 
le  Vatican  ,  d'où  le  Pape  bénit  les  agneaux  , 
qui  font  portez  fur  un  cheval,  dans  deux  paniers; 
&  après  avoir  été  bénits  par  le  Prêtre  qui  oficie 
ce  jour-là  ,  on  les  remet  à  deux  Chanoines  de 
l'Eglife  de  Saint  Jean  de  Latran  ,  qui  les  donnent 
aux  Soudiacres  Apoftoliques ,  lefquels  les  nour- 
riffent  dans  un  pâturage  particulier  ,  jufques  à 
ce  que  l'on  tonde  leur  toifon  ,  dont  on  fait 
enfuite  les  palliums.  Il  y  a  aparence  que  l'on 
a  choifi  le  jour  de  la  fête  de  Sainte  Agnès  pour 
cette  bénédiâion  ,  à  caufe  de  la  pureté  &;  de 
l'innocence  des  moeurs  de  cette  Sainte  ,  dont 
l'agneau  eft  le  véritable  fimbole.  Depuis  que 
\c pallium  a  été  introduit  dans  l'Eglife  ,  fa  matière 
a  toujours  été  la  même  ,  mais  la  forme  a  changé 
de  tems  en  tems.  La  iolemniié  de  la  bénédiftion 
eft  auffi  fort  ancienne  ;  elle  fe  fait  fur  le  petit 
autel  de  Saint  Pierre ,  où  on  laiffe  ks  pMiums 
pendant  une  nuit.  "Le pallium  marque  la  plénitude 
de  la  jurifdiflion  du  Métropolitain  ;  il  n'ajoute 
rien  au  pouvoir  de  l'ordre  ,  ni  à  la  confécratioa 
de  l'Archevêque  ,  mais  il  le  met  en  droit  de 
faire  toutes  fes  fonctions  ;  comme  d'ordonner 
les  Clercs  ,  de  tenir  des  Synodes  ,  de  confacrer 
le  Saint  Crème  ;  &  ,  jufques  à  la  tradition  d« 
pallium  ,  il  lui  manque  un  pouvoir  de  jurifdidion, 
fans  lequel  il  n'eft  point  parfaitement  Archevê- 
que, On  donne  plufieurs  fens  miftiques  z\\ pallium. 
Dom  Ruinarl  a  fait  un  traité  di  Pallio  ,  inféré 
dans  le  recueil  des  ouvrages  pofthumes  de  ce 
favant  Bénédiftin ,  &  de  Dom  Jean  Mabillon, 
VoÏGZ  Manteau, 


iS 


PAL. 


Pallonniir  ouPallosni  au  ,//7i.  Nom  d'une 
pièce  du  train  d'un  carrofTe.  Voïez  Palonneaii. 

Palma -Christi  ,  f.  m.  [Cataputia  major.'] 
C'eft  une  plante  qui  monte  fort  haut  ,  &  qui 
porte  des  fleurs  &C  des  fruits  couverts  d'une 
couverture  pleine  de  piquants.  On  l'apelle 
aufTi  Ricin. 

Palmaire  ,  adj.  [  Palmarius,  ]  Terme 
m Anatomic.  Mufcle  qui  prend  fon  origine  de' 
l'apophife  interne  &  inférieure  de  l'os  du  bras , 
&  qui  va  s'infvfrer  à  la  peau  de  la  paume  de  la 
main.   Acad.  Franc. 

Palmï,//.  [Palma.]  Petite  branche  de 
palmier.  (  Une  petite  palmt.  On  porte  des 
palmes  à  la  procefTion  du  Dimanche  des  Rameaux, 
en  mémoire  de  l'entrée  de  Notre-Seigacur  à 
Jcrufaicm.)  Ce  mot  àe palme  fe  dit  aufll  ibuvent 
de  l'arbre  que  l'on  apelle  palmier. 

Palme  ,  f.  m.  Mefure  Romaine  ,  prifc  de  la 
longueur  de  la  main  ;  en  Latin  Palma,  lorfqu'elle 
cft  étendue  autant  qu'elle  peut  l'être.  On  dit , 
le  palme  Romain  ,  le  palme  de  Naples  ,  le 
palme  de  Cènes  ,  le  palme  de  Languedoc  & 
de  Provence. 

*  Palme.  [  Palma  ,  vicloria.  ]  Ce  mot  au  figuré 
fignifie  viâoire  ,  honneur  ,  grâce.  (  Célébrons 
cette  palme  qui  nous  invite  à  chanter.  Sarayn. 
Une  palme  fi  vulgaire  n'eft  pas  pour  un  tel 
champion.  Voittue.  Mufes  ,  à  vos  foins  im- 
mortels il  confacre  fes  palmes.  Segr.  Eglog.  j.) 

ÇX  Les  Poètes  faiilffent  avec  plaifirles  termes 
de  palmes  ,  de  lauriers  ,  toutes  les  fois  qu'ils 
doivent  parler  de  la  viâoire.  Malherbe  dans 
fon  Ode  à  la  Reine  Mère  : 

Et  puifque  félon  fon  defTein 
Il  a  rendu  ncs  troubles  calmes; 
S'il  veut  davantage  de  palmes 
Qu'il  les  acquière  en  votre  fein. 

Et  ailleurs  : 

J'honore  tant  la  palme  acquife  en  cette  guerre. 

Et  ne  différez  plus  les  p.ilmes 
Qu'il  brûle  de  vous  acquérir. 

Acquérir  des  palmes  n'eft  pas  fuportable  ;  la 
palme  dans  les  médailles  marque  la  viftoire. 
Ménage  a  dit  : 

Quel  Amant  fit  jamais  une  telle  conquête , 
Myrtes,  pjlmcs ,  lauriers,  venez  ceindre  ma  tête; 
Eloignez-vous,  cyprès,  je  goûte  en  ces  bas  lieux 
Les  délices  des  Cieux. 

Si  Malerbe  avoit  vécu  du  tems  de  Ménage  ,  il 
auroit  pu  prendre  fa  revanche  ,  &c  le  chicaner 
fur  fes  couronnes  de  palmes.  On  voit  dans  les 
médailles  &  dans  les  tableaux  une  branche  de 
palmier  dans  la  main  du  Héros  qui  l'a  mérité  ; 
mains  on  n'en  volt  jamais  fur  la  tête. 

Palme  ,  f.  m.  Ce  mot  vient  du  Latin  palmus. 
Teme  de  Géométrie  pratique.  C'eft  une  mefure 
de  l'étendue  de  la  main  ,  il  contient  neuf  pouces. 
On  l'apelle  aufTi  un   Empan. 

P  A  L  M  F.  R  les  éguilles.  C'eft  les  aplatir  avec 
un  marteau  fur  l'enclume  par  le  bout  opofé  à 
la  pointe  ,  pour  commencer  à  en  former  le  chas, 
ou  le  cul. 

Pal  METTES,  f.f.  [  Palmiilœ.  ]  Terme 
m ArchÀteclure.  Petits  ornemens  qui  fe  taillent 
fur  quelques  moulures  ,  &  qu'on  apelle  ainfi , 
parce  qu'ils  font  faits  en  manière  de  feuilles 
de  palmier.   Acad.  Franc. 


PAL. 

Palmier^  f.  m.  [  Palma.  ^  C'eft  l'arbre 
qui  porte  les  dattes  ,  qui  eft  beau  &  grand  ,  qui 
a  le  tronc  droit  &  rond  ,  mais  l'écorce  toute 
raboteufe.  Il  ne  jette  point  de  branches  qu'à 
la  cime  ,  &  elles  ont  le  bout  tourné  contre 
terre.  Ses  feuilles  font  longues  &  en  façon  de 
rofeaux  &  fes  fleurs  blanches  ,  atachécs  en 
forme  de  grapes  de  raifin.  Le  palmier  eu  toujours 
verdoïant ,  fleurit  au  Printems  &  fon  fruit  eft 
mi'ir  en  Automne.  Il  y  a  un  palmier  mâle  & 
un  palmier  femelle.  Il  y  a  outre  ce  grand  palmier 
une  autre  forte  de  palmier  ,  qu'on  apelle  le  petit 
palmier.  Celui-ci  n'a  pas  plus  d'une  coudée  de 
haut.  Il  a  les  feuilles  femblables  à  celles  du  grand 
palmier,  &  la  partie  la  plus  près  de  fa  racine 
eft  pleine  d'un  gros  germe  rond  qu'on  apelle 
cervelle  de  palmier  ,  Dal.  l.  i.  c.  z8.  (  Le  Jufte 
fleurira  comme  le  palmier.  Pfeaumes.  ) 

P  a  L  M  1  s  T  H.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à 
quatre  diférentes  efpéces  de  palmiers  qui  croifl"ent 
dans  les  Ifles  Antilles.  Acad.  Franc. 

Palmites.  Efpéce  de  palmier  des  Indes, 
dont  le  tronc  eft  fort  gros  &  les  feuilles  fort 
longues.  Son  fruit  eft  un  peu  plus  gros  qu'un 
pois  ,  dont  on  fait  des  chapelets. 

P  A  L  o  N  N  E  a  u  ,  yi  m.  [  Palanga.  tracloria.  ] 
C'eft  un  morceau  de  bois  plané  ,  long  de  deux 
pieds  &  demi  ou  environ ,  au  bout  duquel  on 
met  des  traits  pour  tirer  le  caroflTe  ou  quelque 
affût  d'artillerie.  (  Mettre  les  traits  dans  le 
palonneau.) 

\  Pâlot,  adj.  &C  f.  m,  [  Ruflicus ,  agrejlis.'\ 
Ce  mot  eft  vieux  ,  provincial  &  bas  ,  &  fignifie 
lourd ,  groflîer ,  ruftique.  (  C'eft  un  gros  pâlot.  ) 

Palourdes.  [  Chamœpaloris.  ]  Efpéce  de 
coquillage  de  mer. 

Palpable  ,  adj.  [  Traclahilis  ,  fub  taclum 
cadens.l  Senfible.  Qui  fe  voit  &  qui  fe  connoît 
par  le  fens.  (  Cela  eft  palpable.  Ablanc.  Supofition 
palpable  Patru  ,  plaidoyi  i5.  ) 

Palpable  MENT,  adv.  Evidemment.  (  Je 
lui  ferai  voir  cela  palpablement.  ) 

P  A  L  p  £  R.  Ne  fe  dit  gueres  qu'en  cette  phrafe. 
(  Il  n'eft  pas  content  qu'on  lui  promette  de 
l'argent ,  il  veut  le  palper.  ) 

Palpitatio  N,y;/[Pi2//'iMf/o.]  Dilatation 
&  fecouffe  foudaine  &  contre  nature  des  parties 
molles  du  corps ,  par  l'effort  d'une  vapeur  ou 
d'un  vent ,  qui,  cherchant  à  fortir  &  ne  trouvant 
point  d'iffuë ,  élève  ces  parties  molles  du  corps  , 
&  les  ftiit  bondir  à  proportion  de  la  force  de 
fon  impétuofité.  (  Palpitation  facheufe  &  in- 
commode. ) 

Palpitation  du  cœur.  M.  Col  de  Villars  dans 
fon  Diftionnaire  des  termes  de  Médecine  &  de 
Chirurgie  ,  la  définit  :  un  mouvement  du  cœur 
violent ,  fréquent,  déréglé ,  convulfif ,  acompagné 
d'opreffion  &  de  difiiculté  de  refpirer ,  d'abat- 
tement des  forces  &  de  défaillance. 

Palpiter,  v.  n.  [  Palpitare  ,  micare.  ]  Ce 
mot  fe  dit  principalement  du  cœur  ,  &  fignifie 
remuer  vite  &  continuellement.  (  Quand  un 
animal  eft  fraîchement  tué  &  qu'on  tire  fon  cœur 
dehors  fon  ventre  ,  fon  cœur  palpite  encore. 

Quand  certain  Direfleur  parle  à  fa  Sunamite, 
Je  voudrois  bien  favoir  pourquoi  fon  cœur  pjlpitei 
Palpiter,  eft-ce  un  mal?  il  vient  de  charité. 
Oui  :  mais  le  cœur  de  Paul  a-t-il  tant  palpite  ? 

Sanlec.  ) 

Palpitant  ,  adj.  partie.  Qui  palpite.  (  Un  cœur 
palpitant  ,  entrailles  palpitantts.  ) 


PAL.      P  A  M. 

Paltoq.uet,  f.  m.  Homme  qui  a  l'air  & 
les  manières  ruftiques  &  paifannes.  (  C'eft  un 
vrai  paltoquet.  ) 

Palus  Meotide.  [Palus  miondcs.']  Monfieur 
le  Préfident  Couûn,  Hijloire Romaine, pa'^s  j(î g. 
écrit  :  (  Comme  les  Scites  avoient  pafTés  en  ce 
tems-lik  la  Palus  Meotide  &  le  Phare  ,  Tacite 
fondoit  fur  eux.  )  La  Palus  Meotide  eft  peut-être 
une  faute  d'impreffion.  On  dit  en  burlelque  le 
Stygicn  Palus  ,  pour  dire  l'Enfer. 

P  A  M. 

PaMER,  ou  Pas  MER,  v.n.  [  Animo  deficere, 
linqui.  ]  L'un  &  l'autre  s'écrit  ,  mais  on  ne 
prononce  pas  Vf  àzns  pafmer ,  elle  ne  fert  qu'à 
montrer  que  la  filabe  où  l'y'fe  trouve  eft  longue. 
Pâmer  fignifie  défaillir.  (  Tomber  en  pâmoifon. 

On  k  ftiM  à  ces  vers  jufques  au  fond  de  l'ame 
Couler  je  ne  fçai  quoi  qui  fait  que  l'on  fe  pâme. 
Molière  ,  Femmes  Savitnies.  ) 

On  dit  auflî ,  cet  enfant  fe  pâme  à  force  de 
crier.  [  Nimid  vociferatione  cjulatiir.  ]  On  dit 
encore  fe  pâmer  de  joie  ,  fe  pâmer  de  rire.  On 
dit  d'une  femme  ,  qu  elle  fait  la  carpe  pâmée. 

P  â  M  e'.  Terme  de  Blafon.  A  gueule  béante  , 
il  fe  dit  du  Dauphin  d'Auvergne  fans  langue , 
pour  le  diftinguer  du  Dauphin  Viennois.  Il  fe 
dit  auffi  de  l'Aigle  qui  n'a  point  d'yeux. 

PaMoisoN,  f.f.  [ Dellqiùum. ]  Défaillance. 
(  Tomber  en  pâmoifon.    Molière  ,  Cocu  imagin.  ) 

Rien  n'eft  plus  admirable  que  les  pâmoifons 
de  Madame  Guyon  ;  c'étoit  plutôt  des  plénitudes 
du  Saint  Efprit  ,  dont  elle  feroit  crevée  une 
fols ,  fi  une  Ducheffe  n'eut  eu  la  charité  de  la 
délacer.  Voïez  Relation  du  Quittifnu  par  M.  de 
Meaux. 

P  AMVf.  ,  f.  f.  [  Pampinus  tritici.  ]  Efpéce 
d'herbe  plate  en  forme  de  petit  ruban  ,  qui  vient 
au  tuyau  du  bled  &  autre  graine  ,  lorfqu'il  eft 
pendant  par  les  racines  &  qu'il  fe  forme  en  épi. 
(  Ainfi  on  dit  la  pampe  du  bled.  La  pampe  de 
l'orge  ,  de  l'aveine  ,  &c.  ) 

P  AMPERRUQ^u  E.  Efpéce  dc  danfe  ,  parti- 
culière à  la  ville  de  Bayonne.  Il  en  eft  parlé 
dans  le  Mercure  de  Juin  1749.  page  174. 

Pamphile,//^.  [  Pamphilus.  ]  Nom 
d'homme  qui  vient  du  Grec  ,  &  qui  veut  dire  : 
Qui  aime  tout.  (  D'Ablancourt  a  dédié  fa 
traduftion  de  Minutius  Félix  à  Conrart  fous  le 
nom  de  Pamphile  ,  parce  qu'en  effet  le  bon 
homme  Conrart  aimoit  &  careffoit  tout  le 
monde.  ) 

Pampre  ,  f.  m.[  Pampinus  vineœ.  ]  Quelques 
vignerons  que  j'ai  vus  fur  ce  mot  le  font 
féminin  ,  mais  mal.  Tous  ceux  qui  parlent  bien 
font  le  mot  de  pampre  ,  mafctdin.  C'eft  le  jeune 
bois  de  l'année  que  pouATe  la  vigne  &  qui  eft 
revêtu  de  feuilles.  (  Bacchus  eft  couronné  de 
pampre  vert. 

Et  là  vous  femblerez  vouloir  faire  la  guerre 
A  Baccus  couronr.é  de  pampres  &  de  lierre. 
Abbé  Régnier.  ) 


PAN. 

PAN. 


19 


Les  Peintres  &  les  Sculpteurs  apellent 
pampre  ,  un  fefton  de  feuilles  de  vigne  &  de 
grapes  de  raifm  ,  un  ornement  en  maniera  de 
fep  de  vigne  ,  qui  fert  à  décorer  la  colomne 
torfe ,  comme  il  y  en  a  fur  les  Corinthiens  des 
portes  du  chœur  de  Notre-Dame  de  Paris. 
Tome  III. 


P  AU  ,  f.  m.  [  Pan.  ]  Le  Dieu  des  bergers  , 
auquel  les  Poëtes  donnent  des  cornes  fur  la 
tête  avec  des  pieds  de  chèvre  ,  &  qui  a  été 
principalement  révéré  en  Arcadie.  (Pan  a  foin 
des  brebis.  Pan  a  foin  des  Bergers.  )  Voïez 
les  Eglogues   de    Virgile. 

Les  Anciens  croïoient  Pan  auteur  de  la 
nature ,  d'où  fon  nom  lui  eft  venu  :  Pan  ,  en 
Grec  ,  lignifie  tout.  Homère  ,  Hefiode  ,  Durius 
de  Samos,  Hygin,Apollodore  lui  donnent  chacun 
une  origine  différente.  On  lui  offroit  du  lard  &C 
du  miel  ;  fes  Prêtres  s'apelloient  Luperques  ;  &C 
les  fêtes  qui  fe  célébroient  en  Ion  honneur  au 
mois  de  Février  fur  le  mont  Aventin  ,  étoient 
apellées  Lupercalcs.  Ce  fut  Pan  qui  ,  félon 
Apollodore,  enfeigna  à  Apollon  l'art  de  deviner. 
On  le  fait  auffi  auteur  de  la  Philofophie  &  de 
l'Idolâtrie  ;  &  il  pafloit  dans  l'Antiquité  pour 
l'inventeur  de  la  flûte  compofée  de  fept  cha- 
lumeaux. 

Pan  ,  f.  m.  [  Quatuor  facies-l  Terme  de  TapiffJer 
&  de  Meîiuifler.  Le  mot  pan  fe  du  en  parlant 
de  lit.  C'eft  une  pièce  dc  bois  large  de  quatre 
pouces ,  épaiffe  de  deux  ,  &  longue  conformé- 
ment au  lit.  (  Il  y  a  dans  un  bois  de  lit  quatre 
pans ,  deux  de  longueur  &  autant  de  largeur.  ) 

Pan.  [  Vellis  lacinia.  ]  Partie  de  la  robe  qui 
répond  à  ce  qu'on  apelle  lé.  (  Elle  a  un  pan 
de  fa  robe  déchiré.  ) 

Pan.  [  Pars  mûri.  ]  Ce  mot  en  parlant  de 
mur  ,  fignifie  quelquefois  une  partie  de  la 
muraille.  (  Un  pan  de  mur  abattu.  ) 

Pan.  [  Compluviatum  materialium.  ]  Ce  mot  fe 
dit  entre  Architecles.  C'eft-à-dire  ,  face.  \]as 
tour  à  plufieurs  pans.  Faire  des  pans  &  des 
faces  plates.  Abngé  de  Fitruve ,  page  124..  Pan 
de  baftion  ,  c'eft  la  face  d'un  Baftion. 
Pan.  [  Pavo.  ]  Voïez  Paon. 
Pan.  [  Rete  ,  plagx  ,  indago.  ]  Sorte  de  filet 
qui  fert  à  prendre  des  lapins  6c  des  lièvres  ,  & 
qu'on  apelle  plus  ordinairement  paneau.  Voïez 
Paneau. 

Pan  de  rets.  [  Rida.  ]  Ce  font  les  filets  avec 
quoi  on  prend  les  grandes  bêtes.  Salnove. 

Pan  ,  eft  une  mefure  de  neuf  pouces.  Ce 
terme  eft  fort  connu  en  Provence  ,  où  la  cannt 
eft  de  huit /Pd/M,  qui  font  fix  pieds  ou  une  toife. 
Pan  de  bois  ,  eft  une  clôture  de  charpenterie 
qui  fert  à  féparer  des  chambres ,  &  à  faire  des 
retranchemens. 

Pan  de  Buflion  ,  c'eft  la  partie  du  baftion 
terminée  par  l'angle  de  l'épaule  &  par  l'angle 
flanqué. 

P  A  N  A  G  e'e  ,  yi  /]  [  Panax  ,  panaces."]  C'eft  un 
mot  Grec  ,  qui  eil  le  nom  de  certaines  plantes 
dont  on  parle  en  Médecine.  Aujourd'hui  il 
fignifie  un  remède  univerfel  avec  lequel  on  ie 
vante  de  guérir  toutes  les  maladies  :  ce  qui  eft 
une  préfomption  de  charlatan. 

On  a  donné  le  même  nom  à  certaines  pré- 
parations qui  cojiviennenî  à  plufieurs  maladies. 
Telles  font  la  panacée  mercurielle  ,  qui  eft  fort 
en  ufage  ;  la  panacée  antimonialk  ,  &c.  ce  mot 
vient  de  Uiv  ,  tout ,  &  »KU(ia\  ,  je  guéris. 

Panache  ,  f.  m.  [  Pennce  pctafum  adornantes.  ] 
Terme  de  Plumacier.  C'eft  un  bouquet  de  plume 
à  deux  rangs.  (  On  apelle  aufTi  ce  bouquet  de 
plumes ,  mais  entre  Plumaciers  le  mot  de  panache 
efl  le  vrai  mot. 

C  ij 


lO 


PAN. 


Çi;and  lin  des  Cair.p;gna:ds  relevant  fa  mouftache, 
Kt  (on  icuire  à  graiids  poils  ombragé  d'iin  panjche. 
Dcjpreaux  ,  Sjlyrc  3.  ) 

Panache  ih  Ut.  [  PankuLi  pltimaïui.  ]  Terme 
lie  Plumac'ur.  Bouquet  de  plume  au  haut  de  la 
colonne  du  lit.  Quelques  Dames  apcllent  cette 
forte  de  panache  bouquet  de  plumes  ,  mais  les 
ouvriers  dilent  pan.uhe. 

■\  *  Panache  Je  Cerf.  \_Cornua.']  Mots  burlefques 
qui  Te  difent  en  parlant  des  gens  qui  font  cocus, 
&  qui  fignifient  cornes. 

(  D'un  famcht  de  cerf  fur  le  front  me  pourvoir  , 
Voilà  qui  «ft  vraiment  un  beau  venez-y  voir. 

MolUre  ,  Cocu  Imaginaire.  ) 

Panache.  [  Ci'tfla  plumat'ili  ornatus.  ]  Terme 
6'Orfcxre  &C  de  Potier  d'étain.  Partie  de  la  tige 
ou  de  la  branche  du  flambeau  qui  eft  élevée 
au  defTus  du  pied  ,  &  qui  s'étend  en  forme  de 
petite  aile  au  tour  de  la  tige,  ou  de  la  branche 
du  fl.imbeau.    Panache  bien  fait. 

Panache.  \_F!ûS  variis  colorihus  pictus.  ]  Terme 
de  Fleurifîe.  C'eft  un  agréable  mélange  de  cou- 
leurs dans  une  fleur.  (Anémone  qui  a  un  beau 
p.uiachc.  Un  panache  qui  n'cfl  point  tranché. 
Un  panache  brouillé  ne  vaiK  rier>.  Un  panache 
bien  enrichi.  Panache  qui  fe  néteïe  &  reâifie. 
Les  tulipes  les  plus  nuancées  font  les  plus  beaux 
panaches.    Un  panache  net  &  agréable.  ) 

^^  Ces  panaches  ne  font  autre  chofe  que 
des  raicures  de  jaune  ou  de  rouge  ,  fur  im  fond 
de  couleur  fuivant  l'efpéce  de  la  fleur. 

Panache.  [  Excurrens  àfcapo  orbiculus.'\  Terme 
S ArchitcUure.  Une  portion  de  voûte  entre  les  arcs 
d'un  dôme.  On  l'apelle  d.\iS\  fourche  ii  pendentif. 
Panache.  Terme  de  Sculpteur.  C'elt  un  orne- 
ment de  plumes  d'Autruche  qu'on  a  introduit 
dans  le  chapiteau  de  l'ordre  François  ,  qu'on 
peut  quelquefois  mettre  au  lieu  des  feuilles 
d'un  chapiteau  compofé.  Cet  ufage  ,  qui  avoit 
pris  d'abord  par  fa  fmgularité  ,  ne  s'efl  pas 
foutenu.  Il  efî  à  fouhaiter  que  la  bizarrerie  des 
Artifîes  ne  le  fafTe  jamais  revivre. 

Panache  de  mer.  [  Plumarium  marimim.  } 
Arbriffeau  qui  croit  à  la  hauteur  de  douze  pieds 
&  davantage ,  q«ii  eft  de  figure  plate  &  étendu 
en  forme  d'éventail.  Il  naît  fur  les  rochers  au 
fond  de  hi  mer,  d'où  il  eft  jette  fur  le  rivage. 

Panachi;',  Panache'e,  adj.  [  Panniculis 
dijlinclus.  ]  Terme  de  Fleurifie.  C'eft-à-dire  , 
qui  eft  de  diverfe  couleur.  (  Fleur  panachée. 
Tulipe  panachée  de  gris  de  lin  ,  de  jaune  ,  de 
rouge.  Panaché  de  yerd.  Rofe  agréablement 
panachée.    Œillet  panaché.  ) 

fi^^  On  ne  fe  fcrt  du  terme  panaché  qu'à 
l'égard  des  tulipes ,  des  anémones  ,  des  oreilles 
d'ours  ,  des  œillets  &i  des  rofes. 

Panacher  ,  f.  m.  Celui  qui  vend  ou  qui 
?ti\i  des  panaches. 

Panacher  ,  v.  <z.  [  Coloribiis  variegare.  ]  Terme 
de  Fleurifie.  Avoir  un  aimable  mélange  de 
couleurs.  Prendre  une  diverfité  d'agréables 
couleurs.  Les  tulipes  quj  panachent  font  préfé- 
rables aux  autres.  Attendez  que  vos  hazards 
aient  panaché  nettement.  Cette  fleur  ne  panache 
pas  net.  La  feuille  de  la  tulipe  s'alonge  en  pana- 
chant.  Ç^uint.  Jardins  &  culture  des  jleurs. 

Se  panacher  ,  v.  r.  [  DijUngui  coloribus.']  Terme 
d.e  Fleurifie.  Prendre  un  agréable  mélange  de 
couleurs.  (  Rofe  qui  commence  à  fe  panacher. 
Tulipe  quiy^  p.inache.    Marin  ,   Traité  des  ficurs. 


PAN. 
pa^e  2Ci6.  Se  pan. cher  de  deux  ou  trois  couleurs 
bien  diftin£fes.  ) 

Panade,  f.f.  [  Fruflum  panis  jure  foporatum.'\ 
Pain  râpé  mis  dans  un  fuculent  bouillon  à  la 
viande,  (  Cardan  dit  que  Cornaro  a  vécu  plus 
de  cent  ans,  en  ne  mangeant  que  àc\d  panade. 
On  fait  encore  de  la  panade  avec  du  pain  & 
des  œufs  ,  &  cette  panade  eft  bonne  pour  la 
famé.  On  peut  vivre  long-tcms  en  ne  mangeant 
que  de  la  panade  de  pain  &  un  œuf.  C'cft  le 
fentiment  du  fameux  Vénitien  Cornaro.  ) 

f  Panader  (^tr)  ,  V.  /■.  [  Magnifiée  fe  efferre.  ] 
Se  carrer  ,  marcher  avec  une  forte  de  gravité 
fîere.  Se  carrer  en  faifant  montre  de  ce  qu'on  a 
de  plus  beau.  Il  iepanada  tout  fier  parmi  d'autres 
paons  ,  La  Fontaine  ,  Fables  ,  liv.  4. 

Panage,/]ot.  [  Jus  herbariœ  pafiionis.  ] 
Terme  de  Coutume.  Droit  de  paifTon.  Droit  de 
faire  paître  les  cochons  dans  quelque  forêt, 
pour  y  manger  le  gland  ,  la  faine  ,  &c. 

Çj!'  De  Chaufour  explique  ainfi  le  panade 
dans  fon  Inftitution  des  Eaux  &  Forêts.  C'eft 
la  paifTon  ou  pâture  provenue  des  fruits  des 
arbres  des  forêts  ,  corrme  gland  qui  ell  le  fruit 
du  chêne ,  ou  faine  qui  eft  le  fruit  du  hêtre  ;  il 
eft  aulii  apellé  glandée  dans  les  forêts  plantées 
de  chênes  ,  il  explique  enfuite ,  l'arriére panage. 
Il  y  a  aulii  ,  dit-il  ,  dans  quelques  forêts  un 
arriére  panage  ,  qui  eft  quand  le  tems  limité  du 
panage  eft  fini  &C  expiré  ,  les  ufagers  &  coùtu- 
miers  peuvent  laifTer  leurs  porcs  efdites  forêts 
un  autre  certain  tems  ,  en  payant  certaine 
redevance  au  Roi  ,  combien  qu'en  quelques 
endroits  il  fe  pratique  autrement. 

Ç3'  Le  terme  panage  fignifîe  aufTi  le  droit 
que  l'on  doit  payer  au  Roi  &  aux  Seigneurs 
pour  la  faculté  d«  mener  paître  dans  leurs 
forêts  ;  il  eft  dit  dans  le  chapitre  feptiéme  des 
Loix  foreftiéres  d'Ecoffe ,  que  lorfque  le  panage 
eft  abondant ,  le  Foreflicr  doit  faire  publier  que 
j  chacun  peut  envoyer  les  troupeaux ,  afin  que 
le  panage  en  foit  payé  au  Roi. 

^3°  Panage  a  une  autre  lignification  dans  la 
Brelfe  ,  où  l'on  apelle  ainli  une  quantité  de  blé 
que  le  Granger  ,  ou  Métayer  ,  retient  par  fes 
conventions  ,  à  prendre  fur  les  bleds  avant  le 
partage  ,  pour  nourrir  les  MoilTonneurs  &  les 
Batcurs. 

Pour  être  informé  de  la  Jurifprudence  fur  le 
fait  du  panage ,  il  faut  recourir  à  l'Ordonnance 
de  1669.  concernant  les  Eaux  &  Forêts,  titre 
29.  Voiez  ca-zYjTCS  pâturage. 

Panais  ,  nommé  antrement  Pastenade  ,  f.m. 
[  Pajànaca  fativa  fylveflris  latifoUa.  ]  Sorte  de 
plante  domeftique  ou  fauvage  ,  dont  on  ratifTe 
la  racine  qu'on  mange  dans  le  potage  à  la  viande, 
ou  qu'on  fait  cuire  pour  la  faire.  (  Le  panais  eft 
chaud  &  apéritif.  Voïez  Diofc.  &  Mat.  liv.  3. 
chap.  34.  ) 

P  AU  AR  is  ,  f.  m.  [  Panaricium.  ]  II  vient  du 
Grec.  C'eft  un  terme  de  Médecine ,  &  le  nom 
d'une  Tumeur  phlegmoncufé  qui  vient  ;\  l'extré- 
mité des  doigts ,  ou  à  la  racine  &  au.x  côtés 
des  ongles. 

P  A  N  c  .\  L  i  E  R  s  ,  f.  m.  [  Braffica  pancalica.  ] 
Efpéce  de  choux  apelltz  ainli ,  parce  qu'ils  font 
venus  de  Pancalicrs  ville  de  Savoye.  jicad.  Fr. 
Pancarte,  [  Veteres  chartœ.  ]  Vieux  papiers 
écrits.  Paperaffes.  Ecrit  qu'on  a  fiché  à  un 
poteau  &:  où  font  contenus  quelques  droits  de 
péage.  (  Ce  ne  font  point  de  vieux  reftes  de 
pancartes    toutes   mangées  qui   vous  parlent  , 


PAN. 

Patru  ,  pLiid.  i5.  Ceux  qui  prétendent  droits 
de  péage  doivent  faire  en  lieu  éminent  ,  public 
&  accellbie  ,  un  tableau  ou  pancarte,  Voiez 
Ragueaa  ,  Indice  des  droits  Royaux.  ) 

iÇ^  Pancarte.  Ce  mot  eft  Grec  ,  ■^^x  P'^fS  > 
qui  eft  pompolé  de  wav ,  tout  6c  de  A^'f»?  > 
eharta ,  un  papier. 

On  apelle  Fermier  de  la  pancarte  ,  celui  qui 
afferme  les  droits  taxés  par  la  pancarte. 

Pance,  (Panse.  )yi/;  [  Abdomen.  ]  C'eft 
la  partie  du  ventre  des  animaux  qui  renferme 
les  alimens  qu'ils  ont  mangé.  (  Une  pance  de 
porc,  de  bœuf,   de  mouton,  &c. 

■{"  Pance  ,  J.  f.  [  l^'enter  tentus  pin^ui  omafo.  } 
Ce  mot  pour  dire  le  ventre  d'une  perfonne  elt 
burlefque. 

Ronfard  a  dit  : 

L'homme  fot  qui  lave  fa  pance 
D'autre  breuvage  que  du  vin  , 
Mourra  d'une  mauvaife  fin. 

Pance ,  fe  dit  proverbialement  en  ces  phrafes. 
Il  a  plus  grands  yeux  que  grandi  pance  ,  pour 
dire ,  qu'un  homme  fe  fait  fervir  beaucoup  plus 
qu'il  ne  peut  manger.  [  Nimium  gutturi  addiclus 
eji.  ]  On  dit  encore  :  après  la  pance  vient  la 
darîfe  ,  pour  dire  qu'on  veut  prendre  d'autres 
plaifirs  après  celui  de  la  table.  On  dit  auffi  , 
grand  merci  pance  à  ceux  qui  donnent  quelque 
chofe ,  dont  ils  ne  fçavent  que  faire. 

Pance.  Terme  de  Fondeur.  On  apelle  les 
pances  d'une  cloche  ,  les  endroits  où  fe  fait  la 
percuflion  du  battant  quand  elle  eft  en  branle. 

•{•  Pance  d\4.  Ces  mots  fignifient  quelquefois 
le  corps  de  la  lettre  A  ,  &  quelquefois  étant 
pris  généralement  ,  ils  fignifient  lettre.  (  Si  je 
voulois  recevoir  vo?  quatre  mille  livres  fans 
faire  aucune /;<777«  d'A ,  ni  œuvre  de  mes  raains , 
vous  feriez  ,  &c.  Fait.  liv.  i$4.) 

Pance  d'A.  Il  na  pas  fait  une  pance  d'A. 
Prov.  On  le  dit  d'un  homme  qui  n'a  rien  écrit , 
qui  n'a  rien  compofé.  (  De  fa  vie  il  n'a  feit 
une  pance  d'A.  )  On  le  dit  auflî  d'un  homme 
qui  s'attribue  quelque  part  à  un  ouvtage  ,  quoi- 
qu'il n'y  ait  point  travaillé.  (  Il  n'y  a  pas  fait 
feulement  une  pance  d'A.) 

Pancement,  f.  m.  [  Curatio  ,  curaiura.  ] 
C'eft  i'aftion  de  pancer  ,  foit  à  l'égard  des 
malades  &  des  bleffez ,  foit  à  l'égard  des  chevaux, 
mulets  ,  &CC.   L'Académie  écrit  pcnfement. 

Pancer  ou  Panser,  v.  tf.  [  Strigili  equum 
defricare.  ]  Ce  ft^ot  fe  dit  des  chevaux.  C'eft 
étriller,  néteïer  des  chevaux  &  en  avoir  foin. 
(  Pencer  bien  un  cheval.  Les  palfreniers  doivent 
pancer  les  chevaux.  ) 

Pancer.  [  Curare.  ]  Ce  mot  fe  dit  des  olfeaux. 
C'eft  néteïer  les  oifcaux  &  leur  donner  à  boire 
&  à  manger.  Si  on  veut  élever  des  oifeaux ,  on 
les  doit  pancer  foigneufement.  ) 

Pancer  ,  pa/ifer.  [  Purgare  vulnus.  ]  Terme  de 
Chirurgien.  C'eft  accomoder  une  plaie  y  faire 
&  y  apliquer  les  chofes  nécefl'aires.  C'eft  aulfi 
lever  l'apareil  de  quelque  phiie  ,  la  oéteïcr  & 
y  mettre  d'autre  apareil.  (  Pancer  une  plaie. 
Pancer  leS   blefl"ez.  ) 

Pancer  ,  v.  a.  [  Medicari ,  mederi.'\  L'Académie 
écrit  penjcr.  C'eft  généralement  avoir  foin  d'un 
malade  ,  &  lui  fournir  les  chofes  nécefl'aires. 
(  Monfieur  N.  a  été  bien  foign^  &  bien  pance 
durant  fa  maladie.  ) 

•j"  AllcT^  vous  faire  pancer.  [Procul  eflo.^  Cette 
façon  de  parler  eft  libre  &c  burlefque  ,  6c  fe  dit 


PAN.  2  1 

par  mépris  à  une  perfonne  pour  lui  marquer 
qu'elle  eft  fotte  &  impertinente  ,  quelle  s'aille 
piomener  ,  &C  qu'on  n'a  que  faire  d'elle. 
Foi  turc. 

f  On  envoie  le  Pere  pancer  ,  avec  fon  art 
de  penfer  ,  Ligniire  poëf.   Voïcz  penfer. 

Pancer ,  eft  aulfi  un  terme  de  Taruieur  &  de 
Chamoifeur.  Ils  difent ,  pancer  une  fofl'e  ,  pancer 
un  pJain. 

Panchant,  (Pench.^nt.)/  m.  [Locidevexitas'l 
Pante.  Manière  dans  un  corps  qui  panche. 
C'eft  une  montagne  d'un  panchant  fort  aifé , 
Ahlanc.  Donner  du  panchant  à  quelque  corps. 
Le  panchant  d'une  coline. 

Aifife  au  bord  de  la  Seine 
Sur  le  pjnch.int  d'un  coteau  , 
La  Bergère  Céliméne 
Laifle  pai:re  ion  troupeau. 

Deshouiures  ,poef.') 

*  Panchant  ,  f.  m.  [  Inclinatio  ,  propenjio,  ] 
Inclination.  Pente  naturelle.  (  Son  panchant  l'a 
porté  à  l'amour,  Scarron.  Il  a  un  furieux  panchant 
à  la  guerre.  Il  a  à\x  panchant  ■çomx  la  mufique. 

Hélas!  de  (on  p,znchjm  perfonne  n'eft  le  M;ûtre, 
Le  p,inc'i,int  de  nos  jours  ell  toujours  violent ^ 
J'ai  fçu  taire  des  vers  avant  que  de  connoitre 
Les  chagrins  attachez  à  ce  maudit  talent. 
DeshouUeres  poif. 

D'un  fi  jufte  panchant  bien  loin  de  me  défendre 
Je  faii  gloire  de  l'avouer. 

DeshouUeres  poif. 

Souvent  un  4oux  p.inck.mt  eft  en  vain  combattu. 

Du  Bocage ,  Trag.  des  Ama^^ 

Panchant  ,  f.  m.  [  Inclinata  ac  prope  Jacens 
fortiina.  ]  Ce  mot  au  figuré  fe  dit  encore  dans 
un  autre  fens  &  en  parlant  de  perte ,  de  ruine 
&  de  defruclion.  Il  fignifie  moment  fataJ  ,  où 
une  chofe  eft  prête  à  périr ,  à  décliner  ,  à 
tomber  en  defordre  &  en  décadence.  Etre  fur 
\s panchant  de  fa  ruine  ,  Akl.  Arr.  l.  i.  c.  ^.^ 

Panchant  ,panchante ,  adj.  [  Devexus  ,  decliyis.'\ 
Qui  panche.  (  Corps  panchant.  ) 

Panchant  ,  panc'iante  ,  adj.  [  Ruens.  ]  Qui 
menace  ruine.  Qui  va  en  décadence.  Qui  dépérit, 
(  Il  s'alloit  accabler  fous  les  ruines  d'un  empire 
panchant.  Faug.  Quint.  Ai.  Age  panchant.  Ahl.) 

P  AN  cui.\  partie.  On  apelle  dans  le  ftile 
familier  ,  des  airs  panchez  ,  des  raouvemens  de 
la  tête  ou  du  corps  affedés  pour  tâcher  de 
plaire.  (Il  a  des  airs  panchez.  Cette  femme 
prend  des  airs  panchez. 

PANCMEMENT,y]/w.[  IncUnatio  ,  devexitas.'\ 
L'état  d'une  chofe  qui  panche.  (Le  panchement 
d'un  mur.  Le  panchement  du  corps.  ) 

Pancher  ,  V.  a.  &  V.  n.  [  Fergere  in  altérant 
partem.]  Incliner.  Etre  d'une  manière  qui  panche. 
Prendre  fa  pente  d'iui  certain  côté.  Il  faut  un 
peu  pancher  cela  davantage.  Muraille  qui  panche. 
Chofe  qui  panche  ,  qui  va  en  panchant.  Le 
moindre  poids  fait  pancher  une  balance  qui  éroit 
en  équilibre.  Pancher  le  corps.  Pancher  la  tête 
d'im  c«ité.  Les  branches  d'un  arbre  chargé  de 
fruit  panchent  vers  la  terre. 

*  Pancher.  [Propendere.'\  Incliner.  Donner  un 
certain  penchant  ,  ou  une  certaine  inclination. 
(  Dieu  répand  dans  l'ame  quelque  amour  qui  la 
panche  vers  la  chofe  commandée.  Il  panche  à 
déclarer  la  guerre.   Pancher  à  la  douceur.  Ahl. 

*  Cette  ïecomm:xnd3iX'ion  iik'n pancher  la  talante 
de  fon  côté.  ) 


IZ 


PAN. 


Panch  IMAGO  GUE.  Termc  de  Pharmacie. 
Extrait  d'abcs  ,  de  rhubarbe  ,  de  fené  ,  de 
fcamonce ,  de  jalap  ,  de  coloquinte  ,  &  d'ellébore 
noir.  Ce  mot  veut  dire  qui  tft  propre  à  purger 
toutes  les  mauvaifes  humeurs  du  corp^. 

Pancratien.  Le  vers  Pancratien  eft  compofé 
de  deux  trochées  &  d'une  fyllabc  furnuméraire. 
Il  a  reçu  fon  nom  de  fon  inventeur,  Pancrate, 
Poëte  &  Muficicn  Grec  ,  dont  Plutarque  fait 
mention  dans  fon  Dialogue  touchant  la  Mufique. 

Pancratium.  tfpece  d'oignon  marin  , 
fembiable  à  la  fcille  ,  &  qui  a  à  peu  près  les 
mêmes  vertus. 

PANCRtAS,y?OT.  [Pancreas.l  Terme  à'Jnatomie. 
Corps  charnu  fitué  au  milieu  du  mefentcre  pour 
aflTurer  &  Civorifer  les  divifions  des  veines.  Deg. 

PANcn.r;'ATiQ_ut ,  [Pancréaticus.]  Qui  apartient 
au  PancrLts.  Lc  conduit  Pancrcutique  OU  le  canal 
de  Virfungus  fort  à  porter  le  fuc  Pancréatique 
dans  le  Duodénum  jxjur  rendre  le  chyle  plus 
fluide  &  tempérer  la  bile.  Ce  canal  n'a  été 
découvert  qu'en  1642,. 

Panchresth  ,  f.  m.  Epithete  qu'on  a  donné  à 
certains  Médicamens  qu'on  croïoit  propres  pour 
toutes  fortes  de  maladies. 

f  P  A  N  ç  u  ,/  /«.  [  Vtntrofus.  ]  Qui  a  un  gros 
ventre.  (  Un  gros  pançfi.  )  Ileft  bas. 

Pandalïon  ,  f.  m.  Médicament  folide  ,  interne, 
doux  ,  fucré  ,  fait  en  tablette ,  propre  pour  les 
maladies  de  la  poitrine  &  du  poumon.  C'eft  une 
invention  des  Arabes.  Il  ne  diffère  pas  des 
tablettes  pefloraies. 

Pandectaire  ,f.m.  Auteur  de  Pandeftes. 

Pandbctes,  f.f.  [  Digcjla.  ]  Mot  qui  vient 
du  Grec  ,  &  qui  fignifie  Livres  contenant  toutes 
chofes.  Le  mot  de  pandcclts  eft  un  terme  de 
Jurïfcon fuite.  Il  fignifie  un  volume  de  Droit  divifé 
en  cinquante  livres  ,  contenant  les  réponfes  des 
anciens  Jurifconfultes.  Ce  volume  s'appelle  auflî 
digejle.  (  \^£S pandcclcs  &  le  code  lui  font  des  pais 
inconnus.  Main.  C'efi-à-dire  ,  c'cft  un  homme  de 
Palais  fort  ignorant.  ) 

Pande'mi  E  ,  f.  f.  C'eft  la  même  chofe 
f\W Epidémie.  C'eft  une  attaque  de  maladie  qui 
fc  répand  fur  tout  le  peuple. 

P  a  N  D  e'm  I  Q^u  E  ,  adj,  C'eft  la  même  chofe 
C^ViEpidémiqiie. 

Pandore,/./  [  Pandora.  ]  Inftrument  de 
mufiq^ue  à  cordes  de  léton  qui  n'eftplus  en  ufage, 
&  qui  reffembloit  au  lut ,  hormis  qu'il  avoit  le 
dos  plus  plat.  Merf.  l.  z. 

*  Cejl  la  boite  de  Pandore.  [  Omnium  malorum 
fons  &  origo.  ]  C'eft-à-dire ,  la  fource  de  plufieurs 
maux.  C'eft  un  vieux  proverbe  fondé  fur  une 
fable  des  Paycns ,  chez  qui  Pandore  étoit  une 
femme  fabriquée,  difoient-ils  ,  par  Vulcain. 

P  A  N  i'  ,  panée  ,  adj.  [  Panis  aquâ  madidus.  ] 
Ce  mot  fe  dit  de  l'eau  où  l'on  a  mis  du  pain , 
&  qu'on  a  verfé  d'un  vafe  à  un  autre.  (  Eau 
panée.  Faire  de  l'eau  panée.  ) 

Pane  ,  ou  Panne  ,/  /  \Pingue porciomentum!\ 
Graiffe  de  porc  qui  n'eft  batué  ni  fondue  ,  mais 
que  l'on  bat  &  que  l'on  fond  quand  on  veut 
faire  du  fain-doux  pour  foire  des  bignets.  Tirer 
la  pane  du  venire  d'un  porc.  Batrc  la  pane. 

Pane  ,  fe  dit  par  raillerie  ,  d'un  homme 
extrêmement  gras.  Cet  Iwmme  a  deux  doigts 
de  pane. 

Pane.  Terme  de  Charpenterie.  C'eft  une  pièce 
de  bois  ,  qui  fert  à  foutenir  les  chevrons  d'une 
couverture. 

Pane.  [Pannus  bombjcinus  altéra  parte  villofus.'] 


PAN. 

Sorte  d'étofe  de  foie  de  même  qualité  &  de 
même  largeur  que  le  velours  façonné.  (  Pane 
grife  ,  bleue  ,  ou  noire.  ) 

Pane.  [  PelUs  fcutaria.  ]  Terme  de  Blafon. 
Fourrure  de  vair  ou  d'hermine.  Peau  de  vair, 
ou  d'hermine.  Il  y  a  deux  panes  dont  on  parle 
dans  la  fcience  du  blafon.  Voiez  là-defl^us  la, 
Colombiére  ,  Science  héraldique,  c.  6. 

(  Le  blafon  compofé  de  difFérens  émaux , 

N'a  que  quatre  coiileurs ,  ieax  panes ,  deux  métaux.  ) 

Pane.  [  Navem  in  latus  inclinare.  ]  Terme  de 
Mer.  Mettre  un  vaifl'eau  en /7a«e,  c'eft,  dit  Aubin, 
virer  le  vaifl'eau  vent  devant ,  &  mettre  le  vent 
fur  toutes  les  voiles  ,  ou  fur  une  partie ,  afin  de 
ne  pas  tenir  ni  prendre  le  vent ,  ce  qui  fe  fait 
quand  on  veut  retarder  le  cours  du  vaifleau , 
pour  attendre  quelque  chofe  ,  ou  laiffer  paffer 
les  vaifleaux  qui  doivent  aller  devant,  mais  cela 
ne  fe  fait  que  de  beau-tems. 

On  dit  encore  mettre  un  vaiffeau  en  pane  ,  c'eft 
faire  pancher  le  vaiifeau  en  mettant  le  vent  fur 
fes  voiles  fans  qu'il  faffe  de  chemin  ,  &  cela  fe 
fait  afin  d'éiancher  une  voie  d'eau  qui  fe  trouve 
de  l'autre  bord  du  vaifl'eau  du  côté  que  le  vent 
vient.  On  dit  aufli  en  ftile  de  guerre ,  qu'un  tel 
régiment  en  pane  devant  P  ennemi. 

Pane.  \Mallei pars  tenuior.^  la  partie  du  marteau 
la  plus  mince.  (  Fraper  de  pane.  ) 

Paneau,  ou  Pann  e  a  u  ,  y."  ot.  \_Retia.'\ 
C'eft  Un  filet  qui  ,  lorfqu'il  eft  tendu  ,  paroît 
comme  un  pan  de  muraille ,  &  dont  on  fe  fert 
pour  prendre  des  lapins,  des  lièvres ,  des  renards, 
des  blaireaux  ,  des  chats  ,  ou  même  des  loups. 
(  Paneau  fimple  ,  paneau  double  ,  ou  paneau 
coniremaillc.  Ce  filet  s'apelle  aufli  pan.  Voïer 
les  Rufes  innocentes,  lib.  ^.  c.  J.  &  ^.^  &  le 
Code  des  Chajjes. 

'\  *  Donner  dans  le  paneau.  [  Induert  fe  irt 
laqueos.  ]  C'eft  -  à  -  dire  ,  doruier  dans  le  piège 
qu'on  nous  tend.  Se  laifl"er  prendre  aux  finefl'es 
de  quelque  fourbe.  Se  laifl'er  attraper  à  quelque 
faux  éclat,  à  quelque  beau  dehors.  (C'eft  un 
homme  à  donner  dans  tous  les  paneaux  qu'on 
voudra.    Molière. 

Vers  ramaiTe?, ,  éclatans  d'oiipeau , 

Qui  t'ont  donner  la  Cour  dans  le  paneau. 

Sciir.  Ep.  cAag.') 

Paneau.  [  Epbippii  pulvilU.  ]  Terme  de  Sellier. 
Ce  font  deux  couflinets  pleins  de  bourre ,  ou  de 
crin ,  qu'on  met  fous  la  felle  pour  empêcher  que 
la  felle  ne  bleflTe  le  cheval.  (  Rambourrer  des 
paneaux.) 

Paneau.  [  InflragulKm.  ]  Terme  de  Bourrelier. 
Pièce  de  cuir  qui  embrafl'e  le  dos  du  cheval , 
ou  de  la  bête  de  fomme  ,  011  il  y  a  un  lit  de 
paille  &  de  bourre ,  &  fur  quoi  font  pofez  les 
fûts  du  bât.  (  Les  paneaux  de  ce  bât  font  bons 
&  bien  faits.  ) 

Paneau.  [  Textum  vicreum.  ]  Terme  de  Vitrier. 
Plufieurs  morceaux  de  verre  dont  les  uns 
s'apellent  bornes  ,  &  les  autres  pièces  quarrées , 
ou  lofanges  mifes  en  plomb  ,  foit  qu'elles  foient 
attachées  ou  non  ,  fur  un  chaflis  de  bois.  (  Un 
paneau  de  bornes.  Un  paneau  de  lofanges. 
Atacher  un  paneau.  ) 

Paneau.  [Tympanum.'\  Terme  de  Menuijîer. 
LesMenuifiers  apeUent paneaux  ,  des  tables  d'ais 
minces  jointes  enfemble,  dont  on  fait  le  bâti  d'un 
lambris  ou  d'une  porte.  Ce  mot ,  en  parlant 
de  caroflTe ,  c'eft  le  bois  du  devant  &  du  derrière 


PAN. 

du  caroffe.  (Lespaneaux  de  ce  caroffe  font  de 
trcs-bon  bois.  ) 

\Pun(iJux.TcTme  de  Marine.TrRpes  ou  mantelcts 
qui  forment  les  écoutilles  d'un  vaiffeau.  Le 
mantelet  qui  forme  la  plus  grande  écoutille 
s'apelle  le  grand  paneaii.   Acad.  Fr. 

Paneaux  de  Maçonnerie.  C'eft  l'enduit  de 
maçonnerie  qu'on  mer  entre  les  pièces  de 
charpente  qui  forment  un  pan  de  bois  ,  ou  une 
cloifon, 

Paneau,  fe  dit  proverbialement. //cT£vi;(/j/2.îyii 
paneaux  ,  [^Ringitur.']  Pour  dire  ,  avoir  du  dépit, 

<f^  Paneau.  Les  poiffons  qui  font  dans  les 
étangs  de  la  Brefle  ,  font  appelles  paneaux , 
quand  ils  ont  deux  ans.  Revel ,  pag.  416. 

F  A  N  e'g  1  R  I  Q^u  t  ,  f.  m.  [  Panégyricu  oratio.  ] 
Mot  qui  vient  du  Grec.  C'ell  un  difcours  oratoire 
•qui  renferme  les  louanges  d'une  perfonne  confî- 
dérable  ,  de  quelque  Saint  ou  Sainte  ,  &  qui 
fe  récite  en  public.  (  Il  n'y  a  point  de  plus  beau 
panégirique  des  grands  hommes  que  leurs  aftions, 
jibl.  Ret.  On  dit  que  Pline  fie  fon  panêgirique  en 
fdifant  celui  de  Trajan.  ) 

Ç3^  La  plupart  des  faifeurs  de  panégiriques 
imitent  le  Sénateur  dont  Tacite  a  fait  mention 
dans  le  premier  livre  des  Annales  ch.  y 4.  lequel 
au  lieu  de  faire  ladépenfe  d'une  ftatue  de  Tibère  ; 
fe  fervit  d'une  vieille  figure  de  l'Empereur 
Augiifte  ,  fe  contentant  de  lui  couper  la  tête  & 
de  lui  en  aptiquer  une  nouvelle  :  Alta  in  flatua 
amputato  capite  Augujli  ejpgiem  Tiberii  inditam. 

Pancgirique  ,  fe  prend  aufîi  pour  tout  éloge, 
pour  tout  ce  qu'on  dit  à  la  louange  de  quelqu'un. 
(J'ai  fait  votre  panégirique  en  telle  compagnie.  ) 

Pancgirique  ,  adj.  [  Panegyricus.  ]  Ce  mot  fe 
dit  du  difcours  ,  &  veut  dire.  Qui  loue.  (  Un 
difcours  panégirique.  ) 

Panégirijîe  ,  f.  m.  \_  Orator  ,  laudator.  ]  Celui 
qui  a  fait  un  panégirique.  Celui  qui  a  donné 
Jes  louanges  à  quelqu'un.  {  Pline  fécond  eft  un 
fameux  panégiriiie.  ) 

On  appelle  encore  panégiriftes  ceux  qui  loiient 
tout  le  monde.  [  Ajfentatores.  ]  Je  hais  ces  Pané- 
giriftes  perpétuels  qui  ont  toujours  l'encenfoir 
à  la  main  ,  S.  Real.  ) 

Panel  LE  ,  Efpece  de  fucre  brut,  qui  vient 
des  Ides  Antilles. 

Paner  ,  v.  a.  II  fignifie  ,  couvrir  de  pain 
émié  ou  émiété  de  la  viande  qu'on  fait  griller 
ou  rôtir.  (  Paner  des  coteletes  ,  paner  des  pieds 
de  cochon  ,  paner  une   poularde.  ) 

Eau  panée.  C'ell  de  l'eau  où  l'on  a  fait  tremper 
«ne  mie  de  pain  pour  en  ôter  la  crudité.  On 
fait  aulfi  de  l'eau  panée  avec  du  pain  rôti  qu'on 
met  dans  de  l'eau  :  (boire  de  l'eau  panée. } 

P  A  N  E  R  e'e  ,  y;  /I  [  Calathus  fruclibus  refertus.  ] 
Plein  un  panier.  (Une  petite  panerée.  Une  bonne 
panerée.  Pour  bien  faire  venir  ces  fleurs  ,  il  faut 
mettre  trois  panerées  de  terreau  fur  quatre 
panerées  de  terre  franche.  Culture  des  fruits. 
Une  panerée  de  fruits.  ) 

P  A  N  E  s  s  E  ,  f.f.  [ Pa\o  femella.  ]  Danet  donne 
ce  nom  à  la  femelle  du  Paon.  Mais  Meflîeurs 
de  l'Académie  l'appellent  Panache.  Il  y  en  a  qui 
la  nomment  Panne. 

P  A-HETEKii  ,f.  f.  [  Panarium  ,  panis  cella.  ] 
C'eft  un  Ofice  chez  le  Roi  où  l'on  diftribue  le 
pain.  (  Il  eft  àla  paneterie.  Allez  à  lapaneterie, 
on  vous  donnera  ce  que  vous  demandez.  ) 

Paneterie ,  eft  auffi  un  bénéfice  clauftral  de 
quelque  Abaïe.  Et  celui  qui  polféde  ce  bénéfice 
s'apelle  Panetier. 


PAN.  i3 

Panetier, y^/«.  [Panis  promus  domus  regio>.'\ 
C'eft  l'un  des  plus  confidérables  Oficiers  de  la 
bouche  du  Roi.  Le  grand  Panetier  eft  celui  qui 
a  l'œil  fur  les  Oficiers  de  la  paneterie  de  \a, 
Maifon  du  Roi.  Il  a  jurifdiclion  &  droit  de 
vifitç  fur  le  pain  des  Boulangers  de  la  ville  & 
fauxbourgs  de  Paris.  Les  Boulangers  de  Paris 
lui  doivent  un  certain  droit  que  Quelques  -  uns 
appellent  bon  denier  &  le  pot  de  Romarin.  Voiez 
du   Tillet ,  Recueil  des.  Rois  de  France. 

^3'  L'Ofice  de  grand  Panetier  étoit  pofTédé 
autrefois  par  des  perfonnes  diftingué.'S  ,  &  il 
avoit  des  droits  &  des  prérogatives  qui  le 
relevoient  au-deffus  de  fes  fondions  ;  on  voit 
dans  les  preuves  de  l'Hiftoire  de  la  Maifon  de 
Montmorency,  qu'en  1353.  Burchard  de  Mont- 
morency étoit  Panctarius  Franciœ  ,  &  qii'-:;n  cette 
qualité  il  eut  un  grand  procez  avec  le  Frevôt 
des  Marchands  &  les  Echevins  de  la  Ville  de 
Paris ,  qui  foùtenant  les  intérêts  des  Boulangers 
de  cette  Ville  &  des  Fauxbourgs  ,  ne  pouvoient 
fouffrir  qu'il  exerçât  la  Jurifdiftion  du  Panetier, 
ni  l'infpeftion  qu'il  prétendoit  avoir  fur  eux  ; 
mais  il  fut  maintenu  dans  tous  fes  droits.  Du 
Tillet  ,  après  avfir  raporié  l'Arrêt  rendu  en 
1333.  ajoute  toutes  fois  à  la  Prévôté  de  Paris 
par  prévention  ou  par  négligence  du  Grand  Panetier 
Icfdites  vijitations  ,  correclion  &  Jurifdiciion  ;  fut 
décidé  par  autre  Arrêt  le  vingt-deuxième  Janvier 
mille  quatre  cens  fix  ,  &  fur  ce  y  a  eu  entre  eux 
devant  &  après  plufieurs  diiférens  &  arrêts  , 
entr'autres  un  provifionnel  du  1.  Mai  14,06.  par 
lequel  fut  permis  au  Grand  Panetier  d  avoir  fa 
petite  Juftice  ,  &c.  à  condition  de  porter  au 
Chatelet  les  contraventions  qu'il  découvriroit 
dans  fes  vifites  pour  punir  les  coupables  ;  cette 
Charge  fut  fuprimée  par  Charles  VU.  ainfi  que 
celle  de  Grand  Boutilier. 

Panetie're  ,  f.  f\,  Pera  ,  panariolum.  ]  Efpéce 
de  grande  poche ,  ou  manière  de  petit  fac  de 
cuir ,  où  les  bergers  mettent  leur  pain.  On  apelle 
dans  les  Eglogues  &  les  Romans  qu'on  nomma 
Bergeries ,  cette  efpéce  de  fac  de  cuir ,  panetière^ 
mais  les  bergers  d'autour  de  Paris  l'apellent 
gibecière. 

Paneton  ,fm.  [Pars  clavis  inféra  verfatiiis.'] 
Terme  de  Serrurier.  C'eft  la  partie  de  la  clef  où 
font  les  dents.  (Paneton  de  clef  rompu.) 

Panicaut, //«.  [  Eryngium.  ]  Herbe  qui 
a  des  feuilles  épineufes.  Efpece  de  chardon  qu'oa 
appelle  à  cent  têtes. 

P  a  N  I  E  R,y;  OT.  l^Caniflrum,  calathus.']  Ouvragô 
de  Vanier  qui  eft  rond ,  ovale ,  plein ,  ou  à  jour  , 
qui  eft  ordinairement  fait  d'oûer  ,  qui  fert  à 
plufieurs  ufages  ,  &  qui  eft  toujours  compofe 
d'un  corps  ou  d'un  couvercle,  ou  de  tous  deux 
enfemble.  Un  panier  plein.  C'eft-à-dire  ,  qui  n'efl: 
pas  à  jour.  \]n  panier  à  jour.  C'eft-à-dire,  un 
panier  qui  n'eft  pas  plein.  Un  panier  à  claire  voie. 
[  Fimineum  textum.]  C'eft-à-dire  ,  un  panier  qui 
n'eft  pas  plein,  &  qui  aft  à  jour.  Panier  à  aller 
à  l'école.  Panier  à  fumier.  Panier  de  bagage. 
Panier  de  fervice.  Panier  de  pain  bénit.  Panier 
à  porter  des  verres,  &c.  Faire  des  paniers. 

^f§  Borel  dérive  Panier  àe  Panis ,  parce  que 
les  premiers  paniers  furent  faits  pour  enfermer 
du  pain. 

Panier  ,  fe  dit  aufli  des  chofes  dont  on  remplit 
un  panier.  (  Un  panier  de  raifin  ,  un  panier  de 
poires  ,  &c. 

Panier  de  marée.  C'eft  un  panier  dans  lequel 
on  aporte  d'ordinaire  la  marée  à  la  halle, 


i4  PAN. 

Panier  d'arbalète.  [  CiJIa.  ]  C'cft  le  milieu  de 
la  corde  de  l'arbalctc  n  jalct  qui  eft  fait  en  creux , 
&  où  l'on  met  la  balle  ,  ou  le  jalet  lorfqu'on 
veut  tirer. 

Panier  à  feu.  [  Cijlii  piraiijVica.  ]  Efpéce  de 
machine  qui  fe  jette  avec  un  mortier.  (Jetter 
<les  paniers  à  iaw.  ) 

Panier.  \_Sporta  ,Jifcina.  ]  Il  fe  dit  auflî  de  ces 
fortes  de  paniers  qit'on  met  fur  les  bêtes  de 
fomme  &  fur  des  chevaux  de  bât  ^  pour  porter 
des  provifions  ,  des  marchandifes ,  &c. 

Panier.  Il  fe  dit  quelquefois  d'une  ruche 
d'abeilles.  (On  vend  tant  le  panier.) 

Panier.  Il  fignifie  :i\xffx panerce  ,  plein  un  panier. 
(  Acheter  un  panier  de  cerifes.  ) 

jinfe  de  panier.  [  Fornix  elumhis.  ]  Terme-  de 
Maçon.  Ils  difent  qu'nne  arcade  eft  faite  enanj'e 
de  panier ,  lorfque  le  defl'us  eft  un  peu  abaiffé  , 
&  qu'elle  n'eft  pas  faite  en  plein  cintre.  C'eft-à- 
dire  ,  qu'elle  eft  en  demi  ellipfe  fur  le  grand 
diamètre. 

//  ejl  foc  comme  un  panier  percé.  [  Stnpet  ut 
caniflrum  pcrforatum.'\  Sorte  à^i.  proverbe  du  petit 
peuple  de  Paris  ,  pour  dire  ,  qu'il  eft  fort  fot. 

\  *  A  petit  mercier  petit  panier.  Proverbe  qui 
iîgnifie  ,  qu'un  homme  qui  a  peu  de  bien  ne  doit 
pas  faire  grande  dcpenfc. 

*  \  Il  ne  faut  pas  mettre  tous  fes  œufs  dans  un 
panier.  Proverbe  pour  dire  ,  qu'il  ne  faut  pas 
rifquer  tout  fon  bien  à  une  fois. 
■  On  dit  d'un  prodigue,  c'f/;?  K/z/jfl/zier/'^rc/,  plus 
on  lui  donne  ,  moins  il  a,  \_Plenus  rimarum  ejî,  hac 
&  illac  perjluit.  j  Adieu  paniers  vendanges  font 
faites  ,  quand  il  eft  venu  quelque  dcfolation  fur 
les  vignes. 

P  A  M I  Q_u  E  ,  adj.  [  Panîcus.  ]  Ce  mot  fe  dit  en 
parlant  de  gens  qui  craignent  tout  d'un  coup  & 
fans  fondement.  Il  ne  fe  dit  qu'avec  le  mot  de 
terreur.  Une  terreur  panique  s'empara  des  efprits, 
Al'l.  C'eft-à-dire ,  une  crainte  foudaine  &  fans 
raifon  failît  les  efprits.  La  terreur  panique  eft 
ordinairement  prefque  générale  dans  un  pais , 
«ne  ville ,  une  armée  ,  &c. 

(  Le  renard  manager  de  fecrettes  pratiques , 
Et  les  lièvres  fujêts  à  des  terreurs  puiûqueT. 

La  Font.  ) 

Panis  ,  yl  m.  [  Panicum.  ]  Sorte  de  bled  qui 
a  de  petits  grains ,  comme  ceux  du  millet,  mais 
il  en  eft  avec  des  grapes ,  &  c'eft  en  quoi  cette 
plante  difére  de  celle  du  millet. 

Panne.    Voiez  Pane. 

P  At^ti  T.LLEs  ,  f  f  [  Scutum  folVis  popuhis 
ornatum.  ]  Terme  de  Blafon.  Il  fe  dit  des  feiiilles 
de  peuplier  peintes  fur  un  Ecu. 

P  A  N  N  I  c  u  1  p. ,  y;  ;n.  [  P anniculus  carnofus.  ] 
Terme  iH Anatomie.  Membrane  qui  eft  fous  la 
graiffe  ,  &  qui  envelope  les  parties  du  corps 
des  animaux.  (Pannicule  charnu.) 

P  A  N  o  N  ,  /  w.  On  apelle  fur  mer  ,  Panon  de 
Pilote.  Plufieurs  plumes  que  l'on  met  dans  de 
petits  morceaux  de  licge  ,  &  qui  voltigent  au 
gré  du  vent  pour  connoître  d'où  il  vient. 

P  A  N  o  N  c  E  A  u  ,  yi  OT.  Ce  mot  h  Paris  ne  fe 
dit  pas  en  la  fignification  de  giroiiette ,  on  dit 
girniiette  ,  &  non  pas  panonceau. 

Panonceau.  [  Parma  teffararia.  ]  Mot  qui  fe  dit 
en  terme  de  Pratique ,  en  parlant  de  vente  & 
de  criées.  C'eft  une  afiche  où  font  les  armes 
du  Roi  qu'on  met  à  l'entrée  d'une  maifon  qui 
eft  en  criées  &  faifie  par  ordre  de  Juftice. 
(■  Quand  on  fait  les  criées  de  quelque  ofice  ,  on 


PAN. 

doit  mettre  des  panonceaux  contre  la  porte  de 
l'Eglife  oîi  fe  font  les  criées  ,  &  contre  la  maifon 
du  laifi.  Loi/eau  ,  des  Oficcs  vénaux  ,  c.  y. 

^3'  Nous  aprenons  du  Préfident  le  Maître , 
liv.  i.  des  Criées  ,  cii.  ii.  que  le  Panonceau 
démontre  ôi  fait  connoître  que  la  maifon  eft 
faifie ,  &  mifc  en  la  main  du  Roi  par  autorité 
de  juftice  ,  à  ce  que  perfonne  ne  s'ingère  d'en 
joiiir  &  prendre  les  fruits  ,  ni  ait  à  troubler  & 
empêcher  celui  qui  eft  établi  Commiffaire  ,  & 
n'eft  loilibled'apofertels  panonceaux  &  armes  à 
un  héritage,  fmon  par  autorité  de  juftice ,  & 
étant  apoléz  par  autorité  de  juftice  ,  n'eft  aulîi 
loifiblc  de  les  ôter.  El  nefoit  oubliée,  ajofite-t-il, 
cette  apofition  de  panonceaux  ;  car  autrement 
les  criées  font  nulles  ,  combien  que  cette 
Ordonnance  ne  le  porte  pas  exprè:  :  mais  la 
Cour  de  Parlement  l'a  alnfi  entendu.  Voïez 
Brandon. 

Le  mot  eft  ancien  ;  l'on  appelloit  autrefois 
panonceaux  ,  les  bannières  &  étendarts  que  l'on 
portoit  à  la  guerre ,  dans  Guillaume  Guiat. 


Panonceaux  par  leurs  flots  ventilent , 
Et  mainte  bannitre  ifabelle. 


Et  dans  Froiflart  ,  vol.  4.  ch.  18.  6-  devei_ 
favoir  que  toutes  ces  bannières  &  panonceaux  étoienc 
en  front  &  en  montre.  Et  au  vol.  1.  ch,  ijf.i.fous 
le  pennon  S.  George  &  à  la  bannière  de  Aire.  Jean 
Ckaudot ,  èioient  les  compagnies  ,  ou  bien  ètoient 
douxj:  cens  pannonceaux. 

Pannonceau  fe  dit  d'un  écuflbn  d'armes  ou 
d'armoiries.  S^Pinnatum fcutum.'\  Il  y  en  a  qui 
l'appellent  Pennon. 

Pan  q_u  e  ,f.f.  Plante  qui  croît  dans  le  Chily 
en  Amérique,  &  dont  la  tige  fert  à  teindre  en 
beau  noir.  Cette  tige  ,  qui  eft  rougeâtre  ,  fe 
mange  crue  ;  elle  rafraîchit  ,  &  a  une  qualité 
fort  aftringente.  Sa  feiiille  eft  ronde  ,  tiffuë 
comme  celle  de  l'Achante ,  &  a  deux  ou  trois 
pieds  de  diamètre. 

P  A  N  s  A  R  D.  Voiez  Pançû. 

Panser.  Terme  de  Chirurgien  &  Palfrenitr. 
Voïez  Pancer. 

Panspermif  ,  Mot  tiré  du  Grec  :  c'eft  un 
terme  de  philofophie  ;  il  fignifie  l'opinion  qu'ont 
eiie  quelques  Philofophes  ,  que  chaque  corps 
contenoit  en  foi  les  fcmences  de  tous  les  autres. 

P  A  N  T  A  L  o  N  ,yi  TO.  \fefris  inttrior  adfriclior.'\ 
Sorte  de  caleçon  ,  ou  de  haut-de-chauflTe  qui 
tient  avec  le  ba&i 

P.intalon  ,  [  Mumis ,  ludio.]  Celui  qui  danfe 
quelque  pantalonnade  ,  &  qui  eft  habillé  en 
pantalon,  (  Deux  gros  jouflus  ,  fix  pantalons  , 
apoticaire  ,  lavement ,  jamais  je  n'ai  été  fi  faou 
de  fotifes.  Molière,  Pourceaug.  acl.  2.  fc  4. 

Pantalon  ,  fe  dit  d'un  homme  qui  prend  toute 
forte  de  figures  ,  &  qui  joiie  toute  forte  de  rôles, 
pour  parvenir  à  fes  fins.  (  C'eft  un  pantalon,  il 
ne  manquera  pas  de  faire  le  pantalon.  ) 

A  la  barbe  du  pantalon.  Façon  de  parler 
proverbiale  ,  qui  fignifie  ,  en  préfcnce  &  en 
dépit  de  celui  que  la  chofe  intércfl"e  le  plus. 

Pantalon.  Terme  de  Papeterie.  C'eft  une  des 
moiennes  fortes  de  papier  qui  fe  fabrique  aux 
environs  d'AngouIême.  Il  eft  ordinairement  aux 
armes  d'Amfterdam. 

•{■  Pantalonade,  f.f.  [  Hifîrionalis  aclio.  ] 
Sorte  de  dance  boufonne  ,  dance  de  pantalon. 
(  Danccr  une  pantalonade.  ) 

•j"  Pantalonade,  [Joculuris,OU  ridiculiis  ingrefjiis^ 

Entrée 


PAN. 

Entrée  ou  fortie  brufque  &_  irrégiillcre  d'un 
étourdi  dans  une  compagnie  férieufe. 

Pante.  (Pente,)  [  Dedivhas,  divexhas.'] 
Panchant.  La  manière  d'être  d'un  corps  qui  va 
en  panchant.  Manière  dont  on  fait  pancher 
quelque  chofe.  La  montagne  avoit  une  pante 
fort  douce.  Jhl.  Donner  de  la  pante  à  quelque 
corps.  (Donner  un  demi-pied  Aq pante  à  quelque 
corps.   Sau.^ 

Pante.  On  apcUe  ainfi  une  efpece  de  chapelet 

compofé  de    plufieurs  de  ces   petites  coquilles 

blanches   qu'on  nomme  porcelaine  ,  qui  fervent 

-  de  monnoie   en  plufieurs  endroits  de  l'Afrique 

&  de  l'Amérique. 

Pante  ,  f.  f.  Terme  de  TapïJJîer.  C'eft  un 
morceau  d'étofe  qui  entoure  le  lit,  &  qui  a 
d'ordinaire  de  la  frange.  Il  y  a  trois  pantes 
dans  chaque  lit.  Le  mot  de  pante  fe  dit  aulîi 
en  parlant  de  dais  ,  mais  en  chaque  dais  il  y  a 
quatre  pantes  ,  &  la  pante  du  dais  eft  un  morceau 
d'étofe  qui  environne  le  dais.  (On  dit ,  en  parlant 
des  pantes  des  lits  &  des  dais  ,  la  pante  de 
dehors  ,  La  pante  de  dedans  ,  la  pante  de  longueur  , 
la  pante  de  largeur.  Franger  les  pantes  d'un  lit , 
ou  d'un  dais!  Attacher  la  frange  aux  pantes 
d'un  dais  ou  d'un  lit. 

.Pante  [Propen/îo.]  Ce  mot  fe  dit  des  perfonnes, 
'  &  fignifie  inclination  d'une  perfonne  à  quelque 
chofe.  [  Avoir  de  la  pante  à  la  poëfie.  ) 

*  Vous  vous  abandonnez  ,  fans  remords ,  fans  terreur 

A  votre  pante  naturelle 
Point  de  loi ,  parmi  vous ,  ne  h  rend  criminelle. 

Desh.  po'éf.  ) 

La  joie  efl:  levr:(i  bien,  tous  les  autres  font  faux, 
Oii  je  ne  la  vois  point ,  rien  ne  fçauroit  me  plaire  : 
Si  l'on  met  cette  pante  au  rang  de  mes  r'éfauts  , 
Je  ne  vous  promets  pas  fi-tôt  de  m'en  défaire. 

Bourf.  Let.') 

*  Pante.  Certaine  manière  délicate  &  prefque 
imperceptible.  (  Il  n'ètoit  queftion  que  du  lan- 
gage, néanmoins  par  une/^a/zw  douce  &  prefque 
infenfible  ,  vous  avez  dépeint  les  gens.  Le 
Chevalier  de  Meré ,  Converf.  ) 

Panteler,  v.a.  {^Ankelare.']  Palpiter.  Il 
fe  dit  de  ceux  à  qui  le  cœur  bat  trop  fort ,  pour 
avoir  trop  couru ,  ou  pour  avoir  eu  quelque 
émotion  extraordinaire  ,  caufèe  par  la  peur  , 
par  la  colère  ,  &c. 

Pantelant,  (Pantelante)  adj.  Qui 
halète.  Qui  pantele.  (  11  eft  venu  tout  pantelant. 
Il  eft  encore  tout  pantelant.  )  Ce  terme  n'eft 
guère  d'ufage. 

P  A  N  T  E  o  N  ,  y!  /«.  [  Panthéon.  ]  Mot  qui  vient 
du  Grec  ,  &  qui  fignifie  un  temple  de  l'ancienne 
Rome  ,  dédié  à  tous  les  Dieux.  Le  Panteon 
n'avoit  qu'une  porte  &  une  ouverture  en  haut , 
par  laquelle  il  recevoit  le  jour.  Le  Panteon  étoit 
large  ,  élevé  &  de  forme  ronde  ,  parce  qu'il 
reprèfentojt  la  figure  du  monde.  Ce  fut  Marcus 
Agrippa  qui  fit  conftruire  le  Panteon  ,  &  qui 
l'embellit  de  fuperbes  colonnes  par  dehors  ,  mais 
par  dedans  il  fut  enrichi  de  magnifiques  figures 
des  Dieux  &  des  Déefl"es.  Le  Pape  Bonlface  IV. 
a  expié  le  Panteon  ,  &  l'a  confacrè  à  la  Vierge, 
&  à  tous  les  Saints  &  à  toutes  les  Saintes.  Un 
Critique  moderne  ,  le  P.  Lazerl ,  Jéfuite  ,  dans 
uneDiffertation  Italienne  fur  ce  fujet ,  imprimée 
en  1749.  prétend  que  le  Panteon  n'ètoit  point 
un  temple,  &  conjefture  quec'étoit  un  édifice 
confacrè  au  bain  :  il  remarque  aufil  que  chez 
les  Anciens  le  terme  de  Panteon  a  quelquefois 
To/iie  III, 


PAN.  Z5 

d'autres  fignifications  que  celle  qui  fe  rapporte  à 
tous  les  Dieux  :  par  exemple:  on  ApeWoit Panthcon 
la  garde  des  Empereurs  Grecs  ,  &  Pantluotes  les 
foldats  qui  la  compofoient.  On  donnoit  aufiî  le 
nom  de  Panthéon  aux  édifices  dont  la  voûte 
imitoit  la  convexité  du  Ciel. 

Pantf.  RE,//.  [  Panthera.  ]  Sorte  d'animal 
farouche  &  furieux  ,  qui  a  la  peau  marquetée 
de  diverfes  couleurs  ,  &  qui  n'eft  diftingué  du 
Léopard  que  par  la  blancheur.  Jonjlon. 

Et  voit-on  comme  lui  les  Ours  ni  les  Panteres , 
S'éfraïer  fotement  de  leurs  propres  chimères.     • 

Hefpriaitx', 

P  A  N  T  H  e'  E.  Les  Antiquaires  appellent  une 
Divinité  Panthée  ,  les  figures  qui  réliniffoient  les 
fymboles  de  plufieurs  Divinitez,  Telle  eft  la 
figure  d'Harpocrate  ,  trouvée  en  1748.  en  bafl'e 
Bretagne  ;  dont  on  peut  voir  l'explication  dans 
les  Mémoires  de  Trévoux  ,  du  mois  de  Juillet 
1749.  p.  141 3.  &  fuiv. 

Pantiere,//.  [  Rete  penjîle.  ]  Terme 
d'Oi/elier  &  à'OifeUur.  C'eft  une  forte  de  filet 
fait  en  mailles  à  lofanges ,  ou  en  mailles  qiiarrées 
pour  prendre  des  becaifes.  (  Pantiere  fimple. 
Pantiere  volante.  Pantiere  à  bouclettes.  Pantiere 
entremaillce  ,  ou  contremaillèe.  Tendre  ime 
pantiere.  RuJ'es  innocentes  ,  liv.  i.  c.  zj.  &  zS  ■ 

Pantin./,  m.  Figure  de  carton  peint ,  à  qui 
l'on  donne  toutes  fortes  d'attitudes  en  la  remuant 
avec  un  fil  ou  plufieurs  fils.  On  a  porté  l'extra- 
vagance en  France  jufqu'à  mettre  ces  fortes  de 
figures  dans  tous  les  apartemens ,  &  à  s'en  amufer 
férieufement. 

Pantin  E.  f.f.  C'eft  un  certain  nombre 
d'échevaux  de  foie  ,  de  laine  ou  de  fil  encore  en 
écru  ,  liez  enfemble  pour  être  envoiez  à  la 
teioture. 

Pantographe,  (le)  ou  Singe ,  eft  un 
inftrument  qui  fert  à  copier  le  trait  de  toutes 
fortes  de  deffeins  &  de  tableaux,  &  à  les  réduire, 
fi  l'on  veut ,  en  grand  ou  en  petit.  Il  eft  compofé 
de  quatre  régies  mobiles  ajuftées  enfemble  fur 
quatre  pivots ,  &  qui  forment  entr'elles  un  paral- 
lélograme.  A  l'extrémité  de  l'une  de  ces  régies 
prolongées  eft  une  pointe  qui  parcourt  tous  les 
traits  du  tableau ,  tandis  qu'un  craïon  fixé  à  l'ex- 
trémité d'une  autre  branche  femblablc.trace  légè- 
rement ces  traits  de  même  grandeur ,  en  petit  , 
ou  en  grand  ,  fur  le  papier  ou  plan  quelconque  fur 
lequel  on  veut  les  raporter.  Cet  inftrument  n'eft 
pas  feulement  utiles  aux  perfonnes  qui  ne  fçavent 
pas  defiîner ,  il  eft  encore  très  -  commode  pour 
les  plus  habiles  qui  fe  procurent  par  là  promp- 
tement  des  copies  fidèles  du  premier  trait ,  &; 
des  reduftions  qu'ils  ne  pourroient  avoir  fans 
cela  qu'en  beaucoup  de  tcms  ,  avec  bien  de  la 
peine ,  &  vraifemblablement  avec  moins  de 
fidélité.  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  pour 
l'année  1743.  p.  171. 

Pantois.  Vieux  mot.  \_  Anxie  ankelans.'^ 
Homme  qui  n'a  pas  la  refpiration  libre.  Aftma- 
tique.  Scaron  a  dit.  Ton  feu  grégeois  m'a  fait 
pantois.  On  difoit  aufiî  pantoifer  ,  pour  dire 
avoir  la  courte  haleine.  Acad.  Fr, 

Pantometre,//  ( Pantometrum.']  Mot 
qui  vient  du  Grec.  C'eft  un  inOrument  Géomé- 
trique propre  à  prendre  toutes  fortes  d'angles , 
à  arpenter  &  à  mefurer  toutes  fortes  de  diftances 
&  de  figures ,  inventé  par  Monfieur  Bulet.  Il  a 
fait  un  petit  livre  de  l'ufage  du  Pantometre.  Il 
fert  aufii  à  divifer  les  figures  planes  &  à  tracer 

D 


xC  PAN. 

le  plan  des  édifices,  aiiflî-bien  dans  rArchitcflure     1 
civile  que  dans  la  militaire.  Voicz  U  Journaldcs 
Sçavans  de  l'année  l6y6. 

P  A  N  T  o  M  I  M  E  ,  yi  OT.  [  Pantomunus.  ]  Mot 
qui  vient  du  Grec  ,  il  veut  dire  boufonil plaljunty 
qui  imltoit  avec  les  pieds  &  avec  les  mains 
toutes  fortes  d'aftions  de  perfonnes.  Voïez  la. 
■  Po'ct'iquc  de  Scaligcr  6c  de  f-^ojjins  ,  lib.  z.  ch.  Ji. 
Ub.  i.  ch.  X.  (  Les  boufons  Italiens  font  inimita- 
bles ,  &  je  ne  fçai  fi  les  Mimes  &  les  Pantomimes 
des  Anciens  ont  eu  beaucoup  davantage  fur  eux, 
S.  Evremont  ,  Difcours  de  la  Comédie  Italienne. 

§3*  Les  Pantomimes  fe  formèrent  fur  les 
Mimes ,  ils  ne  fe  fervoient  point  de  la  parole , 
ni  du  chant  comme  les  Mimes ,  pour  exprimer  les 
chofes  qu'ils  vouloient  reprcfcntcr  au  peuple  ; 
ils  le  faifoicnt  par  des  mines  ,  par  des  gellcs  , 
par  des  mouvemens  de  toutes  les  parties  de  leur 
corps  ;  ils  furent  apellez  Pantomimes  ,  parce 
qu'ils  repréfentoient  toutes  chofes  ,  les  férieufes 
auflî-bicn  que  les  badines  &  les  obfccnes ,  ainli 
on  ajoute  ce  mot  Grec  •"S.v  tout,  à  celui  de  Mimes. 
On  dit  qu'Augufte  introduifit  parmi  eux  la  danfe 
forcée  ,  &  les  gefàculations  mefurées  ,  &  que 
Pylades  &  Batille  furent  les  premiers  dont  il 
fe  fervit  pour  rendre  plus  agréables  ces  fortes 
de  repréfcntations  muettes  ;  mais  comme  ces 
Pantomimes  fe  donnoient  la  licence  de  fe  moquer 
de  ceux  qui  leur  déplaifoient  ,  il  les  chatioit 
fevérement  pour  faîisfaire  ceux  qu'ils  avoient 
infultez.  Suétone  raconte  que,  fur  la. plainte 
du  Préteur  ,  l'Empereur  fîtfoiietter  dans  la  cour 
de  fon  Palais  ,  les  portes  étant  ouvertes  ,  un 
Pantomime  appelle  Hylus  ,  parce  qu'il  contre- 
faifoit  tout  le  monde  ;  &  qu'il  bannit  Pylades 
de  Rome  &  de  tout  l'Empire ,  pour  avoir  montré 
au  doigt  un  des  fpeftateurs  qui  le  fifloit  &  fe 
moquoit  de  lui.  Vitruve  remarque  dans  le  Uv.  5. 
ch.  8.  que  les  Romains  avoient  trois  fortes  de 
fcénes  ,  la  tragique  ,  la  comique  &  la  fatyrique  , 
&  ce  fut  fans  doute  de  cette  dernière  que  les 
Pantomimes  fe  fervoient  pour  leurs  repréfenta- 
toujours  fatyriques  &  infultantes. 

P ANTOQU itKts  ,/./.  [  FtinicuU  curn  fcanfdibus 
intexti.  ]  Terme  de  Marine.  Cordes  qui  font  un 
entrelalfement  avec  les  haubans  ,  pour  les  tenir 
plus  roides  &  plus  fermes ,  afin  de  mieux  tenir 
le  mât  dans  une  tempête. 

Pantoufle  ,f.f.  [Sala  ferrea  ad  extra  declivis.'] 
Terme  de  Manège,  Fer  à  cheval  dont  on  fe  fert 
pour  rétablir  les  talons  ferrez  &  cncaftillez. 

Pantoufle,//.  [  Crepida  ciibicularis.  ] 
Efpéce  de  fpuliez  fans  quartiers  ,  qui  n'ont  ni 
garniture  ni  autre  enrichiiTement  ;  car  lorfqu'il 
en  a  ,  ou  qu'au  lieu  d'empegnc  de  cuir,  il  y  a 
du  velours  ,  on  ne  l'appelle  plus parztouj^e ,  mais 
mule.  (  De  bonnes  pantoufles.  Les  femmes  &: 
les  filles  des  bourgeois  mettent  des/>a«ro«/ZM,dans 
la  maifon  &  les  femmes  de  qualité ,  des  mules.  ) 

§3°  Quelques-uns  dérivent  ce  mot  ,  du  Grec 
TTÙr  &  (f»\Xo    comme  qui  diroit  tout  liège. 

Raifonnsr  pantoujle.  Proverbe.  C'eft  faire  des 
raifonncmens  de  travers. 

Mettre  fon  foulié  en  pantoujle.  C'eft  plier  les 
quartiers  du  foulié  &  les  coucher  dans  le  foulié 
hir  la  première  femelle  ,  ce  qu'on  lorfqu'ona  les 
mules  au  talon  ,  ou  qu'on  y  a  quclqu'autre  mal. 

En  pantoujle  ,  adv.  C'eft-;Vdire ,  à  fon  aife. 
Plaider  en  pantoujle  ,  c'eft  plaider  dans  le  lieu  où 
l'on  demeure,  contre  un  homme  d'un  autre  pais. 
Faire  un  Jicge  en  pantoufle.  C'eft  le  faire  à  fon 
aife,  avoir  toutes  les  CQmmoditez  pour  le  faire. 


PAN.     PAO.     P  A  P. 

■\  Pantouflier,//??.  [  Crepidarius.  ]  Mo« 
burlefque  &  faftice  qu'on  ne  trouve  que  dans 
la  traduQion  de  Lucien  par  d'Ablancourt ,  il 
fignifie  ,  t]ui  a  des  pantoujles.  (  Dieu  te  gard  , 
maître   pantouflier.   Lucien  ,  t.  i.  p.  144. 

Panture,/-/  [ Epijîhabus. ]  Terme  de 
Serrurier.  Ce  font  des  barres  de  fer  qui  fervent 
à  foûtenir  les  portes  ,  ou  les  fenêtres  fur  les 
gonds.  Morceau  de  fer  plat  qui  eft  attaché  par 
dedans  ;\  la  porte ,  &  dans  quoi  entre  le  gond." 
(  Une  bonne  &  forte  panture.  Attacher  un©' 
panture. ) 

Panture  de  tableau.  Cette  panture  eft  ordinai- 
rement de  cuivre  jaune.  Elle  eft  compofée  d'ua 
anneau  &  d'une  petite  plaque  percée  de  trois 
petits  trous  ,  au  haut  de  laquelle  pafl'e  l'anneau. 
Tout  cela  enfemble  s'appelle  panture.  (  Voili 
une  panture  fort  propre  &  fort  bien  faite.  ) 
Voiez  la  colornne  P  E  N. 

Panus,/ot.  anciennement /?a«/i.  Terme 
de  Chirurgie.  C'eft  une  tumeur  inflammatoire, 
éryiipélateufe  ,  garnie  de  petites  puftules  qui  la 
font  refl"embler  à  du  pain  ,  d'où  vient  fon  nom. 
On  l'appelle  aufli  phygethlori. 

PAO. 

P  A  ON  ,  /  OT.  [  Pavo.  ]  Prononcez  pan  ,  il 
vient  du  latin  pavo  ,  oifeau  dédié  à  Junon.  Le 
paon  eft  une  forte  d'oifeau  dont  la  chair  eft 
excellente,  &  qui  a  un  très-beau  plumage,  mais  un 
cri  fort  défagréable.  La  femelle  fe  nomme  PaneJJe, 
Lucien  &  Dion  Chryfoftome  ont  fait  ime  def- 
cription  du  paon  ,  fur-tout  de  la  queue  qui  le 
diftingue  des  autres  oifeaux.  Varron,  de  reRiiflicit 
lib,  J .  cap,  6,  2l  remarqué  qu'Hortenftus  a  été  lo 
premier  qui  ait  fait  fervir  un  paon  dans  le  repas» 
qu'il  donna  lorfqu'il  fut  reçu  dans  le  Collège 
des  Augures ,  qu'il  appelle  Cœna  adjicialis ,  8c 
avec  plus  de  raifon  aditialis ,  je  finis  par  la  Fabla 
du  Paon  dont  on  n'a  raporté  qu'une  partie,' 
Phèdre  fait  plaindre  le  paon  à  Junon  de  ce  qu'ell© 
ne  lui  a  pas  donné  une  voix  auflî  agréable  quô 
celle  du  roffignol ,  &  la  Déeffe  lui  répond  qu'il 
furpaffoit  les  autres  oifeaux  par  fa  grandeur  &C, 
par  fa  beauté  ,  que  les  Deftins  en  avoient  ainli 
difpofé  ,  &  qu'elle  avoit  partagé  fes  grâces  , 
d'où  le  Poëte  forme  cette  moralité  ,  que  l'on 
ne  défire  point  ce  que  la  nature  ne  nous  a  pas 
donné  ,  de  peur  qu'étant  trompé  par  de  fauffes 
efpérances ,  il  ne  refte  que  de  vaines  plaintes. 

Noll  afeflare  quod  tibi  non  c(l  datum  , 
Dilata  ne  fpes  ad  querelam  recidat. 

Enfermes  de  Blafon,  on  appelle  un /jïîo/z  roilant, 
lorfqu'il  étale  fa  queue  &  qu'il  eft  reprefentQ 
de  front. 

Paonneau  ,  f.m.  \_Pavunculus,'\  Prononcea 
panneau.  Le  paonneau  eft  le  petit  du  paon  ,  & 
eft  un  manger  fort  délicat.  (  Il  nous  a  faitmangeji 
d'exccllcns  paonneaux.  ) 

P  A  P. 

\  V Kv h,  f.  m,  [ Pater, ]  Terme  A^ Enfant , 
qui  veut  dire />«/•«,  (Mon  petit  Papa  mignon.) 

•j-  Grand  papa.  Terme  ai  Enfant  ,  pour  dirô 
grand  père.  (Son  grand  papa  l'aime  fort.  ) 

Papa ,  y.'  m.  Divers  peuples  de  l'Amérique  5f 
des  Indes  ont  donné  le  nom  de  Papas  aux  Sou- 
verains Prêtres  de  leur  Religion. 

Papable  ,  adj.  [  EUgibilis  adfummi  Pontlficatui 


P  A  p. 

■apictm.  ]  Propre  à  être  élu  Pape.   Ce  qu'on  dit     I 
des    Cardinaux.    C'eft    un   fujet   trhs  ■  papabU. 
Acad.  Fr. 

Papal,  PapaU,adj.  \_Pontificlus,  Pontificalis] 
<2ui  eft  de  Pape.  Qui  apartient  au  Pape.  Qui 
relève  du  Pape.  (Terre  Papale.  Benediftion 
Papale.  Le  fiége  Papal.  Fait.  Uttrc.  ) 

Papauté',//.  Dignité  du  Pape.  (  Elever  à 
la  Papauté.  ) 

Papaye,  Arbre  de  l'Amérique  ,  dont  il  y 
a  deux  efpeces.  Le  fruit  de  cet  arbre  fortifie 
l'eftomac  ,  fes  femences  font  bonnes  pour  le 
fcorbut ,  pour  exciter  l'urine  ,  &  les  mois  aux 
femmes. 

P  a  p  F  ,  /  m.  [  Papa  ,  fummus  Pontifex.  ]  Le 
premier  Pafteur  de  l'Eglife  Catholique  &  Apof- 
tolique ,  &  celui  qui  la  gouverne  fouverainement. 
Le  titre  de  Pape  a  été  autrefois  commun  à  tous 
les  Evêques ,  &  le  nom  de  Pape  n'a  été  afefté 
au  Souverain  Pontife  que  vers  le  commencement 
du  fixiéme  fiécle.  Le.  Pire  Thomaffin  ,  Difcipime 
Ecdifiaflique.  (Le  Pape  eft  le  premier  des  Evêques. 
Le  Pape  eft  l'Evêque  de  Rome,  qui  a  de  droit  divin 
la  primauté  d'ordre  &  de  jurifdiûion  dans  l'Eglife. 

Je  lui  demande  trait  pour  trait. 

Un  bon  &  fidèle  portrait 

D'un  Pape  que  tout  le  monde  aime. 

Madem.  de  Scud. 

P  A  P  E  G  A  I ,/  /n.  {P^ccacus.']  Ce  mot  fignifioit 
autre  fois ,  un  perroquet.  Il  lignifie  à  préfent  en 
plufieurs  provinces,  un  oifeau  peint  fur  du  carton, 
ou  fur  du  bois  ,  qu'on  met  au  bout  d'une  perche, 
pour  fervir  de  but  à  ceux  qui  tirent  de  l'arc, 
ou  de  l'arquebufe.  Celui  qui  abat  le  papegai 
emporte  le  prix. 

g3"  L'Auteur  du  Blafon  des  fauffes  amours  : 

Tous  Papegaux 
Sont- ils  égaux 
Et  d'un  organe 
Gorge  cToifeaux. 

•]■  Papelard  ,/  m.  [  Palpator  ,  blandiloquus.  ] 
Hlpocrite.  Faux  dévot.  Tartufe.  (C'eft  un  franc 
papelard  à  qui  on  ne  doit  point  fe  fier.  ) 

^,  Papelarder  ,  dans  le  Roman  de  la  Rofe. 

Si  voulez  donc  que  déformais 
Je  fafle  de  la  chate-mite 
Papelardant  comme  un  Hermite 
Eien  ,  tien ,  ne  m'en  parlez  jamais. 

f  Papelardise  ,  //  {Hypocrifs."]  Hlpocrifie. 
Faufl'e  dévotion.  (  Nous  vîmes  que  fon  fait  étoit 
papdardife.  La  Fontaine ,  Contes.  Quelques-uns 
difent  papelardie  au  lieu  de  papelardife  ,  mais  il 
n'eft  pas  fi  approuvé  que  papelardife ,  qui  de 
lui-même  ne  l'eft  pas  beaucoup ,  finon  dans  le 
burlefque. 

Dans  le  Roman  de  la  Rofe  : 

Une  autre  après  étoit  écrite 
Qui  bien  fembloit  être  hipocrite, 
Papelardie  eft  appellée  : 
C'eft  celle  qui  en  recelée 

Suand  on  ne  s'en  peut  prendre  garde 
'aucun  mal  faire  ne  fe  tarde  ; 
Qui  fait  dehors  la  marmiteufe  , 
Ayant  face  pâle  &  piteu  fe  , 
Comme  une  fimple  créature  : 
Mais  il  n'y  a  mal-adventure 
Quelle  ne  penfe  en  fon  courage. 

On  peut  voir  le  refte  du  portrait  de  la  pape- 
lardife à  la  ;;.  j.  verf.  di L'édition  de  i$3i. 
Tome  IIL 


P  A  P.  17 

Pateline,  [  Pannus  textus  exferico  &  filn.  ] 
Sorte  d'étofe  tramée  de  fleuret.  (  Papeline 
façonnée.  ) 

Papelonne',  ad)'.  \_Lunatus?^  Terme  de  Blafon. 
Qui  fe  dit  d'une  repréfentation  en  forme  d'écaillé, 
ou  de  demi-cercle  ,  qu'on  fait  fur  un  écu.  Le 
plein  de  ces  écailles  tient  lieu  de  champ  ,  & 
les  bords  de  pièces  &  d'ornemens. 

\  Paperasse,//  [Carta  inutiles  &  rej'e^aneœ.l 
Vieux  papiers  ,  papiers  de  rebut  &  qui  font 
De  vieilles  paperafl'es.  Chercher  parmi  des  écrits, 
paperafîes.   Foiiiller  dans  des  paperafi^es. 

f  Paperajfer  ,  v.  n.  \_Ineptl  &  continuh  fcribere.'\ 
Ce  mot  fe  trouve  dans  Scaron.  Il  fignifie  faire 
écritures  fur  écritures  ,  écrit  fur  écrit. 

Nul  d'eux  ne  fe  peut  pafler. 
D'inceflamment  paperajj'er. 

Scaron  poêf.  ) 

Papesse,//.  [Papifa.}  On  a  donné  ce  nom 
au  Pape  Jean  VIII.  qui  étoit  Anglois ,  &  qu'on 
a  nommé  Papejfe  Jeanne.  Martin  Polonus  a  écrit 
la  vie  de  la  Papefle  Jeanne.  Il  y  a  dans  la 
Catédrale  de  Sienne  une  ftatuë  de  la  Papefle 
Jeanne.  Florimond  de  Raimond  a  écrit  contre 
la  fable  de  la  Papefl^e  Jeanne ,  Colomiei  opufcules. 
La  fable  de  la  PapeflTe  Jeanne  a  été  folidement 
réfutée ,  même  par  des  Proteftans  ,  enir'autres 
par  Blondel. 

Papeterie,//  \_Chartariaofficina.'\  Lieu 
où  l'on  fait  le  papier.  (  Une  belle  &  grande 
papeteries.  Les  papeteries  d'Ambert  en  Auvergne 
font  les  plus  belles  de  France.  On  dit  aiiifi 
papeterie  ,  [ckartarium  negotium,']  pour  exprimer 
le  négoce  du  papier.  Danet.  ) 

Papetier, /ot.  [  Cliartarum  propola.  ]  On 
appelle  de  ce  nom  à  Paris ,  le  marchand  qui  vend 
de  toutes  fortes  de  papiers  ,  d'ancre  ,  de  canifs  , 
d'écritoires  ,  de  plumes  &  de  livres  de  papiers 
en  blanc.   (  Un  papetier  fourni  de  tout,  ) 

Papetier  forain.  [_Chartarius  forenfis.  )  C'eft  un 
marchand  Papetier  qui  fait  le  papier,  qui  l'amène 
à  Paris ,  &  qui  le  vend  aux  marchands  Papetiers, 
aux  merciers  &  autres. 

Papetier-couleur  ,  f  m.  \_  Spifjiorum  chartarum 
compaclor.  ]  Artlfan  qui  fait  le  carton.  Ces  fortes 
d'artifans  s'apellent  entre  eux  papetiers-couleurs , 
mais  les  autres  ne  les  nomment  que  cartonniers. 
Compagnon  papetier.  C'eft  l'ouvrier  qui  fait  le 
papier.  Mais  c'eft  hors  la  papeterie  qu'on  les 
nomme  ainfi  ;  cardans  la  papeterie,  les  compa- 
gnons ont  chacun  leur  nom;  l'un  s'apelle  coucheur  y 
l'autre  leveur,  &c. 

Papier  ,f.  m.  [  Papyrus ,  charta.  ]  Compofition 
faite  de  linge  ,  acommodée  &  façonnée  avec 
tant  d'adrefie  ,  qu'on  écrit  delTus.  Le  papier  a 
été  apellé  de  la  forte ,  d'une  plante  qu'on  nomme 
papyrus ,  qui  croît  en  Egypte  dans  des  marais  & 
dans  des  folTez  autour  du  Nil.  Voïez  Dalechamp 
t.  z.  Hifioire  des  plantes ,  liv.  iS.  ch.  6 y.  Voïez 
Papyrus.  (  Il  y  a  diverfes  fortes  de  papier.  Il  y 
a  du  papier  réglé.  Papier  lavé.  Papier  de  compte. 
Papier  in-oftavo.  Papier  à  humefter.  Papier  gris. 
Papier  bleu,  rouge  ,  fin.  Papier  vanant.  Papier 
au  raifin.  Papier  à  defligner.  Papier  à  quartier. 
C'eft  du  papier  fans  marque.  Papier  brouillard. 
[  Charta  bibula.]  C'eft  du  gros  papier  dont  on  fe 
fert  pour  mettre  fur  la  tête ,  pour  faire  des 
paquets  ,  &  pour  mettre  fur  l'écriture  de  peur 
qu'elle  ne  s'éface. 

Un  pédant  dont  on  voit  la  plume  libérale  , 
D'oficieux  papiers  fournir  toute  la  Haie. 

Molière,  J 


a8  PAR 

Papier  marbré.  [Ckarta  varils  colorlbus  picla."] 
Ceft  un  papier  peint  de  divcrfes  couleurs.  II 
fe  fait  en  appliquant  une  fciiille  de  papier  fur  de 
l'eau  ,  dans  laquelle  on  a  détrempe  plulleurs 
couleurs  avec  de  l'huile  &  du  fiel  de  bœuf,  qui 
en  empêche  le  mélange.  Et  félon  la  difpofition 
qu'on  leur  donne  avec  un  peigne  ,  on  fait  les 
ondes  &  les  panaches. 

Papkr  timbré.  [  Papyrus  fîgnata.  Terme  de 
Palais.  On  l'appelle  aiiffi  Papier  marqué.  C'eft 
du  papier  fur  lequel  on  a  imprimé  une  marque 
roïale ,  fur  lequel  feul  il  eft  permis  d'écrire  tous 
les  aftes  de  Juftice  &  les  Contrats  des  Notaires. 
Mettre  en  papier.  Ces  mots  fe  difent  entre  de 
certains  marchands  qui  envelopent  leur  mar- 
chandife  avec  du  papier ,  &  ils  appellent  cela , 
mettre  de  la   marchandife  en  papier. 

Papier ,  fe  dit  auffi  d'un  journal ,  d'un  livre 
de  compte.  [  Papier  journal.  J'ai  écrit  cela  fur 
mon  papier.  ) 

Papier  terrier.  Regiftre  contenant  le  dénom- 
brement de  toutes  les  terres  &  de  tous  les 
tenanciers  qui  relèvent  d'une  feigneurie. 

Papier  blanc.  Terme  iHImprimeur.  C'eft  le 
premier  côté  de  la  feiiille  qu'on  couche  fur  la 
forme.  (  Nous  commençons  le  papier  blanc.  ) 

Papier  volant.  [  Charta  dzjeclaria.  ]  Terme  qui 
fe  dit  au  Barreau  pour  marquer  un  papier  qui  ne 
fuit  point  de  foi  enjuflice.  (  Ce  n'eft  Q^^Mn  papier 
volant  qui  ne  peut  être  confidéré  en  juftice 
Patrn  ,  plaidoïé  J.  ) 

Papiers.  [  Manufcripta.  ]  Ce  mot  au  pluriel 
fignifie  quelquefois  les  manufcrits.  Après  la  mort 
de  Monfieur  Pafcal  on  trouva  quelques  papiers 
qu'on   fit  imprimer. 

Papiers  ,  fe  dit  aa/Ti  de  toutes  fortes  de  titres , 
Mémoires  &  autres  écritures.  (J'ai  aporté  mes 
papiers.  Mes  papiers  font  entre  les  mains  de 
l'Avocat.  ) 

On  dit ,  proverb.  Cela  efl  réglé  comme  un  papier 
mufîque.  [  Ad  amu(Jîm  difpofltum  efl.  ]  On  dit  que 
le  papier  foujfre  tout ,  pour  dire  qu'on  écrit  tout 
ce  qu'on  veut.  On  dit  d'un  homme  qui  a  un 
bien  litigieux,  qu^ il  ejl  riche  en  papiers.  Vous  êtes 
écrit  fur  mes  papiers.  Pour  dire  ,  vous  êtes  mon 
débiteur.  Il  écrit  en  papier  rouge.  Pour  dire ,  il 
a  choqué  quelqu'un  qui  fçaura  s'en  vanger. 

Brouiller ,  gâter  du  papier.  Proverbe.  C'eft  écrire 
de  méchantes  chofes. 

Papillon,  f.  m.  {^Papilio."]  Sorte  d'infede 
qui  vole,  qui  a  les  ailes  marquetées  de  quatre 
couleurs  ,  &  qui  s'atache  fur  tout  à  tirer  le  fuc 
de  la  mauve.  On  dit  que  depuis  qu'il s'ef  acouplé 
avec  fa  femelle  ,  il  vit  en  langueur, 

*  ■\  Se  brûler  à  la  chandelle  comme  un  papillon. 
C'eft  fe  jetter  dans  le  péril  inconfidérement.  C'eft 
quiter  un  azile  pour  fe  mettre  en  danger  d'être 
pris. 

i0" Papillon.  Terme  à^ Agriculture.  Les  Vigne- 
rons dilent,  les  vignes  font  le  papillon  ,  c'eft-à-dire, 
que  leurs  bourgeons  ,  en  s'épanoiiiffant  ,  ne 
donnent  qu'une  feiiille  de  chaque  côté  qui 
reffemblent  auJ:  aîlcs  d'un  papillon  ,  &  c'eft  une 
mauvaife  marque. 

Papillonner  ,  v.  n.  [  Volitare  ,  exagitari.  1  Etre 
toujours  dans  le  mouvement,  &  dans  l'aftionà 
la  manière  des  papillons.  Mademoifelle  Deshou- 
lieres  s'en  fert  dans  fa  lettre  à  Mademoifelle 
d'Uffel  ,  fille  de  Monfieur  de  Vauban.  Elle 
papillonne  toujours ,  me  difoit  ce  grand  homme , 
&  rien  ne  la  corrige.  ) 

Papillote,//;  \_Glomeratio.'\  Terme  de 


P  A  P.     P  A  Q. 

Coijeufe  &  de  Perruquier.  Petit  morceau  de  papier 
ou  de  tafetas  pour  enveloper  une  boucle  de 
cheveux.  (Mettre  les  cheveux  dans  les  papillotes. 
Papillotes  qui  font  défaites.  ) 

Papillote, i\'^x\\iie.  aufti, pailleté  d'or  ou  d'argent, 
(Un  habit  tout  femé  de  papillotes.  ) 

Papilloter  ,  v.  a.  [  Glomerare.  ]  Terme  de 
Perruquier.  Mettre  les  cheveux  en  papillote.  (Il 
faut  papilloter  cette  perruque.) 

Papillotage  ,  f.  m.  [  Glomerata  colleclio.  ]  Terme 
de  Perruquier.  Ce  font  des  papillotes  de  quelque^ 
frifures ,  ou  de  quelque  perruque,  (  Faire  ou 
défaire  un  papillotage.) 

^^  Papilloter.  Terme  A^ Agriculture.  Nos 
Vignerons  dilent  :  nos  vignes  ne  font  cette  année 
que  papilloter  ,  c'eft  -  à  -  dire  ,  les  parties  qui 
devroient  concourir  à  former  les  produftions  , 
ont  été  dérangées  ,  ce  qui  fait  que  n'ayant  pu. 
groffir ,  elles  font  devenues  imparfaites. 

t  Papin,/  m.  [Puls^  Mot  vieux  &  provincial 
au  lieu  duquel  à  Paris  on  dit  bouillie.  (  Faire  , 
donner  ,  manger  du  papin.  ) 

Papisme,  Terme  injurieux  dont  fe  fervent» 
les  prétendus  Refermez  en  parlant  de  la-Religion 
Catholique,  (  Mr,  Jurieu  a  fait  le  Papifme  &  le 
Calvinifme  mis  en  paralelle.  ) 

Papistes,  y; /72.  [  Roman.t  Ecclefx  addicîi.'\ 
Les  Catholiques  Romains.  Ceux  qui  reconnoif- 
fent  &  fuivent  les  fentimens  du  pape.  (  Leç 
Huguenots  n'aiment  pas  fort  les  Papilles.  ) 

■j"  Papijle  ,  adj.  [  Papifla.  ]  Terme  odieux  donf 
fe  fervent  les  Protefans.Qui  eft  Catholique  Romain^ 
(  Il  eft  papifte.    Elle  eft  papifte.  ) 

Papolatufs,/  772.  [Papœ  c«/rorw.]  C'eft-à-dire^ 
qui  adore  le  Pape.  Ce  terme  eft  injurieux,  Per- 
fonne  n'adore  le  Pape.  (  Les  Lutériens  &  les 
Calvmiftes  apellent  les  Catholiques  Papolatres^ 
Lettre  au  Père  Annat.  p.  y. 

Papyrus, /w.  Le  Papyrus  eft  une  efpec© 
de  canne  ou  de  rofeau ,  qui  reflemble  un  peu  K 
notre  typha.  Il  croit  dans  les  marais  d'Egypte  , 
dans  les  eaux  dormantes  du  Nil ,  dans  les  lieux 
bas  d'où  les  eaux  de  l'inondation  annuelle  ne  fe 
font  pas  totalement  retirées.  C'eft  des  couches 
ou  envelopes  intérieures  de  cette  plante  ,  qu'oa 
fabriquoit  le  papier  d'Egypte  ,  fi  célèbre  chez 
les  Anciens.  Ses  racines  ont  pour  l'ordinaire  dix 
pieds  de  long.  Sa  tige  eft  triangulaire,  &  n'excède 
pas  la  hauteur  de  deux  coudées  ,  entant  qu'elle 
s'élève  au  deffus  des  eaux.  Mais  dans  fa  totalité» 
elle  en  a  communément  quatre,  &  jamais ,  dit-on, 
plus  de  fept. 

P  A  Q. 

P  A  CLXJ  AGI  ,  f.  m.  Terme  de  Commerce.  Oa 
le  dit  de  l'arrangement  qui  fe  fait  du  poiflbn  falé 
dans  les  barils  &  autres  futailles. 

Paquage ,  fe  dit  aulîi  pour  le  poiiTon  même,' 
(  Le  paquage  de  cet  endroit  eft  le  meilleur.  ) 

P  A  Q.U  E  ,  Pas  Q.U  v,s,f.f.  [  Pafcha.  ]  L'un. 
&  l'autre  s'écrit,  mais  on  prononce/xf^wir.  C'étoiC 
dans  la  Religion  ces  Juifs  une  cérémonie  célèbre 
où  l'on  faifoit  la  Cène  Pafcale  ,  où  l'on  mangeoit 
l'agneau  qu'on  apelle  Vagneau  Pafcal.  (  Manger 
la  Pâque,  Faire  la  Pâque.  Préparer  la  Pâque, 
S.  Mathieu ,  c.  zS-  La  Pâque  eft  aujourd'hui  une 
fête  oii  l'on  célèbre  la  réfurreftion  de  Jefus- 
Chrift,  ) 

Ce  terme  Pafcha  fignifioit  parmi  les  Chaldéens 
paffiige ,  &  plufieurs  ont  confondu  le  paffoge 
du  Seigneur  par  l'Egypte  ,  lorique  pour  punir 
cette  nation  il  fit  mourir  dansime  nuit  les premierif 


P  A  Q. 

ne^  depuis  r homme  jufqtiaux  bJtcs  &  le  partage 
de  la  mer  rouge  :  mais  les  habiles  conviennent 
que  la  Pâque  doit  ûtre  entendue  du  premier 
paffage,  qui  eft  marqué  dans  le  douzième  chapitre 
de  l'Exode  :  »Je  paflerai ,  dit  le  Seigneur  à  MDiTe, 
»  cette  nuit-là  pari  Egypte,  &  je  fraperai  dans 
»  les  terres  des  Egyptiens  tous  les  premiers-nez 
»  depuis  l'iiomme  jufqu'aux  bêtes ,  &  j'exercerai 
»  mon  jugement  fur  tous  les  Dieux  de  l'Egypte, 
»  car  c'ert  moi  qui  fuis  le  Seigneur,  lefang  qui 
»  fora  marqué  à  chaque  maifon  ,  où  vous 
»  demeurerez  ,  vous  fervira  de  figne ,  je  verrai 
»>  ce  fang  6i  je  pafferai  vos  maifons  ,  &  la  plaie 
»  de  mort  ne  vous  touchera  point ,  Jprfque  j'en 
»>  fraperai  toute  l'Egypte."  Pour  rendre  le  jour 
de  cette  aftion  plus  célèbre  &  même  immortel , 
Dieu  ordonna  en  même  tems  à  Moïfe  de  le 
célébrer  de  race  en  race  avec  un  culte  perpétuel 
comme  une  fête  folemnelle  au  Seigneur  :  »  Vous 
»  mangerez,  lui  dit -il,  des  pains  fans  levain 
»  pendant  fept  jours  ,  dès  le  premier  jour  il  ne 
»  fe  trouvera  point  de  levain  dans  vos  maifons , 
»  quiconque  mangera  du  pain  avec  du  levain 
»  depuis  le  premier  jour  jufques  au  feptiéme 
»  périra  du  milieu  d'Ifraël  :  Le  premier  jour 
»  iéra  faint  &  folemnel  ,  le  feptiéme  fera  une 
»  fête  également  vénérable  ;  vous  ne  ferez  aucune 
»  fervile  durant  ces  fept  jours  ,  hors  ce  qui 
»  regarde  le  manger  ,  &c.  »  Voilà  l'origine  de 
la  fête  de  Pâques  qui  a  toujours  fubtifté  parmi 
les  Ifraèlites  ,  &  q\ii  a  confervé  fon  ancienne 
vénération  dans  la  nouvelle  Loi  ;  en  forte  que 
l'on  peut  dire  que  nous  n'avons  point  dans  lïotre 
Religion  de  fête  ni  plus  ancienne ,  ni  plus  folem- 
nelle ,  ni  plus  rcfpei^able  ,  puifque  elle  a  éré 
ordonnée  par  Dieu  lui-même  pour  être  célébrée 
de  race  en  race.  Le  jour  où  l'on  commençoit  la 
folemnité  étoit  fixé  au  quatorzième  jour  du 
premier  mois ,  que  les  Ifraëlites  apelloient  Nifan, 
comme  il  eft  marqué  dans  le  x8.  chapitre  des 
Nombres  '^.  i6.  le  quatorzième  jour  du  premier 
mois  fera  la  Fâque  du  Seigneur.  Après  la  mort 
de  Jefus-Chrift  les  premiers  Chrétiens  firent  la 
Pâque  comme  les  Juifs ,  &  fuivirent  le  Kalen- 
drier ,  pour  trouver  le  premier  mois  Nifan  ,  & 
la  quatorzième  Lune ,  ce  qui  fut  obfervé  jufques 
à  ce  cpie  quelques  Evêques  ,  fans  changer  le 
«ois,  firent  naître  une  difpute  qui  a  régné  pendant 
long-tems  dans  l'Eglife  :  les  uns  s'atacherent 
toujours  à  l'ufage  des  Juifs  ,  &  ils  vouloLent 
que  la  Pâque  fût  célébrée  le  quatorzième  jour 
de  la  Lune  ,  les  autres  vouloient  que  ce  fût  le 
Vendredi  qui  fuivoit ,  parce  qu'en  ce  jour  Jefus- 
Chrift  a  été  crucifié  ;  il  y  en  avoit  qui  vouloient 
que  l'on  célébrât  la  Pâque  le  Dimanche  après 
le  quatorzième  de  la  Lune ,  parce  que  ce  fut  ce 
jour  que  Dieu  reffufcita.  L'arrivée  de  S.  Poly- 
carpe  à  Rome  fut  l'époque  du  diférend  qui  s'éleva 
entre  ce  S.  Evêque  &  le  Pape  Anicet  fur  le  jour 
de  la  célébration  de  Pâque  ;  le  premier  ,  fuivant 
l'ufage  des  Eglifes  d'Afie ,  foutenoit  que  la  fête 
devoit  être  célébrée  le  quatorzième  de  la  Lune , 
fans  aucune  avention  fur  le  jour  ;  le  Pape  acoû- 
tumè  à  la  pratique  des  Occidentaux  vouloit  qu'on 
atendît  le  Dimanche  qui  iuivoit  le  quatorzième 
de  la  Lune,  ces  deux  Evêques  ne  purent  point 
convenir  fur  ce  point,  ils  (é  féparerent  :  mais 
l'hiftoire  remarque  que  ce  fut  fans  aigreur  ,  & 
(ans  donner  la  moindre  atteinte  à  leur  union  ; 
ainfi  chaque  Eglife  refta  dans  fon  ancienne 
pratique  ,  qu'elles  ne  regardoient  point  comm.e 
un  fujet  de  fchifme  &  de  féparation.  Ces  deux 


P  A  Q.  29 

Eglifes  refterent  tranquilles  jufqu'au  Pontificat 
du  Pape   Viftor  ,   oii    véritablement  les  deux 
partis  s'échaufèrent  ,  jid'qu'à  faire  chacune  des 
Affemblées,  en  forme  de  Conciles  provinciaux  , 
pour    foutenir    leurs    fentimens.     Eufebe  nous 
aprend  dans  fon  hlftoire  de  l'Eglife ,  Uv.  i.  cli.21. 
que  Polycrates ,  Evêque  d'Ephefe,  fut  le  prè.Tiier, 
qui  fit  décider  dans  une  Aflemblèe  de  fa  province, 
qu'il  faloit  célébrer  la  Pâque  le  quatorzième  de 
la  Lune  (ans  différer  d'un  i'eu!  jour  ;  d'un  autre 
côté  ,  Théophile ,  Evêque  de  Céfarée  ,  fit  con- 
damner cette  décifion  par  une  AiTeniblèc  qu'il 
tint  dans   la  Paleftine  ,    où  l'on  détermina  la 
Pâque  pour  le  Dimanche  après  le  quatorzième 
du  mois  de  Nifan  ,    6c  que  l'on    croj'oir  être 
l'Equinoxe  du  printems.  Le  Pape  Viftor,  dont 
le  parti  étoit  le  plus  nombreux  ,  écrivit   aux 
Evêques  d'Afie  ime  lettre  un  peu  vive  ,  &  que 
quelques-uns  ont  regardé  comme  une  fent-ence 
d'excommunication  contre  tous  ceux  qui  perfif- 
teroient  dans  leur  erreur  ;  voici  comment  Eufebe 
liv.  i.  c/i.  24.  raconte  ce  qui  fe  palfa  pour  lors  ; 
»  Polycrates  ,  écrivit  au  Pape  Victor  une  lettre 
w  au  nom   des  Evêques    qui   avoient    affilié   à 
»  fon  Synode  ,   &  lui  marqua  en  termes  vifs 
»  la  perfévéran<;e  dans  leurs  fentimens  fur  la 
»  célébration  delà  Pâque  finiffam  par  ces  mots  ; 
»  ils  font  venus  chez  moi  nonobftant  ma  petiteffe, 
»  ils  ont  aprouvé  ma  lettre  dans  la  créance  que 
»  je  n'ai  pas  en  vain  des  cheveux  gris ,  &  que 
»  j'ai  paîTé  toute  ma  vieaufervicedu  Seigneur;  « 
le  Pape  fentit  peut-être  un  peu  trop  vivement 
ce  que  l'Evêque  vouloit  dire,  &  dans  les  premiers 
mouvemens  de  fa  colère  il  excommunia  toutes 
les  Eglilés  d'Afie  comme  étant  également  dans 
ime  fauffe  doftrine  ;  mais  cette  excommunication 
ne   fut    pas    aprouvée   par    les  Evêques  ,    qui 
l'exhortèrent  à  conferverla  paix  &  l'union  entre 
les  Eglifes  Chrétiennes.  Eufebe  raporte  la  lettre 
que  S.  Irenée  écrivit  au  Pape,  par  laquelle  il 
lui  remontre  que  le  miftére  de  la  Réiurreilion 
doit  être  célébré  le  Dimanche  ,  &  que  l'on  ne 
doit  point  féparer  de  la  Communion  des  Eglifes 
ceux  qui  obfervent  une  ancienne  Tradition;  il 
n'étoit  pas  pofHble  qu'une  querelle  li  ancienne, 
&  fi  èchaufèe  fe  terminât  facilement  ;  l'hiftoire 
fait  mention  d'un  grand  nombre  de  Synodes  , 
qui  furent  tenus  dans  les  deux  partis  ,  mais  enfin 
l'Empereur  Conftantin  ayant  affemblé  un  Concile 
(Ecuménique  dans  la  ville  de  Nlcée  en  Bithinie 
l'an  325.  dont  Eufebe  /iv.  j.  ch.  3.  &c.  de  la 
vie  de  cet  Empereur  ,  a  rapporté  les  principales 
circonftances ,  ce  Concile  fixa  Pâques  au  Diman- 
che d'après  le  quatorzième  de  la  Lune  de  Mars  , 
c'eft-à-dire  ,  après  la  pleine  Lune  qui  fuit  l'Equi- 
noxe du  Printems  ,  ou  qui  tombe  le  jour  rtiême 
de  l'Equinoxe  ,   lequel  fut  fixé  au  zi.  jour  de 
Mars  ;  &  cetintervale  ne  peut  rouler  que  depuis 
le  22.  Mars  jufqu'au  25.  Avril. 

P àque  fleurie  ,f.f.  [  Domïnica  palmarum.  ]  C'eft 
le  jour  des  Rameaux ,  qui  eft  le  Dimanche  immé- 
diatement avant  Pâque.  La  Floride  a  été  apellée 
de  ce  nom  à  caufe  qu'elle  fut  découverte  le 
jour  de  Pnque  fleurie  ,  le  17.  Mars  de  l'année 
1 5 1  3 .  Voïez  Garcilafjo  de  la  Vega  ,  découverte 
de  la  Floride. 

Pdque  ,  j:  m.  [  Dies  Pafchalis.  ]  Ce  mot   pris    l 
pour    marquer    le   propre   jour    de    Pâque  ,  eft 
mafculin  ,  &c   n'a  point   de   pluriel.    Pâque   eft 
haut  cette  année.    Pâque  étoit  fort  bas  il  y  a 
quelques  années.   Pâque  eft  paffè.  ) 

Fâque  clos.   [Dominica  in  albis,  ]  Cc  mot  efl 


30  P  A  R- 

mafcidin  ,  pour  dire  le  dernier  jour  de  la  quin- 
zaine de  Pâqut  qui  eft  le  jour  de  Quafimodo. 
(  C'cft  aujourd'hui  Pdqut  clos. 

Paq,u£s  ,  f.f.  [  Sucra  fynaxis  cempore  Pafchali.  ] 
Ce  mot  c&  féminin  &  toujours  eft  pluriel ,  pour 
dire  les  dévotions  qu'on  a  fait  pendant  la  quin- 
zaine de  Pilqiie.  (  Mes  Pâques  font  faites.  Faire 
d'abord  fes  Pâques.  ) 

On  dit  proverbialement ,  il  faut  faire  carcme- 
prenant  avec  fa  femme  ,  &  Pâques  avec  fon 
Curé. 

On  apelle  œufs  de  Pâques.  [  Ova  Pafchalia.  ] 
Les  préfens  qu'on  fait  aux  valets  &  aux  enfans 
au  tems  de  Pâques. 

P  AQ.U  H  Bo  T  ,  f.  m.  [  Tabdlaria  navis.  ]  Mot 
Anglois.  C'eft  un  petit  vaiffeau  de  paffage  qui 
fert  aux  paffans  &  aux  Meffagers. 

P  A  Q,u  E  F  I  c  ,  f.  m,  [  Decumanum  vélum.  ] 
Terme  de  Marine.  Voïez  Pacfi. 

PA(i.UER£TE,y^y^  [  Bellis  fylvejlrls  minor.  ] 
Plante  ainfi  nommée  ,  parce  qu'elle  fleurit  vers 
Pâques ,  &  qui  efl  vulnéraire  &  propre  pour 
emporter  les  obftruftions. 

P  A  CLU  E  T  ,  y;  m.  [  Sarcina  ,  fafcis.  ]  Plufieurs 
petites  chofes  attachées  ,  jointes  ,  acouplées  ou 
envélopées  enfemble.  (  Faire  un  gros  ou  un 
petit  paquet.  Fermer  un  paquet  de  lettres.  Ouvrir 
un  paquet  de  lettres.  Acheter  un  paquet  de 
chanvre ,  de  livres ,  de  hardes.  Perdre ,  changer, 
■égarer  un  paquet  de  linge.  Volt.  l.  30. 

■(■  Donner  le  paquet  à  quelqu'un.  \_AUquem  aculeis 
perjlringere.  ]  C'eft  répliquer  d'une  manière 
plaifante  &  fatirique  à  quelqu'un. 

*  Donner  le  paquet  à  quelqu'un.  [  Coplam  alicui 
dare.  ]  Ces  mots  fignifient  auffi  ,  donner  congé 
à  quelqu'un  &  lui  dire  qu'il  fafle  fon  paquet 
pour  s'en  aller. 

*  f  On  dit  en  parlant  d'une  fille  qui  eft 
groffe  ,  qu'elle  a  donne  le  paquet  à  un  tel ,  pour 
dire  qu'elle  l'a  acufé ,  &  qu'elle  dit  qu'elle  eft 
enceinte  de  fon  fait. 

*  Il  faut  hasarder  le  paquet.  \^AUquld  audere.^ 
Proverbe  ,  pour  dire  ,  il  faut  bazarder  &  pour- 
fuivre  quelque  entreprlfe. 

*  \  Le  paquet  de  l'JpoufJe.  [  Viri  pudcnda.  ] 
Ce  font  les  parties  naturelles  de  l'homme.  Dans 
ce  même  fens  on  dit  en  parlant  baflTement  & 
burlefquement  ^  fi  ,  le  vilain  ,  il  montre  fon 
paquet. 

P  A  Q^u  E  T  E  R  ,  V,  <î.  \_In  farcinam  colligere.  ] 
Mettre  en  paquets.  II  ne  fe  dit  guère  ;  on  dit 
plutôt  empaqueter, 

P  A  Q.U  E  u  R  ,/.  OT.  Celui  qui  paque  le  poiffon 
'  falé ,  qui  le  foule  &  qui  le  prcffe  en  l'arrangeant 
dans  les  futailles. 

PAR, 

Par.  [Per. ]  Sorte  de  prépofttlon  qui  régit 
Vacnfatif ,  &  qui  veut  dire,  au  travers  ,  par 
dedans.  (  Paffer  par  la  France.  Paffer  par  une 
Egl.fe.) 

Par.  [  Oh  ,  propter.  ]  A  caufe.  (  Les  richefles 
ne  font  pas  fi  confidérables  par  elles-mêmes  que 
par  l'eftime  qu'on  en  fait.  Abl.  Luc.  Le  plaifir 
de  l'amour  eft  d'aimer  ,  &  on  eft  plus  heureux 
par  la  paflion  que  l'on  a  ,  que  par  celle  qu'on 
donne.  Mémoires  de  Monfîeur  le  Duc  de  la  Roche- 
foucauld. 

Par.  Pendant.  Durant.  (  Ils  partirent  environ 
deux  mille  par  une  grande  pluie.  [  Maxlmo 
imhe.^Ablancourt  j  Rétorique,  liv.  4,  ci.) 


PAR. 

Par.  [  Cum.  ]  Avec.  (  Il  prit  le  diadème  pcO> 
la  permilTion  d'Alexandre.  Faug.  Quint,  liv.  8, 
ch.  iz.  Il  a  fait  cela  par  envie  ,  par  colère, 
par  vengeance  ,  par  fineffe  ,  &c.  Tout  par 
amitié,  rien  parfotce.  Parle  confeil  des  Avocats, 
Par  ce  moïen.  ) 

On  dit ,  aller  par  eau  ,par  terre  ,  par  le  coche, 
&c.  par  tout  le  monde  ,  par  mer  &  parterre , 
&c.  par  defl'us  ,  par  deffous  ,  par  devant ,  pag 
derrière ,  par  le  haut  de  la  montagne ,  &c. 

*  Il  fe  laiffe  mener  par  le  nez. 

Par-fois,  c'eft-à-dire,  quelquefois.  [Aliquando.y 

Par  hazard  ,  par  avanture  ,  par  accident, /a/" 
bonheur ,  />iîr  raillerie  ,  &c. 

Par  après  ,  n'eft  plus  en  ufage.  Faugelas  ,  Rem, 
Zl5.   &  l' Académie. 

Jetter  par  terre  quelqu'un  ,  ou  quelque  chofe. 

Par.  [  Per.  ]  Cette  prépofition  fe  met  au  miliei» 
de  ces  mots ,  à  la  confidération  ,  ou  en  confidc- 
ration  de.  (  Je  vous  conjure  par  notre  amitié 
de  ,  &c.  Elle  eft  confidérable  par  fa  vertu  ,  par 
fa  beauté  &c.  ) 

Par,  Cette  prépofition  fe  met  avec  un  vtrht. 
paffif ,  &  tient  lieu  de  la  prépofition  Latine  <è 
ou  ab  :  (  Il  a  été  tué  par  un  de  fes  meilleurs 
amis.  Il  fe  laifTe  mener  par  fa  femme.  Il  3> 
commencé  fon  difcours  par  une  interrogation.  ) 

La  prépofition /?«/■  entre  encore  dans  beaucoup 
d'autres  phrafes.  Tout  par  amour  &  rien  par 
force.  Il  m'a  juré  par  fa  foi  qu'il  m'aimerois 
toujours.  Par  manière  d'aquit.  Il  eft  toujours 
par  voye  &  par  chemin.  Il  s'eft  répandu  un  bruifi 
par-ci ,  par-là.  [  Paffim.  ]  Il  a  des  dettes  par» 
deffus  la  tête.  Parci-devant ,  parci-apris.  Par-blet* 
ou  par-bieu  ,  en  faifant  femblant  de  jurer.  Pa$ 
votre  permifjîon.  De  par  le  Roy. 

Par-ainfi  ,  eft  mauvais.   Vaug,  Remarq.  çzi 

Parabole, y;  y.  [  Parabola  ,  allegoria.  J 
Efpéce  de  fimilitude  &  de  comparaifon.  Oix 
peut  dire  en  général  que  la  parabole  eft  une 
manière  de  petite  hiftoire  qu'on  imagine  pouf 
marquer  une  vérité  de  Morîile  ou  de  Religion, 
La  parabole  a  deux  parties  ,  le  corps  &  l'ame. 
Le  corps  eft  le  récit  de  l'hiftoire  qu'on  a  ima* 
ginée  ,  &  l'ame  le  fens  moral  ou  miftique  ^ 
caché  fous  les  paroles  du  récit.  (  Faire  unçr 
parabole,  Jefus-Chrift  parloit  en  paraboles.  Expli- 
quer une  parabole.  Entendre  une  parabole.  Nouv, 
Teflament,  ) 

ijH^  Les  paraboles  ont  beaucoup  de  raporÇ 
avec  les  comparaifons  ,  félon  Longin,  ch,  Ji, 

Parabole.  [  Parabola.  }  Terme  de  Géométrie» 
C'eft  une  figure  géométrique  ,  qui  eft  courbe 
&  infinie  ,  &  l'une  des  feftions  coniques  qui 
fe  fait  quand  un  plan  coupe  un  cône  hors  dq 
fon  fommet ,  &  qu'il  eft  parallèle  à  l'un  deç 
cotez  du  cône. 

P  AR  a B  o  L I  Q.U  li ,  adj.  [Parabolicus.  ]  Terme 
de  Géométrie.  Il  fe  dit  dit  d'un  ouvrage  taillé 
en  figure  de  parabole.  (  Miroir  parabolique.  On 
apelle  auffi  difcours  parabolique  ,  un  difcour^ 
qui  tient  de  la  parabole.  ) 

Paracentèse  ,  f.f.  [  Paracentefîs.  ]  Terme 
de  Chirurgien,  C'eft  une  opération  de  chirurgie 
pour  évacuer  l'eau  du  ventre  des  hydropiques. 
(  La  paracentéfe  eft  dangereufe  pour  le  malade. 
Faire  une  paracentéfe.  ) 

■j"  PARACHtvFMENT,y^  m.  [  Operis  confummatio.'\ 
Achèvement  ,  fin  &  perfection  de  quelque- 
ouvrage. 

Parachever,  V.  a.  [  Perficere.  ]  Ce  mot 
fignifie  achever,  terminer,  mettre  fin  à  quelque 


PAR. 

ouvrSge  &  le  rendre  parfait.  {Pamchcvcr  un 
bâtiment.  )  On  dit  ordinairement  achever. 

Pj.Tach.ever.  Terme  de  Doreur  fur  métal.  C'eft 
étendre  fur  l'argent  ou  le  cuivre  qu'on  veut 
dorer,  l'or  moulu  &  le  vif-argent ,  amalgamez 
cnfemble  ,  avec  l'avivoir  ou  le  grate-boefl'c. 

P  A  R  A  c  L  E  T  ,  /.  ;«.  [  Paracktus.  ]  Nom  qu'on 
donne  dans  l'Eglife  au  Saint  -  Ei'prit  ,  &c  qui 
veut  dire  Confolatcur. 

Parade,//.'  [Pompa  ,  aparatus.']  Ornement. 
Habits  fuperbes  &  magnifiques.  (  L'armée  des 
Macédoniens  néglige  cette  vaine  parade ,  & 
elle  n'a  foin  que  de  fc  confervcr  inébranlable. 
yaug.  Quint,  liv.  J.  f/z.   2. 

L'Alemagne  a  fort  étalé 
Le  meriie  de  cette  aubade. 
Et  par  tout  elle  en  fait  pa'ade ,' 
Comme  il'un  fuccez  fignalé. 

Abé  Régnier  ,  Voyage  de  Munieli. 

Chambre  Aq  parade.  Lit  de  parade.  On  expofe 
les  Princes  morts  fur  un  lit  de  parade.  Habits 
àQ parade.  Chc\2L\xx  àe parade.  Porter  des  prcfens 
en  parade.  Porter  les  dépouilles  des  ennemis 
en  parade.  ¥^\rc  parade  de  quelque  chofç  ,  &c.) 
Parade  ,  f.f.  [  ReprcJer2[atio.'\Termc  à'Oficier 
d'infanterie.  Ce  mot  de  parade  fe  dit  iorfqu'un 
Capitaine  d'Infanterie  ou  autre  Ofîcierfe  rend  , 
au  meilleur  état  qu'il  peut ,  à  l'on  Bataillon  ,  à 
fon  Régiment  ou  à  fa  Compagnie  pour  y  prendre 
fon  rang  &  y  faire  les  fondions  de  fa  charge. 
■(  Les  Capitaines  font  obligés  de  fz\re parade.  ) 

Parade.  [  Ofientatio  habitas.  ]  Terme  de  Danfeur 
de  corde  &  ai" autres  gens  de  cette  forte.  Le  mot  de 
parade  fe  dit  lorfque  les  facétieuv  &  quelques 
danfeurs  de  la  troupe  paroiflent  devant  la  maifon 
où  ils  joiient ,  fur  ime  forte  de  balcon  qui  efl: 
fait  de  grands  &  de  gros  ais ,  &  qui  eft  d'ordi- 
naire ,  élevé  à  fept  ou  huit  pieds  de  terre ,  & 
que  fur  ce  balcon ,  où  il  y  a  le  plus  fouvent 
des  violons  qui  jouent  ,  les  facétieux  difent 
mille  froides  plaifanteries,  &  les  danfeurs  font 
divcrfes  fortes  de  pollures  pour  attirer  le  badaut 
&  le  bourgeois  ,  &  le  faire  entrer  au  lieu  où  ils 
jouent.  (  Faire  parade.  ) 

Parade  ,  f- f  [_  Icîiis  repulfo.']  Terme  de  Mettre 
d'armes.  C'eft  la  manière  de  parer  le  coup  qu'on 
j porte.  Sçavoir  toutes  les  bonnes  &  méchantes 
parades.  Les  parades  en  forme  de  cercle  font 
bonnes  &  utiles.  Faire  une  parade.  S'attacher 
à  une  bonne  parade.  Négliger  la  parade  de  l'cpée. 
Revenir  à  la  parade  ,  &c.  Liancourt  ,  Maître 
d'armes.  Il  y  a  autant  de  fortes  de  parades  aiie 
de  coups  &  d'attaques. 

Parade ,  fe  dit  aufli  en  terme  de  Manège ,  de 
l'arrêt  d'un  cheval  qu'on  manie.  (  Ce  cheval 
eft  fur  à   la  parade.  ) 

On  dit ,  il  faut  éviter  de  faire  parade  de  fon 
efprit.  [  Oftentationis  ingenii  vit.-inda  efl  fnfpicio.^ 
Tz'ne parade  defes  bleffures.  [OJIentare  cicatrices.] 
Cette  vieille  guenon  eft  venue  faire  ici  parade 
de  fes  vilains  os.  [.^dvenit  hue  fe  ofentatum 
cum  exornatis  ofjîbus.  ] 

Paradis,/!  m.  [  Beatorum  fedes.  ]  Lieu  où 
font  les  Bien-heureux.  [  Il  eft  en  Paradis. 

Quoi  donc ,  cher  Renandot ,  un  C!-.ri.';icn  cîTiovaWe 
Qui  jamais,  fervant  Dieu  ,  n'eut  d'objet  que  le  diable. 
Pourra  ,  marchant  toujours  dans  des  (entiers  nwudits  , 
Par  des  formalités  gagner  le  l'arad'is  ? 

Dcfprèaux.  ) 

Paradis  terreflre.  [  Paradifus.  ]  Lien  délicieux 


PAR.  31 

où  Moïfe  raconte  que  Dieu  avoit  mis  Adam 
&  Eve. 

*  Venife  fe  doit  nommer  à  cette  heure  le 
paradis  de   la  terre.     Voit.  let.  8G. 

f  Elle  m'a  fait  voir  le  paradis  dans  l'enfer  où 
je  fuis.   Voit. 

*  En  me  tirant  d'erreur  il  m'ôte  du  paradis. 
Defprèaux  ,  Satire  ^. 

Les  Prédicateurs  font  comme  les  m.archands, 
ils  furfont  le  paradis  en  chaire  ,  mais  ils  Ip 
donnent  à  meilleur  marché  au  confeffional. 

Paradis.  Terme  de  Comédien.  Efpcce  de 
galerie  au-deffus  des  loges  de  l'hôtel  des 
Comédiens  d'où  l'on  entend  la  Comédie. 

Paradis  ,  f.  m.  Terme  à'Eg/if:  Romaine.  C'eft 
une  Chapelle  qu'on  pare  la  femaine  Sainte  plus 
qu'à  l'ordinaire  ,  qu'on  va  vifiter  ,  &  devant 
laquelle  on  prie  pendant  les  jours  ciu'on  va  à 
ténèbres.  (  On  dit ,  il  y  aura  la  femaine  Sainte 
un  beau  Paradis  au  Val  de  Grâce.  Le  Paradis 
de  Nôtre-Dame  éfoit  fort  joli.  Aller  voir  les 
Paradis.    Vifiter  les   Paradis.^ 

Le  Paradis  de  Mahomet.  C'eft  un  lieu  que  ce 
faux  Prophète  a  feint  &  imaginé  ,  où  il  fait 
efpérer  à  ceux  qui  fuivront  fa  Loi  ,  toutes 
fortes  de  piailirs  fenfuels. 

Oifeau  de  paradis.  [  Manucodiata.  ]  C'eft  une 
forte  d'oifeau  qu'on  dit  qui  n'a  point  de  pieds , 
qui  vole  prefque  toujours  &  ne  vit  que  de 
mouches. 

Graine  de  paradis.    Voïez  Maniquette. 

Pomme  de  paradis.  On  donne  ce  nom  à  une 
efpéce  de  pomme  rouge  ,  qui  fe  manee  en 
Etc. 

P  A  r  A  D  o  X  E  ,  y;  OT.  [  Paradoxnm.  ]  Mot  oui 
vient  du  Grec  ,  &  qui  veut  dire  ,  fentiment 
contraire  à  l'opinion  commune.  (  C'eft  un  paradoxe 
que  cela.  ) 

L'opinion  de  Copernic  qui  foutient  le  mou- 
vement de  la  terre  eft  un  paradoxe  félon  le 
peuple  ,  &  une  vérité  très-décidée  parmi  les 
Sçavans.  (  Humiliez  -  vous  ,  raifon  imbécile, 
connoiffez  ,  fuperbe  ,  quel  paradoxe  vous  êtes 
à  vous  -  même.  ) 

Paradoxe  ,  adj.  Une  propofition  paradoxe.  Un 
fentiment  paradox. 

P  A  R  A  G  E  ,  /  7«.  [  Maris  plaga.  ]  Terme  de 
NavigLition.  Etendue  de  mer  fous  quelque  Inri- 
tude  que  ce  puiffe  être.  (  Connoître  le  parage 
où  l'on  eft.  ) 

Parage  ,  f.  m.  [^jEqualis  nobilitas.]  Vieux  mot 
qui  fignifioit  égalité  de  condition  entre  Nobles. 
Originairem.ent  il  figniiioit  noblefle  ,  parce  que 
tous  les  Nobles  prétendent  parité  ou  égalité 
de  Noblefie. 

§^  Le  Parage  eft  un  droit ,  en  vertu  duquel 
une  petite  partie  du  fief  eft  poffédée  par  les 
puifnez  ,  &  leurs  defccndans,  fans  être  obligez 
de  prêter  la  foi  &  hommage  à  l'aîné  ,  qui  en 
pofféde  la  plus  grande  partie.  L'aîné  eft  apellé 
paragier  ,  dans  les  Ufances  de  Saintonge  &C 
dans  la  Coutume  de  Poitou  ,  art.  26'.  le  Chemier. 
Voïez  Bechet  fur  ces  Ufances  ,  &  Ragueau. 

^f^  Le  terme  de  parage  eft  un  abrégé  de 
parentage  ,  mais  d'un  parentage  noble ,  &  même 
du  parentage  de  la  ligne  mafcuiine  ;  car  félon 
Philipe  de  Beaumanoir  ,  ch.  45.  gcntiteffe  efl 
toujours  raportée  de  par  les  pères  ,  &  non  de  par 
les  mcres.  Etre  de  haut  parage  ,  c'eft  être  deC-' 
cendu  d'une  fuite  d'ayeux  illufires  &  anciens^^^^ 
fans  rien  emprunter  des  aycules.  Ainfi  l'Auteu'Ég"-' 
du  Roman  Garin  a  dit  : 


31 


P  A  R. 

Là  es-tu  riche  &  trop  de  liaut  piiragt , 
Quatorze  Comtes  as-tu  de  ton  lignage  ? 


^j'Le  Prcfident  Fauchet , /'<î^e  492.  explique 
ce  terme  ;  Paragc ,  dit-il ,  parcage  &  parentage 
eft  tout  un  ,  le  commencement  d'une  oraifon 
à  la  Ficrgc  Marie  toute  commune  ,  dit  : 

A  toi ,  Reine  de  \a\xt  parafe. 

Et  au  Roman  d'Alexandre  , 

Gadifer  fut  moult  preux ,  d'un  Arabi-lignage  ; 
En  Berri  fut  nourri ,  &  cil  de  fon  parage. 

Et  au  Dit  intitulé  ,  pour  orgueilleux  humilier, 
comporé  environ  l'an  m.  ce.  i. 

Aux  vers  de  droit  héritage 
Sera  beau  corps  &  beau  vifage. 
Jamais  n'y  aura  avantage  , 
Tant  eût  été  de  haut  parage. 
Qui  ne  devienne  pourriture. 

Au  Roman  de  Morangis  ,  compofé  par  Raoul 
de   Houdan,  environ  l'an  m.  ce. 

Et  telle  eft  gcnte  de  lignage 
Je  fuis  aflcz  de  haut  p.inigi 
Mon  père  fut  parent  de  Roy. 

'Le  parage  eft  donc  une  crpéce  de  tenure  entre 
frères  d'une  ancienne  noblcffe.  Du  Chcine  a 
inféré  dans  les  preuves  de  l'hiftoire  de  la  Maifon 
de  Montmorency  ,  page  i6z.  une  ancienne 
tranfaftion  de  l'an  m.  ccc.  lxxix.  où  il  eft  convenu 
que  certains  fiefs  feroient  tenus  en  parage  par 
Robert  de  Touteville  &  Marguerite  de  Mont- 
morency. Cette  tenure  eft  expliquée  dans  la 
Coutume  de  Normandie  ,  &  particulièrement 
dans  celle  de  Poitou  depuis  l'article  ii8. 

Haut  parage.  Etoit  un  grand  fief ,  comme 
ceux  des  Pairs  &  des  Seigneurs  mouvans 
immédiatement  du  Roi. 

Une  femme  de  haut  parage,  [  Mulier  nohiliffîmce 
profapiœ.  ]  Pour  dire  de  très-noble  parenté  & 
extraftion. 

P  A  R  A  G  F.  A  U    ou  P  A  R  A  G  E  R  ,/  W.  Qul  tient 

fief  avec  un  autre. 

Paragoge  ,  f-  f-  Terme  de  Grammaire, 
Allongement  ,  addition  d'une  filabe  au  bout 
d'un  mot ,  comme  dicier  pour  dici. 

Se  Paragonner  ,  v.  r.  [  Variegare.  ]  Terme 
de  Fkurijle.  Il  fe  dit  des  tulipes  ,  &  fignifie  , 
revenir  tous  les  ans  avec  un  panache  beau 
&  net.  (  Quand  les  plaques  demeurent  bien 
diftinftes  des  couleurs  &  du  panache  ,  on  doit 
cfpérer  que  la  tulipe  fc  paragonnera  tous  les 
ans.    Culture  des  fleurs  ,  ch.  z. 

Paragraphe,/.  7w.  [  Paragraphes.  ]  Mot 
qui  vient  du  Grec ,  &  qui  parmi  les  Jurifcon- 
fultes  ,  eft  pris  pour  une  partie  d'une  loi ,  d'un 
chapitre  ,  ou  d'un  titre.  (  La  loi  féconde  ,  au 
paragraphe  fécond  ,  dit  Pacru  plaid.  6.  ) 

Un  homme  à  paragraphe  eft  un  joli  Galand. 

P.  Corneille ,  Menteur  ,  aCi.  t.  fc.6. 

Paragraphe  ,  fe  prend  auflî  pour  la  marque 
qu'on  oppofe  à  une  feftion  ,  à  un  chapitre. 
(  Mettez  un  paragraphe  dans  cet  endroit.  ) 

■\  Paraguante,  f.f.  [  Donum.  ]  Mot 
qui  vient  de  l'Efpagnol  ,  &  qui  veut  dire  , 
une  forte  de  gratification  ,  une  forte  de  don. 
Voiez  Covarruvias,  (  Il  a  eu  fa  paraguante.   On 


PAR. 

lui  a  donné  fa  paraguante.  )  Ce  mot  fe  prend 
fouvent  en  mauvaiîe  part  ,  pour  un  préfent 
qu'on  fait  pour  tenter  la  fidélité  de  quelqu'un  , 
pour  le  corrompre. 

■f  P  a  R  A  1  N  s  I  ,  adv.  [  Ergo  ,  itaque,  ]  Mot 
hors  d'ufage  ,  au  lieu  duquel  on  dit  ,  ain/î. 
f^aug.   Rem. 

Paraisonnier  ,  f.  m.  Terme  de  Verrerie, 
C'cft  celui  qui  fouffle  les  glaces  à  miroir. 

Parakinancie,/.  /!  Terme  de  Médecine^ 
Efpéce  d'efquinancie  qui  attaque  les  mufcles 
externes  du  larinx.  Acad.   Franc. 

Paralaxe.  (Parallaxe.)  [  Paralaxïs.  ] 
Ternie  ^ Aflronomie  &C  de  Phyflque.  Plufieurs 
font  ce  mot  féminin  ,  mais  quelques-uns  le 
croyent  mafculln.  C'eft  la  diflance  qu'il  y  a  du 
lieu  artificiel  d'une  étoile  au  lieu  aparent.  C'eft 
l'angle  fait  par  deux  rayons  qui  partent  ,  l'un 
du  centre  de  la  terre  ,  &  l'autre  d'un  endroit 
de  fa  furface  ,  qui ,  fe  traverfant  dans  le  corps 
d'un  aftre  ,  vont  aboutir  à  deux  points  du  Firma- 
ment ,  entre  lefquels  on  prend  un  arc  d'un 
grand  cercle  ,  qui  eft  la  mefure  de  cet  angle 
de  la  paralaxe.  (  Il  y  a  diverfes  fortes  de 
paralaxe ,  de  hauteur  ,  de  latitude  ,  de  longitude, 
d'afcenfion  droite  ,  de  déclinalfon  ,  &c.  La 
paralaxe  de  la  Lune  au  Soleil.  Lorfqu'un  aftre 
eft  plus  proche  de  la  Terre  ,  la  paralaxe  eft 
plus  grande.  La  plus  grande  de  toutes  les  para- 
Laxes  ,  c'eft  l'horizontale,  Lorfqu'un  aftre  eft 
vertical ,  il  n'y  a  point  de  paralaxe.  O^an.  Dicl, 
Math.  Connoître  la  paralaxe  du  Soleil,  lioh.  Phif. 

Que  l'aftrolabe  en  main  un  autre  aille  chercher 
Si  le  Soleil  eft  fixe  ,  ou  tourne  fur  fon  axe. 
Si  Saturne  à  nos  yeux  peut  faire  un  paralaxe, 
Defprèaux y  Epitre  à  M,  de  GuilUragues.'^ 

PARALiPOMENES,y]/w.  plur.  Ce  qul  a  été 
omis  dans  quelque  ouvrage  ou  traité.  Les 
Paralipomenes  font  aufli  un  des  livres  de  la 
Sainte   Ecriture. 

Paralitse,//;  [  PrœtermiJJlo.  ]  Figure 
de]  Réihorique.  Feinte  qu'on  fait  de  vouloir 
omettre  quelque  chofe  qu'on  dit  pourtant. 

Paralisie,  (Paralysie.)  [  Paralyfts , 
nervorum  refolutio.  ]  Terme  de  Médecine.  C'eft 
une  privation  ou  diminution  confidérable  du 
fentiment  &  du  mouvement  volontaire  ,  ou  de 
l'un  des  deux  ,  en  conféquence  du  relâchement 
des  parties  nerveufes  &  mufculeufes  ,  fuivi 
quelquefois  d'atrophie  ,  de  débilité  de  pouls  , 
&  d'autres  fimptômes.  h-i  paralijîe  eik  parfaite  , 
quand  le  paralitique  eft  privé  du  mouvement  Sc 
du  fentiment  tout  enfemble.  Elle  eft  imparfaite  , 
quand  l'un  des  deux  eft  aboli  ,  &  que  l'autre 
fubfifte.  (  Fâcheufe  ,  dangereufe  paralifie.  Avoir 
une  paralifie,  )  Ce  mot  vient  du  Grec  w«(jaXv», 
je  relâche. 

Par  ALIX  iQ.T-'E  )  (  Paral  YTiÇi.u  t.)  f.  m. 
[  Paralyticus.  ]  Qui  a  une  paralifie.  Qui  eft 
perclus  de  fes  membres  ,  ou  quelques-unes  des 
parties  de  fon  corps.  (  Jefus  dit  au  Paralitique  y 
vos  péchez  vous  font  remis.  Nouv.  TeJI,  Ce 
mot  eft  auflî  adjecHf.  On  dit  un  Paralitique ,  8c 
un  homme,  tme  femme  paralitique, 

f  *  Hé  bien  !  me  dit-elle  ,  pauvre  paralitique, 
êtes-vous  venu  ici  tout  entier  ?  Htfloire  amou- 
retife  de'  France  ,  page  lOO. 

P  A  R  A  L  L  E  LE  ,  y.  /w.  [  Comparatto  ,  collatio.  ) 
Comparaifon  qui  fe  fait  d'une  perfonne  avec 
une  autre,  he  parallèle  d'Alexandre  ôc  de  Céfar. 
Faug.  Remarq. 

Ménage 


P  A  R. 

Mértage  a  fait  un  long  difcoiirs  fur  le  ternie 
paralUlc  ,  au  propre  èc  au  figure.  Vaiigelas  parle 
aufli  de  ce  mot.  Selon  lui  ,  parallèle  tÙ.  maj'cuiin 
dans  \e  Jiguré  ;  il  eft  vrai  que  dans  le  propre , 
félon  que  les  Géomètres  le  définiffent,  on  ne  le 
met  guère  tout  leul ,  que  Ion  ne  dile  ligne  en 
même  tems.  :  une  ligne  parallèle  ,  Jeux  lignes 
parallèles  ,  &  alors  il  eft  adjectif:  mais  dans  le 
figuré  il  arrive  à  ce  mot  deux  choies ,  l'une  que 
à'adiectif(\u'\\  étoit  au  propre,  il  àé\'icntful>Jlanti/ 
au  figuré  ,  ne  voulant  dire  autre  choie  que 
comparai/on  ,  l'autre  qu'au  propre  on  l'écrit 
partielle  félon  fon  origine  Grecque ,  fuivie  des 
Latins  ,  &  au  figuré  il  change  d'ortographe  par 
la  bizarrerie  de  l'ufage  ,  le  paralelle  d'Alexandre 
&de  Céfar,  &c.  Mais  Meneurs  de  l'Académie, 
n'ont  pas  été  de  l'aVis  de  Vaugelas  ,  &  ils  ont 
décidé  qu'il  faut  toujours  écrire  p.irallele. 

Parallèle  ,  f.f.  [  Parallela.]  Ligne  parallèle. 
{ Tirer  une  ligne  parallèle.  ) 

Parallèle  ,  adj.  [  Paralklus.  ]  Terme  de  Géo- 
métrie &  de  Géographie,  Ce  qui  eft  également 
diftant  de  quelqu'autre  chofe.  {\J\gne parallèle. 
Cercles  parallèles  les  uns  aux  autres  ,  Roh.  Phif.  : 
Parallèles,  On  apelle  ainli  les  cercles  de  la 
Sphère  qui  fervent  à  diftinguer  les  latitudes , 
les  zones  &  les  climats  ,  parce  qu'ils  font 
parallèles  à  l'équateur ,  &  qu'ils  le  font  entr'eux. 
Parallélépipède  ,  /•  m,  [  Parallelepipedum.  ] 
Terme  de  Géométrie,  Corps  lolide  enferme  par 
plufieurs  faces  parallèles  les  unes  aux  autres. 
C'eft  un  priime  terminé  par  ilx  parallélogrammes, 
dont  les  opofez  font  de  deux  en  deux  iémblables, 
parallèles  &  égaux.  O^an,  Dici.  Math,  (  ParalLle 
reâangle  ,  ou  oblique.  ) 

Parallélisme  ,  f.  m.  {^Parallelifmus.  ]  Terme 
de  Gèornètne  &  d'Optique,  C'eft  la  fituation  de 
deux  lignes  ou  furfaces  parallèles.  Il  fe  dit 
particulièrement  en  terme  d'Optique  ,  où  l'on 
parle  du  parallélifme  des  rayons. 

Parallélogramme,  f.m.  [P.irallelogramm^i.] 
Terme  de  Géométrie.  C'eft  une  figure  plane  , 
terminée  par  quatre  lignes  drones  dont  les 
opdfées  deux  à  deux  font  égales  &:  pnralléks. 
(  Parallélogramme  reftangle  ou  oblique.  Décrire 
un  parallélogramme.  Port- Roy  il,  ELm.  Je  G^cO/n.) 
Paralogisme,  y.  7w.  [  Paralogifmui,  ]  Mot 
qui  vient  du  Grec  &  qui  veut  dire  ,  mauvais 
ralibnnement.  Sophifme.  (  il  n'eft  pas  inutile 
de  reprélenter  les  principales  foiirces  des  mauvais 
raifonnemens  qu'on  apelle  lophifmes  ou  paralo- 
gifmes,  Port-Royal,  Art  de  parler  ,  2-  p-  c,  i8. 
Il  y  a  fept  ou  huit  fortes  de  paralogiÇmes  qui 
méritent  d'être  remarquez.  Les  impies  &  les 
Pirrhonicns  font  de  grands  faifeurs  de  para- 
logijmes,  ) 

f  Parangon,/.  OT.  [  Comparatio.  ]  Vieux 
mot  qui  ne  fe  dit  plus  dans  l'ufage  ordinaire 
qu'en  riant  ,  Si  qui  veut  dire  comparaifon 
parallèle.  (  Mettre  une  perfonne  en  parangon 
avec  une  autre.) 

j-  Parangon.  [  Prototyptis.  ]  Vieux  mot  qui  ne 
peut  entrer  aujourd'hui  que  dans  le  comique  , 
&  qui  veut  dire ,  modèle  achevé ,  fur  lequel  on 
fe  doit  conformer.  (  ■\  C'eft  un  parangon  de 
fagefl'e  &  de  doftrine.  Abl.  Luc.  tir.  i.  p.  40-) 
«(;_5  M.  Lancelot  le  dérive  du  mot  Grec  ••  »f«>- 1  , 
mettre  l'un  contre  l'antre. 

Parangon.   On  apelle  perle  parangon  ,  diamant 
parangon  ,    les    perles   &    les    diamans  qui    fe 
diftinguent  par  leur  groflcur  ,  par  leur  beauté 
&  par  leur  prix. 
Tome  IJI. 


PAR.  35 

Parangon.  [  Marmor  airtuii.  ]  Efpéce  de  marbre 
fort  noir.  Quelle  forte  de  marbre  eft-cc  là  ? 
C'eft  du  parangon.  ) 

Parangon.  Terme  d' Imprimeur.  Caractère  entre 
la  paladine  &  le  gros  texte. 

•{•  Pa  R  an  GO  N  N  E  R  ,  V.  a.  [  Confcrrt.  ]  Vieux 
mot  qui  fignifie  mettre  en  coniparailbn;  comparer 
deux  choies  pour  en  connoître  l'uleniitè.  Ceux 
qui  travaillent  aux  rentes  Seigneuriales  fe  fervent 
de  ce  terme  ,  lorfqu'après  avoir  fait  un  nouveau 
Terrier  fur  les  anciens  ,  on  parangonne  les  uns 
avec  les  autres  ,  pour  reconnoître  s'il  n'y  a 
rien  de  plus  ou  de  moins  dans  le  nouveau 
Terrier. 

\  Se  parangonner  ,  v.  n.  \_Sefe  confirre,"]  Ce 
mot  eft  vieux.   Dites  ,  fe  comparer. 

Paranimphe  ,  (  Paranymphe.  )  [  Pronubus  , 
Paranywphus.  ]  Ce  mot  eft  originairement  Grec. 
Les  Grecs  itpelloient  Paranimphes,  ceux  qui  lelon 
la  coutume  condiiifoient  l'époufe  dans  la  mailon 
de  ion  mari  ;  ils  donnoient  le  nom  de  Nymphes 
aux  époufées.  Julius  Poilus  liv.  j.  ch.  J.  n.  ,;ci. 
dit  que  !on  apeiloit  a  «  A  «  les  dons  que  l'époux 
faifoit  à  fon  èpoufe,  t  rvuifi,  ^  &  «to  //ç-i,'/a, 
l'habit  que  l'époufe  viuti  envoyoit  à  fon  époux 
T  ï  ■»(..  Les  Romains,  qui  obfervoient  la 
même  cérémonie  dans  la  conduite  de  rèpoulèe, 
apolloient  pronubus  le  condudlcur  ,  &  prorv.iha  , 
fi  c'étoit  une  femme  qui  eut  cet  emploi.  Feftus 
a  dit  :  pronnba  adhibebantur  nuptiis  qux  femel 
nupfrunt  cuufa  aufpicii  ,  ut  fingulare  pcrfeveret 
nuitrimonium.  Et  IfiJore  lib.  9.  pronnba  diîîa  eo 
quod  nuhentihus  prœljl  ,  qttxque  nubentem  viro 
conjnngit ,  ipfa  ejl  &  paranympha.  Cette  conduite 
fe  faifoit  avec  des  clrconftances  finguHeres.  Je 
fupofe  les  cérémonies  ufitées  dans  les  (iançaiiles. 
&  les  facrifices  acomplis  fuivant  la  coutume, 
le  jour  ayant  cédé  la  place  à  la  nuit  ,  on  le 
mettoit  en  état  de  conduire  l'èpoufée  chez  Ion 
m:iri  ,  &  l'on  commer^çoir  par  mettre  les  hardcs 
de  I  époufée  dans  un  jianier  d'ofier  ,  que  Feftus 
apelle  cumerum  ,  &  dont  le  porteur  étoit  fuivi 
de  plufieurs  femmes ,  portant  dans  leurs  mains 
une  quenouille  avec  le  lin  ou  la  fiiace  ,  qu'elles 
mettoicnt  fur  un  fufeau  ;  les  parens ,  les  amis 
&  l'épovix  marchoient  enfuite  ,  fuivis  de  trois 
jeunes  garçons  ,  vêtus  d'une  robe  blanche  bordée 
de  pourpre,  que  l'on  apeiloit  patrini  &  matrini, 
dont  l'un  portoit  un  flambeau  allumé  ,  &  qui 
étoit  tait  d'une  branche  d'épine  blanche  ;  parce 
que  félon  le  témoignage  de  Varron  &  de  Feftus, 
cette  efpéce  de  bois  étoit  heureufe  &  de  boa 
augure  ,  &  qu'elle  chaiToit  les  enchanremens  , 
que  les  Romains  craignoieni  extrê.mement.  Si 
nous  en  croyons  Pline  liv.  16.  ch.  18 ■  on  portoit 
plufieurs  flambeaux  que  les  amis  communs  ta- 
choient  d'enlever  ,  de  crainte  que  les  mariez 
n'en  filTent  un  ufage  de  mauvais  augure  ,  &  qui 
préfageoit  la  mort  prochaine  de  l'un  ou  de 
l'autre.  Ce  n'eft  pas  encore  tout  ce  que  l'on 
faifoit  dans  l'entrée  de  l'ènoufe  ;  Pline  &  Virgile 
nous  aprcnnent  que  l'époufe  étant  arrivée  à  la 
porte  de  la  maifon ,  les  parens  &  le  mari  même 
jettoient  des  noix  aux  enfans  qui  accouroient 
dans  la   rue. 


Tihi  ducïtur  Uxor  i 
; .  nuces. 


Sp.irge  ,  M.iritf  ,  nuce. 

dit  Virgile  dans  fon  Eclogue  hnitiéme.  Servius 
a  donne  plufieurs  raifons  de  cet  ufage  :  les  noix  , 
dit-il  ,  étoient  de  bon    augure  ;   elles  ètoient 

E 


34  PAR. 

confacrccs  à  Jupiter  ,  ce  qui  les  rencloit  refpec- 
tablcs.  Il  ajoute  que  l'on  jettoit  des  noix  aux 
petits  enf'ans ,  afin  que  le  bruit  qu'ils  feroient  en 
'^  les  ramaffant ,  empêchât  d'entendre  les  plaintes 
de  l'époufe  ,  ou  enfin  pour  marquer  que  le  mari 
abandonnoit  les  divertiflTemens  des  cnfans  , 
qui  faifoient  plufieurs  jeux  avec  des  noix  , 
pour  ne  s'apliquer  qu'aux  affaires  férieufes  & 
domeftiques. 

Paranimplie.  Terme  de  Théologien.  Les  para- 
nimphcs  iont  des  aftes  de  la  faculté  de  Théologie, 
qu'on   célèbre   tous  les  deux  ans   à  la  fin  de 
chaque  licence  ,   quelques  jours  avant  que  les 
Bacheliers  reçoivent  la  béncdiûion  duChancelier 
de  Nôtre-Dame.  Autrefois  c'étoit  ce  Chancelier 
lui-même  qui  faifoit  cette  cérémonie  ;  il  adrcfl'oit 
la  parole  à  chaque  Bachelier  en  particulier ,  à 
qui  il  donnoit   des  louanges  ,   ou  faifoit   des 
reproches  ,  félon  qu'il  s'étoit  conduit  pendant 
le   cours  de  la  licence.    Depuis    long-tems   le 
Chancelier  s'eft  déchargé  de   cette  fonftion  fur 
des    Bacheliers    qui    le   repréfentent  ,    &   qui 
reçoivent    de  lui  une   bénédiftion   particulière 
pour  cela.  On  en  choifit  un  dans  chaque  famille 
dont  la  faculté  eft  compofée  ;  le  jour  marqué 
ce  Bachelier  fait  un  difcours  fur  tel  fujet  qu'il 
a    voulu    choifir  ;    il    apoftrophe    enfuite    fes 
Confrères  en  vers  Latins  ;  chacun  lui  répond  de 
la  même  manière.  Dans  l'intervale  du  difcours 
&  des  vers  on  diftribue  des  dragées  aux  Dofteurs 
&  aux  perfonnes  notables  qui  fe  trouvent  dans 
l'Aflemblée.  Quelques  jours  avant  cette  céré- 
monie ,  les  Bacheliers  vont  en  corps  inviter  les 
Cours    Souveraines  ,   &    les    Jurifdiftions    du 
Châtelet&  de  l'Hôtel  de  Ville.  Un  Religieux, 
qui  eft  toujours  le  préfenté  des  Jacobins  ,  parle 
au  nom  de  tous  ;  il  prie  les  Magiftrats  d'honorer 
les  paranlmphis  de    leur  préfence  ,  &   il   leur 
nomm;  les   jours  &  les  endroits  ou  ces  aftes 
doiv.'nt  fe  célébrer.  Chaque  Maifon  fournit  fes 
paranimphis  à  part ,  mais  en  des  jours  différens  , 
c'eft-à-dire ,  la  Maifon  de  Sorbonne  ,  celle  de 
Navarre  ,  les   Ubiquiftes  &  les  Réguliers  ,  & 
cela  remplit  ordinairement  toute  la  femaine  de 
la  Sexagefime  ;  on  met  tous  les  paranimphes  à 
des  jours   différens  ,  afin  que   les  Dofteurs  & 
les  Bacheliers  puiffent  y  affilier  à  tous  ;  le  lieu 
où  ils  fe   font  eft   très-illuminé  ,  fort  orné  & 
rempli  d'une  grande  quantité  de  monde  ;  celui 
qui  fait  les  paranimphes  a  une  robe  d'écarlate 
doublée  d'hermine  ,  un  bonnet  fur  fa  tête  ,  & 
il  a  le  privilège  de  parler  couvert ,  ayant  une 
efpéce  de  mortier  à  la  main  &  étant  affiis  fur 
un  trône  de  cinq  ou  fix  marches ,  les  Bacheliers 
au  contraire  répondent  debout  &  découverts. 
I.e    Lundi   gras    fuivant  ,   tous   les  Bacheliers 
s'affemblent  dans  la  Chapelle  de  l'Archevêché ,  ^ 
&   M.    le  Chancelier    de  l'Univerfité    y  étant 
arrivé  les  fait  tous  mettre  A  genoux,  &  au  nom 
du   Pape  ,  dont   il  fait  la  fonftion  de  Vicaire 
en  cette  occafion  ,  il  leur  donne  la  bénédiftion 
Apoftolique  ,    &    leur    confère    le    degré    de 
Licencié  ;    c'eft    alors    qu'ils   en    prennent    la 
qualité.    Depuis  le  mois   d'Odobre    1747.  les 
paranimphes  font  réduits  à  de  fimples  clil'cours. 
La  Faculté  de  Médecine  a  fuivi  en  cela  l'exemple 
de  la  faculté  de  Théologie. 

On  croit  que  les  par.:nir!iphcs  de  Sorbonne 
tirent  leur  origine  de  la  cérémonie  qu'on  faifoit 
autrefois  à  Athènes  pour  donner  aux  nouveaux 
Philofophes  le  manteau  philofophique  ,  au  fujet 
duquel  Tertullien  a  écrit  fon  traité  de  Pallio. 


PAR. 

Il  falloit  que  le  nouveau  Philofophe  ,  habillé 
d'une  manière  extraordinaire  ,  effuïât  durant 
trois  jours  entiers  ,  les  infultes  &  les  railleries 
du  peuple  ,  &  même  des  honnêtes  gens  ;  la 
modération  &  la  fermeté  contre  ces  fortes  de 
railleries  ,  étoicnt  le  prix  auquel  on  mettoit  le 
manteau  philofophique.  S.  Grégoire  de  Nazianze 
a  décrit  dans  fes  poéfies  cette  cérémonie ,  qu'il 
auroit  été  obligé  d'effuier  comme  les  autres 
lorfqu'il  fut  à  Athènes ,  malgré  la  confidération 
qu'on  y  avoit  pour  Saint  Bafile  fon  ami  ,  qui 
employa  fon  crédit  pour  le  faire  difpenfer  de 
cette  épreuve.  Le  Mercure  Galant  du  mois 
d'Oclobre    IJOÇ). 

Paranomasie.  Reffemblances  que  les  mots 
ont  entr'eux.  Elles  font  dans  des  langues  qui 
ont  une  même  origine.  Le  Clerc. 

Parapet, y^OT.  [  Lorica  ,  crepido.  ]  Terme 
de  Fortification.  C'eft  une  élévation  de  terre 
par-deffus  le  rampart  pour  couvrir  le  canon 
&  les  hommes  qui  combattent.  (  Les  Moufque- 
taires  bordent  le  parapet,  Pofter  des  fentinelles 
fur  le  parapet.  ) 

Parapet  ,  f.  m.  Terme  A^ Architecture.  Petit 
mur  à  hauteur  d'apui,  c'eft-à-dire,  de  trois  ou 
quatre  pieds  de  haut ,  pour  fervir  de  garde-fou 
à  un  pont ,  à  une  terrafle. 

Paraphe  ,  f,  m.  [  Nota  peculiaris  fufcripto 
nomini  addita.  ]  Quelques-uns  font  ce  mot 
féminin.,  mais  mal.  Le  bel  ufage  le  fait  mafculin. 
Prononcez  parafe.  Paraphe  veut  dire  la  fignature 
d'une  perfonne  ,  le  feing  d'un  particulier.  (  Un 
beau  paraphe.  Mettez-là  votre  paraphe.  Faire 
fon  paraphe.  ) 

Parapher  ,  v.  a,  [  Chirographum  fubjicere.  ] 
Mettre  fon  paraphe  au  bas  de  quelque  afte  ou 
autre  écrit  qui  doit  faire  foi.  (  Parapher  un 
contrat ,  une  obligation  ,  &c.  Laiffez  ici  ce 
manteau  ,  il  vous  feroit  connoître  ,  je  vais 
le  faire  parapher  ,  ne  varietur.  Arlequin  Procureur  y 
Comédie.  ) 

^^  Paraphernal.   Terme   de  Jurifprudenct 
Romaine.  C'eft  un  bien  apartenant  à  une  femme, 
&  dont  elle  jouit  indépendamment  de  fon  mari; 
ce    mot  eft   Grec    &    fignifie  ,  hors  de  la  dot. 
Quelques  Auteurs  ont  cru  que  les  biens  para- 
phernaux  &  ceux  qui  étoient  outre  la  dot ,  & 
hors  de  la  dot ,  extra  dotalia ,  étoient  différens  : 
mais  c'eft  une  pure  fubtilité.  Difons  feulement 
que  la  dot  &  le  paraphernal  différent  en  trois 
chofes.  i'^.  Le  mari  eft  maître  de  la  dot  mobi- 
liaire  &  des  fruits  des  immeubles  :  mais  il  n'a 
rien  dans  le  paraphernal ,  ni  en  propriété  ni  en 
fruits.    2".   Le  paraphernal  eft  fans  privilège, 
&  ne  jouit  point  des  avantages  de  la  dot.   3*^. 
Si  le   mari  a  joui  du  paraphernal ,  la  femme 
peut   en   tout  tems  en   demander  compte  ,  & 
elle  ne  peut  demander  fa  dot  qu'après  la  mort 
de  fon  mari  ,  ou  en  cas  de  féparation  de  biens. 
Le  paraphernal  n'eft  connu  que  dans  la  Cou- 
tume d'Auvergne  ,  chap.  i^.  art.  i.  Les  anciens 
Bavarois  le  connolfl'oient  aufli ,  cap.  ig.tit.  2, 
&  cet  ufage  eft  refté  dans  toute  l'Alemagne , 
félon  le  témoignage  de  Gail  lib.   i.  Obj.  capit. 
133.  Quelquefois  il  y  a  des  femmes  qui  laiffent 
leurs  maris  en  poffefîion  de  leur   paraphernal  : 
mais  la  jouiffance  du  mari  ne  lui  donne  aucun 
droit  dans  la  propriété  ,  &  c'eft  fur  ce  principe 
que  Rofental  a  décidé  que  le  mari  ne  commet 
jamais    par    fa  félonie  le  fief  apartenant  à  fa 
femme  ,   comme  paraphernal ,  dont   elle  peut 
difpofer  fans   fon  autorilation    &  contre  fon 


PAR. 

gré  ,  mais  on  demande  fi  la  femme  ayant  fou- 
fcrt  ou  conlenti  que  Ton  mari  perçut  les  fruits 
du  paraphcrnal  ,  elle  peut  lui  en  demander 
compte.  La  queftion  eft  fort  agitée.  Quant  à 
moi  ,  je  crois  que  fi  les  fruits  du  paraphernal 
exiftent ,  comme  les  arrérages  des  rentes  ,  la 
femme  peut  les  demander  ;  fi  au  contraire  ils 
ont  été  employez  dans  la  commune  famille  , 
je  penfe  qu'il  faut  bien  examiner  les  circonf- 
lances  ;  s'il  paroît  en  quelque  manière  que  la 
femme  y  a  confenti  ,  il  eft  fans  répétition  ;  il 
en  eft  de  même  fi  le  mari  a  eu  befoin  du  revenu 
du  paraphernal  pour  foutenir  la  famille.  Voïez 
BrcconnUr  ,  dans  fis  Qiiejlions  de  Droit. 

Parathernaux  ,  adj.  m.  plur.  \^Paraplurna  , 
quiz  accidunc  mtd'uri  praur  doum.  ]  Terme  de 
Jurifprudince.  Biens  paraphernaux.  Ce  font  les 
biens  qui  font  échus  à  une  femme  depuis  fon 
mariage  ,  par  fuccelHon  ou  autrement ,  &  que 
le  mari  a  reçus  outre  la  dot. 

P  AK  ATHIMOSIS  ,  f.  m.  [  Paraphimojîs.  ] 
Terme  de  Mcdecine  ,  Maladie  du  prépuce  qui 
arrive  lorsqu'il  eft  retiré  ,  &  tellement  enflé 
ou  ulcéré  ,  qu'on  ne  peut  le  rabattre  fur  le  gland. 
Paraphrase,//  [  Paraphrafis.  ]  Mot  qui 
vient  du  Grec  ,  &  qui  veut  dire  interprétation , 
qui  eft  félon  le  fens  ,  &  non  pas  félon  les 
paroles.  (  Monfieur  Codeau  a  fait  en  vers 
plufieurs  belles  pamphrafis  fur  les  Pfeaumes  de 
David.  Le  Cardinal  de  Richel-eu  trouva  les 
paraphrafes  de  Monfieur  Godeau  fi  charmantes  , 
qu'il  lui  Ht  donner  l'Evêché  de  Graffe. 

Les  paraphrafes  d'Erafme  fur  le  Nouveau 
Teftament  font  fi  belles  ,  que  je  crois  qu'elles 
lui  ont  été  divinement  inipirées  ,  dit  (iiolomiez, 
mélanges  hijloriques  ,  page  gS-  mais  cet  éloge 
eft  un  peu   outré. 

Paraphrafi.  Se  dit  dans  le  difcours  familier 
des  interprétations  malignes  ,  que  des  gens  mal 
intentionés  donnent  des  chofes  qui  font  d'elles- 
mêmes  indifférentes. 

Paraphraser,  v.  a.  [Scriptorem  paraphrajî 
txplanare.  ]  Faire  .quelque  paraphrafe.  Interpré- 
ter félon  les  paroles.  (  Parupkrafer  un  pafTage 
de  l'Ecriture.   Paraphrajer  un  Pfeaume  ,  &c.  ) 

Paraphrafer  ,  fignifie  auifi  amplifier,  augmenter 
dans  le  récif.  (  Vous  paraphrafix  mon  difcours  , 
.vous  ne  le  raportez  pas  fidèlement.  ) 

Paraphrafer  ,  fe  dit  auilî  abfolument  ,  pour 
dire  qu'il  faut  raporter  les  chofes  fimplement 
fans  les  augmenter.  (  Il  ne  faut  ■çds  paraphrafir. 
Ne  paraphrafex  point.  ) 

Paraphraste  ,  /  m.  [  Scriptoris  explanator  , 
txplicator.  ]  Mot  qui  vient  du  Grec  ,  &  qui 
lignifie  ,  celui  qui  fuit  une  pfiraphrafi  ,•  &  méta- 
fhrajle  fignifie  Traducteur ,  Interprète. 

(  Le  Sie'jr  Godeau  le  paraphrafle  , 
Le  bon  Baudoin  le  meiap/irafte , 
Ont  maintenu  tous  ces  beaux  mots. 
Ménage  ,  Requête  des  DiBionnaires,  ) 

Paraphrenesie  ,  //  [  Paraphrenefîs.  ] 
Efpéce  de  phrénefie  dont  les  Anciens  artribuoient 
la  caufe  à  l'inflammation  du  ventricule  ,  du 
foye ,  &  fur  tout  du  diaphragme.  On  l'apelloit 
auffi  fauïïe  phrénefie  pour  la  diftinguer  de  la 
véritable. 

Paraplégie  ,  /  /  Terme  de  Médecine. 
Paraiyfie  qui  fuccéde  à  l'apoplexie.  Il  fe  dit 
auflî  de  la  paraiyfie  particulière  d'une  ou  plu- 
fieurs parties  ,  &  de  la  paralifie  univerfelle. 

Parapluye  ,  (  Parapluie.  )  /  m.  [  UtnbdU?^ 
Sorte  de  petit  pavillon  portatif,  qu'on  étend 
Tome   III. 


PAR.  3î 

au    deffus   de   la  tête   pour    fe   garantir  de   la 
pluie.  (  Un  parapluye  de  toile  cirée.  ) 

ParaprÈs  ,  adv.  [Pojrea.]  Ce  mot  eft  hors 
d'ufage  ,   en  fa  place  on  dit  après. 

Parasange,//[  Parafanga.]  C'eft  le  nom 
de  la  mefure  des  chemins  parmi  les  Perfes.  La 
parajange  contient  communément  trente  ftades  , 
ou  environ  quatre  mille  pas  géométriques  ;  car 
il  y  avoit  des  para/anges  de  vingt  à  foixante 
ftades  ;  O^an.  Dicl.  Math.  (  Il  faut  que  ton  fonge 
ait  duré  long-tems  pour  avoir  tant  couru  de 
ftades  &  de  parafanges.    Abl.  Luc.  ) 

Paraselene.  L'aparence  d'une  ou  de  plufieurs 

lunes  au  tour  de  la  véritable  lune.  VoieLparelie. 

Parasinanchie  ,  /  /    Terme    de  Médecine. 

Efpéce  d'efquinancie  dans  laquelle  les  mufcles 

extérieurs  de  la  gorge  font  enflammez. 

Parasite, /ot.   [  Parafitus ,  alicnœ  menpz 
ajfecla.  ]  Ce  mot  eft  Grec ,  il  fignifie ,  écornifleur. 
Celui  qui  vit  aux  dépens  d'autrui.   Ce  nom  elt 
odieux  depuis  long-tems  ,  mais  il  étoit  autrefois 
très-honorable  ;  il  a  eu  le  même  fort  que  celui 
de  Sophijle ,  &  le  mauvais  ufage  que  l'on  en  a 
fait ,  les  a  également  décrédités.   Ceux  que  les 
Athéniens  apelloient  jrapariTd ,  les  Pvomains  les 
nommoient  Epulones ,  par  raport  à  leurs  fondions 
qui  étoient  égales.    Le  fentiment  intérieur  que 
tous    les  hommes   ont    eu   d'une    Divinité  ,   à 
laquelle  ils  étoient  redevables  des  produirions 
de  la  terre  ,  introduifit  l'offrande  des  premiers 
fruits  que  l'on  recueilloit ,  pour  marquer  leur 
reconnoifiTance    &c    pour   les    recevoir    &    les 
enfermer   dans  les  Temples  ;  il  faîut  prépofer 
des  perlonnes  oui  auroient  le  foin  de  les  confer- 
ver  ,   de  les    diftribuer  au    peuple   &  de  s'en 
fervir   pour  les    feftins  ,    que    l'on    préfentoit 
quelquefois  à   certaines    Divinitez.    Les  Grecs 
apelloient  ces  prémices   î'fù   aîrai;  ,  une  fainte 
pâture  ,  parce  quelles  confiitoient  principalement 
en  blé   &  en  orge  ,  &  qu'elles  fervoient  a  la 
nourriture  du    peuple  ;  &  celui  qui  étoit  pré- 
po'e  pour    en   fiire   la    diftribution    fut    apellé 
?r<»P«ff/ ■  0?  ,  parafite  ,  de  •rtapù  &c  tmO(.  Aîhenée 
liv.  6.  6c  après  lui  Samuel  Petit  in  legcs  ^tticas, 
ont    remarqué    que    prefqiie    tous    les    Dieux 
avoient   leurs  purafltes  ,    qui   fe  mêloient  aufii 
de  faire  des  facrifices  avec  les  anciens  &  les 
femmes  qui  n'avoient  eu  qu'un  mari.    Enfin  le 
lieu   Q^i  l'on    enfermoit  les  grains  offerts   aux 
Dieux  ,  étoit   apellé    ^a.ftfi-n!i«.   A  l'égard  des 
Romains  ,  l'ufage    étoit   de    même    d'offrir  les 
premiers  fruits  Si  de  les  porter  dans  les  Temples, 
pour  être   employez  comme  ils  l'étoicnt  dans 
Athènes  aux  feftins  préfentez  aux  Dieux  ,  &  à 
la  fubfiftance  du  peuple.  La  loi  i8.  du  titre  de 
annuis  Legatis  ,   nous   fournit  un  exemple  :    Un 
Teftateur    ordonna  que  celui    qui   feroit  fon 
héritier  ,  donnât   après  fon   décès  au  Prêtre  , 
au  Gardien  du  Temple  &  libertis  ,  une  certaine 
quantité  de  grains ,  de  ceux  qui  feroient  dans 
fes  greniers   ou  magazins ,  &  dans  un  certain 
jour.  Samuel  Petit  prétend  qu'il  faut  entendre 
par   le   mot  libertis ,  les   parafites  ,  parce    que 
dans  le   tems  auquel  vivoit   ce  Jurilconfulte  , 
les  parafites  étoient  déjà  fort  décriez.    On  ne 
donnoit  cet  emploi  qu'aux  Afranchis  ou  à  ceux 
qui  étoient    defcendus  d'un  efclave  afranchi  : 
mais  il  eft  dificile  de  découvrir  quand  &  comment 
ces  parafites ,  dont  les  fondions  entroieht  dans 
le  culte  du  Paganifme  ,  commencèrent  à  dégé- 
nérer &  à  tomber  dans  le  décri  où  ils  ont  été 
depuis.  Quelques-uns  difent  qu'ils  s'introduifirent 

Eij 


3<î  PAR. 

chez   les   Princes  &  chez   les   riches  ,  &  s'en 

oiivroient    l'entrée   par    leurs   flatcrics   &C  par 

leurs    compluiiances    baffes    &    indignes    d'un 

ho;iime  d'honneur.    La  pauvreté  &C  l'indigence 

obligèrent   bien    des  gens  à  rechercher  par  ce 

moyen  une  ('ubllllance  honnête,  mais  nécelldirc  ; 

&c  c'eft  par  cette  raiCon  que  les  Grecs  apcUerent 

ces    parafites  des    flateurs  ,    des    complaifans 

aveuolcs ,  en  im  mot  gens  qui  facrifioient  leur 

honneur    &i    leur  probité    à  la  faim    dont    ils 

ctoient    pcrfécute/..   Ils    ne    furent   pas    moins 

lâches    &    infenfibles    à    l'honneur    parmi   les 

Romains.   La  plupart  les  traitant  avec  tout  le 

mépris    &    toute    l'mdignité   qu'ils  méritoient  , 

ne  fe  contentoient  pas   de  fe   moquer   d'eux  ; 

ils  les  maltraitoient  &  les  faifoient  maltraiter 

par  leurs  valets ,  ainfi  on  les  tratoit  de  ridicules 

&  d'impertinens  ,  mais  encore  de  plag.is  pati  , 

de  gens  batus  &c  foutletez.  Gnathon  dit   dans 

l'Eunuque  de  Terence  :  Ego  infdix ,  ncquc  riJi- 

cr.lus  ejfe  ,  ncqite  plagas  pati  pojfum. 

Lucien  veut  pcrfuader  que  la  vie  du  parajlte 

eft    la  plus   hci;reufe  ,  puilque  ,  dit-il  ,  s'il  efl 

vrai   que  la  félicité  confiée  dans   une  parfaite 

tranquillité  du   corps  &  de  refprit ,  le  moïeti 

qu'Epicurc  foit  heureux,  tandis  qu'il  s'embarraffe 

de   la   grandeur  du   Soleil   &   de   la  figure    du 

nJe      qu'il  veut  favoir  s'il  efl  infini  ,  &  de 
•    -1       n  /•'    -    .':t   ..    _     J_.    T-\; „.. 


mon: 


quoi  il  eft  compofé  ;  s'il  y  a  des  Dieux  ou 
non  ,  &  s'ils  fe  mêlent  de  ce  qui  fe  paffe  ici 
bas  :  m.ais  le  parafite  fans  s'enquérir  de  ce  qu'il 
n'a  que  faire  ,  ni  fe  mêler  du  gouvernement  du 
monde ,  &  croiant  que  tout  va  bien  &  qu'il  ne 
fauroit  mieux  aller  ,  boit ,  mange  &  fe  réjouit, 
goûtant  en  repos  les  délices  de  la  vie  ,  fans 
être  même  troublé  par  des  fonges  défagréables 
&  effraians.  Enfin  pour  aprendre  les  autres  arts 
&  s'y  rendre  habile ,  il  faut  beaucoup  travailler , 
mais  on  aprend  fans  peine  l'art  de  parafite  & 
toujours  en  riant  ;  &  il  a  cela  de  particulier  , 
que  ces  autres  métiers  coûtent  beaucoup  de 
dépenfe  pour  s'y  rendre  habile ,  le  parafite 
s'inflruit  aux  dépens  d'autrui.  A  toutes  ces  raifons 
que  Lucien  exagère  avec  foin  ,  il  joint  des 
exemples  ,  qui  femblent  autorifer  l'excellence 
de  l'art  parafitique.  Neflor  ,  dit-il ,  n'étoit  pas 
moins  courageux  qu'éloquent  ;  il  étoit  pourtant 
le  parafite  d'Agamemnon  ;  Patrocle  étoit  le 
parafite  d'Achile  ;  Merion  l'étoit  d'idomenée; 
&  Ariflogiton  ,  d'Harmodius  ;  mais  il  n'eft  ni 
raifon  ni  exemple  qui  puiffent  effacer  la  honte 
de  l'infâme  métier  de  parafite. 

Parasitiq.ue  ,  f.  f.  {  Purajîticits.  ]  On  apelle 
ainfi  l'adrcffe  de  vivre  fans  qu'il  en  coûte  rien. 
L'art  de  vivre  aux  dépens  d'autrui.  (  J'ai  montré 
que  la  parafniquc  étoit  un  art ,  &  il  refle  à 
montrer  que  c'ell  le  meilleur ,  AU.  Luc.^  Ce  mot 
eft  hors  d'ufagc,  quoique  la  chofe  foit  très-ufitée. 

Parasol,/.  772.  [  Umbclla  portat'dis.  ]  Toile 
cirée ,  coupée  en  rond  &  foutenue  fur  de  petits 
morceaux  d'ofier  ,  &  fur  une  baguette  tournée 
au  bout  de  laquelle  il  y  a  un  petit  bâton  tourné 
pour  allonger  le  parafol  ,  dont  l'ufage  eft  de 
le  défendre  du  folcil  &  de  la  pluye,  en  le  portant 
au  deffus  de  la  tête.  (  Un  beau  parafai.  ) 

Parasonium  ,  f.  m.  Terme  de  Midailiijle. 
Sceptre  arrondi  par  les  deux  bouts  comme  un 
bâton  de  commandement ,  ou  une  efpéce  de 
courte  cpée  qu'on  porte  à  la  ceinture. 

Parasc^uinancie  ,  ou  Parasynanchie  ,  /I/i 
Efpéce  de  fquinancie  dans  laquelle  les  mufcles 
externes  de  la  gorge  font  enfljimmez. 


PAR. 

Parastates.  Terme  ^Anatomlt.  Petit 
corps  rond  qui  eft  couché  fur  chaque  tefticule. 

■}■  P  A  R  A  T  I T  L  A  I  R  E  ,  f.  tii.  [  P aTatitlaùus.  ] 
Dofteur  qui  enfeigne  les  paratitles.  Celui  qui 
aprend  les  paratitles  fous  quelque  Dodeur  de 
Droit  ou  fous  quelque  Agrégé. 

Paratiti-ïs  ,  f.  m.  Terme  de  Jurifconfulte. 
C'eft  une  explication  fuccinte  des  titres  &  des 
matières  qui  contiennent  les  titres.  (  Les  para- 
titles de  Cujas  fur  le  Code  font  eftiraez.  ) 

P  A  R  A  T  R  E  ,  f.  m.  [  Vitrkus.  ]  Ce  mot  s'eft  dit 
d'un  beau-pere  qui  maltraite  les  enfans  que  {2t. 
femme  a  eus  du  premier  lit  ,  dans  le  même  fens 
qu'on  dit  marâtre.  Et  il  fe  trouve  dans  pluficurs 
Coutumes ,  mais  il  n'eft  point  d'ufage. 

P  A  R  A  V  E  NT  ,  f.  m.  [  Objccluculum  quo  vtntus 
arcctur.  ]  C'eft  r.n  ouvrage  de  Mcnuiiier  &  de 
Tapifficr.  Il  eft  compofé  d'un  bois  haut  de  fix 
ou  fept  pieds  ,  qu'on  apelle  chafiis  ,  qu'on  plie 
par  le  moyen  de  quelques  fiches  ,  en  quatre 
ou  cinq  parties ,  dont  chacune  s'apelle  feuille  , 
que  le  Tapiffier  couvre  ordinairement  de  ferge 
ou  de  drap  ,  qu'il  embellit  de  quelque  galon  de 
foye ,  d'or  ou  d'argent ,  pour  mettre  dans  une 
chambre  IHyvcr,  afin  d'empêcher  le  vent  qui 
vient  de  la  porte.  (  Un  beau  paravent.  Un  pa-  ' 
ravcnt  jaune  ,  rouge  ,  vert  ou  blanc.  Monter  un 
paravent.  On  vend  &L  on  acheté  pour  l'ordinaire 
les  paravens  par  feuille.  On  en  fait  aufti  de  toiles 
peintes,  de  papiers  marbrez  ou  ornez  de  figures 
peintes  ,  &c.  ) 

■j"  Paravanture,  adv.  [Cafu  finuità,  forfan-l 
Mot  hors  d'ufage  ;  en  fa  place  on  dit  peut-être. 

f  Pareieu.  Sorte  de  ferment  burlefque, 
qui  veut  dire  ,  par  ma  foi ,  en  vérité. 

(  Parbieu  ,  j'en  tiens ,  c'eft  tout  de  bon  , 
Ma  libre  humeur  en  a  dans  l'aile. 
S.  Ainjud.  ) 

fPARBLEU,  [  Me  kercle.  ]  Sorte  de  fermtn'f 
burlefque  ,  qui  veut  dire,  en  vérité.  (^Parbleu  y 
je  garantis  la  pièce  déteftable.  Molière,  Critique 
de  r  Ecole  des  femmes,  ) 

■fPARBoiiiLHR,  V.  n.  [  Leviter  ebullire.'] 
Voïez  boiiillir.  Il  fe  dit  des  herbes  que  les  Phar- 
maciens font  boiiillir  quelque  tems  pour  en  tirer 
le  fuc  ,  ou  des  liqueurs  qu'ils  veulent  épaiflîr, 

P  AKC  ,  f.  m.  [  f^ivarium.  ]  Parc  fe  dit  ,  i  ". 
d'un  grand  bois  clos  de  murailles  ,  dépendant 
d'une  Maifon  Royale ,  ou  d'un  Château  ,  où  l'on 
garde  les'bêtes  fauves.  z°.  Du  chantier  d'un 
Arcenal  de  Marine  ,  où  font  les  Magafins  & 
où  fe  conftruifent  les  jardins.  Dans  l'ufage  on 
apelle  encore  parc  ,  le  jardin  dépendant  d'un 
Château  de  particulier  ,  quand  ce  jardin  a  ime 
certaine  étendue. 

Parc.  [  Ovium  feptum.  ]  Terme  de  Bercer.  Lien 
où  parquent  les  moutons.  (  Les  moutons  font 
dans  le  parc.  ) 

Parc.  [  Plags.  ttretes.  ]  Terme  de  Chaffe.  C'eft 
où  l'on  fait  le  courre  pour  faire  venir  les  bêtes 
noires  quand  on  les  a  enfermées  dans  les  toiles. 

Parc.  [  RetiafemiorHcu/ata.]  Terme  de  Pécheur.- 
Il  fe  dit  des  pêcheries  conftruites  fur  le  bord 
de  la  mer  ,  &  de  certains  grands  filets  qu'oa 
y  tend ,  pour  y  retenir  les  poiffons  que  la  marée 
y   a  aportcz. 

Parc.  [  Scptum.  ]  Terme  de  Mer.  C'eft  un 
efpace  qu'on  renferme  de  planches  entre  deux 
ponts  pour  y  mettre  les  beftiaux  que  les  Oficiers 
embarquent  pour  leur  provifion. 

On   apelle   auffi   Parc    [  Septum   annonœ    é* 


PAR. 

conjlruuîoms  mjritimi?]  un  lieu  dans  un  nrfenal 
rie  marine  ,  où  l'on  renferme  les  magal^ns  géné- 
raux &  particuliers  ,  &  oii  l'on  conftruit  les 
vaiffeaux  du  Roii    O-^an.  Dïcl.  Math, 

Parc  de  V AriilUrie.  [  Scptum  pulveris  igniarii.  ] 
Terme  de  Gucrri.  C'elt  dans  un  camp  un  lieu 
hors  de  la  portée  du  canon  d'une  place  affiégce, 
qui  eft  fortifié  Sc.oîi  l'on  met  les  poudres  & 
les  feux  d'artifice.  (  Le  parc  de  ranilUrie  eit 
gardé  par  des  piquiers.  )  11  y  a  aiifîi  le  parc 
dis  vïvns  ,  qui  efî  le  lieu  du  camp  où  font  les 
Vivandiers  &  les  Marchands  qui  étalent  les 
chofes  dont  le  foldat  a  belbin.  Les  parcs  des 
vivres  font  à  la  queue  de   chaque  Réi^iment. 

On  dit  qu'une  choie  a  été  faite  ôc  adjugée 
au  Parc  Civil  du  Châtelet  de  Paris ,  pour  dire 
à  l'ordinaire ,  à  l'ilfui;  de  l'Audience  ,  en  cette 
place  qu'on  apelle  ailleurs  ie  Parquet. 

Parcflle,  f.f.  \^P  articula.']  Petite  partie  de 
quelque  tout.  (  Divil'er  ime  chofe  en  pluiici;rs 
parcelles.  Patni  ,  plaid  iz.) 

Parce  qju  l.  [  Q/c/a  ,  quoniam  ,  quhd.'\ 
Conjonction  qui  lignifie  à  catij'e  que  ,  &C  qui  régit 
Vindicatif.  (  Ils  croient  chargez  de  fers  ,  parce 
qu'ils  étoieni  rebelles  à  la  parole  de  Dieu , 
Port-Royal ,  Pj'ir.untis.  ) 

\  Par  ce  que.  Ce  mot  fe  fép?.re  par  quelques- 
uns  ,  &  fait  trois  mots  ,  &  fignifîe  par  les  chojes. 
Mais  en  ce  fens  &  lorfqu'il  efl  ainfi  (éparé  , 
il  ne  vaut   rien  ,   Vaug.  Remarq. 

•}•  Parchasser  ,->'.«.[  Vinatlonem  perfcere.  ] 
Quelques-uns  l'ont  dit  pour  fis^nifier  ,  finir  & 
terminer  la  chafle  par  la  prlfe  de  la  bête  qu'on 
a  chaffée.  Il  n'eft  point  d'ufage. 

Parchemin,/!  m.  [  Membrana.  ]  Peau  de 
mouton  raturée  qui  fert  à  écrire  ,  à  faire  des 
évar.tails  ou  à  couvrir  des  livres.  (  Parchemin 
bien  ou  mal  raturé.  Parchemin  en  cojfe  ,  c'eft 
la  peau  de  parchemin  qui  vient  de  chez  le 
Meoifîîer ,  &  qui  n'eft  pas  raturée.  {^Parchemin 
timbré. 

Il  ne  peut  rien  offrir  aux  yeux  de  l'univers 
Que  de  vieux  parchemins  qu'ont  épargné  les  vers. 

Dcfpréaiix.  ) 

Parchemin  vierge.  C'eft  la  peau  préparée  des 
petits  chevreaux  ou  agneaux  morts  nés. 

Allonger  h  parchemin.  C'eft  dans  le  ftile 
populaire  ,  multiplier  les  écritures  fans  néceffité, 
&  fouvent  par  efprit  de  chicane  ou  d'intérêt. 
(  Les  Procureurs  aiment  à  allonger  le  parchemin.') 
On  le  dit  encore  de  ceux  qui  différent  long- 
tems  ,  fous  divers  prétextes  ,  à  faire  ce  qu'ils 
ont  promis  ou  ce  qu'ils  doivent  faire  :  &  de 
même  des  difcours  qu'on  auroit  pu  abréger. 

Parcheminer lE  ,  f.  f.  \_Pergamenaria  offlcina.'] 
Il  fignifie  l'art  de  faire  le  parchemin  ,  &  le  lieu 
oii  l'on  f;iit  &  où  l'on  vend  le  parchemin.  (  11 
y  a  à  Paris  une  rue  de  la  Parchemineric.  ) 

Parcheminier  ,  y.  ;n.  [  Membranarum  opifex.'\ 
Ouvrier  Marchand  qui  acheté  des  Mégiffiers 
des  peaux  de  mouton  qui  font  paflees  en  mé?,ic 
&  qui  enfuite  les  étendant  iiir  la  herfe  &  les 
arrêtant  avec  le  clan  ,  les  rature  avec  des  fers 
à  raturer  pour  en  faire  du  parchemin  ,  dont  11 
vend  une  partie  en  gros  &  en  détail ,  &  l'autre 
il  la  porte  au  Bureau  des  Aides  pour  être 
timbrée  ,  &c  être  après  diftribuée  aux  Grefïïers , 
Notaires   &   autres. 

Parcloses,/!/.  [  AffiiLx;  mobiles.  ]  Terme 
de  Mer.  Ce  font  des  planches  poices  fur  les 
Vitonnlcres  ,  &  qu'on  levé  &   bailfe   quand 


PAR.  37 

on  veut  voir  s'il  n'y  a  rien  qui  empêche  le 
cours  de  l'eau  vers  les  Archipompes ,  O^an, 
Dicl.    Marit. 

Parcourir,  V.  rt.  [  Peragrare  ,  percurrere-l 
Aller  depuis  un  bout  julqu'à  l'autre.  Vifiter 
d'un  bout  à  l'autre.  Aller  en  divers  endroits 
d'un  pais.  (  Il  a  parcouru  toute  l'Alemagne.  Le 
Soleil  paroit  parcourir  l'Ecliptique  ,  d'Occident 
en  Orient.    Roh.  Phyf.  ) 

Parcourir.  [  Lihrum  pervolvere.  ]  Ce  mot  en 
parlant  de  livres  ,  veut  dire  lire  promptement 
&  (ans  faire  beaucoup  de  réflexions.  (  11  y  ea 
a  qui  croyent  être  fçavans  pour  avoir  parcouru 
les  livres  ,  &  ces  gens-là  font  tous  feuls  de 
leur  fentiment.  ) 

*  Parcourir  quelqu'un  des  yeux.  [  PerluJIrare 
oculis.  ]  C'eft  regarder  quelqu'un  avec  attention 
depuis  les  pieds  jufqu'à  la  tête.  (  Il  la  parcouru 
des  yeux  (ans  l'avoir  pu  reconnoître.  ) 

^^  Parcours.  Vieux  mot  que  l'on 
trouve  dans  quelques  Coutumes  ,  &  qui  fignifie 
fociété  ,  union  entre  certaines  Villes  ou  certains 
Villages.  >»  Le  parcours  eft  ,  félon  Ragueau  , 
»  une  ancienne  fociété  entre  les  Villes  &  les 
»  pais  de  divers  Seigneurs  ,  pour  la  commodité 
»  du  commerce.  »  Chopin  dans  fon  Traité  dij 
Domaine , //v.  t.  tit.  ii.  2.  fait  mention  d'uns 
ancienne  traniaftlon  faite  entre  l'Abe  de  Mouflon 
&  le  Duc  de  Rcihel,  par  laquelle  les  fujets  fiu-ent 
alll  z  &  afTocicz  les  uns  avec  les  autres,  &  le 
parcours  des  hommes  d'une  Seigneurie  à  l'autre. 

Par-delà.   \_Supra.~\   Au-delà. 

(  Ses  égards  vont  pour  lui  par-dcL:  le  refpei£l. 
Bourf.  Efop,  ) 

Parderrierf  ,  adv.  [  Pone  ,  retrorfum.  ]  Par 
la  partie  de  derrière.  (Il  l'a  pris  en  trahifon, 
il  l'a  pris  par  derrière.  Elle  eft  boîTuë  par  der- 
rière ,  c'eft  peu  de  chofe  que  cela  ,  pulfqu'elle 
eft  belle  au  coffre.  ) 

Par-dessous,  adv.  [  Suh  ,  fuhter.  ]  Qui 
lignifie  fous.   (  (^ela  eft  par-delfous.  ) 

Par~dc'Jous.  [  Infra.  ]  Ce  mot  eft  prépojltion 
quand  il  a  un  régime.  (PafTer  par-dejj'ous  la  |ambe.) 

Par-dessus,/!  w.  Ce  qu'on  donne  par 
gratification  au-delà  du  prix  dont  on  eft  convenu. 

Par  -  de[fus.  [  Altiks.  ]  Ce  mot  eft  adverbe 
lorfqu'il  eft  mis  fans  régime.  (  L'eau  coule 
par-dejjus.  ) 

Par-deffus.  [  Supra.  ]  Prépojltion  qui  régit 
Vaccufatif.  (Avoir  de  l'eau  par-de!Jus  la  tête.  ) 

Par  devant,  adv.  [  Antrorfum.  ]  Cq  mot 
dans  le  ftile  ordinaire  efl  un  adverbe  ,  <k  fir.nifie 
par  la  partie  de  devant.  (  11  eft  boffu  par  devant 
&  par  derrière.  Il  avoit  déjà  reçu  neuf  bleffures 
par  devant  &  par  derrière  ,  Faug.  Quint.  Cart. 

Par  devant.  \  Ante  ,  coram.  ]  Ce  mot  en  terme 
de  Pratique  eft  une. prépojltion  qui  régit  ^ accafatify 
&  qui  fignifîe  en  préfence  ;  mais  en  ce  fèns  il 
eft  vieux  ,  &  les  Avocats  difent  ,  un  Contrat 
pafTé  devant  Notaires  ,  &  jamais  pardevant 
Notaires. 

Par-dfvers.  [  Pênes.  ]  Prépofition  qui  régit 
Vaccufatif,  mais  qui  ne  fe  dit  guéres.  (lia  retenu 
par-devers  lui  la  moitié  de  cet  argent.  ) 

Pardon,  f  m.  [  Venia  ,  remijfio.  ]  Sorte  de 
remiffion  &  de  grâce  qu'on  fait  à  une  perfonne 
qui  nous  a  offenfé.  (  Demander  pardon  de  quel- 
que faute.   Obtenir  le  pardon.  ) 

Pardon.  [  Ignofcere.  ]  il  fe  dit  quelquefois  par 
fimple  civilité.  (  Je  vous  demande  pardon  i\  jç 
ne  fuis  pas  de   votre  avis.  ) 


3  8  PAR. 

Pardon.  [  Saliitatlo pnblica,  Angclua.  ]  Ce  font 
trois  ou  quatre  coups  de  battant  de  la  cloche 
fur  le  bord  de  la  cloche  pour  avertir  les  Catho- 
liques de  dire  quelques  Paur  &  quelques  Ave 
Maria ,  OU  autres  courtes  prières  ,  afin  d'obtenir 
de  Dieu  miféricorde  &  remiflîon  de  leurs  péchez, 
&  que  Dieu  leur  falTe  la  grâce  de  les  affifter 
le  rcfte  du  jour.  (  On  fonne  ordinairement  les 
pardons  dans  les  Paroiffes  trois  lois  le  jour  ,  le 
matin  ,  à  midi  &  à  fept  heures  du  foir.  ) 

Pardons.  [^Indulgeniix.']  Remiflîon  que  le  Pape 
acorde  de  certains  péchez.  (  Gagner  les  pardons. 
Les  Papes  donnent  des  pardons.  ) 

Paruonnable  ,  adj.  [  Fenlâ  dignus  , 
ignojcibilis.  ]  Ce  mot  ne  fe  dit  que  des  chofes , 
Ô£  fignifie  ,  qui  mérite  pardon.  (  Crime  qui  n'eft 
point  pardonnahk.  AU.  Faute  qui  n'efl  point 
pardonnable  ,    Faug,  Kern.  ) 

Pardonner,  V.  <j.  [  Culpam  condonare  , 
Ignofcere.  ]  Donner  pardon.  Faire  grâce.  N'avoir 
nul  reflentiment  d'aigreur  contre  une  perfonne. 
Je  pardonne.  Je  pardonnai.  J'ai  pardonné.  Je 
pardonnerai  ,  &  non  pas  je  pardonrai  ,  Vaug. 
Rem.  (  En  l'état  où  je  fuis,  je  \\.\\ào\i pardonner, 
mais  je  ne  la  dois  point  croire.  Il  eft  généreux 
de  pardonner  à  fes  ennemis.  ) 

La  clémence  ctoit  la  vertu  de  Henri  I V. 
enforte  qu'on  peut  douter  s'il  a  foumis  le 
Royaume  à  force  de  combattre  ou  à  force  de 
pardonner.    Aléserai. 

Pardonner.  [  Excufatum  habere.  ]  Il  fe  dit 
quelquefois  par  civilité.  (  Pardonnez-moi  fi  je 
n'accepte  pas  l'offre  avantageufe  que  vous  me 
faites.  ) 

Pardonner ,  fe  dit  quelquefois  pour  excepter, 
épargner  ,  &  dans  ce  fens  on  ne  l'emploie  guère 
qu'après  la  particule  négative  ne.  (  La  mort 
ne  pardonne  à  perfonne.  Le  foldat  dans  fa  fureur 
ne  pardonne  ni  aux  femmes  ni  aux  enfans.  ) 

Pare'atis  ,/  m.  [  Pareatis.  ]  Terme  Ai  Palais. 
C'eft  un  pouvoir  de  mètre  un  ou  plufieurs  aâes 
à  exécution  dans  un  territoire  dépendant  d'un 
autre  Juge  que  de  celui  qui  l'a  rendu.  (  Prendre 
im  pareatis  ,  Patru.  ) 

Pareau  ,  f.  m,  \_Navicula  Indica.'\  Grande 
barque  des  Indes ,  qui  a  le  devant  fait  comme 
le  derrière  ,  où  l'on  met  indifféremment  le 
gouvernail  ,  quand  on  veut  changer  de  bord  , 
Olp-n.  Dicl.  Math. 

Pareaii.  Les  pêcheurs  apellent  ainfi  les  cailloux 
qu'ils  atachent  de  diftance  en  diftance  le  long 
de  la  coulure  d'en  bas  du  filet  qu'ils  apellent 
une  feine  ,  pour  l'arrêter. 

^'  Pare'e,  qui  apartient ,  dit  Ragueau  , 
aux  Seigneurs  voifins  fur  leurs  fujets  &  hommes 
de  fief,  pour  les  fuivre  en  la  terre  &  la  Sei- 
gneurie l'un  de  l'autre  ,  fans  qu'ils  fe  puifient 
prétendre  être  affranchis  pour  être  fortis  de  la 
terre  de  leur  Seigneur. 

P  a  R  e'g  o  R I  Q.U  E  ,  adj.  &■  fubjî.  On  apelle 
parégoriques  les  remèdes  qui  calment ,  qui  adou- 
ciffent ,  qui  apaifent  les  douleurs.  Ce  font  des 
efpéces  d'anodins. 

Pareil,  Pareille,  adj.  [jEqualls  ,  parllis.'] 
Semblable.  (  Bouche  qui  n'eut  jamais  {z pareille 
en  divins  attraits.    Foit. 

Tu  te  trouverols  mal  d'un  pareil  ftratagême , 
Je  vois  de  loin ,  j'atteins  de  même. 
La  Font.  ) 

^  Pareil  eft  quelquefois  fubftantif.  Le  Ch. 
de  Cailly  fur  le  portrait  de  la  Reinç. 


PAR. 

Ce  portrait  d'une  merveille, 
Plus  belle  que  le  foleil , 
Nous  dit ,  je  fuis  le  pareil 
D'une  beauté  lans  pareille. 

On  dit  fort  bien  :  cet  homme  n'a  pas  fon 
pareil.  Il  trouvera  fon  pareil.  Il  mcprife  fes 
pareils. 

Malherbe  ,  Stances  pour  Alcandre  : 

En  rares  qualitez  à  nulle  autre  pareilles. 

^^  Aujourd'hui  ces  mots  à  nulle  aulle  pareille^ 
à  nulle  autre  féconde  ,  font  ufez  &  paflTent  pour 
chevilles.  Ménage ,  pape  2.ç)j.  J'ur  Malherbe. 

Pareille  t  f- /•  [  ^«"^  referre.  ]  La  même  chofe. 
(  Rendre  la  pareille.  ) 

A  la  pareille ,  adv.  (  Je  vous  remercie ,  à  /a 
pareille.  C'eft-à-dire,  je  vous  rendrai  la  même 
chofe.  Adieu  ,  à  la  pareille.  C'eft-à-dire  ,  adieu, 
attendez- vous  que  je  vous  traiterai  comme 
vous  m'avez  traité. 

11  lui  fallut  à  jeun  retourner  au  logis , 
Serrant  la  queue  ,  &  portant  bas  l'oreille  : 
Trompeurs ,  c'eft  pour  vous  que  j'écris , 
Attendez  -  vous    à  la  pareille. 

La  Fontaine.  ) 

Pareillement,  adv.  [  Si  militer.  ]  Sembla- 
blement.  (  Cela  eft  pareillement  vrai.  ) 

Parein.  Voiez  Parrein. 

P  A  R  e'l  I  E  ,  /  /  [  Parelium.  ]  Terme  de 
Phyfîque.  C'eft  un  mot  qui  vient  du  Grec  ,  & 
qui  veut  dire  ,  Taparence  d'un  ou  de  plufieurs 
foleils  au  tour  du  véritable  Soleil ,  dans  l'inter- 
feftion  de  certains  cercles  ,  dont  les  uns  font 
concentriques  au  véritable  Soleil ,  &  les  autres 
au  Zenith  ;  &  s'il  arrive  la  même  chofe  autour 
de  la  Lune  ,  on  le  nomme  parafélcne, 

Parelle,/.  /  [  Lapathum.  ]  On  apelle 
ainfi  en  divers  lieux  l'ozeille  des  jardins. 

P  A  R  E  M  E  N  T  ,  /  TO.  Ce  mot  généralement 
pris ,  fignifie  un  ornement  dont  on  embellit  & 
dont  on  réhauffe  la  beauté  d'une  chofe.  (  Un 
beau  &  magnifique  parement.  ) 

Parement ,  f.  m.  [  Ornamentum.  ]  Ce  mot  en 
parlant  A' habit,  fignifie  un  ornement  pour  parer 
le  reverfis  de  la  manche  du  pourpoint  :  C'eft, 
par  exemple,  un  morceau  de  taffetas  uni  ,  ou 
piqué  ,  un  morceau  de  tabis ,  ou  d'autre  étoffe 
à  peu  près  de  cette  nature.  (  Mettre  des 
paremens  aux  manches.  ) 

Parement  de  manteau  de  femme.  [  Affutum  veflis 
muiubris  ornamentum.  ]  C'eft  un  tiffu  de  foye 
qui  eft  de  côté  &  d'autre  fur  le  devant  du 
manteau  ,  &  qui  prend  depuis  le  haut  du 
manteau  jufqu'au  bas.  (  Un  joli  ,  un  beau 
parement.  ) 

Parement  d'autel.  [  Vefliaria.  altaris  ornamenta.  ] 
C'eft  un  ornement  d'étoffe  de  foye  qui  eft 
enrichi  de  broderie  &  frange  de  foye  ,  d'or 
ou  d'argent ,  qu'on  met  pour  parer  le  devant  de 
quelque  autel.  (  Un  riche  parement  d'autel. 

Parement  de  muraille.  [  Lapidis  faciès  e.vteriùs 
obverfa.  ]  Terme  de  Maçon.  Ce  font  des  pierres 
qui  s'élèvent  également  droites  les  unes  fur  les 
autres  &  qu'on  apelle  dreflTces  à  la  régie. 
Perraut  Fitruve  liv.  2.  (  Parement  b;1ti  de  pierre 
de  faille.  Pierre  qui  fait  parement.  )  En  termes 
A' Architecture  c'eft  le  côté  aparent  d'une  pierre 
taillée  ,  la  face  polie  qui  paroît  au  dehors  , 
tandis  que  l'autre  extrémité  eft  brute  &  ne 
paroît  point,  Lorfqu'un  mur  eft  tout  conftruit 


PAR. 

de  pierres  pareilles  qui  le  traverfent  &  qui 
ont  deux  paremens  opofez  ,  on  dit  que  ce  mur 
fait  parpaing. 

Parement.  Se  dit  dans  les  forets  entre  les 
bûcherons  ,  de  gros  bâtons  qu'ils  mettent  pour 
parer  les  fagots  au-defl'us  de  l'ame  ,  &  de  la 
bourrée. 

Parement.  [  Pavimentorum  difpofîtio.  ]  Terme 
de  Paveur.  C'eft  l'arrangement  uniforme  des 
pavez.  (  Un  beau  parement  de  pavez.  ) 

Parement.  [  Carniuni  aparatus.  ]  Terme  de 
Rotiffeur.  Ce  mot  fe  dit  en  parlant  d'agneau. 
C'elt  la  graiffe  qui  eft  autour  de  la  pance  d'un 
agneau  &  qu'on  étend  proprement  fur  les 
quartiers  de  derrière  pour  leur  donner  plus  de 
grâce.  (  11  faut  mettre  le  parement  à  cet  agneau. 
Ce  parement  n'eft  pas  bien.") 

Parement.  \^Accipitris  pectoraUs  mûadœ.'\  Terme 
de  Fauconnerie.  11  fe  dit  des  mailles  &  de  la 
diverfité  des  couleurs.  En  terme  de  vénerie,  on 
apelle  p.irement  du  cerf ,  une  chair  rouge  qui 
vient  par-dcffus  la  vénaifon  du  cerf  des  deux 
côtés  du  corps. 

Parenchyme  ,  f.  m.  Terme  à^Anatomie. 
Qui  fe  dit  de  la  propre  fubftance  de  piufieurs 
parties  du  corps  des  animaux  ,  comme  du  cœur  , 
des  poumons,  du  foye ,  de  la  rate  ,  des  reins. 

Parent, y;  OT.  [  Parens  ,  cognatus  ,  propin- 
quus.  ]  Perfonne  qui  nous  eft  unie  par  le  fang. 
(  Nos  parens  ne  font  pas  toujours  nos  meilleurs 
amis.  C'eft  fon  proche  parent.  A  fes  cotez 
marchoient  environ  deux  cens  de  fes  plus 
proches  parens.    Faug.  Quint,  l.  J.  c.  J.) 

Sans  ceffe  vous  brûlez  de  voir  tous  vos  pjrens 
Engloutit  à  la  Cour  Charges,  Digiii:ez,  Rangs. 
Dijpreuux.  ) 

Parens.  \_  Parentes,  "l  Ce  mo*  fignifîe  quelque- 
fois le  père  ,  la  mère  ,  inais  quirlques-iins  ne 
trouvent  pa^s  ce  mot  élégant  dans  cette  fignifi- 
cation.  hiovvelles  remarques  de  la  Langue  Frant^oife. 
(  Dieu  a  choifi  quelques  animaux  où  il  a  voulu 
tracer  les  images  de  l'amour  &  de  la  piété  que 
les  enfans  doivent  à  leurs  parens.  La  Chambre. 
Dieu  lui  donna  des  parens  vraiment  Chrétiens. 
Fléckier.  ) 

^^  Ce  mot ,  dit  le  Père  Eouhours  ,  n'eft 
pas  noble  pour  dire  ceux  de  qui  nous  avons 
reçu  la  vie  ;  il  ne  fignifîe  élégamment  que  les 
perfonnes  qui  nous  (ont  unies  par  le  fang  ,  & 
il  ne  les  fignifie  qu'en  général  ,  fans  marquer 
€n  particulier  le  père  &  la  mère.  (  La  plupart 
des  procez  font  entre  des  proches  parens: 

A-t-on  vu  quelquefois,  dans  les  plaines  d'Afrique, 
Déchirant  à  l'envi  leur  propre  République , 
Lion'!  contre  Lions  ,  parens  contre  parens  , 
Combaitre  follement  pour  le  choix  des  tyrans. 
Defprèaux  ,  Sut.  g.  ) 

Parens  pour  Père  &  Mère  ,  eft  employé 
néanmoins  par  de  bons  Auteurs  ;  &  M.  de  la 
Chambre  s'en  eft  fervi  tross  fois  dans  l'article 
IV.  de  l'amitié  des  animaux.  L'Auteur  de  la 
vie  d'un  grand  Archevêque  fe  fcrt  aufïï  de  ce 
mot  dans  la  même  fignification  :  Dieu  lui  donna 
des  parens  vraiment  Chrétiens.  Quelque  puiffantes 
que  foient  ces  autoritez  ,  continue-t-il  ,  je  ne 
crois  pas  qu'il  faille  trop  y  déférer  ;  les  bons 
Ecrivains  font  en  matière  de  langage  ,  ce  que 
font  les  bons  Capitaines  en  matière  de  guerre  ; 
les  uns  &  les  autres  fe  méprennent  quelque- 
fois ,  tk  quoiqu'on  doive  toujours  les  eftimer  , 


PAR.  3  9 

on  ne  doit  pas  les  imiter  en  toutes  chofes.  Il 
eft  vrai  :  mais  en  matière  de  langage ,  il  ne  fuffit 
pas  de  dire  que  les  bons  Auteurs  fe  font 
mépris  ,  il  faut  le  prouver  par  un  ufage  qui 
doit  prévaloir  ,  &  le  Père  liouhours  fe  contente 
de  fon  propre  crédit  pour  établir  fa  décifion. 

iÇj^  Dans  la  prévention  qui  regnoit  parmi 
les  Payens  au  fujet  des  mânes  &  des  el'priis 
qui  inquiétoient  les  vivans  ,  particulièrement 
pendant  la  nuit ,  que  l'on  apelloit  Lémures  ,  on 
inventa  des  facrifices  ,  afin  que  chacun  pût 
apaifer  la  malignité  de  ces  efprits  ,  &  ces  facri- 
fices furent  nommez  parentalia.  Ovide  en  fait 
une  affez  ample  defcription  dans  le  cinquième 
livre  de  fes  Faftes  ,  oii  l'on  voit  que  pendant 
le  mois  de  Mai ,  celui  qui  vouloit  facrifier  fe 
levoit  à  minuit ,  comme  effrayé  par  les  Dieux 
infernaux  ,  &  ayant  les  pieds  nuds  il  mettoit 
fon  pouce  au  milieu  de  fes  doigts  joints  enfemble, 
afin  d'éloigner  par  ce  moyen  les  ombres  qui 
voudroient  l'ataquer  ;  il  lavoit  enfuite  les 
mains  avec  de  l'eau  fimple  ,  il  fe  tournoit  d'un 
autre  cô'é  ,  &  mettant  des  fèves  noires  dans 
fa  bouche ,  il  les  prenoit  &  les  jettoit  derrière 
lui  en  proférant  ces  paroles  ,  par  ces  fèves  que  je 
jette  ,  je  me  délivre  mni-méme  ,  &  je  délivre  mes 
parens.  Il  repèrolt  enfuite  neuf  fois  ces  mêmes 
paroles  fans  regar  1er  derrière  lui  ,  étant  per- 
iuadé  que  l'ombre  les  ramaffoit ,  il  levoit  encore 
une  fois  fes  mains  ,  &  après  avoir  frapé  fur  un 
tambour  d'airain  ,  conjuroit  l'ombre  de  fortir 
de  (a  mailon  en  s'écriant  par  nei.f  fois  ,  âmes 
de  mes  Ancêtres  fo'ter^  d'ici.  Regardant  enfuite 
autour  de  lui ,  il  fe  perfuadoit  lui-même  qu'il 
avoit  acompli  une  fi  grande  cérémonie  dans 
toutes  les  formes  convenables.  Le  Poëie  de 
mande  enfuite  quelle  eft  l'origine  de  cetts 
coîirume,  &  il  l'atribue  à  Romulus  qui  inventa 
ces  fortes  de  facrifices  nofturnes ,  pour  apaifer 
les  Mânes  de  fon  frère  Remus.  Nous  aprenons 
de  Fejtus  qu'il  n'etoit  point  permis  aux  Grands 
Prêtres  de  Jupiter  ni  de  toucher  les  fèves-,  ni 
de  les  nommer  parce  qu'on  croyoit  qu'elles 
étoient  confacrées  aux  Morts  ,  &  que  l'on 
s'en  fervoit  dans  les  facrifices  que  l'on  faifolt 
à  leur  honneur.  Voyez  Lémures, 

Parentage  ,  f.  m.  [  Familia  ,  genus.  ] 
Parenté. 

Confine  du   Pape   &  du  Roi , 
Cherche  un  autre  mari  que  moi 
Avecque  ton    haut  parentage. 
Muinard  ,  poej.  ) 

^^  Le  terme  parenté  a  fait  beaucoup  de  tort 
à  parentage ,  qui  étoit  fort  en  ufage  du  tems  de 
Malherbe  ;  il  dit  dans  fon  Ode  au  Duc  de 
Bellegarde  : 

Si  montrer  dans  fon  parentage 

Une  longue  fuite  d'Aveux 

Que  la  gloire  a  mis  dans  les  Cieux. 

Et  dans  le  balet  de  la  Reine: 

L'Orient  qui  de  leurs  ayeux 
Sait  les  titres  amblcieux. 
Donne  à  leur  fang  un  avantage 
Qu'on  ne  leur  peut  taire  quitter. 
Sans  être  iflu  de  parentage 
Ou  de  vous  ou  de  Jupiter. 

ê;3°  Ménage  a  fait  ici  cette  note  :  Ce  mot 
quoique  vieux  ,  ne  laifle  pas  d'être  beau  ,  &i 
il  eft  bien  plus^J  oëiique  que  celui  de  parenté  , 


40  PAR. 

mais  la  beauté  ne  fe  trouve 'guère  avec  la 
viciileffe.  Chevreau  a  fait  i'ur  ces  mcmcs  vers 
deux  obfervarions  plus  importantes  ;  l'une  eft 
fur  le  parentage  de  vous  ,  qui  eft  infuportabic, 
&  l'autre  ,  que  quitter  &  Jupiter  ne  riment  pas. 
Voiez  Adoptions. 

Parente  y  /•  /•  \_  Confanguinitas  ,  affînitas.  ] 
Race.  Famille.  Proximité  &  alliance  que  le  fang 
a  établie  entre  de  certaines  perfonnes.  (11  eft 
d'une  grande  parenté.  Sa  parenté  eft  affez  confi- 
dérable.  Sa  parenté  lui  donne  du  crédit  par 
tout.  ) 

Parente  ,f.f.  [Propinqua  ,  affinitate  conjuncla.'\ 
Celle  qui  nous  eft  jointe  par  le  fang.  (Elle  eft 
mon  amie   &  ma  parente.  ) 

Parentelle,/.  /  Qualité  de  parent.  (  Ce 
Juge  a  été  recufé  à  caufe  de  la  parentelle.  ) 

P  A  R  E  K  T  F  s  E  ,  f.f.  [  Parenthcjls  ,  interclufo.  ] 
Terme  de  Grammaire.  Ce  font  des  mots  qu'on 
infère  dans  quelque  période  ,  &  qui  font  un  fens 
à  part.  (  Les  longues  parentéfes  obfcurciffent  le 
difcours.  Notre  langue  eft  ennemie  des  paientcfes. 
Les  parentéfes  dans  les  vers  doivent  être  courtes, 
&  même  elles  doivent  être  ingcnicufes  ,  ou 
autrement  elles  font  infuportables.  Le  plus  fur 
dans  notre  langue  ,  c'eft  de  ne  point  faire  de 
parentéfe.  ) 

Parentéje ,  fe  dit  auiTi  des  marques  dont  on 
fe  fert  dans  l'Ecriture  ou  dans  l'Imprimerie  , 
pour  enfermer  les  paroles  d'uneparentéji.  (Mettez 
ceci  entre  deux  parevtcfes.  ) 

Parer,  v.  a.  [  Exornart ,  decorarc,'\  Orner. 
Ajufter.  (  Si  on  fe  pare  feulement  pour  fatisfaire 
Tmclination  naturelle  qu'on  a  à  la  vanité  ,  ou 
ce  n'eft  qu'un  péché  véniel ,  ou  ce  n'eft  point 
péché  du  tout.   Pafc.  l.  z. 

Si  la  beauté  des  femmes  ne  faifoit  pas  naître 
l'amour  dans  le  cœur  des  hommes ,  queferoient- 
elles  de  tout  le  temps  qu'elles  emploient  à  (q parer? 
Mademoifelle  de  Scudery.  Prelque  tous  ceux  qui 
décla. Tient  contre  les  femmes  qui  fe  parent, 
iroient  les  prier  de  reprendre  leurs  ajuflemens, 
fi  elles  cefl'oient  de  s'en  fervir.  S.  Evr. 

Parer.  [  Vit  ire ,  avertere.  ]  Terme  de  Maître 
d'armes.  C'eft  éviter.  Empêcher  avec  adrefl"e , 
ou  de  quelque  façon  que  ce  foit ,  que  le  coup 
qu'on  nous  porte  rit  nous  attrape.  (  Parer  le 
coup.  Parer  de  la  main.  En  parant  il  ne  faut 
pas  éloigner  l'épcc  de  devant  foi.  Parer  de  la 
pointe  de  l'épée  ,  parer  du  foible  ou  du  fort  de 
l'épée.  Liancourt,  Maître  d'armes ,  ch.  6.  il.  i6. 
&  ly.  Il  fe  dit  encore  plus  généralement ,  pour 
dire.  Eviter  quelque  coup.  Et  même  au  figuré , 
pour  dire  détourner  quelque  malheur. 

*  J'ai  fort  bien  fait  de  parer  la  déclaration 
d'un  defir  que  je  ne  fuis  pas  réfolu  de  contenter , 
Molière  ,   Amour  Médecin  ,  acf.  i .  Je.  i . 

Parer.  [  Prcetervehere.  ]  Terme  de  Aler.  Il  fe  dit 
en  parlant  de  cap ,  &  fignifie  ,  doubler  le  cap  & 
aller  au-delà.  (  Nous  fumes  long-temps  à  parer 
le  cap.  ) 

Parer.  [  Imum  equi  cornu  refecare.  ]  Terme  de 
Maréchal.  C'eft  couper  la  corne  &  la  foie  du 
pié  d'un  cheval  avec  le  boutoir  quand  on  veut 
ferrer  un  cheval.  (  Parer  le  pié  d'un  cheval.  Pié 
bien  ,  ou  mal  paré.  ) 

Parer.  \Pellem  exilem  facere.^  Terme  de  Relieur. 
C'eft  ôter  avec  le  couteau  à  parer,  les  cxtrémitcz, 
&C  quelquefois  le  dos  d'un  morceau  de  peau  dont 
on  veut  couvrir  un  livre.  (Parer  une  couverture. 
Couverture  bien  parée.  ) 

Les  Corroïcurs  &  les  Parchemijiiers  difent , 


PAR. 

au  même  fens.  Parer  une  peau.  Parer  le  parchemin. 
Cuir  paré.   Vache  parée. 

Parer.  Terme  de  Rôtiffcur.  C'eft  lever  la  graiffe 
qui  eft  fur  la  pance  d'un  agneau  ,  &  l'étendre 
fur  les  quartiers  de  l'agneau.  (  Parer  un  agneau.) 

Se  parer  ,  v.  r.  [Exornare.]  S'ajufter.  (Les 
femmes  aiment  à  fe  parer.  ) 

Séparer  des  penfées  d' autrui.  \_Sibi  aliorum  cogitatx 
tanquam  fua  arrogare.  ] 

I!  eft  affez  de  gens  à  deux  pies  comme  lui 
Qui  fe  parent  fouvent  des  dépouilles  d'autrui. 
Et  que  l'on  nomme  Plagiaires. 

La  Font.  ) 

Se  parer  ,  fe  défendre ,  fe  mettre  à  couvert  de 
quelque  chofe  contre  quelque  chofe.  (Se/7ar<:r 
de  la  pluie.  Se  parer  des  incommoditez  de  la 
faifon.  ) 

Pare',  (P  a  r  e'e.  )  adj.  [  Camp  tus.  ]  Orné  , 
ajufté.  (Elle  eft  bien  parée  aujourd'hui.  ) 

^"  Benferade  a  eu  raifon  de  dire 

Quelque  pari  qu'on  foit ,   on  befoin  d'avoir 
Un  iiirtout  de  jeunefle  ,  &  voulez-vous  le  voir.' 
C'eft  qu'il  eft  important  quelquefois  de  bien  taire 
Son  a£le  bapiiftaire.  ) 

f  Parce  ,  adj.  f.  Terme  de  Palais.  On  dit 
qu'une  pièce  porte  une  exécution  parée  ,  c'eft-à- 
dire  ,  qu'on  peut  contraindre  en  vertu  de  cette 
pièce ,  fans  une  ordonnance  du  Juge. 

Pièce  de  bœuf  parée.  [  Bovinum  fruflum  prapa~ 
ratum.  ]  Terme  de  Boucher.  C'eft  la  pièce  qui  fe 
levé  à  tête  de  furlonge. 

P  a  R  e'r  e.  Terme  de  Commerce  ,  qui  vient  de 
l'Italien.  Il  fignifie  l'avis  ou  confeil  d'un  Négo- 
ciant. (  Le  livre  des  parères  de  Savary  contient 
la  réfolution  des  queftions  les  plus  difficiles  du 
commerce. 

Pare'se/.  /  C'eft  la  même  chofe  (\\ieparalyfîe. 

Paresse,  y]/l  [ Pigritia  ,  inertia  ,  fegnities. ] 
Nonchalance.  Négligence.  Lenteur  blâmable, 
(  Satisfaire  ù  fa  parefl"e.  La  pareffe  toute  languif- 
fante  qu'elle  eft  ne  Iaifl"e  pas  d'être  fouvent  la 
maîtreffe  des  autres  paffions.  Elle  ufurpe  fur  tous 
les  defl"eins  &  les  aflions  de  la  vie.  Mémoires  de 
M.  le  Duc  de  la  Rochefoucaut.  Un  Auteur  Italien 
a  bâti  un  temple  à  la  Déefl'e  Pareffe.  (  Vous 
connoiffez  fa  pareffe  naturelle  à  foûtenir  la 
converfation.  Molière.^ 

Paresseux, y!  OT.  [  Piger  ,  defes  ,  iners.  3 
Négligent.  Nonchalant.  (  Il  n'y  en  a  point  qui 
preffent  tant  les  autres  que  les  parefleux.ikf<;/no//-M 
de  M.  le  Duc  de  la  Rochefoucaut. 

Parejjeux  ,  pareffcufe  ,  adj.  [  Ignavus  ,  fegnis.^ 
Nonchalant.  Négligent.  Qui  eft  fujet  à  la  pareffe. 
Qui  aime  la  pareffe.  (^Vous  êtes  pare feuf eh.  ua 
point  qui  ne  fe  peut  fouffrir.  Voit.  Utt.  ij. 

Notre  Mufe  (oxyvint  parejfeufe  &  ftérile 

A  befoin ,  pour  marcher ,  de  colère  &  de  bile. 

Defpreaitx.  J 

Paresseuse, /I/  Sorte  de  coifure  de 
femme  qui  s'aplique  fur  la  tête  comme  une 
perruque  par  le  moien  de  laquelle  une  femme 
pareffcufe ,  qui  fe  levé  tard ,  eft  coifée  dans  un 
moment. 

*  Ventre  parcffeux.  Les  lavemens  rendent  la 
nature  parejfeufe.     La  Chambre. 

F  a  R  E  u  R  e.   Voiez  Pan'tre. 

■J"  P  A  R  F  a  I  R  E  ,  V.  a.  [  Perficere  ,  ahfolvere.  ] 
Ce  mot  fignifie ,  achever.  Mettre  en  fa  perfeâion, 

mais 


PAR. 

mais  il  n'eft  pas  fort  en  ufage ,  parce  qu'il  a  vieilli. 

Faites-vous  toute  belle ,  &  tâchez  de  parfaire 
L'ouvrage  que  les  Dieux  ont  fi  tort  avancé. 

yoit.  po'éf.  ) 

Parfaire  unefommc.  C'eft,  en  termes  àc  finance, 
ajouter  à  une  fomme  ce  qui  y  manquoit. 

Parfaire  un  livre.  C'eft  en  termes  de  Libraire  , 
ajouter  à  un  livre  les  fciiilles  qui  y  manquent. 

Faire  &  parfaire  le  procès  à  quelquurt.  [Damna- 
tionem  explere.  ]  Terme  de  Palais.  C'eft  inftruire 
le  procès  jufqu'à  fentcnce  définitive.  Son  procès 
fera  fait  &  parfait. 

Parfait,  (Parfaite.)  adj.  \Perfecliis , 
completus.]  Qui  a  de  la  perfeûion.  Accompli. 
Achevé  &  fini  dans  toute  fa  perfeftion.  (Entre 
les  vivantes  images  de  la  Divinité  ,  c'eft  la 
première  ,  c'eft  la  mieux  reffemblante  &  la  plus 
parfaite,  Benf.  Compliment  à  M.  de  Mefrnes.  11  eft 
impoffible  de  rien  faire  de  parfait,  ylbl.  ) 

il  faut  bien  des  talens  pour  être  parfait 
Prédicateur.  Nous  n'en  avons  eu  aucun  à  qui 
on  ne  pût  reprocher  bien  des  défauts. 

Il  faut ,  pour  en  tracer  le  parfait  caraftére, 
Que  la  grâce  clans  lui  fe  joigne  à  l'art  de  plaire. 

Vdliers.  ) 

Nombre  parfait.  En  termes  i^Aritmaique.  C'eft 
im  nombre  qui  dans  toutes  les  parties  aliquotes 
ajoutées  enfemble  font  ce  même  nombre.  Ainfi 
1 ,  2  &  3  ,  parties  aliquotes  de  6  font  enfemble 
<j  Et  de  même  i,  i,  4,  7  &  14  parties  aliquotes 
du  nombre  z8  ,  font  enfemble  28.  On  trouvera 
la  même  chofe  au  nombre  498  ,  &c. 

Un  accord  parfait ,  en  termes  de  Mujique  ,  c'eft 
la  tierce  ,  la  quinte  &  l'odave. 

Prétérit  parfait ,  en  terme  de  Grammaire.  C'eft 
le  tems  paffé  ôi  défini  ,  comme  Je  parlai  &  j'ai 
parlé.  Le  prétérit  plus  que  parfait ,  comme  f'avois 
parlé. 

Parfaitement,  adv.  [Perfecli,  ad unguemi] 
D'une  manière  parfaite.  (  Il  faut  aimer  Dieu 
parfaitement.  Il  joue  parfaitement  du  luth.  ) 

§3"  Malherbe  a  dit  dans  le  poème  des  larmes 
de  faint  Pierre , 

Mais  toi,  que  plus  que  tous,  ']3\md\  parfaitement.) 

Ménage  a  fort  bien  obfervé  qu'une  chofe 
parfaite  eft  une  chofe' acomplie  ,  &  à  laquelle  il 
re  manque  rien  ;  &  ainfi  à  la  rigueur  des  termes, 
ce  mot  de  parfaitement ,  ne  peut  être  mis  avec 
un  comparatif,  comme  l'a  ici  emploie  Malherbe, 
&  moins  encore  avec  un  fuperlatif  ,  comme 
l'emploient  ceux  qui  finift"ent  leurs  lettres  par 
ces  mots  :  Je  fuis  parfaitement  votre  très-humble 
ferviteur.  Vaugelas  remarque  ^c)i.  a  de  même 
cette  phrafe  ,  &  il  ajoute  qui  diroit  ,  Je  fuis 
parfaitement  votre  ferviteur  ,  diroit  fort  bien  :  mais 
Je  fuis  parfaitement  votre  tris-humble  ferviteur  ,  ne 
fe  peut  dire  qu'en  ne  fâchant  ce  que  l'on  dit , 
ou  du  moins  n'y  fongeant  pas.  L'Académie  a 
aprouvé  cette  remarque.  Cependant  l'ufage 
fupérieur  à  toutes  les  régies  autorife  cette  façon 
de  finir  les  lettres. 

f  Parfaute,  adv.  [  Defeclu.  ]  Ce  mot  eft 
de  Palais  &  un  .peu  vieux  ,  &  en  fa  place  on 
dit  faute  de.  (  Par  faute  de  païcr  ,  dites  faute 
de  paier.  ) 

Parfois,  adv.  {(^uand^que?^  Ce  mot  fignifie 
quelquefois,  mais  il  n'eft  pas  fi  ufité  que  quelquefois. 

Et  fi  parfois  d'amour  votre  ame  eft  allumée  , 

C'eft  un  feu  paflager. 
^  jj,  Voit.pof.) 

lome  llly 


PAR.  41 

P  a  R  F  o  N  D  ,  vieux  mot  ,  extrême  ,  grand  , 
profond. 

ParfondrEjV.  <z.  \Encauflum  auro  inducere.] 
Terme  d'Emailkur.  C'eft  mettre  la  befognc  au 
feu.   (  Faire  fondre  l'émail  également  par  tout.  ) 

f  Se  Par  forcer,  v.  n.  [  Conari ,  eniti.  ] 
C'eft  faire  un  effort  violent  &  prefque  au  delà 
de  fes  forces.  Ce  mot  vieillit  ;  &  il  faut  dire 
fe  forcer. 

Parfournir,  V.  a.  [Supplere,  explere. '\ 
Achever  de  fournir  ce  qui  eft  nécefl'aire  pour 
rendre  une  chofe  complette.  (Un  Libraire  eft 
obligé  de  parfournir  les  feiiilles  qui  manquent 
à  un  livre  qu'il   a  imprimé.  ) 

P  A  R  F  u  M,  /.'  m.  [Odor  odoramentum.]  Senteur. 
Odeur  artificielle.  Compofition  odoriférante  qui 
étant  chaufée  ou  echaufée  ,  rend  une  agréable 
odeur.  (  Un  excellent  parfum.  Faire  de  bons 
parfums.  Aimer  les  parfums.  Elles  achetèrent 
des  parfums  pour  embaumer  Jefus.  Nouveau 
Teflatnent.  ) 

tJjT  Les  Anciens  aimoient  f)rt  les  parfums, 
ils  en  ufoient  dans  plufieurs  ocafii  ns  ,  &  parti- 
culièrement dans  les  funérailles  ,  &  fur  les 
tombeaux ,  pour  honorer  la  mémoire  des  morts  ; 
ainfi  Antoine  récommande  de  répandre  fur  les 
cendres  ,  du  vin  ,  des  herbes  odoriférantes  ,  &C 
de  mêler  des  parfums  à  l'agréable  odeur  des  rofes. 

Sparge  mero  cineres  ,  &  odoro  psrlue  nardo  , 
Hofpes  &  adde  rofis  balfama  puniceis.  ) 

Anacréon  avoit  dit  long -tems  auparavant. 
Ode  4.  A  quoi  bon  répandre  des  effonces  fur 
mon  tombeau  .■*  pourquoi  y  faire  des  facrifices 
inutiles,  parfume -moi  plutôt  pendant  que  je 
fuis  en  vie  ,  mets  des  couronnes  de  rôles  fur. 
ma  tête. 

Parfum.  Se  dit  figurément  des  chofes  qui  flatent 
agréablement  l'efprit.  (  Le  parfum  des  loiianges. 
Sa  prière  eft  montée  au  Ciel  comme  un  agréable 
parfum.  ) 

Parfum  ,  fe  dit  aufli  d'une  fenteur  défagréable. 
(  Voilà  un  méchant  parfum.  On  nous  envoie 
un  étrange  parfum.  ) 

On  dit  aufTi  parfum  pour  fignifier  la  qualité 
des  fruits  &  des  liqueurs  qui  flatent  le  goi'it  , 
ces  pêches  ont  beaucoup  de  parfum  ,  rien  n'égale 
le  parfum  de  la  véritable  eau  de  Barbade. 

Parfum.  [  Aromata  ,  fuffmenta  ,  Triymiamata.  ] 
Terme  èiApoticaire.  Ce  font  des  médicamens 
externes  compofez  de  gommes  &  de  poudi  es , 
qui,  mêlées  enfemble  &  miles  fur  dts  charbons 
ardens,  rendent  une  fumée  propre  à  la  guiiri'on 
de  plufieurs  maladies.    (  Préparer  un  parfum.  ) 

Parfumer  ,  v.  a.  [  Odoribus  imbuere ,  un':;uent(> 
perfricare.]  Communiquer  l'odeur  d'un  a^r.able 
parfum  à  quelque  choie  qui  en  lolt  fufceptible. 
Faire  prendre  à  quelque  fujet  l'odeur  d'un  parfum. 
Répandre  l'odeur  d'un  parfum.  (  Parfumer  des 
gans.  Parfumer  l'air.  Parfumer  des  liqueurs.  ) 

*  On  dit  figurément  d'un  di^n  fait  de  bonne 
grâce  &  fans  aucun  frais ,  qu'il  efl parfumé.  On 
dit  au  fil  ,  que  Sénéque  parfume  trop  fes  penfées  , 
qu'à  la  longue  elles  donnent  dans  la  tête.  Bouhours. 

Parfumer  les  lettres.  C'eft  les  expofer  au  feu 
de  foufre  ,  ôc  les  tremper  dans  le  vinaigre.  (  On 
parfume  les  lettres  qui  viennent  des  pais  fufpefts 
de  contagion.  ) 

Parfumeur  ,  f.  m.[  Myropola  ,  unguentarlus.] 
Marchand  ouvrier  qui  tait ,  vend  &  emploie  toute 
forte  de  parfums  ,  qui  fait  &  vend  de  la  poudre 

F 


4x  PAR. 

de  Cypre ,  des  favonnettes  ,  des  paftilles  ,  eau 
d'anoe  ,  &  autre  eau  de  ienteur  ,  vend  de  toutes 
fortes  de  gans  parfumez  ,  effences  ,  pommades, 
&c.  (  Le  métier  de  parfumeur  e(l  trcs-ancien , 
&  il  a  été  en  vogue  parmj  les  anciens  Grecs  & 
les  anciens  Romains. 

Pari,/!  m.  [  Pccuniaria  fponjîo.  ]  Ce  qu'on 
a  gagé.  (  Le  pari  eft  confidérable  ,  il  eft  de  cent 
piiioies.  )  Les  paris  font  ouverts. 

P  A  R  I  A  D  E ,  / /  \_Pirdicum  cohio.']  Terme  de 
ckaffc.  Saifon  où  les  perdrix  s'aparient. 

Pdàadi ,  fe  dit  auffi  des  perdrix  apariées.  (  Il 
y  a  plufieurs  pariades  dans  ce  champ.) 

P  A  R  I  A  G  E  ,  /  ///.  [  Confortium  ,  Jociitas.  ] 
Terme  de  Coutume.  Tenir  une  Juftice,  ou  un  fiet 
en  partage  avec  un  autre,  c'eft-à-dire,  enfocUtè. 

§3=  Ceft  ainfi  qu'on  apelloit  autrefois  une 
efpéce  de  fociété  que  nos  Rois  contraftoient 
avec  les  Evêques  &  les  Abez  ,  par  laquelle 
ceux-ci  participoient  aux  avantages  &  aux  pri- 
vilèges de  leurs  domaines.  Cette  affociation  & 
communication  de  droit  ,  dit  Chopin,  liv.  i. 
ch.  8-  du  Domaine  ,  efl:  apellée  pariage  ,  telle  que 
celle  que  fit  l'Evêque  du  Puy  en  Velay  avec 
Philipe  le  Bel  Roi  de  France.  Charles  VIL  par 
Lettres  Patentes  adreffées  au  Parlement  de 
Touloufe,renouvella  cette  aflbciation  &  pariage, 
&  enjoignit  à  ladite  Cour  de  Parlement  de  la 
faire  foigneufement  entretenir.  La  Roche-flavin 
a  remarqué  au  Titre  des  Droits  Seigneuriaux  art. 
12.  que  les  Confeigneurs  avec  le  pariage  ,  ne 
peuvent  procéder  à  faire  leur  reconnoi (Tance 
fans  apeller  le  Procureur  du  Roi  du  lieu  ,  s'il  y 
en  a  ,  ou  du  Siège  plus  prochain  ,  comme  fut 
dit  &  arrêté  le  17.  Mai  1541. 

Par  ici,  adv.  [Hdc\  De  ce  côté.  (Il faut 
paffer  par  ici.  C'eIt  par  ici.  ) 

Parier,  v.  a.  [  Sponfione  certare.  ]  Gager. 
(  Parier  une  piftole ,  une  paire  de  bas  de  foïe , 
un  caftor  ,  une  paire  de  gans  ,  &c.) 

P  A  R  I  E  u  r  ,/.  OT.  [  Sponfor.  ]  Celui  qui  parie. 
(  Il  y  a  plus  de  parieurs  que  de  joiieurs.  Voilà 
un  mauvais  coup  pour  des  parieurs.  ) 

Pariétaire  ,  f.f.  [^Helxine  ,  urceolaris  herba."] 
Ceft  une  herbe  qui  croît  naturellement  fur  les 
murailles.  Il  y  en  a  de  diverfes  fortes.  Ce  mot 
eft  auflî  adjeflif.  (^  Rué  pariétaire  ,  c'eft-à-dire, 
qui  croît  fur  des  murs  &  en  des  lieux  pierreux.) 

|;3"  Paris.  [Lutetia.]  L'une  des  plus  grandes 
villes  du  monde,  &  la  capitale  du  Roiaumede 
France.  Dubreuil  a  raporté  dans  fes  Antiquitez 
de  Paris ,  les  différentes  opinions  fur  l'origine 
de  ce  mot;  la  plus  vraifemblable  eft^que  Paris 
fut  bâti  auprès  d'un  Temple  d'Ifis  ;  wap»  \m'c. 
Spon  prétend ,  dans  la  vingt-unième  differtation 
de  fes  Recherches  d'antiquité  ,  que  l'on  a  trouvé 
ime  tête  de  femme  couronnée  d'une  tour,  & 
que  c'eft  la  figure  d'Ifis  ,  qui  étoit  adorée  dans 
un  Temple  élevé  à  fon  honneur  dans  le  terri- 
toire qui  apartient  à  préfent  à  l'Abaie  de  Saint- 
Germain  des  Prez.   (Quanta  Lutetia. 

Parisifn,  Parisienne,  celui  ou  celle 
qui  eft  de  Paris.  On  accufe  les  Parifiens  d'être 
un  peu  badaux  ;  il  eft  bien  étonnant  que  l'efprit 
foit  fi  peu  naturel  aux  habitans  d'une  ville  où 
on  en  porte  des  quatre  coins  du  Roïaume. 

Parijienne,  [  Minutifjlmi  caractères.  ]  Terme 
^Imprimerie.  C'eft  le  plus  petit  caradére  dont 
fe  fervent  les  Imprimeurs.  On  l'apelle  autrement 
Sedanoife. 

P  a  R  I  s i  s  ,f.m.  \Unitts  quintce accejjîo^  Terme 
de  Palais.  C'eft  l'adition  de  la  quatrième  partie 


PAR. 

de  la  fomme  au  total  de  la  fomme  ;  par  exemple 
le  parijis  de  feize  fous ,  ce  fpnt  quatre  fous  ;  ainli 
quatre  fous  pariJls  font  cinq  fous.  Le  Roi  par 
fa  dernière  Ordonnance  a  ôtè  le  parijis.  En 
termes  de  Finance  on  apelle  quart  en  fus  ce  qu'on 
apelloit  au  palais /'j/-i/?i. 

Parifis.  [  Parifunfis  agcr.  ]  Se  dit  auftî  du 
territoire  auprès  de  Paris.  (  Louvre  enparifs.^ 

Parité',/;/  [  Puritas  ,  œqudlitus.  ]  Terme 
de  Rétorique  &C  de  Pkilofopliie.  On  apelle  lieu  de 
parité  lorfqu'on  augmente  fur  des  chofcs  égales 
entr'elles  &  où  il  ne  fc  trouve  ni  plus  ni  moins. 

Parjure,/,  m.  \_PerJurium.]  Faux  ferment. 
(Punir  le  paT]uTe.  Patru.  Urbanijhs.  Je  ne  crois 
pas  qu'un  homme  puiffe  vivre  en  paix  fe  fcntant 
coupable  d'un  parjure.  Ablanc,  Rit.  liv.  2.  ch.  J. 

Eft-ce  ainfi  qu'au  parjure  on  ajoute  l'outrage. 

Jphigcnie  ,  jil.  4.  /.  6. 

Je  fçais  que  vos  regards  vont  r'ouvrir  mes  blefliires  , 
Que  tous  mes  pas  vers  vous  font  autant  de  parjures. 

Rue.) 

Parjure  ,  adj.  [  Perjurus.  ]  Qui  a  fait  un  faux 
ferment.    Qui  s'eft  parjuré.    Qui    eft  fans  foi. 

Cupidon  ne  punit  rebelle  ni  parjure. 

Deshouïiers. 
....  Mon  ame  parjure 
Ne  put  jamais  vous  faire  cette  injure. 

Voit.  poëf. 
....  Mon  cœur  même  aujourd'hui 
De  mon  parjure  amant  lui  promettoit  l'apul. 

Racine ,  Iphigénie.  û.  2./I  5.  J 

Parjure  ,  f.  m.  (^  Perjiiriofus.  )  Qui  a  fait  un 
faux  ferment.  {  C'eft  un  coquin.  C'eft  un  parjure. 
Il  n'y  eut  jamais  tant  de  parjures  &  de  facrilèges, 
Abl.  Luc. 

On  fçait  de  cent  beauté?,  les  triftes  avantures. 
Et  l'Empire  amoureux  ell  rempli  de  parjures. 

La  Su^e ,  Elégits.y 

Se  parjurer,  v.r.  [Pejerare,  obfringerefeperjurio.^ 
Faire  un  parjure.  Commettre  un  parjure.  (Ils'elt 
honteufement  parjuré.  Il  faut  être  un  miférable 
&  n'avoir  ni  foi  ni  loi ,  pour  fe  parjurer.  ) 

Par  la,  adv.  [  lllac.  ]  Par  cet  endroit.  Par 
ce  lieu.    (  Il  vient  depalTer  par  là.  Scaron.  ) 

Par  là.  [  Sic.  ]  Sorte  de  conjonHive,  qui  veut 
ô\xe  ainfi ,  par  ces  chofes.  (Je  vois  par  là  que  ,  &c. 

Parlant,  Parlante  , /j^a^.  &adj.  \_Loquax.'\ 
Qui  parle. 

(  Les  arbres  &  les  plantes 
Sont  devenus  chez  moi  WHara  parUmts, 

La  Tont.  ) 

Trompette  parlante.  [  Tuba  anglicana.  ]  C'eft  un 
grand  tuïau  de  fer  blanc  ,  fait  en  manière  de 
trompette  ,  par  le  moïen  duquel  on  porte  la  voix 
articulée  à  une  lieuë  loin,  ou  environ. L'invention 
des  trompettes  parlantes  eft  yenuë  d'Angleterre. 
On  a  dit  qu'Albert  le  Grand  avoit  une  tête  parlante. 

Armes  parlantes.  \S  eut  aria  rentra  nomini  accom- 
modata.']  Terme  de  Blafon.  C'eft  quand  les  pièces 
dont  l'Ecu  eft  chargé  difent  le  nom  de  celui  qui 
porte  ces  armes  ,  comme  une  tour  ,  dans  les 
armes  des  Seigneurs  de  la  Tour ,  &c. 

P  A  R  L  £  M  E  N  T  ,  y;  OT.  Le  mot  de  Parlement 
veut  dire  conférence  èc  pour-parler  ,  mais  en  ce 
fens  il  n'eft  pas  en  ufage. 

Le  Parlement  [  Senatus  fupremus  ]  eft  une 
Cour  Souveraine  ,  établie  par  nos  Rois  pour 
rendre  la  Juftice  à  leurs  Sujets.   Cette  Cour ,  à 


PAR. 

fa  naiifance  ,  ctoit  l'affcmblée  des  Princes  ,  des 
Oficiers  de  la  Couronne  ,  des  Prélats  &  des 
grands  Seigneurs  du  Roïaume  qui  rendoient  la 
juftice  aux  Sujets  du  Roi  deux  ou  trois  fois 
l'année  ,  en  un  lieu  que  le  Roi  dclignoit  lui-même, 
mais  enfin  en  1301.  Philippe  le  Bel  rendit  cette 
affemblée  fédentaire  à  Paris  ,  &  parce  qu'il 
logcoit  dans  le  palais  du  Roi  qu'on  apelle  curia 
en  Latin  ,  il  a  retenu  depuis  le  mot  de  Cour. 
Xoicz  Joly  &  Mïraumont.  Les  Parlemens  de 
France  font  g^aris ,  Touloufe  ,  Bordeaux  ,  Aix  , 
Grenoble  ,  Dijon  ,  Rouen ,  Rennes  ,  Pau  & 
Mets.  (Etre  Avocat  au  Parlement.  Etre  Avocat 
en  la  Cour  de  Parlement, 

Combien  au  Parlement  d'Avocats  de  grand  pcîds 
Pour  aller  à  grand  train  vont-ils  contre  les  loix 

Bourf.  Efop.  ) 

Parlement.  [  Curiœ  fiipremœ  confejfiis.  ]  Signifie 
quelquefois  la  Séance  du  Parlement  pendant  imc 
année,  qui  commence  à  la  Saint-Martin  &  finit  le 
7.  de  Septembre.  Cette  ouverture  fe  fait  par 
une  Meffe  folemnelle  ,  &  des  harangues  de 
l'Avocat  général  &  du  premier  Préildent. 

Le  Parlement.  \  Senatus  AngUcanus.  ]  En  An- 
gleterre, c'eft  l'Afleniblée  des  Etats  du  Roïaume, 
que  le  Roi  affemble  ,  congédie  ,  ou  proroge 
quand  il  lui  plaît.  Elle  eft  compofée  de  deux 
Chambres,  la  Haute  ,  où  font  les  Seigneurs  ;  & 
la  Baffe,  où  font  les  Députez  des  Villes. 

Parlementaire, y^  m.  [Curiœ fupremœ  fecîaruis.'\ 
C'eft  celui  qui  tient  le  parti  du  Parlement.  Ce 
mot  ne  fe  dit  qu'en  parlant  de  ceux  qui  out 
fuivi  le  Parlement  d'Angleterre  qui  étoit  opofé 
au  Roi.  Ce  mot  a  eu  aufli  dans  ces  derniers 
temps  fon  aplication  en  France. 

P  A  R  L  E  M  E  N  T  E  R  ,  V.  «.  [  Cum  obfefforibus  di 
'àidenda  avec  agere.  ]  Ce  mot  fe  dit  des  places 
affiégées  ,  &  veut  dire  ,  parler ,  conférer  avec  les 
ciJîégeans  pour  leur  livrer  la  Ville  à  de  certaines 
conditions  &  dans  un  certain  temps,  (La  Ville 
parlemente.  ) 

t'A  peine  Mars  fe  préfenta 
Que  la  belle  parlementa. 

La  Fontaine  ,  Contes.  ) 

*  y'ille  qui  parlemente  ejî  à  demi  rendue.  Façon 
de  parler  prorerHale ,  pour  dire  qu'une  fille  ou 
ime  femme  qui  écoute  des  propofitions  n'ell  pas 
éloignée  de  les  accepter  &  de  fe  rendre. 

Parler,  v.  a.  C'eft  expliquer  fes  penfces 
par  des  fignes  que  les  hommes  ont  inventez  à 
ce  deffein  ,  comme  font  les  voix  &  les  fons. 
Expliquer  fa  penlée  par  paroles.  (  Parler  un 
langage  inconnu.  Ablanc.  Parler  bien  une  langue. 
Parier  haut.  Parler  bas.  Parler  aux  oreilles  de 
quelqu'un.  Parler  du  nez.  Parler  gras.  Parler  ' 
entre  fes  dents.  Parler  Balzac  ,  Parler  Voiture. 
C'eft  s'exprimera  peu  près  comme  Balzac,  ou 
Voitu;-e.  Parler  blafon  ,  parler  chaffe.  C'eft  s'ex- 
primer en  termes  de  blafon  &  de  chaffe.  On  aime 
mieux  dire  du  mal  de  loi-même  que  de  n'en 
point  parler.    Les  petits  efprits  ont  le  don  de 

beaucoup  parler  &  de  ne  rien  dire.  Cette  feue 

cft  la  plus  nombreufe  de  toutes ,  &  on  ne  doit 

pas  elpérer  de  la  voir  finir. 

On  peut  dire  aufli ,  parler  une  langue  ,  parlei 

Grec ,  Latin ,  Allemand ,  François. 

On  dit  que  les  Ainans,  pour  ne  fe  rien  céler 
Au  défaut  de  la  voix,  ont  les  yeux  pour  parler. 

Bourf.  Efop.  ) 
Tome  III, 


PAR.  43 

Parler.  Difcourir.  (  Parler  de  que  Iquechofe, 
Parler  bien  ou  mal  de  quelqu'un.  On  parle 
diverfement.  Faire  parler  du  monde.  II  a  une 
grande  facilité  à  parler.  Parler  pour  quelqu'un. 
Je  n'en  ai  jamais  oiii  parler.  Parler  du  cœur , 
parler  tout  de  bon.  Parler  en  maître.  Parler  en 
public.  Parler  à  tort  &  à  travers.) 

Parler  de  la  pluie  &  du  beau  tems.  Prov.  C'eft 
parler  ,  c'eft  difcourir  de  chofcs  indifférentes. 

Parler  en  l'air.  Prov.  C'eft  parler  fans  aucurt 
deffein  ,  fans  aucune  vûë  particulière  ,  lans 
réflexion.  C'eft  auffi  parler  fans  fondement ,  fans 
être  bien  inftruit  d'une  chofe. 

Parler  au  hasard  ,  à  la  boule-vâc.  C'eft  parler 
témérairement  de  ce  qu'on  ne  fçait  pas  bien. 

Tout  parle  en  mon  ouvrage  ,  &  même  les  poiflTons  ; 
Ce  qu'ils  difent  s'adrefle  à  tout  tant  que  nous  femmes 
Je  me  fers  d'animaux  pour  infttuire  les  hommes. 

La  Font.  ) 

*  Faire  parler  les  arbres  ,  les  rochers ,  &c. 
[  Orationem  afiringere.  ]  C'eft  les  introduire  dans 
un  difcours  comme  ù.  c'étoient  des  perfonnes  qui 
parlaflent. 


Je  veux  croire  qu'au  fond  il  ne  fe  pafTe  rien , 
Mais  enfin  on  en  parle ,  &  cela  n'eft  pas  bien. 


Mol.  ) 


*  La  chofe  parle  d'elle-même.  [Perfe  notumefi.] 
C'eft-à-dire  ,  la  chofe  eft  évidente. 

Se  parler  par  lettres.  [  Scripto  adiré  aliquem.  ] 
C'eft  fe  communiquer  fes  penfées  par  lettres. 

Parler  par  figues  ,  comme  les  muets.  [Signis 
alloqui.  ] 

Se  parler  desyeux.  C'eft  exprimer  mutuellement 
fes  fentimens  par  des  regards.  On  dit  dans  le 
même  fens  ,  parler  des  yeux.  (  II  parle  des  yeux , 
c'eft-à-dire  ,  il  fait  entendre  par  fes  regards  ce 
qu'il  defire.  ) 

Parler  en  maître.  C'eft  parler  fur  une  matière 
qu'on  pofféde  à  fond.  C'eft  auffi  parler  d'un 
ton  d'autorité  pour  fe  faire  obéir  ;  parler  avec 
hauteur. 

Parler  en  Ecolier.    C'eft    parler  étourdlment. , 
C'eft  auffi  parler  des  chofes  dont  on  n'a  qu'une 
connoiffance  légère  &  fuperficielle. 

Parler  comme  un  perroquet.  Prov.  C'eft  parler 
fçavoir  ce  qu'on  dit. 

Parler  aux  rochers.  C'eft  parler  à  des  gens  qui 
ne  font  point  touchez  de  ce  qu'on  leur  dit ,  de 
ce  qu'on  leur  repréfente. 

Parler  à  un  fourd.  C'eft  parler  à  un  homme 
qui  eft  réfolu  de  ne  rien  entendre  ,  de  ne  rien 
faire  de  ce  qu'on  lui  demande  ,  de  ce  qu'on 
lui  dit. 

Parler  à  cheval  à  quelqu'un.  C'eft ,  en  ftile 
familier,  parler  à  quelqu'un  avec  hauteur,  avec 
empire ,  avec  emportement. 

Parler  des  grojjes  dents.  C'eft  parler  avec 
menaces. 

Parler  François  à  quelqu'un.  C'eft  lui  expliquer 
nettement  &  précilement  fon  intention  ,  fa 
réiblution  ,  ne  lui  rien  céler  de  ce  qu'on  veut 
qu'il  fçache. 

Faire  parler  de  foi.  C'eft  faire  des  chofes  d'eciat, 
dont  tout  le  monde  s  entretient.  On  le  dit  en 
bonne  &  en  mauvaife  part. 

La  nature  parle  ,  le  fung  parle.  C'eft-àdire, 
que  dans  certaines  conjonûures  les  fentimens 
naturels  fe  réveillent. 

Parler  du  ventre.  C'eft  une  adreffe  qu'ont  de 
certaines  perfonnes    de  parler    d'une   certaine 

F  ij 


44  PAR. 

maniéie  qu'il  femble  que  leur  voix  vienne  de 
loin. 

■^  ParUr  ,  v.  a.  Ce  mot  fe  dit  des  tuïaux 
d'orgues.  (  Tiiiau  qui  pur!i  bitn.  C'eft-à-dire  , 
qui  a  une  harmonie  tranche  &  naturelle  comme 
il  la  doit  avoir.  Mcrf.  l.  6.  ) 

PurUr.  [  Afflatu  divlno  concitan.  ]  Se  dit  pour 
jnfpircr.  C'elt  en  ce  l'cns  que  Defpréaux  dit 
des  mauvais  Polites  ,  que  Calliope  ne  daigna 
jamais  \^ur parler  ;  que  l'Abbé  de  Villiers  dit  que 
l'Ecriture  içait  parler  au  cœur. 

Parler  ,  f.  m.  [Elocurlo,fcr:no.']  Mot  qui  fignlfic 
langage ,  mais  qui  ne  fe   dit  qu'en  poëlle. 

Ses  regards  font  par  tout  des  vainqueurs  glorieux 
Et  fa  bouche  qui  forme  un  parler  gracieux 
A  l'éclat  &  l'odeur  d'une  rofe  nouvelle. 

Sur.  paëf.  ) 
Ah  !  que  je  l'eftimai  belle 
A  fon  parler  il  gracieux. 

Volt,  po'éf.  ) 


Parler  Grec  ,  Latin  ,  font  mis  adverbiale- 
ment. On  ne  dit  pas  feulement  parler  une  langue, 
parler  le  langage  de  la  Cour  :  mais  on  dit  encore 
parler  guerre  ,  parler  blafon  ,  parler  c/iajfe  ,  &c. 
cola  fe  dit  d'une  perlonne  qui  fçait  tous  les 
termes  de  la  guerre ,  du  blafon  &  de  la  chaffe , 
&  qui  les  emploie  à  propos  en  parlant  :  Cela 
s'étend  à  toutes  les  chofes  dont  on  fçait  les 
termes  propres  ,  &  dont  on  parle  fçavamment. 
Balzac  dit  dans  fes  entretiens ,  pour  continuer 
à  parler  Eplgramme  ;  il  dit  a.\xiX\  parler  Horace  , 
&  c'eft  en  parlant  des  fages  ignorans ,  comme 
il  les  apelle  ,  qui  ne  lavent  pas  un  mot  de  Grec 
ni  de  Latin  ,  &  qui  n'ont  étudié  ni  en  Logique  , 
ni  en  Rhétorique  ,  &  qui  font  néanmoins  des 
pièces  ,  où  l'on  remarque  toutes  les  régies  du 
raifonnement  &  de  l'Eloquence  :  Je  me  contenterai, 
dit-il  ,  de  vous  en  alléguer  un  feul ,  &  encore  ne 
veux-je  pas  vous  le  nommer  ,  qui  brille  entre  les 
autres  ,  comme  le  foleil  entre  les  ajîres  ,  pour  parler 
Horace. 

Balzac  a  parlé  Balzac  en  cette  rencontre  plutôt 
<\vC Horace  ;  car  Horace  dit  expreffément,  comme 
tout  le  monde  fçait , 

....  Micat  imcr  omncs 
Juliuin  fidus  ,  velue  inter  igrtet 
Luna  minores.  ) 

Parler  doucement.    Voïez  doucement, 
Parlerie  ,  f.  f.    Babil.    On  ne  s'en  fcrt  qu'en 

mauvaife  part ,  &  dans  le  flile  familier.  (  Toute 

cette  parlerie  m'ennuie. 

■j-   Parleur,  f.  m.  [  Loquax ,  garrulus.]    Celui 

qui  parle.  Celui  qui  difcourt.  Qui  caufe.  (11  n'y  a 

point   de  plus  grands  parleurs  ,    que   les  deœi- 

Sçavans,  Âbl. 

C'cft  ce  divin  parleur  dont  le  fameux  mérite 

A  trouvé  chez  le  Roi  plus  d'honneur  que  d'apui. 

Mam.  poëf.  ) 
Ne   foiezà  la  Cour,  fi  vous  y  voulez  plaire , 
Ni  fade  adulateur  ,  ni  parleur  trop  llncére. 

La  Font.  ) 
^^  Grand  parleur  ,  dit  le  P.  ^.  fuite  des  Remur- 
cjncs  nouvelles  ,  &c.  renferme  deux  chofes  ,  un 
défaut  &  une  habitude.  Qui  dit  grand  parleur  , 
dit  un  homme  qui  parle-  trop  ,  qui  parle  fouvent 
mal  à  propos  ,  qui  parle  en  l'air  ,  qui  parle  pour 
parler  ;  on  ne  dit  pas  d'un  homme  qui  ne  dit 
rien  que  fenfé ,  qui  ne  dit  rien  d'inutile  ,  qu'il 
foit  un  grand  parleur  ,  quoiqu'il  parle  beaucoup; 
on  ne  le  diroit  pas  même  d'un  homme  ,  qui  dans 
uns  ou  deux  rencontres  auroit  tenu  de   longs 


PAR. 

difcours  contre  fa  coutume,  &fe  ferolt  trouvé 
en  humeur  déparier  plus  qu'à  l'ordinaire.  Grand 
parleur  marque  une  habitude ,  &  il  ne  faut  pas 
s'en  fervir  dans  des  endroiis  oîi  il  n'ell  queilion 
que  d'un  ade  ,  comme  ont  fait  de  célèbres  Ecri- 
vains en  traduifant  orantes  nolite  multum  loqui , 
ne  foïez  pas  grands  parleurs  dans  vos  prières  ,  au 
lieu  de  dire  ne  parler  pai  beaucoup  dans  vos  prières. 
On  dit  bien  ,  c'eft  un  grand  parleur.  Ce  font  de 
grands  parleurs  ,  mais  dans  une  ocafion  particu- 
lière. On  n'exhorte  guères  les  gens  à  n'être  pas 
de  grands  parleurs ,  on  les  exhorte  à  parler  peu  ; 
du  moins  on  ne  dit  oviWn'dUiimcni  grand  parleur  , 
que  pour  marquer  un  homme  qui  cft  fujct  à 
parler  beaucoup  ,  &c. 

Parlcuje  ,  f.  f-  [  Garrula  ,  verbofa.  ]  Ce  mot  fe 
joint  ordmairement  à  quelque  épitète  ,  &  ne  fe 
dit  pas  féal.  (Ainfi  on  dit  ,  c'eft  une  grandi 
parleufe ,  pour  marquer  que  c'eft  une  fille  ,  ou 
une  femme  qui  parle  beaucoup.  Les  femmes  qui 
ont  l'efprit  petit  font  gxîiuàcs  parleufes. 

P  A  R  L  o  I  R  ,  y;  OT.  [  Allocutorium.  ]  Lieu  du 
Couvent  où  l'on  parle  aux  Religieufes  à  travers 
une  grille.  (CJn  petit  parloir.  Un  grand 
parloir.  ) 

Rien  ne  fait  plus  aifément  oublier  à  une 
Religieufe  la  faintetè  de  fon  état  que  la  fréquen- 
tation du  parloir.  11  y  a  des  Convens  où  il  faut 
retenir  de  bonne  heure  le  parloir. 
,  Parloir.  [  Colloquii  locus.  ]  Ce  mot  parmi  les 
Fciiillans  eft  une  petite  chambre  ouverte  de 
tous  côtés  ,  &  qui  eft  à  chaque  bout  du  dortoir, 
où  les  Religieux  parlent  cnfemble ,  parce  qu'il 
n'eft  pas  permis  de  parler  au  dortoir. 

Parloir  aux  Bourgeois.  C'étoit  anciennement 
à  l'aris  ,  ce  qu'on  nomme  prèfentement  l'Hôtel 
de  Ville  ,  c*fft-à-dire  ,  le  lieu  où  les  Magiftrats 
Municipaux  tenoient  leur  Jurifdiâion  ,  &  termi- 
noicnt  les  di.^Férends  qui  étoient  de  leur  compé- 
tence ,  &  qui  furvenoient  entre  les  Bourgeois 
en  fait  de   police  &  de  négoce. 

Parmesan  .,f.m.  [Cafeus  cajlrenjîs.']  Sorte 
de  bon  fromage  qui  vient  de  i'arme  en  Italie. 
(  Le  parmefan  eft  fort  bon.  ) 

Parmi.  [  Inter ,  cum.  ]  Prèpofitlon.  qui  régit 
Vaccufatif ,  &  qui  lignifie  Entre.  Au  milieu.  II 
n'eft  pas  poffible  de  faire  la  Cour  aux  Mufes 
parmi  l'embarras  des  aftaires  &  les  tracas  du 
ménage.  )     , 

P  A  R  N  A  G  E  ,  /  w.  [  GlandaricR  paponis  jus.  } 
Terme  des  Eaux  &  Forets  ,  &i.  de  Coutume.  C'eft 
im  droit  Seigneurial  dû  aux  propriétaires  d'une 
forêt  pour  la  glandée  &  paiflbn  des  porcs  6c 
autre  bétail. 

P  A  R  N  A  s  s  F. ,  /  w.  [  Parnafus.  ]  Mont  de  la 
Phocide  ,  qui  a  deux  pointes  fort  hautes  &  qui 

eft  confacré  aux  Mufes. 

» 

Vous  me  loiiez  de  bonne  grnce 
M:iis  pour  cette  iiiunoitalité 
Dont  on  parle  tant  au  I'arn.tjfe 
Hélas  !  ce  n'eil  que  vanité. 

Mlle,  de  Scudery.  ) 

Parna^e  fatirique.  Ouvrage  de  vers  obfccnes. 

Parnaffides.  On  apelloit  ainfi  les  Mufes  à  caufe 
du  Mont  Parnaffe  qu'elles  habitoient. 

P  .v  R  o  D  1  £  ,  f.  f.  \Criticus  ,  cenfor.]  Sorte  de 
poème  ,  où  pour  joiier  quelque  perfonne  on 
tourne  avec  eiprit  &  un  fens  railleur  &  agréable 
les  vers  de  quelque  grand  Poète.  Le  mot  de 
Parodie  vient  du  Grec  ou  w^:tiS'ia  ou  irn(a^ti, 
mot  compofé  de  viafà  prépofition  &  du  fubftantit 


P  A  R. 

cù'A,  qui  fignifîe  chant  on  chanfon.  La  prcpofi- 
tlon  wà/Jt  jointe  à  ce  fubftantif ,  y  attache  tout 
à  la  fois  une  idce  de  refTemblancc  ,  &c  une  idée 
d'oppofuion  ;  de  forte  que  parle  verbe  7ia,a  tr  , 
nous  entendons  ,  hiivant  l'étymologie  de  ce  mot, 
un  ou  plulieurs  vers  faits  dans  les  mêmes  meliires, 
félon  le  même  chant ,  mais  qui  différent  par  le 
fens  de  ceux  qui  font  la  matière  de  la  parodie. 
La  Parodie  a  été  inventée  par  les  Grecs  ;  &  il 
y  en  a  de  plufieurs  efpeces,  qu'on  peut  réduire 
à  deux  ;  l'une  que  l'on  peut  appeller  iimple  & 
narrative  ,  l'autre  qu'on  défigne  fous  le  nom  de 
Parodie  dramatique.  La  Parodie  doit  avoir  pour 
but  l'agréable  &c  l'utile  ,  comme  tous  les  autres 
genres  de  poëfie.  On  peut  la  regarder  comme 
une  fîilion  ingénieufe  ,  fous  le  voile  de  laquelle 
on  propofe  quelque  vérité.  Le  fujet  qu'on  entre- 
prend de  parodier  doit  toujours  être  un  ouvrage 
connu  ,  célèbre  &  ellimé.  La  critique  d'une  pièce 
médiocre  ne  peut  devenir  intéreflante  ,  ni  piquer 
la  curiofité.  L'Auteur  d'une  Parodie  doit  aulîi 
éviter  trois  ècuëils  dangereux ,  l'efprit  d'aigreur, 
la  baffeffe  de  l'expreflion  &  l'obfcènité.  Le  llile 
de  la  Parodie  doit  être  fimple  &  naïf  ^  &  ne 
foufTre  rien  de  bas  ni  de  burlefque.  En  deux 
mots ,  il  faut  que  la  Parodie  imite  fidèlement , 
fans  avoir  rien  de  fervile  ni  de  contraint  ;  qu'elle 
foit  févére  fans  aigreur  ,  fimple  fans  bafl'effe  , 
modefte  ,  équitable ,  joignant  l'utile  à  l'agréable. 
On  peut  confulter  fur  ce  fujet  une  Dijfcrtation 
fur  la  Parodie  ,  par  M.  l'Abbé  Sallier  ,  dans  le 
tom.  7.  des  Mèm,  de  l'Acad.  des  Infcriptions  & 
Belles- Lettres. 

Scaliger  dit  dans  fa  Poétique  ,,-//V.  i.  chap.  8- 
que  la  Parodie  étoit  la  fille  de  la  Rapfodie. 

Les  Ouvrages  des  anciens  Poètes  étoiont 
répandus  dans  le  monde  féparément  &  par  lam- 
beaux. jElien.  liv.  ij.  chap.  i^.  raconte  dans 
fes  divcrfes  hiftoires  que  l'Iliade  ,  &  l'Odiffée 
d'Homère  étoient  chantées  fur  les  théâtres ,  ou 
dans  les  jours  de  folemnité  ,  par  parties  féparées. 
Les  uns  chantoient  les  aôions  d'Agamemnon  ; 
les  autres  ,  les  funérailles  de  Patrocle.  L'Odiflee 
fourniffoit  plufieurs  fujets  confidérables ,  comme 
le^féjour  d'Ulyffe  dans  la  grotte  de  Calypfo ,  &c. 

Çj'  Mais  comme  ces  récits  étoient  languiffans, 
&  ne  rempliffoient  pas  l'attente  &  la  curiofité 
des  auditeurs  ;  on  y  mêloit  pour  les  délaffer  , 
&i.  par  forme  d'intermède,  des  afteurs  qui  réci- 
toient  de  petits  poèmes  compofez  des  mêmes 
vers  qu'on  avoit  récitez,  mais  dont  on  détournoit 
!e  fens  pour  exprimer  autre  choie  propre  à 
divertir  le  public  ;  c'étoit  ce  qu'on  apelloit 
parodies ,  dont  Scaliger  nous  donne  cette  défini- 
tion :  ejl  igitur Parodia  ,  Rupjodiainverfa,  mutaris 
vocibus  ad  ridicula  fenfum  retrakens.  Suidas  avoit 
dit  avant  lui  ,  que  parodier ,  c'étoit  compofer 
une  Comédie  des  vers  d'une  Tragédie.  Les 
parodies  ne  furent  inventées  que  pour  repré- 
î'enter  aux  fpeftateurs  quelque  fujet  divertiflant 
&  comique  ,  &  comme  naturellement  on  aime 
mieux  ce  qui  nous  divertit ,  que  ce  qui  nous 
aflige  ,  ces  petits  ouvrages  comiques  ,  tirez  d'une 
tragédie  ou  de  quelque  poème  férieux  ,  devinrent 
fort  à  la  mode  ,  parce  que  l'on  y  mêloit  de  la 
fatire.  Athénée ,  liv.  16.  fait  mention  de  plufieurs 
Poètes  qui  ont  réudi  dans  ce  genre  de  poëfie, 
&  fur  tout  d'un  certain  Euboeus  de  Paros ,  qui 
du  tems  de  Philipe  ,  Roi  de  Macédoine  ,  fit  des 
parodies  pleines  de  railleries  piquantes  contre 
les  Athéniens.  Voicz  Rapfodie. 

Parodier  ,  v.  a,  [  Ferfiis  induflria  imminare.  ) 


PAR.  45 

Faire  des  parodies.  (  Cette  pièce  a  été  parodiée.  ) 

V  AKoi  ,f.f.  [Paries.'\  Ce  mot  ,  pour  dire 
un  mur  ,  eft  hors  d'ufage,  &  en  fa  place  on  dit 
mur  ou  muraille.  (  Une  paroi  mitolenne.  On  dit 
prèfentement  un  mur  mitoien.  ) 

On  appelle  aulîi  parois  ,  les  membranes  qui 
environnent  l'eftomac. 

Paroi ,  f  m.  [  Lacera.  ]  Ce  mot ,  en  termes 
èi  Anatomie  ,  eft  mafculin.  C'eft  ce  qui  lèpare 
les  deux  narines  ,  depuis  le  haut  du  nez  juf  qu'à 
la  lèvre.   Defg. 

Paroi  ,  f.  m.  [^  Equini  cornu  fecîrix  novacula.  ] 
Inflrument  avec  lequel  le  Maréchal  pare  le  pié 
des  chevaux.   On  l'apelle  aufiî  Boutoir. 

Paroi.  [  Arbores  rnallei  nota  infculptœ.  [  Terme 
A^Eaux  &  Forêts.  Arbres  marquez  du  marteau 
de  l'Arpenteur  entre  des  pies  corniers  qui  fèpa- 
rent  les  bois  de  diffèrens  propriétaires ,  ou  les 
différentes  coupes  d'un  bois. 

Paroir.  Inllrument  fur  lequel  les  Corroïeurs 
&  quelques  autres  ouvriers  parent  les  cuirs 
qu'ils  préparent. 

PARoiRE,y^/I  [  Intcrpolatorium.  ]  Terme 
de  Chaudronnier.  Inftrument  d'acier  ,  large  & 
épais  comme  une  pièce  de  trente  ious  ,  qui  eft 
emmanché  ,  &  dont  le  Chaudronnier  fe  fert  pour 
grater  le  cuivre  avant  que  de  l'ètamer.  (  On 
grave  le  cuivre  avec  la  paroire.  ~) 

P  A  R  o  E  M I  F  ,  y;  /^  Elpéce  de  figure  ou  de 
proverbe  fententieux.La/»i7rœ/72i>  eft  une  allégorie 
ferrée ,  &  diffère  de  la  parabole  en  ce  que  colle-ci 
eft  plus  étendue. 

Paroisse,/./.  [  Parœcl't  ttmplum.  ]  Eglife 
gouvernée  par  un  Curé  qui  a  la  charije  d'ames. 
(  Aller  à  la  Paroiffe  tous  les  Dimanches  &  toutes 
les  Fêtes.  On  eft  obligé  à  laques  de  fe  confetfer 
&  de  communier  à  fa  Paroiffe.  Les  Parolffes  de 
la  Campagne  n'ont  commencé  qu'au  quatrième 
fiécle ,  Si  celles  des  Villes  font  plus  anciennes. 
Difcipline  de  VEalifi  ^   l.p,  c.  Z2. 

Piiroijfe.  [  Paracice  territorium.  ]  Tout  le  lieu 
où  demeurent  les  ParoiiT^ens  &  Paroilfiennes. 
Toute  l'étendue  des  lieux  oii  s'étend  la  Jurifdiûlon 
fpirituelle  du  Curé.  (  Vifiterfa  Paroifl"e.  ) 

■f-  *  C\jlle  coq  de  la.  Paroiffe.  [Parœciœ  primarius.^ 
C'eft-à-dire,  le  plus  confidérable  :  c'eft  le  premier 
du  lieu. 

Paroissial, Paroissiale,  ad/.  [CurialiSf 
parochialis.  ]  Qui  eft  de  la  Paroiffe.  (  Eglife 
paroifiiale.   Meffe  paroiiîiale.  Patru  ,  plaid.  ) 

Paroiffien  ,  Paroi[flenne.  [  Parochianus.  ]  Ce  mot 
fe  dit  des  perfonnes ,  &  qui  veut  dire ,  qui  efi 
de  la  Paroiffe.  (  Il  eft  fon  Paroiff.en.  Elle  eft  fa 
Paroiffienne.) 

Paroiffien  ,  f.  m.  Celui  qui  eft  de  la  Paroiffe. 
(  Un  bon  Paroiffien  entend  le  Prône  de  fon  Curé 
tous  les  Dimanches.  ) 

Paroiffienne ,  f.f.  Celle  qui  eft  de  la  Paroiffe. 
(C'eft  une  des  meilleures  Paroilfiennes  de  M. 
le  Curé.  ) 

Paroitre  ,  V.  «.  [  Comparere  ,  vider'i,  eminere.'] 
Prononcez  parétre.  Je  paroi ,  tu  parois  ,  ilp.iroit , 
nous  paroiffons.  Je  parus  ,  je  paraîtrai.  Je  paroiffe  y 
je  paruffe  ,  je  paroitrois  ,  paroiffant.  Ce  mot  fe 
dit  des  perfonnes  &  des  chofes  ,  &  fignifie  ,  fe 
montrer  ,fe  faire  voir.  Avoir  de  l'éclat  ,  de  l'apa- 
rence ,  du  luftre.  Avoir  un  certain  air  ,  une 
certaine  mine.  (Paroîtreen  public.  U  neparoit 
point,  s'il  paroiffoit  il  y  a  ordre  de  l'arrêter. 
11  a  paru  une  nouvelle  étoile.  Les  Comètes 
paroiffent  de  tems  en  temps.  Le  ruban  bleu 
i     paroit  fort  fur  le  noir.    On  n'eu  pas  toujours 


46  PAR. 

ce  qu'on  paroît.  Madame  de  Sablé.  Les  Efpagnols 
paroiU'ent  fagcs  &  ils  font  tous  ,  &  les  François 
paroijj'cnt  fous  &  ils  font  fages. 

Un  Chevalier  aimable  autant  qu'on  le  peut  être 
Qui  connut  Ion  mérite,  &  par  hazard  un  jour, 

La  vit  à  la  grille  paraître 
Conçut  pour  elle  un  violent  amour. 

Pirr.  Grifel.  ) 

^^  Paroicre ,  fe  dit  généralement  de  tout  ce 
qui  tombe  fous  la  vûë  ,  &  qui  fe  fait  voir , 
apparourc  ne  fe  dit  guère  que  des  efprits  ou  des 
fpcftres, 

Parourt ,  fignifie  auffi  fembler.  (  Cela  me  paroît 
beau.  Ce  livre  me  paroît  utile.  Cet  ornement 
me  paroît  convenable  ,  &c.  ) 

Parole  ,  f.  f.  \yirbum  ,  ferma  ,  vox.'\  Mot, 
Explication  de  fa  penlce  par  le  fcn  &  la  voix. 
Voix  articulée.  Difcours.  (Les  paroles  de  vos 
lettres  (ont  choifics.  Lettre  du  Cardinal  de  Richelieu 
à  Balxac.  A  la  Cour  on  ne  fe  fert  guère  des 
paroles  que  pour  dcguifer  fes  fentimens,  Balzac 
Lettres  choifits.  Il  n'y  a  qu'une  parole  qui  ierve. 
Molière.  Entre  gens  d'honneur  une  parole  eil  un 
contrat.  Il  n'a  pas  dit  une  feule  parole.  L'honneur 
qu'on  rend  en  paroles  coûte  peu  &  vaut  beau- 
coup. Prendre  la  parole.  Abl.  Luc.  C'eft-à-dire  ,  le 
difcours.  Reprendre  La  parole.  C'eft-à-dire  ,  le 
difcours. 


Martin  à  ce  difcours  fouritSt  fe  confole 

Se  loiie  &  fans  façon  les  croit  fur  leur  parole. 


rill.) 


Jvoir  le  don  de  la  parole.  C'eft  parler  bien , 
parler  facilement.  On  dit  aufli ,  avoir  la  parole 
en  commandement ,  avoir  la  parole  en  main. 

Parole.  Ce  mot  entre  encore  dans  quelques 
façons  de  parler.  (  Exemples.  C'eft  un  homme  de 
parole.  \_Stat promiffis.'\  C'eft-à-dire,  qu'il  tient 
ce  qu'il  a  promis.  Ils  donnent  leur  parole  &  ne 
la  tiennent  pas.  [  Fidem  ajîringunt ,  promiffa  non 
fervant.'\  C'eft-à-dire,  ils  promettent  &  ne 
s'aquittent  point  de  leurs  promefl'es.  Sefouvenir 
de  fa  parole.  Baliac.  C'eft  -  à  -  dire  ,  de  fa 
promelTe.  Reprendre,  retirer  ,  dégager  fa  parole. 
[  Fidem  liberare.  ]  C'eft-à-dire  ,  fe  retraiter  civi- 
lement &  dans  le  tems  prefcrit.  Engager  fa  parole 
&  fa  foi.  Abl.  [  Fidem  aftringcre.'\  C'eft  promettre 
quelque  chofe  avec  afl"urance.  Violer  fa  parole. 
Abl.  Ret.  l.  3.  [In  f de  non  f  are. '\  Ocû-à-dire, 
ne  pas  tenir  ce  qu'on  avoit  promis.  On  lui  porta 
parole  de  mille  ccus.  [  Promittere  ,  denunciare.  ] 
C'eft-à-dire  ,  on  lui  promit  mille  écus.  Celui  qui 
portoit  la  parole  en  ces  termes.  Abl.  Ret.  Là. 
[  Qui  verba  faciebat  fie  fatus  efl.  ]  C'eft-à-dire  , 
celui  qui  difcouroit.  Se  prendre  de  paroles.  \Verbis 
minari.  ]  C'eft  dire  qu'on  fera  beaucoup ,  lorfque 
cependant  on  ne  fait  pas  grand  chofe.  On  dit 
au  même  fcns ,  n'avoir  que  des  paroles.  [  Verba, 
prœterea  nihil.  ]  Qui  fignifie  aufli  en  parlant 
d'amoureux ,  ne  contenter  les  Dames  que  par 
des  paroles  &  des  complimens. 

Oui,  les  femmes  font  vos  idoles, 
M.iis  à  grand  tort  vous  les  aimez 
Vous  qui  n'avei  que  des  paroles. 

Mad.  Dejloges  à  Malherbe.^ 

Voïez  Ménage  ,  notes  fur  Malherbe. 
Çj"  Parole  &  voix  font  deux  chofes  diférentes. 
Malherbe. 

La  parole  &  la  voix  reflufcitent  les  morts. 

Ronf.  Sonnet  27. 

Je  fuis  femblable  à  la  Prêtreffe  folle 
Qui  bègue  perd  la  voix  &  la  parole,  ) 


PAR. 

^^  Godeau  dans  fa  féconde  Eglogue  facrée. 
J'cntcns  de  mon  ami  la  parole  &  la  voix.  ) 

*  Etre  de  deux  paroles.  [  Fidem  nullam  habere.  ] 
C'eft  fe  retracer  de  ce  qu'on  avoit  promis. 

Le  mot  de  parole  entre  en  plufieurs  proverbes, 
dont  voici  les  principaux. 

A  grand  Seigneur  peu  de  paroles.  Pour  dire  , 
qu'il  ne  faut  pas  abufer  de  leur  audience. 

A  bon  entendant  il  ne  faut  qu  une  parole.  Pour 
dire  ,  qu'un  mot  fufit  quelquefois  pour  faire 
entendre  une  affaire  quand  on  parle  à  un  homme 
d'efprit. 

Parole.  [  Fox.  ]  La  voix.  Le  ton&  l'inflexion 
de  la  voix.  (  Perdre  la  parole.  Reconnoltre 
quelqu'un  à  fa  parole,  II  ne  manque  que  trop 
de  parole.) 

La  parole  de  Dieu.  [  Verbum  Dei.  ]  C'eft  ce 
que  Dieu  a  révélé  aux  hommes  par  fes  Prophè- 
tes ôi  fes  Apôtres  ,  &  qui  eft  contenu  dans 
l'Ecriture  Saiiite. 

Parole  ,  fignifie  quelquefois  fentcnce  ,  beau 
fentiment ,  mot  notable.  (  Parole  mémorable. 
Parole  digne  d'un  Pnnce.  Les  paroles  des 
Saints  ,  &c.  ) 

Paroles  emmiélées.  Paroles  douées  &  flateufes. 
On  dit  aufli,  des  paroles  de  foie. 

Paroles  couvertes.  Termes  qui  infmuent,  qui  font 
entendre  ce  qu'on  ne  veut  pas  dire  ouvertement. 

^S"  Parole  enfantine.  C'eft  une  manière  de 
parler  affeftée,  à  voix  demi-bafl"e  ,  &  à  demi- 
mots  ,  comme  les  enfans ,  qui  n'ont  pas  encore 
l'ufage  libre  de  leur  langue  ;  cette  affe£lation  eft 
fade  &  ridicule. 

§3"  Paroler.  Vieux  mot.  Dans  L'Ovide  MS. 

Pallas  fe  tait.  Venus  parole 
Je  fuis  celle  qui  tiens  école.  ) 

Paroli  ,  [  Duplum  depofitœ pecunis. primarium,'\ 
Terme  de   Jeu  de  cartes. 

PARONOMASE,y;yi  [  Allufîo  vocis  ad  vocem 
fer}  per  litterœ  adjeclionem  ,  detraclionem  ,  tranfpo- 
fit'utnem,  vel  immutationem.']  Figure  de  Rétorique, 
par  laquelle  on  renverfe  le  fens  d'un  mot  par 
un  autre  dont  le  fon  eft  le  même  ,  mais  dont  la 
fignification  eft  différente.  Par  exemple.  [  Hoc 
eji  amantium  ,  vel  potihs  amentium.  ] 

P  A  Ro  N  s,  [  Parités.  ]  Terme  de  Fauconnerie. 
Ce  font  les  pères  &  mères  de  tous  les  oifeaux  de 
proie.  Acad.  Fr. 

Paronychia,/!/!  [  Paronychia.  ]  Plante 
qui  pouffe  des  tiges  noiiées  ,  couchées  à  terre , 
garnies  de  feuilles  femblables  à  celles  de  la 
Renoiièe ,  mais  plus  courtes. Elle  eft  aftringente. 
Acad.  Franc. 

P  A  R  o  N  V  c  H I  T,ff. Terme  de  Médecine.^fyicce 
de  tumeur  ,  ou  inflammation  qui  vient  au  bout 
des  doigts  &  au  bout  des  ongles.  C'eft  la  même 
chofe  que  Panaris.  Le  premier  mot  n'eft  guère 
en  ufage. 

Parotide  ,f.f.  [Parotis.]  Terme  (VAnatomie. 
Glande  qui  vient  aux  côte?,  de  l'oreille  pour  la 
décharge  du  cerveau.  (  Une  petite  parotide.  ) 
En  termes  de  Médecine ,  c'eft  une  tumeur  contre 
nature ,  qui  occupe  ces  glandes, 

P  a  R  o  X  I  s  M  E.  yi  OT.  [  Paroxifrnus.  ]  Terme  de 
Médecin.  Accès  de  fièvre  qui  redouble  avec 
violence. 

•j-Parpaillot,/,  w,  [  Calvinifa.  ]  Mot 
injurieux  pour  dire  un  homme  de  la  Religion 
prétendue  Réformée.   On  croit  que  les  gens  de 


PAR. 

la  Religion  ont  été  apellez  parpaillots  ,  parce 
qu'au  commencement  des  troubles  excitez  pour 
la  Religion  ,  ils  fe  jettoient  dans  le  danger 
commit  \iis  papillons  Ce  jettent  à  la  chandelle. 
D'autres  dilcnt  qu'ils  eurent  ce  nom  au  fiége  de 
Clérac  ,  après  que  les  ailicgez  eurent  fait  une 
fortie  ,  couverts  de  chemiCes  blanches ,  en  un 
tems  où  l'on  voïoit  beaucoup  de  papillons  en 
l'air  ,  qu'on  appelle  en  Gafcogne  parpaillots. 

\  Parpaillote,/;/;  Huguenote.  C'eft 
une  parpailloite. 

■^J'  Voïez  Minage  dans  fes  Origines. 
Parpaillote.  Eipcce  de  monoie  que  le  Roi 
ordonna  être  fabriquée  en  1499.  ^^ns  la  ville 
d'Aft  ,  pendant  le  lejour  qu'il  fit  à  Milan  ,  dont 
il  s'étoit  rendu  maître.  Voïez  le  Blanc  ,p.3zi. 
de  fon  Traité  hijlorique  des  Monoies. 

Partin,  Parpaigne  ,  ad/.  [Lapis  angularis.'\ 
Terme  de  Majjonncrie.  Il  i'e  dit  des  pierres  de 
taille  qui  tiennent  toute  l'épaiffeur  d'un  mur  ,  de 
forte  qu'elle  fait  deux  paremens ,  l'un  en  dedans, 
l'autre  en  dehors.  Voiez  parement. 

Parpirolle  ,//  Petite  monoie  de  Savoie, 
fabriquée  à  Chamberi  ,  qui  eft  une  efpéce  de 
fou.  Elle  eft  de  billon ,  c'eft -à -dire  de  cuivre 
tenant  deux  deniers  d'argent.  Il  y  auffi  àz^  par- 
pirolles  ,  qu'on  nomme  à  la  petite  croix  ,  qui 
font  fabriquées  à  Gex. 

Par  Q.U  E  ,  f.f.  [  Parca.  ]  Déeft"e  qui ,  à  ce 
que  content  les  Poètes  ,  préfide  à  la  vie.  (  II  y 
a  trois  Parques  ,  Clothon  ,  Lachefis ,  Atropos. 
L'une  tire  le  fil  de  nos  jours  ,  l'autre  tourne  le 
fufeau ,  &  l'autre  coupe  la  trame. 

Qu'ainfi  les  Parques  détournées 
GroiTiflant  pour  toi  leur  fufeau  ; 
N'exercent  leur  fatal  cifeau 
Que  fur  mes  obfcures  années.) 

Les  Poètes ,  par  cette  fiâion ,  ont  voulu  nous 
aprendre  que  notre  naifl'ance  ,  notre  vie  ,  notre 
mort  dépendent  d'une  puiflance  inconnue  ,  & 
qui  régie  toute  chofes  par  des  motifs  ,  &  par  des 
moïens  qu'il  ne  nous  eft  pas  permis  de  pénétrer. 
On  a  nommé  Parques  ces  prétendues  Déeffes , 
parce  qu'elles  n'épargnent  perfonne  ,  quod  nemini 
parcant ;  ou  peut-être  du  mot  Phénicien  ,  Parka, 
qui  lignifie  rompre.  Héfiode  a  dit  qu'elles  étoient 
filles  de  Jupiter  &  de  Thémis. 

Par  Q.U  E  R  ,  r,  n.  [  Textis  cratibus  clandere.  ] 
Terme  de  Berger.  Ce  mot  fe  dit  des  brebis  ,  & 
fignifie  coucher  en  quelque  lieu.  (  Les  brebis 
parquent  à  cette  heure.  Les  bergers  font  parquer 
les  moutons  en  un  certain  tems  de  l'année.  ) 

Parquer  ,  fe  dit  auffi  en  termes  de  guerre  , 
pour  mettre  dans  une  enceinte.  {  Parquer  l'Artil- 
lerie. Les  gens  de  l'artillerie  fe  font  parquez.) 

Parcfuer ,  fe  dit  des  beufs  qu'on  met  à  l'engrais 
dans  un  herbage.  On  le  dit  aulfi  des  huitres 
qu'on  met  dans  des  réfervoirs  pour  les  faire 
groffir.  (Parquer  des  beufs.  Parquer  des  huitres.) 
*  P  A  R  Q^u  E  T  ,y.  m.  \_Qiiadrum feciilibus  lignis 
compaclum.]  Terme  de  Menuijier.  C'eft  un  aflem- 
blage  de  plufieurs  morceaux  de  bois  qui  font  un 
compartiment  en  quatre,  ou  d'une  autre  manière, 
pour  s'en  fervir  au  lieu  de  pavé  dans  les  cham- 
bres, les  cabinets  &  lesfales,  qui  font  propres. 
(  Froter  le  parquet.  Le  parquet  de  ma  chambre 
eft  beau.  ) 

Parquet  ,  fe  dit  auffi  de  l'affemblage  de  bois 
qu  on  aplique  fur  le  manteau  d'une  cheminée  , 
ou  hir  le  trumeau  d'un  mur  ,  pour  y  mettre 
enfuite  des  glaces  de  miroir. 


PAR. 


47 


Parquet.\^Cognitorum  negotiorumfcptum. ITerms 
de  Palais.  C'eft  le  lieu  du  Palais  où  Meffieurs 
les  Gens  du  Roi  donnent  audience.  (Meffieurs 
font  au  Parquet.  J'ai  communiqué  au  Parquet 
à  Monfieur  l'Avocat  Général.) 

Parquet.  Se  prend  auffi  pour  les  gens  du  Roi. 
Parmi  les  Froteftans  ,  c'eft  une  clôture  qui  fépare 
les  bancs  des  Miniftres  d'avec  les  bancs  du  peuple 
dans  les  Temples. 

PARQ_U£TAGE,y!w.  [  Seclilibus  variatum.  ] 
Terme  de  Menuijler.  C'eft  un  parquetage  fait 
avec  du  parquet.  (  Ce  parquetage  eft  beau  & 
agréable.) 

Parqueter  ,v.  a.  [  Tabulatum  ex  lignis  feciilibus 
coagmentare.  ]  Mettre  du  parquet  en  quelque 
cabinet  ou  autre  lieu  qu'on  veut  rendre  propre. 
(  Parqueter  ime  chambre.  Je  veux  faire  parqueter 
proprement  mon  cabinet.  Chambre  proprement 
parquetée. 

Pour  mon  apartement  cinq  chambres  parquetées , 
A  force  de  miroirs  fembloient  être  enchantées. 

Bourf.  Ef.  ) 

*  Par  q_u  o  t  ,  conj.  [  Proinde  ,  quart,  itaque.  ] 
Ce  mot  eft  vieux.  On  dit  en  fa  place  ,  cejl 
pourquoi ,  donc. 

Parrein  ,  (  Parrain  ^  f.m.[  Pater  lujiralis.  ] 
L'un  &  l'autre  s'écrit ,  mais  on  prononce /'jrm/z. 
Celui  qui  tient  un  enfant  fur  les  fons  de  Baptême. 
Le  parrein  défère  à  la  marreine  l'honneur  du 
nom.  (  Les  cloches  ont  auffi  des  parreins  6c  des 
marreines  lorfqu'on  les  baptife.  ) 

P.irrcin.  \Patrinus.'\  Soldat  choifi  pour  punir 
un  foldat  qui  a  déferté.    (  Choilir  un  parrein.  ) 

On  apelloit  auffi  Patrini  trois  jeunes  gens  qui 
conduifoient  l'époufée  dans  la  maifon  de  l'époux. 
L'un  portoit  une  torche  compofée  du  bois  da 
noble  épine  ,  &  les  deux  autres  conduiioienc 
l'époufe  par  la  main.  On  fe  fervoit  de  ce  bois , 
parce  que  félon  la  remarque  de  Pline  ,  il  étoit 
de  bon  augure  ,  &  félon  Ovide  ,  il  diffipolt  les 
chagrins  : 

Sic  fatus ,  virgam ,  qua  triées  pellere  pojfit 
A  forihus  noxas  ^  hac  erat  alba  ,  dédit. 

§^  Quant  à  nos  Parreins  &  à  nos  Marreines  l 
c'eft  une  pratique  introduite  dans  l'EglIle  depuis 
que  le  Concile  de  Mayence  ,  Can.  56.  &  les 
Conftitutions  des  Papes  ,  eurent  défendu  aux 
pères  &  aux  mères  de  préfenter  leurs  enfans 
au  Baptême  ;  ce  qui  leur  a  été  permis  pendant 
quelque  temps.  Le  Baptême  des  enfans  ayant 
été  déclaré  nécefl'aire  ,  il  falut  bien  que  quelqu'un 
les  préfentât  à  l'Eglife ,  &  on  donna  plufieurs 
noms  à  celui  qu'on  choififfoit  pour  cette  fonftion. 
Le  même  Concile  de  Mayence  les  nomme  Com- 
patres  ,  comme  étant  des  féconds  pères  ;  ils  font 
encore  nommez  Patrini  fujceptorts  ,  geflatores  , 
afférentes.  La  raifon  que  l'on  eut  pour  donner 
des  Parreins  &  de  Marreines,fut  pour  les  engager 
à  inftruire  ou  faire  inftruire  les  jeunes  perfonnes, 
des  Myftéres  de  notre  Religion.  Mais  ce  ne  fut 
pas  feulement  aux  enfans  que  l'on  donna  des 
Parreins  ;  on  obligea  les  adultes  même  d'en 
prendre  ,  ce  que  Jofeph  Vifconii  prouve  dans 
fon  Traitera  Baptifmo  ,  liv.  i.  chap.  Jz.par  un 
grand  nombre  d'autoritez  Eccléfiaftiques.  Les 
ufages  ont  fouvent  changé  fur  ce  point.  Ainfi 
autrefois  on  pouvoit  avoir  plufieurs  parreins  ; 
mais  à  prcfent  on  n'en  a  qu'un  de  chaque  fexe, 
Voïez  Jofeph  Fifccnti  &  Grancolas, 


48  PAR. 

Parrein  ,  fe  dit  encore  du  Saint  dont  on  porte 
le  nom.  On  le  dit  burlcrquement  de  ceux  qui 
donnent  un  fobriquet.  Anciennement  on  apelloit 
parrein  ceux  qui  alïiftoient  de  leur  préfcncc  un 
Chevalier  dans  les  Tournois.  (Quand  les  duels 
étoient  autorifés  ,  on  apelloicnt  parràns  ceux 
qui  reprélentoient  aux  Juges  les  raifons  du 
combat.  ) 

Parricide,/;  w.  En  I.atin /'.2mcii/<z.  Ce  mot 
eft  mafcuiin  quand  on  parle  d'un  homme  ,  &i 
firninin  quand  on  parle  d'une  femme.  Le  mot 
de  parricide  celui  ou  celle  qui  a  tué  fon  pcre  , 
ou  qui  commis  un  crime  de  cette  forte.  Vau. 
Rem.  (Néron  eft  vin. parricide.  Comment  eft  -  ce 
qu'un  parricide  ,  &  qui  fe  voit  découvert ,  peut 
dormir  d'un  fi  bon  fommeil  ?  Fau.  Q.  Curce.  L'eft 
une  parricide  déteftable  ,  elle  a  tué  fon  enfant. 

Les  Romains  n'avoient  point  fait  de  loix  contre 
les  parricides,  parce  qu'ils  ne  croioient  pas  qu'il  y 
eût  d'homme  aft"ez  méchant  pour  devemr parricide. 

On  dit  une  main  parricide ,  un  dejfein  parricide, 

....  Nommez-moi  les  perfides 
Qui  veulent  vous  donner  des  conleils  parricides.  ) 

Racine  Britannlcus. 

Parricide ,  f.  m,  Enhat'in parricidium.  Meurtre 
horrible.  Crime  énorme  &  dénaturé  comme 
leroit  le  meurtre  d'un  père ,  d'une  mère ,  d'un 
frère,  de  fon  Prince  ,  ou  de  quelqu'autre  efpéce. 

Parsemer,  v.  a.  [  Spargere.  ]  Semer  çà  &C 
là.  Répandre  çà  &  là.  (Parfemer  un  lit  de  fleurs. 
Parfemer  une  chambre  de  rofes.  Petit  chemin 
toutparfeméde  rofes.  Mol.  Femmes  S  gavantes.') 

Part  ,/./.  [Pars  ,  porcio ,  panicula.]  Portion. 
Ce  qui  apartient.  Ce  qui  revient  à  quelqu'un 
d'une  chofe.  (GrofTe  ou  petite  part.  Faire  la 
part  au  plus  jeune,  ) 

Eux  venus ,  le  Lion  par  fes  ongles  compta  , 
Et  dit  nous  femmes  quatre  à  partager  la    proie; 
Puis  en  autant  de  parts  le  cerf  il  dépeça. 

La  Font.  ) 

Part,  fîgnifîe,  en  termes  de  Commerce ,  l'intérêt, 
la  portion  qu'on  a  dans  une  affaire ,  dans  une 
entreprife. 

Pan ,  s'entend  aufTi  de  l'autre  côté  d'un  feiiillet 
de  papier ,  opofé  à  celui  où  on  écrit  aftuelle- 
ment.  (J'ai  reçu  le  contenu  de  l'autre  part.  ) 

La  plus  part.  Voïez  plus. 

La  plus  grande  part.  Voïez  plus. 

Part.  Endroit.  Lieu,  (  Aller  quelque  part.  Jbl. 
[  Aliqub.  ]  Cela  eft  quelque  part.  [  Alicubi.  ]  Je 
ne  vais  nulle  part.  Autre  part ,  ailleurs. 

Part.  [  Ex  iinâ  ,  ex  altéra  parte.  ]  D'une  part , 
la  Loi  de  l'Evangile  ordonne  de  ne  point  rendre 
le  mal  pour  le  mal ,  &  de  l'autre ,  les  loix  du 
monde  défendent  de  foufrir  des  injures. 

Départ  &  d'autre.  [Utrinque  ,  hinc  inde  ,  ultra 
citrtique.]  C'eft-à-dire  ,  des  deux  cotez ,  des  deux 
partis. 

Part.  Ce  mot  entre  dans  plufieurs  façons  de 
parler,  qui  ont  un  fens  différent,  (  Cela  vient 
de  bonne  part,  f^oit.  liv.  2g.  [  Certis  autoribus.  ] 
C'eft-à-dire  ,  de  bon  lieu.) 

Commander  dans  une  Ville  de  la  part  du  Roi. 
Abl.  Arr.  l.  y.  Ceft-à-dire  ,  par  l'ordre  du  Roi. 
Vous  lui  direz  de  ma  part  que  tout  va  bien.  Scar. 
[  Abs  me  ,  meo  nomine.  ]  c'eft-à-dire  ,  vous  lui 
direz  que  je  lui  mande  que  tout  va  bien.  Je  n'ai 
rien  oiii  dire  de  leur  part.  Foit.  liv.  J.  Ces  mots 
fignifîent ,  ils  ne  m'ont  rien  fait  dire'.  Vous  lui 
ferez  de  ma  pan  mille  baifemains.  Scaron.  C'eft- 


P  A  R. 

à-dire ,  vous  lui  direz  que  je  vous  ai  prié  de 
lui  faire  mes  baifemains.  J'y  ai  contribué  de  ma 
part.  Prendre  part  à  la  gloire  de  quelqu'un.  Fau. 
l.  4y.  C'eft-à-dire  ,  s'intérefTcr  dans  la  gloire 
d'ime  perfonne.  Elle  n'avoit  nulle  pan  dans  cette 
affaire.  Abl.  [  Non  agnofctbut  hune  rem.  1  C'eil- 
à-dire  ,  elle  ne  participoit  point  dans  cette 
affaire.  ) 

De  toutes  parts,  de  tous  cotez.  [  Qiioquo  verfus.] 
(  La  vie  eft  remplie  de  mifércs  de  toutes 
parts,  ) 

Notre  avare  habitoit  un  lieu  dont  Amphitritc 
Dijfendoi:  aux  voleurs  de  toutes  parts  l'abord. 

La  Vont  ) 

A  part  moi.  Pour  dire  en  moi-mC-me.  [Mccum.l 
Ce  mot  eft  bas. 

Raillerie  à  part.  [  Semotojoco.  ]  Pour  dire  ,  je 
veux  avoir  ma  part  de  ce  que  vous  avez 
trouvé. 

Prendre  quelque  chofe  en  bonne  ou  mauvaife  part. 
[  Aliquid  xquo  anima  vel  perpcram  interpretari.  ] 
C'eftà-dire  ,  agréer  quelque  chofe,  ou  s'en  tenir 
offenfé, 

A  part.  Séparément ,  adv.  [Sparfim,  feparatim.^ 
(Se  mettre  à  part.  Se  tenir  à  part.  Faire  bande 
à  part.  Tirer  quelqu'un  à  part.  Abl.  Apoph.  C'eft- 
à-dire  ,  prendre  à  quartier.  Tirer  à  quartier.  ) 

Mettre  à  part.  [Subtrahere.]  C'eft-à-dire,  cacher. 
Serrer,  Mettre  à  couvert.  (Mettre  un  peu  d'argent 
à  part.) 

Laijjei  la  mine  à  part.  [  Frontem  non  attendas.  J 
C'eft-à-dire,  ne  vous  fouciez  pas  de  la  mine, 
ni  de  l'air  d'une  perfonne ,  ne  la  confidérez  pas 
de  ce  côté  là,  Reg.  Sat.  ij. 

De  part  en  pan ,  adv.  De  l'un  à  l'autre  côté 
du  corps  ,  tout-à-fait.  Percer  de  part  en  part,' 
Mol.  Précieufes.  [  Transfigere.  ] 

A  P  A  R  T  £  ,  y;  ffî.  Ce  mot  eft  pris  de  l'Italiea 
&  de  l'Efpagnol ,  &  on  s'en  fert  en  parlant  de 
ce  qu'un  Adeur  dit  tout  haut  fur  le  théâtre  , 
mais  qu'on  fupofe  n'être  point  entendu  des  autres 
Adeurs.  (Cet  à -parte  efl  trop  long,  &  mal 
placé  ,  &c.) 

Partage  ,f.m.  [Partitio  ,diJlributio.']  Divifion. 
Aftion  de  partager.  (  Faire  un  partage.  Les 
partages  font  bien  faits  ,  &  perfonne  n'a  fujct 
de  s'en  plaindre.) 

§^  Partage.    C'eft   im   afte    fait    entre  les 
perfonnes  qui  poffcdent  un  fonds ,  ou  un  héri- 
tage   en  communauté  ,    dont  chacun   prend  fa 
part.  La  maxime  eft  qu'entre  les  enfans  qui  ont 
un  partage  des  biens  paternels   &  maternels  , 
l'aîné  conipofe  les  parts,  &  les  puifnez  choififîent. 
Fornerius ,   1.3.  cli.  ZZ.   Lorfqu'Abraham  voulut 
fe  féparer  de  Loth  fon  neveu  ,  il  lui  dit ,  Gencf. 
c.  ij.   Vous  voïez  devant  vous  toute  la  terre, 
retirez-vous  ,  je  vous  prie ,  d'auprès  de  moi  ; 
fi  vous  choififfez  la  gauche  ,  je  prendrai  la  droite, 
fi  vous  choififfez  la  droite,  je  prendrai  la  gauche  : 
mais  le  plus  fur  eft  de  lotifér,  &:  en  ce  cas  l'aîné 
fait  toujours  les  lots  ,  &  les  puifnez  tirent  avant 
lui.   Comme  il  eft  fouvent  dificlle  de  faire  un 
partage  bien  égal ,  on  peut  fe  pourvoir  de  léfion  , 
quand  elle  eft  du  tiers  ou  du  quart,  mais  cette 
léfion  ni  aucune  autre  ne  font  point  écoutées , 
lorfquc  l'on  tranfige  fur  inftance  intentée  pour 
partager  un  bien  commun. 

Partage ,  fe  dit  de  la  diftribution  des  biens 
&  des  maux  que  la  nature  &  la  fortune  femblent 
avoir  tliite  à  tous  les  hommes.    (  La  mifere  eft 

fon 


P  A  R. 

fon  partage,   La  valeur  femble  être  le  partage 
de  cette  famlHe.  ) 

Quiconque  eft  riche ,  eft  tout  ;  fans  HigefTe  il  eft  fage  ; 
11  a,  fans  rien  fçavoir,  la  icience  enpurtas:e. 

Defpréaux. 

On  dit ,  le  partage  des  eaux.  [  Locus partitionis 
aquarum^  C'eft  le  lieu  d'où  on  en  peut  faire  couler 
une  partie  d'un  côté ,  &  l'autre  d'un  autre  côté. 

La  Seine  au  pied  des  monts  que  fon  flot  vient  laver  , 
Voit  du  fein  de  fes  eaux  vingt  iiles  s'élever , 
Qui  pari.ie;eant  fon  cours  en  diverles  manières 
D'une  rivière  feule  y  forment  vingt  rivières. 

DeJ'préaux.  ) 

Partage',  Partage'e,  adj.  [  Divifus  , 
dijîraclus.  ]  Divifé.  (  Biens  partagez.  Maifon 
partagée  entre  les  héritiers.  ) 

Partagé ,  le  dit  aufîi  des  perfonncs  ,  il  a  été 
bien  partagé ,  c'eft-à-dire  ,  qu'il  a  eu  un  bon 
partage. 

*  La  Cour  fut  partagée.  \^In  contrarias  fententias 
dijlrahi.  ]  C'eft-à-dire  :  des  gens  de  la  Cour  , 
les  uns  furent  d'une  opinion  ou  d'un  parti ,  & 
les  autres  de  l'autre.  La  Ville  fut  partagée  en 
deux  fadions. 

Partager,  v.  a.  \_Partiri.  ]  Faire  quelque  par- 
tage. (  Partager  les  biens  de  quelqu'un.  Partager 
une  fuccefTion.  ) 

Partager.  [  Dlvidere.  ]  Terme  i^ Arimétlque. 
Divifer.  (  Partager  une  fomme.  ) 

Partager  en  frères.  C'eft  partager  amiablement , 
fans  difpute  ,  fans  conteftation. 

Partager  le  diférent.  C'eft  fe  relâcher  de  part 
&  d'autre  de  fes  prétentions  &  de  fes  droits. 
On  le  dit  furtout  quand  il  s'agit  de  quelque 
marché  qu'on  veut  conclure. 

Partager  le  vent  ,  OU  chicaner  le  vent.  [  Obliquï 
navigare.  ]  Terme  de  Mer.  C'eft  prendre  le  vent 
en  louviant  ,  c'eft-à-dire  ,  en  faifant  plufieurs 
bordées,  tantôt  d'un  côté  ,  tantôt  de  l'autre, 
Oian.  Dicl.  Math. 

Partager.  [Prœditiiseffe  corporis  &  animidotièiis.] 
Se  dit  des  dons  que  la  nature  fait  aux  uns  & 
aux  autres,  fil  a  été  panagé  de  tous  les  dons  de 
la  nature.  On  dit  qu'un  homme  a  été  bien  partagé 
de  nez  quand  il  l'a  exiraordinalrement  grand.  ) 

*  Cela  partagea  la  Cour.  Jbl- 
Partageu  K,f  m.  Terme  dont  on  fe  fervoit 

autrefois  en  Arithmétique  ,  pour  dire  ,  Divifeur 
ou  Partiteur.  Il  eft  à   préfent  hors  d'ufage. 

P.\R  tance.  [  Profecîio.l  Terme  de  Mer. 
C'eft  le  départ  du  vaiffeau.  (  Ainfi  on  dit  le  coup 
de  partance.  C'eft  le  coup  de  canon  qu'on  tire 
en  mettant  à  la  voile.  ) 

Partance  ,  fe  dit  auftî  de  tout  autre  départ , 
de  toute  autre  féparation.  (  Voilà  le  moment 
de  partance ,  le  coup  de  partance  ,  &c,  ) 

Partant,  [  Idcircù.  ]  Sorte  de  conjonclion 
quifignifie  ,  c'ejl  pourquoi ,  &  que  quelques-uns 
trouvent  un  peu  vieille.  Cependant  on  la  ren- 
contre dans  de  fort  bons  Auteurs  ;  il  n'y  auroit 
pas  grand  mal  à  être  retenu  à  la  condamner. 
Et  partant  ces  divins  efprits  ,  qui.  Patru,plaid.g, 

s^  Ce  mot  commençolt  à  vieillir,  lorfque 
Vaugelas  publia  fes  Remarques  fur  la  langue, 
il  ne  s'eft  fouienu  que  dans  le  Palais  ,  oh  l'on 
dit ,  partant  le  demandeur  conclut ,  il  eft  vrai  que 
Mrs.  de  l'Académie  ont  obfervé  fur  Vaugelas  , 
Remarque  Ziç).  que  partant  peut  encore  être 
emploie  avec  quelques  grâces  dans  les  difcours 
de  raifonnemcut ,  hors  de  là  on  lui  préfère  par 
conféquent.  Ménage  ne  le  condamne  pas  abfo- 
ïument  dans  fon  fécond  volume  d'Obfervations 
Tome  III, 


PAR.  49 

ch.  ijfo. il  raporte  plufieurs  endroits  des  ouvrages 
de  Balzac  &  de  Patru  ,  où  l'on  trouve  ce  mot 
partant  ,  &  il  l'écrit  en  difant  ,  tout  cela  me 
tait  croire  préfentement  que  partant  peut  encore 
aujourd'hui  trouver  fa  place  :  mais  il  ne  peut 
trouver  cette  place  que  dans  les  raifonnemens 
familiers. 

fPARTEMENT,//;?.  [  Difceffus.  ]  Cc  mot 
pour  dire  départ ,  a  vieilli.  (  A  la  veille  de  fon 
partement.  Foit.liv.30.  On  diroit  aujourd'hui 
être  a  la  veille  de  fon  départ. 

Parterre,/;  OT.  [  Planumfolum.  ]  Ce  mot 
en  général  fignifie  une  aire  plate  &  unie.  Le 
fol  &  rez  de  chaufl"ée.  (  Un  grand  ou  un  petit 
parterre.  ) 

Parterre.  [Area  in  horto  variis  fiorihus  difiincla.'] 
Terme  de  Jardinier.  C'eft  la  partie  du  jardin  qui 
fait  face  au  bâtiment  ,  &  qui  eft  divifée  par 
compartimens  de  boiiis  ,  de  fleurs  ,  de  gazon. 
Place  du  jardin  où  font  les  planches  &  les 
carreaux.  (Un  beau  parterre.  Un  parterre  coupé. 
Un  parterre  en  broderie  ,  ou  un  parterre  de 
broderie.  Un  parterre  en  pièces  coupées ,  ou 
un  découpé.  Voïez  Découpé. 

Nos  parterres  n'ont  plus   de  fleurs  à   vous  donner. 
Ou  s'il  en  refte  quelques-unes 
Ce  ne  font  que  les  plus  communes , 
Indignes  de  vous  couronner. 

Pavillon.  ) 

Parterre  d'eau.  On  apelle  ainfi  les  canaux 
conduits  par  compartimens ,  à  peu  près  comme 
les  parterres  ordinaires. 

Parterre  de  nate.  C'eft  la  nate  qui  couvre  le 
plancher  d'une  chambre. 

Faire  un  parterre.  C'eft  en  ftile  populaire  ,' 
tomber  à  terre  de  fon  long. 

Parterre.  [  Planum.  ]  En  parlant"  du  lieu  où 
l'on  joue  la  comédie.  C'eft  l'endroit  où  l'on 
entend  la  comédie  debout.  C'eft  le  lieu  uni  & 
fans  fiéges  où  l'on  entend  la  comédie  fans  être 
aflls.  (  Billet  pour  entrer  au  parterre.  On  eft 
mieux  aux  loges  qu'au  parterre.  Quand  il  va  à 
la  comédie ,  il  va  toujours  au  parterre.  )  . 

Un  Clerc  pour  quinze  fols  fans  craindre  le  hola  , 
Peut  aller  au  parterre  ataquer  Atila. 

Defpréaux.  ) 

*  Parterre.  [  Speclatores  piano  fiantes.  ]  Les 
fpeftateurs  qui  font  auparterre  tandis  qu'on  joue 
la  Comédie.  (  Le  parterre  n'ofe  contredire. 
Molière ,  Précieufes.  C  esMeftîeurs  ne  veulent  pas 
que  le  parterre  ait  du  fens  commun.  Molière , 
Critique  de  V Ecole  des  femmes.  ) 

Parterre.  [  Charta.  ]  Il  fignifie  aufli  un  billet 
pour  aller  au  parterre  &  y  entendre  la  comédie. 
{  Un  parterre  coûte  d'ordinaire  quinze  fols.  J'ai 
pris  trois  parterre  pour  trois  de  mes  amis.  ) 

^3"  P  arthen  I  ES.  Suidas  nous  aprend  que 
l'on  apelloit  ainfi  certaines  chanfons  compofées 
en  l'honneur  des  filles  ou  des  Eumenides. 

Parti,/;  m.  \_Sors  ,  conditio.'\  Avantage. 
Ofre.  Condition  qu'on  préfente  à  quelqu'un. 
Chofe  avantageufe  ,  utile  &  confidérable  pour 
une  perfonne.  (  Il  a  refufé  de  bons  partis.  Cette 
fille-là  eft  un  parti  fort  avantageux. 

Veux-tu  voir  tous  les  Grands  à  ta  porte  courir  , 
Dit  un  père  à  fon  fils,  dont  le  poil  va  fleurir, 
Prens-moi  le  bon  p.irti ,  laiflTe-là  tous  les  livres. 
Cent  francs  ,  au  denier  cinq ,  combien  font-ils  ?  vingt  livres. 

Defpréaux.  ) 

Parti.    [  Partes  ,   faclio.  ]  Perfonnes  opofées 

G 


5«  P  A  R. 

à  d'autres  en  quelque  choie ,  &  qui  font  deux 
corps.  Gens  directement  opofcz  les  uns  aux 
autres  ,  à  caufe  de  certains  intérêts  ,  &  qui 
font  divlfez  en  deux  corps.  Fadlion.  (  Le  parti 
des  Janféniftes  &  celui  des  Jéfuitcs  ont  fait 
grand  bruit  dans  le  monde.  Le  parti  des  Fron- 
deurs &  celui  des  Mazarins  font  fameux  dans 
l'hjftoire  des  guerres  de  Paris.  Ce  parti  groffit 
tous  les  jours.  Ablancoun.') 

*  Etre,  du  parti  di  j'on  cœur.  Molière,  Critique 
de  VEcole  des  Femmes. 

Parti.  [  Partes.  ]  Défcnfe.  La  proteâion  que 
l'on  prend  d'une  perfonne.  Querelle.  Démêlé 
qu'on  a  avec  une  ou  plufieurs  perfonnes  ,  où 
s'engagent  fouvent  force  gens.  (  Prendre  le  parti 
des  gens  de  bien  ,  c'cft-à-dire  ,  la  défenfe. 
Attirer  quelqu'un  dans  fon  parti ,  c'cft-à-dire , 
dans  fes  intérêts  ,  dans  fa  défcnfe  ,  dans  fon 
démêlé.  Il  prend  \c parti  des  gens  de  mérite  contre 
tous  ceux  qui  les  ataquent.  S'engager  dans  un 
parti.  S'atacher  à  un  parti.  Suivre  un  parti. 
Prendre  parti  entre  deux  perfonnes. 

Parti.  \Tributum,  veciigal.']  Ce  mot ,  en  matière 
d'afaireSjfignifie  un  traité  qu'un  partifan  fait  avec 
le  Roi  pour  recevoir  des  droits  qui  apartiennent 
à  Sa  Majefté.  (On  aferme  aujourd'hui  le /"«zm. 
Le  parti  des  Gabelles  eft  afermé.  ) 

Parti.  [  Bipartitus.  ]  Terme  de  Blafon.  C'eft 
la  féparation  de  l'écu  également  par  le  milieu 
depuis  le  haut  jufques  au  bas.  Il  y  a  quatre 
divifions  de  l'écu ,  le  parti ,  le  coupé  ,  le  tranché 
i&  le  taillé.  { Il  porte  parti  d'argent  &  d'azur, 
yoiez.  Col.  c.  12.  ) 

Parti.  Ce  mot  fe  dit  en  parlant  de  Guerre. 
[  Expedita  militum  manus.  ]  C'eft  un  petit  corps 
de  Cavalerie  ou  d'infanterie  ,  commandé  pour 
entrer  dans  le  pais  ennemi  pour  y  faire  des 
prifonniers  &  obliger  les  ennemis  à  contribuer. 
(  Commander  un  parti.  Envoïer  un  parti  à  la 
guerre.  Défaire  un  parti.  Tomber  dans  quelque 
parti  ennemi.  Aller  en  parti.  ) 

Parti  bleu.  C'eft  un  petit  parti  de  gens  de 
guerre  ,  fans  commiflion  &  fans  aveu. 

Parti.  [  Conditio  ,  nomen.  ]  Ce  mot  fignifie 
quelquefois  l'aftion  de  s'engager  &  de  fe 
déterminer  à  quelque  condition  ou  à  quelque 
état  qui  fixe.  (  Prendre  parti  dans  les  troupes. 
Abl.  Arr.  liv.  i.  Elle  a  ^x\i parti  ailleurs.  Scaron.") 

Il  fe  dit  dans  le  même  fens  de  l'établiflement 
dans  le  mariage.  (  Cette  fille  eft  un  bon  parti.  ) 

Life  à  de  hauts  partit  pouvoit  alors  prétendre  , 
Mais  à  force  d'atendre  , 
Les  plus  beaux  &  les  meilleurs 
Se  pourvurent  ailleurs. 

Cûulanges.  ) 

Parti.  [  Fia  ,  confilium.  ]  II  fe  dit  des  réfo- 
lutions  qu'on  prend  fur  des  affaires  dangereufes. 
(  C'eft  le  feul  parti  qu'il  y  avoit  à  prendre  fur 
cette  affaire.  Prendre  fon  parti  fur  le  champ.  11 
a  long-tcms  balancé  avant  que  de  prendre  parti.) 

*  Faire  un  mauvais  parti  à  quelqu'un.  \_  Magna 
malo  aliquem  maclare.  ]  C'eft  le  maltraiter  ou 
lui  procurer  quelque  méchante  affaire. 

Parti ,  partie ,  adj .  [  Profcclus.  ]  Qui  s'en  eft 
allé.  Qui  eft  forti  pour  ne  pas  revenir  fi-tôt. 
(  Il  eft  parti ,  elle  eft  partie  de  Rome.  ) 

Partiaire  ,  adj.  [  Colonus  agri  ea  lege  ut 
dimidium  bonorum  cedat.  ]  Mot  qui  n'eft  d'ufagc 
qu'en  cette  phrafe.  Fermier  partiaire.  C'eft  un 
métaier  qui  prend  les  terres  à  labourer  ,  à 
condition  d'en  rendre  la  moitié  des  fruits. 


PAR. 

$3"  Il  eft  dit  dans  la  Coutume  de  Tours  l 
art.  iij.  Le  Seigneur  qui  levé  par  défaut 
d'homme ,  doit  laiflTer  la  portion  du  Laboureur 
&  du  métaier  partiaire ,  au  regard  des  fruits 
artificiels  &  non  des  naturels. 

Partial,  Partiale,  adj.  f  Seclarius , 
feditiofus.  ]  Prononcez  parcial.  Qui  favorife  un 
parti.  (  Il  eft  partial.  Efprit  partial.  ) 

Partialiser.  Verbe  qui  ne  fe  dit  qu'avec 
le  pronom  perfonnel.  [  Partes  amplecli.  ]  Prendre 
tellement  le  parti  de  quelqu'un ,  qu'on  ait  peine 
à  écouter  ce  qui  lui  feroit  contraire.  (  Il  ne  faut 
pas  qu'un  Juge  fe  partialife.  Acad.  Franc.  ) 

Partialité',  y]/I  [  Facîio  ,  div'ifio.  ] 
Prononcez  parcialité.  Affe£tion  &  pente  parti- 
culière qu'on  a  pour  un  parti,  (  Il  y  a  de  la 
partialité.  On  n'aime  guère  la  partialité  &  peu 
de  gens  en  font  exempts.) 

Participant.   Voiez  plus  bas. 

Participation.   Voiez  plus  bas. 

Participe,  y;  OT.  [  Participium.  1  Terme 
de  Grammairien.  ]  C'eft  un  tems  de  l'infinitif. 
(  Il  y  a  un  participe  actif ,  &  un  participe  pii(pf. 
Le  participe  aclif  eft  indéclinable  en  François. 
Exemple.  Je  les  ai  trouvées  mangeant  ,  je  les 
ai  trouvées  aïant  le  verre  à  la  main.  Faug.  Rem. 
Le  participe  paffîf  eft  déclinable.  Ainfi  on  dit 
nous  nous  fommcs  rendus jma'is  quand  ce  participe 
eft  immédiatement  fuivi  d'un  verbe ,  il  devient 
indéclinable.  Exemple,  Mes  iniquitez  me  font 
venu  acabler.  Pf.  jS.  ir.  i6. 

^j"  Je  puis  ici  répéter  ce  que  Vaugelas  dit 
dans  fa  Remarque  184.  que  dans  toute  la  Gram- 
maire Françoife  il  n'y  a  rien  de  plus  important, 
ni  de  plus  ignoré  que  le  participe.  Le  participe. 
eft  ainfi  apellé,  parce  que, félon  la  Remarque  de 
l'Abé  Régnier  des  Marais  dans  fa  Grammaire 
Françoife ,  il  participe  du  nom  &  du  verbe, 

■{■  Participes  ,  f.  m.  [  Confortes.  ]  Terme 
de  la  Mer  de  Levant.  On  y  apelle  ainfi  ceux  qui  ont 
part,  au  corps  du  navire  marchand.  On  les  apelle 
auffi  parfonniers ,  &  fur  l'Océan  combourgeois. 

Participes.  [  Confortes  ,  participes.  ]  Terme  de 
Finances.  Ce  font  ceux  qui  ont  part  dans  un 
traité  ,  dans  une  afaire  de  Finance.  (  L'Arrêt 
porte  que  tous  les  Traitans  &  leurs  Participes, 
feront  obligez  de ,  &c.  Acad.  Fr.  ) 

Participer,  v.  a.  [  Participare.  ]  Avoir 
part  tenir  de  l'un  &  de  l'autre.  (  Il  eft  dificile 
de  participer  à  ce  plaifir. 

^^^  Participer  à  une  chofe  ,  ou  participer  d'une 
chofe.  Lorfque  ce  verbe  fignifie  entrer  en  partage, 
on  à^t  participer.  Un  Affocié  participe  aux  gains 
&  aux  pertes.  Quand  il  fignifie,tenir  de  la  nature 
ou  de  la  qualité  d'une  chofe ,  on  dit  participer  de. 

Participant.  Gérondif  du  verbe  participer. 

Participant  ,  participante  ,  adj.  [  Particeps  , 
participans.  ]  Qui  participe.  (  Il  l'a  fait  participant 
de  fa  gloire.  Elle  eft  participante.  ) 

Participation,/^/.  \Partici patio,  communio,'\ 
Prononcez  participacion.  Elle  confifte  à  participer 
à  quelque  chofe.  Avoir  eu  part  à  quelque  defl!"ein 
d'une  perfonne.  (  Elle  n'étoit  pas  capable  d'en- 
tendre une  affaire  de  cette  importance-là  fans 
la  participation.  Mémoires  de  M.  le  Duc  de  la 
Rocliefoucauld.  ) 

On  dit  aufli,  il  a  fait  cela  fans  mz  participation^ 
fans  me  le  communiquer. 

Participation.  Se  dit  en  terme  de  commerce. 
On  apelle  fociété  en  participation  ,  une  des 
quatre  focictés  anonymes  que  font  les  Marchands. 

Participation,    [  Repercuffus.  ]    Signifie    auffi 


PAR. 

emprunt  ,  réflexion.  Les  Lunes  &  les  autres 
Plancttes  n'ont  point  de  lumière  propre,  elles 
ne  l'ont  que  par  participation  &C  par  emprunt 
du  Soleil.  (  L'ame  raiibnnable  eft  une  partici- 
pation  de  la  divinité.  ) 

Particulariser  ,  v.  a.  [  Rem  partiadarzm 
eJl(Jirers.  ]  Marquer  les  particularité?,  d'une 
choie  ,  en  marquer  le  détail.  (  Particularijir  un 
fait.  Il  a  particularifé  jufqu'aux  moindres  chofes 
&  nous  a  fort  ennuie.  ) 

Particularis.me  ,  f.  m.  [  Scneenti£ 
fingularitas.  ]  Opinion  des  Particularises.  Les 
Luthériens  regardent  le  particularilme  comme 
une  opinion  monftrueufe  qui  va  à  anéantir  la 
Religion. 

Particulariste  ,[■  m.  [  P articularis  fcntcntioi 
tinax.  ]  Celui  qui  tient  pour  une  opinion 
particulière.  On  peut  regarder  le  Père  Lamy 
de  l'Oratoire  comme  un  particularijle  fur  fon 
Sentiment  de  la  Pfique  de  Jefus-Chrift  la  veille 
de  fa  Pafîion.  M.  de  Tillemont  lui  a  prouvé 
que  le  Fils  de  Dieu  fit  la  Pâque  des  Juifs  avec 
fes  Apôtres.  (  L'Auteur  de  l'Hiftoire  du  Peuple 
de  Dieu  eft  un  panicularijîe  ,  au  fentiment  de 
quelques  perfonnes. 

Particularité'  ,/■/.[  ^licujus  rei  JinguLt .'\ 
Chofes  particulières.  Détail  de  quelque  chofe. 
Circonftance.  (  C'eft  une  particularité  (on  confi- 
dérable.  yJbl.  Marquer  toutes  les  particularitex. 
Ecrire  toutes  les  particularitei  de  ce  qui  s'eft 
paffé.  ) 

§3"  On  difoit  autrefois  ,  même  à  la  Cour  , 
particuliaritc  ,  mais  il  faut  dire  particularité. 
Vaugelas  Rem.  ^4-  a  obfervé  que  ce  qui  avolt 
introduit  particuUarité  ,  étoit  parce  qu'on  dit 
particulier  ,  &  que  l'on  a  crû  que  particularité 
fe  formoit  de  cet  adjeftif ,  mais  fon  fentiment 
eft  que  particularité  eft  dérivé  de  particularitas  , 
de  la  baffe  Latinité. 

Particule,//.  [  Portiuncula.  ]  Petite 
partie,  (  Ramaffer  les  particules  de  l'hoftie.  ) 

Particule  ,  f.  f.  \_  P  articula.  ]  Terme  de  Gram- 
maire. Sorte  de  petit  mot  tel  que  font  les 
conjonftions ,  les  prépofitions  &  autres  de  cette 
nature.  (  Ce  n'eft  pas  un  petit  fecret  dans  le 
difcours  que  de  fçavoir  omettre  ou  rejeter  avec 
efprit  une  particule.  ) 

Particulier  ,  /  772.  [  Singularis.  ]  Homme 
privé.  (  Un  particulier  n'a  pas  droit  fur  la  vie 
d'un  autre.  ) 

Particulier  ,  particulière  ,  adj.  [  Privatis  fm- 
pilaris.]  Qui  n'eft  pas  commun.  (Bien particulier. 
Lit  particulier.  Chambre  particulière.  C'eft  un  cas 
particulier.  L'aimant  a  cela  de  particulier ,  qu'il 
atire  le  fer.  ) 

Particulier  ,  fe  dit  d'un  homme  qui  n'aime  pas 
à  voir  le  monde ,  qui  fe  communique  à  peu  de 
gens.  C'eft  un  homme  fort  particulier.  )  On  le 
dit  aufli  d'un  homme  dont  l'cfprit  ne  s'acomode 
pas  avec  les  autres  ,  ou  qui  a  quelque  opinion 
différente  de  l'opinion  commune.  (  Il  a  un  efprit 
particulier.  Il  a  des  opinions  particulières.  ) 

Particulier  ,  particulière  ,  adj .  [  Singularis  , 
fecretus.  ]  Singulier  fecret.  [Conàmit particulière. 
Demander  une  audience  particulière.  ) 

Lieutenant  particulier.  [Privatus  Prator.]  C'eft 
un  Magiftrat  qui  juge  en  l'abfence  du  Lieutenant 
Civil  à  Paris  ,  ou  du  Lieutenant  général  dans 
les  autres   Préfidiaux. 

On  dit  aufli  ,    Afl"effeur  particulier.    Maître 
particulier  des  Eaux    &  Forêts ,  &c.    [  Aquarix 
6-  fyhcjlris  provinciœ  prafes.  I 
Tome  m. 


PAR. 


5 


En  particulier  ,  adv.  [  Seorfm  ,  feparatim.  ] 
Chacun  en  particulier  fe  mit  à  le  fuplier.  Vaug. 
Quint.  Curt.  l.  j.  C'eft-à-dire  ,  chacun  de  fon 
coté  ,  &c. 

Etre  en  fon  particulier.  C'eft  être  retiré  dans 
fa  chambre  ,  c'eft  faire  fon  ménage  &  n'être 
plus  en  penfion. 

Particulier  F  ment,  adv.  [  Singulariter.] 
Singulièrement.  D'une  manière  particulière. 
(  Pour  fe  faire  un  ftile  raifonnable  en  François, 
on  lit  particulièrement  Pafcal  ,  Ablancourt  , 
Vaugelas,  Patru,  Meflieurs  de  Port-Royal,  les 
Lettres  de  Madame  de  Sévlgnè,  &c.  D'Ablan- 
court  aimoit  particulièrement  fes  amis.  ) 

Partie,//  [  Pars.  ]  Part  ,  portion  de 
quelque  chofe.  Une  des  chofes  en  quoi  le  tout 
fe  divife.  (  La  partie  ne  doit  pas  être  li  grande 
que  le  tout.  )  Le  mot  de  partie  en  matière 
ii  Anatomie  ,  eft  un  corps  qui  eft  ataché  au  tout , 
qui  jouit  d'une  vie  commune  avec  lui  ,  & 
qui  eft  fait  pour  fon  ufage.  (  Ainfi  le  bras  eft 
wnQ  p. ^rtie  du  corps.  Les  Anatomiftes  divifent  les 
parties  du  corps  de  plufieurs  manières.) 

S^  Les  parties  des  animaux  ont  des  noms 
différens.  On  dit  \e pied  à^wn  cheval,  d'un  cerf , 
d'un  mouton,  d'une  chèvre,  d'un  bœuf,  d'un 
loup ,  d'un  ours  ,  d'un  fmge  ,  d'un  lièvre  ,  d'un 
lapin  ,  d'un  rat  ,  &  ainii  de  tous  les  animaux 
qui  ont  le  plè  de  corne.  Nous  difons  les  ongles 
d'un  lion  ,  les  griffes  d-un  chat  ,  d'un  tigre  ,  les 
ferres  d'un  aigle  ,  d'un  épervier  ;  on  dit  aufli  les 
mains  d'un  épervier ,  &  la  bouche  d'un  cheval , 
la  gueule  d'un  chien  ,  d'un  loup  ,  d'un  ferpent  , 
d'un  dragon  ;  le  groin  d'un  cochon  ,  le  mufli 
d'un  cerf,  le  bec  d'un  oifeau  ,  le  mujeau  d'un 
chien  ,  d'un  renard  ,  d'un  poifl"on  ;  les  défenfes 
&  la  hure  d'un  fanglier ,  du  faumon  &  du  brochet. 

Parties   nobles.   [  Corporis   humani    vitalia.  ]  . 
Ce  font  celles  qui  font   abfolument  nèceffaires 
à  la  confervation    de    l'individu  ;  ces    parties 
nobles  font  le  cœur ,  le  cerveau  &  le  foie  ,  5c 
félon  quelques-uns ,  les  tefticules. 

Parties  naturelles.  [  Genitalia,  ]  Ce  font  les 
parties  de  l'homme  ou  de  la  femme  ,  deftiées 
à  la  génération.  (  Il  y  a  une  efpèce  d'hommes 
qui  naiffent  comme  des  plantes  ,  mais  ceux-là 
n'ont  point  de  parties  naturelles,  ^vl.  Luc.  t.  2. 
hiji.  l.  i.  L'âne  fauvage  eft  très -jaloux.  Sa 
femelle  étant  en  travail ,  il  obferve  ,  fi  elle  fait 
un  mâle ,  il  fe  jette  defl^us  tout  enragé  ,  &  lui 
coupe  à  belles  dents  les  parties  naturelles.. 
Oiian  ,  l.  3.  de  la  cha[fe.  ) 

Parties  honteufes.  [  Pudenda.  ]  Ce  font  les 
parties  naturelles.  Voïez  l'exameron  de  la  Motte 
le  Vayer.  (  Il  faut  connoître  les  parties  honteufes 
de  la  femme  ,  pour  remédier  aux  maladies  qui 
leur  arrivent.  Voïez  Du  Laurens  ,  Anatomie  , 
&  Mauriceau  ,  Traité  des  femmes  groffes.  )  *  Gui 
Guillot  ,  Néel  ,  font  la  partie  honteufe  de  la 
Médecine. 

Partie  fîmilaire  ,  ou  partie  fimple.  [  Pars  fitni- 
laris.  ]  Eft  celle  qui  fe  divife  en  d'autres  parties 
qui  font  de  même  efpèce  &  qui  paroiflent  telles 
aux  fens.  (  Ainfi  les  chairs  fe  divifent  en  parties 
flmilaires.  ) 

Partie  diffimilaire  OU  compofèe.  [  Pars  diffuni- 
laris.  ]  Eft  celle  qui  fe  divife  en  parties  de 
diférentes  efpèces  ,  de  difèrente  fubftance  & 
de  difèrente  dénomination.  On  apelle  aufli  cette 
p:irtie  ,  orgainque.  (  L'œil  eft  une  partit  dijji- 
niilaire   &  un  organe.  ) 

Parties  de  i'oraifon.  [  Orationispartts.  ]  Terme 

#  G   ij 


5t  PAR. 

de  Grammaire.  Ce  font  les  mots  dont  tout  difcours 
eft  compofc.  L'article  ,  le  nom  ,  le  pronom  ,  le 
verbe  ,  l'adverbe ,  la  prépofition ,  l'interjeftion  , 
la  conjonftion.  On  dit  auflî  en  termes  de  Gram- 
maire ,  faire  les  parties  d'un  difcours.  C'eft  dire 
fi  un  mot  eft  un  verbe ,  ou  un  nom ,  une  pré- 
pofition ,  ou  autre  chofe. 

Partie.  [  Pars  adverja.  ]  Terme   de  Palais.  Le 
demandeur  ou  le  défendeur  ,  la  défenderefle. 
Le  mot  de  parties  en  ce  fens  eft  ordinairement 
féminin  ,  néanmoins  fi  ceux  contre  qui,  ou  pour 
qui  on  plaide  font  des  hommes ,  le  pronom  & 
le  nom  qui  fe  raportent  à   ce  mot  de  partie , 
peuvent  fe  mettre  au   mafculin,  à  caufe  de  la 
chofe  fignifiéc.    On  obferve  la  même  chofe  fi 
le  mot  àc partie  ed  pris  généralement.  (Exemples. 
Les  parties  ont  été  apointées.  Ma  partie  eft  par- 
ticulièrement intêrejfée  dans  l'afaire.  La  partie  , 
au  fortir  de  l'enfance  ,  s'eft  confacré  au  miniftére 
de  l'autel.  Patru  ,  plaid.   14.  Pour    contrafler 
une  fociété  ,  toutes  les  parties  doivent  fans  doute 
la  confentir  ,  mais  ils  peuvent  tous  donner  leur 
confentement    de    diférente    manière.     Patiu , 
plaid.  6.  p.  180.    Avoir  à  faire    à  forte  partie. 
C'eft  plaider   contre   une  perfonne   puiffante. 
Ces  mots  au  figuré  avoir  à  faire  à  forte  partie  , 
fignifient  avoir  un  puiffant  ennemi  en  tête.  Qui 
n'entend   qu'une   partie   n'entend   rien.   Sorte   de 
proverbe  pour  dire  qu'il  faut  entendre  les  parties 
qui  font  intérefl"ées  dans  une   affaire   ou  dans 
une   querelle.    Prendre  un  Juge  à  partie.  C'eft 
ataquer  un  Juge  en  fon  propre  &  privé  nom , 
parce  qu'il  n'a  pas  bien  agi.  Prendre  quelqu'un 
à  partie.  Patru  ,  plaid.  C).  Se  poTlsr  partie  contre 
quelqu'un.   Patru  ,  plaid,  g. 

Un  Loup  difoit  que  l'on  l'avoit  volé , 
Un  Renard  fon  voifin ,  d'aflez  mauvaife  vie^ 
Pour  ce  prétendu  vol  par  lui  ûit  apellé , 
Devant  le  Juge  il  fut  plaidé  , 
Non  point  par  Avocats ,  mais  par  chaque  partie. 

Le  NokLe.  ) 

Partie.  Signifie  auffî  client  à  l'égard  de  fon 
Avocat  ou  du  Procureur  dont  on  a  acoutumé 
de  fe  fervir.  Cet  Avocat  contente  bien  fes 
parties.  Ce  Procureur  a  de  bonnes  parties. 

Parties  cafuelles.  Terme  de  Finance  &  de  gens 
de  Palais.  [  Fortuita  compendia.  ]  Ce  font  les 
charges  &  les  ofices  qui  par  hazard  reviennent 
au  Roi ,  &  dont  le  Roi  difpofe  ,  parce  que  les 
oficiers  font  morts  fans  avoir  paie  la  paulette. 
(  Sa  charge  eft  aux  parties  cafuelles.  ) 

Partie.  [  Bafjus  ,  fuperius  ,  ténor  ,  contra.  ] 
Terme  de  Muftque.  C'eft  le  deffus  ,  la  haute- 
contre  ,  la  taille  ou  la  bafle  ,  qu'on  apelle  les 
quatre  parties  de  la  mufique.  (  Chanter  fa  partie. 
Airs  à  quatre  parties.  ) 

Partie  de  nombre.  [  Numertts  ,  pars.  ]  Terme 
d^Aritmétique.  Il  y  a  des  parties  aliquotes  &  des 
parties  aliquantes  Parties  femblables ,  aliquotes 
ou  aliquantes.  Ainfi  3.  &  4.  font  les  parties 
aliquotes  femblables  de  15.  &  de  20.  parce 
que  chacun  eft  la  cinquième  partie  de  fon  tout. 
Ainfi  7.  &  14.  font  les  parties  aliquantes  de 
iz.  &  de  24. 

^3°  Partie  d'un  nombre  ,  c'eft  une  partie  qui 
entre  dans  la  compofition  d'un  nombre  ;  ainfi 
4.  4.  5.  font  des  parties  du  nombre  fept. 

^^  Partie  aliquott  ou  aliquante.  La  partie 
aliquote  d'un  nombre  ,  eft  un  nombre  plus  petit 
qui  eft  compris  dans  le  plus  grand  ,  un  nombre 
de  fois  exaftcment ,  c'eft-à-dire ,  qui  mefure  le 


PAR. 

plus  grand  ,  duquel  il  eft  dit  partie  aliquote  ; 
ainfi  on  reconnoit  que  3.  eft  une  partie  partie 
aliquote  de  12.  parce  que  3.  mefure  12.  par 
4.  où  fe  trouve  compris  dans  11.  quatre  fois 
cxaftemcnt.  11  eft  évident  que  l'unité  eft  une 
partie  aliquote  de  toute  forte  de  nombre,  parce 
que  tout  nombre  eft  divifible  par  i . 

^r  La  partie  aliquante  d'un  nombre  eft  un 
nombre  plus  petit ,  qui  eft  compris  dans  le 
plus  grand  un  certain  nombre  de  fois  avec  un 
refte  ,  c'eft-à-dire  ,  qui  ne  mefure  pas  le  plus 
grand  ,  duquel  il  eft  dit  partie  aliquante.  Ainfi 
on  connoit  que  2.  eft  une  partie  aliquante  de 
7.  parce  que  deux  ne  mefure  pas  7.  puifqu'il 
refte  i . 

^^  Les  femblables  pat ties  aliquotes  font  celles 
qui  font  également  contenues  dans  leurs  multiples. 
Ainfi  on  connoit  que  ces  deux  nombres  3.  ^. 
font  de  femblables  parties  aliquotes  de  ces  deux 
18.  30.  parce  que  3.  eft  contenu  fix  fois  dans 
fon  multiplié  18.  &  que  pareillement  5.  eft 
contenu  fix  fois  dans  ion  multiplié  30.  Il  eft 
évident  que  ces  deux  nombres  18.  &  30.  font 
équimultiples  des  deux  3.  5. 

^^  Les  femblables  Parties  aliquantes  font  des 
nombres  qui  contiennent  également  de  fembla- 
bles parties  aliquotes  de  leurs  tous.  Ainfi  on 
connoit  que  ces  deux  nombres  9.  18.  font  ce 
femblables  parties  aliquantes  que  ces  deux  12. 
&  24.  parce  que  9.  contient  trois  fois  le  quart 
de  1 2.  qui  eft  5.  &  que  pareillement  1 8.  contient 
trois  fois  le  quart  de  24.  qui  eft  6,  Voïcz 
O^an.  Dicl.   Math. 

Parties.  [  Expenji  charta  memoralis.  ]  Terme 
de  Marchand  &  de  quelques  Artifans  &  Ouvriers. 
Mémoire  de  ce  que  le  marchand  ,  l'artifan  ou 
l'ouvrier  a  fourni  à  un  particulier  ou  a  une 
communauté.  Le  mot  de  parties  en  ce  fens  eft 
toujours  pluriel.  (  Les  parties  d'un  marchand 
doivent  être  arrêtées.  Arrêter  les  parties  d'un 
tailleur.  ) 

Parties  Jimples  ,  parties  doubles.  Termes  de 
Marchands  ou  de  Teneurs  de  livres.  Ils  fe  difent 
des  manières  différentes  de  tenir  les  livres  de 
commerce  &  de  drefTer  des  comptes. 

Parties  d'Apoticaires.  On  nomme  ainfi  les 
parties  des  marchands  &  des  ouvriers  ,  qui  efti- 
ment  leurs  marchandlfes  ou  leurs  ouvrages 
beaucoup  au-delà  de  leur  jufte  valeur. 

Partie.  [  Pilaris  lufio.  ]  Terme  de  Jeu  de  paume. 
Ce  font  ordinairement  quatre  ,  cinq  ou  fix  jeux. 
(  Jouer  partie.  Gagner  partie  &  revanche.  Il 
a  joué  trois  parties  aujourd'hui  &  les  a  gagnées.) 
Partie  ,  fe  dit  aulfi  d'autres  jeux.  Partie  de 
trique-trac  ,  partie  de  piquet ,  partie  d'hombre  , 
partie  de  billard.  On  speWe  parties  liées,  quand 
il  en  faut  gagner  deux  de  fuite. 

Partie.  [  Societas  ad  deleclationem.  J  Compagnie 
de  certaines  gens  qui  fe  mettent  enlémble  pour 
quelque  defTein  de  plalfir  ou  de  rcjoulfTance. 
Compagnie  de  gens  qui  fe  font  mis  enlémble 
de  deftein  formé.  Afîiiire  &  defTein  qu'on  a  & 
qu'on  veut  faire  avec  quelqu'un.  Ce  ne  furent 
par-tout  que  galanteries  &  parties  de  plaifir. 
Scaron.  Faire  une  partie  de  chafl"c.  Molière. 
[Fenationem  confituere.]  Tout  malade  qu'il  éioit , 
il  voulut  être  de  la  partie.  Remettre  la  partie. 
[  Kern  differre.  ]  C'eft  diférer  l'affaire  ,  ou  le 
defTein  qu'on  avolt. 

*  Partie.  [  Clandcfiinum  confilium.  ]  Complot, 
DefTein  formé  pour  nuire  ou  perdre  quelqu'un. 
(  C'étoit  une  partit  faite  pour  le  perdre.  ) 


PAR. 

Parties.  [  Naturœ  dona  ,  anïmi  dotes.  ]  Ce  mot 
pris  pour  qualitez  aquifes  ou  naturelles  ,  n'a 
point  de  fmgulier.  (  Cléarque  avoit  les  parties 
qu'il  faut  pour  commander.  Abl.  Ret.  l.  J.  c.  4. 

En  partie  ,  [  Partirn.  ]  (  L'ouvrage  ejl  en  partie 
fait.  C'eft-à-dire  ,  eft  prefque  tout  fait.  Il  a  eu 
en  partie  ce  qu'il  fouhaitoit.  C'eft-à-dire  ,  il  a 
prefque  eu  ce  qu'il  défiroit.  ) 

Partir,  v.  a.  [  Partiri  ,  difpertirc.  ]  Ce 
mot  fignifie  partage  ,  &c  fe  conjugue  ainli.  Je 
partis  ,  tu  partis.  Il  partit  ,  nous  partirons.  J'ai 
parti ,  je  punis  ,  je  partirai  ,  que  je  partifj'e.  Je 
partirais.  Ce  verbe  n'eft  pas  ufité  en  tous  fes 
lems ,  mais  dans  les  tems  ou  il  n'eft  pas  ufité  , 
on  fe  fcrt  du  mot  partager.  On  dit  ,  en  parlant 
blafon ,  partir  l'écu  en  deux.  Parti  &  tranché 
de  fable.   Voïez  Parti. 

Partir.  Verbe  neutre  paffîf.  [  Prqficifci  ,  ahire.  ] 
Je  pars  ,  tu  pars  ,  il  part ,  nous  partons  ,  vous 
partent  ils  partent.  Je  partis,  tu  partis  ,  il  partit, 
nous  partîmes.  Je  fuis  parti  ,  j'étois  parti.  Je  par- 
tirai ,  que  je  parte.  Je  partijjc  ,  je  partirais.  Je 
fuis  parti.  C'eft  quitter  un  lieu  pour  aller  en 
quelque  voyage  ,  ou  en  quelque  autre  lieu 
éloigné  de  celui  qu'on  quitte,  (je  pars  demain 
pour  Londres.  Il  eft  parti  pour  l'Éfpagne.  Le 
Courrier  eft  parti. 

Parte^ ,  enfans  d' Aaron ,  parte^  j 
Jamais  plus  iUuflre  querelle 
De  vos  ayeux  n'arma  le  zele 
C'eft  vôtre  Roi ,  c'eft  Dieu  pour  qui  vous  combatez. 
Racine ,  Athalic.  ) 

*  Partir.  [Oriri ,  emanare."]  Venir.  Procéder. 
(  Il  n'eft  pas  dificile  aux  Grands  de  reconnoîrre 
quand  les  louanges  qu'on  leur  donne  partent  de 
la  flaterie.  Abl.  Arr.  l.  4. 

*  Ce  font  des  fautes  illuftres  qm  partent  d'une 
grande  ame.  Boileau  ,  Avis  à  Ménage.  ) 

f  Partir.  [  Citifjimè  ferri.  ]  Se  dit  auffi  des 
choies  qui  font  pouflees  avec  grande  force. 
(Un  boulet  de  canon/»a«avecgrandeimpétuofité. 

Et  la  foudre  qui  va  partir 
Ne  peut  plus  être  retenue 
Par  la  crainte  du  repentir. 

Corneille.  ) 

Partir  ,  v.  /z.  [  Hic  equus  concinni  greffum  init.J 
Ce  mot  fe  dit  en  terme  de  Manège.  (  Faire  partir 
un  cheval.  C'eft-à-dire  ,  le  faire  échaper  de  la 
main  ,  le  pouffer  de  vitefl"e.  On  dit  au/îî ,  faire 
partir  un  cheval  de  bonne  grâce.  On  dit  auflî 
partez.  »  c'eft-à-dire  ,  poufi"ez  &  piquez  vôtre 
cheval.  ) 

Partir.  [  Curfus  ,  greffus.  ]  Terme  de  Manège. 
C'eft  le  mouvement  du  cheval  quand  on  le  chafle 
vite.  (  Cheval  qui  a  un  beau  partir.  Animer 
fon  cheval  au  partir.  ) 

Partir,  v.  n.  [Progredi.]  Terme  de  Mattre- 
d' armes.  Il  fignifie ,  avancer  le  corps  &  pouffer 
en  même  tems.  Le  mot  partir  n'eft  ordinaire- 
ment ufité  que  quand  le  Maître-d'armes  parle 
à  fon  Ecolier.  (  Il  lui  dit  ,  en  garde  ,  partex,  , 
c'eft-à-dire  ,  avancez  &  pouffez.  Prenez  garde 
que  la  main  parte  la  première  en  tous  vos  coups. 
Attirer  fon  ennemi  par  des  feintes  pour  le  faire 
partir.  Il  faut  après  la  parade  ,  partir  d'un  tems  , 
droit  au  corps.  Liuncourt ,  Maître-d'armes  ,  du 
y-   21.) 

Partir.  On  dit  en  terme  de  Carrier  ,  faire 
partir  la  pierre ,  pour  dire  ,  la  féparer  &  l'ouvrir 
avec  les  coins  de  fer  6:  les  pomcllcs. 


PAR.  53 

Partisan  ,  /."  m.  [  Publicanus  ,  exaêlor.  ] 
Fermier  du  Roi.  Le  mot  departijan  en  ce  fcns  , 
n'a  ordinairement  point  de  régime.  (  C'eft  un 
riche  partifan.  Les  partifans  font  tous  riches , 
&  s'ils  ne  font  les  plus  honnêtes  gens  dufiécle, 
ils  font  au  moins  les  plus  heureux.  ) 

Les  partifans  nous  font  fentir  toutes  les  paf- 
fions  l'une  après  l'autre.  L'on  commence  par 
le  mépris  à  caufe  de  leur  obfcurité  ,  on  les  envie 
enfuite  ,  on  les  hait  ,  on  les  craint  ,  on  les 
eftime  quelquefois ,  &  l'on  vit  affez  pour  finir 
à  leur  égard  par  la  compaflion.    La  Bruyère.  ) 

Partij'an.  [  Dux  ,  Diicior.  ]  Terme  de  Guerre. 
Celui  qui  eft  adroit  à  commander  Si  à  conduire 
un  parti.  (  C'eft  un  excellent  partifan.  ) 

*  Partifan.  [  Fautor.  ]  Qui  tient  le  parti  d'une 
perfonne.  Qui  la  défend.  Qui  la  protège  & 
entre  dans  fes  intérêts.  Le  mot  de  partij'an  ,  en 
ce  fen^  a  un  régime.  (  C'eft  l'un  des  plus  zélez 
partifans  de  Monfieur  un  tel.  Lorfque  les  Jan- 
féniftes  &  les  Jéluites  étoient  broiiillez  ,  il  y 
avoit  d'honnêtes  gens  qui  étoient  partijans  des 
uns  &  d'honnêtes  gens  qui  étoient  partifans 
des  autres. 

Gilotin  en  gémit ,  &  fortant   de  fureur 
Chez  tous  fes  partijans  va  Icmer  la  terreur. 
Défpreaux  ,  Lutrin.  ) 

Partiteur  ,  f  m.  [  Partitor  ,  dlvifor.  ] 
Terme  à^ Arumétique.  Divileur.  Dans  la  réçle 
de  divifion  ,  on  met  le  partiteur  au-deffous  du 
premier  nombre  à  divifer  ,  avec  une  barre 
entre -deux. 

Partition,/.  /7z.  [  Partitio.  ]  Mot  écorché 
du  Latin  ,  &  qui  fe  prononce  particion.  C'eft- 
à-dire  ,  partage  ,  divifion.  On  dit  en  parlant  de 
Rctorique  ,  les  partitions  de  Ciccron.  C'eft  un 
dialogue  entre  Ciceron  &  fon  fils  ,  où  Ciceroti 
lui  donne  quelques  préceptes  de  l'Art  Oratoire. 
(  Dans  ce  dilemme  ,  la  propofition  qui  doit 
contenir  la  partition  eft  fous  entendue.  Port- 
Royal ,   Logique  ,  partie  J.   ch.  iS.  ) 

Partition.  [  Divifio.  ]  Terme  ^ Aritrnêtique. 
C'eft  la  divifion  ,  la  quatrième  régie  de  l'Arit- 
métique.  Voyez  Divifion.  Partiteur ,  c'eft-à-dire, 
le  Divifeur. 

Partition.  [  Difpofitio.  ]  Terme  de  Mufque. 
C'eft  la  difpofition  de  plufieurs  parties  d'un  air 
de  Mufique  ,  notées  fur  une  môme  feiiille. 

Partition.  [  Partitio.  ]  Terme  de  Blajon.  C'eft 
la  divifion  de  l'écu. 

Partout,  adv.  [  Ubique.'\  En  tout  lieu. 
(  Dieu  eft  par-tout.  ) 

Parvenir,  Verbe  neutre  paffif.  [  Affequi  , 
confequi  ,  adipijci.  ]  Je  parviens  ,  tu  parviens.  Je 
parvins.  Je  fuis  parvenu.  Je  parviendrai  ,  que  je 
parvienne.  Je  parvinffe.  Je  parviendrais  ,  que  je 
J'ois  parvenu.  Ce  mot  fignifie  arriver ,  venir  ,  être 
élevé  à  quelque  dignité.  Monter  à  quelque  dignité. 
Parvenir  à  l'Empire.  Il  eft  parvenu  aux  plus 
hautes  charges  du  Roïaume.  Akl. 

Parvenir  ,  fe  dit  abfolument  pour  s'élever 
en  dignité  ,  faire  fortune ,  faire  des  progrès. 
(  Cet  homme  parviendra  en  peu  de  tems.  Il  eft 
parvenu  par  fon  mérite.  Il  aime  le  travail ,  il 
ne  peut  manquer  de  parvenir.  ) 

Parvis  ,  f  m.  {  Templi  atrium  ,  Ptopylœum.  ] 
Ce  mot  fe  difoit  autrefois  de  toutes  les  places 
publiques  qui  faifoient  face  à  un  grand  bâti- 
ment. Aujourd'hui  ,  Parvis  eft  la  place  qui  eft 
devant  le  portail  d'une  Eglife.  (  Un  beau  & 
grand  parvis.    Le  parvis  de    Nôtre  -  Dame  de 


54  PAR. 

Paris  efl:  plein  de  lard ,  de  jambon  &  de  chair 
falce  tous  les  ans  le  Jeudi  -  Saint.  ) 

Ménage  a  fait  un  long  dil'cours  fur  l'étimo- 
logie  de  parvis  ,  où  l'on  jjourra  recourir  pour 
fatisfaire  fa  curiofité. 

Parulii,  //  Terme  de  Médecine.  Inflam- 
mation de  gencives  que  les  Médecins  mettent 
au  rang  des  phlegmons  ,  &i  qui  vient  quelquefois 
k  fupuraiion.  Ce  mot  vient  de  wap»  ,  proche  , 
&  de  ïxot ,   gencive. 

Parure,/./^  [  Ornatus  ,  ornamentum.  ] 
Ornement  &  tout  ce  qui  fert  à  parer  &  à  ajufter. 

(L'or  de  fa  blonde  chevelure 
Son  port  célcfte  6i  (a  parure 
Le  faifoient  aflez  remarquer. 

Voiture ,  pi^^f- 

Perfuadé  que  la  parure 
Et  le  fuperbc  ajuiiement 
Du  fexe  que  pour  plaire  a  formé  la  Nature 
EU  le  plus  doux  enchantement. 
P errant  Grifelid. 

*  Elle  a  perdu  ces  riches  parures ,  ces  orne- 
mens  fi  prétieux  qui  la  rendoient  vénérable  aux 
yeux  du   vulgaire.  Patru,  plaid.  ^.  ) 

Parure  ,  fe  dit  de  la  conduite  d'un  homme  , 
dont  toutes  les  aftions  fc  reffemblent ,  &  d'un 
ouvrage  où  tout  eft  de  même  caraftére.  (  Tout 
eft  de  même  parure  dans  la  conduite  de  cet 
homme.  Tout  efl  de  même  parure  dans  cet 
ouvrage.  )  On  ne  le  dit  gueres  qu'en  mauvaile 
part. 

Parure.  [  Symrnetria.  ]  Il  fe  dit  auffi  de  la 
reflTemblance  ou  convenance  des  chofes  dont 
on  fait  parade.  (  Ainfi  l'on  dit  ,  les  atelages 
de  chevaux  doivent  être  d'une  même  parure^ 
c'eft-à-dire ,  de  même  taille  &  de  même  poil. 
Gardes  d'une  même  parure  ,  c'eft-à-dire  ,  qui 
portent  de  mêmes  armes  &  qui  font  vêtus  d'une 
même  livrée.  La  tapilTerie  de  la  chambre  & 
celle  de  l'alcove  font  de  diférente  parure.  ) 

Parures.  [  Ramenta.  ]  Terme  de  Relieur.  Les 
extrêmitez  de  la  peau  qu'on  ôte  avec  le  couteau 
à  parer.  Tout  ce  qu'on  coupe  d'une  peau  avec 
le  couteau  à  parer  lorfque  les  couvertures  font 
taillées.  Le  mot  de  parure  en  ce  fens  n'a  point 
de  JînguUer.  (  On  jette  les  parures  parce  qu'elles 
ne  (ervent  de  rien.  On  les  brCde  auffi  quelque- 
fois. On  les  fait  boiiillir  pour  en  faire  de  la 
cole  &  l'on  en  garnit  aulTi  des  carreaux,  ) 

PAS. 

V AS,/,  m.  [ Pajfus  ,  gradus. ]  C'eft  une  forte 
de  mefure  de  Géographie  &  de  Fortification , 
&c.  Le  pas  commun  eft  de  deux  pieds  ,  &  le 
pas  géométrique  de  cinq  pieds  de  Roi.  Le  mille 
d'Italie  eft  de  mille  pas  géométriques. 

*  (  Voilà  tantôt  fix  ans  écoulez ,  &  nous  ne 
fommes  encore  qu'a//  premier  pas  ,  c'eft-à-dire  , 
nous  ne  fommes  qu'au  commencement.  Patru , 
pldidoye^.  ) 

Pas.  [  Grejfus.  ]  Le  marcher  d'une  perfonne. 
Le  mouvement  des  pieds  en  les  pofant  &  en 
les  levant.  Enjambée.  (  Aller  bon  pas.  Retirer 
un  pas  en  arriére.  Marcher  à  grands  pas.  Se 
retirer  au  petit  pas.  Abl.  Arr.  C'eft-à-dire  ,  fe 
retirer  doucement.  Retourner  furfes/><îy.  Abl. 

S'étant  féparé  de  la  belle 
Touché  d'une  vive  douleur , 
A  pas  lents  il  s'éloigne  d'elle 
Charge  du  trait  qui  lui  perce  le  cœur, 
Perraut  Grifelid.  ) 


PAR. 

Faire  un  faux  pas.  [  FeJUgio  errare.)  C'eft  ne 
pofer  pas  bien  le  pié.  Et  au  figuré  manquer  de 
conduite.  Broncher  à  chaque  pas. 

Pas.  [  l'ejligium.'\  La  marque  du  pied  qui  fe 
voit  lorfqu  une  perfonne  a  marché.  (  Voilà  foa 
pas.  Les  amours  naiflent  fous  leurs  pas.   Fait.  ) 

Donner  le  pus  à  une  pcrjbnne.  [  Cedere  locum.'\ 
C'eft  déférer  par  civilité  à  une  perfonne  &  lui 
permettre  qu'elle  pafle  ou  entre  la  première  en 
quelque  maifon  ,  ou  autre  lieu. 

Prendre  le  pas  devant.  [  Prœgredi.  ]  C'eft  entrer 
ou  pafler  le  premier  en  quelque  maifon  ou  autre 
lieu  fans  prefenter  par  civilité  la  porte  à  ceux 
qui  font  avec  vous. 

Pas  de  balet.  [  PaJJus.  ]  Terme  de  Maître  de 
Dance.  C'eft  un  pas  figuré  qu'on  fait  dans  les 
balets.  (  Donner  un  pas  de  balet.  Le  pas  droit  , 
grave  ,  ouvert  ,  batu  ,  tourné  ,  tortillé.  Pas 
relevé  ,  balancé  ,  coupé ,  dérobé  ,  glifTé ,  tombé, 
&c.  Pas  mignardé.  Pas  de  danfe.  Danfer  les 
cinq  pas.  ) 

Pas.  [  Gradus  ,  greffus.  ]  Ce  mot  fe  dit  des 
animaux  ,  &  principalement  du  cheval.  C'eft 
la  manière  ordinaire  dont  marche  un  cheval. 
(  Le  pas  de  ce  cheval  eft  beau  ;  cheval  qui  a 
un  bon  pas.  Aller  au  pas.  On  dit  en  termes 
de  Manège,  commencer  une  leçon  zvipas,  finir 
une  leçon  au  pas.  Cheval  de  pas.  ) 

Marcher  à  pas  de  loup  ,  à  pas  de  tortue  ,  pas 
à  pas.  [  Lencis  pajjibus  incedere.  ]  C'eft-à-dire  , 
fort  doucement. 

Marcher  à  pas  compttx..  [  Lento  pajju.  ]  C'eft- 
à-dire  ,  gravement  &  doucement. 

Pas  déporte.  [  Limen.  ]  C'eft  le  feiiil  de  la  porte 
(  Elle  eft  tout  le  jour  lur  le  pas  de  fa  porte.  ) 

Pas.  [Angtifice.]  Paffage  difficile.  Paffage  ,' 
ou  détroit  difficile  de  montagne.  (  Gagner  le 
pas  de  la  montagne.  Vaug.  Rem.  Le  pas  des 
Termopiles.  hepas  de  Suze.  Faug.  Rem.  Le  pas 
de  l'Eclufe.  ) 

*  Pas.  Démarche.  [  Statim  ,  quamprimum.  ] 
(  Dès  le  premier /7aj  il  fe  laifl"e  effraier.  Racine  y 
Iphigenic  ,  acl.  i.fc.  J.  ) 

Suivre  quelqu'un  pas  à  pas.  [  Alicujus  vefigiis 
infifiere.  ]  C'eft  le  fuivre  toujours  &  ne  le  quitter 
point  de  vue. 

*  Il  voïoit  à  deux  pas  de  lui  la  prifon  &  la 
mort.  Voit,  l.  24-  C'eft-à-dire  ,  il  voïoit  qu'il 
étoit  fort  expofé  à  la  mort  ou  à  la  prifon. 

*  Pas  difficile.  [  Res  impedita  &  periculofa.  ] 
C'eft-à-dire  ,  afaire  embarafl"ante  &  épineufe. 
Afaire  dangereufe  &  où  il  faut  aller  bride  en 
main ,  où  l'on  doit  fe  conduire  avec  beaucoup 
de  circonfpeûion.  *  (  Pour  fe  tirer  d'un  pas  fi 
dificile  il  faut  de  l'efprit.  La  Chambre.  ) 

*  Pas,  [  Oltum  &  operam  perdere.  ]  Peine. 
Vous  n'y  perdrez  que  vos  pas ,  &  le  Diable 
ne  le  fait  pas.   Fait. 

*  Pas.  [  Fejligium.  ]  Voie.  Veftige.  (  Marcher 
fur  les  pas  de  Téocrite  &  de  Virgile.  Boileau  , 
Avis  à  Ménage.  C'eft-à-dire  ,  prendre  pour 
modèle  Virgile  &  Téocrite. 

Se  faire  eftropier  fur  les  nj^  des  Céfars, 
De/préaux ,  Satire  ■}. 

C'eft-à-dire,  en  faifant  de  belles  aftions  à  la 
guerre.  )  Defpréaux  dit ,  parlant  de  Malherbe  : 

Marchez  donc  fur  fes  pas ,  aimez  fa  pureté , 
Et  de  fon  tour  heureux  imitez  la  clarté. 

•f  *  Pas  de  clerc.  [  Ineptia  ,  error.  ]  Beyûë. 
Faute.  (  Faire  un  pas  de  clerc. 


PAS. 

Ce  petit  Monfieur  Scaliger 
A  fait  dans  fa  belle  critique , 
Ce  qu'on   apelle  un  pas  de  clerc. 

Epine  du.  Chev.  Pompon  à  Babiole. 

+  Pas.  [  Lucre  capite  fcdus  aliquod.  ]  Ce  mot 
joint  avec  celui  de  pajjlr ,  veut  dire  d'ordinaire 
mourir.  (  Faire  paffer  le  pas  à  quelqu'un  ;  c'ell  le 
faire  mourir  ,  le  tuer. 

Franchir  le  pas.  C'eft  faire  une  chofe  qu'on 
ne  pouvoit  fe  refoudre  à  faire.  (  Après  avoir 
long-tems  balancé  ,  il  a  franchi  le  pas.  ) 

^5°  Quelques  Poètes  font  rimer  pas  dans  un 
fens  à  pas  dans  un  autre.  Benferade  a  dit; 

Chevaux  allez  ne  fe  rencontrent  pas 
A  point  nommé  chevaux  de  paj. 

Je  fçai  que  l'on  trouve  de  femblables  rimes 
dans  nos  meilleurs  Poètes  ,  Racine  dans  les 
Plaideurs , 

Tel  que  vous  me  voïez ,  Monfieur  ici  préfent , 
M'a  d'un  fort  grand  fouffiet  fait  un  petit  préfent. 

Mais  je  ne  fçaurois  goûter  ces  fortes  de  rimes , 
peut-être  par  dclicatcffe. 

Pas.  [  Non  ,  ncminè  ,  ncquaquam.  ]  Sorte  de 
négative  qui  ne  nie  pas  tant  que  point ,  &  qui 
ordinairement  ne  fe  met  pas  devant  la  particule  de. 

(  On  n'aime  pas  long-tems  quand  on  n'eft  pas  aimé. 

Mais  quoique  vous  ayez  ,  vous  n'avez  point  Callfte; 
Et  moi  je  ne  vois  rien  quand  je  ne  la  vois  pas. 
Malherbe,  poëf.  liv.  /. 

L'honneur  dans  ce  commerce  eft  fort  mal  a(furé , 

Ne  vous  y  laiflez  pas  furprendre , 

Un  ami  fi  fage  &  fi  tendre 
£A  bien  plus  dangereux  qu'un  amant  déclaré. 

Pavillon.  ) 

§3°  ^^^  adverbe  négatif,  me  paroit  rude  & 
idéfagréable  dans  certaine  fituation.  Exemple. 
Un  homme  qui  étoit  fi  amoureux  de  vôtre 
diyertiffement ,  s'acorderoit  mal  avec  foi-même, 
s'il  pouvoit  ne  vous  acorder  pas  une  légère 
fatisfaflion  ,  que  vous  lui  demandez. 

Çj*  Entre  pas  &L  point  il  y  a  cette  différence, 
que  point  eft  une  négative  abfolué  &  fans 
reftridion  :  Je  ne  veux  point  de  cela.  Pas  ne 
porte  pas  fi  loin. 

<jr  Pas  &  Point.    Sont    deux    particules  , 
dont  l'ufage  n'eft  pas  bien  connu.   Cependant 
comme    Vaugelas  a  remarqué  chap.  38g.  ces 
particules  oubliées  aux  endroits  où  il  les  faut 
mettre  ,  ou  mifes  là   où  elles  ne  doivent  pas 
être  ,  rendent  une  phrafe  fort  vicieufe.    Voici 
l'exemple  qu'il  en  donne  :  pour  ne  vous  ennuïer , 
je  ne  ferai  pas   long.    C'eft  très-mal  parler  ,  il 
faut  dire  ,  pour  ne  vous  point  ennuïer.  Et  fi  l'on 
dit  :  il  fera  plus  qu'il  ne  promet  pas  ;  c'eft  encore 
mal  parler ,  car  il  faut  ôter  pas  &  dire ,  il  fera 
plus  quil  ne  promet.  On  ne  met  jamais  ni  pas, 
ni  point  devant  les  deux  ni.    Par  exemple  on 
dit  il  ne  faut  être  ni  avare  ni  prodigue ,  &  non 
pas  ,  il  ne  faut  pas  être  ,  ou  il  ne  faut  point  être 
ni  avare  ni  prodigue.  On  ne  les  met  jamais  auflî 
devant  que ,   qui  s'exprime  par  nifi  en  Latin  , 
&  par  ^non  en  François  ;  exemple  :  Je  ne  ferai 
que  ce  qu'il  lui  plaira  ;  on  voit  bien  que  ce  que 
fe  refout  par  nifi  &  par  finon  que.    Mais   la 
régie  ceffe  ,  lorfque  le  mot  que  ne  fignifie  pas 
Jinon  que.   Ainfi  on  dit  je  ne  penfe  pas  que  vous 
U  iaffie^  ,  je  ne  veux  pas  dire  que  vous  ave^  tort. 
On  ne  met  ni  pas  ni  point  devant  jamais  ,  ni 


PAS.  55 

devant  plus  :  je  ne  ferai  plus  comme  j'ai  fait  ; 
ni  après  plus ,  fi  une  négative  fuit  ,  //  eji  plus 
riche  que  n'a  été  celui  :  mais  on  dit  ,  je  ne  veu.x 
pas  non-plus  que  vous  aUiex_.  On  ne  le  met  point 
devant  aucun  ou  nul.  On  dit  ,  il  ne  fait  aucun 
mal ,  nul  mal  ;  ni  devant  fans.  On  dit  fans 
nuage  ,  &  non  fans  point  de  nuage.  On  ne  met 
point  encore  ni  l'un  ni  l'autre  ni  avant  que 
l'on  parle  de  quelque  tems  ,  ni  après  que  l'on 
en  a  parlé  ,  comme  je  ne  le  verrai  de  dix  jours  , 
il  y  a  dix  jours  que  je  ne  l'ai  vu.  On  les  fuprime 
ordinairement  avec  le  verbe  pouvoir ,  comme 
il  ne  fçauroit  faire  tant  de  chemin  en  un  jour ,  il 
n'eût  fçu  arriver  plutôt.  On  y  peut  mettre  pas, 
mais  il  eft  beaucoup  mieux  de  le  fuprimer.  On 
dit  rarement  pas  avec  ofer.  Ll  n'oferoit  avoir  tout 
cela  ,  il  n'oferoit  dire  mot.  Vaugelas  finit  fa 
Remarque  en  difant  qu'il  eft  très -difficile  de 
donner  des  régies  pour  fuivre  ,  quand  il  faut 
dire  pas  plutôt  que  point ,  il  le  faut  prendre  de 
l'ufage  ,  &  fe  fouvenir  que  point  nie  plus  tor- 
tement  que  pas.  Mefiîeurs  de  l'Académie  ont 
aprouvé  fa  Remarque  par  raport  à  point  &  à 
pas  :  mais  ils  condamnent  finon  que  dont  Vau- 
gelas s'eft  fervi ,  il  a  dû  dire  finon  feulement. 

Pas.  Terme  de  Tifferand.  C'eft  le  paffage  du 
fil  dans  la  lame.  Etre  hors  de  pas  ;  c'eft  prendre 
un  fil  pour  un  autre.  ) 

Pas.  [  Gradus.  ]  Terme  de  Charpentier.  Petite 
entaille  faite  fur  les  plates-formes  d'un  comble , 
pour  recevoir  les  pieds  des  chevrons. 

Pas.  [  Fretum  Britannicum.  ]  Terme  de  Géo- 
graphie. Détroit  de  mer  qui  eft  entre  Calais  & 
Douvre.  (  Le  pas  de  Calais.  On  paflTe  le  pas  de 
Calais  pour  aller  en  Angleterre.  ) 

Pas  de  fouris.  [  Margo  vallaris.  ]  Terme  de 
Fortification.  C'eft  le  petit  relais  ou  efpace  qu'on 
laiife  fur  la  muraille  au-deffus  du  cordon  ,  pour 
donner  du  pied  au  parapet. 

Pas  de  vis.  [  Stria.  ]  Terme  de  Méchanique. 
C'eft  chaque  tour  de  la  canelure  du  cilindre 
tourné  en  vis.  C'eft  la  diftance  qui  eft  entre 
les  filets  ou  arêtes  d'une  vis. 

Pas  d'âne.  [  Annulas  caudatus.  ]  C'eft  fur  les 
Navires  un  anneau  avec  une  queue. 

Pas  d'âne.   Terme   de  Fourbijjeur.    Sorte   de 

plaque  de  garde  d'épée.  {Pas  d'âne  bien  travaillé.) 

Pas  d'âne.  [  Lupatum.  ]   Terme  à^Eperonnier. 

Sorte  de  mords  qu'on  donne  aux  chevaux  qui 

ont  la  bouche  forte. 

Pas  d'âne.  [  Tuffilago  vulgaris.  ]  C'eft  une 
petite  plante  qui  croît  dans  les  lieux  aquatiques, 
qui  eft  bonne  contre  la  toux  ,  qui  porte  des 
feiiilles  larges  &  couronnées,  &  des  fleurs  jaunes. 
Paffer  le  pas.  Cette  façon  de  parler  a  encore 
un  autre  fens  que  celui  de  mourir ,  comme  il 
paroit  par  ces  vers. 

(  Et  dès  que  fon  caprice  a  prononcé  tout  bas 
L'arrêt  de  notre  honneur,  il  faut  paffer  le  pas. 
Molière,  Ecole  des  Femmes  ,  a(l.  J.  fc  3. 

C'eft-à-dire ,  il  faut  que  cela  foit  ;  il  faut  que 
nous  foïons  au  nombre  de  Meffieurs  les  Cocus.) 

Pas  de  haubans.  [  Funiculï.  ]  Terme  de  Ma- 
telot. Ce  font  de  petites  cordes  qui  traverfent 
les  haubans  en  manière  d'échelons. 

Pas  à  pas.  [  Pedetentim  ,  Lente.  ]  Doucement. 
(Suivre  quelqu'un /^a?  à  pas.  Aller  pas  àpas. 

*  Le  moyen  d'arriver  à  la  gloire  de  fon 
original  n'eft  pas  de  le  fuivre  pas  à  pas  AU. 
Tac.  C'eft-à-dlre  ,  de  le  luivre  exaftemeni, 
fcrupuleufcment,  ) 


^6  PAS. 

De  ce  pas ,  aJv.  Tout  d'un  teins.  [  Il  me  mena 
de  ce  pas  chez  lui.  ^bl.  Luc.  II  croyoit  qu'il 
viendroit  de  ce  pas  attaquer  l'armée. 

Pas  un  ,  pas  une  ,  adj,  [  Nullus  ,  ncmo.  ] 
Nul ,  aucun.  (  On  ne  trouve  plus  dans  le  cours 
pas  une  pcrfonnc  agréable  ,  pus  un  vifagc  rai- 
fonnable.  ) 

P  A  s  c  A  G  E.    Voiez  paccage. 

Pascal,  Pascale,  (  Pasciial  ,  Paschale.  ) 
adj.  [  Pafch.-iHs.  ]  Qui  eft  de  Pâque.  Qui  regarde 
la  fête  de  Pâque.  (  Manger  l'Agneau  Pafcal. 
Cène  Pafcale.   Nouv.   Tejl.  S.  Mathieu  ,  ch.  z6 . 

Qa^dit  au  pluriel  les  cierges  Pafials,  &  non 
PafcMx. 

P  A  s  L  E.   Voïez  pâle. 

P  a  s  L  E  u  R .    Voïez  pâleur. 

P  A  s  L  I  R.  Voïez  pâlir. 

Pas  MER.   Voïez  pâmer. 

Pasmoison.   Voïez  pâmoifon. 

PAS(iUE.    Voïez  Pâque. 

Pasquette  ,  PâcLUETTE  ,/./•[_  BclUs.  Petite 
fleur  blanche  qui  vient  au  tems  de  Pâques.  Elle 
reffemble   à  une  marguerite. 

Il  y  en  a  qui  l'apellent  pâquerette ,  comme  il 
fe  trouve  dans  le  Diftionnaire  de  l'Académie. 

Pas  Q.U  I  N  ,  y.  m.  [  Pafquinus.  ]  Statue  que 
les  Italiens  apellent  Pafqtnno ,  qui  eft  dans  une 
des  places  de  Rome  ,  &  à  laquelle  ceux  qui  font 
mal  fatisfaits  du  gouvernement  ou  des  perfonnes 
d'autoriré  ,  vont  attacher  quelque  vers  ou  quel- 
que raillerie  qu'on  nomme  pafquin  ,  du  nom 
de  la  ftatuë  à  laquelle  on  les  attache.  Voiez 
les  antiquité^  de  Rome.  Pafquin  s'adreffe  d'ordi- 
naire à  Marforio  ,  autre  ftatuë  de  Rome ,  ou 
Marforio  à  Pafquin  ,  que  l'on  fait  répliquer. 
Ses  réponfes  font  d'ordinaire  courtes  ,  vives 
&  malignes.  Mais  parmi  nous  le  pafquin  eft 
une  efpéce  de  fatire.  Ses  fujets  font  des  parti- 
culiers illuftres  dont  on  accufe  la  conduite. 
(  Le  caraflére  du  pafquin  c'eft  d'ctre  plaifant. 
Brantôme  ,  Hijloire  des  Dames  galantes  ,  tome  i . 
difcours.  T.  dit  que  les  pafquins  eurent  grand 
cours  en  France  du  tems  de  Charles  IX.  &  de 
Henri  III.  Tan^un pafquin  contre  une  perfonne. 
(  Melin  dt  Saint-Gelais  a  introduit  le  nom  de 
pafquin  dans  notre  poëfie. 

Un  écrit  fcandaleux  fous  votre  nom  fe  donne , 
D'un  Pafquin  qu'on  a  t'ait  au  Louvre  on  vous  foupçonne, 

Defpreaux.  ) 

Pasquinade  f  f.  f.  [Programma  maledicum.  ] 
C'eft  une  fatire  qui  contient  quelque  chofe  de 
l'hiftoire  médifante  du  fiécle.  La  pafquinade  n'a 
pour  but  que  de  déchirer  le  particulier  ,  &  le 
fatire  de  le  corriger.  (  Faire  une  pafquinade. 
Les  pafquins  &  les  pafquinades  ne  vivent  guère  , 
parce  que  peu  de  gens  les  entendent.  ) 

■*  Passable,  adj.  [  Ferendus  ,  non  contem- 
nendus  ,  tolerabilis.  ]  Tolcrable.  Qui  eft  raifon- 
nable  &  mérite  d'être  fouffert.  (  Vous  verrez 

De  vôtre  dernière  avanture 
Une  affez  paJJ'abU  peinture. 

Voiture  ,  po'cf. 

Ma  foi  tout  eft  paffable  ,  'iJ  le  faut  confcITcr  , 
Et  Mignot  fur  ce  point  s'eft  voulu  furpafTer. 

Defpreaux.  ) 

■*  Passablement  ,  adv.  [  Mediocriter ,  fat  bene.) 
Tolérablement.  (  Faire  des  vers  pajfablement. 
Fait.  Us  fe  figurent  qu'il  n'y  a  qu'à  s'expliquer 
pafjablement  pour  devenir  bon  hiftoricn.  Abl. 
Lucien  ,  tome  z. 


PAS. 

Passacaille,  f.f.  [  Mufica  modulatio.  ] 
Terme  de  Mujique.  Pièce  de  Mufique  à  trois 
tems ,  compoiée  de  couplets.  C'eft  prefque  la 
même  chofe  que  la  C/uconne  ;  il  y  a  pourtant 
cette  diférence  ,  que  le  mouvement  de  la  paffa- 
caille  eft  ordinairement  plus  grave  que  celui 
de  la  chacone  ,  le  chant  plus  tendre  &  les 
expreftions  moins  vives.  C'eft  par  cette  raifoa 
que  les  Pafl"acailles  font  prefque  toujours  tra- 
vaillées fur  modes  mineurs  ,  c'eft-à-dire  ,  dont 
la  mendiante  n'eft  éloignée  de  la  finale  que  d'une 
troifiéme  mineure.  Broffard,  Diction,  de  Muftque. 

Il  y  en  a  qui  écrivent  paffecaille ,  comme  les 
Auteurs  du  Diftionnaire  de  Trévoux.  Meflieurs 
de  l'Académie  difent  paffacaille. 

■f  Passade,  y.'/  [  Stips.  ]  Aumône  qu'on 
donne  aux  pauvres  paffans  pour  les  aider  à 
paifer  chemin  &  à  fe  rendre  oîi  ils  ont  deflcin 
d'aller.  (Donner  la  paffade  à  un  pauvre  voyageur. 
Demander  la  pafl"ade.  ) 

Paffade.  [  Converfio  quinque  motibus  pcrfecla  , 
uno  luotu  confans.  ]  Terme  de  Manège.  C'eft 
une  étendue  de  chemin  borné  ou  non ,  par  oii 
le  cheval  doit  pafl'er  &  repalTer  fans  qu'il  lui 
foit  permis  de  s'en  écarter,  (  Faire  des  paffades. 
Cheval  qui  ferme  bien  une  paffade.  Ajufter  un 
cheval  fur  les  pafâdcs.  Il  y  a  des  pafjadcs 
relevées ,  des  paffades  de  piroiiette  ,  des  piîffades 
de  cinq  tems ,  des  paffades  d'un  tems,  &c. 

Paffade,  f.f.  [Tranfitus  ,  tranfgreffus.'\  Aftion 
de  celui  qui  ne  fait  que  traverfer  un  pais  fans 
s'y  arrêter.  (  Ce  vin  eft  aflez  bon  pour  une 
panade.    Danet.  ) 

Paffade.  [Jocofa  natantiiim  colluclatio.  ]  Se  dit 
entre  les  nageurs  ,  lorfqu'en  fe  rencontrant  l'un 
enfonce  l'autre  dans  l'eau  &  le  fait  paffer  entre 
fes  jambes. 

Passage  ,f.  m.  [  Tranjitus,  ]  C'eft  l'allée  d'un 
lieu  à  un  autre.  Voyage  qu'on  fait  d'un  lieu  à  un 
autre.  (Le  paflage  des  troupes  eft  incommode. 

En  tous  lieux  fur  nôtre  paffage 
Ce  font  des  dèbordemens  d'eau 
Qu'il  faut  traverfer  prefqu'à  nage; 
Chaque  fleuve  ,  chaque  ruilTeau 
A  par-tout  franchi  ion  rivage. 

Abbc  Regnur.  ) 

Passage.  [  Tranfitio.  ]  Lieu  où  l'on  paffe 
chemin  pour  palier.  Permiflion  de  pafl'er.  (  Le 
pajfage  eft  libre.  Donner  paffage.  Acorder  le 
pajfage.  Livrer  paffage  aux  troupes.  Abl.  Ret. 
l.  4.  c.  ,3.  Reconnoître  un  paffage.  Abl.  Arr. 
l.  3.  Il  étoit  aifé  d'empêcher  le  paffage  à  toute 
l'armée.  Abl.  Ret.  L  i.  Envoyer  faifir  les  paffâges. 
Abl.  Ret.  l.  z.  c.  J.  Diiputer  le  pajfage  du  fleuve. 
Abl.  Ret.  L  z.  c.  3. 

Paffage.  [  Via."]  Endroit  de  chemin  ou  de  route  ' 
par  où  il  faut  pafl'er  quand  on  va  en  quelque 
lieu.  (  Voici  un  dangereux  paffage.  ) 

*  Paffage.  [Aditus.]  Route  qu'on  fe  fait  pour 
pafl'er  &  pour  avancer  chemin  ,  qu'on  fe  fait 
vigoureufement  au  travers  de  quelques  troupes 
ou  de  quelque  gros  d'ennemis.  (  Se  (aire  paffage 
l'épée  à  la  main.  Abl,  Ret.  L  J.  c.  i.) 

*  Paffage.  [  Locus  ,textus.]  Endroit  de  difcours 
ou  de  livre.  (  Expliquer  un  paffage  de  l'Ecriture. 
he  paffage  qu'il  a  aporté  étoit  décifif. 

Ces  p.iff.ii^es  brillans ,  ces  traits  pris  de  l'hiftoire  , 
De  nos  Prédicateurs  firent  long-tems  la  gloire. 

rdiurs.) 

Paffage ,  Se  dit  en  terme  de  Mujîque ,  d'un 

certain 


PAS. 

certain  roulement  de  voix  qui  fc  fait  en  paffant 
d'une  note  à  une  autre.  (  Ce  Muficien  fait  trop 
de  pajfagcs  en  chantant.  ) 

Paffdgc.  Terme  de  Peinture.  Les  dégrès  par 
lefquels  on  paffc  d'une  teinte  ,  d'une  couleur  à 
l'autre,  s'apcllent/jfl^j^w,  en  termes  de  peinture. 

Paffagc.  [  Thyrorion.  ]  Terme  à^Archltcclurc. 
C'eft  un  petit  lieu  qui  ne  fert  qu'à  dégager  une 
chambre  d'avec  une  autre. 

Paffage.  [  Portoriuin  ,  naulum.  ]  Droit  que  les 
marchandifes  paient  en  paffant  par  un  lieu.  Le 
Roi  de  Danemark  fait  paier  un  droit  de  p^ffuge 
par  le  Zund. 

Passager,//».  [  Vcclor.  ]  Terme  de  Mer. 
Celui  qui  paie  le  fret  pour  le  port  de  fa  pcrfonnc. 
&  de  fcs  hardes.  Fournkr.  Il  fe  dit  auflî  de  ceux 
qui  partent  les  rivières.  \_  Lintrarius.^ 

Paffjger  ,  V.  a.  [  Equiim  agere,  ]  Terme  de 
Manège.  Promener  ,  mener  au  pas  ou  au  trot. 
{^Pajjager  un  cheval  fur  les  voltes.  Pajfager  un 
cheval  au  trot.  Quelques-uns  difent  pa[[sger  un 
cheval ,  mais  paffager  eft  le  mot  ordinaire.  ) 

Pajfager  ,  Paffagere  ,  adj.  [  Peregrinus.  ]  Qui 
ne  fait  que  paffer.  Qui  palTe  vite.  (  Oifeau 
paj/hger.  Chagrin  pajfager.  fleur  paj/agere.  Biens 
pajftigcrs.  Poiffon  pajfager. 

Comme  chaque  faifon  ,  ma  flamme  eft  paffagere. 

Vtllcduu.) 

Passant,/.  OT.  [  Prœtericns.  ]  Perfonne  qui 
pafTe  fon  chemin.  (  Ataquer  les  pajfans.) 

Pajfant.   Participe  ,   pour  dire  cjui  pajfe. 

Pajfant.  [  Supcrans.  ]  Participe  ,  qui  fignifîe 
qui  J'urpajje  ,  J'urmonte. 

(Prélat  pajfant  tous  les  Prélats pd/^f^. 

Voilure  ,  po'dj. 

Pajfant,  tu  vois  ici  le  Comte  de  Grammont, 
Ce  Héros  éternel  du  vieux  Saint- Evremont. 
Rec.  de  Bûu/t.  ) 

Paffant ,  adj.  On  dit  un  chemin  pafsant,  une 
rue  paj'sante  ,  c'eft-à-dire  ,  un  chemin  public  où 
tout  le  monde  a  droit  de  paffer  ,  ime  rue  fort 
fréquentée  ,  où  il  paffe  bien  du  monde. 

En  paffant  ,  adv.  [  In  tranfitu.  ]  En  faifant 
chemin  fans  venir  exprès.  (Saluer  qrelqu'nn  en 
paffant.  Je  n'ai  vu  cette  Ville  qu'en  paffant. 
Boire  un  coup  en  paffant  ,  c'efl-à-dire  ,  fans 
s'arrêter.  ) 

En  payant ,  adv.  [  Ohiter.  ]  Incidemment , 
fans  reflexion.  Les  libertins  ne  font  en  repos 
que  qi'and  ils  ne  fongent  qu'en  paffant  à  ce  qu'ils 
font  &  à  ce  qu'ils  peuvent  être.  Mad.  Scud. 

Paffant.  [  Gradiens.  ]  Terme  de  Blajon.  Se 
dit  d'un  animal  pofé  dans  un  écu  fur  fes  pieds, 
&  qui  femble  marcher.  (N.  porte  de  gueules  à 
deux  lions  paffans  l'un  fur  l'autre.  ) 

Passavant,/  m,  [  Syngraphus  viatorius.  ] 
C'eft  une  forte  d'écrit  qui  permet  à  ceux  qui 
voiturent  de  paffer  outre.  (Prendre  unpaffavant. 
Voiez  le  bail  des  cinq  groffes  Fermes  ,  art.  JS.  ) 

Passe,/!/  [In  adverjarium  inj'ultus.  ] 
Terme  de  Maître  d! Armes.  Elle  confiftc  à  paffer 
le  pied  gauche  devant  le  droit  en  portant  le 
coup.  (  Il  y  a  de  diférentes  pafses  ,  de  tierce , 
de  quarte,  &c.  Une />.7/Je  bien  faite  &  dans  fon 
tems ,  eft  un  très-bon  coup.  II  y  a  auffi  des 
pafses  au  colet  ,  qui  confiftent  à  fe  faifir  d'une 
manière  prompte  &  adroite  du  corps  de  fon 
ennemi  ,  pour  en  tirer  avantage.  Liancoun , 
Maître  d^ Armes  ,  ch.  i^.  ) 

Pafse.  [  Effe  in  curfu  ad  ,  &c.  ]  Ce  mot  fe 
dit  des  perfonnes  ,  &  veut  dire  ,  fur  le  point. 
Tome    III. 


PAS.  57 

Etat.  (  Nous  ne  femmes  pas  encore  connues , 
mais  nous  fommes  en  paffe  de    l'être.   Molière, 
précicujes.   Etre  dans  une  belle  p.tfse.  Scaron.  ) 
f  *  Faire  une  pafic   au  colet  à   quelque  jolie 


grifette 


Pafse.  [  Arcul.i  ferrea.  ]  Terme  de  Billard. 
Petit  fer  rond  en  forme  de  porte  au  travers 
duquel  on  fait  paffer  la  bille. 

Pafse.  [  Porta,  ferrea  qud  glohulus  trajicitur.  ] 
Terme  de  Jeu  de  Mail.  Petit  fer  rond  en  forme 
d'arc ,  qui  eft  à  chaque  bout  du  mail.  (  Etre  en 
pafse.  C'eft  être  affez  proche  de  la  paffe  pour 
y  faire  paffer  la  boule  d'un  feul  coup.  ) 

Pafse.  [  Tranfcat.  ]  Terme  de  Jeu  de  Cartes^ 
On  le  dit  pour  témoigner  qu'on  ne  veut  pas 
jouer  ce  coup  là  ,  ou  qu'on  veut  voir  venir 
les  autres.  {Pafse ,  pafse  pour  y  revenir.  Quand 
tous  les  Joiieurs  ont  dit  pafse  ,  il  faut  refaire  J 

On  dit  auffi  ,  il  faut  paffer  la  pafse,  II  n  a 
gagné  que  la  pafse. 

Pafse.  \_  Nummorum  fupplcmentum.^  Terme  de 
Banquier  &  autres  gens  qui  reçoivent.  Surplus 
pour  faire  le  compte  rond.  (  Le  compte  y  eft  , 
il  ne  faut  plus  que  h  pafse.  ) 

Pafse.  Raifin  de  pafse.  C'eft  du  raifm  féché- 
au  foleil  ,  dont  on  fait  du  vin  en  Afrique  &C 
au  Levant. 

Pafse.  Terme  de  Teinturier.  Il  fe  dit  de  la 
dernière  façon  qu'on  donne  à  certaines  couleurs, 
en  les  paffant  légèrement  dans  une  cuve  de 
teinture.  (  On  donne  une  pafse  de  cochenilfe 
aux  gris  tannez.  ) 

Pafse.  [  Cincinnus.  ]  Terme  de  Faifufe  de 
bonnets.  C'eft  un  devant  de  bonnet  de  femme. 

■f  On  dit  encore  pafse ,  pour  dire  ,  cela  peut 
paffer. 

Pafse-bale  ,  ou  pafse-bouht,  [  Modulus  glohula- 
rius.  ]  Plaque  de  fer  ou  de  cuivre  percée  en 
rond  par  le  milieu  pour  y  faire  paffer  des  boulets 
&  les  calibres. 

Pafse- canal.  [jEffuarium.']  Paffage  entre  des 
bancs  de  mer ,  ou  un  endroit  étroit  de  mer  entre 
deux  terres. 

Pafse-caille.  [  Tœnia  manicaria.  ]  Porte  man- 
chon ,  un  ruban  ou  efpéce  de  ceinture  qui 
foutient  le  manchon. 

Pafse  -  debout.  Acquit  que  les  commis  des 
Douanes  &  Bureaux  des  entrées  donnent  aux: 
Marchands  &  Voituriers  pour  les  marchandifes 
qui  doivent  feulement  traverfer  un  pais  ou 
quelques  Villes,  fans  y  être  déchargées. 

Pafse-droit  ,  f.  m.  \_  Indulgentia  ,  relatio.  ] 
Grâce  &  faveur  que  l'on  fait  à  quelcun  en 
relâchant  de  fon  droit  ou  de  la  rigueur  des 
Loix.    (Je  fais  cela  par  un  pafse-droit.) 

Paj'sc-droit.  Se  dit  plus  ordinairement  d'une 
efpéce  de  tort  ou  d'injuftice  qu'on  fait  à  quel- 
cun ,  contre  l'ufage  ordinaire.  (  On  a  fait  un 
pafse-droit  à  cet  Oficier.  ) 

Passe',/;  m.  [Elapfus.]  Tems  écoulé.  Chofe 
qui  s'eft  paffée.  (Le pafsé  n'a  point  vu  d'amours 
éternelles.  Sçavoir  le/'fl/it.'&l'avenir.^oir./.^o.) 

Pafse  ,  pafsée  ,  adj.  [  Tranfmifsus.  ]  Chofe 
au-delà  de  laquelle  on  paffe.  (  Fleuve  pafsé , 
Rivière  pafsée.  ) 

Paj'sé  ,  pafsée  ,  adj.  [  Evanitus  ,  extinclus.  ] 
Qui  n'eft  plus.   (  Cela  eft  pafsé.  Mode  pajsée.  ) 

*  Pafsé  ,  pafsée.  [  Jam  anus  &  floris  extincii.  ] 
Ce  mot  en  parlant  des  perfonnes  ,  veut  dire 
vieux.  Qui  n'eft  plus  confidérable  pour  les 
qualitez  du  corps.  (  Il  eft  bien  pafsé.  Elle  eft 
bien  pafsée.  ) 

H 


58  PAS. 

*  Pafsc  ,  pafsie.  [  Evanitus.  ]  Ce  mot  fe  dit  des 

couleurs  ,  &C  veut  dire  ,  ^iii  a  perJuJon  Ittjlre.  Qui 

n'a  plus  fon  éclat  ordinaire.   {  Couleur  pafiée.  ) 

Pafsè  en  fatttoir.    [  Dcciifsatus.  ]    Terme    de 

Blafon.  C'efl-à-dire  ,  mis  en  fautoir. 

P  A  s  s  ï'e  ,  /  /  [  Fejligiiim.  ]  Quelques-uns  fe 
fervent  de  ce  mot  en  termes  de  CliaJ[e ,  pour 
dire  ,  U  pas  d'une  béce.  (  Voilà  les  pafsces  de  la 
bête.  ) 

Pafsie.  Se  dit  du  tems  où  certains  oifeaux 
pafTent  d'un  pais  en  im  autre.  (  Prendre  des 
becaffes  à  la  paffie.  ) 

Paffk.  [  Tranjitus.  ]  Ce  mot  fe  dit  en  parlant 
de  gens  de  guerre ,  &  veut  dire  pajjage  de  gens 
de  guerre  par  un  lieu.  (  Ils  ont  eu  pluficurs 
pafsées  de  gens  de  guerre  qui  les  ont  fort  incom- 
modez. Les  pafsées  de  gens  de  guerre  enrichiffent 
quelques  perfonnes  ,  &  ruinent  une  infinité 
d'autres.  ) 

Pafsét.  [Pili  conjunctim  contexti.  ]  Terme  de 
Perruquier  &C  de  Trefsenfe.  C'eft  environ  trois 
douzaines  de  cheveux  qu'on  treffe  fur  les  foies 
lorfque  l'on  fait  quelque  perruque.  (  Sçavoir  la 
pafscc.  Aprendre  la  pafsie.  ) 

PaJ'se-feur.  [  Lychnis.  ]  C'eft  ime  anémone. 
Voiez  Anémone. 

Pafse-jleur  ,  ou  pafse-rofe  ,  ou  œillets  de  Dieu. 
Il  y  en  a  de  plufieurs  efpéces ,  qui  contiennent 
toutes  beaucoup  de  fel  effentiel  &  d'huile. 
Leur  fuc  ,  afpiré  par  les  narines ,  excite  l'éter- 
nuement.  Leurs  fémences  font  bonnes  pour  la 
piqueure  de  fcorpion. 

Passeger  ,  V.  a.  Voïez  Pajfager.  Terme 
de  Manège. 

Passement, /ot.  [  Tœnia  textilis.  ]  C'eft 
un  ouvrage  de  Paffementier  qui  eft  fait  de  fil , 
de  laine  ou  de  foie  ,  &  qui  eft  travaillé  en 
manière  de  ruban.  (  Un  beau  ,  un  hon pafsement. 
Faire  du  pafsement. 

■j"  Passementer  ,  V.  (Z.  [  Tœnlis  textilibus  ornare.] 
Mètre  du  paffement  fur  quelque  habit.  Garnir 
le  paffement.  (  Ce  mot  de  pafsementer  en  ce  fens 
ne  fe  dit  prefque  point ,  &  en  fa  place  on  dit, 
mètre  du  pafsement  (ur  un  habit.) 

P  a  s  s  E  M  E  N  T  I  E  R  ,  /.  /72.  [  Ticniarum  textor.  ] 
C'eft  celui  qu'on  apelle  ordinairement  Rubanier, 
&  qui  fait  de  toutes  fortes  de  rubans  &  de 
paffements.  (  Il  eft  maître  Pafsementier.  Les  Pafse- 
mentiers  font  prefque  aujourd'hui  tous  pauvres.  ) 
Passe  MUR.  [  Torwentum  belUcum  longius.  ] 
Nom  qu'on  a  donné  à  une  couleuvrine  extraor- 
dinaire qui  a  quarante  calibres  de  long  ,  &  tire 
fcize  livres  de  balle. 

Passe  -  Parole.  C'eft  un  commandement 
qu'on  fait  à  la  tête  de  l'armée  ,  &  qu'on  fait 
pafl"ant  de  bouche  en  bouche  jufqu'à  la  queue. 
Passe-i'AR-tout  ,  f.  m.  [  Sera  biforis.  ]  Terme 
de  Serrurier.  C'eft  une  ferrure  oii  il  y  a  ordi- 
nairement deux  clefs  &  deux  entrées. 

Pafse-par-tout.  [  Clavis  pervia.  ]  C'eft  une  clef 
qui  fcrt  i\  ouvrir  plufieurs  ferrures.  (Mon pafse- 
par-tout  eft  perdu.  ) 

Pafse-par-tout.  Terme  de  Scieur.  Scie  propre 
à  fcicr  de  gros  arbres. 

Pafse-par-tout.  Terme  de  Graveur.  Planche 
qui  a  une  ouverture  au  milieu  ,  dans  laquelle 
on  enchaffe  une  autre  planche  gravée  exprès , 
où  eft  le  poteau  ,  ou  le  chiffre  ou  les  armes  de 
quelqu'un. 

Un  voyageur  qui  fçait  le  Latin  a  un  pafse- 
par-tout  pour  fe  faire  entendre.  (  Un  dijiinguo 
tft  le  pafse-par-tout  des  mauvais  Logiciens.) 


PAS. 

Passi- Passe.  [Prajligia.'\  Tours  de  pafse- 
pafse.  Ce  font  des  tours  d'adreffe  &  de  fubtilité 
de  main  ,  par  lefquels  les  Charlatans  font 
paroître  &  difparoîtrediverfes  chofes. 

j"  Faire  des  tours  de  pajfe-paff'e.  C'eft  faire  des 
tours  d'adreffe  &  de  fubtilité  de  main.  Au  figuré, 
c'eft  tromper  ,  fourber  adroitement. 

Paffe-perle.  On  donne  ce  nom  à  un  fil  de  fer 
très-fin  qui  fcrt  à  faire  des  cardes. 

P  A  s  s  E  -  r  I E  D  ,  y."  OT.  C'eft  un  air  de  Mufique , 
à  trois  tons  fort  vîtes ,  qui  commence  par  une 
noire  hors  de  mefure.  0\an.  Dicl.  Mat. 

C'eft  aufli  une  danfe  de  Bretagne. 

Passe-i'ierre  ,  ou  Perce-pierre.  Plante  qui 
croît  dans  les  jardins ,  &  qui  eft  bonne  en  falade, 
quand  elle  a  été  confite  dans  le  vinaigre  avec 
des  épices. 

PASSE-poiL,yiTO.  [  Decuffatoria.  ]  Terme 
de  Tailleur.  C'eft  une  petite  bande  de  fatin  ,  ou 
de  tafetas  de  couleur  qu'on  mettoit  dans  les 
coutures  d'un  habit  ,  &  qu'on  faifoit  un  peu 
avancer  pour  le  relever. 

PASSE-P0MME,yi/'  [  Pomum  mufleum.  ] 
Efpéce  de  pomme  précoce ,  &  qui  eft  fans  pépins. 

PASsE-P0RT,y;  m.  [  Commeatus.  ]  Ordre 
par  écrit  d'un  Souverain ,  ou  de  celui  qui  a  le 
pouvoir  d'un  Souverain ,  de  laiffer  entrer ,  paffer 
&  demeurer  un  certain  tems  fur  fes  terres  ,  une 
ou  plufieurs  perfonnes  étrangères.  (  Avoir  un 
bon  paffeport.  Le  paffeport  eft  fini.  Expédier 
un  paffeport. 

Par  tout  d'exçellens  paffepons 
Des  vices  de  l'ame  &  du  corps. 

Des/i.  ) 

Pajfe-port  ,  ftgnifie  auffi  la  permiflîon  d'un 
Souverain  de  faire  entrer  dans  fes  Etats  ou  d'en 
faire  fortir  des  marchandifes ,  fans  en  païer  les 
droits.  Il  fe  dit  aufll  de  la  permifiion  que  les 
Marchands  ou  autres  obtiennent  de  faire  entrer 
ou  fortir  ,  en  païant  les  droits  ,  des  marchandifes 
défendues. 

Paffeport  ,  en  termes  de  Commerce  de  Mer  , 
fignifie  ce  qu'on  nomme  autrement  Congi. 

Passer.  \_Tranfire.^  Ce  verbe  eft  aéîif  & 
quelquefois  neutre  paffif ,  d'autrefois  neutre.  Le 
mot  de  paffer  veut  dire  ,  aller  d'un  lieu  à  un  autre 
fans  s'arrêter  tout  à-fait  qu'on  ne  foit  où  l'on 
veut  aller.  Quand  le  verbe  pajj'er  eft  pris  en  ce 
fens  ou  qu'il  a  un  régime  ,  &  qu'il  a  un  raport 
aux  lieux ,  ou  aux  perfonnes  ,  il  fe  conjugue  à 
fon  prétérit  compofé  avec  le  verbe  avoir.  Et  on 
dit  fai  paffi  :  mais  quand  le  verbe  paffer  n'a  ni 
régime  ni  raport  aux  chofes  ,  il  fe  conjugue 
ordinairement  à  fôn  prétérit  compofé  avec  le 
verbe  auxiliaire.  Exemples  du  verbe  paffer ,  en 
tant  qu'il  a  un  régime.  Il  a  paffi  la  rivière.  Abl, 
Par  tout  où  l'armée  a  paffi  elle  a  fait  un  grand 
dégât.  Nouvelles  remarques  fur  la  langue.  Exemples 
du  werhe  paffer ,  en  tant  qu'il  eft  verbe  paflif ,  & 
qu'il  n'a  point  de  régime.  Le  bagage  eft  paffi. 
L'armée  eft  pafjee.  Abl. 

Par  tout  où  vous  pnjfer^  vous  répandez  des  grâces. 
Les  cœurs  de  tout  le  peuple  acompagnent  vos  traces. 

Bourf.  Efop. 

Passer-debout,  On  le  dit  des  marchandifes 
qui  paffent  dans  une  ville ,  pour  être  voiturées 
ailleurs. 

Paffer  fur  quelqu  un.  C'eft  en  terme  A' Efc rime, 
gagner  le  fort  de  l'épée  de  quelqu'un  ,  pour  le 
faifir  au  corps  ,  pour  le  défarmer. 


PAS. 

Faffer  par  hs  armes.  [Milium  rtum  cdinpiiharns 
'glandibus  trajkere.  ]  Ces  mots  fe  difent  en  parlant 
de  ("oldats  criminels.  C'ell  faire  tuer  à  coups  de 
moulquet  par  trois  ou  quatre  lolJats  à  la  tête 
du  Régiment  qui  eft  en  bataille  ,  un  foldat 
condamné  par  le  confeil  de  guerre.  (  Pafler  un 
foldat  par  les  armes.  ) 

"*  Paffer.  \In partes allcuj us tranflrt ,  transferri.^ 
Etre  tranCpcrté.  Etre  transféré.  (  L'Empire  paffa 
des  Médes  aux  Perfes.  ^/V.  Rct.  l.  J.  c.  J.) 

Pnffer.  [  Âctingcrc ,  a(feaui  ,  exupcrare.  ]  Aller 
au-delà.  (  La  pKipart  des  kliles  de  Thcocrite  ne 
partent  guère  cent  cinquante  vers.  Je  nepujfercii 
pas  cinquante  piflcles.  Elle  a  beaucoup  paJJ'é 
mesefpérances.  Folt.  /.  3.  Quand  celaz-^î^- trois 
mois,  ma  foi ,  je  m'ennuie.    Foie.  ) 

*  Pajjir.  [  Omittere.  ]  Omettre.  (  Vous  paffez 
une  ligne.  Vous  paffez  un  mot.  ) 

■*  Paffér.  [  Superare.  ]  Surpaffer. 

*  Pajfer.  [  Ptrpolin.  ]  Retoucher.  Voir  ,  exa- 
miner. (  Que  pourroit-il  y  avoir  de  manque 
après  tant  d'habiles  gens  qui  y  ont  paffé.) 

*  PaJJer.  [  Breviter  Jlriclimquc  dicere.  ]  Dire 
légèrement.  Parcourir.  Raconter  en  peu  de 
paroles.  (  Ceux  de  Smirne  après  avoir  piijfc 
légèrement  fur  leur  origine  ,  dirent  ,  &c.  Abl. 
Tac.  Arr.  l.  ^.  Dire  une  chofe  en  paffant.  ) 

*  Pajfer.  [  Satisfacere  ,  depelhn.  ]  Satisfaire. 
Diffiper,  Chaffer.  (  Paffer  fon  envie,  Paffer  fon 
chagrin  ,  fa  mélancolie.  Scaron,^ 

*  Paffer.  [  Confnmere.  ]  Ce  mot  fe  dit  fouvent 
du  tems  qui  s'écoule  &  qui  fe  confume  à  être 
en  quelque  lieu  ,  ou  à  faire  quelque  chofe.  Et 
il  fignifie  ,  demeurer  ,  tmploïer  ,  confumer.  (  Paffer 
l'hiver  à  Paris  ,  &  l'été  à  la" campagne.  i'ca/'OTz. 
Paffer  les  nuits  fans  fermer  les  yeux,  Paffer  fes 
jours  autour  de  Rome.  Abl.  Tac.  Arr.  liv.4. 

Oiii,  je  vous  aime  &  je  vous  ai  choifie 

Entre  mille  jeunes  beautez  , 
Pour  pajfer  avec  vous  le  refte  de  ma  vie  , 
Si  toutestois  mes  vœux  ne  font  pas  rejettez. 

Pcrr.  Grifdid.) 

Paffer.  [  Perdurare.  ]  Veut  dire  encore  durer. 
Cet  habit  lui  a  paffé  deux  étez.  Il  faut  que  ces 
provifions  nous /^a^/zf  l'hiver.  ) 

*  Paffer.  [  Tempus  irifumere.]  Ce  mot  joint  à 
celui  de  tems  ,  a  encore  quelques  autres  fens. 
(  Ainfi  on  dit  ,  c'eft  un  homme  qui  ne  fonge 
c\a'k  paffer  fon  tems.  C'eft-à-dire  ,  qu'à  fe  divertir 
&  qu'à  couler  doucement  la  vie.  Ilpaffe  mal  fon 
tems.  C'eft-à-dire,  il  a  de  grands  chagrins  ,  ou 
de  grands  maux.  ) 

*  Paffer.  [  Percolare.  ]  Couler  quelque  liqueur 
au  travers  d'une  chauffe.  (  Paffer  une  liqueur. 
Paffer  un  boiiillon  dans  un  linge.  ) 

On  dit  des  liqueurs  ,  quelles  paffentpar  quelque 
conduit.  Et  des  rivières  ,  qu'elles  paffent  par  un 
tel  lieu. 

*'  Paffer.  [Effluere ,  labi.']  S'écouler,  (Le  jour 
paffe  infenfiblement.  Ablanc.  Voïez  comme  le 
tems  paffe.  ) 

*  Paffer.  [  Cedert  ï  vicd.l  Mourir,  (  Il  eft  paffé, 
il  a  plié  bagage.    Il  va  paffer.  ) 

*  Paffer.  [JEffimari.  J  Ce  mot  fe  dit  des 
diffinclions  particulières  ,  &  veut  dire  être  admis, 
être  reçu.  (Le  mot  a  paffé.  Fau.  Rem.)  On  le 
dit  auffi  des  monnaies.  (  Cette  piftole  eft  bonne, 
elle  paffera.  J'ai  fait  paffer  cet  écu.  J'ai  paffé  une 
piftole  qui  étoit  légère.  ) 

Paffer.  [  Statuere  ,  decernere.  ]    Ce  mot  fe  dit 
des /ttg'ei  lorfqu'ils  opinent,  ou  des  gens  affem- 
blez  pour  réfoudre  quelque  chofe ,  &  fignitîe  , 
Terne  III. 


PAS.  59 

Se  conclure.  S'arrêter.  (  Cela  a  pii(jét.o\.n  d'une 
voix.  Abl.  La  chofe  pafl'a  à  la  pluralité  des  voix. 
Il  leur  promit  de  faire  pafler  la  chofe  en  plein 
confeil.) 

*  Paffer.  [  Obolefcere  ,  in  defiittudinem  autre.  J 
Etre  aboli.  (  Ce  mot  eft  paffé.  La  mode  des 
vertugadins  eft  paffce.  ) 

*  Paffer.  [  Decernere.  ]  Ce  mot  fe  dit  entre 
Notaires  &  autres  gens  de  pratique  ,  &  veut 
dire ,  faire  acorder.  (  Paffer  un  contrat.  Paffer 
un  afte  au  grèfe.   Paffer  condamnation.) 

Paffer  ,  V.  n.  [  Haberi.  ]  Etre  eftimé.  (  Il  paffe 
pour  un  grand  Phîlofophe,  Vous  ne  me  ferez 
pas  paffer  pour  dupe. 

Qui  fouffre  l'afTiduité 
De  l'Amant  qu'a  fait  fa  beauté , 
En  vain  auprès  de  lui  veut  ptijer  pour  cruelle 
Un  homme  qui  fe  voit  d'une  femme  écouté 
A  droit  de  tout  elpérer  d'elle. 

Pavillor..) 

*  Paffer.  [  Deflorefcere.]  Perdre  de  fon  luftic. 
(  La  beauté  paffe ,  ou  fe  paffe.  ) 

.  .  ,  .  Que  vous  donner  ? 

Un  fmiple  bonjour ,  c'eft  trop  peu 
Mon  cœur,  c'eft  un  peu  trop,  quoique  fa  faifon /»ii^ 
Il  ne  faut  même  pas  ,  de  votre  propre  aveu  , 
Que  jamais  de  fon  cœur  mon  fexe  fe  dctade. 

Desh.) 

^^  Ce  terme  paffer  eft  heureufement  emploie 
dans  ce  Madrigal  , 

Vous  avez  beau  charmer  ,  vous  courez  le  deftln 

De  ces  fleurs  fi  fraîches,  fi  belles,  1 

Comme  elles  vous  plaifez ,  \o\is  paffire^  comme  elles. 

*  Paffer.  [  Statuere  ,  acquiefcere.  ]  Ce  mot  fert 
à  marquer  une  forte  de  volonté  ,  ou  de  néceflité 
abfolué.  (  Allons  ,  il  en  faut  paffer  par  là.  Mol. 
Allons,  il  faut  que  cela  paffe.  Mol.  C'eft-à-dire, 
il  faut  que  cela  foit.  ) 

*  Paffer.  [  Annumerare  ,  afcribere.  ]  Ce  mot  fe 
dit  entre  Soldats ,  en  parlant  de  montre.  C'eft 
donner  à  un  Oficier  la  paie  d'un  ou  de  plufieurs 
hommes  comme  s'ils  ètoient  effeftifs.  Paffer  trois 
hommes  à  un  Capitaine,  ) 

Paffer.  Se  dit  des  examens  qu'il  faut  fubir , 
des  chefs-d'œuvres  qu'il  faut  faire  pour  parvenir 
à  quelque  degré.  [Âfcribi  in  album.  ^(^U  falloit 
autrefois  effuïer  un  rude  examen  pour  paffer 
Dofteuf  de  Sorbonne.  Ce  Licentié  a  glorieufe- 
ment  paffé.  ) 

Paffer  la  plume  par  le  bec.  [  Fruflrationem  in 
aliquem  injicere,  ]  Pour  dire  ,  fruftrer  quelqu'un 
d'un  avantage  qu'on  lui  avoit  fait  efperer. 

^l^  Les  Romains ,  pour  exprimer  une  trom- 
perie cachée  fous  de  belles  apparences  d'amitié 
&  de  fervice  ,  difoient  osfublinire  :  c'eft-à-dire, 
félon  Henry  Eftienne  ,  dare  verba ,  &  arte  quadam 
illudere.  C'eft  là  véritablement  ce  que  nous  apel- 
lons  ,  paffer  la  plume  par  le  bec. 

Paffer  de  fil  en  aiguille  ,  pour  dire  ,  paffer  d'un 
difcours  à  un  autre.  Paffer  du  blanc  au  noir  , 
pour  dire  ;  aller  d'une  extrémité  à  l'autre. 
(  U amitié  paffe  legand  ,  lorfqu'on  touche  la  main 
à  quelqu'un  qui  n'a  pas  eu  le  tems  d'ôter  fon 
gand.  Contentement  paffe  richeffts  ,  pour  dire  , 
qu'il  vaut  mieux  être  fatisfait  fans  inquiétude 
que  d'être  riche.) 

•  Paffer.  [  L&\igare.  ]  Ce  mot  fe  dit  entre 
Architecles  &  Maçons  ,  &  fignifie  mettre.  (  On 
paffera  pardeffus  ,  une  compofuion  de  chaux 
pour  remplir  les  joints.  ) 

♦  Paffer.  Ceffer.  (  Laiffer  paffer  la  pluie,.) 

H  ij 


60  PAS. 

*  Pdffir.  Ce  mot  entre  encore  au  figuré  dans 
plufieurs  façons  de  parler.  Exemples.  Le  feu  de 
fon  efprit  ne  pajfc  point  dans  fes  ouvrages.  Jhl. 
Tac.  Ann.  l.  ^.  C'ell-à-dire  ,  ne  fe  communique 
point  à  fes  ouvrages.  Après  avoir  inftruit  fes 
difciples  fur  les  véritez  de  la  foi ,  il  a  paffc  à  la 
reformation  des  mœurs ,  Godcau.  C'eft-à-dire  , 
il  eft  venu  parler  de  ,  &c.  Il  ne  lui  laïffc  rien 
pa£er.  [  Ficia  &  quidcm  Icvia  advenit.  ]  C'eft-à- 
dire  ,  il  le  corrige  de  tout.  //  laiffe.  tout  paffir. 
[  Omnia  culpandu  prœtermittit.  ]  C'eft-à-dire  ,  il 
ne  corrige,  il  ne  reprend  rien.  Pajfcr  par  dejfus 
toutes  fortes  de  confidérations.  Fait.  Ut.  zcf. 
C'eft-à-dire  ,  ne  rien  confidérer.  [Niliil attcnderc.'\ 
Pa(fcr ,  V.  n.  Il  fe  dit  des  pierres  prccieufes  , 
&  c'eft  un  terme  de  Joiiaillicr  ,  &  de  meteur 
en  œuvre.  C'eft  perdre  l'éclat  de  fa  première 
couleur.  (Il  y  a  des  pierres  prccieufes  qui  paffent 
bien  plutôt  les  unes  que  les  autres.  ) 

Pajjir.  S'emploie  dans  les  Arts  mécaniques. 
[Prœparare,  expolire.]  P.iJ/ir  p-dr  la  filière  de  l'or 
ou  de  l'argent.  Pajfer  une  couche  de  verni  fur 
un  tableau.  PaJ/èr  de  la  cafTc  par  le  tamis  pour 
la  monder.  Pajj'er  de  l'hipocras  par  la  chauffe. 
Pajjir.  Ce  mot  eft  fort  en  ufage  dans  plufieurs 
métiers,  exemples.  Piiffcr  en  mégie.  [Pelle  conficere.'\ 
C'eft  acommoder  une  peau  comme  un  Mégiflîer. 
Pajfer  une  peau.  C'eft  lui  donner  les  façons 
néceffaires.  Pajfer  le  carreau  fur  les  rentraitures. 
[  Pannum  ajfutum  comprimere.  ]  Terme  de  Tailleur. 
Paffer  un  livre  en  parchernin.  Terme  de  Relieur. 
C'eft  percer  le  carton  avec  un  poinçon  &  mettre 
les  nerfs  dedans. 

Pajfer.  Terme  de  Teinturier.  C'eft  mettre  les 
laines,  les  foies  ,  ou  les  étoffes  dans  des  chau- 
dières,.ou  cuves  pleines  de  drogues  ou  ingrédiens 
qu'ils  emploient  pour  la  teinture.  (  Pafier  une 
étofe  en  noir  ,  en  bleu  ,  &c.  ) 

Pajfer  en  blanc.  Terme  de  Monoïeur.  C'eft  pafl"er 
les  lames  de  métal  dont  on  doit  fabriquer  les 
efpéces  ,  entre  les  rouleaux  du  laminoir  ,  avant 
de  les  avoir  fait  recuire. 

Pajfer Jon  ordre.  Terme  de  Commerce  de  lettres 
&  de  billets  de  change.  C'eft  mettre  fon  ordre  au 
dos  d'une  lettre  ou  billet  de  change  en  faveur 
de  quelqu'un  ,  ou  déclarer  qu'on  les  lui  tranf- 
porie  ,  pour  lui  être  paie?,. 

Pajfer  des  marckandij'es  en  fraude.  C'eft  les  faire 
entrer  ou  fortir  fans  païer  les  droits.  On  dit  à 
Cadix  ,  pajfer  par  haut. 

PaJJlr  des  rafoirs  &  des  couteaux.  Pour  dire  , 
les  aiguifer  ou  les  afiler  fur  la  meule. 

Pajjer  à  la  claie.  Terme  de  Jardinier.  Voïez 
Claie. 

*  Se  faire  pajfer  maure.  Docteur  ,  &c.  [  Ad 
aliquem  gradum  evehi,  ]  C'eft-à-dire,  fe  faire 
recevoir.  Voïez  maître.  Paft'er  maître. 

Paffer  ,  v.a.  Ce  mot  fignifie  encore  faire  pafftr. 
(Paft'er  un  ruban  dans  un  anneau.  Paflcr  une 
épée  dans  les  pendans  du  baudrier.  Pafler  le 
lacet  dans  les  oeillets.  Paft'er  un  bouton  dans 
«ne  gance.  On  dit  aufll  paft"er  fon  bras  dans  une 
manche.    Paffer  fa  chemife  pardeffus  fa  tête.  ) 

*  Pajfer  par  diverfes  charges  ,  ojices  &  emplois. 
[  Diverja  obire  munia.  ]  C'eft  les  exercer  les  unes 
après  les  autres. 

//  a  bien  paffé  des  afaires  par  fes  mains.  [Multa 
traciavit  négocia.  ]  C'eft-à-dire ,  il  a  fait  plufieurs 
afaires. 

*  Se  pajfer ,  v.  r.  [  Agi.  ]  Se  faire.  (  Tandis 
que  ces  chofes  fe  paffoient ,  ils ,  &c.  Abl.  Arr. 
l.  i.  c.  ^.) 


PAS. 

*  Se  paffer.  [  Marcefcerc  ,f.acceffere.  ]  Perdre  de 
fon  luftre.  (  La  beauté  de  Mademoifelle  une 
telle  fe  paffe  fort.   On  dit  aulU  ,  elle  ejl  bienpajféc.) 

*  Se  paffer  ,  [Jluere.  ]  S'écouler.  (  Une  partie 
de  la  viey^  paj/e  à  défirer  l'avenir.  Morale  du 
Sage.  On  eft  fort  fot  de  bazarder  fon  falut  pour 
un  plaifir  qmjepajfe  en  un  moment.  On  dit  auftî, 
pour  un  plaifir  qmpajfecn  un  moment.  ) 

*  Se  pajfer.  [Floris  ejfe  extincli.]  Vieillir.  Dimi- 
nuer. Ceifer  d'être  fi  frais  &  fi  vigoureux  qu'on 
étoit.  (Il  commence  fort  à  fe  pafler.  La  pauvre 
coquette  fe  paffe  fort.  ) 

Se  paffer.  [  Exolefcere.  ]  Il  fc  dit  du  fruit.  On 
dit  qu'il  fe  pafj'e.  C'eft-à-dire,  que  la  faifon  où 
il  devoit  être  mangé  ,  s'eft  écoulée  ,  qu'il  n'a 
plus  fon  vrai  goût  ,  &  qu'il  eft  devenu  infipide 
&  mou.  (  La  pêche  trop  mûre  eft  paffée.  Il  y  a 
des  pommes  &  des  poires  qui  fe  paffent  bien 
plutôt  les  unes  que  les  autres.  ) 

*  Se  pajfer.  [Sibifatis  eJfe.]  N'avoir  pas  befoin. 
Ne  fe  foncier  pas.  (  Je  me  pafferai  de  tous  les 
autres  biens  tant  que  je  jouirai  de  ceux-là.  Foit. 
l.  2J.  Les  chameaux  d'Afrique  font  meilleurs 
que  les  autres ,  parce  qu'ils  fe  paffent  d'orge 
jufqu'à  quarante  &  cinquante  jours.  Abl.  Mar. 
t.  i.  l.  I.) 

*  Se  pajfer.  {  Abflinerefe.]  S'abftenir.  (Vous 
vous  pourriez  pajfer  de  me  dédier  votre  livre. 
Boileau,  Avis  à  Ménage.  ) 

*  Se  paffer.  [  Re  aliqud  contentum  effe.  ]  Se 
contenter.  (  Je  me  paffe  à  peu.  Il  fe  paffe  de  ce 
qu'on  lui  donne.  ) 

Passerage  ,J'.f.  [Lepidium.]  Plante  médicinale. 
Passereau,/;/  [  Pajfer.  ]  Ce  mot  s'écrit , 
mais  il  ne  fe  dit  guère  en  parlant.  On  fe  fert  en 
fa  place  du  mot  de  moineau  ,  qui  fignifie  la 
même  chofe  que  celui  de  pajjèreau.  (Je  me 
trouve  comme  un  paffereau  qui  eft  tout  feul  fur 
le  toit  d'une  maifon.  Pfeaume  go.  v.  g.  ) 

Sa  femelle  s'apelle  paj'e.  Catulle  a  fait  une 
petite  Elégie  excellente  fur  la  mort  ^u paffereau 
de  Lesbie  fa  maîtreffe. 

P.\ssER03E,y;/  Sorte  de  plante  qui  pouffe 
une  tige  d'une  coudée ,  &  qui  porte  des  fleurs 
de  couleur  de  pourpre  ,  mais  d'une  couleur  vive 
&  éclatante.  (  Il  y  a  des  paffe-rofes  cultivées 
&  des  paffe-rofes  fauvages.  )  Voïez  pajfe-feurs. 
f  Passeroute,  J'.f.  [  Prœfligiœ.  ]  Ce  mot 
fe  dit  des  tours  d'adreffe  &  de  fineffe ,  &c  fignifie 
le  tour  &  la  fineffe  qui  l'emporte  par  deffus  les 
autres  tours  &  les  autres  fineffes.  (  C'eft  des 
plus  merveilleux  tours  de  la  pafferoute  &c  la 
maîtrife.  Sar.  ) 

Passe-tems,  f.  m,  [  Obleclatio  ludicra,  ] 
Plalfirs.  Divertiffement.  (Ce  font  des  paffe-tems 
permis.  Paffe-tems  honnêtes.  Donner  du  paffe- 
tems  à  quelqu'un.  ) 

Aflez  commodément,  de  peur  qu'il  ne  m'ennuie. 
Je  prends  les  pjjfe-temps  les  plus  délicieux. 

Bcnfcrade ,  Bulct  de  la  nuit ,  î.  />.  ) 

P  A  S  S  E  T  s  ,  ou  R  A  Y  o  N  S.  Séparations  qui 
font  dans  les  armoires  des  boutiques  &  magafins 
des  Marchands  ,  où  l'on  place  &  range  les  étofes 
félon  leur  efpéce  &  qualité.  (  Des  armoires  à 
paffets.  ) 

Pa  ?s  E-VELOURS  ,  f.  f.  \_  Amaranthus.']  On 
apelie  aufli  cettejîeur ,  amarante,  ou  fleur  d'amour. 
C'eft  une  fleur  qui  eft  de  velours  cramoifi ,  & 
qui  garde  long-tems  fon  luftre.  (La  paffe-velours 
eft  belle,  agréable.  ) 

Pa^evogue  ,  f.J.\,  Fioleneior  remigatio.  ]  Terme 


PAS. 

de  Mer.  Vogue  de  Galcre  redoublée  avec  grand 
cfort  de  rameurs. 

P  A  s  s  E-V  OLANT,y!/7l.  [  Suppojiiitius  miUs.  ] 
Homme  qui  paffe  en  revûë  &  qui  n'cft  pas 
enrollé.  (Par  l'Ordonnance  de  1668.  Sa  Majcftc 
a  ordonné  que  les  paffe-volans  feroient  marquez 
à  la  joue ,  par  le  bourreau  ,  avec  un  fer  chaud 
ileurdelifé.  ) 

Pajjc-volûnt ,  (e  dit  auffi  de  ceux  qui  entrent 
aux  Ipeclacles  fans  païer  ,  en  fe  mtlant  parmi 
ceux  qui  ont  droit  d'y  entrer.  On  apelle  encore 
pa^e-volans  ceux  qui  ne  font  que  paffer  dans  un 
endroit.  {  Ceux  qui  courent  d'un  lieu  à  un  autre 
fans  prefque  s'arrêter.  ) 

^l^'On  a pelloit  autrefois jP<î^-vo/iî«r une  petite 
pièce  d'Artillerie  ,  dont  Rabelais  a  fait  mention , 
tlv.  i.  ch.  z6. 

Passeur  d'eau,/!  m.  [Porcitor ,  lintrarius.  ] 
Celui  qui  paJJ'e  la  liviére  depuis  le  Soleil  levant 
jufqu'au  couchant  ceux  qui  veulent  paffer.  A 
Lyon  ce  font  des  femmes  qui  paffent  les  gens 
fur  la  rivière  de  Sône  ,  &  on  les  z^cWq  pa£euja 
d'eau. 

Passible,  adj.  [  Pajfihilis  ,  qiiod  patipotcflP\     \ 
(Ce  mot  eft  tiré  du  Latin,  il  fignifie ,  qui  peut 
fouffrir.  Nos  corps  ÇontpaJJibks.  Godcau, 

Pour  les  maux  étrangers  nos  âmes  font  pafflhUs  , 
£t  nos  propres  malheurs  nous  trouvent  infenfibles, 

Hahcn  ,  Temple  de  la  mort,  ) 

Passibilite'.  [  PatlbUis  qiialïtas.  ]  Term^ 
de  Phifiqut.  C'eft  la  qualité  d'un  corps  paiîîble , 
qui  peut  foufFrir  quelque  douleur ,  recevoir ,  &c. 

Passif,  Passive,  adj.  [ Paticns ,paJJivusP[ 
Terme  de  Phifique.  C'eft  celui  qui  eft  opofé  à 
actif.  (  Principe  ac?//!  Principe /j^/^/) 

Pajfif ,  paffive.  [  Pajjivus.  ]  Terme  de  Palais, 
qui  fe  dit  en  parlant  de  dettes.  (  Um  dette  paffive. 
C'eft  une  dette  qu'on  doit.  Dette  active ,  dette 
qui  eft  dùë.  On  dit  aufîi  ,  voix  paffive ,  &  voix 
active.  On  a  voix  aftive  dans  une  affemblée 
quand  on  peut  y  dire  fon  fentiment  ,  donner 
fa  voix  à  quelqu'un  pour  être  élu.  On  a  voix 
aftive  &  paiîîve  quand  on  peut  élire  &  être  élu. 

Paffif ,  paffive.  [  Verbum  patiendi.  ]  Terme  de 
Grammaire.  Il  fe  dit  en  parlant  des  verbes  qui  fe 
conjuguent  en  François  avec  le  verbe  auxiliaire. 
Je  fuis  aimé  ,  je  fuis  battu  ,  font  des  verbes  paffifs 
François  ,  parce  qu'ils  fe  conjuguent  avec  le 
verbe  je  fuis ,  &  qu'ils  fignifient  qu'on  eft  l'objet 
qui  reçoit  quelque  effet  de  l'aftion  ,  ou  de  la 
paffion  d'autrui.  ) 

Paffif,  f.  m.[  Pafffivum  verbum.  ]  Verbe  paflîf. 
(Conjuguer  le  paflîf.  Le  paflif  en  François  n'cft 
pas  difficile  à  conjuguer  quand  on  fçait  les  deux 
verbes  auxiliaires.  ) 

Passivement,  adv.  [  Paffivï.  ]  Terme  de 
Grammaire.  D'une  manière  paflive.  (Ce  mot  fe 
prend  pafllvement.  ) 

Passivete'j/./I  [ Stattis paffflvus contempla- 
tivorum.  ]  Terme  de  Myfiique.  Qui  marque  l'état 
de  Vdtnc  paffive  &  contemplative.  {Lapafflveté 
des  contemplatifs  n'eft  point  un  état  de  foufrance; 
elle  n'eft  opoCée  qu'à  l'aâion  &  à  l'ailivité. 
Bofuet.) 

Passion,//^  [  Animi  motus ,  affectus.  ]  Mot 
général  qui  veut  dire ,  agitation  qui  eft  caufée 
dans  l'ame  par  le  mouvement  du  fang  &  des 
cfprlts ,  à  l'ocafion  de  quelques  raifonnemens. 
D'autres  difcnt  qu'on  apelle  pajjion  tout  ce  qui 
étant  fuivi  de  douleur  &  de  plaifir  ,  aporte  un 
tel  cha.ngement  dans  l'efprit  ,  qu'en  cet  état  il 


PAS.  6  1 

fe  remarque  une  notable  diférencc  dans  les 
jugemens  qu'on  rend.  Rhétorique  d\4rifîote  ,  l.z. 
(  L'Orateur  excite  les  paflions.  Les  paffions 
font  des  mouvemens  de  la  volonté  ,  mais  des 
mouvemens  impétueux  &  turbulcns  ,  qui  tirent 
l'ame  de  fon  affiéte  naturelle  ,  &  qui  l'em- 
pêchent fouvent  de  bien  diriger  fes  opérations. 
(  Les  paflïons  font  dangereufes  ,  lors  même 
qu'elles  paroiffent  les  plus  raifonnables.  Les 
anciens  Poètes  tragiques  ,  tels  que  font  Sophocle 
&C  Euripide  ,  avoient  trouvé  l'art  d'émouvoir 
les  paflions,  &  il  les  faut  lire  fi  on  veut  aprendre 
à  bien  toucher  une  paffion.  Defcartes  a  fait  un 
excellent  traité  àcs pajfions.) 

li^'r  M .  de  Fenelon  veut  que  \z paffion  s'exprime 
même  fur  la  fcéne  fans  art  &  tout  Amplement  ; 
dans  ce  fentiment  il  spelle  pa£ion  fu<;onnée ,  ces 
vers  de  l'Œdipe  de  Corneille. 

Impatiens  defirs  de  gloire ,  • 

Dont  l'aveugle  &  noble  tranfport 

Me  fait  précipiter  ma  mort , 

Pour  faire  vivre  ma  mémoire  ; 

Arrête  pour  quelques  momens 

Les  impétueux  mouvemens 

De  cette  inexorable  envie, 

Et  foufre  qu'en  ce  trifle  jour 

Avant  que  de  donner  ma  vie , 

Je  donne  un  foupir  à  l'amour.         . 

On  n'ofoit  mourir  de  douleur  ,  dit  cet 
illuftre  Prélat ,  fans  faire  des  pointes  &  des  jeux 
d'efprit  en  mourant. 

Paffion,  fe  dit  en  termes  de  Philofophie,  de 
l'impreflion  reçue  dans  un  fujet  ,  il  eft  opofé 
à  Action. 

Paffion ,  fe  prend  auflî  pour  l'expreflîon  8d  la 
reprefentation  vive  des  paflions  que  l'on  traite 
dans  une  tragédie,  ou  autre  pièce  de  Théâtre, 
ou  dans  quelqu'autre  ouvrage  d'efprit.  (  Les 
paflions  font  bien  traitées  dans  cette  pièce.  Ce 
Poëte  touche  bien  les  paflions.  ) 

Paffion  ,  fe  dit  dans  le  même  fens  ,  en  parlant 
de  Mufique  &  de  Peinture.  (  Il  y  a  beaucoup 
de  paflion  dans  cet  air  là.  Les  paflions  font  bien 
touchées  dans  ce  tableau.) 

Paffion.  [  Cupiditas  ,  ardor.  ]  Ce  mot  pris 
généralement  fignifie  penchant  ,  pante  qu'on  a 
pour  une  chofe.  (Les  impies  ontdelapaflîonpour 
les  vices.  Avoir  de  la  paflîon  pour  l'éloquence. 
Abl.  Luc. 

Paffion  ,  ^  Ardor  ,  fludium.  ]  Ce  mot  fe  prend 
pour  amour  ,  ardeur  ,  [éle.  (  Le  Duc  de  la  Roche- 
foucaut  a  dit,  la  paffion  eft  un  Orateur  qui  perfuaàt 
toujours.  Voiture  a  écrit  lettre  J8.  &"  lettre  ^o. 
Rien  ne  peut  éteindre  la  paffion  que  j'ai  à  vous 
honorer.  Par  un  honneur  qu'on  fe  fait  d'être 
coriftant  ^  on  entretient  plufieurs  années  les 
miférables  reftes  d'une  paflion  ufée.  S.  Evrem. 
in-4'^,  p.  Z06.  C'eft  ce  que  j'avois  à  dire  pour 
juftifier  ma  paflîon.  Abl.  Luc.  t.  2.  dance.) 

Notre  fiécle  eft  groflîer  ,  &  l'on  ne  voit  plus 
guère  de  ces  pafflons  défintéreffées  qui  n'en 
veulent  qu'au  cœur.  Danet. 

Paffion.  [Animi  impetus.  ]  Ce  mot  fignifie  auflî 
quelquefois  emportement  brufque  &  caulé  par 
quelque  reffentiment.  Colère.  Haine.  (  C'eft 
un  brutal  qui  agit  avec  paffion.  Quand  on  veut 
parler  contre  quelqu'un  qu'on  n'aime  pas  ,  il 
faut  adroitement  cacher  {2.  paffion ,  car  fouvent 
la  paffion  gâte  tout.  ) 

Paffon.  [  Libido.  ]  Brutalité  qui  porte  aux 
plaifirs  fenfucls  &  défendus.  (  En  ce  fens  on  dit 
maître  ou  efclave  de  fes paffiuns.  S'abandonner  à 
fa  paffion.  ) 


6i,  P   AS. 

PaOwn  ,  fe  dit  particulièrement  de  l'amour. 
(Il  a  déclare  fa  paffion.  Il  fe  dit  aufll  de  l'objet 
delà  paffion.  La  chaffcSi  le  jeufont  fes  paflîons.) 

Paffion  ,  fe  dit  dans  les  villages  d'un  coup  de 
cloche  qui  avertit  que  le  Curé  va  réciter  la 
pajjwn. 

Poffion.  [Chripmors  &■  papo.]  T erme  à' E g/ ife. 
Les  loufrancesde  Jefus-Chrift.  (  Lire  la  paffion 
de  Jefus-Chrilt.  Méditer  fur  la  paffion  de  Jefus- 
Chrift.  Prêcher  la  paffion  de  Jefus-Chrift.  ) 

A  Roiien  on  chante  la  paffion  en  mufique  en 
l'Eglife  de  Saint-Sauveur ,  le  jour  du  Vendredi- 
Saint. 

Papon.  [  Concio  de  Chr'ijîi  cruciatihits.  ]  Sermon 
fur  la  paffion  de  Jefus-Chrift.  (  Aller  à  la  paffion. 
Oiiir  la  paffion.) 

P  A  s  s  I  o  N  N  t' ,  P  A  s  s  1  o  N  N  e'e  ,  adj .  [AUcujus 
rei  cupïdus ,  qui  motus  impotentes  habet.  ]  Touché, 
{)oufl"é  de  quelque  paffion  ;  &  en  ce  fens  le 
mot  de  paftonné  ne  fe  dit  que  des  perfonnes. 
(  Etre  pajjionnc  pour  la  gloire.  Abl.  Quelque 
paponnè  que  vous  foïez  pour  les  richeffes  ,  elles 
vous  quitteront  un  jour  malgré  vous.  C'eft  une 
femme  paffionnée ,  c'eft  tout  dire.  ) 

L'Académie  écrivant  à  M.  de  Bois  -  Robert , 
l'un  de  fes  membres  ,  &  ne  voulant  ni  lui  faire 
une  incivilité,  ni  le  traiter  d'égal  ,  réfolut  de 
foufcrire.  f^os  tris-pa£ionnex  ferviteitrs.  Comme 
un  peu  plus  civil  que  trts-afficiionne^  ,  &  un  peu 
moins  que  trcs-humbUs.  Pdijfon. 

Paponm  ,  paPionnct.  \Amor  inctnfus  ,  amajius, 
tener.  ]  Ce  mot  fe  dit  des  chofes  qui  ont  raport 
aux  perfonnes  ,  &  veut  dire  ,  Touchant.  Tendre. 
Amoureux.  (Airpaffionné.  Expreffion  paffionnée.) 

Ses  petites  colères  ont  quelque  chofe  de 
paPionnl  ,  qui  fait  qu'on  n'eft  point  fâché  de 
l'avoir  irritée.  PrinceJJè  de  Cleves. 

C>  Paponnc ,  fe  dit  des  perfonnes  &  des 
chofes  qui  ont  raport  aux  perfonnes  :  un  homme 
paffionné  ,  des  fentirnens  paPwnnis  ,  des  exprepons 
paponnies  ,  un  air  paPwnné  :  quelquefois  ce  mot 
n'a  point  de  régime  ,  cet  homme  ejl  trls-paPionné  ; 
&  fouvent  il  a  un  régime  ;  cet  homme  ejlpaPionné 
pour  la  gloire  :  ordinairement ,  paponnî  eft  fuivi 
de  pour  :  pour  la  gloire  ,  pour  les  richepes. 

On  ne  dit  point  ,paPionner  quelque  chofe ,  pour 
dire  aimer ,  ni  être  paPionni  de  quelque  chofe  ;  il 
faut  ,  pour  quelque  chofe.  Mais  on  dit  ,  déjirer 
quelque  chofe  avec  paPion  ,  &cfe  paponner. 

Paffionnèment,  adv.  [Ardentifudio,  vehementer.] 
Fort.  Très.  Beaucoup.  D'une  manière  tendre  &c 
amoureufe.   (  Aimer  paiîionnèment.  ) 

Paponner  ,  v.  a.  [  Ardentifudio  velle.  ]  Ce  mot 
pour  dire  ,  déffrer ,  ou  aimer  avec  papon  ,  n'eft 
pas  reçu.  (  Paffionner  une  chofe.  Il  faut  dire  , 
défrer  une   chofe  avec  papon.  Vaug.  Rem.  ) 

PaPionner.  \Exprimere  motus  animi.  ]  Animer 
ce  qu'on  récite  ou  ce  qu'on  chante.  Le  mot  de 
paponner  en  ce  fens  eft  reçu  :  on  dit  :  elle 
paPtonne  Us  airs  qu'elle  chante.  Poifl"on  &  Rofi- 
mond  étoient  de  bons  Comédiens  ,  ils  étoient 
pleins  de  feu  ,  &  pnPionnoient  admirablement 
ce  qu'ils  rècitoient. 

Se  paPionncr ,  v.r.  [  A'/Wo  ardort  affici.]  Se 
laiffer  aller  à  fa  paffion.  S'emporter.  (Il  ne  fçauroit 
parler  fans  fe  paffionner.  Il  fe  paffionne  & 
s'emporte  pour  rien.  ) 

*  Se  paponner  pourfes  amis.  [Excitari  ,  arderc.] 
C'eft  avoir  du  feu  &  de  la  chaleur  pour  fes  amis. 

Passoire,//.  [  Colum.  ]  Sorte  de  vafe 
rond  ,  ou  ovale  ,  qui  eft  de  métal  ou  de  terre, 
qui  eft  iKicé  de  plulieurs  trous ,  &  qui  a  d'ordi- 


P  A  S. 

naire  un  manche  ,  &  dont  on  fe  fe  fert  pour 
pafl'er  des  boiiillons  ,  &c.  (  Une  petite  paffoire. 
Une  grande  paffoire.  ) 

Pasti.   Voicz  pâte. 

^yPdfle.  Terme  depeiniure.Da  Frefnoy  a  dit  : 

Toia  fict  tjbuld  ex  una  depiUa  tabella.  \ 

^^  Ce  qui  a  été  ainfi  traduit  ,  que  votre  tableau 
foit  tout  d'une  pâte ,  c'eft-à-dire ,  le  Tradufteur 
dans  fon  Commentaire  ,  d'une  même  continuité 
de  travail,  &  comme  fi  h  tableau  avoit  été  fait  en 
un  jour;  le  latin  dit ,  tout  d'une  palett. 

P  a  s  T  e'.    Voiez  pâti. 

Pastel, //ra.  [  Diverforum  colorum  maPa.  ] 
Prononcez  la  lettre  S  dans  ce  mot.  Il  vient  de 
l'Italien  pafcllo.  C'eft  une  pâte  compofée  de 
plufieurs  couleurs  broïées  &  gommées  ,  dont 
on  fe  fert  pour  deffiner.  (  Paftel  gris ,  rouge  » 
bleu  ,  verd  ,  jaune.  Faire  des  craions  de  paftel. 
Deffiner  au  paftel.  On  fait  de  beaux  portraits 
au  paftel. 

Le  fa^cl  en  naiflant  m'ofFre  un  tableau  parfait. 

La.  Sorinïcre  ;  fur  le  Frog.  des  Arts  ) 

Paflel.  [  Glaflum  ,  ou  Guafum  ,  ifatis.  ]  Le 
Paftel  ou  la  Guefde  ,  eft  une  forte  de  plante  qui 
vient  d'une  graine  qu'on  féme  tous  les  ans  au 
commencement  de  Mars  ,  qui  a  les  feitilies 
femblables  à  celle  du  plantain  ,  qui  croît  en 
Languedoc  ,  &  furtout  dans  le  Lauraguez , 
d'où  vient  que  du  Bartas  ,  dans  fa  première 
femaine  ,  Jour  iv.  la  nomme  V herbe  Laurageoife. 
Elle  eft  très-propre  pour  les  Teinturiers  lorf- 
qu'elle  eft  bien  aprêtée.  Il  fe  fait  tous  les  ans 
quatre  récoltes  de /^î/s/.  (Bon  paftel.  Paftel  en 
pile.  Paftel  en  cocaigne,  ou  en  cocs.  C'eft-à- 
dire  ,  en  boule.  Paftel  en  poudre.  Aprêter  le  paftel 
pour  l'emploier  dans  la  teinture.  Infruclion pour 
la  Teinture  ,  lï.  partie  ,  article  z6cf.  Mémoires 
fur  le  Languedoc  :  le  chap.  6.  de  la  deuxième 
partie  traite  amplement  de  la  culture  &  de  la 
préparation  du  Pafel  ou  Guefde.  ) 

P  a  s  T  E  N  A  D  E  ,  /.  /I   VoiCz  panais. 

p  a  s  T  E  N  a  Q.U  E  ,  f.  f.  [  Scorpio  marinus.  J 
Poifl"on  de  Mer  qui  a  la  figure  d'une  raie. 

Pasteur,/  TO.  [  Paflor ,  pecoris  cufos.  ] 
Ce  mot  fignifie  Berger ,  mais  il  ne  fe  dit  guère 
au  propre ,  &  quand  il  s'y  dit ,  on  ne  l'emploie 
d'ordinaire  que  dans  des  églogues  ,  dans  de» 
difcours  graves  &  le  plus  fouvent  pieux.  (Les 
Pafteurs  font  venus  adorer  Jefus-Chrift.  Godeau, 
prières ,  oraifon  fur  la  crèche. 

Un  Roi  qui  naît  dans  une  étable. 
Des  pajleurs  compofent  fa  Cour. 

Godeau,  poëf.  i.  partie. 

Pan  a  foin  des  brebis ,  Pan  a  foin  des  pajleurs. 

Segraii ,  Egtogue  i. 

Quelques  imitateurs ,  fot  bétail ,  je  l'avoue  , 
Suivent  en  vrais  moutons  le  pafleur  de  Mantouë. 

La  Font.  ) 

*  Pafleur.  [  Paftor  ,  parochus,  ]  Curé ,  Miniftre 
de  la  parole  de  Dieu.  (  Le  Pafteur  va  prendre 
le  corps  &  lui  donne  la  fépulture,  Patru,  plaid.  8. 
Daillé  &  Claude  étoient  de  fameux  Pafteurs 
parmi  ceux  de  la  Religion  prétendue  réformée. 

J'ai  de  nos  vieux  Pafteurs  confulté  le  pliis  fage  , 
J'ai  mis  tous  fes  confeil»  vainement  en  ulage. 

Pour  moi  je  ne  veux  pas  pénétrer  le  myftere, 
Mon  Pajltur  me  l'a  dit ,  c'eft  i  moi  de  me  taire. 

Poil,  anon,  ) 


PAS. 

Pastiches.  On  appelle  Pajl'ukes  certains 
tableaux  d'imitation  ,  dans  lefquels  l'auteur  a 
contrefait  la  manière  de  quelque  peintre  ,  fes 
touches ,  fon  goût  de  delîln  ,  l'on  coloris.  Les 
Italiens  apellent  ces  ouvrages  jPfl/?/a,  d'où  nous 
avons  fait  pajiiches. 

Pastille,/;/  [Paffillus.]  Sorte  de  compofition 
odoriférante  qu'on  fait  en  manière  de  pâte ,  & 
qu'on  forme  ordinairement  en  petites  pièces 
plates  qu'on  brûle  dans  une  chambre  pour  y 
répandre  quelque  bonne  odeur.  (  Ces  paftilles 
font  excellentes.) 

^3"  Les  Anciens  aimoient  les  paftilles ,  Us 
avoientdesperfonnes  qui  en  faifoient  commerce. 
Martial  //v.  i.  pag.  88.  fait  mention  d'un  Cofmus 
fameux  par  fes  paftilles  : 

Ne  gravis  heflerno  fr agrès ,  Tefcennia  ,  vino  , 
Caflillos  Cofmi  luxuriofa  vuras. 

^3^  Ce  qu'il  ajoute  eu  vrai ,  on  a  beau  avoir 
dans  la  bouche  des  paftilles  pour  corriger  la 
mauvaife  odeur  de  fon  haleine ,  il  fe  fait  un 
mélange  ,  qui  la  rend  encore  plus  infuportable, 

Quid  quod  olct  gravîus  mixtum  dîapafmate  virus  ? 
Atque  duplex  animo  lorigius  cxit  odor.  ) 

Il  y  a  auflî  des  paflilUs  de  bouche  qu'on  mange 
pour  avoir  une  bonne  haleine  ,  &  qui  fervent  à 
la  fantè.  \^PaJIULus  edulis  ad  commendandum  hali- 
tum.  ]  Tels  font  les  mufcadins ,  les  dragées ,  le 
cachou. 

fcC^  Pajlis  ,  vieux  mot,  c'eA  pâturage. 

Pastoral,  Pastorale  ,  a^'.  [Pjfioralis, 
pajloritius.  ]  Ce  mot  au  propre  n'a  pas  un  ufage 
fort  étendu.  Il  fignifie  ,   qui  ejl  de  berger. 

Il  ne  faut  pas  fe  faire  une  idée  de  la  \'ie pajiorale 
auffi  agréable  que  les  Poètes  nous  la  repréfentent. 

Tour  à  tour  ils  plaignoient  leur  amoureux  fouci , 
La  mufe  pajlorale  parle  toujours  ainfi. 

Segrais ,  Eglogue  î.) 

Pajloral ,  paflorale  ,  adj.  [  Pajloralis  dignltas.'] 
Qui  eft  de  Pafteur  d'Eglife.  Qui  regarde  celui 
qui  a  foin  de  la  conduite  des  âmes.  (Vigilance 
paftorale.  Lombart  ,  S.  Cyprien.  Soin  paftoral. 
Bâton  paftoral.  ) 

Pajloral.  Ouvrage  du  Pape  S.  Grégoire  le 
Grand,  qui  traite  des  devoirs  des  Pafteurs ,  c'eft- 
à-dire ,  des  Evêques  &  des  Curez  ,  &  qu'on  a 
traduit  en  François.  [Opus pajlorale.] 

Pajlorale ,  //  [  Carmen  Bucolicum.  ]  Terme  de 
po'ifie.  C'eft  une  forte  de  poëme  qui  nous  vient 
des  Italiens ,  &  qui  a  été  inconnu  aux  Anciens. 
(  La  pajlorale  tire  fon  origine  de  l'églogue  &  de 
la  farire.  C'eft  un  poème  dramatique  qui  repré- 
fente  une  aâion  de  bergères  &  de  bergers 
amoureux ,  &  qui  fe  termine  heureufement.  La 
matière  pajlorale ,  c'eft  l'amour  des  bergers  & 
des  bergères.  Le  Taffe  inventa  en  1573.  la 
padorale.  Voïez  là-deffus  Boccadini,  RaguagUo. 
Faire  une  pajlorale.  On  apelle  quelquefois  la 
pajlorale  ,  bergerie.  On  dit  les  Bergeries  de  Racan. 
Les  pajlorales  de  Monfieur  de  Fontenelle. 

On  apelle  pafiorales  dans  les  Collèges  une 
pièce  dramatique  ,  dont  les  A£lcurs  font  vêtus 
en  bergers ,  &  reprèfcntSnt  les  ocupations  des 
bergers  ;  mais  on  a  tort  de  faire  monter  des 
bergers  fur  le  théâtre. 

Pastoralement,  adv.  \_Paurno  amorc.'\  Avec 

une  bonté  paftorale.  (  Il  l'a  traité  paftoralement.) 

PastoureaUjPastou  Kt.\.Li.,jubjl.  Petit 


PAT.  <?5 

pafteur  ,  petite  bergère.  On  fe  fert  de  ces  mots 
dans  les  chanfons. 

P  a  s  T  R  E.    Voïez  pâtre. 

Pasturagp.  Voiez pan/rage. 

Pasture.   Voîqz  pâture. 

Pas-un.  Voicz  pas. 

PAT. 

P  A  T  ,  f.  m.  Terme  de  Jeu  des  Echets  ,  qui  fe 
dit  lorfque  l'un  des  joueurs  n'étant  pas  en  échec , 
ne  fçauroit  joiier  qu'il  ne  fe  mette  en  échec.  Le 
pat  difère  du  mat.  On  eft  mat ,  &ron  a  perdu 
quand  on  ne  fe  peut  pas  ôter  d'échec  ;  mais  on 
eft/7a/lorfqu'on  ne  peut  pas  joiier  fans  fe  mettre 
en  échec.  Et  qu'alors  la  partie  eft  à  refaire ,  & 
ni  l'un  ni  l'autre  ne  gagne. 

P  a  T  a  c.  Petite  mormoie  qui  vaut  un  double, 
&  qui  eft  commune  dans  la  Provence  &  dans 
le  Dauphinè.  (Je  n'en  donnerois  pas  vr\ paiac') 

^3^  On  difoit  autrefois  patart  qui  étoit  une 
petite  monnoie. 

Villon ,  repues  franches  : 

Qui  n'avoit  vaillant  un  patart.) 

g^  Patar  en  Allemand  fignifie  un  fol  ;  & 
nous  l'avons  introduit  parmi  nous  pour  fign;fier 
un  double  ,  un  patar. 

P  A  T  A  c  H.  Cendres  d'une  herbe ,  qu'on  brûle , 
&  qui  fervent  à  faire  le  favon  &  à  dègraiffer 
les  draps.  Celles  de  Tripoli.  De  Syrie  ,  font  les 
meilleures. 

Patache,/./  \_Aciuarlum  navigium.l  Terme 
de  Mer.  Vaiffeau  pour  le  fervice  des  grands 
navires  ,  pour  faire  découverte  &  ,  harceler 
l'ennemi.  Fourn.  La  patache  moiiille  à  l'entrée 
des  ports  pour  aller  reconnoître  les  vaifl"eaux 
qui  viennent  ranger  les  côtes. 

P  A  T  a  G  o  N,  {Moneta  Batavica.]  Mot  qui  vient 
de  l'Efpagnol  patacon,  c'eft  une  efpéce  d'argent 
qui  fe  fabriquoit  en  Flandre.  Elle  étoit  grande 
comme  un  écu  blanc.  Eile  avoit  pour  légende 
Alberthus  &  Elii_abetha  Del  gratia  ,  avec  une 
manière  de  croix  de  faint  André  ,  au  milieu  de 
laquelle  il  y  avoit  une  couronne ,  &  de  l'autre 
elle  avoit  pour  \é^enà&  j4rchiduces  Aujlriœ.  Ducei 
Burgundiœ  &  Brab.  avec  un  ècuft'on  couronné , 
au  dedans  duquel  étoient  de  petits  lions. 

Patagon  ,  f.  m.  [  Moneta  cornnta.  ]  C'eft  auîîi 
une  efpéce  de  monnoie  d'argent  grande  &épaift"e 
comme  un  loiiis  d'un  écu  ,  mais  qui  n'eft  pas 
ronde  ,  &  que  pour  cela  le  peuple  de  Paris  apelle 
pièce  cornue,  ou  ècu  cornu.  Ce  patagon  a  d'un 
côté  une  grande  croix  ,  &  de  l'autre  des  armes. 
Il  a  eu  cours  en  France  jufqu'au  mois  d'Avril 
de  l'an  1679.  qu'il  fut  décrié  par  une  Déclaration 
du  Roi  donnée  à  S.  Germain  en  Laie  le  28.de 
Mars  1679.  avec  ordre  de  le  porter  à  la  monnoie 
pour  être  changé  &  en  recevoir  la  valeur  en  la 
monnoie  qui  a  cours. 

•J-  Patapatapan.  [Timpani  pulfationes.\ 
Mot  imaginé  pour  reprèfenter  le  fon  du  tambour. 

Pataciue  ,  /.  /  En  Portugais  ,  Pataca. 
Monnoie  d'argent  qui  vaut  environ  un  ècu  de 
France  de  foixante  fous. 

Patarafes,//  Plufieurs  traits  &  parafes 
broiiillez  où  Tonne  connoît  rien.  Cette  écriture 
n'eft  remplies  que  de  patarafes. 

P  A  T  A  R  D  ,  /.  TO.  Efpéce  de  monnoie  qui  vaut 
un  fou. 

P  A  T  A  R  D  ,  eft  auffi  une  monnoie  de  cuivre 


64  -  PAT. 

qui  a  cours  en  Flandres  ,  &  qui  vaut  à  peu  près 

le  liard  de  France. 

+  Patata  patata  [  Equl  curfus.  ]  Mot 
imaginé  pour  repréfenter  le  galop  d'un  cheval. 
(J'ai  vu  un  homme  monte  l'ur  un  cheval  qui 
couroit  patata. 

Patatra.  Exclamation  qu'on  fait  quand 
on  voit  tomber  quelqu'un.  (Il  a  iÀxl. patatra.  ) 

Patatra  ,  Monjieur  de  Nevers.  \_Exclamatio  illu- 
foria  ]  C'cfi  une  exclamation  ironique  qu'on  fait 
quand  on  voit  tomber  quelqu'un.  Ce  proverbe 
vient  de  ce  que  François  de  Gonzague,  Duc  de 
Nevers  ,  courant  la  porte  de  Paris  à  Nevers  , 
s';!batit  dans  la  ville  de  Poiiilly  ,  fur  quoi  une 
vieille  lui  cria  ,  Patatra  Monficur  de  Nevers  :  ce 
qui  le  mit  tellement  en  colère  ,  qu'il  y  envoya 
des  foldats  qui  défolerent  toute  la  ville.  D'où 
vient  qu'encore  à  préfent  un  paflant  n'oferoit 
dire  patatra  dans  la  ville  de  Poiiilly  ,  fans  le 
mettre  en  peine  d'être  fort  maltraité.  (  Il  a  fait 
patatra.  ) 

Pataud,  f.  m.  [  Canis  cullnarius.  ]  Chien  de 
cuifinc.  Ce  mot  fe  dit  figurément  d'un  hoijime 
gras  &  potelé.  ^Obefus.^^  ^^^wn^xo'-, pataud. 

Pâte',  pafli.  f.  m.  [  Artocrtas.'\  L'un  &  l'autre 
s'écrit ,  mais  on  prononce/^aV.  C'ert  une  pièce 
de  patifl'erie  compofé  d'une  abaiffé  &  d'un 
couvercle  qui  renferme  de  la  chair  ,  du  poiffon, 
ou  autre  chofe.  (  Faire  un  pâté.  Ouvrir  un  pâté. 
Entamer  un  pâté  de  requête.  Pâté  de  requête. 
Pâté  à  la  Mazarine. 

Votre  pâtt  dès  qu'il  parut 
Ramena  les  fante?  ,  &  rit  naître  l'envie 
De  boire  à  Cloris ,  à  Sylvie , 
A  ce  qu'on  aime  entin  ,  &c. 

La  Font.  ) 

Pâté  en  pot.  [  Minutai.  ]  C'eft  de  la  viande 
hachée  &  affaifonnée  comme  fi  on  vouloit  la 
mettre  en  pâté  ,  &  qu'on  fait  cuire  dans  un 
pot.  (  Faire  un  pâté  en  pot  bien  garni  de 
marons.    Mol.  Avare  ,   acl.  3.  fc.  i.  ) 

Pâte.  [  Cartarum  mixiio  fraiiduUnta.  ]  Terme 
de  Jeu  de  Cartes.  Filouterie  par  laquelle  on  fait 
femblant  de  mêler  les  cartes ,  afin  de  faire  gagner 
qui  l'on  veut. 

Pdti.  [  Abjunclum  propugnaculum  rotundum.  ] 
Terme  de  Fortification.  Ouvrage  de  fortification 
fait  pour  couvrir  la  porte  de  quelque  Ville  de 
guerre.  (  Attaquer.  Infulter.  Prendre.  Emporter 
im  pâté.  Défendre  un  pâté.  Le  pâté  eft  fort  bien 
paliffadé.  ) 

Pâte  d  Hermite.  C'eft  ainfi  qu'on  apelle  les  noix. 
Parce  que  les  Hermites  foupent  avec  des  noix. 

Pâte. {Crines cruJJâ ineluJi.^Te.rmQ de  Perruquier. 
Ce  font  des  cheveux  mis  dans  un  pâté  de  gruau, 
qu'on  fait  cuire  au  four  pour  faire  prendre  aux 
cheveux  une  bonne  frifure. 

*  Pâté.  \_Labeculœ  ex  atramento  effufo.'\  Encre 
tombée  de  la  plume  fur  le  papier.  (  Livre  plein 
de  pâtez.  ) 

Les  Imprimeurs  apellcnt  pâté  une  forme  qui 
eft  rompue  ou  dérangée.  [  Typus  confraclus.  ] 

Pâté ,  fe  met  en  plufieurs  proverbes.  On  dit 
d'une  femme  en  travail  d'enfant ,  quelle  crie  des 
petits  pâie\.  [  Dolores  iiabet parturientis.  ]  On  dit 
encore.  Croûte  de  pâté  vaut  bienpuin.  Un  bourgeois 
qui  a  un  enfant  bien  gras  l'apelle  pâté.  Hacher 
menu  comme  chair  à  pâté. 

Pâté ,  fe  dit   en    termes    de  Brocanteur ,   de 

plufieurs  petites  chofes  qu'on  met  enfemble  pour 

.les  vendre  ou  acheter  en  bloc  y  n'étant  pas  affez 


PAT. 

confidérables  pour  les  ertimer  &  évaluer  en 
particulier. 

Pâte,  (P  a  s  t  i.,)f.f.  {^Farina  ex  aquâfubacla.'] 
L'un  &c  l'autre  s'écrit,  mais  on  prononce /JaVt. 
C'eft  de  la  farine  détrempée  avec  un  peu  de 
levain  ,  ou  de  leveurc  ,  &  avec  de  l'eau  ,  & 
quelquefois  avec  du  lait  &  autres  chofes  qu'on 
pétrit  enfemble  pour  en  faire  ,  ou  du  pain ,  ou  de 
la  patifferie.  (  Pâte  bife.  Pâte  fine.  Pâte  feiiil- 
letée.  Faire  de  la  pâte.  ) 

Pâte  à  laver  les  mains  qui  eft  faite  d'amandes 
pilées.  [Maffa  amygdalina  lotaria.] 

•j-  *  Etre  de  bonne  pâte.  [  Bene  conjlitiitum  corpus 
kabere-l  C'eft-à-dire  ,  être  de  bon  tempérament. 
Etre  d'une  conrtitution  forte  &  robufte.  (C'eft 
un  homme  de  bonne  pâte.  AIol.  Une  femme  de 
bonne  pâte.  ) 

^^'Èt  dans  fon  Avare ,  aél.  z.fc.  3.  rous  êtes 
d'une  pâte  à  vivre  plus  de  cent  ans.  Le  ftile  féricu.x 
ne  foufre  ce  terme  que  dans  fa  fignification 
naturelle. 

■j"  *  Mettre  la  main  à  la. pâte.  [Opera/n  conferre.] 
C'eft-à-dire,  aider  les  autres  à  travailler; 
contribuer  de  fes  forces  à  faire  quelque  chofe. 

Pâte  de  fourneaux,  C'eft  le  lut  des  fourneaux. 
C'eft  la  terre  dont  font  faits  les  fourneaux 
chimiques. 

Pâte  d'amandes.  [  Mafia  amygdalina.  ]  Pâte 
d'abricots.  Ce  font  des  amandes  ou  des  abricots 
formez  en  manière  de  pâte. 

Pâte.  [  Glutinum.  ]  Terme  de  Cordonnier.  Eau 
&  farine  mêlée  enfemble  dont  on  fe  fert  pour 
faire  tenir  les  morceaux  de  cuir  des  talons  des 
fouliers. 

Pâte.  [  Majfia.  ]  Il  fe  dit  de  plufieurs  chofes 
broièes  ,  ou  pulvérifées  ,  qu'on  a  mifes  en  mafle 
en  les  humeftant.  (Pâte  de  couleurs.  Pâte  de 
ftuc.  Il  y  en  a  qu'on  fait  avec  des  émaux  dont 
on  fait  du  criftal  qui  refl^emble  à  des  perles 
précieufes.  Pâte  d'émeraude.Pâte  d'amétifte,6ic.) 

Pâte.  Efpéce  de  boiiillie  dont  fe  fabrique  le 
papier.Elle  eft  faite  de  vieux  chifons  ou  morceaux 
de  toile  de  chanvre  &  de  lin  ,  que  l'on  apelle 
drapeaux  ,  peilles ,  chiffes  ,  drilles  &  pattes. 

Pâte  mole.  Efpéce  de  fromage  de  Hollande , 
gras  &  mollet ,  qui  s'apelle  aulfi  côte  blanche. 

On  dit  proverbialement  ,  /■;  n'ai  ni  pain  ni 
pâte  au  logis.  [  Niliil  efi  domi  qitod  edam.  ]  Je  n'ai 
rien  à  manger. 

On  dit  encore.  C'efi  la  meilleure  pâte  d'homme 
qui  fiut  jamais.  \^Nemo  illo  meUor.'\  C'eft-à-dire, 
le  meilleur  homme  du  monde. 

On  dit  d'un  homme  à  fon  alfe  &  qui  ne 
manque  de  rien  ,  qu'il  ejl  comme  un  coq  en  pâte. 

P  â  T  e'f  ,  y;  m.  [  Mafia  furfurea  âellbiita.  ]  Les 
Poulaillers  &  les  Rotilfeurs  apellent/?a7cfe,  une. 
pâte  qu'ils  font  avec  des  recoupes  de  fon  ,  dont 
ils  donnent  à  manger  à  la  volaille  pour  l'engraifTer. 
(  Donner  de  la />«/«  à  des  chapons.  Engraifl"er 
des  poulets  avec  de  la  pâtée.  ) 

Pâte,  ou  Patte,  f.f.  [  Pes ,  palma  pedis.'\ 
La  première  fylabe  de  ce  nom  fe  prononce  brève. 
Le  mot  de  pâte  fe  dit  proprement  des  animaux, 
&  c'eft  le  pied  de  certains  animaux.  (  On  dit 
la  pâte  d'un  loup.  La  pâte  du  chat.  Le  chat 
fait  la  pâte  de  velours  de  peur  de  blefTcr.  Abu. 
Luc.  L'Académie  éc»t  patte.  ) 

Deux  chèvres  donc  s'émancipant 
Toutes  deux  ayant  piite  blanche 
Quittèrent  les  ba»  prcz,  &c. 

La  Font.) 

t  •  Pâte 


V 


PAT. 

f  *  Pate.  [  Maniis.  ]  Mot  burlesque  pour  dire 
main.  (  Grailler  la  pate  au  clerc  d'un  Raporteiir. 
Scaron.  Je  demeurai  lept  heures  de  cette  forte 
fans  remuer  ni  pied  ni  pate.  f^oir.  Uv.  izg.^ 

Pate.  [  Norma  multiplex.  ]  Petit  inftrumcnt  n 
pUifieurs  pointes ,  oui  fcrt  à  régler  les  papiers 
de  mulique  ,  &  à  faire  plufieurs  raïcs  tout  d'un 
coup. 

Pate.  [  Filula  lignea.  ]  Terme  de  Charon.  Bout 
de  rais  de  roue ,  qui  entre  dans  le  moïeu. 

Pate.  [  Fibula  ferrea.  ]  Terme  de  Marchand 
Chaudronnier.  C'eft  un  morceau  de  fer  qu'on 
fcelle  pour  faire  tenir  la  plaque  du  feu  au  contre- 
cœur de  la  cheminée. 

Pate.  \  Bijii.'\  Ce  mot  fe  dit  en  parlant  de 
verre.  C'eft  la  partie  fur  laquelle  fe  foulient  le 
verre.  (Verre  qui  a  la  pate  caffée.  ) 

Pate  de  haut-bois  ,  pate  de  Jlute.  [  Extremitas 
fiftulœ.  ]  C'eft  le  bas  bout  du  haut-bois  &  de  la 
flûte.  (  Plus  la  pate  des  inftruments  eft  ouverte , 
&  plus  ils  réfonnent.  Merf.) 

Pate  de  flambeau.  [  Bafis.  ]  C'eft  la  partie  la 
plus  baffe  du  flambeau. 

Pate  du  guéridon.  C'eft  le  bas  du  guéridon. 
(Pate  du  guéridon  rompue.  ) 

Pate  de  fente  de  haut  de  chauffe.  [  Limbiis 
oriculatus.]  Terme  de  Tailleur.  C'eft  une  petite 
bande  d'étofe  où  il  y  a  quatre  ou  cinq  bouton- 
nières, &  qu'on  amené  par  dedans  le  long  du 
côté  de  la  fente  des  hauts  de  chauffes. 

Pate  d'oie.  [Pcs  anfcrinui.']  Voïcz  Oie  &  mouiller. 

Pate  ,f.f.  [  Bulbus.  ]  Terme  de  Fkurifte.  Il  fe 
dit  des  anémones  &  des  renoncules.  L'oignon  ou 
la  racine  des  anémones  &  des  renoncules 
reffemble  en  quelque  façon  à  la  pate  d'un  petit 
animal  ;  &  pour  cela  on  apelle  leurs  racines  des 
pâtes  ,  &  elles  fe  multiplient  comme  les  caïeux 
des  autres  fleurs.  Les  graines  d'anémones  fimples 
étant  femées  font  de  petites  pâtes,  qui  au  bout 
d'un  an ,  ou  de  deux  ou  de  trois  deviennent  affez 
fortes  pour  fleurir. 

Pate  d'ours,  [^canthus.]  Terme  de  Botanique. 
C'eft  l'acanthe  ou  branche  urfine. 

Pate.  Eft  un  jeu  d'écoliers  ,  où  on  jette  quelque 
menue  monoie  contre  une  muraille,  &  où  l'on 
gagne  quand  il  n'y  a  que  la  longueur  de  fa  pate 
entre  les  pièces  des  joueurs.  [Ludus  palmarius.] 

Pate ,  ftgnifie ,  figurément ,  pouvoir  qu'on  a 
fur  quelqu'un.  Ce  filou  a  paffé  plufieurs  fois 
par  \z  pate  du  Lieutenant  Criminel.  Je  me  fuis 
tiré  des  pâtes  d'un  fripon  de  Procureur. 

Pate  de  bouline.  Terme  de  Marine.  Cordages 
qui  fe  divifent  en  plufieurs  branches  au  bout 
de  la  bouline  pour  faifir  la  voile  en  plufieurs 
endroits. 

^j"  Pate  de  bouline.  Ces  boulines  qui  font  des 
cordes  longues  &  fimples  ,  tiennent  chacune  à 
deux  autres  plus  courtes  que  l'on  apelle  pâtes  de 
bouline.  O^an.  ou  félon  Aubin  ce  font  des  cor- 
dages qui  fe  divifent  en  plufieurs  branches  ,  au 
bout  de  la  bouline ,  pour  faifir  la  ralingue  de 
la  voile  par  plufieurs  endroits  en  façon  de  mar- 
gles.  Ces  pâtes  répondent  l'une  à  l'autre  par 
des  poulies. 

Pâtes  d'ancre.  Terme  de  Mer.  Ce  font  deux 
branches  de  fer  foudées  fur  la  croiféede  l'ancre, 
courbées ,  aiguës  &  propres  à  mordre  le  terrein, 
au  deffous  de  l'eau  pour  arrêter  le  vaiffeau.  Les 
deux  coins  de  la  pate  d'une  ancre  s'apellent 
Oreilles.  Oxan.   Dicl.  Math. 

On  dit  proverbialement  que  le  fingefe  fert  de 
la  pate  du  chat  pour  tirer  les  marons  du  feu  ,  quand 
Towe  III. 


PAT.  6$ 

quelcun  fait  fes  afaires  aux  dépens  des  autres. 
[  Alieno  periculo  facerc.  ] 

%^  Putes- pelues.  Rabelais  ^l'^zWq  pates-pebies , 
les  hypocrites  par  raport  à  ce  qu'on  dit  de  Jacob 
&  d'Efau  ,  ch.  27.  de  la  Genefe ,  comme  fi  on 
vouloit  dire  que  les  hypocrites  ont  la  voix  de 
Jacob  &  les  mains  d'Éfau.  Furetiére  croit  que 
c'eft  allufion  à  la  Fable  du  loup  qui  montroit 
une  pate  de  brebis  à  l'agneau  pour  le  tromper. 

On  dit  aufli  que  le  chat  fait  la  pate  de  velours 
qu;ind  il  retire  fcs  grifcs  en  dedans. 

En  terme  de  Blafon  ,  on  repréfente  les  pâtes 
ordinairement  en  barre.  [  Pertranfvtrfalis.  ] 

f  Patl'f  ,  ou  Patté'e  ,  //  [  Palrna perçu ffîo.'l 
Terme  de  Collège.  Coup  de  fouet  ,  ou  de  ft-rule 
que  le  Régent  donne  fur  la  main.  (  Il  a  eu  deux 
bonnes  pâtées.  ) 

On  dit  en  Blafon  croix-patée,  [  Crux  pedata.  ] 
(Celle  qui  a  les  extrémitcz  plus  larges  &  en  forme 
de  pâtes  étendues.  ) 

Patilzt,  ou  Valide.  Efpéce  de  morue 
verte. 

f  P  A  TE  LIN  ,f.m.  [Adulator, palpator."]  Trom- 
peur.  Fin  &  adroit.  (C'eft  un  patelin.  ) 

Patelinag B,f.m.  [^Ars veteratoria.']  Artifice, 
tromperie  d'un  patelin  qui  flate  quelcun  ,  &C 
qui  le  tourmente  en  tant  de  manières  ,  qu'il 
vient  à  bout  d'en  tirer  quelque  profit.  (  Le 
patelinage,  eft  la  marque  d'une  ame  foible.  Belleg.') 

Pateliner,v.  <2.  &/Z.  [  Veteratorie  alicui 
palpari.  ]  Tromper  doucement  &  avec  efprit. 
Tromper  en  flatant.  (  Les  Gafcons  &  les  Nor- 
mands font  maîtres  en  l'art  de  pateliner.  Voiez 
ce  fourbe  comme  il  pateline  ce  pauvre  bon- 
homme. 

Pateliner ,  eh  parlant  d'affaires ,  fignifie  manier 
une  affaire  avec  adreffe  ,  pour  la  faire  réiiffir 
comme  on  fouhaite.  On  ne  le  dit  qu'en  mauvaife 
part. 

Patelineur,  Patelineuse,  adj.  Qui 
fait  venir  les  autres  à  fes  fins  par  des  manières 
foiiples  &  artificieufes. 

Pate  notre,/!/!  [OratioDomlnicalis.^Grain 
de  chapelet.  Un  pater.-  Ce  mot  de  patenôtre  (e 
prend  auffi  pour  les  ave  &  les  pater  <^u'on  dit  fur 
les  grains  de  chapelet.  (  Comment  apelle-t-on 
ce  ^ros  grain  de  chapelet  ,  ime  patenôtre,  II 
marmote  cem'mcs patenôtres ,  011  je  ne  comprens 
rien.  Racine  ,  plaid.    Dire  (es  patenôtres.  Téoph.  ) 

Patenôtres.  Terme  à'Architeclure.  Ornemens 
qui  fe  mettent  au  deffus  des  oves ,  qui  font  des 
grains  ronds  ou  ovales  qu'on  apelle  autrement 
colliers  de  perles  ou  d'olives.  [  Figur.e  femiglobuli."] 

On  apelle  patenôtres  de finges.  [S'imics  mutatio.] 
Le  bruit  que  font  les  finges  en  grondant.  On  dit 
aufli  des  chats,  qu'ils  difent  leurs  patenôtres ,  quand 
étant  en  repos ,  ils  forment  un  certain  bruit  dans 
le  gofier. 

Patenôtre',  PatenÔtre'e,  adJ.  Terme 
de  Blafon.  Fait  en  forme  de  grain  de  chapelet. 
(  Il  porte  d'azur  à  la  croix  patenôtrèe.  Col.  ) 

PatenÔtrerie.//  Marchandifede  chapelets. 
(  Le  négoce  de  la  Patenôtrerie  fait  partie  de  celui 
de  la  Mercerie.  ) 

PatenÔtrie  K,f.m.  \Tefferarumprecariarum 
opifix.  ]  Ouvrier  qui  fait  &  qui  enjolive  &  vend 
de  toutes  fortes  de  chapelets.  (  Il  y  a  àespate- 
notriers  affez  accommodez. 

Patentes,  ou  Lettres  Patentes,// 
[  Régis  jolemne  diploma.  ]  Ce  font  des  lettres  en 
forme  &  fellées  du  grand  feau.  (  Obtenir  des 
lettres  patentes.) 

I 


C(y  PAT. 

Patente ,  fe  dit  auflî  abl'olument.  (  Il  a  obtenu 
une  patente.  Il  a  produit  fa  patente.  ) 

Patente  de  Languedoc  ,  f-f-  Sorte  de  droit  que 
le  Fermier  des  cinq  groffes  fermes  exige  en 
Languedoc  des  marchandifcs  &c  denrées  qui 
fortent  par  eau  &  par  terre  du  Languedoc. 
(  Joiiir  de  la  ferme  de  la  patente.  Voïez  le  bail 
des  Gabelles.  ) 

Patent,  Patent  e.  Terme  de  Chancellerie. 
(Acquit  patent.  Lettres  patentes.  Acquit  patent, 
fignifie  un  brevet  du  Roi  fcellé  du  grand  fceau , 
portant  gratification  d'une  fomme  d'argent ,  & 
fcrvant  d'acquit  &  de  décharge  à  celui  à  qui 
il  s'adreffe. 

Pâte  k,/.  m.  Terme  de  Patenvtricr.  Gros  grain 
de  chapelet  qui  eft  au  bout  de  chaque  dizaine. 

P  aternofler ,  f.  m.  Ce  mot  n'a  point  ^Q  pluriel 
en  François.   (Dire  cinq pater  no/ler.  ) 

Pater ,  v.  a.  [Glutinare.  ]  Terme  de  Cordonnier. 
Etendre  de  la  pâte  fur  les  morceaux  de  cuir  des 
talons  des  fouliers  afin  de  les  faire  tenir.  (  Pâter 
un  talon.  ) 

Pater  E,y^y^  [Patera.  ]  Ce  mot  eft  écorché 
du  Latin  ,  &  fe  dit  en  parlant  àts  funérailles  des 
anciens.  C'étoit  un  vaj'e  d'or  ou  d'argent  ,  de 
marbre  ,  de  bronze  ,  de  verre ,  ou  de  terre  qu'on 
enfermoit  dans  les  urnes  avec  les  cendres  du 
mort ,  après  avoir  fervi  aux  libations  du  vin  ,  ou 
des  autres  liqueurs  qu'on  faifoit  aux  funérailles. 

Paternel  ,  Paternelle  ,  adj.  [  Paternus  ,  ] 
Patruus.  ]  Qui  eft  de  père.  Qui  regarde  le  père. 
(Soin  paternel.  L'amour  paternel  eft  plus  fage 
que  l'amour  maternel.  Charité  paternelle. 

Et  d'un  ton  paternel  réprimant  Tes  douleurs  ; 
Laifle  au  chantre ,  dit-il ,  la  triftefle  &  les  pleurs. 

Defp.  ) 

Paternellement,  adv.  [Paterno animo, patrii-.'] 
D'une  manière  paternelle.  Avec  une  atfeftion 
paternelle.  (  Il  reçut  fon  fils  paternellement  & 
lui  pardonna.  ) 

Paternité',  f.f.  [  Paiernitas.  ]  Ce  mot  fe 
dit  en  des  matières  de  Théologie  &  en  des 
difcours  comiques.  C'eft-à-dire  ,  titre  de  pJrc. 
Père.  (  On  demande  û  la  paternité  en  Dieu  eft 
diftinguée  réellement ,  ou  formellement  de  fes 
autres  attributs.  Tant  &  tant  fut  par  la /'arer/z/fi/ 
dit  d'oraifons.  La  Font.) 

Paternité  eft  aufli  un  titre  d'honneur  qu'on 
veut  aux  Religieux  vénérables.  (  Votre  paternité 
veut-elle  nous  prêcher.  ) 

Patetique,  adj.  [Commovendis  animis  aptus.] 
Qui  remue.  Qui  excite  les  paflions.  (  Difcours 
patetique.  (  Cet  endroit  de  la  pièce  eft  beau  & 
patetique.  ) 

Patetique,  f.  m.  [Patheticus.]  Tout  ce  qui  excite 
&  remue  les  paflions.  (En  racontant  il  eft  bon 
de  s'atacher  au  patetique.) 

^^  Patetique,  eft  felon  Longiri  ,  ch.  6.  cet 
entoufiafme  ,  cette  véhémence  naturelle  ,  qui 
touche  ,  qui  émeut ,  &  il  ajoute  que  l'élévation 
d'efpritqui  fait  penfcr  heureufement  les  chofes , 
&  le  patetique  dépendent  de  la  nature  ;  il  faut 
qu'elles  naifljent  en  nous  ;  il  ajoute  que  Cécilius 
n'a  point  fait  mention  du  patetique  ,  parce  qu'il 
a  cru  que  le  fublime  &  le  patetique  naturel- 
lement n'alloient  jamais  l'un  fans  l'autre  ;  mais 
il  fe  trompe  ,  puifqu'il  y  a  des  paffions  qui  n'ont 
rien  de  grand  ,  comme  l'aflidion ,  la  peur ,  la 
triftcfl"e  ;  qu'au  contraire  il  fe  trouve  quantité 
de  chofes  grandes  &  fublimes  ,  où  il  n'entre 
point  de  pafFion  ;  dans  la  profe,  les  Panégyriques, 


PAT. 

&  tous  les  difcours  qui  ne  fe  font  que  pour 
l'oftentation,  ont  par  tout  du  grand  &  du  fublime  : 
de  forte  que  même  entre  les  Orateurs  ,  ceux-là 
communément  font  les  moins  propres  pour  le 
Panégyrique  ,  qui  font  les  plus  patétiques  ;  au 
contraire  ceux  qui  réiiHîfl"ent  le  mieux  dans  le 
Panégyrique ,  s'entendent  afl"ez  mal  à  toucher 
les  paffions.  Cet  Auteur  ajoute  ,  du  moins  felon 
la  Traduûion  de  M.  Boileau  :  j'ofe  dire  qu'il 
n'y  a  peut-être  rien  qui  relevé  davantage  un 
difcours ,  qu'un  beau  mouvement  &  une  paffion 
pouflée  à  propos  ;  en  effet  ,  c'eft  comme  une 
efpéce  d'enthoufiafme  &  de  fureur  noble  ,  qui 
anime  l'oraifon,  &  qui  lui  donne  un  feu  &  une 
vigueur  toute  divine.  Et  dans  un  autre  endroit: 
le  Patetique  participe  du  fublime  autant  que  le 
fublime  participe  du  beau  &  de  l'agréable. 

Pat£'tiq_u  ement  ,  adv.  [Patheticè.]  D'une 
manière  touchante.   (Prêcher  patètiqucment.  ) 

Pâteux  ,  Pâteuse  ,  ad/.  Il  fignifie  plein  de 
pâte.  (  Il  a  encore  les  mains  pâteufes.  Ce  pain 
eft  pâteux.  ) 

*  Pâteux  ,pâteufe ,  adj.  [NimLsfpi(fus.'\  Ce  mot 
fe  dit  en  parlant  de  bouche  de  malade  ,  &  fignifie 
plein  d'humeurs  gluantes.  (  Bouche  pâteufe.  ) 

Pâteux, pâteufe.  [Quibus  ine/l  glutinofus  humor.'\ 
Terme  de  Jardinier.  Il  fe  dit  de  certains  fruits  , 
qui  étant  trop  murs ,  ont  ,  pour  ainfi  dire ,  une 
chair  de  pain  à  demi  cuit.  Ainfi  l'on  dit  de  quel- 
ques pêches ,  ou  de  quelques  poires  ,  qu'elles 
ont  la  chair  pâteufe.  Qitin.jard.  fruit,  t.i.) 

Pathognomoni  Q.U  E,  adj.  Epithete  qu'on 
donne  aux  fignes  qui  font  propres  &  particuliers 
à  la  fanté  ou  à  chaque  maladie ,  &  qui  en  font 
inféparables  :  c'eft  pourquoi  on  les  apelle  aufli 
univoques  S^  effentiels. 

Pathos.  Ce  mot ,  qui  eft  Grec ,  fignifie  pafiîon," 
&  ne  s'emploie  que  pour  marquer  les  mouvemens 
que  l'orateur  excite.  (  H  y  a  bien  àw pathos  dans 
fes  difcours.  Acad.  Fr.  ) 

On  voit  par  tout  chez  vous  Yèthos  &  le  pathos. 

Molière  ,  Femmes  fçav.  ) 

■f"  Patibulaire  ,  adj.  [  Cruciarius.)  Qui  fent  ; 
qui  regarde  la  potence.  (  Avoir  les  inclinations 
patibulaires  ,  mine  patibulaire.  Scar.  Air  pati- 
bulaire.) 

La  Fontaine  a  pris  ce  mot  pour  le  gibet  même. 
(Le  fcèlèrat  paflTa  près  d\m patibulaire.  On  apelle 
aufli  fourches  patibulaires  les  piliers  oii  l'on  attache 
les  corps  de  ceux  qu'on  a  exécutez.) 

Paticer,  V.  a.  [  Opus  pijlorium  conficere.  ] 
C'eft  faire  deMa  pâticerie.  {  Cette  cuifiniere  eft 
excellente  ,  elle  fçait  fort  bien  pâticer.  ) 

Pâticerie, y;/]  [Dulciarius panis.)  Pièces 
de  four ,  comme  font  pâtez ,  flans  ,  darioles , 
tartes,  tourtes  ,  &  autres  friandifes,  (La  pirticerie 
n'eft  pas  bonne  pour  la  fanté.  ) 

P  A  t  I  CI  E  R  ,y;  OT.  [Pijlor  dulciarius.]  Artifan 
qui  fait  &  vend  de  toutes  fortes  de  pâtîceries, 
pâtez ,  tartes ,  tourtes  ,  gâteaux  ,  bifcuits  ,  maca- 
rons.   (  Un  pâticier.  ) 

j"  Paticiere  ,  f.f.  Femme  de  Pâticier. 

Patience,  //  [  Patientia  ,  conflantid.  ] 
Prononcez  patiance.  C'eft  une  vertu  qui  nous 
fait  foufrir  conftamment.  (  Patience  grande  , 
particulière  ,  extrême  ,  chrétienne.  La  patience 
de  Job  eft  illuftre.  Avoir  patience.  Le  mot  de 
patience  dans  ce  fens  n'a  d'ordinaire  point  de 
pluriel.  C'eft  pourquoi  Balzac  a  repris  Benferadc 
d'avoir  écrit  dans  un  Sonnet  : 

On  voit  aller  des  piiticnces 
Plus  loin  que  la  Tienne  n'alla,  ) 


PAT. 

L'on  croit  pourtant  qu'il  y  a  des  endroits  où 
les  Prédicateurs  fc  peuvent  lervir  AQpacUncc  au 
pluriel. 

Ce  n'eft  pas  que  la  paùence 
Ne  foit  pas  une  vertu  des  Dames  de  Paris  , 
Mais  par  un  long  ufage  elles  ont  la  fcience 
De  la  taire  exercer  par  leurs  propres  maris. 

Pcn.  Gnfdid.) 

En  patience.  Façon  de  parler  adverbiale  ,  qui 
fignific  en  repos  ,  en  paix  ,  en  tranquillité. 
^Demeurez  en  patience.  Laiflez-le  en  patience. 
Il  foufFre  fon  mal  en  patience  &  fans  fe  plaindre.^ 

Patience  ,  fe  dit  quelquefois  par  manière 
d'adverbe.  (  Patience  ,  vous  le  paierez.  Laiffez- 
moi  parler  ,  patience  ,  &c.  ) 

Patience.  \_Lapathum.]  Sorte  d'herbe  à  feiiilles 
larges  qu'on  met  dans  le  potage  &  dans  quelques 
farces.  Le  mot  de  patience  dans  celensn'a  point 
de  pluriel.  Il  y  a  pîufieurs  fortes  de  patience, 
entr'autres  la  commune,  qu'on  nomme  autrement 
la  parele  ;  la  patience  rouge  ,  ou  fang-dragon  , 
&  la  patience  des  jardins  ,  connue  fous  les  deux 
noms  de  Rapontic  des  montagnes  ,  ou  Rhubarbe 
des  Moines. 

Patience.  [Species  armiliaris.']  Terme  de  certains 
Religieux  ,  comme  de  Bénédictins  ,  Augujlins 
déchauffei ,  &  Feiiillans.  Les  Augujlins  dèchauffe\ 
apellent  patience  un  morceau  d'étofe  que  portent 
les  novices,  &:  qui  pend  par  devant  &  par  derrière 
un  bon  pié.  Les  Bénédictins  nomment  patience 
une  forte  defcapu/airefans  capuchon  qu'on  donne 
aux  Religieux  malades.  Et  parmi  les  Feiiillans , 
la.  patient  t  eft  une  forte  de  petit  fcapulaire  que  le 
novice  porte  durant  fon  noviciat ,  &  qui  pend 
par  devant  &  par  derrière.  La  patience  eA  aufCi 
parmi  les  Feiiillans  une  chemife  qui  n'a  point 
tle  poignets  ,  &  qu'on  donne  aux  Religieux 
malades.  (Il  faut  donner  uns  patience  à  un  tel, 
car  il  fe  porte  mal.  )  Le  mot  de  patience  dans  le 
langage  des  Religieux  a  un  pluriel. 

Patient,  Patiente  ,  adj.  [Patiens ,  tolerans.] 
Prononcez  paciant ,  paciante.  Qui  foufFre.  Qui 
endure.  Qui  a  la  force  &  l'efprit  de  diffimuler 
les  reffentimens  ,  &  de  ne  point  s'emporter 
brutalement.  (  Le  Sage  eft  patient.  L'homme 
patient  vaut  mieux  que  le  courageux  ,  Sal.  Prov. 
c.  i6.  Il  efl  bon  patient.  La  charité  ell  patiente. 
S.  Cir.  Tliéol.  famil. 

Une  Dame  aufli  patiente 
Que  celle  dont  ici  je  relevé  le  prix ,' 

Seroit  par  tout  une  chofe  étonnante  ', 
Mais  ce  feroit  un  prodige  à  Paris. 

Perr.  Grifilid.  préf.) 

Patient  ,f.  m.  [  Sons  mortiaddictus.  ]  Celui  qui 
eft  condamné  à  mort  &  qu'on  va  exécuter. 
(  On  eft  patient  de  voir  pafler  les  patiens.  Le 
Confeffeur  ,  le  Miniftre  n'abandonne  point  le 
patient.  Exhorter  le  patient  à  mourir  courageu- 
sement. ) 

Patient,  fe  dit  de  celui  qui  eft  entre  les  mains 
des  Chirurgiens ,  &  fur  lequel  ils  doivent  faire 
quelque  opération  douloureufe.  [jEger.] 

Patient  en  Phyfique  fignifie  le  fujet  fur  lequel 
un  agent  opère.  (Toutes  les  opérations  de  la 
nature  fe  font  en  apliquant  l'agent  fur  le  patient.  ) 

Patiemment ,  adv.  [  j^quo  anima  ,  conjlantcr.  ] 
Vrononcez  patiaman.  Avec  patience.  Avec  dou- 
ceur &  fans  emportement.  (  Soufrir  patiemment 
la  pauvreté.  Porter  patiemment  le  malheur. 
Ablancourt.  ) 
Tome  m. 


PAT.  67 

Patienter,  V.  n.  [Patienter expect.ire.]  Prononcez 
paciante.  Prendre  patience.  Attendre  patiemment. 
(  Patientez  un  peu  ,  &  on  vous  fatisfera.  ) 

P  A  T  I  N  ,  y.  m.  [  Calceus  altior  ,  cotliurnus.  ] 
SouHer  de  femme  qui  a  des  femelles  fort  hautes 
&  remplies  de  liège  ,  afin  de  paroître  de  plus 
belle  taille.  (  Quand  cette  femme  perd  fes 
patins ,  elle  perd  une  partie  de  fa  taille.  ) 

Ç3°  L'origine  eft  Grecque  félon  M.  Lancelot, 
il  vient  de  ttuthj  ,  marcher  ;  nàjoi ,  un  chemin 
batu.  L'origine  du  P.  Labbe  eft  plus  naturelle  : 
Patin  ,  dit-il ,  vient  plutôt  de  Pâte  ,  qui  fe  prend 
pour  un  pié  plat ,  patulus  pes  ,  que  de  Tr^Tiiy , 
calcare. 

Patins  ,  f.  m.  [Calapodia.l  C'eft  une  chauffure 
particulière  dont  les  Hollandois  fe  fervent  pour 
aller  fur  la  glace.  (  Ce  patin  eft  compofé  de  bois 
avec  un  morceau  de  fer  deffous  pour  couper 
la  glace.  ) 

^"  Maynard ,  fur  une  femme  laquelle  quittant 
fes  patins  en  fe  mettant  au  lit ,  quittoit  la  moitié 
de  fa  taille: 

Quelques  invifibles  Lutins 
Lui  font  laiffer  dans  fes  patins 
Plus  de  la  moitié  de  fa  taille. 

Patin.  [  Solea  medio  globo  inferius  injîntcta.  ] 
Sorte  de  fer  à  cheval  fous  lequel  on  a  foudè  une 
demi  boucle  concave  ,  &  dont  on  fe  fert  pour 
un  cheval  èhanchè  ,  ou  qui  a  fait  quelque  éfort. 
(  Attacher  un  patin  à  un  cheval.  ) 

Patins.  \_Subflracti  fundamentis  ajferes.'\  Terme 
d^ Architecture.  Pièces  de  bois  qui  fe  metent  dans 
les  fondations  fur  les  pieux  ,  ou  fur  un  terrain 
qui  n'eft  pas  folide,  Félihien. 

On  apelle  aufTi  patin  ou  focle  ,  la  bafe  du 
piédeftal  d'une  colomne  ,  Oxanam  ,  Dict.  Math, 
[  Bafes  ,  Fulcra.  ] 

•{-  Patiner,  v.  a.  [ Attrectare , pertractare."] 
Manier.  Tâter.  (  Il  aime  les  grifettes ,  parce  qu'il 
les  patine.    11  aime  à  patiner.  ) 

Patiner  ,  fe  dit  auÔî  des  fruits  qu'on  manie 
indifféremment.  (  Il  ôte  la  fleur  de  ces  fruits  en 
les  patinant ,  à  force  de  les  patiner.  ) 

Patineur,/;  m,  [  Palpator.  ]  Celui  qui 
manie.    Qui  tâte. 

Les  patineurs  font  fort  infuportables , 
Même  aux  beautez  qui  font  xrh%-patindhles. 

Scaron  ,  Epit.  chag.  à  M.  (fAlbrct.  ) 

Patineur ,  f.  m.  Se  dit  en  Hollande ,  de  ceux 
qui  vont  fur  la  glace  avec  des  patins. 

P  A  t  I  R  ,  r.  <î.  \Pati ,  tolerare  ,  laborare.']  Jepati, 
J'aipati.  Jepatis.  Je  pâtirai.  C'eft  foufrir. Endurer. 
Porter  quelque  peine.  Recevoir  dommage. 

Elles  quittent  leur  perfonnage. 
Non  fans  avoir  beaucoup  pati , 
Et  chacune  dans  fon  ménage 
Selon  fon  gré  prend  fon  parti. 

Perr.  Grifelid.  ) 

On  voit  que  de  tous  tems 
Les  petits  cnt  pâti  des  fotifes  des  grands. 

La  Vont,  fables ,  liv.  1.  J 

(  Les  bons  patifTent  pour  les  mauvais.  Il  ne  pou- 
voit  abandonner  cette  contrée  fans  que  l'ifle  en 
patît.   Hifl.   d'AubuJfon.) 

Patir.  Parmi  les  myftiques  ,  c'eft  être  dans 
l'inadion ,  &  dans  un  contemplation  paifible  & 
paffive.  Ainfi  dans  ce  fens ,  patir  n'emporte  pas 
une  foufrance  opoféc  à  la  joie.  Fenelon, 

I  ij 


68 


PAT. 


Le  Chevalier  de  Cailîy  ,  fous  le  nom  de 
d'Accilly ,  a  dit  dans  une  Epigramme  : 

Depuis  le  moment  glorieux 

Que  mes  yeux  virent  Oéonice, 
De  leur  félicité  le  Ciel  iut  envieux. 
Il  ailigca  mon  cœur  d'un  éternel  fuplice. 
Dieux  1  Faut- il  que  le  cœur  P'ii'JJt 

De  la  t'clicité  des  yeux.  ) 

P  A  T  I  s  ,   Voïez  PaJIis. 

•}•  Patois,/^  m.  [  Sermo  rujlicanus.  ]  Sorte 
de  langage  grolfier  d'un  lieu  particulier  ,  &  qui 
eft  difércnt  de  celui  que  parlent  les  honnêtes 
gens.  (  Les  provinciaux  qui  aiment  la  langue 
viennent  à  Paris  pour  fe  défaire  de  \Q\a patois. 
Voïez  Jargon.  ) 

Patologie.  (Pathologie.)/^/  \_P athologla.^ 
Terme  de  Mcdccinc.  C'cft  lapariie  delà  médecine 
qui  confidére  la  nature  &  la  diférencc  des  mala- 
dies,leurs  caufes  &  leurs  fimptomes. La  Pathologie 
examine  tout  ce  qui  eft  contraire  à  l'économie 
animale.  Voïez  Fcrntl.  (  Le  Traité  de  la  Patho- 
logie eft  curieux.  On  dit  qucjlions pathologiquis.  ) 

Paton,/!  m.  [  Fulcimen  coriaceum.  ]  Terme 
de  Cordonnier.  Petit  morceau  de  cuir  qu'on  met 
en  dedans  au  bout  de  l'empeigne  du  foulier  , 
afin  d'en  conferver  la  forme.  (Monter  un  paton. 
Le  paton  de  mon  foulier  me  bleffe.  ) 

Paton  ,  f.  m.  [  Majja  compacta  ad  faginandos 
capones.  ]  Morceau  de  pâte  préparée  avec  du 
beurre  &  autres  drogues ,  qui  fert  à  engraifler 
les  chapons.  On  le  dit  aufli  d'un  petit  oifeau 
bien  gras.  (  Ces  ortolans  font  des  patons  de 
graiffe. ) 

PftTRE,(PASTRE,)  f.m.  [Pajlor  armentitius.] 
L'un  &  l'autre  s'écrit,  mais  on  prononce /jaVre. 
C'efl:  celui  qui  a  foin  de  mener  les  bêtes  au 
pâturage. 

Et  fi  fur  un  Edit  des  Paires  de  Nubie 
Les  Lions  de  Barcas  vuideroient  la  Lybie. 

Defpréaux.  ) 

^^  L'Ordonnance  des  Eaux  &  Forêts  de 
1 669.  veut  que  les  Pajîres  ou  gardes  des  beftiaux, 
foicnt  nommez  annuellement  à  la  diligence  des 
Procureurs  d'Ofîce  ou  Syndics  des  Comm.unautez 
par  les  habitans ,  le  Juge  du  lieu  préfent,  ou  un 
Notaire  ,  &  fans  frais  ,  &  la  Communauté 
demeurera  refponfable  de  ceux  qui  auront  été 
nommez. 

^3'  Les  anciennes  Ordonnances  exigeoient 
le  ferment  des  Pajlres  que  les  Ufagers  avoient 
choifis  ;  leur  foin  eft  d'empêcher  les  abroutif- 
femens  ;  &  s'ils  manquoient  à  leur  devoir,  les 
Ufagers  demcuroient  du  dommage  caufé  par  leur 
négligence. 

5^  Ce  terme  Pajlre ,  n'eft ,  ce  me  femble  , 
en  ufage  que  dans  les  Provinces  où  il  y  a  de 
grands  bois  &  de  grands  pâturages.  Celui  qui 
ne  mène  qu'un  troupeau  de  moutons  ,  eft  apellé 
Berger,  &  le  Pajlre  a  fous  fa  conduite  le  bétail 
de  toute  forte  d'un  village  ou  d'une  partie. 

§3"  Le  maître  du  bétail  doit  rép.judre  de  la 
faute  de  fon  paftre  ,  lorfque  le  bétail  a  fait  du 
dommage  dans  le  fonds  d'autrui ,  foit  à  garde 
faite  ou  en  cas  d'abandon. 

^3"  Le  paftre  eft  tenu  de  la  mort  &  de  la 
perte  des  bêtes  ,  foit  qu'elle  arrive  par  une 
grande  faute ,  lata  culpa  ,  ou  par  une  faute  légère 
kvi  culpa.  Ils  n'en  font  pas  quittes  en  raportant 
ja  peau  de  la  bête ,  fi  ce  n'eft  en  établiffant  que 
ja  perte  eft  arrivée  par  un  cas  fortuit. 


PAT. 

f^  Parmi  les  loix  agraires  que  l'on  attribue 
à  l'Empereur  Juftinien  ,  &  qui  ont  été  données 
au  public  par  Leunclavius  ,  il  y  a  celle-ci  qui 
convient  à  notre  fujet  :  fi  un  berger  ,  fans  le 
confentement  de  fon  maître  ,  s'avife  de  traire 
les  brebis  pour  en  vendre  le  lait ,  il  fera  fouété 
&  prive  de  fon  falaire. 

Ad  Pat  ri;  s.  Façon  de  parler  baffe  & 
burlefque.  Aller  ad  patres  ,  pour  dire  mourir. 
Je  l'enverrai  ad  patres ,  pour  dire,  je  l'enverrai 
promener. 

(J'ai ,  comme  vous  fçavez  ,  un  habile  coufin  , 
Homme  de  confcicnce,  &  (çavant  Médecin, 
Qui  l'enverroit  bicn-tot  ad  paires. 

Bourf.  Efop.  ) 

Patriarcat,  Patriarcale,  aJJ. 
[  Patriarchalis.  ]  Qui  apartient  au  Patriarche.  Qui 
eft  de  Patriarche.  (Il  porte  d'argent  à  la  croix 
patriarcale  d'azur.  Ccl.  Trône  Patriarcal.  Di- 
gnité patriarcale.  Thomafjîn  ,  Difcipl.  EccUfiaji!) 

P  A  T  R  I  A  R  G  A  T  ,y;  w.  \P atTiarchatus.  J  Dignité 
de  Patriarche.  (  Elever  quelqu'un  au  Patriarcat. 
Thomaffîn  ,  DifcipUne  EccUflaflique.  ) 

Patriarche  ,  /.  w.  [Patriarc/ia.]  Mot  Grec 
qui  veut  dire  le  premier  des  Pères.  C'eft  celui  qui 
pofl"éde  la  féconde  dignité  de  l'Eglife  ,  &  c'eft 
comme  fi  ondifoit,  celui  qui  préfide  aux  quatre 
parties  principales  du  monde.  (  H  y  a  cinq 
Patriarches  ,  celui  de  Rome  ,  d'Alexandrie  , 
d'Antioche  ,  de  Jérufalem  ,  &c  celui  de  Conftan- 
tinople.  Un  Saint  Patriarche.  On  donne  encore 
ce  no.m  de  Patriarche  aux  Saints  Perfonnages 
qui  ont  vécu  avant  la  venue  de  Jefus-Chritt.) 

On  donne  encore  ce  nom  au  chef  des  Eglifes 
Chrétiennes  d'Orient.  Le  Patriarche  des  Armé- 
niens. Le  Patriarche  des  Ayftins  ,  des  Jacobi- 
tes  »  &c.) 

Patrice, //7z.  \_Patricius.']  C'étoit  le  nom 
des  Gouverneurs  que  les  Empereurs  de  Conf- 
tantinople  envoïoient  en  Italie,  en  Sicile  ,  & 
en  Afrique.  Ce  nom  de  Patrice  a  auftl  été  donné 
par  honneur  à  d'autres  perfonnes.  (Charlemagne 
reçut  du  Pape  Adrien  le  nom  de  Patrice  de  Rome  , 
avant  qu'il  prît  celui  d'Empereur.  ) 

|3"  Patrice,  Patriciens.  Les  Romains  apelloient 
Patrices  ceux  quidefcendoient  des  cent  Sénateurs, 
que  Romulus  établit,  lorfqu'iljettales  premiers 
fondemens  de  la  République.  Feneflrel.  cap.  i. 

^3"  Ces  premiers  Sénateurs  furent  apellez 
Patrices,  parce  que  P«.omulus  choifit  les  plus  âgez. 

Scleda^ue  corpora  Patres 
Dixit  : 

dit  Ovide  ,  &  pour  les  diftinguer  des  autres  , 
ils  portoient  fur  leurs  fouliers  la  figure  du 
croiffant  de  la  Lune,  c'eft -à -dire  un  C  qui 
marquoit  le  nombre  de  cent ,  parce  qu'ils  étoient 
cent  Sénateurs,  V.  JJcdor.  Etim. 

Patricia  T:,f.m.  \^Patricias dignitas.'\  Dignité 
de  Patrice  ,  laquelle  a  été  dans  l'Empire  Romain 
dépuis  Conftantin  le  Grand. 

Patricien,  Patricienne,  ad/.  [Patricius.l 
Qui  vient  de  Sénateur  Romain.  (  P..acc  Patricien- 
ne. Famille  patricienne.  Les  Patriciens  étoient 
les  premiers  nobles  Romains  du  tems  de  Romulus. 
Danet.  ) 

Patrie,//  [  Patria  ,  natale  foliim.  ]  Païs 
où  l'on  a  pris  naiffance.  Il  eft  naturel  d'aimer 
fa  patrie.  (  Le  Sage  n'a  proprement  point  de 
patrie.    La  patrie  eft  une  vifion.  La  patrie  eft 


PAT. 

par  tout  où  l'on  cft  bien.   Les  anciens  ctoicnt 
fortement  infatucz  de  l'amour  de  leur  patrie. 

Tu  dois-là  tous  tes  foins  au  bien  de  la  pairie. 
Tu  ne  t'en  peux  bannir  que  l'orphelin  ne  crie. 

Dcfp.) 

Ç3°  L'amour  de  la  patrie  n'eft  point  une  vifion, 
&  il  efl  peu  de  personnes  qui  ne  Tentent  dans 
leur  cœur  un  fccret  atachement  pour  leur  patrie, 
&  pour  le  lieu  où  leurs  pères  font  nez.  Uliffe,  dont 
on  a  tant  vanté  la  fagefle ,  aima  mieux  revoir  (a 
chère  Itaque  ,  que  de  devenir  immortel ,  c'efl 
par  cet  exemple  que  Cicéron  juftifie  l'amour  de 
la  patrie  :  Si  quidcm,  dit-il,  etiam  iHcfiipientiffîmiis 
vir  ,  hluicam  ut  videra  ,  immortalieaum  fcribitur 
repudiajfc  ,  lib.  2.  Leg. 

Patrimoine,  [  Patrimonium  ,  patria  bona.'\ 
Bien  qui  vient  du  père  &  de  la  mère.  (  Avoir 
du  bien  de  patrimoine.  Tous  les  biens  de  l'Eglife 
font  le  patrimoine  des  pauvres.  Us  ont  été  origi- 
nairement confiez  enfuite  par  l'Eglife  aux  Béné- 
ficiers  pour  être  les  adminiftrateurs  an  patrimoine 
des  pauvres.  Le  Père  ThomaJJin  ,  Difciplim  de 
l'Eglife  ,   l.  part.  l.  4.   c.  à. 

On  donne  le  même  nom  aux  premiers  Infti- 
tuteurs  des  Ordres  Religieux  ,  comme  S.  Benoît, 
S.  François  ,  S.  Dominique  ,  &c. 

Patrimoine  de  S.  Pierre.  C'eft  une  partie  du 
Domaine  que  le  Pape  pofféde  en  Italie ,  &  dont 
Viterbe  eft  la   Capitale. 

Patrimonial  ,  Patrimoniale,  adj.  [Paternus.] 
Qui  eft  de  patrimoine.  Héritages  patrimoniaux. 
Fiefs  patrimoniaux.  Titre  patrimonial  fur  lequel 
on  reçoit  les  ordres  facrez. 

Patriote,  f.  m.  Un  homme  fort  attaché 
au  bien  &  fort  zélé  pour  la  gloire  de  fa  Nation. 

Patriotism  E  ,  /.  m.  Amour  de  la  Patrie. 

P  a  T  R I  o  T I  du  E  ,  adj.  Zèle  patriotique  ,  a. 
le  même  fens  que  les  précédens. 

■{•Patrociner,  V.  n.  [  Patrocinari.  ]  Mot 
burlefque  écorché  du  Latin.  C'eft  parler  à  une 
perfonne  pour  le  porter  à  quelque  fentiment 
qu'on  voudroit  qu'elle  prît ,  en  blâmant  le  fen- 
timent que  cette  perfonne  a  ,  &  foutenant  celui 
qu'on  veut  lui  faire  prendre. 

(  Prêchez,  palrocine^  jufqu'à  la  Pentecôte  , 
Vous  ferez  étonné ,  quand  vous  ferez  au  bout , 
Que  vous  ne  m'aurez  rien  perfuadé  du  tout. 
Molière  ,  Ecole  des  Femmes,  ad.  i.  fc.  !.  ) 

Il  fignifioit  autrefois  plaider. 
P  A  t  R  o  N  ,  /]  «z.  [  Exemplar  ,fpecimen  ,  arche- 
thypus.  ]  Ce  mot  en  général  lignifie  modèle 
fur  lequel  certains  ouvriers  travaillent.  (Un 
beau  patron  de  dentelle.  Un  patron  de  point  de 
France.  Acheter  un  patron.  Suivre  fon  patron. 
Faire  un  patron.    Tracer  un  patron. 

•j"  *  Patron.  [Spécimen,  idea.]  Ce  mot  fe 
difant  des  perfonnes  ,  eft  figuré  &  veut  dire 
exemple.  (  Si  on  a  à  prendre  patron  (ar  quelqu'un, 
il  faut  que  ce  foit  fur  une  perfonne  de  mérite.  ) 
Patron.  [  Paironus  ,  fervi  Dominus.  ]  Terme 
de  Droit  iivil.  C'étoit  celui  qui  donnoit  la  liberté 
à  quelque  efclave.  C'étoit  tout  homme  qui 
avoit  le  pouvoir  d'afranchir  fes  efclaves.  Le 
patron ,  OU  le  maître ,  afranchiffoit  fon  efclave 
quand  il  le  faifoit  affeoir  à  fa  table  avec  lui , 
quand  il  l'adoptoit  ,  &c.  Voïez  là -diffus  les 
Jnflitut.  l.  i.  tit.  3. 

Patron.  [  Patronus  ,  fnndator.  ]  Terme  de 
Droit  Canon.  C'eft  celui  qui  a  droit  de  préfenter 
à  l'Ordinaire  ,    un  Eccléfiaftique   capable    de 


PAT.  69 

remplir  le  bénéfice  que  lui  ou  fes  prédécefTciirs 
ont  fondé.  (  Il  y  a  un  patron  Ld:que  &C  un 
patron  EccUftaJlique.  Le  Roi  eft  patron  de  toutes 
les  Egliiés  Cathédrales  &  Collégiales  ,  des 
Abayes  &  des  Monafteres  ,  s'il  n'y  a  point  de 
titre  au  contraire.  Freret ,  de  l'abus  c.  8.) 

Patron.  [  Navarchns  ,  nauclzrus.  ]  Terme  de 
Mer.  Celui  qui  commande  aux  voiles  du  vaifleau 
&  généralement  à  tous  les  gens  du  vaiffeau. 
Fournier  Hidrographie.  D'autres  dilcnt  que  c'eft 
un  Oficier  marinier  qui  commande  tout  l'équi- 
page &  toute  la  maneuvre  ,  Pjntero  Panttra  , 
qui  a  fait  un  Traité  de  la  marme  ,  dit  que 
patron  eft  un  Oficier  de  guerre  qui  diftribiië  les 
rations  &  autres  chofes  néceffaires  à  ceux  qui 
rament  ,  qui  a  foin  de  tout  ce  qui  regarde  le 
fervice  de  la  galère  &  même  des  marchandilcs 
qu'on  y  embarque.  (  Il  y  a  des  p.urons  dans 
chaque  galère.  Voicz  Pantero,l.  z.  c.  iZ-p.  3lj) 

^^j"  Capitaine  ,  Maîîre  6i  Patron  (ont  trois 
Commandans  de  vaifîeaux  ,  qui  diffèrent  de 
nom  &  de  fondions.  Le  Capitaine  commande 
par  brevet  du  Roi  ;  ceux  qui  ne  commandent 
que  fur  une  fimple  commiffion  les  vaiffeàux 
marchands  ,  font  apeliez  maures  (ur  les  côtes 
de  l'Océan  ,  &  patrons  fur  la  Médiievranée. 
On  leur  donne  aufiî  la  qualité  de  Capitaine  , 
lorfqu'il  s'agit  d'un  voiage  de  long  cours. 

^^  Les  Romains  apelloient  Nuvarchi  ou 
Navicularii  ,  ou  Naucleri ,  tous  ceux  qui  com- 
mandoient  fur  Mer.  On  trouve  dans  la  loi  30. 
du  titre  de  Naviculuriis  Cod.  Theod.  ces  trois 
qualitez  ;  &  quant  au  mot  de  maître  ,  la  loi  2. 
de  exercit.  aci.  nous  aprend  qu'il  eft  ancien  , 
puifqu'on  apelloit  Magifer  celui  à  qui  tout  le 
foin  du  vaiffeau  étoit  confié. 

f  *  Patron.  [  Patronus  ,  herus.  ]  Le  maître 
du  logis.  Le  mot  de  patron  en  ce  fens  eft  bas 
&  burlefque  ;  il  eft  pris  des  Italiens,  qui  apellent 
le  maître  du  logis  padrone.  (  Le  patron  eft-il 
ici  ?  Où  eft  le  patron  .-*  Le  patron  de  la  café 
eft- il  ici .'' 

Le  Cardinal  Patron.  [  Cardinalis  Patronus.  ] 
C'eft  celui  qui  gouverne  à  Rome. 

*  Patron.  [  Patronus  titularis.  ]  C'eft  le  Saint 
que  quelque  Roiaume,  Ville  ou  Village  où  les 
gens  de  profeffion  honorent  particulièrement , 
&  dont  ils  célèbrent  tous  les  ans  la  fête. 
(  Saint  Denis  eft  le  Patron  de  la  France.  Saint 
Jacques  celui  d'Efpagne.  Saint  Nicolas  le  patron 
des  gens  de  mer.  Saint  Pierre  celui  de  Rome. 
On  fe  réjouit  comme  il  faut  à  la  fête  des  jjatrons.) 

Saint  Louis  eft  vôtre  Patron , 
Louis  le  Grand  en  eft  un  autre , 
Au  gré  de  bien  de  gens  pour  le  moins  aufti  bon, 

Deshùulieres,  ) 

*  Patron.  [  Patronus  ,  Mecenas.  ]  Protefteur." 
Défenfeur.  Celui  qui  s'intéreffe  dans  nôtre  for- 
tune ,  &  qui  tâche  à  la  pouffer.  (  Quand  on 
n'a  ni  grands  biens  ni  grande  naiffance  ,  on  ne 
fait  rien  dans  le  monde  fans  patron.  Un  patron 
tient  fouvent  lieu  de  mérite  à  bien  de  gens. 
Se  faire  un  patron.  ) 

Nous  fervons  un  Patron  qui  n'aime  pas  qu'on  gronde. 

Benferade.  ) 

Patronage,  y!  OT.  [  Patronatus  ,  Jus  nomi- 
nationis.  ]  Terme  de  Droit  Canon.  C'eft  le  droit 
de  préfenter  un  Ecléfiaftique  au  bénéfice  vacant. 
(  On  acquiert  le  droit  de  patronage  fur  un 
bénéfice ,  lorfqu'on  a  employé  fon  bien  à  bâtir 


70  PAT. 

une  Eglife  ou  lonqu'on  l'a  fondée.  On  dit  , 
ce  bénéfice  eft  en  patronage  lai.ptc.  Le  patronage 
dis  Laïques  a  commencé  en  Orient ,  &  VEcU- 
Jiafliqnt  en  Ocident.  Difc'tplïne  di  f Eglife  ,  z. 
part.  liv.  z-  cit.  y.  ) 

^3°  Le  Patronage  tel  que  nous  le  connoiflbns 
aujourd'hui  ,  ell  difércnt  du  Patronage  des 
Grecs  &  des  Romains.  Il  eft  pourtant  vrai  que 
le  Patronage  Romain  eft  la  i'ource  du  nôtre. 
Denis  d'Halicarnafle  en  a  donné  une  idée 
générale  dans  le  fécond  livre  de  fon  Hiftoire 
Romaine.  Il  dit  d'abord  que  les  Athéniens  &c 
les  Thefl'aliens  confondoient  fouvent  les  efclaves 
&c  les  cliens  ,  le  Patronage  &  la  fervitude  ; 
ils  donnoient  même  aux  cliens  des  noms  qui 
marquoient  la  baffeffe  de  leur  condition  & 
leur  pauvreté  :  mais  Romulus  en  établiffant  le 
l'atronage  parmi  les  Romains  ,  adoucit  les 
rigueurs  du  Patronage  des  Grecs  ,  &  eut  en 
vue  de  former  une  certaine  union  d'amitié  Si 
de  protedion  entre  les  riches  &  ceux  qui  ne 
l'étoient  pas  ,  afin  d'éviter  l'ufurpation  &  la 
tyrannie  que  la  fupériorité  infpire  &  femble 
même  autorifer.  II  forma  donc  deux  ordres,  dont 
le  premier  étoit  compofé  des  Patriciens  ,  &  le 
fécond  des  Plébéiens  ;  les  premiers  furent  chargez 
de  la  Religion  ,  de  la  Magiftrature  &  du  foin 
des  afaires  publiques  ;  les  Plébéiens  furent 
deftinez  à  la  culture  des  terres  ,  au  foin  des 
troupeaux  &  au  commerce  :  mais  connoiftant 
le  danger  où  il  laifloit  cette  partie  de  fon  nouvel 
Etat ,  il  permit  aux  Plébéiens  de  choifir  parmi 
les  Patrices  un  Patron  &  un  défenfeur  contre 
l'injufticc  ,  prefque  toujours  compagne  de  la 
fupériorité  ;  il  régla  même  les  devoirs  refpeâifs 
des  uns  &  des  autres.  Ces  Patrices ,  dit  l  Hifto- 
rien  ,  étoient  obligez  d'expliquer  à  leurs  cliens 
les  loix  qu'ils  n'entendoient  pas ,  de  s'intéreffer 
dans  toutes  leurs  afaires  avec  cette  ardeur  qui 
fait  agir  les  pères  pour  l'intérêt  de  leurs  enfans  ; 
ils  dévoient  encore  veiller  à  l'ufage  que  leurs 
cliens  faifoient  de  leurs  biens  ,  à  l'emploi  de 
leur  argent  ,  &  empêcher  qu'on  les  trompât 
dans  les  contrats  qu'ils  faifoient  :  d'un  autre 
côté  les  cliens  étoient  obligez  de  contribuer  à 
la  dot  des  filles  de  leurs  Patrons ,  au  cas  qu'ils 
ne  fuifent  pas  en  état  de  les  marier  félon  leur 
condition ,  de  païer  la  rançon  de  leurs  Patrons 
&  de  leurs  enfans  ,  lorfqu'ils  étoient  prifonniers 
de  guerre ,  de  païer  les  dépens  auxquels  ils 
étoient  condamnez  ,  fans  efpérance  de  rem- 
bourfement  contre  leur  Patron  ;  de  contribuer 
de  même  aux  frais  que  l'on  faifoit  ordinairement 
dans  les  brigues  &  dans  les  pourfuites  des 
charges  publiques  ;  outre  ces  devoirs  perfonnels, 
il  en  établit  de  communs  entre  les  Patrons  & 
les  cliens  ;  ainfi  il  ne  leur  étoit  pas  permis 
d'agir  criminellement  les  uns  contre  les  autres, 
ni  de  fervir  de  témoins  contre  de  tierces  per- 
fonnes  en  matière  criminelle ,  fi  ce  n'eft  pour 
leur  juftification ,  &  pour  rendre  l'obfervance 
des  loix  du  patronage  exafte  &  inviolable  de 
part  &  d'autre.  Celui  qui  les  violoit  étoit  puni 
comme  coupable  de  trahifon  &  comme  une 
perfonne  dévouée  aux  Dieux  des  enfers.  Cette 
loi  étoit  févére,  mais  ce  fut  fans  doute ,  &  c'eft 
le  fentiment  de  l'Hiftorien,  par  ce  moyen  que 
la  bonne  intelligence  fubfifta  pendant  très-long- 
tems  entre  les  Patrons  &  les  cliens.  Ce  ne  fut 
pas  feulement  dans  Rome  que  le  Patronage  fut 
établi  ;  il  fut  aufïï  obfcrvé  dans  les  Colonies  , 
lefquelles  fe  choififlbient  des  Patrons  dans  Rome 


PAT. 

pour  les  protéger  ,  lorfqu'il  s'agiffoit  de  leurs 
intérêts.  Nous  liions  dans  la  fixiéme  Verrine  de 
Ciceron ,  que  les  Siciliens  étoient  cliens  de  la 
famille  des  Marcelliens.  L'Hiftoire  en  fournit 
encore  d'autres  exemples  ,  qu'on  peut  voir  dans 
Appien  ,  dans  Valere  Maxime  ,  dans  Velleïus 
Paterculus  &  ailleurs. 

^'  Il  eft  aifé  de  s'apercevoir  que  le  Patronage 
s'eft  établi  dans  l'Eglife  fur  le  modèle  de  l'ancien 
Patronage  Romain.  Les  Fondateurs  s'attribuèrent 
d'abord  le  titre  de  Patron ,  &  le  droit  de  pré- 
fenter  aux  Evêques  des  Clercs  pour  fervir  les 
Eglifes  nouvellement  érigées. 

Le  Concile  d'Orange  tenu  en  441.  fous  le 
jeune  Théodofe  &  Valentinien  ,  confirma  aux 
Fondateurs  le  droit  de  préfentation  aux  Evêques, 
ce  qui  fut  enfuite  autorifé  par  la  Novelle  113. 
chap.  18.  de  l'Empereur  Juftinicn  ,  &  par  le 
fécond  Concile  d'Arles  ,  canon  36.  Quelques- 
uns  croient  que  le  Patronage  &  les  autres 
honneurs  ont  été  acordez  aux  Fondateurs  pour 
exciter  les  fidèles  à  faire  des  dons  &  des  libé- 
ralitez  aux  Eglifes.  D'autres  difent  que  ce  droit 
eft  une  marque  de  la  reconnoiffance  des  Clercs 
dont  perfonne  ne  doit  fe  difpenfer.  Voïez  les 
Jurifconfultes  qui  ont  traité  du  Patronage ,  &  du 
Droit  de  Patronage.  Nous  ajouterons  feulement 
ce  qui  fuit  : 

C'eft  principalement  par  la  dotation  que  l'on 
aquiert  le  Patronage  ;  &  c'eft  par  cette  raifon 
que  les  Canons  défendent  de  confacrer  une 
Eglife  qui  n'a  aucun  revenu  ;  &  s'il  arrive  que 
l'un  dote  l'Eplife  &  l'autre  la  fafle  conftruire  » 
celui  qui  aura  doté  jouira  feul  du  Patronage.- 
On  peut  aquérir  le  Patronage  par  la  ceffion 
gratuite  ,  par  fucceffion  ou  par  aquifition  du 
fond  auquel  il  eft  attaché  ,  ou  enfin  par  prefcrip- 
tion  ,  quoique  le  Patronage  foit  Ecléfiaftique  ; 
pour  aquérir  cette  prefcription  il  faut  quarante 
années  ,  &  trois  provifions  ou  nominations 
dans  cet  efpace;  on  prouve  l'exiftence  du  droit 
par  titres  autentiques,par  plufieurs  préfentations, 
quoique  interrompues  ,  pourvu  qu'elles  puiflent 
établir  une  poffeflion  immémoriale.  La  préfen- 
tation eft  le  plus  confidérable  droit  du  Patronage; 
elle  confifte  dans  la  liberté  de  choifir  une 
perfonne  capable  de  fervir  un  bénéfice  ou  ofice 
vacant ,  6c  de  l'offrir  à  l'Ordinaire  pour  le  lui 
conférer:  mais  il  faut  que  celui  que  l'on  préfente 
ait  dans  le  tems  de  la  préfentation ,  toutes  les 
qualitez  requifes  par  la  fondation ,  fans  pouvoir 
les  aquérir  dans  la  fuite.  Si  le  Patron  néglige 
de  préfentcr  ou  de  conférer  le  bénéfice  vacant 
dans  les  fix  mois  accordez  au  Patron  Ecléfiafti- 
que ,  &  de  quatre  mois  accordez  au  Patron 
Laïque  ;  l'un  &  l'autre  font  abfolument  privez 
de  tous  leurs  droits,  pour  cette  fois  feulement, 
&  l'inftitution  eft  dévolue  au  Supérieur.  On 
ne  peut  ni  permuter  ni  réfigner  un  bénéfice  de 
Patronage  Laïque  ,  fans  le  confentement  du 
Patron.  Quant  aux  droits  honorifiques  du  Pa- 
tronage ,  ils  confiftcnt  à  avoir  un  banc  dans  le 
chœur  ,  à  y  être  enterré  ,  à  avoir  tous  les 
honneurs  préférablcment  aux  Seigneurs  hauts 
jiifticiers  ,  comnîe  d'être  encenfé  le  premier , 
à  être  nommé  de  même  le  premier  dans  les 
prières ,  à  avoir  le  pain  bénit  avant  les  autres , 
à  baifer  la  paix  ,  en  un  mot  tous  les  honneurs 
lui  font  dûs  par  préférence. 

Patrone, /'./  \^Patrona.'\  Proteftrice.  Celle 
qui  nous  défend,  qui  nous  favorife,  &qui  nous 
apuïe.  (  Ste.  Geneviève  cH  la  Patront  de  Paris.) 


PAT. 

*  Patronc  >/•/.{  Putrona  ,  prajîdium.  ]  Il 
fignifie  figuiement ,  celle  qui  nous  pouffe  dans 
le  monde  ,  &  qui  nous  favorife  de  fon  crédit. 
(  Une  bonne  Patronc  fait  fouvent  valoir  les 
gens  plus  qu'ils  ne  valent  en  effet.  Réflexions 
critiques  &  morales,    c.  3.). 

Pûtrone  ,  ou  Giikrc  Patrone.  C'eft  la  féconde 
des  Galères  du  Roi,  (  On  dit ,  la  Patrone  a 
effuïé  un  rude  combat.  ) 

Patron£R,v.  rt.  [  Figurant  delineare.  ] 
Enduire  de  couleurs  par  le  moyen  d'un  patron. 
Il  fe  dit  de  ceux  qui  mettent  les  couleurs  aux 
cartes  à  jouer. 

\  Patronier  ,  f.  m.  [^  Figurarum  dclincator.  ] 
C'eft  un  faifeur  de  patrons.  C'eft  celui  qui  fait 
&  vend  de  toutes  fortes  de  patrons  pour  les 
dentelles  &;  les  points  de  France.  (  C'eft  un 
habile  Patronier.') 

PatroiIillage  ,  ou  V A-rom\.i.Acï ,  f.  m.  Saleté, 
mal-propreté  qu'on  fait  en  patroiiillant.  (Il  a 
fait  un  beau  patroûillage,  )  On  ne  le  dit  que 
dans  le  ftile  familier. 

PATRoiiiLLE,yi/^  [  Exploratoriœ  excubiœ.  ] 
Terme  de  Guerre.  Ce  font  cinq  ou  fix  foldats 
qui  font  commandez  par  un  Sergent  ,  &  qui 
fortent  de  leur  corps-de-garde  pour  voir  ce  qui 
fe  paffe  la  nuit  dans  les  rues  d'une  ville  ,  & 
empêcher  que  rien  ne  trouble  le  repos  de  la 
ville.  (  La  patrouille  marche  toutes  les  nuits. 
Etre  pris  de  la  patrodilU.  ) 

Un  qui  de  la  patrouille  eft  l'archer  le  plus  brave  , 
Un  controlleur  d'exploits ,  &  l'autre  un  rat  de  cave. 
Bourf.  Efop.  ) 

■f  PatroÏIiller  ,  Patoiiiller  ,  V.  V.  [In  cœno 
verfari.  ]  Quelques-uns  difent  patoiiiller  ,  mais 
l'ufage  eft  pour  patrouiller ,  qui  fignifie  marcher 
dans  la  boii'é.  (  Voilà  un  enfant  qui  patroiiille 
dans  la  boue  il  y  a  un  bon  quart  d'heure.  ) 

Le  terme  patroïdller  eft  bas. 

Patrouiller ,  fignifie  aulTi  dans  le  ftile  familier, 
manier  quelque  chofe  mal  proprement ,  la  gâter, 
la  déranger  en  la  maniant  :  en  ce  fens  ce  verbe 
eft  aûif.  {  Patrouiller  des  viandes.  Patrouiller 
des   fruits.   Acad.  Franc.  ) 

P  AT  RoiiiLLis  ,  fe  dit  quelquefois  pour 
patroiiillage  ,  &  dans  le  même  fens.  (  Quel 
patroiiillis  faites-vous  là  .'  )  Il  fe  dit  aufîî  d'un 
bourbier.  (  Il  a  mis  le  pied  dans  le  patroiiillis.) 

P  A  t;  T  E  ,   Voyez  pâte. 

PatUjPatue,  adj.  \_Pennipes.'\  Ce  mot 
ne  fe  dit  d'ordinaire  qu'au  mafculin  ,  &  en 
parlant  de  certains  pigeons.  Il  fignifie  ,  qui  a 
des  plumes  fur  les  pieds.   (  Un  pigeon  patu.) 

Pâturage  ,  Pasturage  ,  (  PÛturage.  )y?  m. 
[  Pafcua,pabulum.  ]  L'un  &  l'autre  s'écrit ,  mais 
on  pror^once  pâturage.  C'eft  le  lieu  où  les  bêtes 
vont  paître.  (  Il  y  a  de  beaux  &  de  bons  pâtu- 
rages en  Normandie  ,  &  c'eft  prefque  auffi  tout 
ce  qu'il  y  a  de  beau  dans  cette  Province. 

Climéne ,  il  ne  faut  pas  méprifer  nos  bocages , 
Les  Dieux  ont  autrefois  aimé  nos  pâturages. 

Ségruis  ,  Egl.  i.  ) 

Pâturage  ,  fignifie  auffi  l'ufage  du  pâturage. 
(  Avoir  droit  de  pâuirage  fur  une  terre.) 

Pâturage.  Herbe  de  pâturage.  C'eft  une  plante 
dont  les  Teinturiers  fe  fervent  pour  leur  tein- 
ture en  fauve. 

Pâture,  Pasture  ,  (PâxuRE.  )  //. 
[  Pajîiis  ,pabulufft  ,paJiio.  ]  L'un  &  l'autre  s'écrit, 
mais   on   prononce  pâture.    C'eft- à- dire  ,   la 


PAT.    P  A  V. 


7î 


nourriture  qu'on  donne  aux  bêtes  ,  mais  ce  mot 
de  pâture  eft  peu  ufité  au  propre ,  à  moins  que 
ce  ne  foit  dans  le  ftile  familier ,  comme  à  fait 
M.  de  la  Fontaine. 

(  De  façon  qu'un  beau  foir  qu'il  étolt  en  pâture  , 
Nôtre  aigle  aperçût  d'avanture 
Deux  petits  monftrcs  fort  hideux.  ) 

*  C'eft  une  néceflité  de  fervir  de  pâture  aux 
vers  du  monument.  Main. 

(Ç^  La  pâture  eft  ce  qui  fert  de  nourriture 
au  bétail ,  &  particulièrement  l'herbe  des  prez , 
que  l'on  apelle  pâturages ,  c'eft-à-dire  ,  le  lieu 
où  les  bêtes  ont  acoutumé  de  paître. 

^f^  Les  Latins  ont  de  même  apellé  pafcua 
les  lieux  où  le  bétail  étoit  nourri.  Témoin  cet 
endroit  d'Horace.  Ub.  4.  Od.  ^. 

Qualemve  Itctis  caprea  pafcuis 
Intenta  ,  &c. 

^^  Et  celui-ci  d'Ovide  dans  fes  Metamor- 
phofes.  Ub.  4.  verf.  688. 

D'iviùs  hic  faltus ,  herbofaque  pafcua. 

*  Pâture.  [  Efca.  ]  Au  figuré ,  il  fe  dit  de  la 
nourriture  de  lame.  (  La  parole  de  Dieu  eft  la 
pâture  de  l'ame.  La  connoiffance  de  la  vérité 
eft  la  pâture  de  l'efprit.  ) 

Pâture  de  chameau.  Plante  Medécinale ,  qu'on 
nomme  ordinairement ,  juncus  odoratus. 

Pâture  ,  (PâTURE.  )  v.  n.  \_P,afcert.'\ 
Paître.  Il  fe  dit  des  bêtes  qui  paiffent.  (  Celui 
qui  envoie  pâturer  fes  beftiaux  dans  le  pré 
d'autrui.  )  Voïez  paître. 

Patureur  ,  (  PâTUREUR.  )  f.  m.  On  le  dit 
à  la  guerre  ,  des  Cavaliers  &  des  Valets  qui 
mènent  les  chevaux  à  l'herbe.  (  On  a  donné 
une  efcorte  aux  Pâtureurs.  ) 

Paturon  ,  f.  m.  [  Setœ  longiores  equi  calcihus 
impendentes.  ]  C'eft  la  partie  du  bas  de  la  jambe 
du  cheval'  qui  eft  entre  le  boulet  &  la  couronne. 
[  Paturon  long.  Paturon  court.  Cheval  qui  a 
quelque  incommodité  au  paturon.  ) 

P  A  V. 

Pavage  ,  /^  m.  [  Pavimentatio.  ]  C'eft  l'ou- 
vrage du  paveur. 

Pavaaee.  Bois  qui  vient  de  la  Floride,  & 
qui  avec  fon  écorce  &  fa  racine  eft  bon  pour 
la  guérifon  des  maladies  fecrettes. 

Pavane  .,[■£.  [  Hifpanica faltatio  dicia pavana.'\ 
C'eft  une  forte  de  branle  ancien.  (  Danfer  la 
pavane.  ) 

•^^  La  pavane  eft  un  chant  à  deux  tems. 
On  la  divife  en  grande  &  en  petite  ;  celle-ci  n'a 
que  douze  mefures  en  tout  ;  de  quatre  en  quatre 
mefures ,  il  faut  qu'il  y  ait  un  repos  &  une 
cadence.  La  grande  a  trois  parties  ,  qui  fe  ter- 
minent par  des  cadences  diférentes  ;  la  féconde 
partie  doit  avoir  deux  mefures  de  plus  que  la 
première  &  doit  être  plus  gaye  ;,  la  troifiéme 
doit  avoir  deux  mefures  de  plus  que  la  féconde, 
&  encore  plus  de  gayeté.  Cette  danfe  n'eft 
plus  en  ufage  ;  elle  eft  trop  férieufe  pour  plaire 
à  la  vivacité  des  jeunes  gens. 

Se  pavaner,  y.  «.  C'eft  marcher  d'une 
manière  fiére,  fuperbe.  (Ce  pzxûidXi  fe  pavane , 
cette  femme  fe  pavane.  ) 

Pavate.  Arbriffeau  des  Indes  ,  dont  la 
racine  guérit  les  eréfipeles,  Sa  dccoûion  fe  prend 


7^  P  A  V. 

auffi  clans  les  fièvres  ardentes  ,  les  inflammations 
du  foyc  &  le  flux  de  ventre. 

P  AV  l'  ,/  m.  [  Pavimcntum.  ]  Grez  ou  pierre 
quarrée  faite  par  les  carriers  pour  paver.  (  Vieux 
pavé.  Pave'  neuf.  Pofer  le  ^i^^vc.  Mettre  un  pavé. 
Affeoir  un  pavé.  Tailler  ,  cimenter ,  dreffer  le 
pavé.  Affermir  un  pavé.  Garnir  un  pavé  de  lable. 
Arracher  le  pavé.  Ebaucher  le  pavé.  C'eft  ôter 
quelque  chofe  du  pavé  pour  l'ajuftcr  6c  le  mettre 
en  état  de  fervir. 

Ma  mufe  qui  fe  plaît  dans  leurs  routes  perdues , 
Ne  fçauroit  plus  marcher  l'ur  le  pave  des  rues. 
Dcfpredux.  ) 

Pavé  d'échantillon.  C'eft  un  pavé  de  grez ,  de 
grandeur  ordinaire,  c'eft-à-dire  ,  de  huit  à  neuf 
pouces  cubiques. 

Pavé  fendu.  C'eft  celui  qui  n'a  que  la  moitié 
de  l'épaiffeur  du  précédent. 

Pavé  di  Mofaïque.  C'eft  un  pavé  fait  de  plu- 
fieurs  petits  cubes  de  pierre  ou  de  marbre  , 
foit  naturels ,  foit  artificiels,  qui,  joint  enfemble, 
repréfentent  plufieurs  figures. 

•f"  *  Prendre  le  haut  du  pavé.  [  Caperc  locum 
honoraiïorem.  ]  C'eft  -  à  -  dire  ,  le  rang  le  plus 
honorable  lorfqu'on  marche  avec  quelcun. 

Tâcer  le  pavé.  C'eft  en  ftile  familier  ,  agir 
avec  circonfpeftion ,  agir  avec  irréfolution. 

Bateur  de  pavé  [  Vagus  per  totam  urbem.^  Voiez 
Bateur. 

Pavé  fe  met  en  plufieurs  proverbes.  Je  fuis 
fur  le  pavé  du  Roi.  [  Sum  in  via  Régla.  ]  Pour 
dire ,  vous  n'avez  point  droit  de  me  faire  fortir 
d'où  je  fuis.  Etre  fur  le  pavé  ,  fe  dit  d'un  domef- 
tique  qui  n'eft  point  en  condition.  Perfonne  ne 
lui  dlfpute  le  pavé.  [  Prxflat  caterls.  ]  Pour  dire 
qu'un  homme  eft  élevé  audeffus  des  autres. 
//  a  malmenant  le  haut  du  pavé.  [  Hune  dltavlt 
fortuna.  ]   l'our  dire ,  il  eft  en  fortune. 

Pavé.  Ménage  a  tranfcrit  entièrement  dans 
fes  Origines  le  chapitre  onzième  du  fécond  livre 
de  l'Hiftoire  des  grands  chemins  de  l'Empire , 
par  le  ficur  Bergier.  Je  me  contenterai  d'en 
raporter  un  abrégé.  «  Le  mot  de  pavé  a  deux 
»  principales  fignifications.  Nous  apellons /'iîn; 
»  un  quarreau  de  grez  ,  de  cailloux  ou  autre 
»  matière  de  pierres  ou  terre  cuite  ;  nous 
»  apellons  aufTi  pavé ,  l'ouvrage  entier  compoié 
»  des  pavez  ou  quarreaux  particuliers  alliez 
»  ou  battus  avec  arène  fur  la  fuperficie  de  la 
»  terre.  Mais  les  Latins  donnent  à  pavimcntum 
M  une  fignification  plus  étendue  ,  car  il  fignfie 
»  le  fol  ou  le  parterre  d'une  place  de  quelque 
»  matière  que  ce  foit ,  plaftre  ,  terre  ,  arène  , 
»  cailloux  ,  briques  ou  quarreaux  déterre  cuite, 
»>  marbre  ,  ou  autre  matière  de  pierres  ,  pourvu 
»  que  ledit  fol  &  le  parterre  eût  été  affermi  & 
»  batu  ,  frapé  &  confolidé  fur  la  fuperficie  de 
»  la  terre  ,  ou  d'un  plancher  ,  pour  en  faire  une 
»  croûte  &  un  plan  ferme  pour  porter  ce  qui 
»  doit  repofer  ou  paffcr  par  defl'us.  Le  mot 
»  pavimcntum ,  eft  originaire  d'un  ancien  verbe 
»  pavlre  ,  qui  vaut  autant  que  tundere ,  ferire  , 
»  batre  &  frapcr ,  dont  Ciceron  s'eft  fervi ,  & 
»  que  Feftus  &  Pline  ont  expliqué ,  pavlre  enlm 
«  ferire  ejl ,  dit  le  premier  &  le  fécond,  llb.  JS. 
»  cap.  z5.  Pavlmenta  In  Itallafiflucls  pavlta.  » 

Pavé ,  pavée  ,  ad/.  [  Stratus  ,  pavlmentatus.  ] 
Qui  eft  garni  de  pavez.  (  Cour  pavée.  Eglife 
pavée.  ) 

j-  *  Avoir  le  gofîer  bien  pavé.  [  Majorem  habere 
maxlllam,  ]  Ces  mots  fe  difent  des  perfonnes 


P  A  V. 

qui  avalent  des  chofes  fort  chaudes.  (Le  goinfre 
a  le  gofîer  pavé.  ) 

P  A  v  E  R  ,  V.  a.  [  Pavlmentare  ,  faxls  Jlernere.] 
C'eft  faire  des  rangs  de  pavé  ,  les  poler  d'un 
certain  fens  ,  &  les  garnir  de  chofes  néceffaires 
pour  les  affermir.    (  Paver  une  rue.  ) 

Paver  à  fec.  C'eft  paver  fans  chaux  &  fans 
mortier,  fur  le  fable  feul. 

Paver  à  bain  de  mortier.  C'eft  maçonner  & 
maftiquer  le  pavé  avec  de  la  chaux  &  du  ciment. 

Pavesade,/!/]  [Lorlca.]  Grande  bande 
de  toile  ou  de  drap  qu'on  étend  le  long  du 
platbord  du  vaiffeau  quand  on  fe  prépare  au 
combat.  Voiez  Pavlers  &  pavois. 

Pavesades  ,  Terme  de  Guerre.  C'étoient 
des  mantelcts  de  claies ,  qu'on  rangeoit  du  camp 
aux  travaux  les  plus  proches  du  corps  d'une 
place  ,  derrière  lefquels  les  foldats  à  couvert 
ouvroient  un  petit  foffé  pour  les  maintenir  droits 
&  fermes.  On  les  rangeoit  dans  ce  foffé  ,  qu'on 
couvroit  enfuite  de  terre.  On  les  apelloit  des 
pavefades  OU  tallenas  ,  parce  qu'elles  fervoient 
à  couvrir. 

Paveur  ,  f  m.  [  Pavlmentorum  fruclor.  ] 
Artifan  qui  pave  les  rués  ,  les  cours,  les  Eglifes, 
les  chemins  ,  &  autres  lieux  qu'on  pave.  Le 
Paveur  pour  gagner  fa  vie  fe  fert  de  pince ,  de 
hle ,  de  truelles  &  de  diverfes  fortes  de  marteaux. 
(  Etre  paveur.  ]  Les  paveurs  s'apellent  par  rail- 
lerie ,  lapidaires  en  grez  ;  mais  c'eft  un  langage 
qui  n'cft  pas  ufité  par  d'autres. 

Pavie.  Sorte  de  pêche.  Voiez  p  avis. 

Pavlc.  On  donne  ce  nom  à  une  efpéce  de 
linge  ouvré ,  qui  fe  manufaâure  en  Flandre  S>C 
en  baffe  Normandie. 

Paviers  .  Pavois, y^OT.  ou  Pavesade  , /!/. 
[  Confcrva  lorlca.  ]  Terme  de  Mer.  On  les  apelle 
auffi  bafllrgue.  Ce  font  de  grandes  bandes  de 
toile  ou  d'étoffe  ,  que  l'on  étend  autour  du 
platbord  des  vaifTeaux  de  guerre  pour  cacher 
les  foldats  &  ce  qui  fe  paffe  fur  le  pont  pendant 
un  combat.  0~an.  Dlcl.  Math. 

Pavifr  ou  Pavoiser.  \^Septo  tegere.]  Mettre 
des  bandes  pour  entourer  le  vaiffeau  &  cacher 
les  foldats  durant  un  combat  naval  ,  ou  pour 
empêcher  qu'on  ne  voie  ceux  qui  travaillent 
aux  voiles. 

Pavillon,  y^/7;.  [  Conopœum  ,  tentorlum.  ] 
C'eft  une  forte  de  tente  quarrée  dont  on  fe 
fert  dans  les  campemens  ,  pour  fe  garantir  de 
l'incommodité  du  tems.  Le  pavillon  eft  aufîi 
une  forte  de  bouffe  pour  un  petit  lit ,  faite 
en  piramide.  (  Dreffer  un  pavillon  dans  une 
chambre.    Volt.  llv.  g. 

Tantôt  il  fait  drefler  fes  riches  pavillons. 

Ftechier.  ) 

Pavillon.  [  Vexlllum.  ]  Terme  de  Mer.  Bannière 
qu'on  arbore  ordinairement  à  la  pointe  de  quel- 
que mât,  qui  eft  d'une  couleur  particulière,  &  qui 
eft  chargée  des  armes  de  la  Nation  &  de  l'Oficier 
qui  commande.  (  Porter  le  pavillon.  Arborer  le 
pavillon.  Faire  le  pavillon  blanc.  [  Slgnum  album 
erl"ere.  ]  C'eft  arborer  un  pavillon  dans  un 
combat.  Faire  pavillon  blanc  à  la  vue  d'une  côte 
étrangère.  C'eft  faire  un  fignal  de  paix  pour 
montrer  qu'on  veut  avoir  commerce.  Faire 
pavillon  de  France.  [  Vexlllum  Galllcum  extendere.'] 
C'eft  arborer  le  pavillon  de  France.  Amener  le 
pavillon.  C'eft  le  baiffer  ou  le  mettre  bas  par 
refpeft  ,  à  la  rencontre  de  quelque  vaiffeau  qui 
mérite  cet  honneur.  Etre  fous  tel  pavillon.  C/eft 

être 


P  A  V. 

être  à  bord  d'un  vaiffeau  commandé  par  un 
Ofîcier  qui  a  tel  pavillon.  Mettre  paviilon  en 
berne.  C'cft  une  manière  d'arborer ,  qui  fert  de 
fignal  pour  apeller  la  chaloupe  du  vaifleau  ,  fi 
elle  n'eft  pas  à  bord  ,  ou  pour  demander  du 
fecours.  Fctire  pavillon  rouge  ,  on  faire  feu.  Se 
dit  d'un  vaifTeau  qui  pendant  la  nuit  met  des 
fanaux  en  plufieurs  endroits  pour  être  vu  de  la 
flotte  &  en  être  fecouru.  On  dit  auffi  ,  baijfer 
le  pavillon.  \Siibmittere  Jignum.  ]  On  le  dit  même 
au  figuré.  *  Un  tel  qui  le  pique  de  bel  efprit, 
baille  le  pavillon  devant  MonJIeur  un  tel.  [  Fafces 
fubmittit.]  C'eft-à-dire,  il  lui  défère,  &  ne 
parle  devant  lui  qu'avec  retenue. 

^3^  L'Amiral  doit  porter  le  pavillon  quarré 
blanc  au  grand  mât  ,  &  les  quatre  fanaux. 
Ordonnance  de  la  Marine.  La  forme  des  pavillons 
eft  diférente  ;  ils  font  chargez  d'armes  &  de 
couleurs  particulières.  Le  pavillon  de  France 
eft  toujours  blanc  femè  de  fleurs  de  lis  d'or. 

S^  Le  navire  qui  eft  monté  par  le  Com- 
mandant de  l'armée  a  toujours  été  diftingué 
des  autres  navires  par  quelque  marque  évidente, 
pour  le  reconnoître  dans  le  combat.  Hérodote 
dit  que  Policrate  ayant  aperçu  la  flote  des 
Athéniens  ,  reconnut  le  vaiffeau  du  Commandant 
par  le  fignal  qu'il  portoit. 

à"3^  Cette  marque  de  diftlnftion  a  toujours 
été  ou  un  étendart  ,  ou  une  bannière  ,  dont  il 
y  a  trois  efpéces  diférentes  dans  nôtre  Marine, 
le  Pavillon  ,  la  Cornette  &  la  Flamme, 

^^  L'Ordonnance  de  1669.  liv.  2.  tit.  2. 
veut  que  lorfque  l'Amiral  fera  embarqué  ,  il 
portera  le  pavillon  quarré  blanc  au  grand  mât, 
le  Vice-Amiral  au  mât  d'avant ,  le  Contre-Amiral 
ou  le  premier  Lieutenant  -  Général  ou  Chef 
d'Efcadre  ,  qui  en  fera  la  fondion  ,  au  mât 
d'artimon. 

^r  Les  pavillons  quarrez  doivent  avoir  un 
quart  de  bâtant  plus  que  de  guindant ,  le  bâtant 
eft  la  longueur  qui  voltige  en  l'air;  le  guindant 
eft  la  hauteur  qui  règne  le  long  du  bâton. 

^3"  Les  vaiffeaux  du  Roi  ne  peuvent  porter 
aucun  pavillon  que  de  couleur  blanche  ,  foit 
pendant  la  navigation ,  foit  dans  les  combats  ; 
ils  peuvent  feulement  fe  fervir  de  la  couleur 
rouge  ,  ou  de  quelque  autre  couleur  pour  les 
iîgnaux. 

^3"  Quant  aux  valffeanx  marchands  François, 
il  ne  leur  eft  permis  de  porter  que  l'Enfeigne 
de  poupe  ,  bleue  avec  une  croix  blanche  tra- 
verfante  ,  &  les  armes  du  Roi  fur  le  tout ,  ou 
telle  autre  diftinftion  qu'ils  voudront  choifir , 
pourvu  que  leur  Enfeigne  de  poupe  ne  foit  pas 
entièrement  blanche. 

L'Ordonnance  que  j'ai  citée ,  permet  à  celui 
qui  commande  des  vaifl'eaux  Marchands  qui 
font  emploiez  au  commerce  d'Efpagne,  de  porter 
le  pavillon  à  l'arrière  de  leurs  chaloupes  , 
lorsqu'ils  navigeront  dans  la  Baye  de  Cadis. 

L'Auteur  du  Diftionnaire  de  la  Marine  a 
remarqué  qu'aux  navires  vaincus  ou  menez  en 
triomphe  ,  on  attache  le  pavillon  aux  hautbans 
ou  à  la  galerie  de  l'arriére  ,  &  on  les  laiffe 
traîner  &  pancher  vers  l'eau,  &  tels  vaiflTeaux 
font  touez  ou  tirez  par  la  poupe. 

Le  pavillon  blanc  eft  un  fignal  de  paix ,  le 
rouge  marque  la  guerre. 

La  Cornette  eft  une  efpéce  de  pavillon  que 

les  Chefs  d'Efcadre  mettent  au  mât  d'artimon  ; 

elle  eft  blanche  ,  &  doit  avoir  quatre  fois  plus 

de    battant   que  de    guindant  ;    elle  doit   être 

Tomt  III. 


P   A  V.  75 

tendue  par  le  milieu  des  deux  tiers  de  fa  hau- 
teur &  les  extrcmitez  fe  terminent  en  pointe. 

Le,  pavillon  &:  les  cornettes  ne  font  portez 
que  lorfque  l'Amiral  eft  acompagnè  de  vingt 
vaiffeaux  de  guerre  ;  le  Vice -Amiral  &  le 
Contre-Amiral  de  douze  ,  dont  le  portier  afeize 
pièces  de  canon  &  les  cornettes   de   cinq. 

Les  Vice-Amiraux  ,  les  Lieutenans-Gènéraux 
&  Chefs  d'Efcadre  qui  commanderont  un 
moindre  nombre  de  vaiffeaux,  portent  une  fimple 
flamme  ,  à  moins  qu'ils  n'aient  une  permiilion 
par  écrit  de  Sa  Majefté  de  porter  un  pavillon 
ou  une  cornette. 

Lorique  les  vaiffeaux  de  Sa  Majefté  portant 
pavillon  rencontrent  les  vaiffeaux  des  autres 
Rois  portant  des  pavillons  égaux  aux  leurs  , 
ils  fe  feront  faluer  en  quelques  mers  &  côtes 
que  fe  faffe  la  rencontre. 

Amener  les  pavillons  ,  c'eft  raffembler  le 
pavillon  entre  les  bras  d'un  matelot  ^  qui  fe 
tenant  auprès  du  bâton  du  pavillon  ,  en  fait  une 
efpéce  de  fagot ,  en  le  ramaffant  entre  fes  mains. 

■{■  *  Mettre  pavillon  bas.  [  Caput  difcooperire.  ] 
Ces  mots  fe  difent  en  raillant  par  ceux  qui 
étant  à  table  ôtent  leur  chapeau  quand  ils  veulent 
boire  à  la  fanté  de  quelque  perlbnne  &  qu'ils 
veulent  témoigner  du  refpeô. 

(Vous  les  verrez  bien-tôt  mettre  pavillon  bas , 
Et  je  réponds  pour  eux  qu'ils  ne  répondront  pas. 
Auteur  anor.lme.  ) 

Mettre  pavillon  bas.  Se  dit  auffi  pour  déloger, 
décamper. 

Pavillon.  [  Vexilliim  fupremum.  ]  Terme  de 
Blafon.  C'eft  ce  qui  couvre  &c  envelope  les 
armoiries  des  Empereurs  ,  des  Rois  &  de 
quelques  Souverains  ,  à  qui  il  apartient  feule- 
ment de  porter  le  pavillon.  11  eft  compofé  de 
deux  parties ,  du  comble ,  qui  eft  fon  chapeau, 
&  des  courtines  ,   qui  en  font  le  manteau. 

Pavillon.  \^  Pendulum  h  tubâvexillum.^  Terme 
de  Chaudroniér.  C'eft  le  gros  du  corps  de  la 
trompe  &  de  la  trompette  où  eft  l'ouverture 
qui  eft  au  bas  du  cor  de  la  trompe  &  de  la 
trompette.    (  Pavillon  de  cor  bien  fait.  ) 

Pavillon.  [  Pars  d'omûs  nfludinata.  ]  Terme 
^Architiclure.  Corps  de  logis  qui  accompagne 
la  maifon  principale  ,  &  qui  eft  au  bout  de 
quelque  galerie.  C'eft  auffi  un  corps  de  logis 
feul ,  qui  eft  nommé  pavUlon  à  caufe  de  fa 
couverture  qui  reffemble  à  celle  des  pavillons 
ou  des  tentes  d'armées. 

P  A  v  I  s  ,  /!  W2.  [  Perjica  duracina.  ]  C'eft  une 
forte  de  pêche  qui  ne  fe  fend  pas.  Plutieurs 
écrivent  pavie  &  pavi  ,  mais  M.  Perrault  dans 
fon  Idylle  à  M.  de  la  Quintinie ,  écrit  toujours 
pavis  ;  Ménage  écrit  de  même. 

Là  des  rouges  pavis  le  duvet  délicat , 
Ici  le  jaune  ambré  du  roùiïatre  mufcat. 
Perrault. 

Paul,  f.  rn.  [  Paulus.  ]  Nom  d'homme,' 
(  Paul  vivoit  &  Paul  eft  mort.  ) 

P  AU  LE  ,  f.  f.  [  Paula.  ]  Nom  de  femme. 
Paule ,  fille  du  Comte  de  Ponriévre  fut  affiégée 
dans  Roye  par  le  Comte  de  Charolois ,  &  elle 
fe  défendit  courageufement.  Brantôme,  Dames 
Galantes,   t.  l.  p.   38 y.  ) 

Pauleter,  V.  a.  [  Jus  poletanum  jolvere.  ) 
Paier  le  droit  de  paulette.  (  Les  Officiers  des 
Maifons  Roïales  ne  pauUtent  point  ,  parce  que 
leurs  Charges   vaquent  par  mort.  ) 


74 


P  A  V. 


P  A  u  L  E  T  T  E  ,  y:  y:  [  Jm  poUtanum.  ]  C'eft  I 
l'argent  de  la  foixantiéme  partie  du  prix  de 
l'oficc  que  donne  au  Roi  tous  les  ans  au  com- 
mencement de  l'année  chaque  Oficier  de  Juftice 
&  de  Finance  ,  afin  de  pouvoir  pendant  l'année 
difpofer  de  fon  ohcc.  Ce  droit  a  été  apellé 
paillette ,  d'un  nommé  Charles  Faulet ,  Secrétaire 
de  la  Chambre  du  Roi  ,  qui  au  commencement 
du  dix-feptiéme  fiéclc  inventa  le  droit  Ji  pauUtte, 
qui  fut  autorifé  par  Arrêt  du  confeil  privé  le 
11.  de  Décembre  1604.  Loi/eau,  ch.  10.  des 
Ojices.  (  Quand  un  Oficier  meurt  fans  avoir 
paie  \^pauUtte ,  fon  ofice  va  aux  parties  cafuellcs, 
&  eft  perdu  pour  fes  héritiers.  La  paulctte  cft 
ouverte.  On  n'eft  plus  reçu  à  la  pauUtte  après 
un  certain  tems  réglé  par  la  Déclaration  du  Roi.  ) 

Pau  LOT  ,  /!///.  Nom  d'entant  &  de  petit 
garçon  ,  qui  veut  dire  petit  PmiL  (  Paulot  eft 
beau  &  bien  fait.  ) 

Paume,//  [  (^ola.  ]  Prononcez  pôme. 
Il  vient  du  Latin  palma.  C'eft  le  dedans  de  la 
main.  C'eft  la  féconde  partie  de  la  main  ,  qui 
prend  depuis  les  rafettes  jufques  aux  jointures 
des  doigts.  (  Il  a  la  paume  de  la  main  toute 
pleine  de  calus.  ) 

^^  M.  Lancelot  le  dérive  du  Grec  w.rXï'fi», 
Palma ,  la  paume  de  la  main  ,  de  là  vient,  dit-il, 
tmpaumer  ,  comme  qui  diroit  prendre  de  la 
main  ,  faifir. 

Longue  paume  ,/■/.[  PHt^  ludus  laxior.  ] 
Manière  deyew  de  paume  ,  où  il  n'y  a  qu'un  toit 
pour  fervir ,  fans  galerie  ni  murailles ,  &  où 
l'on  joue  avec  de  petites  baies  &  des  batoirs. 
{  Joiier  à  la  longue  paume.  ) 

Courte  paume.  [  Sphixrijierium.  ]  Ces  mots  font 
un  peu  furannez.  On  difoit  autrefois  yoK^r  à  la 
courte  paume ,  mais  préfentement  on  dit  Jouer  à 
la  paume.  C'eft-à-dire  ,  jouer  dans  un  tripot , 
ou  jeu  de  paume  avec  des  raquettes  &  des  baies.) 

Le  jeu  de  paume  eft  fort  ancien  &  a  toujours 
paffé  pour  un  jeu  permis  &  un  jeu  honnête  & 
utile  à  la  fanté.  Plante ,  Martial ,  Ciceron  & 
plufieurs  autres  anciens  Auteurs  en  ont  fait 
mention.  On  y  voit  auiîi  que  les  baies  dont  on 
fe  fervoit  étoient  différentes  :  il  y  en  avoit  que 
l'on  apelloit  pila  trigonalis  ,  foit  parce  qu'on 
jouoit  dans  un  lieu  difpofé  en  triangle  &  qu'il 
falloit  que  la  baie  donnât  fur  les  trois  cotez , 
parce  que  l'on  jouoit  à  trois  :  on  voit  encore 
une  efpéce  de  baie  cjue  l'on  apeWoh  pila  paganica, 
parce  que  les  villageois  en  uloient  ordinaire- 
ment. Le  jeu  de  balon  étoit  aufli  fort  commun  , 
c'étoit  une  efpcce  de  jeu  de  paume  que  l'on 
jouoit  en  pouffant  ou  en  repouffant  le  balon 
avec  le  bras  armé.  Voïez  ceux  qui  ont  écrit 
des  Antiquitez.  Mine  lit.  J.  Ep.  i.  décrivant 
la  manière  de  vivre  de  Spurina ,  remarque  que 
dans  certaine  heure  du  jour  il  jouoit  à  la  paume 
long-tems  &  violemment ,  opofant  ainfi  ce  genre 
d'exercice  à  la  pelanteur  de  la  vieilleffe. 

Paume.  [  Palmus.  ]  On  fe  fert  de  ce  mot  en 
parlant  de  la  taille  des  chevaux  deftinez  pour 
la  guerre  ,  &  c'eft  la  mefure  de  la  hauteur  du 
poing  fermé.  (  Un  cheval  eft  de  bon  fervice 
pour  la  guerre  lorfqu'il  a  feize  paiwus  ou  un 
peu  plus.  ) 

Paumer  ,  V.  ^.  [  Impingere  alapam.  ]  Ce 
mot  eft  bas  &  du  petit  peuple  de  Paris.  II  veut 
Ane  joufieter.  (Elle  lui  a  paumé  la  gueule.  Je  te 
paumerai  la  gueule.  ) 

Paumilr,/ot.  [  Sphœrijlerius.  ]  Ce  mot 
fignifie  h  maître  du  jeu  de  paume  ,  mais  il  ne  fe 


P  A  V. 

dit  guère  feul.  Les  gens  du  métier  difent  paumler- 
raquetier  ;  mais  parmi  les  gens  du  monde  ,  on 
dit  le  maître  du  jeu  de  paume,  ht  paumier -raquetier 
eft  celui  qui  tient  un  jeu  de  paume  ,  qui  fait 
&  vend  des  baies  &  des  raquetes ,  mais  qui 
ne  peut  vendre  des  raquettes ,  à  moins  qu'elles 
n'aient  frapé  la  baie.  Voiez  Raquetier. 

P  A  u  M  £  L  I,  F  ,  /  /  [  Dijlichum  hordeum  ] 
Efpéce  d'orge  qui  n'a  que  deux  rar.»s  de  grains. 

Paumelle.  [  Vejligium.  ]  C'eft  aufli  une  efpéce 
de  panture  de  porte  qui  s'atache  fur  le  bois  , 
&  qui  tourne  fur  un  gond. 

Paumelle.  [  Digitale.  ]  Terme  de  Mer.  C'eft 
le  dez  que  les  Treviers  ont  à  la  main  quand  ils 
coufent  les  voiles. 

Paumelle.  Morceau  de  bois  plat  ,  plus  long 
que  large  ,  dentelé  par-deffus  ,  que  l'on  tient 
d'une  main  par  le  moyen  d'une  efpéce  de 
manicle.  Cet  inftrument  fert  aux  Corroïeurs  à 
tirer  les  cuirs  fur  la  table  pour  les  rendre  plus 
maniables. 

Paumure  )  /^/  [  Cornu  cervi  apex.  ]  Terme 
de  ChaJJ'e.  C'eft  le  fommet  des  têtes  de  cerf  où 
le  bois  fe  divife  en  plufieurs  branches  ,  qui  étant 
au  nombre  de  cinq  ,  repréfente  la  paume  de 
la  main. 

Pavois,  /.OT.  [  Scutum  ,  pelta.  ]  Vieux 
mot  pour  dire  bouclier.  On  ne  peut  fe  fervir  du 
mot  de  pavois  ,  qu'en  riant  ou  qu'en  parlant 
des  chofes  fort  éloignées  de  notre  fiécle.  (  Lorf- 
que  les  Seigneurs  avoient  élu  les  Rois  ,  ils  les 
élevoient  fur  un  grand  pavois  &  les  faifoient 
porter  dans  le  camp ,  où  le  peuple  étant  affem- 
blé  en  armes  ,  confirmoit  le  choix.  Mènerai  , 
Hijloire  de  France  ,  vie  de  Pharamond.  ] 

Le  même  Hiftoriographe  fe  fert  du  mot 
Paveché  ,  pour  lignifier  celui  qui  eft  couvert 
de  pavois.  [  Scutis  teclus.  ] 

^^ Pavois.  Terme  de  Marine.  C'eft  une  tenture 
de  frife  ou  de  toile  que  l'on  tend  autour  des 
vaiffeaux  de  guerre  &  qui  eft  contenue  par  des 
pointillés  pour  cacher  ce  qui  fe  paffe  fur  le 
pont  pendant  un  combat  ;  on  s'en  fert  auffi 
pour  orner  un  vaiffeau  dans  un  jour  de  réjoiiif- 
iance.  Les  pavois  des  Anglois  font  rouges  ;  & 
par  une  Ordonnance  de  1 670.  les  pavois  doivent 
être  de  couleur  bleue  femée  de  fleurs  de  lis 
jaunes.  Les  mots  de  B.iflingues  ,  B.iftingures  , 
Bajlingueres  ,  font  ftnonimcs  avec  pavois. 

Pavoiser.  C'eft  entourer  le  bord  d'un 
vaiffeau  d'un  tour  de  drap  ou  d'une  toile  large 
d'une  aulne  de  France  ;  ce  qui  fe  pratique  dans 
les  jours  de  réjouiffance  ou  de  combat ,  tant 
pour  1«  combat  que  pour  ne  pas  laiffer  voir 
les  foldats.   Aubin. 

P  a  V  o  T  ,  /  /«.  [  Papaver.  ]  Il  y  a  des  pavots 
fauvages  &  des  pavots  cultivez.  Ces  pavots 
font  rouges  ,  blancs  ou  noirs ,  &  tous  refrigé^ 
ratifs  &  propres  à  faire  dormir.  Le  pavot  cultive 
eft  une  efpéce  de  fleur  rouge  ,  blanche  ou 
panachée   en   forme    de    hoiipe.   Voiez  poncea. 

Les  Poètes  repréfentent  le  Dieu  du  fommeil 
couché  fur  des  pavots. 

(  Le  Dieu  couronné  de  pavots 
A  peine  ce  matin  m'avoit  abandonnée, 
Qu'Apollon  à  mes  yeux  encore  à  demi  clos, 
S'eft  fliit  voir  de  lauriers  la  tête  environnée. 
Deihoulieres.  ) 

*  Comparer  la  rofe  au  pavot.  Façon  de  parler 
proverbiale  ,  pour  dire  comparer  des  chofes 
qui  ne  font  point  comparables. 


r  A  V. 

Pavot  cornu.  [  GLuichim  flon  lutta.  ]  II  y  en 
a  de  trois  efpcces  :  les  feuilles  de  la  première 
reffemblent  au  Verbafcum  de  Montpellier  ;  celles 
de  la  féconde,  aux  feuilles  de  la  roquette  ,  & 
la  troifiéme  ,  à  des  feuilles  plus  petites  que  les 
deux  premières  efpéces.  Toutes  trois  contienent 
beaucoup  d'huile  &  de  fel  effentiel  :  elles  font 
fort  réfolutives  apliquées  extérieurement. 

Paupière  ,  /.  f.  Prononcez  popiere.  Il 
vient  du  Latin  palp^bra.  C'eft  ce  qui  couvre 
les  yeux  &  qui  les  défend  pardevant  contre 
l'air  ,  le  vent ,  la  fumée  ,  les  moucherons  & 
autres  incommoditez.  Il  y  a  deux  paupières  en 
chaque  œil  ,  l'une  en  haut ,  &  l'autre  en  bas. 
Elles  fe  meuvent  vite  afin  de  récréer  la  vue 
&  de  ne  pas  empêcher  l'œil  de  voir.  Elles  font 
compofées  de  peau  ,  de  cartilages  ,  de  muicles , 
de  membranes  &  de  poils  qui  font  rangez  dans 
im  trôs-bel  ordre  pour  ne  pas  nuire  à  la  vue , 
&  défendre  les  yeux  des  chofes  les  plus  légères, 
comme  de  la  pouffiere  &  des  moucherons. 
Voïez  Bartolin ,  Anatom'n, 

(  Sa  bouche  de  l'enfance  avoit  tout  l'agrément , 
Et  fes  yeux  qu'adoucit  une  brune  paupicre 

Plus  bleus  que  n'eft  le  Firmament , 

Avoient  aufli  plus  de  lumière. 

Perrault  Grifdid.) 

Permer  la  paupière.  C'eft  dormir.  (  Je  ne  puis 
fermer  la  paupiln  depuis  huit  jours.  )  On  le  dit 
aufli  poétiquement  pour  mourir,  (  Il  a  fermé  la 
paupière.  ) 

Pause,  f.f.  [  Interpojîca  quies  ,  ceffatio  , 
paiifa.  ]  Prononcez  p'ofe.  La  paufe  confifte  à 
prendre  quelque  repos.  C'eft  l'aftion  de  fe 
repofer.  (  Il  faut  faire  une  paufe  ici ,  &  puis 
nous  continuerons  nôtre  chemin. 

Le  fujet  fimple  &  clair  n'enfermant  qu'une  chofe 
S'avançoit  vers  la  fin  fans  détour  &  dus  paufe, 

ViiUrs.  ) 

Paufe.  [  (luies.  ]  Terme  de  Po'èfîe  Françoife. 
C'eft-à-dire  ,  repos.  (  Les  vers  de  douze  filabes 
doivent  avoir  une  paufe.  Les  ftances  de  fix  & 
de  dix  doivent  auffi  avoir  des  paufes.  )  Voïez 
repos. 

Paufe.  [  Cantâs  intirmijfio.  ]  Terme  de  Mufîque. 
Certaine  marque  dans  les  livres  de  mufique  , 
ou*  veut  dire  qu'il  faut  qu'une  partie  ceffe  de 
chanter  pendant  que  les  autres  continuent.  Il 
y  a  des  paufes  de  quatre  mefures  ,  de  deux  , 
d'une ,  &c.  Les  plus  petites  paufes  s'apellent 
foupirs  &  demi-foupirs.  Ox,an ,   Dicl.  Math. 

y  ;  Pauses.  Terme  de  Navisation.  Ce  font 
des  bateaux  fort  larges  &  fort  longs ,  dont  on 
fe  fert  à  Arcangel  en  Mofcovie  pour  porter  les 
marchandifes  à  bord.  Aubin. 

f  Pause'  ,  Pause'e  ,  adj.  Prononcez  pofL 
Voïez  pnfé. 

Pause  MENT  ,  adv.  Voïez  pofément. 
•j*  Pauser  ,  V.  n.  [  Paufare  ,  paufam  facere,] 
Faire  une  paufe.    Il  ne  fe  dit  qu'en  terme  de 
mufique. 

Pauvre,  y!»?.  [  Pauper  ,  inops  ,  egens.  ] 
Celui  qui  eft  dans  la  difette  &  la  néceflitè. 
(  Les  vrais  pauvres  font  les  membres  de  Jefus- 
Chrift.  En  foulageant  la  mifere  des  pauvres , 
vous  entretenez  quelquefois  leur  pareffe. 
FUchier.  ) 

Combatez-vous  vos  fens ,  domptez- vous  vos  foibleffes  ? 
Dieu,  dans  le  pauvre,  eft-il  l'objet  de  vos  largefîcs  ? 

Defpriaux  ) 
Tome  III, 


P  A  V.  75 

II  y  a  des  pauvris  honteux.  [  Inopes  verecundi.  ] 
Des  gens  de  famille  qui  foufFrent  beaucoup  dô 
néceffité  fans  ofer  la  découvrir. 

Pauvre ,  adj.  Qui  eft  dans  la  néceflîté.  Qui 
foufFre  à  caufe  de  la  pauvreté  où  il  eft.  Qui 
n'eft  pas  riche.  (  Malherbe  eft  mort  pauvre. 
Le  Taffe  a  été  pauvre,  6c  n'eft  pas  mort  plus 
riche  que  Malherbe.  ) 

Pauvre.  Se  dit ,  par  extenfion ,  d'une  perfonne 
qui  n'a  pas  de  quoi  fubfifter  honorablement 
félon  fa  condition. 

*  Pauvre  d'efprit.  [  f^enâ  paupere  illi  ingenium 
mariât.  ]  C'eft  un  imbécille  qui  manque  de 
jugement  &  de  vivacité  d'efprit  pour  compren- 
dre les  chofes. 

Pauvre  en  efpiit.  [  Pauper  fpiritu.  ]  Terme  de 
l'Ecriture  Sainte.  Ce  font  les  efprits  fimples  & 
humiliez  par  le  fentiment  de  leur  mifere  fpiri- 
tueile.  (  Bienheuveux  font  \ts  pauvres  en  efprit , 
car  le  Roïaume  des  Cieux  leur  apartient.  Saint 
Mathieu  ,   ch.  à.  ) 

*  Pauvre  volontaire.  C'eft  celui  qui  renonce 
volontairement  aux  biens  du  monde. 

*  On  dit  d'une  langue  qu'elle  eft  pauvre  y 
[  innps  Ungua  ]  quand  elle  manque  de  plufieurs 
mots  &  des  expreffions  dont  elle  auroit  befoin 
en  plufieurs  rencontres.  On  acufe  le  François 
d'être  une  langue  pauvre  ;  elle  ne  paroit  telle 
qu'à  ceux  qui  ne  la  fçavent  pas. 

Pauvre,  [fnfelix.]  Afligé,  malheureux.  Défolé. 
(  Ces  pauvres  Princeffes  ne  pouvant  les  empê- 
cher ,  ne  faifoit  point  de  réponfes.  Faug.  Quint, 
liv.  3.  c.  12.) 

Scudery  dit  dans  fa  Tragicomédie  des  Coups 
d'Amour  &  de  Fortune ,  que  Sarrafin  mettoic 
au-deffus  de  tous  les  Poèmes  dramatiques  de 
fon  tems  : 

AflTez  &  trop  long-tetïis  ma  pauvre  ame  abatuë 
A  fouffert  les  ngueurs  de  l'ennui  qui  la  tuë. 

^;j'  Pauvre  ,  n'eft  point  du  ftile  héroïque  ; 
on  dit  ce  pauvre  homme  ,  d'un  homme  que  l'on 
plaint  &  pour  qui  l'on  s'intérefl"e. 

Pauvre.  [  Imperitus  ,  futilis.  ]  Ce  mot  fe  dit 
des  perfonnes  qui  travaillent  de  l'efprit  ou  des 
mains,  &  lignifie  chetif ,  qui  ne  fait  rien  qui  vaille, 

(  Ménage ,  ce  pauvre  Poëte  , 
Dit  qu'il  a  fait  mon  Epitéte. 

Boileau  ,  Avis  à  Ménage.  ) 

On  dit  en  ce  fens,  un  pauvre  livre  ,  un  pauvre 
Auteur. 

Pauvre.  [  Defpiciendus  ,  COntemptibilis  ,  nullius 
momenti.  ]  Ce  mot  fe  dit  des  chofes ,  &  veut 
dire,  chetif,  tniférable.  (Les  foupirs  &  les  lan- 
gueurs font  à  mon  gré  une  pauvre  galanterie. 
Le  Comte  de  Bujfy  ,  Hifloire  amoureufe,  ) 

Pauvre.  [  Sirnplex  &  reclus.  ]  Ce  m.Ot  fe  dit 
aufli  des  perfonnes  &  veut  dire  naïf,  fimple , 
qui  n  entend  aucune  finejfe.  (  La  naïveté  avec 
laquelle  le  pauvre  homme  mandoit  ces  nouvelles 
fit  rire  cette  folle.  Le  Comte  de  Buffy ,  Hifoire 
amoureufe.  ) 

Pauvre.  [  Tennis.  ]  Mifèrable.  Qui  ne  fçait 
pas  bien  ufer  de  fon  bien.  (  Vous  êtes  riche  en 
éfet ,  &  l'on  vous  tient  pour  un  pauvre  homme. 
Corn.   Ep.   l.    l.) 

Pauvre.  [  Pauperculus.  ]  Ce  mot  fe  dit  par 
un  fentiment  de  compaflion  ,  d'amour  ou  d'a- 
mitié qu'on  a  pour  une  perfonne.  Ce  pauvre 
garçon  avoit  gardé  jufques  à  ce  mouchoir.  Que 
je  plains  le  pauvre  garçon.  Le  Comte  de  Buffy.  ) 

Kij 


76       PAU.    PAY.    PEA. 

Pauvre.  [  Carus  ,  cara.]  Ce  mot  (a  dit  en  terme 
de  carcffi  ,  &  fignifie  ,  tUn  aimé  ,  cher.  (  Ma 
p.iuvre  Toinette,  crois-tu  qu'il  m'aime  ?  Molière.) 

Pauvrement,  adv.  [^Tcnuiter.^  Avec  pau- 
vreté.  (  Vivre  pauvrement,  j 

■f  Pauvret  ,  Pauvreté  ,  ac!/.  [  Pauperculus.) 
Chctif ,  malheureux  ,  qui  eft  dans  la  pauvreté 
&  dans  la  difette. 

(  Il  foiit're  un  étrange  fuplice  , 
Mais  le  pauvret  eft  fans  malice. 

Foilure  ,  po'éf. 

La  pauvreté  n'a  pas  un  double.  Le  Comte  de 
Bufy. 

Le  tems  n'ofrit  plus  rien  .i  fes  attrais 
Que  maris  au  rabais; 
Et  la  pauvreté  délaifl'ée 
N'eut  qu'un  provincial  épais. 

Coulangcs.  ) 

Pauvreté',  yiyi  [  Paupertas  ,  inopia  , 
tgeflas.  ]  Dilette.  NecefFité.  (  On  mérite  beau- 
coup lorfqu'on  foufre  la  pauvreté  chrétiennement 
&  pour  l'amour  de  Jefus-Chrift.  La.  pauvreté  k 
qui  eft  né  quelque  chofe  eft  plus  dure  &  plus 
odieufe  que  la  mort.  Patru  plaid.  6.  Chez  les 
Anciens  la  Pauvreté  étoit  une  Divinité  allégo- 
rique ,  fille  du  luxe  &  de  l'oifiYeté  ou  de  la 
parelTe.  ) 

Pauvreté.  [  Votiim  paupertatis'\  Un  des  trois 
vœux  de  Religion  par  lequel  le  Religieux 
renonce  à  tous  les  biens  du  fiécle  &  ne  poiTéde 
rien  en  propre.  (  La  Régie  de  Saint  François 
eft  celle  qui  fait  plus  rigoureufement  obferver 
la  pauvreté.  Garder  la  pauvreté.  Faire  vœu  de 
pauvreté.  ) 

On  dit  proverbialement ,  pauvreté  riejl  pas 
vice  ,  mais  ce(i  une  efpéce  de  ladrerie  ,  tout  le 
monde  la  fuit. 

\  *  Pauvreté.  [  Imptiœ  ,  nugœ  ,  dcliramerta.'j 
Ce  mot  fe  dit  au  figuré  &  n'entre  que  dans  le 
flile  fimple  &  la  converfation  ,  &  il  fignifie 
fotifes  ,  paroles  fotes  &  vuides  de  bon  fens.  (  C'eft 
un  homme  qui  dit  les  plus  grandes  pauvreté^ 
du  monde. 

Et  les  foins  où  je  vois  tant  de  femmes  fenfibles , 

Me  paroiiTent  aux  yeux  des  pauvrete^^  horribles. 

Molière  ,  Femmes  Suvuntei.  ) 

Pauvreté,   fis   dit   des  langues.   (  Lz.  pauvreté 
de  cette  langue.  ) 

PAY. 

Payable,  Payer.    Voiez  la  colomne  Pai, 
Payen.   Voiez  la  colomne  Pai. 
^5"  P  a  ISA  GIS  te.   Un  Peintre  qui  réuflît 
parlaitement  en  païfages. 

PEA. 

Péage  ,f.  m.  [  Vecligal ,  portorîum  ,  trlbutum.^ 
Terme  de  Coutume.  C'eft  un  droit  Seigneurial 
qui  fe  prend  fur  le  bétail ,  ou  fur  la  marchan- 
dife  qui  pafl'e  ,  pour  entretenir  les  ponts ,  les 
ports  &  les  paffages  ,  fçavoir  ce  qui  fe  tranf- 
porte  &  ce  qui  pafle  d'une  contrée  en  une  autre. 
(  Le  péage  eft  dû.  Les  enfans  de  France  &  les 
Princes  du  fang  font  exemts  de  tout  péage.  On 
ne  peut  impofer  aucun  péage  fans  la  permiifion 
du  Roi.  Voiez  Ragueau  ,  des  droits  Hoïaux. 
4rrêt  portant  fupreflion  As  péage.   Le  Maître  ) 


PEA. 

On  ne  peut  dire  fi  le  mot  de  péage  eft  dérivé 
de  peagium  OU  pedagium ,  dont  les  Auteurs  de 
la  bafl'e  Latinité  fe  font  fervis ,  comme  Ménage 
l'a  remarqué  ,  ou  fi  le  mot  Latin  n'a    point  été 
formé  du  François.    Outre  les  tributs  que  l'on 
exigeoit  pour  fournir  aux  dépenfes  de  la  Répu- 
blique Romaine  ,  il  y  en  avoit  un  général  impofé 
fur  toutes  les  marchandifes  que  l'on  tranfportoit 
d'un  lieu   en   un  autre  ,    &  que  l'on   apelloit 
vecîigal  ou  portorium  ,  ce  qui  eft  à  proprement 
parler  nôtre  péage  ,  dont  l'origine  eft  par  confé- 
quent  fort  ancienne  ,  tant  parmi  les  Grecs  que 
parmi  les  Latins  :   mais  on    ne  peut  découvrir 
en  quel  tems   ceux-ci   ont  commencé  d'exiger 
des  droits   fur   les  marchandifes  en  pafl"ant  fur 
leurs  terres  ,  parce  qu'ils  ont  été  long-tems  fans 
avoir  ni  commerce  ni  liaifons  avec  leurs  voifins. 
On  ne  fçait  point  encore  fi  Ancus  Martius ,  qui 
a  ouvert  le  premier  le  port  d'Oftie  ,  y  a  établi 
un  droit   fur   les   marchandifes   qui   y  feroient 
aportées.  Il  faut  pourtant  que  les  péages  euflfent 
été  établis  fous  les   Rois,   puifque   Flutarque, 
Denis  d'Halicarnafl"e  &  Tite-Live  ont  remarqué 
que  Publicola  abolit  les  péages  ,  ainfi  que  plu- 
fieurs  autres  charges  dont  le  public  étoit  oprim.é: 
mais  la  République  ayant  étendu  fa  domination  , 
elle  fut  obligée,  pour  (butenir  plufieurs  guerres, 
de  conferver  ce  qu'elle  avoit  aquis ,  &  d'aug- 
menter fes  conquêtes  ,  de  rétablir   ces  anciens 
fubfides  ,  &  même  d'en  impofer  de  nouveaux 
fur  tout  ce  que  l'on  portoit  à  Capoue  ,  à  Pouzol 
&  dans  le  camp ,  qui  avoit  autrefois  été  afranchi 
de  toute  forte  de  droits  ,  fuivant  la  loi  g.^.  y, 
ff.  de  Publican.   Ainfi  Rome  &  toute  l'Italie  fe 
virent  acablées  de  fubfides  ,  jufques   au  tems 
où  Cecilius  Métellus  étant  Préteur ,  abolit  les 
péages  dans  toute  llralie.    Cet  afranchiffement 
fubfifta  dans  l'Italie  jufques  à  la  deftruftion  de 
la  P^épublique  &  de  la  liberté  ;   car  au  raport 
de   Suétone  ,  Jules  Céfar  renouvella  tous  ces 
fubfides ,  ce  qu'Augufte    confirma.    Il  eft  vrai 
que  fi  nous  en  croïons  Tacite ,  Néron  eut  quel- 
que envie  d'éteindre  ce  tribut  apellé  Portonum  : 
mais  cette  envie  ne  dura  guère.   Au  refte  on 
comprend  aifément  que  portorium  fut  un  tribut 
impofé  fur  tout  ce  qui  entroit  dans  les  ports 
de  la  mer  &  des  rivières,  à  porta  portorium.  La 
confifcation  a  toujours  été  la  peine  de  la  fraude 
faite  à  ces  fortes  de  droits  qui  ont  pafle  jufqiies 
à  nous.    Nous  apellons  Pontonage  ou  Pontenage^ 
celui  que   l'on  levé  fur  les  rivières  ;  Barrage  y 
le  droit  que  l'on  exige  à  la  porte  d'une  ville  ; 
Travers ,  lorfqu'on  eft  obligé  de  paier  quelque 
droit  en   traverfant  d'une   province  ou   d'une 
ville  dans  une  autre. 

O  Charondas  a  remarqué  fur  la  fomme  rurale 
de  Boutilier  tit.  i8-  que  nous  avons  deux  efpéces 
de  péages ,  le  péage   Roial  &  Seigneurial  ;  le 
premier  eft  dû  au  Roi  à  caufe  de  fa  fouveraineté, 
le  fécond  eft  acordé  à  certains   Seigneurs  fous 
condition  ,  dont  la  première    eft  de  tenir  les 
chemins  dans  l'étendue  de  leur  péage  en  bon 
état  &  praticables  ;  la  féconde  de  veiller  à  la 
fureté   des    voiageurs  ;    ce    droit    eft    nommé 
Travers  ,    parce  qu'on  le  paie   pour   avoir   la 
liberté   de    faire    traverfer    d'un  lieu    dans   un 
autre  les  marchandifes  dont  on  fait  commerce. 
L'étendue    dans    laquelle    on    peut    exiger   le 
péage   eft    apellèe    par  la  Coutume  de  Tours 
art.  8i-  Péagerie  ,  dans  laquelle  on  doit  mètre 
à  un  poteau  au  Chef  de  la  péagerie  la  Pancarte 
contenant  les  droits ,  laquelle  ils  doivent  faire 


P  E  A. 

vérifier  pardevant  le  Juge  Roïa!  Siipcrieur  âa 
lieu  ,  oîi  eft  dû  ledit  péage  ,  lequel  rie  doit 
point  être  levé  fur  les  denrées ,  &  provifions 
des  particuliers  ,  Aiivant  les  articles  82  &  S3 
de  cette  Coutume  ,  &  dans  Tarticle  84  ,  il  eft 
réglé  que  qui  a  droit  de  péage  ,  doit  tenir  en 
réparation  les  ponts  ,  ports  &  paffages  fur 
chemins  ,  rivières  &  ruiffeaux  du  grand  chemin 
péager  ,  finon  qu'autres  par  devoir  y  fuffcnt 
tenus.  Le  défaut  de  paiement  de  péage  n'emporte 
que  l'amende  fans  confifcation  ,  conformément 
à  l'article  87.  La  Coutume  d'Auvergne  ,  article 
16.  oblige  de  même  le  Seigneur  qui  a  droit  de 
péage  ,  d'entretenir  les  chemins.  L'Ordonnance 
de  1669.  (i(.  zc).  art.  j.  défend  au.\  proprié- 
taires ,  fermiers  ,  rentiers  &  péagers  de  faifir 
&  arrêter  les  chevaux  ,  équipages  ,  bateaux , 
nacelles  ,  faute  de  paiement  des  droits  qui 
feront  compris  dans  la  pancarte  qui  fera  faite 
&  aprouvée  ;  pourront  feulement  faifir  les 
meubles ,  marchandifes  &  denrées  jufques  à  la 
concurrence  de  ce  qui  fera  légitimement  dû  par 
eftimation  raifonnable  ,  &  y  établir  CommifTaire 
pour  être  procédé  à  la  vente  ,  s'il  y  échoit  ; 
la  contravention  doit  être  enfuite  jugée  par  le 
premier  Oficier  des  Eaux  &  Forêts ,  &  en  cas 
d'abfence  par  le  Ju^  ordinaire  ,  an.  4.  &ic. 

P  e'a  g  e  r  ,  /.  ffz.  [  Portiior.  ]  Fermier  de  péage. 
Celui  qui  exige  le  péage.  (  Les  péagers  doivent 
faire  mètre  les  tableaux  &  les  pancartes  en  lieu 
éminent,  public  &  acceffible,  pour  faire  connoître 
les  droits  qui  font  dûs.  ) 

P  e'a  n.  Les  Péans  ou  Pœans  ,  étoient  ori- 
ginairement des  cantiques  en  l'honneur  d'Apollon 
&  de  Dione  ,  qui  renouvelioient  le  fouvenir 
delà  vidoire  remportée  fur  Pithon, par  Apollon, 
dont  Vtiay  étoit  aufli  l'un  des  furnoms.  Dans 
la  fuite  on  fit  de  ces  Péans  ou  cantiques  pour 
le  Dieu  Mars ,  &  on  les  chantoit  au  fon  de  la 
flûte  en  marchant  au  combat.  Dépuis  encore , 
on  les  étendit  à  quantité  d'autres  Divinitez  , 
&  l'on  en  fit  même  pour  faire  honneur  à  la 
mémoire  des  grands  hommes.  On  en  trouve 
beaucoup  d'exemples  chez  les  Anciens. 

P  EAU  ,  f.  m.  [  Cutis  ,  pellis.]  Prononcez  po. 
Dépouille  d'animal.  (  Une  peau  de  mouton  ,  de 
loup ,  de  lièvre ,  de  renard.  Une  peau  de  poiffon. 
Vnepeau  d'anguille.  Unepeau  de  grenouille  ,  &c. 

Peau.  [  Coriiim.  ]  Ce  mot  entre  en  plufieurs 
façons  de  parler  de  Mégilîier ,  de  Pelletier , 
Peaucier  ,  Corroïeur,  &c.  (Mètre  ■ans peau  en 
couleur.  Terme  de  Peaucier.  Paiffonner  une 
peau.  Terme  de  Gantier  &  de  Peaucier.  C'eft 
tirer  &  étendre  une  peau  fur  le  paiffon.  Fouler 
une  peau.  Terme  de  Corroïeur,  &  d'autres  gens 
qui  travaillent  en  peau.  Luftrer  une  peau. 
Terme  de  Pelletier.  Pommeler  une  peau.  Terme 
de  Pelletier  ,  &c.  ) 

Peau.  [  Cuticula.  ]  Ce  mot  fe  dit  des  hommes, 
c'eft  tout  ce  qui  couvre  fuperficiellement  la 
chair.  (  Avoir  la  peau  toute  écorchée.  ) 

■}■  *  Peau.  Ce  mot  entre  dans  quelques  façons 
de  parler  proverbiale  &  figurée.  Exemples  : 

■f  Qui  ri'enrageroit  dans  fa  peau.  [  Qui  iracun- 
diâ  non  turgefceret.  ]  C'eft-à-dire  ,  qui  ne  feroit 
fâché  dans  fon  ame.  S.  Amand. 

La  peau  vous  démange.  [  Prurit  pellis.  ]  '  Vous 
voulez  être  batuë.  C'eft-à-dire  ,  vous  ne  vous 
fçauriez  contenir  ,  vous  me  pouffez  à  vous 
roffer.  Molière. 

N'avoir  plus  que  la  peau  &  Us  os.  [  Grandi 
fnacie  torridurn  e£e.']  C'eft-à-dire,  être  fort  maigre. 


P  E  A.  77 

//  mourra  dans  fa  jteau.  [  Veterem  peUiculam 
rctinebit.  ]  C'eft-à-dire  ,  il  ne  changera  jamais 
de  m.aniére. 

Je  ne  voudrois  pas  être  dans  fa  peau.  [  Nollem 
in  cudem  efjc  navi.1  C'eft-à-dirc  ,  je  ne  voudrois 
pas  être  en  fa  place.  ) 

On  dit  d'un  poltron,  qu'il  a  peur  de  fa  peau. 
[  Siti  timet.  ] 

On  dit  d'un  homme  qui  s'eft  retiré  fain  & 
fauf  de  quelque  ocafion  dangereufe.  11  a  été  bien- 
heureux d'en  raportcr  fa  peau. 

On  dit ,  je  crains  pour  fa  peau  ,  c'eft-à-dire, 
j'ai  peur  qui  ne  foit  étrillé. 

S  Tant  pis  ,  reprit  le  trifte  oifcau  , 
e  crains  en  ce  cas  pour  leur  peau. 
La,  fa'ituine.  ) 

*  Il  faut  coudre  la  peau  du  renard  à  celle  du 
lion.  Ancien  proverbe  ,  pour  dire  qu'il  faut 
joindre  la  prudence  à  la  force. 

IL  ne  fçauroit  demeurer  dans  fa  peau.  Pour  dire 
qu'un  jeune  homme  eft  inquiet  &c  remuant. 

On  dit  d'un  homme  qui  a  foin  de  fon  corps 
&  qui  fçait  bien  fe  traiter  ,  quil  a  foin  de  fa 
peau.  [  Curât  cutcm.  ]  On  dit  d'un  homme  qui  a 
été  tué  après  s'être  défendu  courageufement , 
qu'il  a  vendu  chèrement  fi  peau.  [  Effufo  niulto 
fanguine  vitam  dédit.  ]  On  apelle  des  contes  de 
vieille  ,  des  contes  de  peau-d'âne.  M.  Perraut  en 
a  donné  en  vers  ;  c'eft  à  cette  ocafion  qu'on 
a  fait  ce  quatrain. 

(  Perraut  nous  a  donné  Peau-d'âne  : 
Qu'on  me  loue  ou  qu'on  me  condamne , 
Ma  foi ,  je  dis  comme  Boileau  , 
Perraut  nous  a  donné  fa  peau. 

Peau.  [  Cutis ,  pellicula.  ]  Ce  mot  fe  dit  des 
fruits.  C'eft  ce  qui  les  couvre ,  foit  au  dehors, 
ou  au  dedans.  (  Ainfi  l'on  dit  ,  la  peau  des 
cerifes  ,  des  prunes ,  des  pommes ,  des  poires  , 
&c.  La  peau  d'un  noïan  de  pêche  ,  d'abricot , 
d'amende  ,  &c.  H  y  a  des  fruits  qui  ont  \a  peau 
douce  ,  les  autres  l'ont  rude  ,  les  uns  l'ont  lifte , 
&  d'autres  ont  \?l  peau  velue  ,  comme  les  coings. 
On  dit  aufli  la  peau  des  mêlons  &  des  concom- 
bres ,  &c.  On  dit  aufli  qu'il  y  a  une  peau  fous 
l'écorce  des  arbres.  On  dit  encore  ,  les  peaux 
de  l'oignon  ,  \?i  peau  des  porreaux ,  &c.) 

Peau.  [  Pellicula.  ]  On  le  dit  encore  de  ce  qui 
fe  forme  fur  diverfes  liqueurs ,  comme  fur  l'encre 
&  fur  les  firops  ,  &  même  fur  le  lait  qu'on  a 
fait  boiiiliir. 

Peaucier, y^  m.  [  Alutarius.  ]  Prononcez 
pôcié.  Marchand  ouvrier  qui  prend  du  Mégiffier 
&  du  Tanneur  des  peaux  de  mouton ,  qui  donne 
les  façons  néceffaires  à  ces  peaux  ,  les  met  en 
couleur ,  &  les  vend  enfuite  aux  Relieurs ,  aux 
Gantiers  &  autres  ouvriers  ou  marchands  parti- 
culiers qui  en  ont  befoin.  (  Un  bon  peaucier  ; 
un  riche  peaucier.  ) 

Mufcles peauciers.  [Mufculi  cuticulares.'j.Terms 
d'Anatomie.  Ce  font  les  mufcles  qui  font  mou- 
voir la  peau  où  il  font  attachez. 

^''  Peautraille.  Vieux  mot  qui  fignifioit 
canaille.  Pathelin. 

M.iis  je  puifle  Dieu  avoijer 
S'il  n'eft  atrait  d'une  peautraille 
La  plus  belle  villemaille 
Qui  foit  je  croie  en  ce  Roîaume. 

•j-  P  E  A  u  T  R  E  ,  /  OT.  [  Giibernacidum.  ]  ^'■iellx 
mot  qui  fignifioit  le  gouvernail  d'un  vaiffcau. 


78  P  E  A.        P  F:  C. 

'Cs'  Pcautn.  Le  gouvernail  d'un  navire  ou 
d'un  bateau.  Nicod  dit  que  ce  mot  a  été  fait 
de  pala  ,  palitra. 

pEAUTRh',  Peautre'e  ,  adj .  Terme  de  BLifon. 
Il  fe  dit  de  la  queue  des  poiffons  quand  elle  eft 
d'autre  couleur  que  le  corps ,  parce  qu'en  éfet 
la  qucuë  des  poiffons  eft  leur  gouvernail,  (  Il 
portoil  d'argent  au  dauphin  de  fable ^c^wri;  d'or.) 

P  E  C. 

P  ï  c  ,  adj.  [  Harengus  noviis  faU  afperfus.  ] 
Epitéte  qu'on  donne  au  hareng  fraîchement  falé 
qu'on  mange  en  Holande  tout  crud  avec  du 
beurre  &  du  pain,  (  Le  hzrtngpec  eft  fort  (ain.  ) 

ii^  Pcc.  Vieux  mot.  {Pcclus.}  On  dit  encore 
dans  le  Palais ,  que  les  Eccléfiaftiques  font  le 
ferment  la  main  au  pec. 

■}"  Pe'cadille  ,  (  Peccadille.  ')/■/■[.  Culpa 
Uvis,  ]  Mot  burlefque  qui  eft  écorchc  de  l'Efpa- 
gnol  pucadïllo  ,  qui  veut  dire  ,  im  peeii  péché , 
une  fuuu  légère.  (  Ce  n'eft  qu'une  pccadUU.  ) 

Peccant,  Peccante,  adj.  [  Pccc3.ns^^ 
Terme  de  Médecin,  Qui  pêche  en  quelque  chofe. 
(  Humeur  peccante,   La  Chambre.  ) 

Peccavi.  Terme  Latin  qui  s'eft  rendu 
François  ,  &  qui  fignifie  confcffîon  defes  piche\. 
(  Il  ne  faut  qu'un  bon  peccavi  pour  avoir  la 
rémiffion  de  fes  péchez.  ) 

Pecha  ,  /.  m.  Monoie  de  cuivre,  qui  a 
cours  dans  plufieurs  lieux  des  Indes  ,  &  qui  vaut 
environ  fix  deniers  de  France. 

PêcHR,  PESCHE,y.  y.  [  Malum  pcrjîcum.  ] 
L'un  &  l'autre  s'écrit  ,  mais  on  ne  prononce 
point  1'/.  La  pêche  eft  le  fruit  du  pêcher.  (Les 
pèches  bien  mûres  font  bonnes  à  l'eftomach  & 
au  ventre.  Il  y  a  de  plufieurs  fortes  de  pêches. 
II  y  a  des  pêches  communes  qui  laiffent  le  noVau , 
qui  ont  la  chair  pleine  de  fuc.  Il  y  a  àes  pêches 
qu'on  apelle  prejfis.  Pèches  noix.  Pèches  coins. 
Pèches  rouges  ,  alberges  ,  pavies  ou  pavis  ,  6:c. 

Là  brilloit  le  teint  vif  des  pêches  empourprées  , 
Ici   le  riche  émail  des  prunes  diaprées. 

Perraut.  ) 

Pêche  ,  pefche  ,  f.  f.  Pifcatiis ,  pifcium  captura.] 
L'nrtde  prendre  les  poiffons.  Manière  de  prendre 
&  de  tirer  de  l'eau  les  perles.  (  La  pèche  eft 
bonne.  Aller  à  la  pèche.  Entendre  la  pêche.  La 
pèche  des  perles  eft  admirable.  Voïez  ia  Floride 
de  Garcilliil/o  de   la  Fega.  ) 

^^  La  pêche  eft  un  exercice  moins  noble 
que  la  chaffe  ,  mais  il  eft  plus  utile  ;  au/Tî  l'on 
en  a  fait  un  art  particulier.  Uipien  ,  célèbre 
Jurifconfulte  ,  a  dit  dans  la  Loi  2.  f.  ne  quid 
in  loeopublico  que  l'ufage  des  eaux  étant  commun 
à  tous  les  hommes  ,  celui  qui  eft  troublé  dans 
la  liberté  de  pêcher  ou  de  naviger  ,  ne  peut 
point  agir  par  complainte  ,  comme  ne  pouvant 
joiiir  d'un  droit  qui  lui  eft  particulier  ;  mais  il 
peut  agir  par  aftion  générale  d'injure  ,  en  ce 
que  l'on  veut  le  priver  d'une  faculté  acordée  à 
tous  les  hommes.  L'Empereur  Juftinien  dans 
fes  Inftituts  tit.  de  rer.  divis.  §.  Flumina.  confirma 
la  liberté  générale  de  pêcher.  Cette  jurifpru- 
dence  n'a  plus  été  reçue  dès  que  l'on  a  déclare 
que  les  fleuves  navigables  étoient  du  domaine 
de  la  Couronne  ;  &  que  les  Seigneurs ,  fur  cet 
exemple ,  fe  font  apropriez  les  ruiffeaux  &  les 
avures  eaux ,  dont  l'ufage  eft  ouvert  à  tout  le 
inonde. 

Nous  avons  donc  différentes  fortes  de  pêches; 


PE  C. 

la  première  &  la  plus  confidérable  eft  celle  de 
la  mer;  la  féconde  eft  celle  des  fleuves  &  des 
rivières  navigables  ;  la  troifiéme  eft  celle  des 
ruiffeaux  des  fontaines  qui  font  dans  les  lieux 
publics  ,  &  la  quatrième  eft  celle  des  étangs. 

La  pêche  de  la  mer  eft  traitée  fort  amplement 
dans  le  cinquième  livre  de  l'Ordonnance  mari- 
time de  l'année  1681.  D'abord  Sa  Majefté 
déclare  la  pêche  de  la  mer  libre  à  tous  fes 
fujets  ,  non-feulement  en  pleme  mer  ,  mais 
encore  fur  les  grèves  ,  &  il  leur  eft  encore 
permis  d'aller  pêcher  dans  les  mers  éloignées  , 
&  fur  les  cotes  d'Irlande,  d'Ecoffe,  d'Angleterre 
&  de  l'Amérique ,  en  prenant  un  congé  de  M. 
l'Amiral  pour  un  voyage.  «  Et  quant  à  ceux 
»  qui  font  la  pêche  du  poiffon  frais  avec  un 
»  bateau  ,  portant  un  mât  ,  des  voiles  &  un 
»  gouvernail  ;  ils  ne  prendront  un  congé  que 
»  pour  chacun  an  ,  fans  qu'ils  foient  obligez 
»  de  faire  aucun  raport  à  leur  retour  ,  fi  ce 
»  n'eft  qu'ils  aient  trouvé  quelque  détroit ,  vfi 
»  quelque  côte  ou  fait  quelque  rencontre  confi- 
»  dèrable  à  la  mer ,  dont  ils  feront  leur  décla- 
»  ration  aux  Oficiers  de  l'Amirauté.  >» 

Mais  en  acordant  la  liberté  de  pêcher  ,  le 
Roi  a  prefcrit  la  manière  des  filets  &  des  rets 
dont  les  pêcheurs  peuvent  fe  fervir  dans  les 
pêches  de  la  mer.  La  première  efpèce  eft  apellée 
Folles ,  qui  font  des  filets  à  grandes  mailles 
de  cinq  pouces  en  quatre  ,  dont  on  fe  fert  fur 
les  côtes  de  l'Océan  pour  prendre  des  rayes 
&  d'autres  gros  poiffons  plats.  Drege  ,  filet 
avec  lequel  on  prend  les  plus  délicats  poiffons, 
comme  turbots,  foies  6c  barbues;  leurs  mailles 
doivent  être  d'un  pouce  neuf  lignes  en  quarré. 
Tramail  ;  il  n'eft  point  de  pêcheur  qui  ne 
connoiffe  cette  efpèce  de  filet ,  lequel  eft  propre 
à  la  pêche  &  à  la  chaffe  ;  il  fe  fait  ordinaire- 
ment, félon  l'auteur  des  rufes  innocentes  ,  avec 
des  mailles  à  lozange ,  tant  pour  les  aumez  ou 
grandes  mailles  ,  que  pour  la  toile  ou  petites 
mailles ,  bien  qu'on  puiffe  faire  ces  aumez  à 
maille  quarrée  :  on  fait  ce  tramail  auffi  long 
qu'on  veut  ;  la  hauteur  eft  ordinairement  de 
quatre  pieds  ,  &  on  le  peut  faire  plus  ou  moins 
haut,  félon  qu'on  le  trouve  à  propos.  Picots; 
leurs  mailles  doivent  être  d'un  pouce  neuf  lignes 
en  quarré  ,  les  mailles  des  filets  apellez  Picots 
feront  de  pareille  grandeur  que  celles  de  la  DrégCy 
&  feront  chargez  d'un  quarteron  de  plomb 
ou  plus  par  braffe.  Ravoir  ;  le  Ravoir  eft  une 
efpèce  de  rets  ou  de  filet  qui  eft  tendu  fur  les 
grèves  que  la  mer  couvre  &  découvre.  Cour- 
tine ,  filet  que  l'on  tend  fur  les  fables  que  la 
mer  couvre  &  découvre  par  fon  flux  &  reflux, 
il  eft  en  ufage  fur  les  côtes  de  Normandie  :  ils 
doivent  avoir  deux  pouces  en  quarré  ,  &  on 
en  attache  avec  des  pieux  plantez  dans  les  fables. 
Boteux  ,  un  petit  filet  attaché  à  un  bâton 
fourchu  que  les  pêcheurs  pouffent  devant  eux 
fur  les  fables ,  &  dont  on  fe  fert  fur  les  côtes 
de  rOcean.  Bout  de  quifure  ;  c'eft  la  même 
chofe.  Coleret;  c'eft  un  filet  que  deux  hommes 
traînent  en  mer  auffj  avant  qu'ils  y  peuvent 
entrer  ou  prendre  pied  :  on  s'en  fert  fur  les 
côtes  de  Normandie. 

PêcHERiE  ,  c'eft  un  ufage  dans  la  Fffeffe 
de  faire  un  grand  creux  au  bout  des  étangs'ïians 
lequel  le  poiffon  fe  retire  ,  à  mefure  que  l'eau 
s'écoule  ,  pour  être  péché  ,  &  ce  creux  eft 
apellé  pêcherie. 

P  £  c  H  e'  ,  /  TO.  Faute  contre  Dieu.  (  Un  gros 


P  E  C. 

péché.  Un  peclié  véniel.  C'eft-à-dire,  un  péché 
léger  ,  &  qui  eft  digne  de  pardon.  Faire  un 
péché  véniel.  ) 

Vit  efclave  toujours  fous  le  joug  du  pechc , 
Au  démon  qu'il  redoute  il  demeure  attaché. 

Defpr.) 

Péché  mortel ,  [  Peccatum  mortale.  ]  C'eft  un 
péché  qui  donne  la  mort  à  l'ame  ,  &  qui  la  prive 
de  la  grâce  de  Dieu.  (  Commettre  un  péché 
mortel.  ) 

Il  repéta  cent  fois  que  c'étoit  chofe  atroce , 
Et  de  pechi  mortel  traita  chaque  carolFe. 

Vill.  ) 

Péché  originel.  [  Peccatum  originis  ,  primœva 
lahes.  ]  C'ell  le  péché  du  premier  homme  qui 
pafle  dans  tous  les  autres  hommes.  Voïez  originel. 

Péché  actuel.  [Peccatum  actnale.]  C'eft  un  péché 
fait  par  quelqu'un.   Il  eft  opofé  k  péché  originel. 

Un  péché  d'omiffion.  [  Peccatum  omifjlonis.  ]  Un 
pechi de commijjion.  XJnpechéde  furprife.  (Demeurer 
dans  le  pcché.  Tomber  dans  le  péché.  On  difoit 
en  fe  raillant  du  Père  Bauni ,  qu'il  étoit  l'agneau 
de  Dieu  qui  ôtoit  les  péchez  du  monde.  Com- 
mettre un  péché  contre  nature.  Le  péché  de  la 
chair ,  &c.  on  le  met  au  rang  des  peche^ 
efface-,  C'eft-à-dire  ,  on  ne  fe  fouvient  plus  de 
lui.  Régnier.  ) 

P  e'  c  H  E  R  ,  V.  72.  [  Peccare ,  delinquere.  ]  Faire 
im  péché.  (  Pécher  avec  connoiffance.  Pécher 
fans  connoiflance.  Pécher  par  ignorance. 

Votre  place  .'  qui ,  moi  ?  vous  voir  ainfi  pécher  ? 
Non ,  non ,  venez  à  pied ,  Monfieur  :  touche ,  cocher. 

Vill.  ) 

Le  jufte  en  un  jour ,  dit  le  Sage; 
Fiche  fept  fois  &  davantage  ; 
Mais  la  femme  jufte  combien  ? 
Ma  foi  le  Sage  n'en  dit  rien. 

Po'ét.  anon.  ) 

■*  Pécher.  [  Errare.  ]  Ce  mot  au  figuré  veut 
dire  manquer.  T*  Sa  comédie  pèche  contre  toutes 
les  régies  de  l'art.  Molière ,  Critique  de  l'Ecole 
des  Femmes.  Pécher  contre  le  fens  commun.  Abl. 
On  pèche  contre  la  Grammaire  quand  on  fait 
des  folécifmes.  On  pèche  contre  la  pureté  de 
la  langue  quand  on  fe  fert  de  mots  barbares. 
Un  Foëte  latin  peut  pécher  contre  la  quantité , 
&  un  Poète  François  contre  la  rime  ,  &c. 

Pécher.  [Peccare.']  Terme  de  Médecin.  Il  fignifie 
n'être  pas  tel  qu'il  devroit  être.  (Le  fang  pèche 
en  qualité.  Il  pèche  aufli  quelquefois  feulement 
en  quantité.  ) 

PêcHER  ,  (Pescher,)  V.  a.  [Pifcari.']  On  ne 
prononce  pas  Vs.  C'eft  prendre  des  poifl"ons , 
ou  autre  chofe  de  cette  nature  dans  l'eau  avec 
des  filets  ,  ou  autre  inflrument  fervant  à  la 
pêche.  Faire  couler  l'eau  de  quelque  lieu  où  il 
y  a  du  poifl'on  ,  pour  prendre  enfuite  le  polflon. 
(  Pêcher  une  carpe  ,  pêcher  un  plat  de  poiiTon. 
Pêcher  un  étan?,  un  vivier.  Pêcher  avec  la  feine 
&  le  tramail.  Pêcher  à  la  ligne.  La  manière  de 
pêcher  les  perles  eft  tout-à-fait  extraordinaire.  ) 

t  ■*  Où  a-t-il  été  pécher  cela  ?  C'eft-à-dire  ,  où 
a-t-il  été  prendre  cela  ? 

Pécher  en  eau  trouble.  C'eft  tourner  à  fon 
avantage ,  à  fon  profit  le  défordre  des  affaires 
publiques  ou  particulières ,  s'en  prévaloir  pour 
taire  fes  propres  affaires. 

PêcHER  ,  (  Pescher  ,)  f.  m.[  Perfica  ,  perjîcus.] 
L'un  6c  VawiK  s'écrit ,  mais  on  ne  prononce  pas 


P  E  C.  79 

r^.  C'eft  un  petit  arbre  qui  porte  des  pêches  , 
qui  croît  dans  les  vignes  ,  les  jardins  &  les 
vergers  ,  &  qui  a  les  feuilles  un  peu  dentelées  , 
&  un  peu  plus  grandçs  que  celles  de  l'amandier. 
(Voilà  un  pêcher  bien  chargé  dépêches.) 

Pécheresse  ,//  [Mulier  libidinojli,  peccatis 
obnoxia.]  Celle  qui  fait  des  péche^.  (Je  fuis  une 
grande  péchereffe.  Une  vieille  pèchereffe.  «S'car, 
Elle  imite  avec  fes  pleurs  la  fainte  péchereffe. 
Régnier,  Satyre  13.  C'eft-à-dire  ,  la  péchereffe 
dont  il  eft  parlé  dans  l'Evangile ,  &  que  l'on 
confond  mal  à  propos  avec  la  Magdel^ne.  Oh 
le  fait  auffi  adjedif  ) 

Quand  Dieu  viendra  juger  les  vivans  &  les  morts , 
Et  des  humbles  agneaux  objet  de  fa  tendreffe , 
Séparera  des  boucs  la  troupe  pécherejfe. 

Defpr.  ) 

Pécheur,/^  m.  \_Peccator ,fcelejlus.'\  Celui 
qui  fait  des  péchez.  (Franc  pécheur  ,  pécheurs 
endurcis  ,  pécheurs  fans  mélange  ,  pleins  & 
achevez.  Pafc.  l.  4. 

Lorfqu'un  pécheur  émû  d'une  humble  repentance. 
Par  les  degrez  prefcrits  court  à  la  pénitence. 

Defpr. ^ 

PêcHEUR,  OU  Pesuieur,/  m.  [PiCcator."]  On  ne 
prononce  pas  l'i.  Celui  qui  pêche.  Celui  qui  fait 
métier  de  pêcher  ,  &  qui  s'entend  à  la  pêche. 
(Un  bon  pêcheur.) 

Un  carpeau  qui  n'étoit  encore  que  fretin , 
Fut  pris  par  un  pécheur  au  bord  d'une  rivière. 

La  Font.  ) 

Pêcheur  à  verge.  [  Hamiota.  ]  C'eft  celui  qui 
pêche  à  la  ligne.  (Etre  reçu  pêcheur.  Les 
pêcheurs  ont  pour  leur  fête  la  S.  Nicolas.) 

Le  Pape  parlant  du  fceau  de  fes  Lettres  ,  dit 
qu'elles  ont  été  données  fous  l'anneau  du  pécheur. 
[  Sub  annula pifcatoris.  ]  Parce  qu'on  fupofe  que 
S.  Pierre  ,  comme  pêcheur  ,  s'en  eft  fervi  le 
premier. 

Pécheur.  Sorte  d'oifeau  qu'on  apelle  ordinai- 
rement en  François  martin  pécheur ,  &  les  Italieiis 
ucello  fanta  Maria.   Voïez  Martin. 

Pechyagre,  y!/".  Efpèce  de  goûte  qui  ocupe 
le  coude. 

Peck,  ou  Picotin.  Mefure  d'Angleterre 
pour  mefurer  toutes  fortes  de  grains. 

•{■  P  zcoKr  ,  f.f.  (  Stipes.  ]  Ce  mot  au  propre 
fignifie  ,  un  animal.  Une  bétt ,  mais  il  eft  bas  & 
burlefque.  (La  chétive  pécore  s'enfla  fi  bien, 
qu'elle  creva.    La  Fontaine,  Fables,  l.  i.) 

f  *  Pécore.  [  Stolidus ,  Jlupidus.  ]  Ce  mot  au 
figuré  eft  bas ,  &  fignifie  ,  Sot.  Sote.  Qui  n'a 
point  ou  peu  d'efprit.  (  C'eft  unegroffe  pécore. 
C'eft  une  petite  pécore.  ) 

P  E  c  CLu  E  ,  ou  p  e'q.u  V.,  f.  f.  [Stolidus.]  Mot 
burlefque  &  injurieux ,  qui  ne  fe  dit  que  des 
femmes  &  des  filles  ,  &  qui  veut  dire  ,  Miferable. 
Mal-bdtie.  Sote.  (  A-t-on  jamais  vu  deux  pecques 
provinciales  faire  plus  les  renchéries  ?  Mol.  ) 

P  E  c  T  E  N,/  m.  Efpèce  d'huitre  dont  la  coquille 
a  la  figure  d'une  main;  elle  eft  bonne  à  manger. 
Elle  eft  déterfive  &  apéritive. 

Pectoral, /w.  [  Pectorale.  ]  Pièce  de 
broderie  que  le  grand  Prêtre  des  Juifs  mettoit 
fur  fon  habit  devant  fon  eftomac.  (Le  peftoral 
du  grand  Prêtre  étoit  beau.  Voïez  là-deffus 
Port-Royal  ,   Hifloire  de  la  Bible.  ) 

Pectoral ,  peUôrale  ,  adj .  [Pectoralis.]  Qui  pend 


8o  P   E  C. 

fur  l'eftomac.  (  En  ce  fens  on  dit  ,  une  croix 
pectorale.  C'eft  la  croix  que  les  Evoques  Te  mettent 
au  cou  quand  ils  font  en  état  d'oficier.  ) 

+  Pectoral,  pccîoraU,  adj.  [Pcclori  utilis, Julubris.] 
qui  eft  bon  pour  la  poitrine ,  qui  la  rcjoiiit  &; 
la  fortifie.  (Cela  eft  pcftoral.    Sirop  peftotal.  ) 

Mufcle  pecloral.  [  Mufculus  pccioris.  ]  Terme 
i^Anatomie.  C'eft  un  mufcle  très-fort  qui  eft  fur 
la  poitrine,  &  qui  fert  à  remuer  le  bras  en 
devant. 

PF'cULATj/I/n.  [  Peculatus.  ]  Vol  qu'on  fait 
des  deniers  du  Roi  &  du  Fifc.  (  Acufer  de 
pécuiat?  Etre  convaincu  de  péculat.  Etre  puni 
pour  crime  de  péculat.) 

Il  y  a  un  excellent  Traité  du  Péculat  dont 
on  croit   M.  Fouquet  auteur. 

P  e'c  u  L  A  T  ,  /;  OT.  (  Peculium.  )  Terme  de 
Droit.  Tout  le  bien  qu'on  a  aquis  par  fes  foins 
&  par  fon  travail.  Bien  qu'aquiert  un  fils  de 
famille  par  fes  foins.  (Le  pécule  en  fe  confondant 
avec  la  maffe  de  fes  biens  ,  perd  le  nom  de 
pécule.  Patru  ,  plaid.  4.  )  Ce  mot  vient  de 
peculium,  qui  fignifie  en  foi  un  bien  médiocre  , 
quali  pufdla  ptcunia  ,  &C  il  eft  dérivé  à  pecoribus, 
parce  que  les  troupeaux  faifoient  autrefois  toute 
la  richeffe  des  familles. 

^^  Pécule.  Quelquefois  on  entend  par  k  mot 
pécule  ,  tout  le  bien  d'une  perfonne.  Tout  fon 
pécule  ,  dit-on  ,  confifte  en  peu  de  chofe  :  mais 
félon  les  Jurifconfultes  ,  il  y  a  quatre  fortes  de 
pécules ,  le  profedif,  l'adventif,  le  caftrenfe  & 
le  quafi-caftrenfe  :  profeclitium  ,  adventitium  , 
caflrenfe  &  paganicurji.  Le  premier  confifte  dans 
le  profit  qu'un  fils  de  famille  peut  faire  des 
deniers  que  fon  père  lui  a  confiez  pour  négocier  ; 
le  iecond  comprend  les  biens  qui  arrivent  à  un 
fils  de  famille  par  donation  ,  fuccefîîon  ou  autre- 
ment, fans  que  le  père  ou  la  mère  y  aient  aucune 
part  ;  le  troifiéme  eft  un  bien  aquis  à  la  guerre  ; 
&  le  quatrième  eft  de  même  un  bien  que  le  fils 
de  famille  a  aquis  dans  les  fondions  publiques  , 
qui  ont  quelque  raport  aux  fondions  militaires. 
Il  y  a  une  cinquième  efpéce  de  pécule  ,  qui  eft 
le  bien  ou  la  dépoiiille  d'un  religieux  :  mais  elle 
n'a  rien  de  commun  avec  les  autres. 

^3  Quant  au  pécule  des  Clercs  ;  il  faut  remar- 
quer que  dans  les  premiers  fiècles ,  où  l'Eglife 
commença  de  prendre  quelque  forme  ,  les  Clercs 
vivoient  en  communauté  fous  la  diredion  des 
Evêques,  &  fe  dépouilloient  de  tous  leurs  biens  , 
enforte  que  ne  pofledant  rien  ,  ils  ne  difpofoient 
aufti  de  rien.  Mais  lorfque  que  quelques-uns  de 
ces  Clercs  étoient  ordonnez,  &  qu'ils  joiiiflbient 
de  quelque  titre  ou  bénéfice  ,  ils  difpofoient 
librement  des  fruits  pendant  leur  vie  ;  &  quand 
ils  mouroient,  leur  fucceiiion  apartenoit  entiè- 
rement à  l'Eglife  qu'ils  avoient  fervie,  fuivant 
la  difpofition  expreffe  du  Chapitre  ,fed  hoc  ab 
fuccejj'.  ab-intejldt  ,  des  Décretales. 

^3^  Mais  dans  la  fuite  il  parut  injufte  de 
confondre  le  bien  que  les  Clercs  pouvoient  avoir 
indépendamment  du  Miniftére  ,  avec  ce  qu'ils 
.pouvoient  aquérir  dans  le  miniftére ,  ou  par  le 
miniftére,  ainfi  on  leur  permit  de  difpofer  des 
premiers  par  teftament  ou  par  donation  ,  &  on 
les  ajugeoit  aux  plus  proches  parens  en  cas  de 
mort  ab-iritejlat ;  &  à  l'égard  des  autres  biens  , 
les  Clercs  pouvoient ,  pendant  leur  vie,  en  faire 
part  à  leurs  pauvres  parens  &  à  leurs  domefti- 
ques  :  mais  tout  ce  qui  pouvoit  être  provenu 
de  l'Eglife  dcvoit  lui  refter  ,  fans  que  le  Clerc 
put  en  difpofer  en  aucune  manière,  comme  il 


P  E  C. 

eft  décidé  dans  le  Décret  de  Gratien  &  dans  les 
Décretales ,  &  principalement  par  le  Chapitre 
invejligandum  de  pecul.  Cleric.  extra.  Et  dans  le 
Chapitre  inquirendum  ,  où  ceux  qui  difpofoient 
en  mourant  du  bien  provenu  de  leur  bénéfice , 
font  déclarez  coupables  de  facrilége,  &  du  même 
crime  que  Judas,  qui  déroboit  les  oblations  pour 
les  vendre.  La  dificulté  de  démêler  ces  deux 
fortes  de  biens,  a  intrc^un  infenfiblement  l'ufage, 
où  l'on  eft  à  préf  ent,  qui  elt  que  les  Eccléliaftiques 
féculiers  difpofent  indifèremment  de  tous  les 
biens  qu'ils  laifl'ent  en  mourant ,  ou  qu'ils  apâr- 
tiennent  aux  parens  les  plus  proches  au  défaut 
de  difpofition. 

^^  La  difficulté  eft  plus  grande  ,  quand  il 
s'agit  de  la  dépouille  d'un  Religieux  ,  que  l'on 
a  tiré  du  Cloître  pour  l'honorer  de  l'Epiicopat; 
les  Curez  féculiers  ne  font  point  de  vœu  de 
pauvreté  ;  ils  vivent  donc  dans  la  liberté  de 
difpofer  pendant  leur  vie  des  fruits  de  leur 
bènéfi.ce ,  &  ils  meurent  dans  la  même  liberté 
d'en  difpofer  en  mourant  ,  &  s'ils  ne  le /ont 
pas  ,  la  Loi  en  dlfpofe  pour  eux  ;  il  n'en  eft  pas 
de  même  de  ceux  qu'i  ont  renoncé  autentique- 
ment  à  tous  les  biens  temporels  ,  dont  on  leur 
laiflTe  la  joiiifiance  pendant  leur  vie  :  mais  dont 
ils  ne  peuvent  pas  difpofer  en  mourant,  parce 
qu'ils  meurent  comme  efclaves  de  leur  vœu  , 
dont  ils  ne  font  jamais  afranchis  ;  la  dificulté 
n'arrive  donc  que  dans  le  cas  de  la  mort  d'un 
Curé  ou  d'un  Evêque  religieux.  Ce  n'a  été  que 
fort  tard  que  l'on  a  toléré ,  que  des  religieux 
fufl"ent  Curez.  Le  Concile  de  Latran  fous  Alexan- 
dre III.  qui  eft  raporté  dans  le  Chapitre  Monachi , 
de  jlatu  Monachorum  ,  défendit  exprelTément  de 
donner  des  Cures  aux  Moines  ,  &  fi  dans  la 
fuite  on  a  donné  aux  Moines  des  Cures  à  fervir, 
ce  n'a  été  que  dans  des  cas  d'une  nécefTité 
indifpenfable  ,  &  au  défaut  de  Curez  féculiers. 
Il  eft  vrai  qu'il  y  a  dans  les  Décretales  tit.  dejiatu 
Monach.  un  Chapitre  qui  rend  les  Chanoines 
réguliers  capables  de  pofféder  des  Cures ,  comme 
n'étant  pas  affujetis  aux  mêmes  régies  des  autres 
Moines.  Mais  le  Pape  Innocent  III.  ne  leur 
acorde  ce  privilège  qu'à  condition  d'avoir  un 
autre  Chanoine  régulier  pour  aider  le  Curé  dans 
le  fervice  divin  ,  &  être  fa  confolation.  Ainfi 
le  doute  eft  égal ,  lorfqu'un  Evêque  religieux  , 
ou  un  Chanoine  régulier  Curé  viennent  à  mourir, 
à  qui  fa  dépoiiille  doit  apartenir ,  fi  c'eft  à  l'Eglife 
qu'ils  ont  fervie  ,  ou  à  l'Ordre  dans  lequel  ils 
ont  fait  profeffion.  Les  Chanoines  réguliers 
foutiennent  qu'ils  font  fort  anciens  dans  l'Eglife, 
&  qu'ils  ont  toujours  joiii  du  droit  de  pofféder 
des  Cures  ,  qu'il  paroît  par  le  Concile  de  Poitiers 
tenu  en  onze  cens  ,  qu'ils  étoient  déftors  en 
pofleflîon  de  fervir  des  Cures  ,  &  qu'il  les 
diftingue  en  cela  des  Moines  ;  mais  ils  veulent 
que  ceux  qui  font  Curez  foient  toujours  fournis 
à  la  régie  Si  à  la  révocabilité  ;  d'où  ils  concluent 
que  le  pécule  des  Chanoines  réguliers  ,  Curez 
ou  Evêques ,  doit  apartenir  à  la  maifbn  oii  ils 
ont  fait  profeflîon  ,  fuivant  cette  régie  générale , 
que  tout  ce  que  le  Moine  aquiert ,  efî  aquis  à 
fon  monaftere.  On  leur  répond  que  les  Evêques 
&  les  Prêtres  font  afranchis  du  joug  de  la  régie 
monaftlque  ,  en  forte  qu'il  doit  être  regardé 
comme  émancipé  par  raport  à  fes  Supérieurs 
réauliers ,  &  à  fon  monaftere  ,  pullqu'il  ceffe 
d'être  enfant  de  leur  monaftere  ,  &  qu'il  devient 
père  du  troupeau  qui  lui  eft  confié.  C'eft  ce  qui 
réfultc  du  Chapitre  Notatum  XVlll.  q.  i.    On 

paft'e 


P  E  D. 

paffe  même  plus  avant ,  &  l'on  foutient  que  les 
Supérieurs  réguliers  n'ont  plus  de  droit  &c  de 
jurifdiaion  fur  les  perlbnnes  des  Evêques  & 
des  Curez  profez  dans  leur  Ordre.  Quant  au 
proverbe  ,  que  tout  ce  que  le  Moine  aquiert 
apartient  à  Ion  monaftére  ,  de  même  que  tout 
ce  que  les  efclaves  aquéroient  apartenoit  à  leur 
maître,  il  ne  peut  être  apliqué  aux  Evêques  & 
aux  Curez  qui  ne  font  plus  Moines  ,  &  à  qui 
il  eft  permis  d'agir  comme  perfonncs  libres  qui 
peuvent  aquérir  ,  &  par  conféquent  leur  pécule 
ne  peut  apartenir  légitimement  qu'à  leur  Eglife. 
Dans  ce  conflift  plufieurs  Auteurs  féparent  le 
pécule  des  Curez  qu'ils  ajugent  quelquefois  à 
l'Eglife  que  le  mort  a  fervie  ;  quelquefois  aufli 
aux  pauvres  de  l'Eglife  ,  &  rarement  à  l'Ordre. 
Quant  aux  Evêques,  les  Cours  fupérieures  en  ont 
déféré  la  fucceffion  aux  parens  ou  à  leur  Eglife. 
yoyii  les  Définitions  Canoniques  ,  &  le  Diflion- 
naire  des  Arrêts.  Trois  Lettres  de  M.  Gerbais , 
Doûeur  de  Sorbonne  ,  touchant  le  pécule  des 
Religieux  faits  Curez  ou  Evêques,  i/z-8°.  1699. 
Réflexions  fur  les  Ouvrages  de  M.  Gerbais 
touchant  l'état  des  Chanoines  réguliers.  1699. 
in-iz.  , 

Pe'cu  LISTE  ,/  m.  Défenfeur  du  pécule.  (Il 
ne  faut  pas  que  les  Péculljhs  opofent  les  Statuts 
de  leur  Chapitre,  &c.  M.  Gerbais,  troijléme  Lettre, 
pag.  ^3.  &  en  plufieurs  autres  endroits  de  fes 
trois  Lettres  ,  fe  fert  de  ce  mot. 

•j"  P  £'c  u  N  E  ,  f.f.  Il  vient  du  Laûnpecunia. 
Mot  bas  &  burlefque  pour  dire  argent.  (  Une 
perfonne  fans  pécune  efl  un  corps  fans  ame.  C'eft 
un  pauvre  homme  ,  il  n'a  point  de  pécune.  ) 

Pe'cuniaire  ,  a(^'.  [^Pecuniarius^  Qui  regarde 
l'argent.  Qui  confifte  en  argent.  (  Condamner 
à  une  peine  pécuniaire.  Amende  pécuniaire. 
[  Muleta,  pecuniaria.  ] 

■\  Pe'cunieux  ,  Pe'cunieuse  ,  adj.  \^P ecuniofus , 
pecullofus.  ]  Ce  mot  n'eft  guère  en  ufage.  Il 
fignifie  riche  en  argent.  Celui  &  celle  dont  le 
bien  confille  en  argent.  (U  eft  fort  pécunieux. 
Elle  eft  pécunieufe.  ) 

FED, 

Pedagne,/ot.  Terme  àc  Mer.  C'eft  une 
efpéce  de  marchepied  fur  lequel ,  en  voguant , 
demeure  toujours  le  pied  du  forçat  qui  eft 
enchaîné. 

Pédagogue, y^/re.  \_Pedagogus  ,  umbrat'icus 
docior.  ]  Mot  qui  vient  du  Grec ,  &  qui  veut 
dire  ,  qui  a  la  conduite  d^un  ou  de  plufieurs  enfans. 
Régent.  Précepteur.  Celui  qui  inftruit.  Le  mot 
de  pédagogue  fe  prend  en  mauvaife  part ,  à  moins 
qu'il  ne  foit  acompagné  de  quelque  épitéte 
favorable.  (Le  fieur  ***  eft  un  franc  pédagogue. 
Otez-moi  les  maris  pédagogues  ,  fi ,  je  n'en, 
veux  point. 

Et  pourquoi ,  s'il  vous  plaît , 
Lui  donner  un  Sçavant  qui  fans  ccfic  épilogue  ? 
Il  lui  faut  un  mari ,  non  pas  un  péd.ircgue. 

Molière  ,  Femmes  Sçavuntes ,  a.  5-  /c-  3-) 

Il  fut  élevé  fous  la  difcipllne  de  ce  divin 
pédagogue.  Patru  ,  plaidoïé  l6.  pageS68.  Saint 
Benoît,  CQ  divin  pédagogue  de  la  vie  monaftique, 
ne  défend  rien  de  tout  cela.  Patru, plaid.  i5. 

On  fe  fert  quelquefois  figurément  du  terme 
de  pédagogue.  (  La  raifon  eft  un  pédagogue  qui 
régie  &  qui  modère  les  defirs  de  Famé.  Bdleg.  ) 

^3^  On  apeile  Précepteurs  ceux  qui  inftruifcnt 
les  enfans  de  qualité.  Les  Romains  choififfoient 
Tome    III. 


P  E  D. 


8i 


ordinairement  entre  leurs  efclaves  celui  qui  étoit 
le  plus  capable  d'inftruire  un  jeune  enfant.  On 
dit  que  Diogéne  étant  expoie  en  vente  dans 
l'ifle  de  Crète  ,  il  dit  à  celui  qui  le  publioit ,  de 
déclarer  hautement  qu'il  étoit  efclave  ,  &  qu'il Jçavoiù 
fort  bien  enseigner  Us  Jeunes  gens  ;  ce  fut  aufti  ce 
qui  obligea  Xéniades  de  l'acheter.  On  les  apellolt 
aufti  Gardiens,  Ck/?o^«.  Horace  dans  fa  Poétique: 

Imbcrbis  juvenis  tandem  cuflode  remoto. 

PE'DALE,y.  /!  [  Organi  pneumatici  pedaria 
palmula.^  Terme  de  Pacleur  d'orgue  &  à'OrganiJîe. 
Il  y  a  de  diverfes  fortes  de  pédales ,  il  y  a  des 
pédales  de  flûte  &  des  pelades  de  trompette.  En 
général  on  apeile  pédales  tout  ce  qui  fe  touche 
avec  le  piè  lorfqu'on  touche  l'orgue.  (  Toucher 
une  pédale.) 

^^  Pédales.  Les  plus  gros  tuïaux  d'une  orgue 
dont  le  fon  eft  grave  ,  font  apellez  pédales ,  c'eft 
aulfi  le  fon  le  plus  bas  d'un  i'erpent  &  d'un  baffon. 

Pedane'e,  adj.  [Judex  pedaneus.'\  Juge  de 
village,  qui  juge  debout  ,  fous  l'orme  &  fans 
tribunal.  Il  fe  dit  par  opofition  aux  Magiftrats  , 
qui  à  Rome  ,  étoient  fur  des  chaires.  [  In 
fella  curuli.  ] 

On  confond  ordinairement  les  Juges  pedanèes 
des  Romains ,  dont  il  eft  fait  mention  dans  le 
Code  Juftinien  ,  lib.  J.  tit.  J.  avec  les  Juges 
des  Seigneurs ,  que  Loifeau  apeile  les  Juges  fous 
l'orme  ,  ce  font  pourtant  deux  caraftéres  bien 
diférens  ;  les  Juges  pédanées  n'étoient ,  parmi  les 
Romains ,  que  (impies  Commift"aires  choifis  &: 
nommez  par  le  Préteur  pour  juger  les  diférens 
des  particuliers  ,  lorfqu'il  ne  s'agiffoit  pas  d'une 
afaire  importante.  On  les  apelloit  Pédanées  y 
parce  qu'ils  étoient  affis  en  jugeant  fur  unfimple 
banc  ou  liège  fort  bas ,  qui  ne  le  diftinguoit 
point  de  ceux  qui  font  fur  leurs  pies  ;  ainfi  on 
les  nommoit  Pedaneijudices.  Ils  n'avoient  ni  le 
caraftére  ni  le  titre  de  Magiftrats.  Ceux  qui 
étoient  revêtus  de  la  Magiftrature  ,  jugcoient 
fur  une  efpéce  de  trône  élevé  ,  &  cette  manière 
de  rendre  la  juftice  faifoit  connoître  la  diférenca 
qu'il  y  avoit  entre  le  Magiftrat  &  le  Juge  Pedanèe. 
Loifeau  ,  quoique  peu  favorable  aux  Juges  des 
Seigneurs,  reconnoît  qu'ils  font  vrais  Magiftrats, 
car  puif qu'ils  tiennent  la  jujlice  en  fief  du  Roi  , 
ils  en  ont  la  Seigneurie  directe ,  &  font  vrais  Ma- 
gifrats  ,  étant  les  Jtigis  du'  Territoire.  Et  par 
conféquent  Mornac  fur  le  titre  de  Pedaneis  Cod. 
n'a  pas  raifon  de  dire  queles  Juges  des  Seigneurs 
n'ont  rien  qui  refîemble  aux  Pédanées  des 
P..omains. 

P  e'd  a  n  t  ,  /".  ot.  [  Infulfus  litterator.  ]  Ce  mot 
en  général  fignifîe  tout  homme  qui  enfeigne  , 
qui  conduit  quelque  enfant  de  qualité.  Tout 
homme  qui  enfeigne  dans  quelque  Collège , 
qui  eft  régent  de  quelque  claffe.  (  Un  tel  eft  le 
plus  grand  pédant  de  l'Univerfité  de  Paris. 

Pédant.  \_Malèferiatus  Palemo/z.]  Ce  mot  fe 
prend  pour  un  fçavant  mal  poli  ,  qui  afede 
û'ètaler  une  fcience  mal  digérée. 

Un  pédant  eft  un  homme  qui  raifonne  peu , 
qui  a  une  extrême  fierté  ,  qui  n'a  qu'une  fauffe 
érudition  ,  qui  fait  parade  de  fa  fcience. 

Que  la  dcftrinc  eft  raboteufe 
Dans  les  écrits  de  ces  pidans  ; 
Si  j'en  dis  tout  ce  qu'il  me  feinble 
Ce  font  de  doéks  ignorans. 

Gomb.  2.  Ep.  ) 

Prefque  tous  les  gens  de  collège  fentent  le 
pédant  de  deux  lieues  à  la  ronde. 


82.  P  E   D. 

pédant.  [  R'idiculus  erudhionis  ojlentator.  ]  Ce 
mot  fignlfie  auflî  celui  qui  a  un  caraftére  d'efprit 
fot,  qui  s'atache  opiniâtrement  à  foutenir  quelque 
point  de  fcicnce  ,  à  critiquer  fur  des  bagatelles 
&  des  chofcs  de  nul  ufage.  En  un  mot ,  c'cft 
celui  qui  eft  fortement  opiniâtre  ,  &  en  ce  fens, 
le  mot  de  pédant  s'étend  fort  loin.  Car  il  y  a 
des pédans  de  toiites  robes ,  de  toutes  conditions, 
de  tous  états.  Voiez  /a  Logique  de  Port-Roïal , 
difconrs  i.  pjg.  l8' 

.  .  .  Les  péJans  font  animaux  ennuïeux  , 
Mifamropes ,  chagrins ,  lâches ,  préfomptueux  ; 
Comeftans  ,  aheiirtez  ,  fourbes  ,  malicieux  , 
Ennemis  du  mérite  ,  &  lui  faifant  la  guerre  , 
Et  qu'on  doit  mettre  au  rang  des  malheurs  de  la  terre. 

Scaron ,  Epitre  chagrine.  ) 

S^  Ne  vouloir  être  ni  confeillé  ,  ni  corrigé 
fur  fon  ouvrage  ,  c'eft  un  Pédantifme  ,  dit  M, 
de  la  Bruyère  ,  mais  c'eft  plutôt  opiniâtreté , 
ou  prévention  aveugle  ,  ou  enfin  ignorance  ;  car 
les  ignorans  croient  ordinairement  en  fçavoir 
plus  que  les  autres. 

S;;^  L'idée  d'un  Pédant ,  le  portrait  d'un  vrai 
Pédant ,  eft  fans  doute  celui-ci  : 

Un  pédant  enivré  de  fa  vaine  fcience 
Tout  hérifle  de  Grâc  ,  tout  boufi  d'arrogance ,' 
Et  qui  de  mille  Auteurs  retenus  mot  pour  mot 
Dans  fa  tête  enialTez  ,  n'a  fouvent  fait  qu'un  fot, 
Croit  qu'un  livre  fait  tout ,  &  que  fans  Ariftote 
La  rail'on  ne  voit  goûte,  &  le  bon  fens  radote. 

Defpr.  Satyre  IK) 

Pédant ,  pédante  ,  adj.  [  Infulfus.  ]  Qui  tient 
du  pédant.  (  Efprit  pédant.  ) 

Je  vois  dans  le  fatras  des  écrits  qu'il  nous  donne 
Ce  qu'étale  en  tous  lieux  fa  pédante  perfonne. 

Mol.) 

P  e'd  A  N  T  E  ,  /.  /  [  Mtdîer  ineptam  eruditlonem 
afcclans.  ]  Femme  qui  a  l'efprit  pédant.  (  C'eft 
une  pédante.  Bail.  ) 

Pï'd  ANTER ,  •)-■.  n.  Terme  injurieux  qu'on 
emploie  pour  exprimer  la  profeflîon  de  ceux 
qui  enfeignent  dans  les  Collèges.  (  Il  n'a  fait 
toute  fa  vie  que  pédanter.  ) 

PE'DANTERiEy;/[  Infulfa  crudUio.  ]  Aûion 
de  pédant.   C'eft  une  pédantcru  infuportable.  ) 

Pédanterie  [G rammat'Jlarum  ineptiœ.'\  Caraûére 
d'efprit  pédant.  Vice  d'efprit  qui  confifte  à  con- 
tefter  fotement  fur  des  bagatelles  ,  à  entafler 
du  Grec  &  du  Latin  fans  jugement.  (  La  pédan- 
terie eft  un  vice  d'efprit  &  non  pas  de  profeflîon. 
Port-Roïal ,  Logique  ,  Préface.  ) 

Péd.interie  ,  fe  dit  aulft  par  mépris  ,  de  la 
profcfîion  de  ceux  qui  enfeignent  dans  les  claffes. 
(  11  eft  né  pour  la  pédanterie.  Il  ne  veut  pas 
renoncer  à  la  pédanterie. 

Pe'dantesque  ,  adj.  [  Ltedimagijlro  conveniens."] 
Qui  eft  de  pédant.  (  Difcours  pédantefque.  ) 

Ne  fait  point,  afFcftant  \iri{<;avo'\r pciiamefque 
Du  Grec  &  du  Latin  ,  l'étalage  burlefque. 

Mol.  ) 

^^  Ceux  qui  voient  le  monde  poli  connoifTent 
parfaitement  le  ftilc  pédante/que  ,  &  ne  s'y 
trompent  pas  ,  le  caraftére  ridicule  des  Pédans 
fe  montre  d'abord  par  l'afe£tation  de  parler  bien 
plus  Latin  que  François,  par  ime  citation  conti- 
nuelle des  Anciens  ;  enfin  ,  par  l'impertinence 
de  leurs  difcours  ,  femblables  au  barbon  dont 
Balzac  a  décrit  la  vie  ,   lequel  ajant  été  invité 


P  E  G. 

à  des  fiançailles  ,  après  que  le  contrat  fut  pafl'é, 
&  que  les  confitures  furent  préfentées,il  demanda 
audience  à  la  compagnie  ,  &  entreprit  un  long 
difcours  à  la  loiiange  de  la  virginité  ,  mais  il 
s'avança  fi  avant  dans  ce  difcours  ,  que  de  la 
recommandation  du  célibat  ,  où  l'on  penfoit 
qu'il  dcvoit  s'arrêter  ,  il  paffajufqu'à  la  condam- 
nation du  mariage.  Le  monde  eft  encore  rempli 
de  ces  Sçavans  de  la  fience  des  anciens  &  des 
modernes  ,  en  qui  l'efprit  que  Dieu  leur  a  donné 
eft  une  pièce  inutile  &  prefque  étoufée  fous  le 
poids  du  Grec  &  du  Latin  dont  ils  ont  rempli 
leur  tête.  L'on  peut  bien  dire  d'eux ,  ce  qu« 
Madame  Defloges  difoit ,  au  raport  de  Balzac, 
qu'ils  reflemblent  à  une  bête  que  [on  a  chargée 
de  tout  le  bagage  de  Vantiquité.  Le  même  Balzac 
les  définit  ,  une  Bibliothèque  beaucoup  plus  en 
défordre   que  celle   d'un  homme  qui  déménage. 

P  e'd  a  N  T  e  s  Q.U  E  M  E  N  T  ,  adv.  [  Infulforum 
Utteratorum  more.  ]  D'une  manière  pédantefque, 
(Agir  pédantcfquement.) 

\  P  e'u  antiser,  V.  a.  \Infulfum  litteratorem 
agcre?!^  Tenir  un  procédé  de  pédant  à  l'égard  de 
qwelcun.  (  Il  n'aime  point  qu'on  le  pédantife.  ) 

Pe'dantisme  ,  y.  ot.  [  Grammatijlarum  inepties.'] 
Ce  mot  vient  de  l'ItSiVien pédantifmo.  C'eft  l'efprit 
&  le  caraftére  de  pédant  qui  trouve  fotement 
à  redire  à  tout  ,  qui  s'attache  à  des  bagatelles  , 
&  pafl'é  légèrement  ce  qui  eft  de  plus  folide. 
(J'aime  la  juftefl"e  ,  mais  je  hai  le  pédantifme 
&  l'afeftation.  Baliac,  Oeuvres  Diverfes  ,  c.  y. 
Ils  femblent  réputer  pour  pédantifme  tout  ce 
qui  peut  marquer  de  l'érudition.  Segrais  ,  Lettre 
à  Huet. 

C'eft  la  pareflTé  des  hommes  qui  encourage  le 
pédantifme  à  groflir  plutôt  qu'à  enrichir  les 
Bibliotèques ,  &  à  faire  périr  le  texte  fous  le 
poids  des  Commentaires.  La  Bruyère. 

Pédantifme  ,  fe  dit  auflî  par  mépris  ,  de  la 
profeflîon  de  ceux  qui  enfeignent  les  enfans, 
(Il  ne  quittera  jamais  le  pédantifme.) 

I^e'dfraste  ,f.  m.  Ce  mot  eft  Grec.  Sodomite.' 
(  Ce  font  des  difcours  de  pédér.ifle.  Abl.  Luc.  ) 

Pédestre  ,  adj.  Ce  mot  vient  du  Lzùn pede^ris. 
Qui  eft  à  pié.  Il  fe  dit  des  ftatuës ,  &  veut  dire  , 
qui  pofe  fur  fes  pies.  (Il  y  a  dans  l'Hôtel  de 
Ville  d'Arles  une  ftatuë  pédeftre  de  Loiiis  XIV. 
Lepédefire  de  la  ftatuë  eft  à  la  fin  ,  le  Monarque 
en  vûë.  La  Font.  ) 

Pediculaire.  Terme  de  Médecin.  Il  vient  du 
h^Ùn  pedicularis.  {  Maladie  pediculaire,  c'eft  lorf- 
quc  les  poux  fortent  par  toute  la  peau  en  grande 
quantité  ,  &  fourmillent  par  tout  le  corps.  SJUa 
eft  mort  de  la  maladie  pediculaire.  ) 

P  e'd  I  c  u  l  e  ,  f.-  m.  [  Tenuijjîmus  ramufculus.  ] 
Terme  de  Botanifle.  11  eft  formé  du  Latin  pedicu- 
lum.  Il  fe  dit  de  la  queue  qui  attache  les  fleurs 
&  les  fciiilles  à  leurs  branches.  L'Académie  dit 
pediculaire  au  lieu  de  pédicule. 

P  e'd  o  N  ,  y;  m.  Terme  en  ufage  à  Avignon  ,' 
pour  dire  un  courier  ,  un  meffager  à  pié. 

P  E  G. 

Pégase, yiw.  [  Pegafus  ,  tquus  al  a  tus.  "] 
{|^  Les  Poètes  difent  que  le  cheval  Pégafe , 
à  qui  ils  donnent  des  ailes ,  fit  fortir  la  fontaine 
d'Hipocréne ,  fur  le  mont  Hélicon ,  d'un  coup  de 
pié  ,  &  qu'il  naquit  du  fang  de  Médufe.  Pcrfe 
apelle  fons  caballinus  ,  la  fontaine  où  les  Poètes 
de  fon  tems  avoient  bù  ,  pour  faire  connoître 
qu'ils  n'avoient  puifé  que  dans  la  fontaine  d'une 


P  E  I. 

roffe ,  non  point  dans  la  fontaine  de  Pégafe  : 
le  mot  Caballinus  fîgnlfie  en  efet  ,  félon  la 
remarque  de  Cafaubon  ,  un  vieux  cheval  ,  il 
eft  dérivé  du  Grec  n:«?jA^or ,  qui  veut  dire  un 
cheval  qui  n'eft  propre  qu'à  porter  le  bât ,  que 
les  Latins  apellent  cqmn  cLiullarius  ,  ou  plutôt 
im  vieux  cheval  atFoibli  par  un  long  fervice  , 
ce  que  les  Romains  expliquoient  par  ce  proverbe 
que  l'on  trouve  dans  Pétrone  ,  lajfus  tanquam 
caballus  in  clivo. 

^^^  L'Auteur  de  la  fcience  des  médailles  a 
remarqué , /jag-.  jjô".  que  Pegafe  eft  le  fymbole 
de  Corinthe ,  où  Minerve  le  donna  à  Bellerophon 
pour  combattre  la  Chimère  ,  il  fe  trouva  aufTi 
fur  les  médailles  des  villes  d'Afrique  &  fur  celles 
de  Sicile  depuis  que  les  Cathaginois  s'en  furent 
rendu  maîtres,  parce  qu'on  tenoit  que  ce  cheval 
eft  né  du  fang  de  Médufe  qui  étoit  Africaine  , 
Syracufe  en  particulier  qui  avoit  une  alliance 
avec  Corinthe  marquoitfes  médailles  d'un  Pégafe. 

^     Dans  fon  génie  étroit  il  eft  toujours  captif, 
Pour  lui  Phœbus  eft  fourd,  Si  Pégafe  eft  rétif. 

Defp.) 

Pégafe.  [Pegafus  ,  Jyifus  cœ!ife.]  C'eftie  nom 
d'une  conftellation  Septentrionale,  compofée  de 
vingt  &  quelques  étoiles.  Les  Poètes  ont  feint 
qu'après  que  Bellerophon  fe  fut  fervi  de  Pégafe 
quand  il  combattit  la  Chimère,  ce  cheval  s'envola 
au  Ciel. 

P  E  L 

P  E  t  G  N  E  ,/  OT.  [Pe^en.l  Inftrumentde  corne, 
de  boiiis  ,  d'écaillé  de  tortue  ,  ou  d'ivoire , 
compofé  de  dents  ,  de  dos  ,  ou  de  champ ,  dont 
on  fe  fert  pour  nettoier  &  peigner  la  tête ,  ou 
fa  perruque.  (  Un  bon  peigne.  Peigne  de  bonis, 
de  corne  ,  d'écaille  de  tortue  ,  d'ivoire ,  &c. 
Faire  un  peigne.  Donnemn  coup  dépeigne.  C'eft- 
à-dire,  peigner  un  peu.) 

Donner  un  coup  de  peigne  à  un  ouvrage. 
[Retexere  opu$.  j  Ces  mots  fe  difent  au  figuré  & 
lignifient  revoir  un  ouvrage  pour  le  corriger  & 
le  poHr.  Quand  on  le  dit  d'une  perfonne  ,  cela 
fignifie  qu'on  en  a  fait  quelque  maligne  dcfcrip- 
tion.  //  lui  a  donné  un  coup  de  peigne  enpajfant. 
~\  Hune  malignh  depexum  dédit.  ] 

Peigne  de  Cardeur.  {^Peclcn.'l  Ce  font  des  cardes. 
Voïez  Cardes. 

Peigne.  \Textorium pecten.l  Terme  de  Tifferand. 
Partie  du  métier  de  Tifferand  ,  laquelle  eft  de 
rofeau  ,  ou  de  canne ,  qui  eft  faite  en  forme  de 
peigne  ,  &  au  travers  de  laquelle  paffe  le  fil  de  la 
chaine. 

Peigne.  [Peclcn  crenatum.']  Terme  de  Tonnelier. 
Morceau  de  douve  qu'on  remet  au  bout  d'une 
douve  rompue. 

Peigne  de  Venus.  Plante  que  les  Botanifles 
apellent /7«i;7t72  fenetis,  zutrsmcnx fcandix  ,  &C  qui 
n'eft  d'aucun  ufage  en  Médecine.  On  l'a  ainfi 
nommée  ,  parce  que  fes  fruits  étant  proche  l'un 
de  l'autre ,  fcmblent  rangez  comme  les  dents  d'un 
peigne. 

Les  fciiilles  de  cette  plante reffemblent  à  celles 
de  la  Coriandre.  Elle  croît  dans  les  champs  , 
&  contient  beaucoup  de  fel  effentiel.  Elle  eft 
apéritive  ,  vulnéraire  ,  déterfive  ,  réfolutive  , 
propre  pour  exciter  l'urine  ,  &  pour  les  maladies 
de  la  veffic  étant  prife  en  décoftion. 

On  dit  proverbialement  d'un  homme  de  mau- 
vaife  humeur  ou  en  colère.   Qu'il  tuëroit  volon- 
tiers un  mercier  pour  un />£;Vw. 
Tome  lll. 


P  E  I.  83 

Peigne.  {^Scabies  furfurea.']  Terme  de  Maréchal. 
Maladie  qui  vient  aux  chevaux  ,  caufée  par  une 
craffe  adufte  &  maligne  qui  fort  par  la  racine 
du  poil,  &  s'attache  fur  le  cuir  ;  par  fon  acrimonie 
elle  fait  dreffer  le  poil  à  'la  couronne  &  au- 
deffus  ,  &  enfin  elle  le  fait  tomber  entiéremenft 
Soleifel  ,  parfait  Maréchal ,  c.  7J.  Il  y  a  deux 
fortes  de  peignes  ;  peignes  fecs  ,  qui  font  des 
dartres  farineufes ,  &  peignes  humides  ,  qui  font 
des  dartres  coulantes.  (  Cheval  qui  a  des  peignes 
au  paturon.  Le  mal  d'âne  eft  une  efpéce  de 
peigne  humide  ,    ou  un  ulcère  dartreux.  ) 

P  E 1  G  N  E  R ,  V,  tf.  [Pcclere?^  Démêler  &  ajufter 
les  cheveux  avec  un  peigne.  Nettoier  la  tête 
avec  impeigne.  (  Peigner  un  enfant.  Peigner  une 
perruque.  ) 

. . .  Tous  les  malins  par  un  prétexte  honnête 
De  montrer  leur  amour  par  de  petits  devoirs. 
Chacune  en  le  peignant  arrachoit  de  fa  tête  , 
L'une  les  cheveux  blancs ,  l'autre  les  cheveux  noirs. 

Bouf.  Efop.  ) 

Se  peigner  ,  v.  r.  [  Incertos  crines  colligtre.  ] 
S'ajufter  les  cheveux  avec  un  peigne.  Se  nettoier 
la  tête  avec  un  peigne.  (  On  ne  fçauroit  trop 
fe  peigner.  ) 

Peigner.  ^Lanam  carminare.'\    II  fe  dit    de  la 
laine  ,  de  la  foie  ,  du  chanvre  ,  &  fignifie  carder. 
Peigner  à  Veau.   C'eft  peigner  la  laine  trempée 
dans  de  l'eau  de  favon. 

Peigner  à  l'huile.  C'eft  peigner  la  laine  arrofée 
d'huile  ,  pour  la  laver  après. 

Peigner.  [Polire  ,perpolire.']  Au  figuré  il  fignifie, 
rendre  bien  propre  &  bien  ajufté.  (Peigner  un 
ouvrage.  Un  jardin  bien  peigné.  ) 

f  On  dit  en  langue  populaire  que  le  chat  a 
peigné  le  chien,  [Felis  unguibus  deformavit  canem  ,] 
lorfqu'il  lui  a  donné  quelques  coups  de  grife. 
On  dit  auffi  en  riant  que  deux  femmes  fe  font 
peignées ,  pour  dire  qu'elles  fe  font  prifes  aux 
cheveux,  qu'elles  fe  font  décoifées  &  égratignées. 
Peigne',  Peigne'e,  adj.  [Peciitus.']  Qui 
a  été  peigné.  (Perruque  bien  peignée.  Cheveux 
mal  peignez.  Dans  beaucoup  de  couvens  d'hom- 
mes on  diroit  que  c'eft  une  vertu  d'être  cralfeux 
&  mal  peigné.) 

On  le  dit  aulfi  de  la  laine ,  du  chanvre ,  &c. 
qui  ont  pafl"é  par  la  main  des  cardeurs.  (Laine 
peignée.  Chanvre  peigné.) 

*  Ouvrage  bien  peigné.  \_Perpolitum  opus.]  C'eft- 
à-dire  ,  poli  &  bien  fait.  ) 

Peig  N I  e  R  ,f.m.  \_Peclinum  opifex."]  Prononcez 
pegné.  Celui  qui  fait  &  vend  de  toutes  fortes  de 
peignes.  Le  mot  àe. peignier  e^  le  vrai  mot,  & 
il  (é  dit  par  les  gens  du  métier  &  par  quelques 
autres  ;  mais  la  pliipart  des  perfonnes  du  monde 
qui  ne  fçavent  pas  les  mots  propres  à\{tnt  faifeur 
de  peignes.  (  C'eft  un  des  plus  fameux  &  des  plus 
riches  peigniers  de  Paris.  ) 

Peignoir,  f.  m.  [Muliebre  involucrum.'\ 
Prononcez  pcignoi.  Efpéce  de  petit  morceau  de 
toile  blanche  &  fine  qu'on  fe  met  fur  les  épaules 
le  matin  lorfqu'on  eft  en  déshabillé  &  qu'on  fe 
peigne,  &  que  les  femmes  portent  ordinairement 
dans  la  chambre  lorfqu'elles  font  en  deshapillé. 
(Un  peignoir  à  dentelle.  Un  for:  beau  peignoir. 
Un  peignoir  bien  fait.  ) 

PEiGNEURES,y".  /  [  Exuviœ  peciinationis.  ] 
Cheveux  qui  tombent  quand  on  fe  peigne.  On 
fe  fcrvoit  autrefois  des  ^£i^'-7f«;-«  pour  faire  des 
perruques. 

P  i  i  c  N  o  N  s ,  ou  P  I  G  N  o  M  $.  Sortc  de  laines 

L   ij 


«4  P  E  I- 

d'tme  très-mauvaife  qualité  ,  qui  ne  font  propre- 
ment que  les  rebuts  ,  ou  plutôt  ce  qui  eft  refté 
des  laines  qui  ont  été  peignées. 

P  E 1 L  L  E  s ,  y.  /,  Vieux  chiffons  ,  ou  morceaux 
de  toile  de  chanvre  &  de  lin,  qui  s'emploient 
dans  la  fabrique  du  papier. 

PeillieRj/Ito.  Celui  qui  ramaffe  les  peilles 
ou  chiffons.  On  dit  plus  communément  chiffonicr. 
Peindre.  [  P  insère ,  depingere.  ]  Je  peins  ,  tu 
peins ,  il  peint  ,  nous  peignons  ,  vous  peigne-^  ,  i/s 
peignent.  Je  peignais.  J'ai  peint.  Je  peignis.  Ce 
mot  en  général  fignifie  ,  emploier  Us  couleurs  ,  & 
en  particulier  il  fignifie  ,  les  mcter  &  les  noïer 
avec  le  pinceau  pour  repréfenter  quelque  objet. 
(  Peindre  en  détrempe  ,  en  huile  ,  à  frefque  , 
au  paftel.  Peindre  en  émail.  Peindre  en  grand 
ou  petit.  Peindre  d'après  nature.  Alexandre 
voulut  qu'il  n'y  eût  qu'ApcUes  qui  le  peignît. 
SupUment  de  Quinre-Curce ,  liv.  z.  c/i.  6.  ) 

Peindre.  [  Colofcrn  inducere.  ]  Il  fignifie  quel- 
quefois fimplement  enduire  avec  de  la  couleur. 
(Peindre  du  bois.  Peindre  du  fer  de  peur  qu'il 
ne  fe  roiiille.  ) 

Jules  Céfar  dit  que  les  k'c\^d\%fe  peignoientXz 
corps  de  paftel  qui  leur  rendoient  la  couleur 
perfe  ,  &  les  faifoient  plus  éfroïables  dans  le 
combat,   [i'e  glajloinficiehant.  ]  Danet. 

^^  La  coutume  de  fe  peindre  les  cheveux  eft 
fort  ancienne.  Spartien  raconte  qu'un  vieillard  , 
dont  toute  la  tête  étoit  couverte  de  cheveux 
blancs  ,  demanda  un  jour  une  grâce  à  l'Empereur 
Adrien  ,  il  la  lui  refufa  ;  quelque  tems  après  ce 
Vieillard  s'étant  peint  les  cheveux  du  plus  beau 
noir  qu'il  put  trouver  ,  fe  préfenta  à  l'Empereur 
&  lui  demanda  la  même  grâce  ,  mais  ce  Prince 
aiant  reconnu  la  tromperie  lui  répondit  :  ce  que 
vous  défirez  de  moi  ,  je  l'ai  déjà  refufé  à  votre 
père. 

*  Peindre.  Il  fe  dit  au  figuré  ,  &  fignifie  faire 
par  le  difcours  des  repréfentations  &  des  defcrip- 
tions  de  quelque  chofe.  (L'Art  du  Poëte  confifte 
à  bien  peindre. 

Je  vais  pour  repoufler  l'affront  que  vous  lui  faites 
Le  peindre  ttl  qu'il  eft ,  &  vous  tel  que  vous  êtes. 

Bourf.  Efop. 


'  M.  de  Fenelon,  Archevêque  de  Cambrai , 
remarque  dans  fes  Dialogues  fur  l'éloquence  , 
P'^g-  9^-  "que  l'éloquence  confiée  non-feulement 
»  dans  la  preuve,  mais  encore  dans  l'art  d'exciter 
>t  les  paffions  :  mais    pour   l'exciter  il  faut  les 
»  peindre ,  de  forte  que  toute  l'éloquence  confifte 
»  à  prouver  ,  à  peindre  &  à  toucher.    Toutes 
»  les  penfées  brillantes  qui  ne  vont  point  à  une 
«de  ces  trois  chofes  ne  font  que  jeu  d'efprit; 
>i peindre,  ajofite-t-il,  c'eft  non-feulement  décrire 
»  les  chofes ,  mais  en  repréfenter  les  circonftanccs 
»  d'une  manière  fi  vive  &  fi  fenfible  ,  que  l'Au- 
»  diteur  s'imagine  prefque  les  voir  ;  par  exemple, 
»  un  froid  Hiftorien  qui  raconteroit  la  mort  de 
»  Didon  fe   contenteroit    de    dire  ;    elle  fut  fi 
M  acablée  de  douleur  après  le   départ  d'Enée , 
«  qu'elle  ne  put  fuportcr  la  vie  ,  elle  monta  au 
>>  haut  de  fon  Palais ,  elle  fe  mit  fur  un  bûcher 
»&  fe  tua  elle-même  ;   en  écoutant  ces  paroles 
»  vous  aprenez  le  fait,  mais  vous  ne  le  voïez  pas, 
»  écoutez  Virgile  ,  il  le  mettra  devant  vos  yeux  : 
»  n  eft-il  pas  vrai  que    quand  il  ramaffe  toutes 
M  les  circonftances  de  ce  défefpoir ,  qu'il  vous 
«montre  Didon  furie ufe  avec  un  vifage  où  la 
»  mort  eft  déjà  peinte  ,  qu'il  la  fait  parler  ;  à  la 
»vûë  de  ce  portrait  &  de  cette  épée  votre 


P  E  I. 

»  imagination  vous  tranfporte  à  Carthage  ,  vous 
»  croiez  voir   la  flote  des  Troyens   qui  fuit  le 
«rivage,  &  la  Reine  que  rien  n'eft  capable  de 
»  confoler  ;  vous  entrez  dans  tous  les  fentimens 
«  qu'eurent  alors  les  véritables  fpeâateurs  ;  ce 
>»  n'eft  plus  Virgile  que  vous  écoutez  ,  vous  êtes 
«  trop  attentif  aux   paroles  de  la  malheureufe 
»  Didon  pour  penfér  à  lui  ,  le  Poète  difparoît, 
«  on  ne  voit  plus  que  ce  qu'il  fait  voir  ;  voilà 
»  la  force  de  l'imitation  &  de  la  peinture  ;  delà 
«  vient  qu'un  Peintre  &   un  Poëte  ont  tant  de 
»  raport ,  l'un  peint  pour  les  yeux  ,  l'autre  pour 
«  les    oreilles. 

*  Les  objets  fe  peignent  au  fond  de  l'oeil  fur 
la  rétine,  comme  fur  de  la  toile.  Ils  fe  peignent 
auffi  fur  tous  les  corps  polis ,  comme  fur  la  glace 
d'un  miroir  &  fur  l'eau. 

*  Il  portoit  fa  douleur  peinte  fur  le  front. 
Vaug.  Q.  liv.  6. 

*  Virgile  peint  fouvent  les  chofes  dans  les 
defcriptions  qu'il  fait  ,  &  les  bons  Poètes  le 
doivent  imiter  en  cela. 

*  //  eft  fait  à  peindre.  C'eft-à-dire  ,  il  eft  bien 
fait.   l^Homo  graphicus.]  Converf.  du  cheval  de  Miré, 

■j"  *  C'ejl pour  l'achever  de  peindre,  \lllud depiclum 
hune  omnibus  coloribus  dahit.  ]  C'eft-à-dire ,  c'efl: 
pour  achever  de  l'acabler ,  de  le  ruiner ,  ou  de 
le  perdre  tout-fait. 

■f  *  Cela  vous  va  à  peindre.  C'eft-à-dire  ,  cela 
vous  fied  bien. 

*  Peindre.  [Scith  fcrihere.  ]  Ce  mot  fe  dit  en 
parlant  d'écriture.  On  dit  d'un  bon  écrivain  qu'il 
peint  fort  bien  ,  &  qu'il  y  a  quantité  de  gens  qui 
peignent  fort  mal. 

Peindre  ,  v.  a.  [  Facicm  pigmenta  inficere  ,  lintrc 
vultum.  ]  Se  farder  ,  fe  donner  de  la  couleur. 
(  Jezabel  fe  peignit  les  yeux  avec  de  l'antimoine 
pour  plaire  à  Jehu.) 

Peindre  ,  fignifie  quelquefois  faire  un  portrait; 
[Delineare.']  (Largilliereréiiffiffoit  bien  à  peindre. 
Il  atrapoit  bien  l'air  d'une  perfonne.  ) 

On  dit  figurément  peindre  quelqu'un  de  toutes 
fes  couleurs.    [  Ornare  aliquem  ex  fuis  meritis.  ] 

P  El  Ni  ,f.f.  [Pœna  ,  labor  ,  cura.'\  TravaiJ, 
Tourment.  Soin. 

Aproche  donc  &  viens.  Qu'un  pareflèux  t'aprenne , 
Antoine  ,  ce  que  c'eft  que  fatigue  &  que  peine. 

Defpr.) 

Mon  cœur  foufre  à  vous  voir  une  peiru  jncroïabic 

Molière.  ) 

On  veut  trouver  des  coupables  ,  &  on  ne 
veut  pas  fe  donner  la  peine  d'examiner  les  crimes* 
La  peine  qu'on  prend  pour  le  perfuader  aux 
autres  fait  voir  que  cette  entreprife  n'eft  pas 
aifée.  Mémoires  de  M.  de  la  Rochefoucaut.  Prendre 
peine  à  dire  des  fotifes.  (  Cette  compofition 
demande  de  la  peine.  Mol.  ) 

{J^  Peine.    On  peut  dire  en   général    avec 
Grotius   &  Puffendorf ,  que  la  peine  efl  un  mal 
que  l'on  foufre  à  caufe  du  mal  que  l'on  a  fait,  mais 
il  remarque  en  même  tems  que  tout  mal  n'efi pas 
une  peine  dans  le  fens   de  punition  d'un   crime  ; 
ainfi  ce  que  l'on  peut  foufrir  par  quelque  accident 
ou  par  quelque  caufe  étrangère  ,  n'eft  point  à 
proprement  parler  une  pf//:e  ,  mais  une  douleur, 
une  aflidion  :  une  fouïrance ,  qui  a  tout  autre 
caufe  qu'une  aftion  criminelle  &  réprchenfible  , 
n'eft  point  \me peine  ,  que  par  la  reflemblance 
entre  ies  peines  prononcées  par  la  jufticc  &  celles 
que  le   hazard    a  caufées   ou    qui   afligent  plus 
l'efprit,  C'eft  fur  carte  différence  que  la  palîi«n 


P  E  I. 

n'eft  point  regardée  comme  une  pdinc.  Comme 
la  peine  ,  clans  fa  fignification  naturelle  émane 
d'une  autorité  fupérieure,  elle  doit  être  diftribuée 
avec  cette  équité  &  cette  juftice ,  qui  font  les 
parties  effcntielles  de  la  juflice,  il  faut  la  régler 
fur  les  circonftances  du  crime.  L'autorité  de  punir 
a  deux  fondemens  principaux  ,  l'exemple  ,  pour 
infplrer  la  crainte  d'un  femblable  fuplice ,  &  la 
continuation  du  mal  que  le  condamné  pourroit 
faire  s'il  n'en  étoit  empêché  régulièrement.  Les 
peines  font  civiles  ou  criminelles ,  les  premières 
font  pécuniaires ,  on  en  eft  quite  en  paiant  la 
fomme  dont  les  parties  ont  convenu,  ou  qui  eft 
réglée  par  la  Coutume  du  lieu.  Les  criminelles 
font  légales  ,  mais  avec  cette  diference  que  les 
imes  font  capitales  ,  &  les  autres  ne  le  font 
pas  ;  on  apelle  capitales  celles  qui  emportent  la 
perte  de  la  vie,  que  Vom^eWe  mon  naturelle , 
ou  la  privation  des  droits  civils ,  que  l'on  apelle 
mort  civile  ,  mais  les  peines  qui  notent  d'infamie 
ou  qui  privent  d'une  partie  du  bien  que  l'on  a , 
ne  font  point  peines  capitales. 

Peine.  [Sollicicudo  ,  lubor.]  Inquiétude.  Ennui. 
Chagrin.  Fâcherie.  (Tirez-moi  de  la  peine  où  je 
fuis.  Se  mettre  en  peine  de  quelque  choCe.Baliac.) 
Peine.  [Supplicium,pœna.]  Châtiment.  Punition. 
La  peine  eft  un  mal  dont  le  Souverain  menace 
ceux  de  fes  fujets  qui  entreprendroient  de  violer 
fes  loix  ,  &  qu'il  leur  inflige  effeâivement  lorf- 
qu'ils  les  violent  ;  &  cela  ,  dans  la  vûë  de 
procurer  quelque  bien  ,  comme  de  corriger 
le  coupable  ,  de  donner  une  leçon  aux  autres  ; 
&  en  dernier  reffoft  ,  afin  que  les  loix  étant 
refpeftées  &  obfervées  ,  la  fociété  foit  fûre , 
tranquille  &  heureufe.  (Peine  corporelle.  Peine 
pécuniaire.  Les  Dieux  ne  tardèrent  guère  à  faire 
paier  la  peine  de  ce  crime  à  celui  qui  en  étoit 
l'auteur.  Faitg.  Quint,  l.  3-  <^-  iJ-  C'eft-à-dire , 
il  ne  tardèrent  guère  à  donner  à  l'auteur  du  crime 
le  châtiment  qu'il  mériioit.  ) 

Enfin,  je  l'ai  fait  ftiir ,  &  fous  ce  traitement 
De  beaucoup  d'adlions  il  a  reçu  la  peine. 

Mûliîre.  ) 

Peine  du  fins.  Ce  font  les  douleurs  que  fou- 
frent  les  damnés  dans  l'enfer  par  les  tourmens 
auxquels  ils  y  font  livrez.  Peine  du  dam ,  eft  celle 
que  la  privation  de  la  vîié  &  de  la  joiiiflance 
de  Dieu  leur  fait  foufrir.  C'eft  un  point  de  foi 
que  les  damnés  foufrent  des  peines  qui  n'auront 
jamais  de  fin.Ainfi  les/'f/nijide  l'enfer  font  apellées 
de  là  ,  peines  éternelles  ;  au  lieu  que  les  peines 
du  Purgatoire  ne  font  que  pour  un  tems.  On 
nomme  ainfi  les  dernières ,  parce  qu'elles  ne  font 
infligées  que  pour  achever  de  purifier  ceux  qui 
ne  font  pas  morts  dans  l'état  de  péché  mortel , 
mais  à  qui  il  refte  encore  des  fautes  à  expier  avant 
que  d'être  admis  dans  le  féjour  des  bienheureux. 

Peine ,  fe  dit  de  la  répugnance  qu'on  a  à  dire 
ou  à  faire  quelque  chofe.  (  J'ai  peine  à  lui  dire 
ce  qui  fe  pafTe.  J'ai  peine  à  me  fé parer  de  cette 
compagnie,  &c.) 

Peine ,  fe  dit  auffi  pour  le  falaire  du  travail 
d'un  artifan ,  ou  de  quelqu'autre  qu'on  a  emploie. 
(  U  faut  païer  la  peine  de  cet  ouvrier.  Je  lui  ai 
donné  tant  pour  fes  peines.  Toute  peine  mérite 
falaire.) 

£treer2peinc.C'e(^^vo\rdes  embarras  d'afaires. 
avoir  des  afaires  fâcheufes.  C'eft  auflî  être  dans 
l'inquiétude.  (  Je  fuis  en  peine  de  ce  que  telle 
chofe ,  telle  perfonne  eft  devenue ,  je  fuis  en 
peine  de  ne  point  avoir  de  fes  nouvelles. 


P  E  I.  85 

j4 peine.  Prefqu'aufTi-tôt.  [Ubi  ,Jlatim  ntque.'] 
(A  peine  avoii-il  commencé  fon  difcours  qu'il  fu» 
interrompu  ,  c'eft  -  à  -  dire  auffi  -  tôt  qu'il  eut 
commencé,  &c.) 

A  peine  ,  adv.  [  Fix.  ]  (  A  peine  y  eut-il  une 
feule  maifonilluftre  qui  n'eût  part  à  cette  calamité. 
Faug.  Quint,  l.  J.  c.  ij.  C'eftà-dire  ,  il  n'y  eut 
prefque  pas  une  feule  maifon  qui ,  &c.  ) 

A  peine  ,  adv.  [Suh  pœna.]  Ce  mot  fe  trouve 
fouvent  dans  les  Edits  &  Déclarations  du  Poi. 
C'eAk-d'ire ,  fur  peine  de.  (Obligez-les  d'abfoudre 
les  criminels  qui  ont  une  opinion  probable  à 
peine  d'être  exclus  des  Sacremens.  Pafc.  l.  6.) 
A  grand  peine  ,  adv.  [  iV«  quidem.  ]  (A  grand 
peine  m'obiigeriez-vous  en  cela  ,  que  vous  ne 
voulez  pas  feulement  ,  &c.  C'eft-à-dire  ,  vous 
n'auriez  garde  de  m'obliger  en  cela  ,  puifque 
vous  ne  ,  &c.  ) 

Sur  peine.  [  Suhpœna  vetitum.  ]  f  On  les  oblige 
fur  peine  de  péché  mortel.  Ordonner  fur  peine 
de  damnation.  ) 

Sous  peine  ,  fous  des  peines.  (  Cela  eft  défendu 
fous  peine  de  mort.  On  le  défend  fous  des  p»ines 
très-rigoureufes.  C'eft-à-dire  ,  on  le  défend  à 
moins  que  d'être  puni  rigoureufcment.  ) 

On  dit  également  a-i'o/V  ycei/jê  ,  &  avoir  de  la 
peine  à  faire  une  chofe.  Voïez  la  fuite  des  Remar~ 
qiies  nouvelles  du  P,  Bonheurs  ,  pag.  22^. 

On  apelle  homme  de  peine,  \_operarius  homo  ,^ 
celui  qu'on  aplique  à  des  travaux  où  l'on  fatigue 
beaucoup.   On  dit  ?iK\^\  fervante  de  peine. 

On  dit  auftî  proverbialement  :  je  viendrai  à 
bout  de  cette  afaire  ou  je  mourrai  à  la  peine. 
\_Rem  ifiam  conficiam  aut  fub  onere  dp.fatifcar?\^  C'eft 
peine  perdue  de  lui  parler.  [  Verba  fiunt  mortuo, 
fruflra  dicis.  ] 

Peiner.  \_Multiim  laborart.^  Ce  verbe  eft 
neutre  &  quelquefois  aclif  aufli.  C'eft  faire  avec 
peine.  Travailler  &  fe  donner  beaucoup  de 
/'e;/2«  pour  faire  une  chofe.  (Il  peine  fort  lorsqu'il 
fait  des  vers.  Il  peine  extrêmement  tout  ce  qu'il 
fait.  Cette  dernière  façon  de  parler  eft  un  peu 
hardie  au  fentiment  de  bien  des  gens  ,  qui 
néanmoins  ne  la  condamnent  pas.  ) 

Peiner ,  fe  dit  aufli  pour  faire  de  la  pane  à 
quelqu'un.   [  Molejliam  inferre.  ] 

Peiner  ,  îé  dit  encore  d'une  poutre  ,  d'une 
folive,  qui  eft  chargée  d'un  trop  pefant  fardeau. 
(  Cette  poutre  peine  beaucoup  ;  cette  folive 
peine  trop  pour  réfifter  long-tems.  ) 

Peine'  ,  Peine'e  ,  partie.  On  dit  qu'un  ouvrage 
eft  h\Qn peiné  ,  lorfqu'il  paroît  qu'on  y  a  travaillé 
avec  beaucoup  de  peine  ,  qu'il  eft  travaillé 
pefamment.    (  Cet  ouvrage  eft  trop  peiné.  ) 

Ecriture peinée  ,  fe  dit  d'une  écriture  qui  paroit 
écrite  pefamment.  Ouvrage  peiné  ,  difcours peinéy 
tableau  peiné. 

Se  peiner,  v.  r.  \Totus  effe  in  aliqua  r«.]  Prendre 
de  la  peine.  C'eft  un  garçon  qui  fe  peine  beau- 
coup.   Se  peiner  pour  ne  rien  faire. 

Peint,  Peinte.   [  P  ictus.  ]  Voiez  Peindre,. 

P  E  I  N  T  R.  E  ,  yi  OT.    [  Piclor.  ]  Celui  qui   avec 

des  pinceaux  &i  des  couleurs  imite  ce  qu'il  y  a 

de   beau  dans  quelque  fujet.   (  Uh  Peintre  doit 

être  fçavant  dans  la  fable   &  dans  l'hiftoire.  ) 

Un  Peintre  eft  méprifé  quand  fon  foiblegcnie 
Toujours  fe   rencontrant  dans   fes  divers  tableaux. 
Ne  peut  à  fes  d^fleins  donner  des  jours  nouveaux. 

Vill.  ) 
Le    Vafari   a  fait  la    vie    des  Peintres ,    des 

Sculpteurs    &  des  Architefles  les  plus   fameux. 

M.  Félibien  a  écrit  fur  le  même  fujet. 


86 


P  E  I. 


Peintre  in  érr.uil ,  f.  m.  \_EncauJlicus  p'iclor.  ] 
C'ell  celui  qui,  avec  des  pinceaux  èc  des  couleurs 
d'émail  ,  imite  fur  des  plaques  d'or  ou  de  cuivre 
émaillccs  de  blanc  tout  ce  qu'il  y  a  de  beau 
dans  la  Nature.  Les  couleurs  du  Peintre  en  émail 
font  le  noir  d'écaillé  ,  l'azur  ,  le  jaune ,  le  gris 
de  lin  ,  le  rouge ,  le  pourpre  d'or  ,  le  pourpre 
de  Vitrier,  &c.  M.  Bordier  &  M.  Petitot  font 
des  plus  fameux  Peintres  en  émail  de  Paris ,  & 
les  premiers  qui  ont  fait  des  portraits  en  émail. 
On  ne  faifolt  avant  eux  que  des  fleurs  &  autres 
petites  gcntillcffcs.  Un  portrait  en  email ,  grand 
comme  la  paume  de  la  main  ,  vaut  quarante 
ou  cinquante  piftoles  ,  quand  il  eft  fait  par  un 
habile  Peintre ,  &  le  plus  petit  quinze  à  vingt 
piftoles. 

Peintre ,  fe  dit  aufll  de  celui  qui  repréfente 
vivement  les  chofes  dont  il  parle  ,  dont  il  traite, 
foit  en  profe  ou  en  vers.  On  dit  :  cet  Orateur , 
ce  Poëte  eft  un  grand  Peintre. 

Etre  gueux  comme  un  Peintre.  Proverbe,  C'eft 
être  mal  dans  fes  afaircs. 

Peinture, yi/!  [  Piclura ,  ars  picturœ.  ]  Art 
qui  imite  avec  les  couleurs  ce  qu'il  y  a  de  beau 
dans  un  fujet. 

De  fon  Art  quel  eft  donc  l'empire  ? 

Ou  quels  font  fes  enchantemens  ? 

A  fon  gré  la  toile  refpire  , 

La  couleur  prend  des  fentimens  ; 

La  main  fçavante  qui  l'emploie  ; 

De  l'aftion  qu'elle  déploie 

Me  peint  les  plus  fe:rets  reflbrts. 

Des  paffions  vivante  image  ! 

Le  Speâateur  qui  t'envifage 

Sent  à  la  fois  tous  leurs  tranfports. 

JBourtt ,  O  Je  fur  les  progr.  de  la  peinture.  ) 

(  Il  y  a  diverfes  fortes  de  peinture.  'Li  peinture 
à  huile  eft  celle  dont  les  couleurs  font  détrempées 
avec  de  l'huile  de  noix,  ou  de  lin.  La  peinture 
tn  détrempe  eft  celle  dont  les  couleurs  font  détrem- 
pées avec  de  l'eau  &  de  la  colle  ,  o;i  bien  avec 
de  l'eau  &  des  jaunes  d'œufs  battus  avec  de 
petites  branches  de  figuier.  La  peinture  à  frefque , 
c'eft  celle  qui  fe  fait  contre  les  murailles  &  les 
voûtes  fraîchement  enduites  de  mortier  fait  de 
chaux  &  de  fable.  Il  y  a  auflî  une  peinture  fur 
le  verre  ,  &  une  peinture  en  émail.  Les  Froteurs 
apellent  auftl  peinture  une  forte  de  compofition 
où  il  y  entre  de  l'ocre  ,  de  la  pierre  de  mine, 
&  autres  chofes  pour  froter  les  planchers.  ) 

Peinture  ,  fe  prend  quelquefois  pour  fard. 
[Fucus.']  Les  femmes  ne  prcndroient  pas  tant  de 
peine  à  fe  farder  &  à  s'enluminer  ,  fi  elles 
îçavoient  que  toute  cette  peinture  les  rend  afreufes 
&  dégoûtantes.  La  Bruyère. 

Peinture  en  émail ,  f.  f.  [  In  encaujlo  piclura.  ] 
C'eft  un  art  qui  imite  avec  des  couleurs  d'émail 
ce  qu'il  y  a  de  beau  dans  un  fujet.  Elle  fe  fait 
fur  des  plaques  d'or,  ou  de  cuivre  émaillécs  de 
blanc  par  les  Orfèvres  mctcurs  en  oeuvre  ,  & 
on  peint  fur  ces  plaques  avec  des  pinceaux  & 
avec  toutes  les  couleurs  d'émail ,  qui  peuvent 
agréablement  imiter  la  nature.  Mais  il  eft  befoin 
de  donner  aux  émaux  qu'on  qjnploie ,  un  feu 
propre  ,  afin  de  le  parfondre  fur  la  plaque  ,  & 
de  leur  faire  prendre  le  poliment  qu'ils  doivent 
avoir ,  &  pour  cela  l'ouvrage  doit  aller  fcpt 
ou  huit  fois  au  feu.  La  peinture  en  émail  n'eft 
point  fujete  à  changer ,  &  le  tcms  qui  fait  de 
fi  grands  changemens  en  la  plupart  des  chofes 
ne  peut  rien  fur  elle. 

Peinture.  [  Piêla  tabclla.  ]  Tableau.  (Voilà  une 
belle  peinture.) 


P  E  I.         P  E  L. 

*  Peinture.  Ce  mot  fe  dit  au  figuré  &  a  divers 
fens.  Exemples. 

■{•  *  Etre  brave  en  peinture.  Abl.  Apopht.  C'eft 
être  un  faux  brave.  Mn.  Maréchal  de  France  en 
peinture. 

Un  duel  met  les  gens  en  mauvaife  pofture , 

Et  notre  Roi  n'ell  pas  un  Monarque  en /Jfi/wur*. 

Molière.  ) 

*  Je  ne  crains  point  d'être  cherchée  dans  les 
peintures  qu'on  fait  dôs  femmes  qui  fe  gouvernent 
mal.  C'eft-à-dire  ,  dans  les  defcriptions  qu'on 
fait  des  femmes.  Molière. 

Peinture,  lé  dit  de  la  defcription  vive.  (Ce 
Poëte  réulFit  dans  la  peinture  des  pallions.  Ce 
Prédicateur  a  fait  une  vive  peinture  du  vice. 

*  Faire  une  nouvelle  peinture  de  quelqu'un.  C'eft 
repréfenter  fon  caraftére  défavantageufement. 

Peinture.  [  FoUa  luforia  picla.  ]  Ce  mot  fe  dit 
en  jouant  aux  cartes ,  &c  veut  dire  ,  cartes  d'une 
certaine  couleur.  (  De  quelle  peinture  voulez- 
vous  joiier  ?  eft-ca  du  cœur  ou  du  carreau  ?  On 
ne  dit  plus  peinture  en  ce  fens ,  on  dit  couleur. 
Quelle  eft  la   couleur  favorite  ? 

^3"  Le  P.  Bouhours  a  fort  loiié  dans  {es 
penfées  ingénieufes  ces  quatre  vers  que  Malherbe 
compofa  fur  un  livre  de  fleurs  pûmes  par  Rabel 
fameux  peintre: 

L'Art  y  furmonte  la  Nature , 
Et  fi  mon  jugement  n'efl  vain  , 
Flore  lui  conduiloit  la  main 
Quand  il  faifoit  cette  peinture. 

^^  Faire  une  peinture  ,  ne  paroît  pas  jufte  ; 
on  ne  fait  pas  un  art ,  c'eft  l'art  qui  aprend  à 
faire  quelque  ouvrage  félon  fes  régies.  D'ailleurs, 
en  cet  endroit,  faire  une  peinture ,  explique  mal 
un  aflemblage  de  diférentes  fleurs  qui  compo- 
foient  le  livre. 

Il  y  a  long-tems  qu'on  a  trouvé  une  grande 
reflTemblance  entre  la  peinture  &  la  poéfie ,  & 
que  l'on  a  accordé  des  licences  aux  Poètes  & 
aux  Peintres  ,  que  l'on  refufe  aux  Orateurs. 
Horace  a  dit  dans  fon  Art  poétique. 

Piélorihu!  atqne  pj'c'tis 
QiùJUbet  audendi  femper  fuit  aqua  potejlas. 

^^  Ce  n'eft  pas  que  la  profe  n'ait  fes  peintures 
comme  la  poëfie  ,  mais  elles  font  bien  plus  vives 
dans  la  poëfie  que  dans  la  profe.  Les  Poètes 
peignent  avec  des  traits  plus  hardis  que  les 
Orateurs  :  mais  fans  \a peinture  le  difcours  languit, 
&  l'on  ne  peut  échaufer  l'imagination  des  audi- 
teurs ,  ni  exciter  les  paffions  avec  un  ftile  fimple 
&  uni. 

P  E  L. 

Pela  c  HE,  //  Efpcce  àe  peluche  groffiére 
faite  de  fil  &  de  coton. 

Pelade,//!  [^Alopccia.l  Mot  injurieux  qui 
fe  dit  des  vérolez.  (  Avoir  la  pelade.  C'eft  avoir 
la  tête  toute  pelée  après  qu'on  a  fué.  C'eft  qu'en 
général  la  pelade  eft  une  maladie  qui  fait  tomber 
le  poil  &  les  cheveux.  ) 

Que  la  ligne  avec  la  pelade 
Se  jette  deflus  ma  falade. 

S.  Amant.  ) 

Pelade.  C'eft  le  nom  de  la  laine  que  les  Mégif- 
ficrs  6c  Chamoifeurs  font  tomber  par  le  moien 


P  E  L. 

de  la  chaux ,   de  deffiis  les  peaux  de  mouton 
&  de  brebis. 

Pelage,/'".  Il  le  dit  de  la  couleur  du  poil 
de  quelques  animaux.  (Us  fontdediférent  pelage, 
c'eft-à-dire  ,  la  couleur  de  leur  poil  eft  diférente.) 

PiLAGiENS.  \_Pelagiani.]  Hérétiques  fameux 
que  faint  Auguftin  a  combatu  dans  pliifieurs 
ouvrages  ;  ils  nioient  la  grâce  de  Jefus-Chrift , 
la  nécellité  du  baptême  ,  l'exiftcnce  du  péché 
originel.  Le  Cardinal  Noris  a  fait  une  très- 
fçavante  hiftoire  de  leur  héréfie ,  &  fon  ouvrage 
eft  fort  folide  &  eftimé, 

P  E  L  A I N  s.  Ce  font  des  fatins  de  la  Chine. 

f  iL A  Ml  DE  ,  /./.[Pelamys.]  Danct  dit ,  que 
c'ijl  un  poijfon  di  Mer  ,  &  qu'on  apeLU  aïnfi  un 
jeune  Thon  qui  na  qu'un  an.  Mais  )e  crois  que 
la  Pelamide  eft  un  poiffon  diférent  du  Thon ,  & 
qu'il  a  la  chair  moins  rouge. 

P  E  L  A  R  D  ,  adj.  \L'.s,num  decortîcacum.^  Epitéte 
qu'on  donne  à  un  certain  bois  ,  ou  plutôt  à  de 
jeunes  chênes  ,  dont  on  a  ôté  l'écorce  pour  faire 
du  tan  ,  c'eft  ainfi  qu'on  l'apellc  à  Paris.  Acad.  Fr. 

Pelardeaux.  [  AffidcB  tormento farta.  ]  Terme 
de  Marine.  Morceaux  de  planches  couvertes  de 
lîourre  ,  de  poix  &  de  brai,  qui  fervent  à  boucher 
les  écubiers ,  ou  quelques  trous  qu'aura  fait  le 
canon  ennemi.  Acad.  Fr. 

Pelatre,/ot.  [  Batilli  patella.  ]  C'eft  la 
partie  de  la  pèle  qui  eft  la  plus  large  &  qui  a 
ordinairement  des  rebords.  (Un  pelatre  mal-fait.) 

Pelauder.  [Acerèis  i&ièus excipere.]  Terme 
populaire.  Batre  à  coups  de  poings  ou  de  main. 
(  Les  écoliers  font  fujets  à  fe  pelauder  en  fortant 
du  Collège. 

PêLE,  Pe'le,  ou  Pe'ne,  /  m.  [Patella.] 
Terme  de  Serrurier.  On  dit  pêne  oupéle ,  mais  le 
plus  ufité  de  ces  deux,  mots  c^eû  pclc.  C'eft  un 
morceau  de  fer  qui  eft  dans  la  ferrure  ,  qui 
ferme  la  porte  ou  le  couvercle  d'un  cofre  & 
que  la  clef  fait  aller.  (  Le  pcle  entre  bien  avant 
dans  la  gâche.  Le  pèle  de  cette  ferrure  va  bien.) 

Pèle  ,  ou  pelle  ,  f.f.  [Pate/u  ferrea.]  Inftrument 
de  fer  dont  on  fe  fert  pour  prendre  du  feu  ,  des 
cendres ,  des  balieures  &  autres  chofes  qui  font 
à  peu  près  de  cette  nature.  Cette  forte  de  pc/lc 
eft  compofée  d'un  manche  ,  au  bout  duquel  il 
y  a  ordinairement  un  bouton  de  fer  ,  Si  d'un 
jeiatre  avec  des  rebords.  (Pèle  rompue.  Faire 
une  pèle.  ) 

Pèle  ,  ou  pelle,/,  f.  [  Patella.']  Inftrument  de 
bois  qui  eft  compofé  d'un  manche  &  d'une  partie 
qu'on  apelle  le  plat  de  la  pèle  ,  dont  on  fe  fert 
pour  prendre  diverfes  chofes  ,  comme  gravas , 
fumier  ,  terre  ,  &  dont  on  fe  fert  pour  remuer 
diverfes  petites  chofes  ,  comme  blé ,  avoine,  &c. 

Il  y  a  des  piles  de  fer  qui  ont  un  manche  de 
bois,  defquelles  on  fe  fert  pour  remuer  la  terre. 
(Faire  provifion  de  part  &  de  pèle  pour  un 
fiège.  Pèle  pour  enfourner.  ) 

P  E  L  e'e  ,  P  E  L  e'e  ,  adj.  [  Glaber  ,  depilatus.  ] 
Qui  eft  pelé.  Qui  n'a  plus  de  poil ,  qui  n'a  plus 
de  peau.  (  Cochon  de  lait  pelé.  Amande  pelée.) 
Pelé ,f.  m.  [Calvus.  ]  Terme  injurieux ,  pour 
dire  qui  a  peu  de  cheveux  à  la  tête.  Qui  a  la 
tête  fort  dégarnie  de  cheveux.  (C'eft  un  vieux 
pelé  tout  jaune ,  &  qui  n'a  plus  de  dents.  Abl. 
Luc.  Qui  eft  cet  autre  pelé.  Abl.  Luc  ) 

Il  n'y  avait  aux  Etats  que  trois  teigneux   &  un 

pelé.  Voïezle  '^atolicon  d'F/pagne.  Ùcû-h-dire  , 

il  n'y  avolt  que  des  gens  de  nulle  confulération. 

P  E  L  e  c  I  N  u  s ,  /.  CT.   Plante  dont  les  feiiilles 

rcffemblent  à  celles  de  la  Vcfie,  ou  du  Securidoca, 


P  E  L.  87 

Sa  femence  eft  propre  pour  exciter  l'urine  , 
lever  les  obftructions  ,  fortifier  l'eftomac  ,  étant 
prife  en  poudre  ou  en  décodion.  On  cultiva 
cette  plante  dans  les  jardins. 

PJlée  ,/./.  [  Patella  plena.  ]  Plein  la  pèle. 
Prendre  une  pilée  de  feu.  Donner  une  pelée  de 
feu.  (  Il  y  en  a  qui  difent  pêlcrée  ,  &  l'Acadèmia 
admet  ce  mot.  ) 

Pe'le- me'le  ,  adv.  [  Promifaà  ,  permixte, 
confuse.]  Confufément  &  en  défordre.  (Entrer 
pêle-mêle  dans  une  Ville.  Abl.  Ar.  l.  i.  c.  ^. 
Ils  entrèrent  pêle-mêle  dans  la  place.  Vaug, 
Quint.  /.  -4.  ) 

^^  Malherbe,  dans  fa  Profopopèe  d'Oftende," 
a  dit: 

Tout  ce  dont  la  fortune  aflige  cette  vie 
Pèle- mêle  aflemblé  me  ptefle  vivement. 

»  Surquoi  Ménage  a  fait  cette  obfervation  : 
»  pêle-mêle,  ce  mot  eft  toujours  de  la  haute  poëfie. 
»  M.  Chapelain  s'en  eft  fervi  dans  l'a  Pucelle , 
»  (  foible  autorité,)  &  M.  de  Segrais  dans  fon 
»  Eneïde  ;  &  comme  fon  étimolpgie  eft  fçùë  de 
»  peu  de  perfonnes  ,  je  la  remarquerai  ici  par 
»  ocafion.  Pêli-mêk,  vïtnt  àz  pejfulum  &  de 
»  mufculum.  Peffulum  eft  le  diminutif  de  pejfum  , 
»  qui  fignifie  le  fond ,  d'où  vient  cette  façon  de 
»  pa.rler  pejfum  ire  ,  pour  dire  ;  aller  au  fond;  du 
»  La.nn pej/ulum,  dans  cette  fignificationde  fond 
»  on  a  fait  le  François  pèle  ,  qu'on  a  dit  aufli 
»  pour  un  verroiiil  du  Latin  pejfulum  dans  la 
»  fignifîcation  de  verroiiil  dans  lequel  ce  mot  de 
»  pèle  eft  ufité  encore  aujourd'hui  par  le  petit 
»  peuple  de  Paris  :  «  mais  Chapelain  &  Ménage 
ne  pourront  jamais  placer  pcle^mèU  dans  la  haute 
poëfiie. 

Peler,  v.  a.  [  Glabrare.  ]  Prononcez  la  pre- 
mière fdabe  de  ce  mot  courte  &  fort  doucement. 
Oier  le  poil.  Oter  la  peau.  Arracher  l'écorce. 
(  Peler  les  amandes  ,  peler  l'ofier.  \_DeUbrare.'\ 
Quelques-uns  fe  fervent  de  ce  mot  en  parlant 
de  cochons  de  lait,  &  en  ce  (ens  peler  fignifie 
ôter  la  peau  avec  de  l'eau  chaude  ,  mais  en  ce 
fens ,  le  mot  de  peler  n'eft  pas  le  mot  d'ufage  , 
&  en  fa  place  on  dit  échauder  un  cochon  de 
lait,  &  jamais  peler  un  cochon  de  lait. 
Peler  la  terre.  C'eft  enlever  du  gazon. 
Pe/er  des  allées.  C'eft  enlever  de  la  terre  8c 
de  l'herbe,  avec  la  bêche  ,  la  pèle. 

P  E  L  E  R I  N.  /.  w.  [  Peregrinator.  ]  Celui  qui  va 
en  pèlerinage  6i  quia  le  bourdon  &  lecoletin, 
(  Etre  pèlerin.  Vivre  eu  pèlerin.  Un  pauvre 
pèlerin.  ) 

Rouge  au  foir ,  blanc  le  matin,  jour  de  pèlerin. 
*  Pèlerin  ,  [Cautus  ,  callidus  ,  vafer.]  Mot  bas 
&  comique ,  au  figuré.  Il  fe  dit  des  perfonnes  , 
&  félon  les  chofes  dont  on  parle,  il  a  un  fens 
fatirique  &  ofenfant.  Si  l'on  dit  d'un  jeune 
homme  qui  aime  les  belles ,  &  qui  en  a  queU 
quefois  des  faveurs  ,  ceji  un  bon  pèlerin ,  c'eft- 
à-dire  ,  un  galant ,  un  éveillé ,  qui  fait  fon  poiîible 
pour  fe  bien  divertir.  Quand  on  parle  d'un  homme 
qui  ne  fonge  qu'à  venir  à  bout  de  fes  defteins 
par  toutes  fortes  de  manières  libres  &  gaillardes, 
le  mot  de  pèlerin  eft  choquant  ,  &  veut  dire 
libertin  ,  gaillard  ,  fripon  &  fcélérat.  C'eft  dans 
ce  fens  qu'il  femble  que  Molière  ait  dit  :  fi  tu 
connoiffois  le  pèlerin  ,  tu  trouverois  la  chofe 
affez  facile  pour  lui.  Fcjlin  de  Pierre  ,  a.  i.Jc.  i. 
Pèlerinage  ,  f.  m.  \_Peregrinatio  votiva.]  Voïage 
qu'on  fait  par  dévotion  en  quelque  lieu  ,  aîi 
répofe  quelque  corps  Saint.  Voïage  qu'on  fait 


88  P  E  L. 

par  dévotion  en  un  lieu  où  il  y  a  quelque  chofe 
de  Saint.  (  Aller  en  pèlerinage  à  Saint-Jacques.) 
Les pderinagis  étoient  autrefois  en  ufagc  parmi 
toutes    les   Nations.    On  prenoit  même   avec 
certaines    cérémonies    l'habit  de  pèlerin  ,    qui 
confiftoit    particulièrement  en  im  bourdon  & 
en  une  efcarcelle.    M.  Ducange    a   traité    fort 
au  long  des  anciens  pcUrinages  dans  fa  quinzième 
Differtation  ,  on  y  voit  que  nos  Rois ,  voulant 
entreprendre  quelque  voïage  d'outre-Mer, après 
avoir  chargé  la  figure  de  la  Croix  fur  leurs  épaules, 
avoient  acoutumé  d'aller  à  Saint-Denis,  &  là, 
après  la  célébration  de  la  Meffe  ,  ils  recevoient 
des  mains  de  quelque  Prélat  le  bâton  àe  pekrin 
&  l'efcnrcelle  ,  &  même  l'oriflamme.  C'efl  ainfî 
que  Loliis  le  Jeune  &  Philipe-Augufte  en  uférent. 
Richard ,  Pvoi  d'Angleterre  ,  qui  partit  dans  le 
même  tems  du  Roi  Augufte  ,  vint  à  Tours  ,  où 
il  prit ,  par  les  tuains  de  Guillaume  de  Tours , 
le  bourdon  &  l'efcarcelle  de  pclerin.   Le  même 
a  remarqué  que  fouvent  on  fe  fervoit  du  mot 
Echarpe  ,  au  lieu  de  celui  d'efcarcelle  ,    parce 
qu'on  attachoit  les  efcarcelles  aux  écharpes  dont 
on  ceignoit  les  pderins.    Guillaume  Guiart  en 
l'an  1 190  : 

Le  Roi  en  icet   s'aprefte 
Si  comme  Dieu  l'en  avifa 
De  là  aller  où  promis  a  , 
Autrement  cuidcroit  mefprendre 
L'écharpe  &  le  bourdon  va  prendre 
A  Saint- Denis  dedans  l'Ecclife 
Puis  à  l'ontlamme  requife 
Que  l'Abé  de  céans  li  bailla. 

5^3^  On  efl  bien  revenu  de  cet  empreffement 
d'aller  chercher  bien  loin  des  fecours  que  l'on 
peut  trouver  chez  foi  par  fes  prières  &  par  fes 
bonnes  œuvres. 

Pèlerine,  y?yi  [Qw^e  peregrinatnr  religionis 
causa.  ]  Fille  ,  ou  femme  qui  va  en  pèlerinage. 
(  C'eft  une  vraie  pèlerine.  C'eft  une  pèlerine  fort 
dévote.  ) 

*  Pèlerine.  \_Hilaris  ,  fcjliva.  ]  Ce  mot  dans  le 
Comique  fignifie  une  gaillarde  ,  une  éveillée  & 
déniaifée.  (C'eft  une  bonne  pèlerine.  Je  copnois 
la  pèlerine  ,  il  y  a  long-tems.  ) 

Pelerinf.r,  V,  a.  [Pcregrinari.]  Aller  en  voïage. 
Mot  qui  ne  fe  dit  qu'en  raillant  d'un  vagabond. 
Danet. 

Pelérôn,  f.vi.  [Palmula.]  Petite  pèle  de 
bois  dont  les  boulangers  de  Paris  fe  fervent  pour 
enfourner  le  petit  pain.   (Péleron  brûlé.  ) 

P  e'l  E  T  e'e  ,  f.  f.  C'efl  la  quantité  de  terre 
qu'on  prencl  avec  une  pèle.  (  Une  petite  péletèe. 
Une  bonne  pélctée.  Prendre  la  terre  à  péletées.) 

P  e'le  t  e  r  I  e  ,f.f.  [Jrspellionis.]  Marchandife 
de  pcletier  ,  telle  que  font  manchons  ,  peaux  , 
fourrure.  (La  pcleterie  ne  va  plus  aujourd'hui 
comme  elle  alloit  autrefois.  ) 

■  Péleteric,  fe  dit  du  corps  des  PJleeiers,  qui  eft 
le  quatrième  des  fix  corps  de  Marchands  de  Paris. 

Pcleterie.  Rué  de  Paris  où  aparemmcnt  dcmeu- 
roient ,  ou  travailloient  autrefois  les /Jc'/mVw. 

P  E  L  E  ï  I  e  r!  ,  /  m.  [  Pellio.  ]  Cet  artifan  mar- 
chand s'apelle  dans  fes  lettres  de  mdàinic pèhtier 
fourreur  ;  c'eft  celui  qui  acommodc  la  peau  &  le 
poil  de  certains  animaux  pour  fervir  defoinrure, 
d'ornement  ■,  ou  de  qUelqu'autre  chofe  aux  per- 
fonHes ,'  &  qui  vend  ces  peaux  en  gros,  ou  en 
détail,  &  en  irait  des  irianchons  &  autres  ouvrages 
ilepèié^erie.  (Un  péletier  ù  fon  aile.  ) 

■  PtùtANv/.  m.  \_Pelicanurn.'\  Vaifleau  chimique 
^Ôtircorporifier  les  efprit  ou  volatilifer  les  corps 
par  circiilatibn. 


P  E  L. 

Pélican  ,  f.  m.  [Pélican us.  ]  Oifeau  de  rivière  ^ 
de  lac,  ou  d'étang,  qui  a  une  efpéce  de  hupe, 
qui  eft  femblable  au  cigne  ,  fi  ce  n'eft  qu'il  a 
un  fac  ou  poche  de  cuir  fous  la  gorge.  (Le 
Pélican  fait  fon  nid  autour  des  lacs  &  le  ferpent 
lui  tue  fes  petits.  Bel.  On  dit  que  le  pélican  a 
un  amour  extraordinaire  pour  fes  petits  jufques 
à  fe  faire  mourir  pour  leur  conferver  la  vie. 

Dans  un  canton  fertile  un  pclican  régnoit 
Qui  foir  &  matin  (e  faignoit 
Par  tendrefle  pour  fa  couvée. 

Bourf.  lett.  ) 

La  graiffe  du  Pélican  eft  bonne  pour  amollir 
&  réfoudre.  Sa  fiente  eft  propre  pour  l'épilepfie 
&  les  maladies  des  nerfs  ,  étant  prife  au  poids 
d'une  dragme  dans  de  l'eau  de  bétoine. 

Pélican,/,  m.  [Pelicanum.  "]  Inflrument  dont 
les  Chirurgiens  fe  fervent  pour  arracher  les  dents. 
y4cad.  Fr. 

Il  y  a  une  certaine  pièce  d'artillerie  à  qui  l'on 
donne  ce  même  nom  ,  &  qui  eft  un  quart  de 
coulevrine  portant  fix  livres  de  boulet.  [Tormen- 
tum  helUcum  minus.  ]   Acad.  Fr. 

Pe'liope,  ou  Pi'LioposE,y^  m.  &  f.  Poule 
d'eau  qui  a  les  pies  blancs. 

Pelis.  On  apelle  ainfi  les  laines  que  les 
Mégifliers  font  tomber  de  deffus  les  moutons 
tués. 

Pelissier  ,  f.  m.  Celui  qui  fait  ou  qui  vend  des 
pelijjes  ou  robes  de  chambre  fourrées  &.  des  pelifjons. 
On  le  dit  auiïi  de  ceux  qiri  préparent  les  peaux. 

pELissoN,y;  m.  [  Pellita  vefiis.l  Sorte  de 
jupe  de  peaux.  (Un  bon  péliflbn  ,  un  vieux 
pèliffon.  Le  mot  péliff'on  s'cft  dit  autrefois  pour 
péliffe ,  robe  fourrée  ,  habit  doublé  de  peaux. 

^^  Pelage.  C'eft  dans  la  Coutume  de  Mante 
un  droit  Seigneurial ,  qui  fe  lève  fur  les  bêtes 
à  poil. 

Pellicule, y^/^  [  Pellicula  ,  epiderma.  ] 
Terme  â'Anatomie.  Diminutif  de  peau.  C'eft  une 
peau  fort  mince  &  déliée.  (  L'épiderme  eft  la 
pellicule  qui  couvre  la  peau.  Les  valvules  des 
artères  &  des  veines  font  des  pellicules  prefque 
infenlibles.  ) 

Pellicule ,  fe  dit  de  la  petite  peau  qui  eft  au 
dedans  de  la  coque  d'un  œuf,  &  de  celle  qui 
envelope  le  jaune. 

Pellicule ,  fe  dit  encore  de  la  petite  peau  qui 
eft  au  dedans  de  quelques  fruits  ou  fleurs. 

Peloir,/;ot.  [  Depulforium.  ]  Terme  de 
Mégifjhr.  Prononcez  péloi.  C'eft  une  forte  de 
rouleau  de  bois  long  d'environ  un  pié  &  demi , 
avec  quoi  le  Mégiflier  fait  tomber  le  poil  de 
defl"i!s  la  peau  des  brebis  &  des  moutons  qu'il 
paffe  en  mégie. 

Pelotage,/  m.  Laine/'t'/oMg'e  de  vigogne; 
c'eft  la  troifiéme  forte  des  laines  de  vigogne. 
On  l'apelle  /;<r/own'e ,  parce  qu'elle  vient  d'Efpage 
en  pelotes. 

Pelote,  ouPlote,  \_Globulus  yfphœrula.^ 
Ce  mot  &  les  fuivans  peuvent  être  prononcez 
en  deux  fyllabes.  Ce  mot  fe  dit  en  parlant  de 
neige.  C'eft  une  forte  de  petite  boule  de  neige  , 
qu'on  forme  avec  les  mains  ,  &  qu'on  jette  à 
de  certaines  perfonnes  ,  ou  que  de  jeunes  gens 
fe  jettent  les  uns  aux  autres  pour  rire.  (Une 
grofTe  ou  petite  pelote  de  neige.  Jetter  une 
pelote  de  neige  ;\  quelque  fervante,  ou  à  quelque 
laquais.  ) 

Pelote  ,  ovplote.  [Lanuginis  globulus.  ]  Ce  mot 
fe  dit  en  parlant  de  coton.  Les  Chandeliers  de 
Paris  ap client  plotc ,  du  coton  en  forme  de  boule, 

ou 


P  E  L. 

ou  de  corps  ronJ.    fUnegrofleou  petite  pelote 
de  coton.  Dévider  une  pelote  de  coton.  ) 

Pelote  ,  plotc.  [  Capfula  tomentata.  ]  Ce  font 
pln'icurs  petites  recoupes  de  drap  cnvelopécs 
d'un  morceau  de  velours  ou  d'autre  étofe ,  bien 
proprement  coufuë  ,  qu'on  pofe  fur  la  toilette 
d'une  Dame  pour  y  mettre  des  épingles ,  dont 
on  fe  fert  quand  on  la  coife  ,  ou  dont  elle  ie 
fcrt  quand  elle  fe  coite  elle-même. 

Pelote  ,  plotc.  [  Efcaria  pillaLi.  ]  Terme  de 
pécheur  des  environs  de  Paris.  Petite  boule  com- 
pofce  de  terre  &  de  vers  qu'on  jette  aux  poiffons 
pour  les  amorcer. 

Pelote,  plotc.  [  Stella  alhicans  ïrl  fronts  eqitl.  ] 
Ce  mot  fe  dit  de  certains  chevaux  ;  &  c'eft  la 
même  chofe  que  fi  on  difoit  étoile.  (  On  dit , 
c'eft  un  cheval  qui  a  une  pelote ,  ou  étoile  au 
front.    Soleifcl ,    Parfait  Maréchal.  ) 

Pelote  à  fu.  [  Globulus  ignitus.  ]  C'eft  une 
compofition  d'artifice  ,  dont  on  fe  fert  la  nuit 
pour  éclairer  dans  un  foffé. 

Pelote  de  mer.  [  Pila  marina.  ]  Efpéce  de  baie 
ronde  qu'on  trouve  fur  les  rivages  de  la  mer 
parmi  l'algue  ,  &  qui  eft  ordinairement  groffe 
comme  le  poing.  Elle  eft  formée  de  poils  & 
autres  ordures. 

Pelote.  [  Capfula.  ]  Petit  cofret  dans  lequel  les 
Dames  ferrent  leurs  boucles  ,  leurs  bagues  ,  & 
autres  afaires  de  toilette.  Acad.  Fr. 

Pelote.  C'eft  dans  les  fours  à  verre  une  efpéce 
de  petit  établi  de  terre  couverte  de  braife  éteinte, 
fur  laquelle  on  met  quelque  tems  repofer  le  plat 
de  verre  au  fortir  du  grand  ouvreau  ,  avant  de 
le  mettre  dans  les  arches  du  four  à  recuire. 

Pelotes.  Les  Fondeurs  de  petits  ouvrages  nom- 
ment ainfi  le  cuivre  enfeiiilles,  qu'ils  ont  préparé 
pour  mettre  à  la  fonte. 

Pelotes.  On  nomme  ainfi  dans  le  commerce 
des  foies  ,  les  foies  grèges  &  non  ouvrées,  qui 
viennent  ordinairement  de  Meffine  &  d'Italie  , 
&  qui  font  pliées  ,  ou  plutôt  roulées  en  grofl"es 
pelotes. 

Peloter  ,  ou  plotcr.  [  Datatim  ludâ  ludcre.  ] 
Terme  de  Jeu  de  paume.  Prononcez  ploter.  C'eft 
joiier  pour  fe  divertir  feulement.  (Peloter  en 
atendant  partie.  Allons  peloter  une  douzaine  de 
baies.  ) 

Peloter,  ou  ploter  ,  v.  n.  \_Globulos  niveos 
injicerc.  ]  Jetter  des  pelotes  de  neige.  (  Allons 
peloter  pour  nous  échaufer.  ) 

Piloter,  ploter,  v.  n.  [Expifcari.]  Terme  de 
Pécheur  d'autour  de  Paris.  C'eft  jeter  de  petites 
pelotes  de  mangeaille  aux  poiffons  pour  les 
amorcer.  (  îl  faut  peloter  quelque  tems  avant 
que  pêcher.  )  Ils  difent  auflî  écher  ,  mais  c'eft 
en  parlant  de  leur  ligne  ,  &  il  veut  dire  amorcer. 
Il  faut  écher  votre  ligne. 

*  Peloter ,  v.  a.  [  f^erbcrare.  ]  Mot  bas  & 
burlefque  ,  pour  dire  batre.  (  Il  l'a  peloté  comme 
il  faut.  ) 

Peloter,  veut  dire  audî  baloter  quelqu'un  ,  fe 
moquer  de  lui.  [  Feluti  pilas  aliquem  traclare.  ] 
Vous  avez  été  furieufement  peloté  dans  cette 
compagnie. 

On  dit  qu'un  homme  pelote  en  attendant  partie, 
quand  il  s'amufc  à  quelque  léger  divenifi'ement 
en  attendant  un  meilleur. 

PiLOTON,  Ploton,/w.  {Glomus, 
glomcr.  3  Prononcez  ploton.  C'eft  une  manière 
de  fort  petit  couftînet  ,  rempli  ordinairement 
de  fon,  &  couvert  de  ferge  ,  d'éiofe  .  de  broderie 
ou  de  foie  ,  où  l'on  met  des  épingles  ,  que  de 
Tome  III. 


P  E  L  S9 

petites  filles  te  autres  portent  pendu  à  ta  ceinture 
pour  y  ficher  des  épingles:    (  Un  joli  peloton.  ) 

Peloton  ,  ploton.  [  Glohus  nudus.  ]  Terme  dé 
Raqucùcr.  C'eft  le  fond  de  la  baie ,  lié  avec  de 
la  ficelle.  (  Couvrir  un  peloton.  Lorfque  le 
peloton  eft  couvert  ,    c'eft  une  baie.  ) 

*  Peloton  ,  ploton.  [  Manipulus  ,  caterva.  ] 
Terme  de  Guerre.  Ce  font  quarante  ou  cinquante 
fantaffins  qu'on  pofte  dans  les  intervales  des 
efcadrons  pour  foûtenir  la  cavalerie.  (  On  mit 
un  peloton  entre  chaque  intervale  des  efcadronsj 
Relation  de  la  campagne  de  Rocroi.  Pofter  des 
pelotons  dans  les  intervales  des  efcadrons.  Les 
pelotons  ont  fait  grand  feu.  ) 

Les  ennemis  penfant  nous  tailler  des  croupières. 
Firent  trois  pelotaris  de  leurs  gens  à  cheval. 

MùlUre.  ) 

Il  fe  dit  aiifii  d'autres  qui  s'affemblent  pat 
petites  troupes  dans  les  rues.  [Turma conglobata.] 

■f  *  C'ejl  un  peloton  de  graijfe.  [  Glomus  adipis-l 
Ces  mots  en  parlant  d''oifeau  ,  veulent  dire  que 
l'oifeau  dont  on  parle  eft  bon  &  gras. 

Peloton  ,  f.  m.  [  Globulus.  ]  C'eft  du  fil ,  de 
laine  ,  ou  de  la  foie  dévidée  eti  rond  comme  une 
petite  boule ,  &  en  ce  fens  on  dit  figurément  , 
dévider  le  peloton  ,  quand  on  débroiiille  quelque 
afaire. 

Peloton.  Se  dit  de  la  pofture  d'un  homme  , 
dont  les  membres  font  ramaffez.  En  hiver  il  y 
a  qui  fe  tiennent  dans  le  lit  eri  petit  peloton 
pour  avoir  plus  de  chaud. 

Pelouse,  f.f.  \Campus gramineus.'\  Prononcez 
prefque  ploiije  :  mais  on  le  peut  faire  de  trois 
fyllabes ,  en  prononçant  la  première  fort  courte 
&  fort  doucement.  C'eft  une  forte  d'herbe  courte 
&  douce. 

C  L'autre  étourdi  tombe  à  l'envers 
Quilles  à  mont  fur  la  peloufe. 

S.  Amant ,  Rame  ridicule.  ) 

P  E  L  T  E  ,  y!  m.  Sorte  de  Bouclier.  Les  peltes 
a  voient  la  forme  d'un  croifl"ant  plein,  ou  d'une 
lune  qui  finit  fon  fécond  quartier.  Les  peltes 
étoient  beaucoup  plus  légers  que  les  boucliers 
ordinaires  ;  auffî  les  fubftituoit-on  fouvent  à 
ceux-ci. 

f  PelUjPelue,  adj.  [  Villofus ,  pilofiis.  ] 
Chargé  de  poil.  Patepehii.  Ces  mots  fe  difent 
au  figuré  ,  d'un  hipocrite  qui  eft  flateur  6c 
trompeur.  On  dit  plus  fouvent  velu  que  pelu. 

Peluche,/./  [  Villofa  pellis.  ]  Prononcez 
prefque/j/uc/ze.  C'eft  une  forte  de  panne  à  grand 
poil,  fervant  à  faire  des  doublures.  (Peluche, 
verte  ,  grlfe  ,  noire  ,  bleue  ,  rouge ,  &c.  ) 

Peluche.  [  V'dlofa  fiorum  folia.  ]  Terme  de 
Fleurijh.  C'eft  le  velouté  de  la  fleur  de  l'anémone. 
(  Anémone  à  peluche  rouge.  Fond  de  peluche 
d'anémone.  Le  calice  ,  le  cordon  &  la  peluche 
font  une  belle  anémone  ,  &  ce  qui  ren4  une 
anémone  parfaite  ,  c'eft  lorfque  ces  trois  chofes 
font  de  diférentes  couleurs.  ) 

Peluche',  Peluche'e,  adJ.[f^illofus.]  Terme 
de  Fleuriftc.  Qui  eft  embelli  d'une  peluche.  (  Une 
anémone  peluchée.  Morin ,  traité  des  fleurs,  p.  78. 

Pelure,//  [  Frucluum  cutis.  )  Prononcez 
prefque  plure.  C'eft  la  peau  qu'on  ôte  de  deflus 
quelque  fruit  ,  ou  quelque  fromage.  (  Groffe 
pelure.  Petite  pelure  de  poire  ,  de  pomme  ^ 
de  fromaE;e  ,  &c.  Pelure  de  noix  ,  de  châtaigne , 
;     de  grenade  ,  d'orange.    [  Corium  ,  cortex.  ] 

M 


9® 


P  E  N. 

P  E  N. 


pENAitLON  , /.  m.  Mot  du  peuple,  qui 
fignifie  haillon.  (Sonhabit  s'en  va  en  penaillons.) 
On  dit  aufli  dans  le  même  fcns  ;  il  eft  tout 
pcnailU. 

PtNAL,  Pénale  ,  adj.  [Penalis.]  Qui  affujetit 
à  quelque  peine.  (  11  y  avoit  dans  les  premiers 
fiécles  parmi  les  Romains  des  loix  pénales  contre 
les  Chrétiens.  ) 

f  Penard,/ot.  [  Vctulus,  fintx.  ]  Le  mot 
de/)i'«<2r</fe  joint  ordinairement  à  celui  de  vieux, 
&  donne  l'idée  de  quelque  vieux  homme  qui 
eft  caffé.  (  Elle  a  époufé  un  vieux  penard  qui 
la  fait  enrager  quand  elle  regarde  feulement  un 
homme  entre  les  deux  yeux.  C'étoit  un  vieux 
penard,  qui  n'étoit  guère  le  fait  d'une  Demoifellc, 
mais  elle  l'a  pris  pour  fes  écus. 

Ma  foi  j'en  fuis  d'avis  ,  que  ces  penarJs  chagrins 
Et  vertueux  par  force ,  efpérent  par  envie 
Oter  aux  jeunes  gens  les  plaillrs  de  la  vie. 

Molière.  ) 

P  £  N  A  T  E  S ,  /»  m.  pi.  [  Pénates.  ]  C'eft  le  nom 
que  les  anciens  Païens  donnoient  à  leurs  Dieux 
domeftiques. 

(  Un  chat  contemporain  d'un  fort  jeune  moineau , 
Fut  logé  près  de  lui  des  l'îige  du  berceau , 
La  cage  &  le  panier  avoient  mêmes  pénates. 

La  Font.  ) 

^3"  Les  Pénates  &  les  Lares  étoient  des  divi- 
nitez  domeftiques  ,  que  les  Païens  adoroient , 
fuivant  l'idée  que  chacun  en  avoit  formé.  Lares 
&  Pénates  étoient  les  mêmes  Dieux  fous  des 
noms  difcrens ,  &  félon  plufieurs  Auteurs ,  il 
n'y  avoit  point  de  différence  entre  ces  Dieux , 
&  les  autres,  ou  du  moins  ils. étoient  choifis 
entre  les  autres  Dieux  pour  leur  donner  le  foin 
&  la  proteftion  des  Empires  ,  des  Villes ,  des 
chemins  &  des  familles  particulières  :  cependant 
cette  diférence  eft  marquée  clairement  dans  cette 
ancienne  Infcription  citée  par  Baudelot  dans  fon 
Traité  de  VUtilité  des  Foïages. 

DUS    DEABUS  Q.U  E 
PENATIBUS 
FAMILIARIBUS 
ET     JOVI     C>€TERIS 
V  E      dÎ  B  U  S. 

^^  Denis  d'Halicarnafle  obfcrve  que  l'on 
donnoit  aux  Dieux  Pénates  des  noms  diférens 
par  raport  aux  fondions  qui  leur  étoient  com- 
mifes.  Chacun  avoit  la  liberté  de  fe  faire  des 
Dieux  Pénates ,  que  l'on  ne  connolffoit  qu'en 
idée  ,  &  qui  par  conféquent  ne  pouvoient  être 
céfignez  ni  par  un  nom  particulier  ,  ni  par  une 
figure  fmguliére  ,  telle  par  exemple  que  celle  de 
Jupiter  ,  de  Mars ,  de  Neptune  ,  &c.  Le  même 
Hiftorien,  dit  que  Timée  a  décrit  la  matière  & 
la  forme  des  Dieux  Pénates  en  ces  termes  : 
»  Dans  le  fanftuaire  du  temple  de  Lavinium  oii 
»  Enée  dépofa  ceux  qu'il  avoit  aportcz  de  Troye, 
»  ils  portent  des  caducées,  &  font  faits  de  fer,  ou 
»  d'airain  ou  de  terre  cuite  ,  ce  qu'il  dit  avoir 
»  apris  des  habitans  du  pais.  Mais  Denis  d'Hali- 
»  carnaffe  condamnant  les  Hiftoriens  qui  ne 
»  débitent  que  ce  qu'ils  ont  apris  par  bruit 
»  commun  ,  raconte  que   l'on  montroit  dans 


P  E  N. 

»  Rome  ,  proche  du  marché  ,  un  temple  fort 
»  obfcur  &  fort  petit  ,  où  l'on  voïoit  deux 
»  ftatucs  des  Dieux  des  Troïens  ,  avec  cette 
»  infcription ,  Dcnates  ,  qui  eft  la  même  chofe 
i>  qatz.  Pénates.  Les  Anciens  qui  n'a  voient  pas 
»  l'ufage  de  la  lettre  P  ,  fe  fervoient  de  la  lettre 
»  D.  Ces  deux  figures  ,  d'un  ouvrage  très- 
»  antique  ,  repréfentoient  deux  jeunes  hommes, 
»  qui  tiennent  une  pique  à  la  main.  Nous  avons 
>)  dans  plufieurs  autres  temples  ,  les  ftatuës  des 
»  mêmes  Dieux  fous  la  forme  &  fous  l'habit 
»  de  deux  jeunes  guerriers. 

•{•Penaud,  Penaude.  [  Riibore  perfufiis.  ] 
Ce  mot  eft  vieux  &  bas.  Il  fignifioit ,  trifte  , 
confus  &  étonné  de  quelque  accident  qui  étoit 
arrivé.  (  Il  eft  penaud  comme  un  fondeur  de 
cloches.  Elle  a  été  fort  penaude  quand  on  l'a 
prife  fur  le  fait.  ) 

Penchant,   Pencher.    Voiez  Panchant. 

Pendable  ,  adj.  \_Sufpendio dignus.~\  Prononcez 

pandahle.    Qui  mérite   la  corde.    Digne   de  la 

potence.  ('C'eft  un  Cd.s  pendable,  La  poligamie 

eft  un  cas  pendable.  Molière.  ) 

Pendaison  ,  //.  Penderie  ,  exécution  de 
pendus.  Ce  mot  eft  du  ftile  familier. 

Pendant, y^  m.  Prononcez  pandant.  [ Enjls 
lorum  penfile.  ]  Terme  de  Ceinturier.  Il  fe  dit 
parlant  de  baudrier  &  de  ceinturon.  Les  deu?c 
pendans  du  baudrier  ,  ou  du  ceinturon  ,  ce  font 
les  parties  du  baudrier  qui  pendent  au  bas  du 
baudrier  ,  &  au  travers  defquelles  on  pafl"e 
l'épée.  La  plupart  des  foldats  appellent  ces 
pendans  coilillons ,  mais  ce  mot  ne  ie  dit  qu'en 
riant  &  entre  gens  un  peu  libres. 

Pendant  ,  f.  m.  \_  Partes  penfiles  in  Jlemmate.  ] 
Terme  de  Blafon.  Il  fe  dit  des  parties  qui 
pendent  au  lambel. 

Pendant.  Terme  ài'Horloger.  C'eft  la  partie 
de  la  montre  où  eft  ataché  un  anneau  dans 
lequel  on  pafl'e  un  ruban. 

Pendant.  Terme  de  Mer.  Banderole  qu'on 
arbore  ordinairement  aux  vergues  pour  faire 
quelque  fignal ,  ou  fervir  de  quelque  embellif- 
fement. 

Pendans  d'oreille ,  f.  m.  [  Inaures.  ]  C'eft  quel- 
que chofe  de  joli  ou  de  précieux ,  comme  perle 
ou  autre  pareil  ornement  qu'on  atache  à  l'oreille, 
pour  parer  la  perfonne  qui  le  porte.  (Cléopâtre 
avoit  deux  perles  en  pendans  d'un  prix  inefti- 
mable.  Céfar  eut ,  après  la  mort  de  Cléopâtre  , 
une  de  ces  perles  ,  &  il  la  fit  fcier  pour  en  faire 
deux  pendans  à  la  ftatuë  de  Venus.  Citri , 
Triumvirat ,  3.  p.  ch.  zj.  ) 

Les  pendans  d'oreille  ont  été ,  &  font  depuis 
long-tems ,  un  ornement  de  l'un  &  l'autre  fexe. 
Les  Grecs  &  les  Romains  fe  fervoient  des  perles 
&  des  pierres  les  plus  précieufes  pour  parer 
leurs  oreilles  ,  avec  cette  diférence  remarquée 
par  Ifidore,  liv.  i8-  de  fes  Origines  ch.  31.  que 
les  jeunes  filles  avoient  un  pendant  à  chaque 
oreille  ,  &  les  jeunes  garçons  n'en  avoient  qu'à 
une  feulement  ;  les  Grecs  nommoient  les  pen- 
dans d'oreille  nctuturfu-f ,  les  Latins  inaures  ou 
Jlalagmia.  Une  fervante  demande  à  Ménaechme , 
acl.  3.  fc.  3.  de  lui  donner  de  quoi  acheter  des 
boucles  &  des  pendans  d'oreille  : 

Amaho ,  mi  Menachme  ,  inaureis  da  mihi. 
Faciundas  pondo  duum  nummum  flalagmia. 

Juvenal  nous  aprend  auffi  dans  fa  Satire 
fixiéme  ,  que  les  Romains  nommoient  encore 
Elenchi  les  pendans  d'oreille. 


P  E  N. 

A'iV  non  permittU  fihi  mulier  ,  turpe  putat  ml 
Cum  viriJcs  gemmas  co'Jj  circumdidit ,  6-  cun 
Aurihui  extentis  mjgnos  commifu  Elcnchos. 

Les  Grecs  avoient  plu  fieurs  noms  diférens  pour 
exprimer  les  pendans  d'oreilles  ;  Hefychius  & 
Julius  Pollux  en  ont  remarqué  quelques-uns. 
Quant  à  la  forme ,  à  la  matière  ,  au  poids  & 
à  l'ouvrage  ,  il  n'y  a  point  eu  de  règle  certaine, 
chacun  a  Cuivi  fon  génie ,  fes  forces  &  fa  vanité , 
&  le  luxe  n'a  pas  été  moindre  dans  cette  efpéce 
d'ornement  ,  que  dans  tout  ce  que  l'ambition  & 
la  volupté  ont  pu  inventer  pour  fatisfaire  l'or- 
guëil  des  hommes.  Nous  aprenons  même  de 
quelques  infcriptions  raportées  par  Gruter  , 
qu'il  y  avoit  des  femmes  &  des  filles  qui  n'avoient 
d'autre  emploi  que  d'orner  les  oreilles  des 
femmes ,  comme  nous  avons  des  Coëfeufes. 

Les  pendans  d'oreilles  étoient  du  nombre 
des  choies  dont  les  mères  ornoient  leurs  filles , 
pour  paroître  devant  celui  qui  devoit  devenir 
leur  mari.  Ce  foin  eft  bien  dépeint  par  Claudien 
fur  un  des  Confulats  d'Honorius  : 

Ac  velut  vfjicih  trepidjntibus  ora  puella  ," 
Spe  propiore  thori   mater  folcrtior  ornât , 
jldvenientc  proco ,  vcflefque  6-  cingula  comit 
Sepe  manu ,  vtridiquc  anguflat  jafp'uk  peClus  l 
Suhflr'mgitque   com,im  gimniis  y  &  colla  momli 
Circuit ,  &  baccis  onerat  candcntibus  aures. 

Les  peuples  les  plus  fanvages  n'ont  point 
d'autre  parure  que  celle  des  pendans  aux  oreilles, 
au  nez  ,  aux  joues  ;  &  au  défaut  de  perles  , 
ils  fe  fervent  de  coquilles  ou  de  petits  cailloux. 

Les  curieux  apellent  pendans ,  deux  tableaux 
apariez  qui  ne  fe  peuvent  vendre  l'un  fans 
l'autre. 

Pendant ,  aàj .  [  Pendulus  ,  fufpenfus.  ]  Qui 
pend  ,  qui  eft  ataché  par  en  haut.  (  Les  Edits 
font  fceliez  en  fceaux  pendans  en  lacs  de  foie. 

On  dit  qu'un  homme  va  les  bras  penàans  , 
quand  il  a  une  contenance  fote  &  qu'il  nefçait 
que  faire  de  fes  bras.  On  dit  aufll  qu'un  homme 
a  les  oreilles  pendantes ,  quand  il  eft  extrêmement 
fatigué.  ) 

Couteau  pendant.  Se  dit  d'un  homme  qui  eft 
prêt  à  tout  faire  pour  un  autre.  (  Il  eft  le  couteau 
pendant  d'un  tel.  ) 

Pendant ,  pendante ,  adj.  [  Lis  pendens.  ]  Terme 
de  Palais  ,  qui  lignifie  ,  qui  neji  pas  encore  décidé; 
^ui  n'ejl  pas  encore  jugé.  (  Procez  pendant  à  la 
Cour.    Procez  pendant  à  la  Grand'Chambre.  ) 

Pendant.  [  Per ,  inter.'\  Prépofition  qui  régit 
l'acufatif,  &  qui  veut  dire  durant,  par  un  cer- 
tain efpace  de  tems  (  Pendant  le  fermon.  Pendant 
la  paix  ou  la  guerre.  Madame  de  la  Suze  dit 
ironiquement  : 

Pendant  une  aimable  jeunefTe 
On  n'eft  bon  qu'à  fe  divertir , 
Et  quand  le  bel  âge  nous  laifle 
On  n'eft  bon  qu'à  le  convertir. 

Ç^  Il  faut  bien  prendre  garde  de  ne  fe  pas 
méprendre  dans  l'ufagQ  de  pendant  &  cependant. 
Ils  fignifient  deux  chofcs  difcrentes.  Malherbe 
a  dit  dans  fon  Ode  à  la  Reine  Mère  pendant 
fa  régence. 

Grand  Henri,  grand  foudre  de  guerre 
Que  cependant  que  parmi  nous 
Ta  valeur  étonnoit  la  terre 
Les  deftins  firent  fon  époux. 
Tome  III . 


P  E  N.  91 

Il  faloit  dire  pendant ,  qui  marque  nn  intervale 
de  tems  ;  le  Pootc  devoit  aufll  s'apercevoir  du 
mauvais  effet  des  que  ii  proches  l'un  de  l'autre. 

Pendant  que.  [  Diim  ,  intzrea  ,  ciim.  ]  Sorte 
de  conjonction  qui  régit  Vindicatif  &(.  qui  fignifie 
tandis  que.  [  Pendant  qu'on  fait  des  livres  on 
n'a  guère  d'argent,  ) 

f  P  E  N  D  A  R  D  ,  y.  wz.  [  Furcifer  ,  nequam.  ] 
Prononcez  p'andar.  Méchant,  coquin,  fripon  , 
fcélérat.  (Nous  verrons  cette  zhire  ,  pendard , 
nous  verrons  cette  afaire.  Le  pendard  de  Scapin 
m'a  ,  par  une  fourberie ,  atrapé  cinq  cens  écus. 
Molière.  ^ 

Ah  !  tu  prens  donc  ,  pendard ,  goût  à  la  baftonnade.' 

Molière.  ) 

f  Pendardf  ,  /./  [Damnata.]  Prononcez 
pandarde.  Méchante ,  coquine ,  fcélérate.  (  Parlez 
bas  ,  pendarde.  Molière.  ) 

P  E  N  u  E  L  o  (iu  ^  ,  f.  f.  [  Pendula  cryflallus.  ] 
Prononcez  pandeloque.  C'eft  un  petit  morceau 
de  criftal  qui  eft  taillé  en  poire  ,  &  dont  on 
fe  fert  pour  orner  les  corbeilles  où  l'on  porte 
quelque  bouquet.  (  Des  johes  pendeloques.  ) 

Panddoques.  [  Panni  lacerati.  ]  On  le  dit  en 
fe  moquant  des  pièces  qui  pendent  des  habits 
déchirez.  (  N.  a  toujours  fa  foutane  pleine  de 
pendeloques.  ) 

Pendeloque.  Se  dit  aufli  d'une  parure  de 
pierreries  ajoutée  a  des  boucles  d'oreilles. 
\  Elle  a  de  belles  pendeloques.  )  Ce  mot  fe  prend 
aufll  pour  un  pendant  d'oreilles  qui  n'eft  que 
d'une  pièce. 

Pendentif  ,  f.  m.  [  Arca  formas.  J  Terme 
à' Architecture.  C'eft  tout  le  corps  de  la  voûte 
fufpenduë  hors  le  perpendlcule  des  murs ,  6c 
qui  poufl!e  fur  les  arcs-boutans. 

Penderie.  [  Sufpenfio  ,  fiifpendium.  ]  Aûion 
de  pendre  au  gibet.  (  Il  y  a  eu  aujourd'hui 
grande  penderie  à  la  Grève,  ou  aux  Terreaux ,  li 
c'eft  à  Lyon  ,  ou  au  Vieux  Marché ,  fi  c'eft  à 
Roiieii.  ) 

Pendiller,  v.  n.  [  OfcilLire.  ]  Prononcez 
pendillé.  Etre  pendu  ,à  quelque  chofe,  (  On 
auroit  vu  fous  un  cordeau  pendiller  ta  tête 
folle  ,  fi  ,  &CC.  ) 

Pendeur,7Îtc.  [  Punis  fufpenfor  trochleœ.  ] 
Terme  de  Mer.  C'eft  un  bout  de  corde  de 
moïenne  longueur  ,  qui  foutient  une  poulie  ,  où 
paffe  la  maneuvre. 

PENDouR,y^/n.  [  Funis  fufpenfor.  ]  Terme 
de  Charcutier.  C'eft  un  morceau  de  corde  pour 
pendre  le  lard.  (  Il  faut  mettre  un  pendoir  à 
cette  flèche  de  lard  ,  &  la  pendre.  ) 

Pendre  ,  v.  a.  [  Pendere  ,  fufpendere.  ]  Pro- 
noncez pondre.  Atacher  en  haut.  Je  pend ,  j'ai 
pendu  ,  je  pendis.  (  Pendre  le  lard  au  plancher  ; 
pendre  une  cloche.  ) 

S^  M.  Sarazin  a  dit  dans  fon  Ode  fur  la 
prlfe  de  Dunkerque  : 

Il  a  puni  ton  orgueil , 
Et  de  ta  rage  étoufée , 
Sur  le  fommet  d'un  écueil 
Pend  le  glorieux  trophée. 

Ce  dernier  vers  ne  me  paroît  pas  imitable  ; 
les  monofilabes  fonnent  toujours  mal  au  com- 
mencement du  vers. 

Pendre.  [  Ciuci  fuffigere.  ]  Etrangler  à  une 
potence ,  à  un  gibet.  (  H  y  a  un  Roi  en  Afie  ou 
en  Afrique  ,  qui  tient  à  gloire  de  pendre  lui- 
même  fes  fujets.  Furetiere ,  Roman  Bourgeois. 

M  ij 


91  P  E  N. 

De  trois  fergens  pindc^-en  deux  , 
Le  monde  n'en  fera  que  mieux. 
Et  quand  Pierre  fera  pendu , 
Le  monde  n'aura  rien  perdu.  ) 

•j-  Dire  pis  que  pendre.  [  Omnibus  malediciis 
aliquem  profcindcrc.'\  C'eft-à-dire,  chanter  poiiilles 
à  quclcun  &  lui  dire  toutes  fortes  d'injures.  Il 
a  mérité  le  pendre.  Il  ne  vaut  pas  le  pendre.  Il 
fembie  que  dans  ces  façons  de  parler  ,  le  mot 
de  pendre  eft  pris  comme  un  fubftantif. 

*  Pendre  Vèpée  au  croc.  [  Arma  deponere.  ] 
C'eft-à-dire,  quiter  l'épée  &  le  métier  des  armes. 

*  La  bigote  a  pendu  le  rofaire  au  croc  fi-tot 
quelle  a  été  mariée.  C'eft-à-dire  ,  elle  a  levé  le 
mafque.Sc  a  ceffé  de  faire  la  dévote. 

Se  pendre  ,  v.  r.  [  Laqueo  vitam  Jlbi  eripere.  ] 
S'étrangler  foi-même.  (  Ils  n'ont  pas  un  courage 
d'Ifcariot  pour  fc  pendre  eux-mêmes.  Furetiere, 
Roman  Bourgeois.  ) 

Pendre  eft  quelquefois  fubftantif,  comme  dans 
cette  prafe.  (  C'eft  un  traitre  qui  ne  vaut  pas 
le  pendre.  ) 

Pendre.  Se  dit  aufli  d'une  plante  de  l'Ifle  de 
Madagafcar ,  ôi  dont  les  feuilles  font  femblables 
à  celles  de  l'aloës. 

P  F  N  D  u  ,  y.  m.  [  Cruciarius  ,  Jufpendiofus.  ] 
Celui  qui  a  été  étranglé  à  la  potence  par  le 
bourreau.  (  Les  corps  des  pendus  apartiennent 
au  bourreau  ,  qui  les  vend  aux  Chirurgiens 
pour  en  faire  des  difl"eûions.  De  cent  pendus , 
il  n'y  en  a  pas  un  de  perdu.  Roman  Bourgeois, 
Epitre  au  Bourreau.  C'eft-à-dire ,  la  plupart  des 
cens  qu'on  pend  lont  fauvez.  On  dit  quand 
un  homme  fait  bien  fes  afaires  ,  qu'/7  a  de  la 
corde  de  pendu.  Roman  Bourgeois  ,  Epitre  au 
Bourreau. 

Ces  blafons  frauduleux  ajoutez  à  des  vitres , 
Contre  les  droits  du  Roi  font  autant  de  faux  titres. 
Et  l'intervale  eft  bref  de  faufiaire  à  pendu. 

Bourfdult ,  Efope.) 

Pendu  ,  pendue  ,  adj.  [  Sufpenfus.  ]  Ataché 
en  haut.  Ataché  à  une  potence.  (  Lard  pendu. 
Femme  pendue.  ) 

Pendu  ,  pendue  au  croc.  [  Depojîtus.  ]  Ces  mots 
fe  difent  en  parlant  d'afaires  &  de  procez , 
&  veulent  dire  :  qui  a  cefl"é  ,  qui  n'eft  point 
pourfuivi ,  qui  eft  laifl'é, 

*  Le  procès  ejl  pendu  au  croc.  [  Ceffiua  lis.  ] 
C'eft-à-dire  ,  il  ne  fc  pourfuit  plus  ;  il  a  cefl'é. 

•^  L'afaire  ejl  pendue  au  croc.  C'eft-à-dire,  elle 
ne  fe  pourfuit  plus  ;  elle  eft  laifTée. 

■{•  Pendu  ,  pendue  au  croc.  Ces  mots  fe  difent 
en  parlant  d'cpéc  &  d'autres  chofes,  &  fignifient, 
qui  ne  fert  plus  &  qu'on  a  abandonné.  (  Son 
épée  eft  pendue  au  croc  il  y  a  plus  de  dix  ans. 
Rofaire  pendu  au  croc.  ) 

Pendu.  Ataché  à  quelcun  que  l'on  carefle.  (Ce 
jeune  marié  eft  fi  fou  de  fa  femme  ,  qu'il  eft 
toujours  pendu  à  fon  cou  &  qu'il  ne  la  peut 
quiter.  ) 

Je  veux  être  pendu  (î ,  &c.  Efpécc  de  jurement 
dont  on  fe  fert  pour  afirmer  quelque  chofc. 

(  A  quoi  fert  de  parler  que  pour  être  entendu  ? 
Et  fi  je  vous  entens ,  je  veux  cire  pendu. 

Bourf.  Efop.  ) 

Pendule, y^/  [  Horologium  -ofcillatorium .  ] 
Prononcez  pandule.  C'eft  une  forte  d'horloge 
qui  eft  meilleure  que  les  horloges  ordinaires  , 
èl  qui  fut  inventée  en  1657.  par  M.  Hughens, 


P  EN. 

Mathématicien  Holandois.  (  Une  belle  &  bonne, 
pendule.  Une  pendule  à  refl'ort.    Une  pendule  à 
ancre.  ) 

On  en  peut  voir  la  defcription  dans  un  ouvrage 
que  fit  M.  Hughens  ,  imprimé  à  Paris  en  1673. 
ious  le  titre  de  horologio  ojcillatorio  ,  ou  dans 
Bion  en  1716. 

Pendule  de  poche  ,  f.  f.  [  Pendula.  ]  Sorte  de 
petite  montre  de  poche  dont  M.  Hughens  a 
donné  l'invention.  (^Cette  pendule  eu  chère.) 

Pendule  ,  f.  m.  \_  Vibraïus  horologii  ftylus 
pendulus.  ]  Prononcez  pandule.  C'eft  une  verge 
de  fer  qui  fert  à  faire  les  vibrations  du  pendule. 
(  La  vibration  du  pendule  eft  trop  grande  ou 
trop  petite. 

Le  Pendule  ,  avec  vous ,  par  fes  vibrations  , 
Régloit  différemment  vos  opérations. 

La  Soriniere ,  poème  fur  le  progris  des  Arts.  ) 

Le  mot  de  pendule  ,  pris  dans  un  fens  plus 
général ,  fignifie  un  poids  ataché  à  une  corde  , 
ou  à  une  verge  de  fer  ,  fufpenduë  à  un  point 
fixe ,  qu'on  apelle  le  centre  du  mouvement.  Et 
ce  poids  étant  une  fois  agité  &  mis  hors  de  la 
ligne  de  direâion  ,  fait  plufieurs  vibrations  , 
jufqu'à  ce  qu'il  fe  foit  mis  en  repos.  Les  vibra- 
tions du  pendule  fe  font  en  des  efpaces  de  tems 
égaux  ,  quoique  les  efpaces  que  parcourt  le 
pendule  foient  inégaux.  Galilée  eft  le  premier 
qui  a  fait  des  obfervatlons  fur  le  mouvement 
du  pendule.  La  longueur  du  pendule  détermine 
le  tems  dans  lequel  fe  fait  chacune  de  ces  vibra- 
tions. Un  pendule  long  de  cinq  pieds  de  Roi , 
fait  1846  vibrations  fimples  dans  ^une  heure. 
Oian.  Dicl.  Math.  Un  pendule  long  de  trois 
pieds  huit  lignes  &  demie  ,  marque  les  fécondes 
à  chacune  de  fes  vibrations.  \Jn  pendule  long 
de  neuf  pouces  deux  lignes  &  un  quart ,  marque 
les  demi  fécondes.  Un  pendule  de  quatorze 
pieds  dix  pouces  ,  marque  deux  fécondes.  Un 
de  trente  -  cinq  pieds  ftx  pouces  &  une  demie 
ligne,  marque  trois  fécondes.  Enfin  un  pendule 
de  109 II.  pieds  fix  pouces, marque  une  minute. 
•  Voiez  la  page  yo.  des  aditions  à  la  Géométrie 
de  Haquet.  Voiez  aufti   Vibration. 

Pêne.   Voïez  penne. 

V i  u^  ,  f.  m.  Terme  de  Serrurier  ,  qui  veut 
dire  pélc  de  ferrure.  Voïez  pèle. 

Pênes.  Terme  de  Mer.  Ce  font  de  certains 
bouchons  de  coton  ou  de  laine  atachez  au  bout 
d'un  bâton  pour  fuiver ,  goudronner  &  brayer 
im  navire.  Fournier.  On  apelle  ces  bâtons  , 
bâton  à  valdel. 

P  e'n  e't  RABiLi  1^  ,f.  f.  Terme  dogmatique. 
Qualité  qui  rend  pénétrable.  On  dit  la  péné- 
trabïUtc   des  corps. 

P  e'n  e't  R  A  B  L  E  ,  adj.  [  Pcnetrabilis.  ]  Qui  peut 
être  pénétré  ,  percé.  On  dit  de  diverfes  chofes 
foit  au  propre  ou  au  figuré  ,  qu'elles  ne  font 
pas  pénétrables.    Voicz  impénétrable. 

Pe'ne'trant,  Pe'ne'trante  ,  adj.  [  Méaiilis, 
pervadens  ,  permeans.  ]  Qui  pénétre  ,  qui  entre 
dedans.  (Le  mercure  eft  pénétrant.  L'a£lion  du 
feu  eft  pénétrante.  Un  froid  pénétrant  ,  c'eft- 
à-dire  ,  violent  &  qui  fe  fait  fentir.  ) 

•j-  Un  efprit  pénétrant.  [  Acies  acris  ingenii.  ] 
C'eft- à-dire  ,  fubtil  &  élevé. 

Pe'ne'tratif  ,  Pe'ne'trative  ,  adj.  Terme 
Dogmatique.  Qui  pénétre  aifément.  Qualité 
pénétrative. 

Pe'n  e't  r  a  t  I  o  n  ,f.f.  [  Lmmijfio  unius  corporis 
in  uliud.  ]  Prononcez  pénctracion,  C'eft  l'action 


P  E  N. 

par  laquelle  une  chofc  entre  dans  une  autre 
ou  ocupe  la  même  chofe.  (  La  pénétration  de 
l'eau  dans  une  éponge  ne  fait  que  chaffer  l'air 
qui  étoit  dans  fes  pores.  Mais  la  vraie  pénétra- 
tion des  corps  par  laquelle  doux  corps  (croient 
enfemble  en  une  même  place  ,  efl  impoflible 
&  abfurde  en  Phyfique.) 

*  Pénétration.  [  Ingenii  per/picacia  ,  acies."]  Ce 
mot  au  figuré  fe  dit  de  l'efprit  &  fignifie  vivacité, 
lumière  d'efprit ,   intelligence.     (N'avoir  aucune' 
pénétration  d'efprit.    C'cft  un  homme  qui  a  de 
la  pénétration.  ) 

Pi'ne'trer  ,  V.  a.  &  V.  n.  [  Penetrare  , 
pervadere  ,  permeare.  ]  Entrer  avant.  Entrer  & 
enfoncer  dedans.  Percer.  (  Pénétrer  jufqu'au 
cœur  du  pais.  La  pluie  a  pénétré  mon  jufte- 
au-corps.  L'efprit  de  vin  ,  les  baumes,  les  huiles, 
&c.  pénétrent  la  peau  &  paffent  dans  la  chair, 
&  jufqu'aux  nerfs  &  aux  os.  Les  doux  péné- 
trent dans  le  bois.  11  y  a  du  cuir  fi  fort  que 
l'eau  ne  le  peut  pénétrer.  Ce  coup  d'épée  a 
pénétré  jufqu'au  cœur.  ) 

*  Pénétrer,  v.  a.  [  Percellere.  ]  Outrer.  Toucher 
de  paffion.  (  *  Elle  avoit  le  cœur  pénétré  de 
ces  trilles  nouvelles.  Cela  m'a  pénétré  jufqu'au 
cœur.  j4bl.  ) 

*  Pénétrer.  [Perfcicere ,  introfpicere.']  Concevoir. 
Aprofondir.  (  *  Pénétrer  ce  qu'il  y  a  de  bien 
&  de  mal  dans  une  aûion.  Vous  commencez 
à  pénétrer. 

En  amour  quelquefois  il  eft  bon  d'ignorer; 
Et  fouvent  vouloir  pénétrer 
Aprend  de  méchantes  nouvelles. 

Buffy.) 

Saint  Auguftin  eft  le  Dofteur  de  l'Eglife  qui  a 
pénétré  plus  avant  dans  les  matières  de  la  grâce. 
Peneux  ,  Penewse  ,  adj.  Il  fe  dit  en  cette 
phrafe  populaire  :  lafemaine  peneufe ,  pour  dire, 
la  femaine  Sainte, 

i  P  e'n  I  b  l  e  ,  adj.  [  Operofus,  laboriofus,  difflcilis, 
molejius.]  Difficile.  Qui  donne  de  la  peine.  (Un 
pénible  ouvrage,  f^oit.  Chofe  pénible,  ^élil. 

Et  moi ,  fur  ce  fujet  loin  d'exercer  ma  plume  , 
J'amaffe  de  tes  faits  le  pénible  volume. 

Defpréaux  ,  Ep.  g.  ) 

•{•  Péniblement  ,  adv.  [  Opcrosi.  ]  D'une 
manière  pénible.  Avec  peine,  (  On  voïage  péni- 
blement dans  les  pais  marécageux.  ) 

Penides,/./.  \_Penidia.'\  Terme  ô^c  Pharmacie. 
Sucre  cuit  avec  une  décoâion  d'orge  jufqu'à  ce 
qu'il  foit  caffant.  Quand  il  eft  ainfi  cuit  on  le 
jeté  fur  un  marbre  oint  d'huile  d'amende  douce, 
puis  on  le  malaxe  en  pâte  avec  les  mains,  & 
pendant  qu'il  eft  chaud  on  le  met  en  bâtons 
tortillez  comme»  des  cordes.  Ces  penides  font 
excellentes  pour  le  rhume. 

I  Penil  ,  /^  m.  [  Pubes.  ]  Vieux  mot  qui 
ne  peut  entrer  que  dans  le  burlefque.  C'eft  la 
partie  qui  eft  au-deffus  des  parties  naturelles  , 
&  qui  eft  couverte  de  poil  à  un  certain  âge. 

P  E  N I  N  ou  P  E  N  N  1  N  G ,  ('.  m.  C'eft  Ic  deuicr 
de  Rolande.  Il  vaut  un  cinquième  plus  que  ne 
valoit  le  denier  tournois  de  France. 

Péninsule  j//  [  Pcninfula.  ]  Terme  de 
Géographie.  Ce  mot  eft  Latin.  On  dit  plus 
fouvent  en  François  prefquijie.  Voiez  PreJ'<]ii'iJîe. 
Peniston  ou  P aniston  ,  /.  /n.  Etofe 
de  laine  qui  fe  fiibrique  en  Angleterre.  C'eft 
une  efpéce  de  moleton. 

pENiTSNcs  ,  f.  f.  [  Dolor  de  peceato  commifo.] 


P   E  N.  95 

Terme  d^Eglife.  Prononcez  pénitance.  Le  mot 
de  pénitence  vient  du  Latin  pœnitentia  ,  &  il  ne 
fe  fe  dit  ordinairement  dans  notre  langue  qu'en 
des  difcours  oh  l'on  parle  de  piété.  C'efi  une 
vertu  qui  nous  fait  concevoir  de  la  douleur  de  nos 
péchei  :  c'eji  un  retour  du  pécheur  à  Dieu  avec  un& 
ferme  réfolutionde  ne  plus  pécher  à  F  avenir,  (Et  dans 
ce  feus  on  dit  que  la  pénitence  doit  être  véri- 
table ,  conftante ,  courageufe  ,  &  non  pas  lâche 
&  endormie,  ni  fujette  aux  rechutes.  Exhorter 
à  la  pénitence.  Porter  à  la  pénitence.  Maucroix^ 
Homélies  de  S.  Chrifojlome. 

Pourras-tu  le  teint  frais  faire  aimer  l'abftinence  , 
Et  les  cheveux  poudrez  prêcher  la  pénitence  ? 

Villiers.) 

Pénitence.  [  Pœnitentiœ  Sacramenttim.  ]  Ce  mot 
en  terme  à^Èglife  Catholique,  eft  un  Sacrement 
que  Dieu  a  inftitué  pour  remettre  en  fa  grâce 
ceux  qui  l'ont  perdue ,  par  les  péchez  qu'ils  ont 
commis  depuis  le  Baptême.  Jefus-Chrift  a  infti- 
tué le  Sacrement  de  Pénitence.  Expliquer  Is 
Sacrement  de  Pénitence.  Il  y  a  des  livres  qui 
traitent  de  la  matière  ,  de  la  forme  &  dé^  éfets 
de  la  pénitence.  Les  Miniftres  de  la  Pénitence  , 
ce  font  les   Prêtres. 

Pénitence.  [  Pœna  piacularis.  ]  Terme  ^Eglife. 
Peine  que  le  «Prêtre  impofe  au  pénitent  pour 
tâcher  dans  ce  monde  à  fatisfaire  en  quelque 
forte  à  la  Juftice  de  Dieu ,  &  à  apaifer  fa  colère. 
(  On  dit  en  ce  fens  ,  donner  une  pénitence. 
Impofer  une  pénitence.  ) 

Pénitence  publique.  C'eft  celle  que  l'Eglife 
impofoit  autrefois  aux  pécheurs  qui  avoient 
mérité  cette  humiliation,  avant  de  les  reconcilier 
par  l'abfolution  &  de  les  admettre  à  la  partici- 
pation de  l'Euchariftie.  Cette  pénitence  publique 
a  duré  plufieurs  fiécles  ,  &  l'Eglife  n'a  jamais 
fait  aucun  décret  pour  l'abolir  ;  le  relâchement 
des  fidèles  a  caufé  celui  de  la  difcipiine  &  a 
fait  cefler  infenfiblement  la  pratique  de  la  péni- 
tence publique ,  dont  l'Eglife  avoit  retiré  de  lî 
grands  fruits.  On  peut  lire  dans  le  Catéchifme 
de  Montpellier  &  dans  plufieurs  autres  ouvrages 
connus ,  en  quoi  confiftolt  cette  pénitence  pé- 
nitence publique  ,  quelle  en  étoit  la  forme  , 
quels  ont  été  fes  dégrez  ,  pour  quels  péchez 
on  l'impofoit ,  &c. 

Penitencerie  ,y!  yi  \^  Caméra  pœnitentiaria.'\ 
C'eft  la  Cour  ou  le  Tribunal  du  grand  Péniten- 
cier &  des  Pénitenciers  du  Pape.  (  C'eft  un 
Bref  émané  de  la  Pènitencerie.  ) 

Pe'nitentiel  ,  Pe'nitentiflle  ,  adj.  [  Codex 
pxnitentialis  ,  Canones  pœnitentiales.  ]  Ce  mot 
n'eft  proprement  ufité  qu'au  pluriel  ,  &  il  fait 
à  fon  pluriel  pénitenciaux  ,  &  non  pénitentids. 
Il  veut  dire  qui  concerne  &  qui  regarde  la 
pénitence.  [  Les  Pfeaumes  Pénitenciaux.  Vai:g. 
Rem.  Les  Canons  Pénitenciaux.  LeP.  ThomaJJin, 
Difcipiine  de  l'Eglife  ,  l.  part.  c.  20.  ) 

Pe'nitencier  ,  y;  m.  [  Penitentiarius.'\  C'était 
autrefois  un  Prêtre  qui  étoit  le  Vicaire  général 
del'Evêquc  pour  l'adryiniftraîion  de  la  péiiitence, 
pour  cela  on  apcUe  le  Pénitencier  l'Oreille  de 
l'Evcque.  Le  Père  Thomaffln,  Difcipiine  dePEglife, 
Le  mot  de  Pénitencier  fignifie  aujourd'hui  la 
même  chofe  qu'autrefois  ;  c'eft  le  Vicaire  de 
l'Evêque  pour  tout  ce  qui  regarde  le  Tribunal 
de  la  confcience.  Il  abfout  des  cas  dont  il  n'y 
a  que  l'Evêque  ou  l'Archevêque  qui  puiffe 
abfoudre.  (  Se  confefi'er  au  pénitencier.  ) 
P  e'n  i  T  E  N  T  ,  /  OT.  Celui  qui  fe  répent  d'avoir 


94  P  E  N. 

ofenfé  Dieu.  Celui  qnl  donne  des  marques  qu'il 
a  reoret  d'avoir  péché.  (  Un  pénitent  Laïque. 
Un  pénitent  F.cléfiaftique.  Exhorter  un  pénitent 
à  changer  de  vie.  S.  Cyr.  Le  Prêtre  doit  voir 
fi  fon  pénitent  s'eft  bien  préparé.  Interroger 
un  pénitent.  Abfoudre  un  pénitent.  ) 

Pénitent  ,  Pénitente  ,  adj .  {  Pœnitens.  ]  Qui 
eft  marri  d'avoir  péché.  Qui  eft  fâché  d'avoir 
commis  quelque  faute.  (  Homme  pénitent.  Fille 
pénitente. 

Pénttens  endurcis ,  que  rien  ne  vous  aflige  , 
L'on  fçaura  diriger  celui  qui  vous  dirige. 

Sanlec.  ) 

Penitens  du  Tiers-Ordre  ,  f.  m,  [  Religiojl  tertli 
Ordinis  Sancd  Francifci.  ]  Religieux  du  Tiers- 
Ordre  de  Saint  François  ,  fondez  ,  à  ce  qu'on 
dit,  par  le  Pape  Nicolas  IV.  Ils  font  habillez 
d'un  gros  gris  comme  les  Capucins  ;  mais  ils 
en  font  diférens ,  parce  qu'ils  n'ont  point  de 
capuce  en  pain  de  fucre  ,  &  qu'ils  ont  de  hautes 
fandales.  On  apelie  à  Paris  ces  Religieux 
Pic-pus  ,  du  nom  d'un  petit  village  qui  efl: 
au  bout  du  Fauxbourg  Saint  Antoine  &  qu'on 
nomme  Pic-pus.  Depuis  fort  peu  de  tems  ces 
Religieux  fe  font  mis  en  noir  ,  ont  rafé  leur 
barbe ,  pris  du  linge  ,  des  bas  &  des  fouliers. 

Penitens.  [  Pœnitentium  fodalitas.  ]  Il  fe  dit 
aufll  de  certaines  confréries  de  gens  féculiers 
qui  s'affemblent  pour  faire  des  prières  &  des 
procédions  nuds-picds  ,  &  qui  fe  donnent  auffi 
la  difcipline.  Il  y  a  des  Penitens  blancs,  noirs, 
bleus.  Il  y  en  a  qui  ,  dans  quelques  villes  , 
aflîftent  les  criminels  à  la  mort  &  leur  donnent 
la  fépulture. 

Pe'nitfnte  ,  f.  f.  Celle  qui  fait  pénitence. 
Celle  qui  fe  confefle  à  un  Prêtre.  (  Abfoudre 
«ne  pénitente.  C'eft  une  de  mes  pénitentes. 
Il  confeffe  une  de  fes  pénitentes.  ) 

Quand  ces  pénitentes  font  riches  &  qu'elles 
font  de  gros  préfens  à  leurs  Direfteurs  ,  on  les 
apellc  des  filles  de  Tyr  ,  parce  que  l'Ecriture 
dit  que  ces  filles  venoient ,  chargées  de  préfens, 
implorer  la  face  du  Seigneur. 

Ce  font  trente  l.iquais  de  trente  Pcnhentes  , 
Portant  tous  des  bouillons  de  viandes  fucculentcss. 

Sanlec.  ) 

^y  Ces  pénitentes  font  fort  foigneufes  de 
la  fanté  de  leurs  Diredeurs  ;  elles  pourvoient 
à  tous  leurs  befoins  ,  foit  en  fanté  ,  foit  en 
maladie.  On  les  apelie  pénitentes  à  confitures 
&  à  boiiilions.  Sanlecquc  décrivant  la  pauvreté 
de  fes  paroiffiens  dit  ; 

Près  de  là  font  dans  des  mafures 
Cinq  cens  gueux  couverts  de  haillons  ; 
Point  de  dévote  à  confitures , 
Point  de  pénitente  a  bouillons. 

P  E  N  N  A  c  H  E.    Voïez  panaclic, 

Pennacher.  Voïez  panacher. 

P  E  N  N  AG  E  ,  y:  m.  [  Plumatilis  amiclus.  ]  Il 
fignifie  en  général  toutes  les  plumes  qui  couvrent 
le  corps  de  l'oifeau  de  proie.  Le  pennage  eft 
de  diverfcs  fortes  de  couleur,  noir",  roux, 
cendré  ,  &c. 

Penne,//:  [  Pennx  decufata.  ]  Plume 
d'oifeau  de  proie.  Greffe  plume  d'oifeau  de 
Fauconnerie.  (Penne  rompue.  Penne  arrachée.  ) 
Voïez  Fouilloux  ,    Fauconnerie. 

Penne.  [  JTcli  cornu.  ]  Terme  de  Mer.  C'eft 
le  point  ou  le  coin  des  voiles  Latines. 


P  E  N. 

Pennes.  [Pennœ  adornati/es.]  Terme  de  Blafon 
Il  fe  dit  des  plumes  de  l'oifeau  qu'on  met  fur 
un  chapeau  ,  dans  les  Ecus. 

Pennes  ,  Peines  ,  Pefnes  ou  Piennes,  Ce  font 
les  bouts  de  laine  ou  de  fil /-qui  reftent  atachez 
aux  enfublcs  ,  lorfque  l'ttofe  ou  la  toile  eft 
levée  de  deffus  le  métier. 

Pennonceau  ,  f.  m.  Sorte  de   banderole 

chargée  d'Armoiries.    Dans    les    faifies  réelles 

'des  terres,  on  affiche  à  la  terre  faifie  les  pen- 

nonceaux   aux    armes  du  Roi,     On   prononce 

communément  panonceau. 

Pénombre  ,  /.  /  Terme  ^  Afironortùe.  Ce 
mot* eft  formé  des  mots  Latins,  peni-umbra^ 
c'eft -à -dire  ,  prefqu  ombre.  C'eft  la  partie  de 
l'ombre  qui  eft  entre  la  vraie  ombre  &  la 
lumière  éclatante  ,  dans  laquelle  il  eft  prefqu'im- 
poffible  de  déterminer  précifément  oii  la  lumière 
finit  &  l'ombre  commence  ;  &  c'eft  ce  qui 
rend  la  plupart  des  obfervations  dificiles  ÔC 
incertaines. 

f  inoii  ,  f.  m.  [  Scutum  variis  jlemmatibus 
confenum.  ]  Terme  de  Blafon  ,  qui  veut  dire 
armoirie.  (  Un  penon  de  plufieurs  alliances  , 
Col.  c.  8.  p.  6z.  ) 

On  parle  à  Lyon  de  Penons  ,  qui  font   les 
Capitaines  de  Quartiers  qu'on  apelie  Pénonages. 
Penon  OU  Pennon.  C'eft  une  ancienne  efpéce 
d'enfeigne  de  guerre  ;  elle  étoit  faite  d'une  étofe 
de  foie    ou  d'un  drap  ,  dont  une  partie   étoit 
fendue  en  deux  parts    jufques  au  milieu.  Les 
Enfeignes  de  Cavalerie  font  encore  aujourd'hui 
de  véritables  penons.    Nous  lifons   dans  Alain 
Chartier  :  Havart  CEcuyer  tranchant ,  monté  fur 
un  grand  deflrier ,  portait   un    penon   de   velours 
a^uré  à   quatre  fleurs  de    lis.    Befly  ,    dans   fon 
hiftoire  des  Comtes  de  Poitou  ,  ch.  23.  raconta 
que  l'an  io66.  le  Pape  envoïa    une    bannière 
»  ou  étendart  de  guerre  au  Duc  Guillaume  de 
»  Normandie ,  dit  le  Conquérant  ,  afin  de  s'en 
»  fervir  en  la  conquête  du  Roïaume  d'Angle- 
»  terre  ;  &  il  faut  bien  dire  qu'elles  ne  fufl'ent 
»  pas    fi    amples   qu'elles    font     aujourd'hui  , 
»  d'autant  qu'elles    euflTent  été   trop  malaifées 
»  &   incommodes  ;    ou    bien    l'on   ufoit    d'un 
>>  drapeau  médiocre  ,  qu'on  nommoit  Phanon , 
par  une  diftion  corrompue  du  Latin  ;  car  ce  n'eft 
pas  un  mot  Thiois,  comme  on  l'a  penfé.  Le  Fere 
Ménétrier  a  inféré  dans  fon  livre  des  ornemens 
des  Armoiries /a^e  2.c)0.  un  extrait  d'un  ancien 
manufcrit   qui  lui    avoit  été  communiqué  par 
M.  du  Gange ,  où  l'on  voit  l'ancien  ufage   du 
Penon.    «  Quand  un   Bachelier   a. grandement 
»  fuivi  la  guerre  &  qu'il  a  terre  affez ,  &  qu'il 
»  puiffe  avoir  Gentils  -  hommes  ,  fes  hommes 
»  pour  acompagner  fa  bannière  ,  il  peut  licitc- 
»  ment  lever  bannière  ,  &  non»autrement ,  car 
»  nul  homme  ne  peut ,  ne  doit  porter  ne  lever 
»  bannière  en  bataille  ,  s'il  n'a    du  moins  cin- 
»  quante  hommes  d'armes  ,   tous  ces  hommes 
»  &c  fes  archers  ou  arbalétriers  qui  lui  apar- 
»  tiennent ,   &c   s'il  les  a  la  première   bataille 
»  où  il  fe  trouvera  à  porter  un  penon  de  fes 
»  armes  ,   &    doit  venir   au  Connétable  ,  aux 
»  Maréchaux  ou  à  celui   qui    fera    Lieutenant 
»  de  rOft  ,  pour  le  Prince  requérir  qu'il  porte 
»  bannière  ,  &  s'ils  lui  oftroyent ,  doit  fommer 
»  les    Hèraux    pour   témoignage  ,   &    doivent 
y>  découper   la   queue   du  penon.  »    Voici  ce 
qu'Olivier  de  la  Marche  raconte  fur  cela  dans 
fes  Mémoires,   ch.  zj.  page  36g,   en  parlant 
de  la  manière  dont  Meflire  Louis  de  la  Vieville 


P  E  N. 

obtint  du  Duc  de  Bourgogne  la  permi/Tion  de 
lever  bannière  :   «  Mcffire  Louis  de  la  Vieville  . 
»  Seigneur   de   Sains  ,    releva    bannière  ,    &c 
»  le  repréfenta  le   Roi  d'Armes  de   la  Toifon 
»  d'or ,  &  ledit   Me(iire  Louis  tenoit  en   une 
»  lance  le  penon  de  fes  pleines  armes  ,  &  dit 
»  ledit  Toifon  :    Mon    redouté    &    Souverain 
»  Seigneur  ,  voici  vôtre  humble  fujet ,  Mcflire 
»  Louis  de  la  Vieville  ,  iffu  d'ancienne  bannière 
»  à  vous  fujete  ,  &  ell   la  Seigneurie  de  leur 
»  bannière  entre  les  mains  de  fon  aîné  ,  &  ne 
»  peut  ou  doit  fans  méprendre  porter  bannière  ; 
»  pnrquoi  il  vous  fuplie  ,  confidèrée  la  nobleffe 
»  de    fa   nativité  &  les  fervices  faits  par  fes 
»  prédèceffeurs  ,  qu'il  vous   plaife    de    le  faire 
>»  banneret   &  le   relever  en    bannière  ,  &  il 
»  vous  reprèfente  fon  penon    armorié  ,  fuffi- 
»  famment  accompagné  de  vingt-cinq  hommes 
»  d'armes  pour  le  moins  ,  comme  eft  &  doit 
»  être  l'ancienne  coutume.  Le  Duc  lui  répondit, 
»  que  bien   fut-il  venu  ,  ôc   que   volontiers  le 
>>  feroit  ;  fi  bailla  le  Roi  d'armes  un  couteau 
»  au  'Duc  ,   &  prit  le  penon  en    fes  mains  & 
»  le  bon  Duc, fans  ôter  le  gantelet  de  fafeneftre, 
»  fit  un  tour  au  tour  de  fa  main  ,  de  la  queue 
»  du  penon  ,  &   de  l'autre    main  coupa  ledit 
»  penon   &    demeura  quarré  ;  &  la   bannière 
»  faite,  le  Roi  d'armes  bailla  la  bannière  audit 
«  Melfire  Louis,  &  lui  dit  :  Noble  Chevalier, 
»  recevez  l'honneur  que  vous  fait  aujourd'hui 
»  vôtre  Seigneur  &  Prince  ,  &  foiez  aujour- 
»»  d'hui   bon    Chevalier  ,  &    conduifez    vôtre 
»  bannière  à  l'honneur  de  vôtre  lignage.  Ainfi 
»  fut  le  Seigneur  de  Sains  relevé  en  bannière.  » 
On  voit  par  ce  récit  que  le  penon  étoit  quarré, 
&  qu'il  étoit  ataché  au  bout  d'une  lance ,  qu'il 
faloit  être  banneret   pour  le  porter  ,  &  qu'il 
faloit  avoir  au  moins  vingt-cinq  hommes  d'armes 
&  vafiaux  pour   être  banneret.   Le  Penon  eft 
encore  à  préfent  l'enfeigne  de  la  Cavalerie. 

Pensant  ,  adj.  [  Cogitans.  ]  Ce  qui  penfe. 
La  matière  ne  peut  pas  faire  un  être  pmfant. 
On  apelie  auffi  mal-ptnfant  un  homme  qui  penfe 
mal  de  fon  prochain.   Nicole. 

P  F  N  s  e'  E  ,f.f.  [  Cog'uatio.  ]  Prononcez  panfée. 
Aôion  de  l'efprit  qui  penfe.  Nous  fçavons  par 
expérience  que  nous  fommes  capables  de  diver- 
fes  penfées.  Roh.  Phyf.  l.  i.  c.  z.  Bonne  ou 
mauvaife  penfée.  Dieu  connoît  nos  penfées.) 

éï^r  Penfie.  L'Eloquence  confifte  dans  la 
penfée  &  dans  l'expreflion.  Elles  font  naturel- 
lement infépnrables  :  mais  11  eft  plus  néceffaire 
de  bien  penfer ,  que  de  bien  parler  ;  &  l'on  ne 
peut  ni  bien  parler  ni  bien  écrire  ,  fi  la  penfée 
que  nous  exprimons  par  nos  paroles ,  n'eft  pas 
jufte.  C'eft  le  fentiment  d'Horace  dans  fon  Art 
Poétique.  Cependant  on  s'atache  plus  à  préfent 
à  l'expreflion  qu'à  la  penfée  ;  c'eft  ce  qui  fait 
craindre  la  décadence  de  nôtre  langue.  On  peut 
donner  des  régies  pour  parler  jufte  ,  mais  il  eft 
dificile  d'enfeigner  à  penfer  jufte  :  les  idées  des 
chofes  fe  forment  dans  nous-mêmes  ,  fans  que 
nous  fçachions  comment ,  &  on  ne  peut  nous 
guider  dans  un  chemin  qui  nous  eft  inconnu. 
C'eft  par  cette  raifon  que  l'Auteur  moderne 
du  Traité  de  l'Art  de  parler ,  déclare  d'abord 
qu'il  n'entreprendra  pas  de  prefcrire  des  règles 
touchant  l'ordre  que  l'on  doit  donner  aux 
chofes  ,  qui  font  la  matière  du  difcours  ,  &  qu'il 
fe  contentera  d'avertir  feulement  que  l'on  doit 
méditer  fon  fujet  &  faire  dcffus  toutes  les 
réflexions  néccffaircs ,  pour  ne  rien  oublier  qui 


P  E  N.  9j 

puifle  contribuer  à  fbh  éclairciffement,  Quin- 
tilien  a  bien  connu  la  dificulté  qu'il  y  a  de 
donner  une  définition  jufte  de  la  penfée  ;  il 
s'atache  feulement  ,  liv.  8-  ch.  S.  à  en  faire 
une  ample  defcription. 

Quelquefois  ,  dit-il  ,  elle  fe  rapofte  à  une 
feule  chofe  ,  comme  celle-ci  :  R.kn  ne  gagne 
tant  Us  cœurs  que  la  bonté  ,  quelquefois  aufli  à 
une  perfonne  ;  telle  eft  la  penfée  de  Domitius 
Afer  ,  lin  Prince  qui  veut  tout  fçavoir  ,  efl  fouvent 
obligé  de  pardonner  bien  des  chofes.  Il  y  a  des 
penfées  Jirnples  ,  comme  celle-ci  :  rien  ne  gagne 
tant  les  ca'urs  que  la  bonté.  H  y  en  a  qui 
contiennent  la  raifon  qui  leur  fert  de  fondement^ 
par  exemple  :  dans  toutes  les  querelles  le  plus 
fo.t  paraît  être  l'agreJJ'eur  ,  quoiqu'il  fait  le  plus 
ofcnjé ,  parce  qu'il  ejl  le  plus  en  état  d'ofcnfer.  Il 
y  a  auffi  des  penfées  doubles  ,  cotnme  :  la 
complaijahce  nous  fait  des  amis  j  la  vérité  des 
ennemis.  11  ajoute  qu'il  y  a  des  Auteurs  qui 
comptent  jufques  à  dix  genres  de  penfées  ,  parce 
qu'on  peut  les  former  par  interrogation  ,  par 
comparaifon,  par  admiration,  par  déguifement 
&  par  fimilitude,  ce  qui  peut  en  produire  un 
nombre  infini  :  mais  celles  qui  traitent  des 
contraires  ,  l'emportent  fur  les  autres  ,  par 
exemple  :  La  mort  ti  efl  point  un  mal ,  mais  les 
aproches  en  font  terribles.  Il  y  en  a  de  fimples , 
comme  :  l'avare  n'efl  pas  plus  riche  de  ce  qu'il  a  , 
que  de  ce  qu'il  n'a  pas  :  mais  la  figure  leur  donne 
plus  de  force  :  Ef-ce  donc  un  fi  grand  mal  que  di 
mourir  ?  Cette  penfée  eft  plus  vive  que  celle-ci  : 
La  mort  n'efl  point  un  mal.  Il  en  eft  de  même 
quand  on  aplique  une  penfée  générale  à  un 
fujet  particulier  :  Il  efl  aifé  de  faire  du  mal  ;  il 
il  efl  dificile  de  faire  du  bien.  Medée  dit  la  même 
chofe  dans  Ovide  avec  plus  de  force  : 

Quoi  !  j'ai  pu  le  fauver ,  &  je  ne  puis  le  perdre  ! 

^^  Ciceron  aplique  à  la  perfonne  ces  fortes 
de  penfées  avec  plus  de  fuccez  :  La  fortune  ,  o 
Céfir  ,  en  vous  donnant  tin  pouvoir  infini  ,  vous 
a  donné  ce  qu'elle  avoir  de  plus  grand  ;  &  la 
nature  en  vous  infpirant  la  clémence  ,  vous  a  donné 
ce  quelle   avait  de  plus  précieux. 

Quintilien  ,  après  avoir  donné  toutes  ces 
idées  générales  des  penfées  ,  entre  dans  un  détail 
des  diférentes  efpéces  de  penfées  ,  &  obfervé 
que  les  penfées  ne  doivent  point  être  fréquentes 
ni  vifiblement  faufl'es  ,  &  qu'elles  conviennent 
à  l'Orateur,  dont  le  mérite  donne  de  l'autorité 
&  du  poids  aux  raifons  qu'il  emploie  pour 
foutenir  fa  caufe.  En  éfet ,  dit-il  ,  ne  feroit-il 
pas  ridicule  qu'un  enfant,  ou  un  jeune  homme, 
ofât  prendre  un  ton  décifif  &  qu'il  parlât  en 
maître.  Il  ne  faut  pas  auffi  afefter  de  finir  lé 
raifonnement  par  une  chute  recherchée  &  que 
l'on  fait  venir  de  loin  ,  pour  ne  laiffer  aucun 
vuide  ,  étant  perfuadez  qu'un  Orateur  ne  doit 
reprendre  haleine  ,  que  pour  donner  à  l'âuditeuf 
le  loifir  d'aplaudir. 

On  demande  ce  que  c'eft  qu'une  penfée  ingé- 
nieufe  ,  mais  il  eft  dificile  de  fatisfaire  pleine- 
ment à  cette  demande  ,  puifqu'on  ne  peut  dire 
qu'en  termes  généraux  que  la  penfée  ingénieufe 
eft  la  produftion  d'un  efprit  jufte ,  éclairé  & 
qui  fçait  démêler  le  vrai  du  faux  ;  il  eft  aifé 
de  fe  tromper  &  d'être  ébloui  par  un  brillant 
qui  fe  diiTipe  dès  qu'on  y  f;iit  la  moindre  atention. 
Ciceron  dans  fon  Traité  de  l'Orateur  ,  liv.  i, 
nous  a  donné  l'idée  d'une  penfée  ingénieufe  ^ 
en  parlant  de  l'éloquence  de  Craffus  j  fes  penfées. 


-yc  P  E  N. 

djt-il ,  étoient  parfaites  ,  vraies  ,  fiirprenântes 
par  leur  nouveauté  ,  naturelles  ,  fans  fard  & 
îans  cette  afFeftation  qui  les  rend  puériles. 
Quintilien  a  remarque  la  diférence  qu'il  y  a 
entre  les  penfées  ingénicufcs  &  celles  qui  n'en 
ont  que  l'aparence  :  telle  eft  celle  d'un  décla- 
mateur ,  lequel  exhortant  les  Courtifans  d'Ale- 
xandre de  faire  des  funérailles  dignes  de  ce 
grand  Conquérant  ,  leur  dit  ,  qu'ils  dévoient 
l'finfévclir  fous  les  ruines  de  Babylone  &  cepen- 
dant chacun  les  verroit  paffer  à  fes  fenêtres  , 
hoc   qiùfquam  fpecîabit  è  teclo. 

Le  principal  caraftére  d'une  penfée  ingénieufe, 
€(1  qu'elle  fbit  vraie  ;  &  ,  félon  l'expreiTion  du 
Perc  Bouhours  dans  fa  manière  de  bien  penfcr, 
ime  ponfce  eft  vraie  ,  lorfqu'elle  repréfente  les 
chofes  fidèlement ,  &  elle  eft  fauffe  quand  elle 
les  fait  voir  autrement  qu'elles  ne  font  ;  mais  , 
ajoute-t-il ,  il  faut  prendre  garde  que  tout  ce 
qui  paroît  faux  ne  l'eft  pas  ;  qu'il  y  a  bien  de 
la  différence  entre  la  fiction  &  la  fauffeté ,  Tune 
imite  &  perfeftionne  en  quelque  façon  la  nature , 
l'autre  la  gâte  &  la  détruit  entièrement.  C'eft 
dans  ce  même  fentiment  que  Quintilien  a  dit 
que  les  penfées  ne  dévoient  être  ni  trop  fré- 
quentes ni  viliblement  faufles  ;  la  vérité  dans 
les  penfées  les  rend  juftes  ;  de  forte ,  ajoute  le 
même  Père  Bouhours,  qu'une  penfée  jufte  eft, 
à  parler  proprement ,  une  penfée  vraie  de  tous 
les  cotez  ,  &  dans  tous  les  jours  qu'on  la 
regarde  ,  l'exemple  qu'il  raporte  de  la  jufteffe  , 
nous  en  donne  une  idée  bien  fenfible  ,  que  je 
ne  dois  pas  oublier.  C'eft  l'épigramme  d'Aufone 
fur  la  mort  de  Didon. 

Infellx  Dido  !  mdU  bine  nupta  mariio  , 
Hoc  pereumc  fugis  ,  hoc  fugknte  péris. 

Le  Tradufteur  repond  à  l'original: 

Pauvre  Didon ,  oà  t'a  réduite    , 
De  tes  maris  le  trille  fort  ! 
L'un  en  mourant  caufa  ta  fuite  , 
L'autre  en  fuyant  c:iufa  ta  mort. 

Les  penfées  fimplesfont  celles  que  l'on  explique 
en  peu  de  mots  ,  comme  la  mon  n  épargne  per- 
fonnt ,  mais  elles  font  bien  froides  ,  &  c'eft  pour 
la  rendre  plus  vive  qu'Horace  a  dit  : 

Pa'.ida  mors  aqtio  piilfat  paie 
Pauperum  tabernas ,  ngumque  lurres. 

Et  Malherbe  , 

Le  pauvre  en  fa   cabane,  où  le  chaume  le  couvre  , 

Eft  fujet  à  fes  loix  ; 
Et  la  garde  qui  veille  aux  barrières  du  Louvre 

N'en  défend  pas  nos  Rois. 

Les  penfées  nobles  attirent  l'atention  & 
remplifl"ent  l'imagination  d'idées  qui  y  reftent 
empreintes  pendant  long-tems.  Hermogcne  a 
a  traité  amplement  de  la  hoblefl"e  des  penfées , 
dans  fon  premier  livre  de  form.  ch.  3.  Il  ne 
fuffit  pas  ,  dit-il ,  que  la  penfée  foit  intelligible  , 
jl  faut  qu'elle  ait  de  la  dignité  &  de  la  noblcffe; 
car  la  clarté  toute  feule  nous  conduit  infenfi- 
blement  dans  le  ftile  froid  ;  la  dignité  du  fujet 
influe  ,  félon  ce  Rhéteur  ,  de  la  nobleffe  à  la 
penfée. 

On  apelle  penfées  fortes  celles  qui  font  pleines 
d'un  grand  fens  &  exprimées  en  peu  de  paroles , 
&  qui  d'abord  produifent  leur  éfet  :  mais  les 
penfées  agréables  s'infinuent  plus  doucement 
&  Ians  exciter  Intérieurement  aucune  agitation  ; 


P  E  N. 

il  eft  vrai  ,  mais  la  perfuafion  eft  bien  pIuS 
chancelante  quand  elle  naît  de  la  force  des 
penfées  qui  nous  arrachent  nôtre  confentement 
malgré  nous  ;  mais  elles  exigent  un  talent 
particulier ,  qu'il  eft  dangereux  de  tenter  ;  car 
tel  veut  faire  l'agréable  &  le  plaifant  ,  qui  fe 
rend  ridicule  &  impertinent  ;  la  naïveté  eft  un 
grand  agrément  dans  les  penfées  ;  Voiture  Se 
après  lui  le  Chevalier  de  Cailly  ,  ont  plu  par 
leur  naïveté,  fur-tout  le  dernier.  Il  y  a  de  la 
naïveté  dans  ce  Madrigal  qui  fut  fait  fur  la 
fortune  d'un  homme  de  mérite  : 

Elevé  dans  la  Vertu  , 

Et  malheureux  avec  elle 

Je  difois ,  à  quoi  fers-tu  , 

Pauvre  &  ftérile  Vertu  .* 

Ta  droiture  &  tout  ton  zèle 

Tout  compté  ,  tout  rabatu , 

Ne  valent  pas  un  fétu  ; 

Mais  voïant  que  l'on  couronne 

Aujourd  hui  le  grand  Pomponne, 

Aufli-tôt  je  me  fuis  tu  : 

A  quelque  chofe  elle  eft  bonne. 

Cet  endroit  de  la  Lettre  de  Voiture  à  M.  le 
Prince,  n'eft  pas  moins  naïf  ni  moins  charmant. 

C'eft  injuftement  que  la  vie 
Fait  le  plus  petit  de  vos  foins  ; 
Dès  qu'elle  vous  fera  ravie  , 
Vous  en  vaudrez  la  moitié  moins  ; 
Soit  Roi ,  foit  Prince  ou  Conquérant; 
On  déchet  beaucoup  en  mourant; 
Ce  refpeél  ,  cette  déférence  , 
Cette  foule  qui  fuit  vos  pas  , 
Toute  cette  vaine  aparence 
Au  tombeau  ne  vous  fuivront  pas; 
Quoique  vôtre  efprit  fe  propofe 
Quand  vôtre  courfe  fera  clofe  , 
On  vous  abandonnera  fort  ; 
Eh  Seigneur ,  c'eft  fort  peu  de  chofe 
Qu'un  demi-Dieu ,  quand  il  eft  mort. 

Quant  à  la  délicatefi'e  des  penfées  ,  elle  eft 
de  la  nature  des  ces  grâces  &  de  ces  agrémens  , 
qui  rendent  les  perfonnes  charmantes  ;  on  les 
reffent ,  on  en  eft  faifi  :  mais  on  ne  fçauroit  les 
exprimer  ni  les  peindre.  Je  dirai  pourtant,  après 
le  Pare  Bouhours  ,  qu'une  penfée  où  il  y  a  de 
la  dèlicatefl"e  ,  a  cela  de  propre  ,  qu'elle  eft 
enfermée  dans  peu  de  paroles ,  &  que  le  fens 
qu'elle  contient  n'eft  pas  fi  vifible  ni  fi  marqué  ; 
il  femble  d'abord  qu'elle  le  cache  en  partie  , 
afin  qu'on  le  cherche  &  qu'on  le  devine  ,  ou 
du  moins  elle  le  laiflTe  feulement  entrevoir  pour 
nous  procurer  le  plaifir  de  le  découvrir  tout-à- 
fait  ,  quand  nous  avons  de  l'efprit ,  &g. 

Les  penfées  ufées  font  celles  que  l'on  a 
répétées  fouvent  en  parlant  fur  un  même  fujet, 
dont  plufieurs  fe  font  fervis  dans  toutes  les 
ocafions  où  elles  ont  pu  être  placées  ;  le  nombre 
des  penfées  ufées  eft  grand ,  mais  on  en  trouve 
peu  de  neuves.  On  raifonne  ,  on  parle  dépuis 
fi  long-tems  fur  tout  ce  que  nous  voïons  &  que 
nous  connoiflTons  ,  qu'il  eft  prefque  impoflible 
de  pcnfer  quelque  chofe  qui  échapé  aux  hommes  : 
mais  la  manière  de  les  exprimer  peut  être  Ci 
ingénieufe  &  fi  agréable  que  la  penfée  en  paroît 
neuve  ou  du  moins  peu  commune. 

Penfée  ,f.f.\_  Senfus,  mens.  ]  Prononcez  panfée^ 
Ce  mot  fignifie  Sentiment ,  Opinion  ,  Créance  , 
Dejjein.  (  N'avoir  aucune  penfée  de  fon  falut. 
Paf'c.  l.  yf..  Serois-je  fi  malheureux  que  vous 
ayez  cette  penfée  de  moi.  Molière.  Cette 
conduite  donna  au  Cardinal  des  penfées  contre 
la  liberté  de  ,  &c.  Mémoires  de  M.  le  Duc  de  la 
Rochefoucauld.  C'eft-là  ma  penfée.  Les  fécondes 
penfées  font  fouvent  les  meilleures.  ) 

Ptnfét. 


P  E  M. 

Penfêe.  [  Sentent'ia.  ]  Ce  mot  fignifîe  quelque- 
fois, un  beau  Icntiment ,  une  bonne  réflexion. 
(  Il  y  a  plufieurs  belles  penfées  dans  les  écrits 
de  S.  Auguftin,  de  Seneque ,  &c.  Les  penfées 
de  M.  Pafcal.  Une  penfée  ingénieufe.  Il  y  a 
dans  ce  difcours  prefqu'autant  de  penfées  que 
de  mots.  ) 

Le  Père  Bouhours  a  fait  un  recueil  Aes  penfées 
des  Anciens  &  des  Modernes  ,  &  c'eft  de  cet 
ouvrage  dont  on  a  dit  : 

(  Dans  le  recueil  des  penfées 
Que  vôtre  main  a  ramaflees , 
Vous  en  ufez  modeftement  ; 
Vous  citez  les  ptnfcrs  des  autres 
Sans  avoir  rien  tiré  des  vôtres. 
Que  vous  avez  de  Jugement  ! 

Poète  anonime,  ) 

Penfée.  Terme  de  Peinture  ,  qui  veut  dire 
Efquijfc.  C'efl  une  première  penfée,  C'ell-à-dire  , 
un  deffein  qui  n'eft  pas  fini. 

Penfée.  [  Fiola  tricolor.  ]  Sorte  de  fleur  com- 
pofée  de  cinq  petites  feiiilles  ,  chacune  defquelles 
eft  embellie  de  couleur  de  pourpre  ,  de  jaune 
&  de  blanc.  La  penfée  eft  auffi  une  petite  fleur 
jaune  ou  violette  fort  jolie.  (  Il  y  a  des  penfées 
fauvages  &  des  penfées  cultivées.  ) 

Y.^.  penfée  ,  qu'on  nomme  aufli  Herba  Trinitatis, 
contient  beaucoup  de  fel  eflentiel  &  d'huile. 
Elle  eft  déterfive ,  vulnéraire ,  pénétrante ,  fudo- 
rifique.  On  s'en  fert  pour  les  ulcères  des 
poumons  ,  pour  les  obftruftions  de  la  matrice 
&  pour  la  gale. 

Couleur  de  penfée.  C'eft  une  forte  de  violet 
tirant  fur  le  pourpre. 

Penfement.  Vieux  mot  qui  veut  dire  la  même 
chofe  que  penfée.  \^Cogitatum.  ] 

J'ai  vécu  fans  nul  penfement  / 
Me  laifTant  aller  doucement 
A  la  bonne  loi  naturelle; 
Et  je  m'étonne  fort  pourquoi 
La  mort  daigna  fonger  à  moi  , 
Qui  ne  penTai  jamais  à  elle. 

Régnier.  ) 

Pe  N  S  E  R  ^  V.  <z.  &v.n.  [Cogitare.]  Prononcez 
penfé.  Faire  réflexion  fur  une  chofe.  Avoir 
quelque /7e«/.'i.  Croire.  Songer.  (Je  ne  penfois 
pas  à  faire  un  livre.  Penfer  à  Dieu.  Penfer  à 
la  mort  ,  à  l'éternité  ,  &c.  Le  mariage  eft  une 
chofe  à  laquelle  on  doit  penfer  mûrement.  Mol. 
Je  l'aime  plus  qu'on  ne  fçauroit  penfer.  Foit. 
Penfez  mieux  à  vous  ménager.  Foit.')  Je  pmfe , 
donc  je  fuis  ;  c'eft  félon  Defcartes  ,  la  première 
&  la  plus  certaine  de  toutes  les  véritez. 

On  dit  ordinairement ,  que  penfe:^-vous  quand 
vous  ne  penfez^  à  rien. 

(Si  quelquefois  à  l'écart  je  médite  i 
Si  Tircis  dit  que  je  ne  penfe  à  rien  ,' 
Il  a  raifon,  je  penfe  à  fon  mérite.  ) 

Penfer.  [  Arbitrari.  ]  Ce  mot  lignifiant  croire 
fe  met  avec  l'infinitif  fans  particule.  (  Il  penfe 
être  habile  homme  ,  &  il  n'eft  qu'un  fot.  Gomb.  ) 

Penfer.  [  Propius  nikil  faclum  efl.  Ce  verbe  , 
pour  dire  il  s'en  ejlpeufalu,  ne  veut  point  de 
particule  après  lui.  (  Ainfi  on  dit  :  Il  a  penfé 
être  tué  ,  il  a  penfé  mourir  ;  &  jamais  :  penfé 
de  mourir  ,  ni  à  mourir.  J'ai  penfé  être  étoufé 
à  la  porte.  Mol.  Je  m'embarque  fur  la  même 
mer ,  où  j'ai  penfé  tant  de  fois  abîmer.  Foit.  ) 

Sans  y  penfer.  [Inconfultà  ,  inopinacè.]  C cil- 
Tome  III. 


P  E  N.  97 

à-dire ,  fans  y  prendre  garde.  (  Il  l'a  blcflTé  fans 
y  penfer.  )  Voïez  Honni. 

^3°  Penfer  en  vous  ,  ou  penfer  à  vous  ,  font 
deux  chofes  diférentes.  L'Auteur  des  Réflexions 
fur  l'ufage  préfent  de  la  Langue  Françoife,  &  le  P. 
Bouhours  ont  remarqué  également  que  penfef  en 
quelcun  a  un  fens  plus  fort  qwe  penfer  à  quelcun  ; 
&  le  premier  ajoute  que  penfer  à  vous  eft  une 
penfée  qui  ne  fait  que  pafl"er  ;  je  penfe  en  vous  , 
une  penfée  qui  dure  &  dont  on  s'ocupe  avec 
complaifance.  Le  P.  Bouhours  ,  dans  la  fuite 
de  fes  nouvelles  Remarques  convient  qwe  penfer 
en  vous,  emporte  amitié  &  tendrcfl'e;  au  lieu  que 
penfer  à  vous ,  n'emporte  que  civilité,  honnêteté  , 
générofité. 

Penfer.   Voiez  Pencer. 

Penfer  ,  f.  m.  Mot  qui  n'eft  ufîté  qu'en  vers  l 
&  qui  veut  dire  penfée. 

(  Vainement  ofFufqué  de  fes  penfers  épais , 

Loin  du  trouble  &  du  bruit  il  croit  trouver  la  paix. 

Defp.) 

J'étoufferai  dans  mon  ame 
Tous  les  penfers  qui  nourriflbient  ma  flâme. 

Voit,  pc'éf. 

Tu  n'as  ni  penfer  ,  ni  defir  , 
Qui  tende  à  me  faire  plalfir. 

Boifr.  t.  1.  Ep.  12.') 

Pensif,  Pensive,  adj.  \Cogitatione  defixusy 
cogitabundus.'\Vrononccz  penjif.  Qui  fonge.  Qui 
rêve.  (  Etre  tout  penfif.  Elle  eft  toute  penfive.  ) 

Pension,/.'/.  [ Pœdagogium.  ]  Prononcez: 
panfîon.  Une  certaine  fomme  d'argent,  ou  d'autre 
chofe  de  pareille  valeur  qu'on  donne  pour  être 
logé  ,  nourri,  &  quelquefois  enfeigné.  (Païer 
une  bonne  penfion.  Se  mettre  en  penfion.  Etre 
en  penfion.  On  eft  mal  en  penfion  dans  les 
Collèges.  ) 

Penfion.  On  apelle  auflî /7«/2/«)/2  le  lieu  cil  l'on 
prend  des  penfionnaires.  Un  tel  tient  penfion  i 
la  penfion  d'un  tel  eft  très-bonne. 

Penfion.  [Penjîo  benefciaria.]  Terme  à'Eglifè. 
C'eft  une  portion  modique  d'environ  la  troifiéme 
partie  du  revenu  d'un  bénéfice  ,  qui  par  une 
autorité  fupérieure  eft  affignée  pour  caufe  &c 
pouruntems  à  un  Eccléfiaftique.  (Les  anciennes 
penfions  ne  confiftoient  qu'en  des  fonds  dont  on 
laifl"oit  l'ufufruit  ,  aujourd'hui  la  penfion  confifle 
en  argent.  ) 

§3*  Penfion  fur  un  bénéfice.  C'eft  une  doSrine 
aprouvée  par  les  Conciles  ,  par  les  Ordonnances 
de  nos  Rois  &  par  l'ufage  que  les  penfions  fur 
les  Bénéfices  font  admifes  ,  quand  elles  ont  une 
caufe  légitime,  &  que  le  Pape  les  a  autorifées. 
Les  Cardinaux  Sadolet ,  Contaren  ,  &  Pierre 
Théatin  ,  aïant  été  afiemblez  par  Paul  III.  pour 
favoir  leur  fentiment  fur  les  abus  qu'il  fe 
propofoit  de  faire  condamner  par  le  Concile 
qu'il  avoit  defl"ein  d'aflTembler ,  compoférent  un 
mémoire  fuivant  les  intentions  du  Pape  ,  dans 
lequel  ,  parlant  des  penfions  fur  les  bénéfices , 
ils  déclarèrent  netement  que  l'on  ne  pouvoir 
les  tolérer  que  comme  des  aumônes  faites  à  des 
perfonnes  indigentes  ,  pour  leur  aider  à  fubfifter, 
&  que  c'étoit  un  abus  qui  devoit  être  réformé  , 
que  d'acorder  àes penfions  fur  des  bénéfices  à  des 
perfonnes  qui  peuvent  fubfifter  de  leur  propre 
bien. 

C'étoit  fur  ce  même  principe  que  les  Pères 
du  Concile  de  Chalcedoine  tenu  en  451.  avoient 
acordé  une  penfion  à  Domnus  ,  qui  avoit  été 
depofl"édè  du  PatriarchatdeConftantin  ople  ,ùi 

N 


9  8  P  E  N. 

les  revenus  de  cette  dignité  ,  ;1  caufe  de  l'indi- 
gence où  il  ctoit  réduit ,  &  afin  que  le  caraftére 
Epifcopal  ne  fut  point  flétri  &  avili.  Mais  il  y 
a  long-tems  que  l'on  a  inventé  d'autres  raifons 
pour  établir  une  penfion  fur   un  bénéfice  ;   la 
facilité  d'en  obtenir  la  permiffion  ,  la  cupidité , 
qui  n'a  point  de  bornes  ,  ont  été  les  fources  de 
la  licence  qui  régne  dans  l'Eglife.   Loiiis  XIV. 
publia  fur  cette  matière,  au  mois  d'Oftobre  1 67 1 . 
lin  Edit  par  lequel  il  eft  décidé  qu'il  ne  feroit  pas 
permis  de  créer  Aç.%  pmfions  ,  que  jufques  au  tiers 
du  revenu  folide  d'un  bénéfice  ;  que  l'on  ne  pour- 
roit  fe  réferver  une  pinfion ,  qu'après  avoir  fervi 
le  bénéfice  pendant  quinze  ans  ,  ou  lorfque  le 
Bénéficier  eft  tombé  dans  une  infirmité  ,  qui  le 
rend  incapable  de  fcrvice.  On  trouve  dans  les 
mémoires  du  Concile  de  Trente  recueillis  par 
M.  Dupuy  ,  une  inftruftion  de  Charles  IX.  par 
laquelle  il  demande  au  Concile  de  Trente  l'abo- 
lition des  penjîons  créées  pour  droits  prétendus 
fur  un  bénéfice  :  mais  quoique  le  véritable  efprit 
de  l'Eglife  autorife  cette  abolition  ,  &  que  le 
prétexte  de  la  paix  ferve  fouvent  de  prétexte 
aparent ,  on  a  confervé  ce  moïen  pour  établir 
une  penjîon  au  profit   de  l'un   des  prétendans. 
On  croit  de  même  que  la  réfignation  peut  fervir 
de  raifon  pour  fe  conferver  une  partie  du  revenu, 
dont  on  fe  prive  en  faveur  d'un  autre  ,  ce  qui 
ne  peut  être  vrai  que  fous  les  conditions  d'un 
fervice  de  quinze  ans  ,  ou  d'une  incapacité  de 
fervice  ,   à  caufe   des  infirmitez  furvenuës  au 
Bénéficier  ;  la  permutation  eft  fufceptible  ,  félon 
notre  jurifprudence,  de  la  rétention  à^unQpmJion, 
quand  il  y  a  une  inégalité  dans  le  revenu  des 
bénéfices  permutez.    M,  l'Abé    Richard  ,  fort 
connu  par  fes  ouvrages  finguliers  ,  a  publié  un 
traité  pour  prouver  que  le  Roi  peut  établir  des 
ftnfions  fur  les  bénéfices  de  fa  nomination. 

Penfion.  [  Régis  vel  Principis  bencficium.  ]  Ce 
qu'un  Roi ,  Prince  ou  grand  Seigneur  donne  à 
quekun  pour  être  dans  fes  intérêts.  (  11  a  deux 
mille  écus  de  penfion  du  Roi  d'Efpagne. 

Ils  croient  qu'au  moindre  bruit  de  leurs  produirions 
lis  doivent  voir  chez,  eux  voler  les  paifwns. 

Molière.  ) 

^3°  Benferade  perdit  fa  penfion  par  la  mort 
du  Cardinal  de  Richelieu ,  &  dans  fon  chagrin 
il  fit  ainfi  l'Epitaphe  de  ce  Miniftre. 

Ci  çît,   oui  gît  par  la  morbleu 
Le  Cardinal  de  Richelieu , 
Et  ce  qui  caufe  mon  ennui , 
Ma  penfion  avecque  lui.  ) 

Pensionnaire  ,  f.  m.  [  Qui  penfionem  annuam 
dat  ludimagi(lro.~\  VxononCQzpanfionnaire.  Ce  mot, 
en  parlant  d'homme  ,  eft  mafcuUn.  Celui  qui  paie 
penfion  pour  être  logé ,  nourri  ,  &  quelquefois 
enfeigné.  (  Un  bon  penfionnaire.  Etre  penfion- 
naire  dans  un  Collège.  On  l'apelle  auffi  en  Latin 
Conviclor.  ) 

Penfionnaire  ,  f.  f.  Celle  qui  païe  penfion  pour 
être  logée ,  nourrie  ,  &  quelquefois  Inftruite. 
(  Avoir  de  petites  penfionnaires.  Elle  eft  penfion- 
naires  aux  Urfulines.  ) 

Penfionnaire.  \_  In  hencficiis  principis  delatus.  ] 
Celui  ou  celle  qui  rcqo'it penfion  de  quelque  Grand 
pour  être  dans  fes  intérêts.  Ainfi  on  dit.  (  Il  eft 
penfionnaire  d'Efpagne ,  de  France  ,  &c. 

Penfionnaire.  On  apelle  en  Hollande,  Co/r/èiY/dr 
Penfionnaire  ,  le  Miniftre  d'Etat  qui  eftprincipa-i 
lenient  chargé  des  affaires  de  la  République. 


P  E  N. 


P  E  P. 


Pensum,/./».  Sorte  de  punition  qu'on  donne 
à  un  écolier. 

Pentacrwstiche,  ad/.  [  Pentacrojliches.  ] 
Vers  dilpofez  ,  enforte  qu'on  y  trouve  cinq 
acroftiches  d'un  nom  en  cinq  divifions  qu'on  fait 
après  en  chaque  vers. 

Pentagone,/ OT.  [  Pentagonus.  ]  Terme  de 
Géométrie  &C  de  Fortification.  Mot  Grec  qui  veut 
dire  une  figure  de  cinq  cotez  &  de  cinq  angles, 
(  C'eft  un  pentagone.  ) 

Pentame'tre.  Voiez  Pantamétre. 

Pe  NT  apaste,/ot.  [  Pentapafius.1  Machine 
à  cinq  poulies. 

P  ENTAT  EU  Q.U  E.  Ce  fout  Ics  ciuq  livrcs  de 
Moïfe  qui  font  au  commencement  de  la  Bible  ; 
fçavoir  la  Genéfe  ,  l'Exode  ,  le  Lévitique  ,  les 
Nombres  ,  &  le  Deuteronome. 

Pente.   Voïez  Pance. 

Penture.   Voiez  Panture. 

Pentecôte,/./.  \_Fiflum  Pentecofles!\  Prononcez 
Pantecàte.yiot  Grec  qui  veut  dire  le  cinquantième 
jour  d'après  Pâques  ,  Fête  qu'on  célèbre  dans 
l'Eglife  en  mémoire  de  la  décente  du  Saint-Efprit 
furies  Apôtres.  (La  Pentecôte  eft  pafl"ée.  C'eft 
demain  la  Pentecôte.  ) 

Pentie're,//  Efpéce  de  filet  propre  à 
prendre  des  bécaffes  &  autre  gibier. 

Pénultième,  adj.  \_Penultimus.'\  Ce  mot 
eft  Latin  &  fignifie  preÇque  le  dernier.  Le  dernier 
moins  un.  (  Il  eft  le  pénultième  de  fa  clafl'e.  La 
pénultième  fylabe  d'un  mot,  ) 

^^he  Roi  Henry  IV.  avant  que  de  combatte 
le  Prince  de  Parme, écrivant  à  Gabrielle  d'Eftrèes, 
finit  fa  lettre  par  ces  mots  :  Bien  voiispuis-je  affurtr 
que  fil  je  meurs  ,  ma  pénultième  penfée fiera,  à  vous  , 
&  ma  dernière  fiera  à  Dieu. 

Antépénultième.  \_Antepenultimus.^  C'eft-à-dire,^ 
celui  qui  eft  avant  la  pénultième  ,  le  dernier 
moins  deux, 

P  E  o  T  E.  [  Naviculd  Dalmacica.]  Petit  vaiffeau 
de  Dalmatie. 

P  E  P. 


Pepastiq.ue.  Médicament  qui  fait  venir 
à  maturité  les  humeurs  vitieufes  ,  &  les  difpofe 
à  une  bonne  fupuration.  On  apelle  auffi  ces 
Médicamens,  Peptiques ,  du  Grec  wirrliKoç ,  conco- 
quens ,  qui  a  la  vertu  de  cuire  &  de  mûrir  ;  du 
verbe  wtVTw   ,  je  cuis  ,  je  difpofe  à  maturité. 

Pépie,//.  [  Pellicula  quœ  Unguam  vefiie.  ] 
maladie  qui  vient  à  la  langue  des  oifeaux  de 
fauconnerie,  parce  qu'ils  ont  mangé  de  la  chair 
fale  &  puante.  Voïez  Tardif.,  Fauconnerie. 

P  EPI  E  ,  //  Maladie  qui  vient  fur  le  bout 
de  la  langue  des  poules  &  de  quelques  oifeaux , 
&  qui  eft  comme  une  petite  peau  blanche.  (Oter 
la  pépie.  Poule  qui  a  la  pépie.  Arracher  la  pépie, 
La  pépie  vient  aux  poules.  ) 

j-  *  C'eft  un  petit  bec  qui  na  pas  la  pcpiel 
[  Multiim garrula.l  C'eft-à-dire  ,  c'eft  une  petite 
fille  qui  caufe  bien. 

^r  Le  P.  Labbe  dérive  ce  mot  de  pipire. 
Les  Efpagnols  difent  pipita  ,  qui  a  été  dit  par 
corruption  au  lieu  de  pituita  ,  que  l'on  trouve  en 
cette  fignification  dans  Palladius  liv.  i.  cap.  27. 
pituita  his  nafci  folit ,  il  parle  des  poules  ,  quia 
alla  pellicula  Unguam  vefiit  extrcmam.  Columellt , 
cap.  3.  l.  $•  de  pituita.    Pépie.  Ménage. 

P  e'p  I  E  R  ,  V.  n.  [  Pipire.  ]  Ce  mot  fe  dit  des 
l     moineaux  lorfqu'ils  pouffent   un  cri  naturel  £c 


PEP.     PEQ.PER. 

qui  les  diftingue  des  autres  oii'eaux.  (Le  moineau 
pépie.  ) 

>^î^  Ce  mot  eu.  ancien  ,  il  fignifie  bégayer 
comme  les  enfans.  Villon. 

Je  fensmon  cœur  s'affoiblir 
Et  plus  je  ne  puis  pépier.  ) 

P  E  p  I  N  ,  /  TO.  [  Granum  ,  Çetntn.  ]  Manière 
de  petit  grain  qui  eft  dans  le  cœur  de  certains 
fruits  comme  dans  le  cœur  des  pommes  &  des 
poires.  (  Semer  des  pépins.  On  dit  qu'un 
Empereur  s'étrangla  avec  un  pépin.  Un  pépin 
de  raifm  fit  mourir  le  Poète  Anacréon.  ) 

Pépins.  Morceaux  d'or  pur  que  l'on  trouve 
dans  quelques  mines  du  Chily  &  du  Pérou. 

Pe'piniere  ,  f.  f.  \^Plant.irium  ,  fcminarium.  ] 
Terme  de  Jardinier.  Plants  d'arbres  fur  une  même 
ligne  ,  ou  fur  plufieurs  pour  être  gréfez  &  levez 
lorfqu'on  en  aura  à  faire.  (  Faire  une  pépinière 
de  poiriers.  (Faire  une  pépinière  de  pommiers. 
Planter  des  pépinières.  Entretenir  des  pépinières. 
Elever  une  pépinière.  ) 

(  •  L'Académie  eft  comme  une  pépinière  d'où 
le  Barreau  &  la  Chaire  ne  tirent  pas  moins 
d'hommes  que  le  ParnafTe.  Vaug.  Rem.  Epître 
dcdicatoire.  On  dit  que  la  France  eft  une  pépi- 
nière de  foldats.) 

Pe'pinie'rigte  ,  f.  m.  \^Surcularitis  hortulanus.] 
Terme  de  Jardinier.  C'eft  celui  qui  ne  s'atache 
qu'à  élever  des /»e/>/;22i;«5.  (Il  paffe  pour  un  bon 
pépiniérifte.  Ce  mot  eft  aufli  adjeûif ,  &  l'on 
dit  ,  c'eft.  un  Jardinier  pépiniérifte.  Quint,  des 
Jardins  ,  préface.  ) 

Pe'ple  ,  f.  m.  Le  Pépie  étoit  une  robe  longue, 
ample  &  flotante,  qui  confiftoit  en  deux  pièces 
d'étofe  féparées ,  l'une  pour  le  devant ,  l'autre 
pour  le  derrière.  Chez  les  Grecs  &  chez  les 
Romains  ,  le  Pépie  n'étoit  guère  propre  qu'aux 
femmes.  Les  hommes  en  portoient  cependant 
quelquefois.  Le  fond  des  pépies  étoit  blanc, 
léger ,  &  fait  de  bvjfus  ,  qui  étoit  un  lin  très-fin  , 
fort  blanc  &  fort  précieux.  Il  s'atachoit  avec 
des  agrafes. 

P  e'p  L  I  s.  Efpéce  de  tlthimale  que  M.  Tour- 
nefort  apelle  Tithymalus  maritimus  folio  aurito 
obtufo  ,  ]  &  qui  naît  au  bord  de  la  Mer.  Il  y  a 
encore  une  autre  efpéce  de  tithimale  apellée 
Peplus. 

P  EP  T 1  Ci.U  E  s.   Voïez  Pépajliqttes. 

P  E  Q. 

•J-  Peq.ue.  YoyczPecque. 

P  E  R. 

*  Perçant,  Perçante,  adj.  \^Âcer ,  acutus.'\ 
Ce  mot ,  en  parlant  de  froid  ,  veut  dire  violent. 
{ J'ai  fouffert  un  hiver  plus  perçant  que  celui 
de  France.    Voit.  lett.  2j.] 

*  Perçant  ,  perçante ,  adj.  [  Promptus  ,  acer.  ] 
Qui  pénétre.  Qui  voit  loin.  (  Ei'prit  perçant. 
Yeux  perçans.   Voit.   Voix  perçante.  ) 

Peiçant ,  perçante  ,  adj.  [  Tercbra  ,  tcrebellum.'\ 
Qui  fait  un  trou  ,  &  qui  s'introduit  dans  un 
autre  corps.  Les  villebrequins  &  les  forets  font 
des  inftrumens  perçans.) 

Perce,/!/.  [Dolium  terebrare.]  Il  ne  fe  dit 
qu'en  cette  façon  de  parler  ,  mettre  en  perce ,  en 
parlant  de  muid  ,  c'eft-à-dire  ,.  le  percer  ,  &  y 
mettre  une  broche ,  pour  en  tirer  du  vin  ou  autre 
liqueur.  Yoicz  Percer, 
Tome   III. 


<       P    E  R.  99 

Perce',  part.  pajf.  Ce  qui  eft  tr  o  iic.  [Perforatus, 
transfoffus. 

Percé ,  éclairé.  Parlant  d'un  bâtiment  où  il  y 
a  bien  du  jour.  \^Lucidus,luminofus.'\  Ce  château 
eft  bien  percé.  ) 

Percé.  En  terme  de  Blafon.  Se  dit  des  pièces 
ouvertes  à  jour  qu'on  apelle  aufîi  ajourées. 

Perce-JÎosse  , /.  /  \Lyfimachiai\  Plante  dont 
les  feiiilles  reffemblent  à  celles  du  faule.  Elle 
eft  aftringente  &  vulnéraire.  On  s'en  fert  pour 
l'hèmmorragie  ,  pour  netteier  &  confolider 
les  plaies. 

Percechausse'e  ,  f.m.  Sorte  d'infefte,  qui 
perce  quelquefois  une  chauffée  de  part  en  part. 

Perceffuille  ,f.f.  \Bublcurum  vulgatijjlmum^ 
Plante  qui  pouffe  une  tige  à  la  hauteur  d'un 
pié  &  demi ,  &  dont  les  fleurs  font  en  parefol 
&  de  couleur  jaune. 

C?  Percefe'uilk.  C'eft  une  plante  dont  la  tige 
paffe  par  le  milieu  de  la  feiiille^. 

L?ipercefeiiille  contient  beaucoupBe  fel  effentiel 
&  d'huile.  Elle  eft  dèterfive ,  vulnéraire  &  deffi- 
cative.  Sa  femence  eft  bonne  prife  intérieure- 
ment, contre  la  piqueure  des  ferpens. 

Perceinte,/;/  [  Pr£cincius.  ]  Terme  de 
Marine.  Ce  font  des  rebords  de  cordons  ,  ou 
de  bandes  de  bois  qui  régnent  en  dehors  le  long 
des  bordages  d'un  vaiffeau  qui  fervent  à  la  liaifon 
du  tillac. 

P  E  R  G  E-L  E  T  T  R  E  ,y;  m.  [Scalpellus  epiJlolaris.'\ 
Petit  inftrument  d'acier  dont  on  fe  fert  pour 
percer  les  lettres.  (  Un  perce-lettre  bien  fait.) 
On  ne  s'en  fert  prefque  point  aujourd'hui. 

Perce-foret  ,  y;  m.  On  apelle  ainft  dans  le 
ftile  familier ,  un  chaffeur  déterminé.  (  C'eft 
un  perce-forêt.  ) 

P  E  R  c  E  -  N  e'g  E  ,  /!/.  [  Narcifloleucoium.  ]  Fleur 
fort  blanche  qui  vient  durant  l'hiver. 

Perce- MOUSSE,  y;/;  Plante  qui  croît  dans 
les  bois  &  ailleurs  ,  entre  la  mouffe  des  vieux 
arbres ,  dont  les  feuilles  font  auffi  déliées  que 
les  cheveux. 

Perce-oreille.//  [^Auricularia.l  Sorte  d'infefte 
qui  pique  l'oreille  &  la  gâte.  L:i  perce-oreille  eft 
auffi  un  autre  petit  infeûe  qui  naît  dans  les 
jardins  &c  dans  les  fleurs  &  à  plufieurs  plantes , 
&  leur  fait  tort.  La  perce  -  oreille  fe  prend  à  la 
main  ou  avec  de  petits  cornets  de  papier. 

Percepier  ,  ou  Porchepier.  Efpéce  de  pié  de 
Lion  qui  croît  dans  les  champs  &  fur  les 
montagnes.  Elle  a  un  goût  un  peu  acre  ,  avec 
quelque  amertume.  Elle  contient  beaucoup  da, 
fel  effentiel  &  d'htiile.  Elle  eft  apéritive  &  bonne 
contre  le  fcorbut. 

Perce-pif.rre  ,  f  f  [  Crithmium  ,  faxifraga.  ] 
Sorte  d'herbe  qu'on  mange  en  falade  confite  dans 
le  vinaigre.  On  appelle  autrement  cette  herbe  : 
Pûjje-pierre ,  Bacille  ,  C rijle  marine  ,  Fenouil  marin, 
ou  herbe  de  Saint-Pierre. 

Perception  .,  ff-  \Mentis  perceptio .]  Ter  me 
de  Philofophie.  C'eft  l'aftion  de  connoître  ôc 
d'apercevoir  par  l'efprit  &  par  les  fens.  La  per- 
ception ,  ou  la  vùë  &  la  connoiffance  des  choies 
fe  forme  ,  pour  l'ordinaire  ,  du  concours  de  deux 
actions  ;  l'une  ,  de  la  part  de  l'objet  ,  &  qui 
n'eft  autre  chofe  que  l'impreflîon  que  cet  objet 
fait  fur  nous;  l'autre  ,  de  la  part  de  l'efprit ,  6c 
qui  eft  proprement  un  regard  de  l'ame  fur  l'objet 
qu'elle  veut  connoître. 

Perception,]',  f.  [Jus percipiendifruclus.  ]  Terme 
de  Palais.  Il  fignifie  récolte.  (  La  perception  des 
fruits  d'une  terre,  d'un  bénéfice,  &c. 

N  ij 


,oo  P  E  R. 

PERcîrTiBLF. ,  adj.  Qui  peut  être  vu.  On  ne 
le  dit  guère  qu'avec  négative.  (Cela  n'eft  point 
perceptible.  Cela  n'eft  prefque  pas  perceptible.) 

Percer,  v.  a.  \_Pcrforure  ,penirchrare.'\  Troilcr. 
Faire  un  trou  à  quelque  chofe.  (  Percer  un  ais. 
Percer  à  jour.  ) 

On  dit  anSx percer  une  muraille.  [Murum  perfo- 
rare.  ]  C'eft-à-dire  ,  y  faire  quelque  ouverture. 

Percer  un  bâtiment.  [  JE,dibits  indcre  feneflras.  ] 
C'eft  y  faire  des  ouvertures  pour  lui  donner  du 
jour.  (Une  maifon  bien  percée.) 

Percer  à  jour.  [Transfodcre ,  transfigsre.']  C'eft- 
à-dire,  de  part  en  part,  d'un  côté  à  l'autre. 

Percer  d'un  coup  d'épée.  Percer  d'un  coup  de 
lance.  C'eft  bleffer  de  telle  forte  avec  une  lance , 
ou  une  épée  que  le  coup  pénétre  dans  le  corps. 

(  Le  mulet  en  fe  défendant 
Se  fent  percer  de  coups ,  il  gémit ,  il  fouplre. 

ij  Font.  ) 

On  dit  auîfi  ,  ce  foldat  fut  tout  perd  de  traits. 
Le  navire  fut  tout  perce  de  coups  de  canon. 
Percer  une  apoftume  ,  un  abcès  ,  ôcc.  [Fomicam 
fecare.  ] 

Percer.  [Dolia  terebrare.'\  Ce  mot  fe  dit  en 
parlant  de  muid ,  de  vin  ,  de  bierre  ,  de  vinaigre, 
6cc.  C'eft  mettre  en  perce.  (Percer  un  muid  de 
vin,  une  pièce  de  vinaigre.  Percer  un  muid  de 
bierre,  de  cidre.  Percer  du  vin.  ) 

Percer.  [  Tranfmittere.  ]  Ce  mot  fe  dit  de  la 
pluie  &  de  la  violence  des  vents  ,  &  fignifie 
pénétrer.    (La  pluie  a  percé  mon  chapeau. 


Il  foufloit  un  vent  de  bife 
Qui  perçoit  jufqu'à  la  chcmife. 


Voit,  po'éf.  ) 


Percer,  v.  n.  \_Nafci ,  onV/.]  Ce  mot  fe  dit  des 
dents  qui  commencent  à  venir  aux  enfans.  (Les 
dents  commencent  à  percer  à  cet  enfant.  C'eft- 
à-dire  ,  commencent  à  fortir  des  mâchoires.  ) 

Percer.  [  Altiks  rimari.  ]  Prévoir.  Pénétrer. 
(  Que  j'en  vols  de  belles  conféquences  ,  je  perce 
dans  les  fuites. 

C'eft-!à  que  de  plus  près  obfervant  la  Nature 
Je  perce  les  replis  de  la  fcience  obfcure. 

Rcc.  del'Acdd.l.r.) 

Percer.  Terme  de  Chaffe.  C'eft  lors  qu'une  bête 
tire  de  long  ,  &  s'en  va  fans  s'arrêter  étant 
chafl"ée.  Le  mot  de  percer  fe  dit  aufll  lorfque  le 
piqueur  perce  dans  le  fort.  Sal. 

On  dit  au  même  fcns  percer  les  efcadrons  des 
ennemis.  [Per  medios  kojles pcrrumpcre.] 

Percer  ,  v.  a.  Terme  de  Jardinier.  Percer  une 
couche.  C'eft  avec  un  bâton  pointu  y  faire  des 
trous  exprès  pour  y  femer  quelque  graine. 

Percer  ,  fe  dit  aufli  des  voïagcurs  qui  entrent 
bien  avant  dans  le  pais,  [Regioncm  pcnctrare.] 
Chriftofle  Colomb  eft  le  voïageur  qui  a  percé 
plus  avant  dans  les  terres  auftrales. 

*  Percer  de  douleur.  [  Dolore  animumfodicare.'] 
C'eft  au  figuré  ,  caufer  une  vive  douleur  &  qui 
pénétre  jufqu'au  cœur. 

(Perd  jufques  an  fond  du  cœur 
D'une  atteinte  imprévue  aufli  bien  que  mortelle. 

Corn.Cid.a.  i.  ) 

*  C'ejî  un  panier  percé.  C'eft-à.dire  ,  un  homme 
qui  dépenfe  tout  ce  qu'il  a  ,  &  qui  ne  fçauroit 
garder  d'argent. 

*  //  efl  bas  percé.  [  Paritm  admodum  hahet  in 
loculis.  ]  C'eft  -  à  -  dire  ,  il  n'a  guère  d'argent. 
Voïez  Panier.   Voïcz  Crible. 


PER, 

^^  Percer  i,  ce  verbe  doit  être  fuivi  de  quel- 
que chofe ,  car  tout  feul  ,  il  ne  forme  aucune 
idée.  M.  Defpréaux  ,  Sat.  XI.  a  dit  : 

Mais  quelque  fol  efpoir  dont  leur  orgueil  les  berce 
Bientôt  on  les  connolt  &.  la  vérité  perce. 

Cela  veut  dire  que  la  vérité  fe  montre  ,  & 
qu'elle  diffipe  les  ténèbres  dont  l'^mour-propre 
nous  aveugle. 

Le  naturel  toujours  fort  ôt  fçait  fe  montrer. 
Vainement  on  l'arrête ,  on  le  force  à  rentrer  ; 
11  rompt  tout ,  perce  tout  &  trouve  enfin  paffage.  ) 

Percer,  fe  dit  aufti  au  figuré  pour  parvenir i 
fc  faire  connaître.  (  Son  mérite  a  été  long-tems 
retenu  dans  l'obfcurité  ,  mais  enfin  il  a  percé. 
Cet  Auteur  aura  de  la  peine  à  percer.  ) 

Perceur,/!  /w.  [  Perforator.  ]  Terme  de 
Mer.  On  apelle  ainfi  ceux  dont  le  métier  eft  de 
percer  les  navires  pour  les  cheviller.  Acad.  Fr. 

Percevoir,  v.  a.  [ Percipere.  ]  Terme  de 
Palais.  Recevoir ,  ou  recueillir  quelques  fruits 
&  quelques  revenus.  (  Ce  font  des  fruits  qu'il 
a  perçus,  les  autres  font  encore  à  percevoir.) 
On  s'eft  fervi  du  même  mot  pour  fignifier  apren- 
dre ,  comprendre.  Mais  on  a  tort  ,  ce  mot  ne  fe 
dit  point  en  ce  fens. 

Perchant  ,  /  m.  [lnfidens.'\  Terme  A^Oifelier. 
Oifeau  que  l'oifelier  attache  par  le  pié  ,  &  qui 
voltige  autour  du  lieu  où  il  eft  attaché  pour  y 
faire  venir  les  autres  oifeaux ,  &  donner  ocafion 
à  l'oifelier  de  les  atraper. 

P[erch  E  ,  y. /!  [Pertica  menforia.]  "Lz pcrch.£ 
eft  une  mefure  diférente ,  félon  les  lieux.  U  y 
en  a  de  vingt  pies  ,  d'autres  en  ont  moins.  Mais 
la  véritable  longueur  doit  être  de  trois  toifes 
ou  de  dix-huit  pies ,  mefure  du  Châtelet  de  Paris. 
Voïez  l'Ecole  des  Arpenteurs  ,  p.  z6.  &C  le  Traité 
de  r  Arpentage  ,/7.J  6".  imprimé  à  Roiien  en  171 4. 
Mefurer  à  la  perche.  (  La  perche  eft  aufli  un 
morceau  de  bois  gros  comme  le  bras  ,  ou  plus , 
plané  ordinairement ,  &  long  de  fept  ou  huit 
pies  ,  &  quelquefois  davantage  ,  pour  étendre 
du  linge,  &c.  \^Pertica  ,  longurius.] 

^^  Les  Romains  fe  fervoient  de  la  perche 
pour  partager  les  terres  ,  dans  l'établiffement 
des  nouvelles  colonies  ,  ou  lorfqu'après  avoir 
chaffé  les  anciens  habitans  d'une  contrée  dont 
ils  s'étoient  rendus  maîtres  ,  ils  vendoient  à 
l'enchère  les  terres  après  en  avoir  fait  la  divifion. 
Properce  apelle  ce  partage  trijîis  pertica  ,  avec 
raifon  ,  puifque  les  anciens  propriétaires  fe 
voïoient  dèpoiiillés  de  leurs  biens. 

Njm  tua  ciim  mullis  verfarcm  arva  juvenci 
AhftuUt  excultas  pertica  triflis  opes  . 

^3"  Le  mot  pertica  fignifioit  non-feulcmcnt  ce 
bâton  long  de  dix  pies  dont  on  mefuroit  les 
terres ,  mais  encore  le  fonds  mefure  &  confiné  , 
comme  nous  l'aprenons  de  Siculus  Flaccus  ,  de 
Frontin  &  de  plufieurs  autres  que  Gœfius  a 
recueillis  &  qu'il  a  expliqué  par  des  notes  très- 
néceffaircs  pour  leur  intelligence.  Ragueau  a 
remarqué  dans  fon  indice  au  mot  Arpent ,  qu'au 
pais  du  Perche  l'arpent  doit  contenir  ceM perches, 
c\\ZQ\inc  perche  vingt  -  quatre  pies',  &  chacun 
pié  treize  pouces. 

Perche .  En  Architeflure  Gothique  ,  on  apelle 
perche  certains  piliers  fort  menus  &  fort  hauts, 
joints  cnfemble  au  nombre  de  cinq  ou  fix  ,  &: 


P  E  R. 

qui  fe  courbent  par  le  haut  pour  former  les 
arcs  &  les  nervures  qui  retiennent  les  pendentifs. 
Ces  petites  colonnes  déliées  font  en  effet  fort 
femblables  à  des  pirches. 

Perche.  [  Perça.  J  Sorte  de  poilTon  de  lac  & 
«le  rivière  ,  qui  a  la  bouche  petite  &  fans  dents , 
le  corps  large  &  aplati  ,  couvert  de  petites 
écailles  ,  avec  deux  nageoires  au  dos  ,  deux 
auprès  des  ouïes  ,  deux  au  ventre  ,  &  une  auprès 
du  trou  des  excrémens.  (La  perche  ell  fort  bonne. 
Il  y  a  aufli  des  perches  de  Mer.  ) 

Perche.  \Cornu  cervinifcapus.]  Terme  de  CUaJfe. 
On  apelle  perches  les  deux  grolTes  tiges  du  bois 
ou  de  la  tête  du  cerf ,  du  dain ,  ou  du  chevreiiil , 
où  font  attachez  les  andoiiillers.  (  Quand  le  cerf 
entre  en  fa  féconde  année  ,  il  poulie  deux  petites 
perches  ,  &  en  fa  troifiéme  année ,  les  perches 
qu'il  pouffe  font  femées  d'andoiiillers.  Sal.  c.23.) 

Perche.  (  Contiis.  ]  Terme  de  Batelier.  C'eft  le 
croc  avec  lequel  il  conduit  fon  bateau. 

On  dit  d'une  femme  grande  &  d'une  taille 
rnauffade,  que  c'eft  une  grande  perche.  [Longurio.^ 
On  dit  aufli  ,/e  battre  à  /a perche  ,  quand  on  ne 
fe  fait  pas  grand  mal. 

Perche',  adj.  [  Sidens,  ]  Oifeau  perché. 

(Maître  Corbeau ,  fur  un  arbre  perché, 
Tenoit  en  ion  bec  uiAVomage. 

Xj  Font.  ) 

Perché  eft  auffi  un  terme  de  Blafon  ,  qui  fe  dit 
d'un  oifeau  peint  fur  une  perche.  (  Il  porte  d'azur 
à  l'épervier  perché  &  grilleté  d'argent.  ) 

Se  percher ,  v.r.  [  Sidère.  ]  Ce  mot  fe  dit  pro- 
prement des  oifeaux  ,  &  veut  dire  s'ajioir. 
(  Un  aigle  fe  vint  percher  fiur  le  joug  du  chariot. 
u4l>L  Arr.  1.2.  ch.z. 

Ils  fe  venoient  percher  fur  la  Ville  , 
OU  pour  lors   étoit  Bouteville. 

Vo'n.po'if.  ) 

V  ■EKCHis  ,f.m.  [ Septum ex  longuriis.'\  Terme 
de  Jardinier.  C'eft  une  clôture  qui  fe  fait  avec 
des  perches  ,  dont  les  unes  font  fichées  un  demi 
pié  avant  dans  la  terre  ,  &  efpacées  d'environ 
huit  à  neuf  pouces  ,  &  les  autres  mifes  en 
travers  à  la  même  dillance.  (  On  ne  peut  entrer 
dans  un  endroit  oii  l'on  a  fait  un  bon  perchis.) 
FERCHFOirv.,y^y.  \Tyanfverfum  cavcaiveruculum.] 
Terme  à'OiJ'elier.  C'eft  le  bâton  de  la  cage  où 
fe  perche  l'oifeau.  (  Le  percheoir  de  cette  cage 
eft  rompu.  Il  faut  mettre  un  percheoir  à  cette 
cage.) 

Perclus,  Perclue,  aJJ.  \AIembris  captus , 
membris  inirs?\  Etre  perclus  de  fcs  membres.  C'eft- 
à-dire  ,  ne  fe  pouvoir  aider  de  fes  membres. 
Elle  e(l  perdue  d'un  bras.  C'eftà-dire  ,  elle  a 
perdu  l'ufage  d'un  de  fes  bras.  On  ditauffi 
pcrclufc  au  féminin. 

•{•  *  Tout  faux  dévot  a  le  cerveau  perclus.  [  Hebes 
tjl  illi  ingenium.  ]  C'eft-à-dire  ,  tout  faux  dévot 
eft  fou.  Ë>ejp.  Satire  ^. 

Perçoir,  f.  m.  [  Tcrebella.  ]  Terme  de 
Tonnelier  &  de  Vinaigrier.  C'eft  une  efpéce  de 
forêt  dont  on  fe  fert  pour  percer  les  pièces  de 
vinaigre  &  les  muids  de  vin.  (  Perçoir  perdu.) 
Quelques-uns  û\ïtnt  perçoire  ,f.f.  Les  Serruriers 
ont  des  perçoirs  pour  forer  les  clefs  ;  &  les 
Armuriers  fe  fervent  aufîi  de  perçoirs  pour  forer 
les  canons  des  armes  à  feu. 

PpRcolirR  r. ,  y!/;  Outil  dont  fe  fervent  les 
Serruriers ,  Taillandiers  ,  Maréchaux ,  &  autres 
ouvriers  qui  travaillent  les  métaux  ,  &C  parti- 
culièrement le  fer. 


P  E  R.  loi 

Percussion,  //.  [  Percuffio.  ]  Terme  de 
Phyfique.  Impreffion  d'un  corps  qui  en  frape  un 
autre  ,  ou  qui  tombe  fur  un  autre.  (Mouvement 
de  percufllon.  La  percuffion  de  l'air.  Il  faut 
conlidérer  la  force  de  la  percufllon  &  de  la 
répei-cuflîon.  On  dit  un  infirument  de  la percuffion , 
c'eft-à-dire,  un  corps  qui  fait  du  bruit,  &  rend 
un  fon  fenliblc  lorfqu'il  eft  frapé.  Les  cloches 
font  les  plus  excellens  inftrumens  de  percuffion. 
Merf.  l.  y.) 

Perdant, yiw.  [  Jacluram  faciens.  ]  Qui 
perd  au  jeu.  (Monfieur  eft  un  des  perdans.  Les 
gagnans  &  les  perdans.  ) 

Perdition,//  [  Perditio  ,  amiffio.  ]  Ce 
mot  ne  trouve  ordinairement  fa  place  que  dans 
des  difcours  de  piété  ,  ou  en  parlant  le  langage 
de  l'Ecriture.  (  Dieu  met  au  jour  cet  ouvrage 
de  perdition  &  de  ténèbres.  Patru  ,  plaidoïé  3. 
Retirer  quelqu'un  du  chemin  de  perdition.  ) 
Prononcez  perdicion. 

Pers-je.  [  Perdam-ne.  ]  Impératif  du  verbe 
perdre  ,  à  la  première  perfonne.  M.  Fléchier 
croit  qu'il  faut  dire  ,  perdé-je.  Vaugelas  eft  pour 
pers-je.  (  Loiiis  XIV.  dit  un  jour  :  Depuis  fix 
ans  que  j'ai  tant  d'ennemis  fur  les  bras ,  pà-s-je  ' 
un  feul  pouce  de  terre  ?  )  Voïez  lu  lettre  de 
Bourfault  à  AI.  Fléchier  ,  Evéque  de  Nifmes.  Le 
mieux  eft  d'éviter  ces  façons  de  parler  qui  ne 
font  pas  décidées. . 

Perdre,  v.  a.  [ Perdere ,  amittere ,  jacluram 
facere.  ]  Je  perds  ,  j^ai  perdu  ,  je  perdis.  Faire  une 
perte  de  quelque  chofe.  (  Perdre  fon  argent. 
Perdre  fon  bien.  Il  a  perdu  beaucoup  de  fang. 
Perdre  la  vie.  Perdre  fa  caufe  ,  fon  procès.) 
Perdre  la  bataille.  [  Prcelium  adverfum  facere.  ] 
C'eft  être  vaincu.  On  dit  aulîî  perdre  l'efprit  , 
[  Rationem  obruere  ,  ]  la  mémoire  ,  la  connoif- 
fance  ,  la  vûë,  &c.  (Il  a  perdu  fon  père,  fa 
mère ,  &c.  c'eft-à-dire  ,  qu'ils  font  morts. 

Infortuné  joueur  il  perdra  tous  fes  biens 

Qu'un  contrat  malheureux  confond  avec  les  tiens. 

Aul.  anon.  ) 

*  Vous  ne  fçauriez  me  perdre  ,  quelque 
négligence  que  vous  aïez  pour  moi.  C'eft-à-dire, 
je  vous  aimerai  &  vous  eftimerai  toujours , 
quoique  vous  me  négligiez  fort.    Voit.  l.  ly. 

*  Perdre.  Dilîîper.  Confumer.  Emploi'er  mal. 
(  Perdre  fon  tems.  Perdre  fa  peine.  Abiancourt. 
Perdre  fes  pas.  Voit.^ 

*  Perdre.  [  Aliquem  pejfumdare.  ]  Ruiner. 
Décrier.  Oter  l'honneur.  (  Perdre  quelqu'un. 
Pafc.  l.J.  Si  Narciffe  ne  fe  fût  hâté  de  perdre 
Meffaline  ,  Meffaline  le  perdoit  liîi-même.  Abl. 
Tac.  An.  l.  zi.  Il  ne  fe  foucioit  pas  de  la  perdre. 

Aimez ,  mais  d'un  amour  couvert 
Qui  ne  foit  jamais  fans  mlflére  : 
Ce  n'eft  pas  l'amour  qui  vous  perd 
C'eft  la  manière  Àe  le  faire. 

Le  Comte  deBujfy.  ) 

*  Perdre,  [Depravare,  corrumperc-l  Débaucher, 
Mettre  dans  le  dcfordre.  (Heureux  celui  qui  ne 
hante  point  les  impies,  car  ils  perdent  les  gens.) 

*  Perdre.  [Aberrare.]  Egarer.  (Perdre  un  homme 
dans  les  bois.  ) 

*  Perdre  de  vue.  [  Confpeclu  amittere.]  C'eft-à- 
dire,  ne  voir  plus.  (A  tous  coups  ils  me  perdoient 
de  vûë ,  &  m'envoïoient  plus  haut  que  les  aigles. 
Voit.  l.  g. 

*  On  le  perd  de  vue.  [  Ventofa  verba  profert.  ] 
Ces    mots  fe    difent  de  certains   Auteurs    qui 


rot  ^,  ^  ^-       , 

s'élèvent  tellement  on  écrivant  ,  qu'on  ne  fçait 
où  ils  vont ,  qu'on  ne  voit  plus  la  fuite  de  leurs 

diicours. 

Perdre  U  goût  des  belles  chofes.  \^Prœctaris  rébus 
non  ampli  us  capi.'\  *  Les  idées  Je  perdent.  \Delentur 
idées.]  C'eft-à-dire  ,  s'éfacent  de  la  mémoire. 
*  Le  mouvement  ne  fe  perd  point  dans  le 
monde  ,  mais  il  fe  communique.  [  Scmper  manet 
tadem  motûs  intnjiua.] 

Il  y  a  plufieurs  proverbes  fur  le  mot  perdre. 
Qui  perd  pèche.  Qui  quitte  la  partie  la  perd. 
Qui  quitte  fa  place  la  perd.  A  laver  la  tête  d'un 
âne  on  perd  i'a  lefiive.  Marchand  qui  perd  ne 
peut  rire.  Qui  perd  fon  bien  perd  ion  lang.  Il  ne 
faut  pas  \z\iKt.x  perdre  les  bonnes  coutumes.  Au 
figuré  ,  en  chofes  fpirituelles  &  morales.  Perdre 
fon  ame.  \^  Animam  perdert.\  C'eft  fe  damner, 
perdre  l'état  de  grâce.  \^EJfutu  gr.ttiœ  decidere.  ] 
C'eft  en  décheoir.  Il  vaudroit  mieux  fe  perdre 
gaiement  par  la  galanterie,  que  de  le/)frif/-£  par 
l'orgueil,  &  par  l'envie  ou  le  chagrin  ,  qui  acom- 
pagnent  la  dévotion.  La  Bruyère.  Coi.ibien  de 
femmes  que  les  aparences  feules  ont  perdues  dans 
le  monde.  H.  S.  de  M.  La  cliafteté  fe  perd  dès 
qu'on  confent  de  la  perdre  ,   &c. 

Se  perdre ,  v.  r.  [Eiabi.'j  Ce  mot  fe  dit  des 
chofes  dont  on  fait  perte.  (  Le  bien  fe  perd , 
l'argent  fe  perd  aifément.  Les  Dames  fe  gagnent 
par  les  voies  que  nous  fommes  gagnez  ,  &  fe 
perdent  de  même.  Le  Chev.  de  Meré ,  pr,  "^onv.) 
Se  perdre.  [  Aiifugere.  ]  Se  difliper.  (Les  belles 
connoiffances  fe  perdent  avec  l'âge.) 

Se  perdre.  [^Itinerc  deerrare.'j  S'égarer.  (  On  fe 
perd  fouvent  dans  les  rues  de  Paris.) 

*  Se  perdre  dans/es  raifonnemens.  \_Evanefcerein 
argumentis.]  C'efi  s'égarer  dans  fes  raifonnemens. 

*  C'efi  un  homme  qui  fe  perd.  [Sibi  exitio  eff.] 
C'eft-à-dire,  qui  fe  débauche,  qui  fe  ruine,  ou 
qui  tient  une  mauvaife  conduite. 

Perdre  cœur  ,  ou  le  cœur.  M.  Godeau  a  dit  dans 
«ne  Ode  à  Loiiis  XIII. 

L'Efpagne  autrefois  redoutable 
A  ton  abord  perdit  le  cœur. 

P  E  R  D  R  E  A  U  ,  /.  OT.  [Perdtcis  pullus.]  C'eft  le 
petit  de  h  perdrix.  (  Ces  perdreaux  font  dodus  , 
ce  n'eft  que  peloton  de  graiffe. 

Sans  l'état  malheureux  où  les  dateurs  l'ont  mis , 
Feroit  grâce  aux  perdreaux  ,  &  peUr  aux  ennemis. 

BourJ.  Efop.) 

PerdrigoNjT^  '''•  {.Prunum  Lbericum.]  C'eft 
une  forte  de  prune  noire  ,  violete  ou  blanche. 
(Voilà  de  l'excellent  perdrigon.Perdrigon  violet.) 

P  t  R  D  R I X  .  y;  /.  [Perdtx.]  Oifeau  qui  ne  fe 
perche  jamais  fur  aucun  arbre,  &c  qui  cft  fort 
bon  à  manger.  (  Il  y  a  des  perdrix  blanches , 
des  rouges  ,  &  des  grifcs  qui  font  celles  qu'on 
voit  ordinairement.  La  perdrix  grife  eft  plus 
petite  que  la  rouge.  Mais  la  rouge  eft  la  plus 
belle  de  toutes;  elle  eft  agréablement  marquetée, 
&  elle  a  le  bec  &  les  pies  rouges.  On  conte 
que  la  femelle  de  la  perdrix  pond  fes  œufs  en 
deux  endroits  ,  que  le  mâle  en  couve  une  partie, 
&  la  femelle  l'autre.  Bel.  l.  S.  Une  perdrix  mâle. 
Une  perdrix  femelle.  Une  bonne  perdrix  eft  un 
excellent  manger.  Les  vieilles  perdrix  font 
admirables  au  pot. 

Dans  le  verger  couroit  une  perdrix  privée  , 
Et  par  de  tendres  foins  dès  l'enfance  élevée. 


*  Perdrix-fumet.  Voïez  Fumet. 


La  Font.  ) 


P  E  R. 

Perdu, Perdue,  adj.  [Deperdieus,  amiffus.] 
Chofe  dont  on  a  fait  perte.  (  Argent  perdu. 
Ocafion  perdue.    Tems  perdu.) 

*  Fille  perdue.  [  Filia  luxu  &  venereis perdita.'\ 
C'eft-à-dire,  débauchée,  proftituée.  (Leurs 
maximes  ne  vont  qu'à  favorifer  les  femmes 
perdues.  Pafc.  l.  8-) 

*  C'efl  un  perdu.  \_Famd  expers.]  C'eft-à-dire,' 
un  débauché. 

*  En/ans  perdus.  [  f^elites.  ]  Voïez  En/ans. 

E n  fans  perdus ,  que  l'on  a  voit  autrefois  dans 
les  armées  ,  &  que  l'on  ne  connoît  plus.  Voïez 
M.  Ménage,  origine  de  langue,  &c.  Fonds  perdu. 
Mettre  fon  argent  à  fonds  perdu  ,  c'eft-à-dire , 
le  placer  de  telle  forte  qu'on  fe  dépoiiille 
entièrement  du  fonds  &  qu'on  ne  fe  réferve 
que  le  revenu  fa  vie  durant.  Heures  perdues. 
Les  heures  du  loifir  d'un  homme  qui  eft  ordi- 
nairement fort  ocupé.  Je  vous  prie  de  travailler 
à  cela  à  vos  heures  perdues. 

f  Peke,  f.  m.  [Paier.]  Ce  mot  fe  dit  pro- 
prement des  hommes.  C'eft  celui  qui  a  engendré. 
C'eft  celui  qui  a  des  enfans. 

Je  veux  feulement  par  manière  d'acquit 
Tâcher  à  vous  faire  comprendre 
Qu'il  n'eft  pas  toujours  fur  qu'on  ait  l'heur  de  defcendre 
Du  p&c  Çie  la  mère  dit. 

Bourf.  Phiiiion.  ) 

Pén  putatif.  C'eft  celui  pafle  pour  père  bien 
que  quelquefois  il  ne  le  foit  pas. 

Père  de  famille.  [  Paterf ami  lias.  ]  C'eft  celui 
qui  a  femme  &  enfans.  (  Etre  père  de  famille.  ) 

Beau-père ,  f.  m.  \Socer.  Vitricus.]  C'eft  le  mari 
de  la  femme  qui  eft  notre  mère.  C'eft  auflî  le 
père  de  la  femme  que  l'on  a  époufée.  (  \Ja 
méchant  beau-pére.) 

Grand-père  ,  f  m.  [  Avus.  ]  Le  père  de  celui 
ou  de  celle  qui  font  notre  père ,  ou  notre  mère. 
(  Son  grand  -  père  eft  riche.  *  Homère  eft  le 
père  des  Poètes.   [  Poctarum  parens.  ]   Abl.  ) 

*  Père.  [  Pater ,  Doclor.  ]  Titre  qu'on  donne 
à  certains  Ecrivains  Ecclélïaftiques,  très-diftin- 
guez  par  leur  dodrine  ,  &  prefque  tous  aufti 
par  leur  fainteté  ,  qui  ont  écrit  fur  diverfes 
matières  de  religion.  (  Les  Pères  Grecs.  Les 
Pères  Latins.  ) 

*  Père.  [Reverendus  Pater."]  Titre  qu'on  donne 
aux  Religieux  qui  font  Prêtres. 

Le  Père  Correcteur.  [  Pater  Correclor.  ]  C'eft  le 
Supérieur  d'un  Couvent  de  Minimes. 

Le  Père  Miniflre.  [  Pater  Minifier.  ]  C'eft  le 
Supérieur  d'un  Couvent  de  Mathurins, 

Le  Père  Recleur.  {Pater  Re^or.  ]  C'eft  le  Supé- 
rieur d'un  Couvent  de  Jéfuites. 

Le  Père  Gardien.  [Pater  Cuf  os.]  C'eft  le  Supé- 
rieiu-  des  Capucins  ,  des  Récolets  ,  &  des 
Cordeliers. 

Le  Père  Maître.  [Candidatorum  Prœfecîus.]  C'eft 
le  maître  des  Novices  des  Capucins. 

Le  Père  Temporel.  [  Reclor  peculii  Monacho- 
rum.]  C'eft  une  pcrfonne  féculiére  déléguée  du 
Pape  pour  manier  les  aumônes  qu'on  fait  aux 
Capucins. 

Nos  Pères.  [Majores."]  Ce  font  nos  majeurs. 
Ceux  qui  nous  ont  précédé.  ^  C'étoit  la  coutume 
de  nos  pères.  U  ne  faut  pas  toujours  fuivre 
l'exemple  de  nos  pères.   Du  tems  de  nos  pères.) 


En  vain  vous  votK  couvrez  des  vertus  de  vos  pères. 
Ce  ne  font  à  mes  yeux  que  d<:  vaines  chimères. 

Vefp.) 


P  E  R. 

Pércs  de  l'Oratoire.  [  Sacerdotes  Oratorli.  ]  Ce 
font  des  Eccléfiaftiques  qui  ne  font  liez  d'aucun 
vœu,  qui  font  habillez  de  noir  comme  des  Prêtres 
fëculiers  ,  &  qui  vivent  fous  un  Général  &  des 
Supérieurs  particuliers.  Ils  furent  premièrement 
fondez  en  Italie  en  1550.  par  S.Philipede  Néri 
Florentin, &  approuvés  duPape  en  i  ^yô.Enfuite, 
à  l'exemple  de  S.  Philipe  de  Néri ,  le  Cardinal 
de  Bérule  les  fonda  à  Paris  en  16 11.  le  jour 
de  S.  Martin ,  &  le  Pape  Paul  V.  confirma  la 
fondation  du  Cardinal  de  Bérule  en  1613. 

•j*  *  C'eft  un /»(//-«  aux  écus.  [  Bene  nummatus  ejl.  ] 
C'eft  -  à  -  dire  ,  un  homme  riche  ,  &  qui  a  de 
l'argent. 

^^^  Pires  confcrlpts.  Brutus  fut  créé  Conful , 
après  l'expulfion  des  Tarquins ,  il  apella  dans  le 
Sénat  des  Chevaliers  que  l'on  nomma  Patres 
confcripti  ,  parce  qu'ils  furent  ajoutez  dans  le 
catalogue  des  Sénateurs  ;  &  dans  la  fuite  tous 
les  Sénateurs  furent  aufli  apellez  Patres  confcripti. 
ydiez  Fenejïella  ,   c.  i. 

Pérégrination,  yiy^  [  Peregrinatio.  ] 
Voïage  fait  en  pais  éloignez.  On  dit ,  faire  de 
longues  pérégrinations. 

Perelle  ,  f.  f.  Terre  féche  en  petites  écailles 
grifes  ,  qu'on  ramafie  fur  les  rochers  en  Auver- 
gne, Elle  entre  dans  la  compofition  de  l'orfeil , 
qui  eft  le  tournefol  en  pâte  ,  ou  en  pierre.  Cette 
pâte  eft  compofée  avec  du  fruit  de  V Heliotropium 
trioccum ,  de  laperelle ,  de  la  chaux  &  de  l'urine. 
Sa  couleur  eft  bleue.  Les  Teinturiers  s'en  fervent. 
Péremption  d'instance,  f.f.  Intercita 
'&  obfoleta  aciio.l,  Ce  mot  vient  du  Latin, peremptio. 
Prononcez  peramption.  Il  n'eft  en  iifage  que 
dans  la  pratique.  La  péremption  d'injlance  a  été 
établie  par  la  Loi  properandum  ,  cod.  de  judic. 
fuivant  laquelle  tous  les  procès  criminels  doivent 
être  terminez  dans  deux  ans ,  &  les  procès  civils 
dans  trois  ans  ,  à  conter  du  jour  de  la  contef- 
tation  en  caufe.  Cette  loi  a  toujours  été  fuivie 
en  France.  Voiez  les  Oeuvres  d'Auianet  ,  les 
Quejlions  de  Droit  de  Bretonnier,&Cc.  JeanMenelet, 
ancien  Avocat  au  Parlement  de  Dijon  ,  a  fait 
un  Traité  des  péremptions  des  injlances  ,  qui  eft 
eftimé. 

Peremptoire  ,  adj.  [Peremptorius  ,  certijfjlmus.'] 
Terme  de  pratique.  Décifif.  (Une  raifon  peremp- 
toire. Une  exception  peremptoire  porte  la  déci- 
fion  de  la  caufe,  ) 

■{•Peremptcirement.  adv.  \Peremptorih.'\ 
D'une  manière  peremptoire  &  décifive.  Définiti- 
vement, (  La  prefcription  a  été  aquife  péremp- 
toirement. ) 

Pereection,  f.f.  [  Perfeciio  ,  confummatio."] 
Ce  qu'il  y  a  de  plus  parfait  en  quelque  chofe. 
Achèvement  parfait.  Acompliffement  entier  & 
parfait.  Excellent.  fAteindre'  à  la  perfeftion.  Abl. 
Il  eft  intéreffé  en  la  perfeûion  de  la  langue.  M. 
Benferade  ,  Compliment  à  M.  de  Mefme.  Aprocher 
de  la  perfedion.  Le  Chevalier  de  Meré ,  Converf. 
Aquérir  la  perfeftion.  Aviver  à  la  perfedion. 
Abl.  Tendre  à  la  perfcftion.  Abl.  Porter  une 
chofe  au  plus  haut  degré  de  perfeftion. 

Je  les  aime  encore  mieux  qu'une  bigote  altiére  , 
Qui  dans  fon  fol  orgueil  aveugle  &  fans  lumière , 
A  peine  fur  le  feiiil  de  la  dévotion , 
Penfe  atteindre  au  fommet  de  la  perfeSiion. 

Defp.  ) 

Perficlions.  [EximicE  dotes,  virtutes.]  Au  pluriel, 
il  fe  dit  de  l'affemblage  de  toutes  fortes  de 
bonnes  qualitez.  (Il  a  toutes  les  perfeûions 
qu'on  fçauroit  fouhaiter. 


P  E  R.  103 

Quand  vous  verrez  mon  père ,  apuîez  fortement 
Sur  [apetfcBions  de  mon  premier  amant. 

Bourf.  Efop.) 

En  perfeclion.  Façon  de  parler  adverbiale  J 
qui  ûgniRe  parfaitement.  (Travailler  en  perfeûion, 
Danfer  en  perfeftion.  Joiier  des  inftrumens  ea 
perfedion.)  On  dit  auffi  ,  dans  le  ftile  familier  , 
a   la  perfeclion. 

Perfectionner,  v.  a.  [Perfcere  ,  abfolvere.^ 
Rendre  plus  parfait  &  plus  acompli.  (  La  fin 
de  l'hiftoire  eft  de  perfeftionner  la  vie  civile. 
Flich.   Préface  fur   la  vie  de  Commendon.  ) 

Se  perfectionner  ,  v.  r.  [  Excoli  ,  perfici.  ]  Se 
rendre  plus  parfait.  (  On  ne  fe  perfedionne  que 
bien  peu ,  à  moins  que  d'être  aidé  par  un  ami 
intelligent  &  fincére  ,  ou  du  moins  qu'on  ne 
s'obferve  foi-même  ,  &  bien  févérement.  Le. 
Chev.  de  Meré.  ) 

Perfide,  adj.  [  Perfidus  ,  infidus.  ]  Déloïal.' 
Qui  eft  fans  foi.  (Le  Seigneur  du  Clérat ,  de 
Vienne  en  Daufiné  ,  aflure  que  les  Daufinois 
font  perfides ,  qu'ils  ont  l'ame  noire  &  le  corps 
blanc  ,  du  Clérat  raifonne  mal  de  juger  des  gens 
de  fon  pais  par  lui-même. 


Une  ame  généreufe ,  &  que  la  vertu  guide  i 
Fuit  la  honte  des  noms  d'ingrat,  &  de  perfide. 


Cari 


Fuïez  ces  faux  amis,  dont  la  bouche  timide 
N'a  pour  tous  les  abfens  qu'un  filence  perfide. 

Vill. 

Perfide ,  fe  dit  auffi  des  chofes.  (  Un  tout' 
perfide  ,  un  adion  perfide  ,  de  perfides  fermens.' 

Perfide  ,  eft  auffi  fiibfiantif.  Un  perfide  :  une 
perfide.  (  C'eft  un  perfide  :  c'eft  une  perfide.  ) 

Je  lui  donne  ma  fille,  &  tout  le  bien  que  j'ai. 
Et  dans  le  même  temSj  \e  perfide  ,  l'infàitie  , 
Tente  le  noir  deiTein  de  fuborner  ma  femme. 

Mol.) 

Perfidement,  adv.  \_  Perfidiosl.'\  Avec 
perfidie.  (  Il  l'a  perfidement  trahi.  Il  en  ufe 
perfidement.  ) 

Perfidie  ,f.f.  [Perfidia,  proditio.]  Déloïauté.' 
(  Une  perfidie  infigne.  Il  m'a  fait  une  perfidie.  ) 

C'eft  le  coup  ,  fcélérat  ,  par  où  tu  m'expédies , 
Et  voilà  couronner  toutes  tes  perfidies. 

Mol.) 

Perfoli  AT  A  ,y]y]  [^Perfoliatum.l  Plante  qui 
eft  une  efpéce  de  parcefeiiille  ,  &  qui  eft  bonne 
pour  les  plaies  ,  pour  les  fradures  ,  pour  les 
hernies. 

Pergole's  E,  y^/.  Sorte  de  raifin.' 

Pergoute  ,  ff  Sorte  de  fleur  blanche  qui 
a  quelque  chofe  de  la  marguerite.  (Une  jolie 
pergoute.  ) 

Péri.  Terme  de  Blafon.  Ondit/«r/  en  bande, 
en  barre  ,  en  fautoir ,  de  ce  qui  eft  mis  dans  le 
fens  de  ces  diférentes  pièces.  (  Au  bâton  de 
gueules  péri  en  bande.  Acad.  Fr. 

Péricarde,/ OT.  Terme  à^Anatomie.  Mot 
qai  vient  du  Grec  &  qui  veut  dire  une  mem- 
brane qui  envelope  le  cœur.  (  La  figure  du 
péricarde  reffemble  à  celle  du  cœur.  ) 

tPrRicARPE,/OT.  Mot  Grec ,  qui  eft  un 
terme  de  Botanique  ,  &  qui  fe  dit  d'une  pellicule, 
ou  membrane  qui  envelope  la  graine  de  quelque 
plante. 

■|-  Péricliter,  v.  n,  [Periclitari.]  Ce  mot 


I04 


P  E  R. 


fignifie  courir  quelque  hazard  ,  mais  il  ne  fe  dit 
communément  qu'en  terme  de  Palais  ,  ou  dans 
le  flile  fimple.    {  On  périclite  fort.  Benf.  Rond. 

pag.   J73-) 

■\  P£RicRANE,yi/7j.  [ Pericranium.]  Terme 
à'Anatomic.  Membrane  qui  environne  le  crâne. 

Peridot,/;77.  Sorte  de  pierre  précieufe 
qui  n'eft  pas  fort  confidérable  ,  qui  tire  fur  une 
couleur  qui  tient  du  vert  &  qui  fe  trouve  grande 
&  nette.  (  Le  péridot  eft  dificile  à  tailler  ,  & 
fon  ufage  eft  rare.  ) 

Péridot,  f.  m.  Pierre  de  couleur  verte  :  le 
pîridot  eft  d'unverd  jaunâtre  ,  ou  verd-canard  : 
il  eft  très-vrai  femblable  que  c'eft  \z  Chryfoprafe 
de  Pline  ,  qui  fuivant  la  defcription  qu'il  en  fait , 
étoit  pareillement  d'un  verd  doré  tirant  fur  le 
verd  d'un  poreau.  Quand  \e  péridot  eft  dans  fa 
perfeûion  ,  ce  n'eft  pas  une  pierre  du  dernier 
ordre.  Les  Indes  en  produifent  qui  font  fort 
fupérieurs  à  ceux  de  l'Europe.  *  Mariette ,  Tr. 
des  pierres  gravées  ,  t.  z.  p.  l68. 

PERiE'ciENS,y^/7z.  [  Periœcci.  ]  Terme  de 
Géographie.  Ce  mot  eft  Grec.  Les  Periéciens  font 
les  habitans  de  la  Terre  qui  font  fous  un  même 
parallèle  &  fous  un  même  cercle  Méridien ,  mais 
en  deux  diférens  demi -cercles  de  ce  même 
Méridien  :  de  forte  qu'ils  ont  les  mêmes  faifons 
&  en  même  tems  ;  mais  les  heures  opofées , 
comme  par  exemple  ,  quand  les  uns  ont  midi , 
les  autres  ont  minuit ,  &c.  Oxan.  Dicï.  Mat. 

P  e'r  I  EL e's  e.  Terme  de  Chant.  Les  périeléfes 
n'ont  point  d'autre  origine  que  l'organifation 
du  chant  que  l'on  vouloit  faire  fentir.  De  là 
vient  communément  que  la  périéléfe  eft  reftée 
d'ufage  dans  les  anciennes  Eglifes.  On  apelle 
cadences  périéléfées  ,  ces  circonvolutions  fi  com- 
munes dans  les  verfets  des  Répons  de  Paris  , 
&  prefque  inféparables  des  intonations.  *  Lebeuf, 
Traité  Hijlorique  du  Chant,  p.  y  g.  En  général 
périéléfe ,  fignifie  circonvolution ,  parce  qu'on 
tourne,  en  quelque  manière,  autour  de  la  dernière 
note  avant  que  de  la  faire  fonner. 

P  e'r  I  E  R  ,  /.  OT.  Oifeau  de  la  couleur  &  de 
la  grandeur  d'une  aloiiette  commune.  (Unpérier 
mâle.    Un  périer  femelle.  ) 

Périer ,  J'.  m.  Morceau  de  fer  emmanché  au 
bout  d'une  perche  qui  fert  à  faire  l'ouverture 
des  fourneaux  ,  afin  de  faire  couler  le  métal 
quand  les  Fondeurs  veulent  jeter  quelque  ou- 
vrage en  bronze.  Acad.  Fr. 

P  e'r  1 G  e'e  ,  f.m.  [  Perigeum.  ]  Terme  i! Ajlro- 
nomie.  Mot  Grec.  C'eft  le  point  de  l'excentrique 
du  Soleil  ou  des  autres  planètes  qui  eft  le  plus 
près  de  la  terre. 

P  e'r  iGOKo  ,f.  m.  [  Lapis  petracorius.']  Sorte 
de  pierre  ,  que  l'on  nomme  ordinairement 
périgueux . 

Perigueux,//».  Efpéce  de  pierre  dure, 
pefante  &  noire  comme  du  charbon  de  terre , 
dificile  à  pulvérifer.  On  la  trouve  en  Daufiné 
&  Angleterre  ;  les  Emailleurs  &  les  Potiers  de 
terre  s'en  fervent. 

Périhélie, y^/72.  [  Perihelium.  ]  Ce  mot  eft 
Grec. On  dit  qu'une  Planète  eft  dans  ion  périhélie, 
quand  elle  eft  le  plus  proche  du  Soleil  ;  cela 
fupofe  que  l'orbite  de  la  Planète  eft  excentrique, 
c'eft-à-dire  ,  que  le  Soleil  n'en  occupe  pas  le 
centre  ;  dèflors  il  y  a  dans  la  circonférence  une 
partie  plus  près  du  Soleil  que  l'on  z^cWc périhélie, 
&  une  partie  plus  éloignée  que  l'on  nomme 
aphélie.  Ces  deux  différences  ont  lieu  également 
.  dans  le  fiftême  qui  fupofe  les  orbites  des  Planètes 


P  ER. 

elliptiques  &  qui  place  le  Soleil  à  un  des  foiers 
de  l'ellipfe. 

P  E  R  I  L  ,/  m.  {Periculum  ,  difcrimen.]  Danger. 
Etre  dans  un  péril  èminent.  Faug.  Rem.  [  Il  eft 
en  péril.  Le  péril  eft  grand.  S'expoferau  périL 
Se  tirer  du  péril.  Cette  maifon  eft  en  péril. 
caduca.  ) 

Au  péril  de  ma  vie.  [  Vitae  damno.  ]  (Je  me 
charge  de  faire  rèuflir  cette  afaire  au  péril  de 
ma  vie.  ) 

Aux  rifques ,  périls  &  fortunes  de  quelqu'uni 
Terme  de  Pratique. 

P  e'r  iLLEUSEMtNT,  adv.  [Periculosi.]  Dan- 
gereufement. 

Pe'rilleux  ,  Pe'rilleuse  ,  adj.  [  Perîculofus.  ] 
Dangereux.  (<^ela  eft  périlleux  ,  chofe  périlleufe^,) 
Le  verbe  périller ,  pour  dire  ,  rifquer  ,  être  en 
danger ,  étoit  autrefois  en  ufage. 

Saut  périlleux.  C'eft  un  certain  faut  dificile  & 
dangereux  ,  que  font  les  danfeurs  de  corde. 
PERi'METRE,y^/w.  \Circuitus ,  perimetrum.'\ 
Terme  de  Géométrie.  \.Z périmètre  d'une  figure, 
c'eft  le  circuit. 

Périmer.  Terme  Ae  Pratique.  On  ne  le  dit 
qu'en  pariant  d'une  inftance,  lorfque  faute  d'avoir 
été  pourfuivie  pendant  un  certain  tems  ,  elle 
vient  à  périr.  (  Laifler  périmer  une  inftance. 
Cette  inftance  eft  périmée.) 

P  E  ri  N  e'e  ,f.  m.  \^Femen.'\  Terme  ^ Anatomie^ 
C'eft  l'efpace  qui  eft  entre  la  verge  &  le  derrière. 
On  l'apelle  auffi  Pentrefejfon. 

Période,/^  m.  \Summus  apex."]  L'Académie 
le  fait  mafcuUn.  Le  plus  haut  point ,  ou  la  fin 
de  quelque  ehofe.  Le  mot  de  période  en  ce  fens 
eft  un  peu  vieux.  (  Etre  au  dernier  période  de 
fa  vie.  Vaug.  Rem.  Etre  parvenu  au  plus  haut 
période  de  fa  grandeur  ,  de  fa  fortune ,  de  fa 
gloire.  ) 

Période  ,f.f.  [  Periodus  ,  revolutio.  ]  Terme  de 
Phyfique  ,  d'Afironomie  &  d'autre  Science.  Efpacc 
de  tems  durant  lequel  un  Aftre  fait  Ion  tourj 
Le  tems  de  la  période  de  Mercure  eft  d'environ 
un  an.  Roh.  Phyf.  Jupiter  fait  {ipériode  en  douze 
ans.  Voiez  Régis. 

Période  Julienne,f.f.  {^Juliana periodus.]  Terme 
de  Chronologie.  La  période  Julienne  eft  compofée 
de  trois  cycles  multipliez  les  uns  par  les  autres  ; 
fçavoir  de  l'Indiftion  ,  du  nombre  d'Or  ,  &  du 
cycle  du  Soleil ,  ou  lettres  Dominicales  ,  de  i  ç 
pour  rindiflion  ,  de  19  pour  le  nombre  d'Or, 
&  de  28  pour  les  lettres  Dominicales  ,  ce  qui 
fait  7980  ans.  La  période  Julienne  a  été  inventée 
par  Jofeph  Scaliger  ,  &  apeliée  Julienne  parce 
qu'elle  eft  acommodèe  à  l'année  de  Jules  Céfar. 
On  parle  dans  la  Chronologie  d'autres  périodes  s 
mais  la  période  Julienne  eft  la  plus  confidérable 
&  du  plus  grand  ufage. 

Période  ,  f.  f  [  Periodus  ,  verborum  ambitusJ) 
Terme  de  Grammaire  &  de  Rétorique.  Il  y  a  deux 
fortes  de  période  ,  la  fmple  &  la  compofée.  La 
période  compofée  eft  une  forte  d'èlocution  achevée 
&  parfaite  ,  qui  a  des  parties  diftinguèes ,  & 
qui  eft  facile  à  prononcer  tout  d'une  haleine. 
La  période  fimple  n'a  qu'une  partie.  La  période 
ne  doit  être  ni  trop  courte  ,  ni  trop  longue. 
(Période  ronde.  Période  quarrée.  Période  de 
deux  ,  de  trois  ,  de  quatre  &  de  cinq  membres. 
Les  plus  belles  périodes  Françoifes  n'ont  ordi- 
nairement que  trois  membres ,  &  elles  doivent 
avoir  un  certain  nombre  de  filabes.  Voiez  la 
première  période  du  16.  plaidoïé  de  Patru.  Chaque 
mot   dans  les  traduaions  de  d'Ablancourt   eft^ 

mefuré 


P  E  R. 

mefurc  par  la  juftefîe  des  périodes;  &  un  mot 
de  plus  ,  ou  de  moins ,  en  ruineroit  je  ne  fçai 
quelle  harmonie  ,  qui  plait  autant  à  l'oreille  que 
celle  des  vers.  S.  Evremo/it ,  Difcours  Jur  Us 
Traducteurs .  ) 

C'eft  un  vice  qui  affoiblit  beaucoup  le  difcours, 
quand  les  périodes  font  arrangées  avec  trop  de 
foin  ,  ou  quand  les  membres  en  font  trop  courts, 
&  ont  trop  de  filabes  brèves.  Defp.  Subi.  c.  33. 
^^  Période.  Les  quatre  grands  jeux  que  l'on 
célébroit  dans  la  Grèce  en  des  tems  fixez ,  fçavoir 
les  Olympiques  ,  qui  fe  tenoient  à  Pife  dans 
l'Elide,  en  l'honneur  de  Jupiter  ;  les  Pythiques, 
à  Certhe  de  Phocide  ,  auprès  de  Delphes  ,  en 
l'honneur  d'Apollon;  les  Iftmiques ,  dans  l'iftme 
du  Péloponefe  ,  auprès  de  Corinthe  &  de  Sicyo- 
ne ,  en  l'honneur  de  Neptune  ;  &  les  Neméens , 
dans  la  vallée  de  Nemée ,  auprès  d'Argos  ,  en 
l'honneur  de  Jupiter  ;  étoient  apellez  Izpériode  ; 
parce  qu'ils  étoient  célébrez  régulièrement  dans 
un  même  lieu  &  dans  un  tems  réglé  ,  ceux  qui 
avoient  vaincu  dans  ces  quatre  jeux  étoient  fi 
honorez ,  que  l'on  n'a  pas  fait  dificulté  de  dire 
que  parmi  les  Grecs  ,  c'étoit  la  même  chofe  que 
d'avoir  triomphé  parmi  les  Romains. 

Pe'riodique  ,  adj.  [Qwi  ptriodis  dijlinguitur , 
perlodicus.  ]  Terme  de  Rétorique ,  qui  veut  dire , 
Nombreux.  Harmonieux.  Qui  a  un  tour  de  période. 
(  Difcours  périodique.  ) 

Périodique. [Status périodicus.} Terme  de  Phyjique 
Si.  à'JJîronomie.  Efpace  de  tems  durant  lequel  it 
fe  fait  un  certain  retour  &  une  certaine  révo- 
lution. (Ainfiondit  un  mois  périodique.  C'eft-à- 
dire  ,  le  tems  de  vingt  -  fept  jours  &  demi  ou 
environ  ,  que  la  Lune  parcourt  dans  un  cercle 
qui  coupe  l'écliptique  ,  &  qui  s'en  écarte  de  part 
éc  d'autre  de  cinq  degrez.  Périodiquement ,  adv. 
D'une  manière  périodique. 

Periosti,/]  m.  Terme  ^ Anatomie.  Ce 
mot  eft  Grec.  C'eft  une  membrane  qui  envelope 
quelque  os. 

Peripateticiens,/!  m. pi.  [ Peripatetici-I 
Philofophes  qui  étoienf  difciples  d'Ariflote  ,  & 
qu'on  nommoit  ainfi ,  parce  qu'ils  fe  promenoient 
en  enfeignant. 

^3°  Platon  laiffa  en  mourant  deux  difciples , 
iXenocrate  de  Chalcèdoine  &  Ariftote  de  Stagyre, 
lefquels  formèrent  deux  fedes,  dont  les  Partifans 
furent  diftinguez  par  le  lieu  où  ils  s'affembloient 
pour  philofopher.  On  apella  ceux  de  Xenocrate 
Académiciens,  parce  que  c'étoit  dans  l'Académie, 
c'eft-à-dire  ,  dans  le  jardin  d'Academus  ,  qu'ils 
agitoient  les  queftions.  On  donna  aux  autres  le 
nom  de  Péripatéticiens  ,  parce  que  ,  dit  Cicéron  , 
lib.i.QuœJl.Acad.  ils  difputoient  en  fe  promenant 
dans  le  Lycée.  Leur  Philofophie  étoit  la  même  ; 
elle  n'avoit  pour  objet  que  les  mœurs  ,  la 
connoiflance  du  vrai  &  du  faux ,  &  du  fouve- 
rain  bien. 

P  e'r  I  p  A  T  e't  I  s  M  E  ,  /.  m.  [  Péripatétifmus.  ] 
Opinion  des  Péripatéticiens  ,  &  que  Defcartcs 
a  anéanti  par  une  autre  philofophie  plus  claire 
&  plus  nette  que  la  leur.  (  Le  Péripatétifme  eft 
un  des  oprobres  de  la  raifon  humaine.  Cette 
Philofophie  barbare  qui  pouvolt  tout  au  plus 
prétendre  à  la  faveur  des  Goths  &  des  Vandales, 
a  pourtant  encore  parmi  nous  quelques  ftupides 
Seûateurs. 

Je  m'atache  pour  l'ordre  mx  Piripatàifme. 

Mol.) 

Peripherie,//:    [  Peripheria  ,   ambitns.  ] 
Tome  m. 


P  E  R.  105 

Terme  de  Géométrie.  Ce  mot  eft  Grec  ,  &  fignifie 
circonférence. 

P  £  R  I  p  e't  1  e  ,  f.f.  [  Pcripétia  ,  fubitanea 
agnitio.  )  Terme  de  Pocjîe  dramatique.  Prononcez 
peripécie.  C'eft  un  changement  inopiné  de  l'aftion, 
&  un  événement  tout  contraire  à  celui  qu'on 
atendoit.  (La  péripétie  doit  être  Ingénieufemcnt 
fondée.  ) 

!^^  La  péripétie    eft  ,   félon   Ariftote  ,  un 
événement  imprévu  ,  6c  contre  les  aparences  , 
&  qui  change  entièrement  l'état  des  chofes.  Ce 
renverfement  eft  la  plus    grande  beauté   de  la 
tragédie.    La  Mefnardiére    a   raporté    dans    fa 
Poétique  plufieurs  exemples  de  l'éfet  des  péri- 
péties dans  les  tragédies  de  Sophocle  ,  d'Euripide 
&  de  quelques  autres    Poètes  dramatiques.    II 
remarque  enfuite  qu'il  faut  fe  refl"ouvenir,  qu'une 
fable  ne  peut  foufrir  qu'une  feule  péripétie ,  parce 
qu'étant  une  révolution  qui  change  toute  la  face 
des  afaires  ,  il  n'y  a  point  d'aparence  qu'il  arrive 
entre  deux  Soleils  à  une  perfonne  deux  accidens 
fi  remarquables  ;  ce  changement  eft  auftî  apellé 
catajlrophe  ,  mot  qui  eft  plus  connu  qus  péripétie. 
Outre  la  régie  propoféc  par  la  Mefnardiére  ,  il 
y  en  a  une  féconde  bien  importante  ,   c'eft  la 
préparation ,  dont  le  défaut  eft  beaucoup  plus 
grand,  félon  l'Abé  d'Aubignac,  &  plus  fenfiblc 
dans  la  cataftrophe  que  dans  aucune  autre  partie 
du  Poème  :  premièrement ,  dit-il ,  c'eft  le  terme 
de  toutes  les  afaires  du  théâtre  ,  donc  il  faut 
qu'elles  fe   difpofent  de  bonne  heure  par  tout 
pour  y  arriver.  En  fécond  lieu ,  c'eft  le  centre 
de  tout  le  Poème  ,  donc  les  moindres  parcelles 
y  doivent  tendre  ,    comme  des  lignes  qui  ne 
peuvent  être  tirées  d'ailleurs  ;  davantage  ,  c'eft 
la  dernière  atenta;,  des  Speftateurs ,  donc  il  faut 
que  toutes  les  chofes  font  fi  bien  ordonnées  , 
que  quand  ils  y  font  arrivez  ,    ils  n'aient  plus 
lieu  de  demander ,  par  quel  chemin  on  les  y  a 
conduis.  Enfin  ,  comme  c'eft  le  plus  confidérable 
événement    &    où    tous     les    autres     doivent 
aboutir  ,  auffi  eft-ce  celui  pour  lequel  il  faut  les 
plus  grandes  préparations  &  les  plus  judlcleufes. 
Périphrase  ,  f-  f.    [Periplirafls  ,  circumlocutio.] 
Ce  mot  vient  du  Grec.  11  fignifie  circonlocution. 
C'eft  une   figure  de   Rètorique   qui  confifte  à 
exprimer  avec  plufieurs  paroles   ce  qu'on  peut 
dire  en  un  mot.    (  Il  n'y  a  rien  dont   l'ufage 
s'étende  plus  loin   que  la  périphrafe  ,    pourvu 
qu'on  ne  la  répande  pas  par-tout  fans  choix  &: 
fans  mefure.  Dcfpr.  Long.  24.  La  pauvreté  des 
langues  rend    la   périphrafe    nèceffaire.     Nous 
pourrions  nous  délivrer  de  cet   embarras  ,    fi 
nous  avions  la  fageflTe   d'enrichir  notre  langue 
d'une  quantité  de  mots  propres  qui  lui  manquent, 
&  qu'il  feroit  aifé  de  tirer  d'ailleurs.  ) 

^^  Longin  croit  que  la  périphrafe  eft  d'un 
grand  ufage  dans  le  fublime  :  mais  elle  doit  être 
maniée  avec  beaucoup  d'atentlon  &  de  réferve, 
de  peur  de  tomber  dans  une  répétition  tort 
ennuïeufe.  C'eft  un  trope  ,  dit  Quintilicn  ,  qui 
fert  à  expliquer  par  un  détour  ,  &  en  plufieurs 
paroles  ,  ce  qui  fe  pourrolt  dire  plus  brévemeat  ; 
elle  fert  auffi  quelquefois  à  expliquer  des  chofes 
que  la  pudeur  &  la  blenfcance  ne  permettent 
pas  de  dire  nuement  &  fans  détour. 

Pf'riphraser,  V.  a.  [yJmplifcare.]  Se  fervir 
de  circonlocutions.  (  En  matière  de  langage  on 
ne  doit  point  périphrafer  fans  que  la  périphrafe 
foit  nèccflaire  ,  ou  qu'elle  fiifie  beauté.  ) 

Periploca,  f.  f.  Plante  qui  croît  dans  les  bols 
Elle  rend  du  lait  quand  on  la  rompt.   Elle  eft 

G 


ïo6  P  E  R. 

un  poifon  pour  les  chiens  ,  les  loups  ,  les  renards 
&  les  autres  animaux  à  quatre  pies.  Elle  el\ 
réfolutive  étant  apliquce  extcrieuremenr. 

P  E  RI  PNEUMONIE,  y.  /!     [  Pcripncumonia. 
Terme  de  Médecine.  C'eft  une   inflammaiion  du 
poumon  avec  une  fièvre  aiguë   &  dificulté  de 
refpirer  ,  acompagnée  fouvent  d'un  cractiement 
de  i^ang. 

P  E  R  I  p  T  E  R  E  ,  /.  OT.  [  Peripteriuin.  ]  Terme 
Ôl^ ArchiteBure.  Lieu  environné  de  colonnes  ,  &c 
qui  a  une  aîle  tout  autour  :  le  mot  cft  Grec  , 
il  vient  de  srlffat,  qui  lignifie  proprement  l'ordre 
des  colonnes  qui  eft  au  portique  ,  &  au  côté 
des  temples  ou  de  queiqu'autre  édifice.  Ces 
périptires  étoient  des  temples  ,  qui  avoient  des 
colonnes  des  quatre  cotez,  &  qui  étoient  difé- 
rentes  du  Pcr'ijIyU  &  de  l'AmphiproJJyU  ,  en  ce 
que  l'un  n'en  avoit  que  devant ,  &  l'autre  devant 
&  derrière  ,  &  point  aux  cotez  ,  &c.  Voïez 
FUihicn  6"   Perraut  fur  Vitruve. 

P  e'r  I  r  ,  V,  77.  [  Perire.  ]  Je  péri  ,  je  périjfois. 
Je  péris  ,  j'ai  péri  ,  je  périrai.  Que  je  périjje.  Aller 
en  décadence.  Tomber  en  décadence.  Dépérif. 
Se  dilîîper.  Se  ruiner.  Se  perdre.  (  Mailon  qui 
périt.  Tout  fon  bien  va  périr  fi  on  n'y  donne 
ordre.  A  la  fin  tout  périt.  *  C'eit  un  homme 
qui  périt  l'ans  reflburce.  ) 

Périr,  [fnterire.]  Mourir  par  quelque  accident. 
Prendre  fin.  Soufrir  quelque  perte.  (  C'eft  un 
coquin  qui  périra  malheureufemcnt.  Périr  dans 
l'eau.  Périr  fur  mer.  Périr  par  le  feu.  Périr  de 
mifere.  Fdire  périr  l'armée.  C'eft  la  ruiner.  ) 

PériJJable  ,  adj.  [  Fluxus  ,  caducus.  ]  Qui  peut 
péi#.   Frêle.    Fragile, 

(Le  bien  ds  la  fortune  eft  un  bien  piriff.ibU , 
Quand  on  bâtit  fur  elle  on  bâtit  fur  le  fable. 

Rac.po'éf.  ) 

Perisciens,/.  w.  [ Pcrifcii.  ]  Terme  de 
Géographie.  Ce  mot  eft  Grec.  C'eft  le  nom  qu'on 
donne  aux  habitans  des  Zones  froides  ,  parce 
qu'en  Eté  ,  le  Soleil  ne  fe  couchant  point ,  ils 
voient  leur  ombre  tourner  continuellement 
autour  d'eux. 

P£Rissox.oGiE,y.  y^  [  Perijfologia  ,  fermo 
fuptrvacaneus.  ]  Terme  de  Grammaire.  Qui  veut 
dire ,  abondance  de  choies  fuperfluës. 

Peristalti  q_u  e  ,  adj .  \_Motus  vermicularis.] 
Terme  à^Anatomie.  Ce  mot  eft  Grec;  c'eft  le 
nom  que  les  Médecins  donnent  au  mouvement 
des  intellins ,  &c.  femblable  à  celui  des  vers 
qui  rampent  ,  d'où  vient  qu'on  l'apelle  auflî 
mouvement  vermiculairt. 

Peristile.  \Locui columnis cincîus.]  Terme 
6!" Architecture ,  il  eft  tout  Grec  ,  wépi  environ  , 
circum  ,  &  çyAoç  une  colonne  ;  c'eft  un  lieu  envi- 
ronné de  colonnes.  Le  périJUle  eft  diférent  du 
périptére  ,  en  ce  que  les  colonnes  du  période  font 
en  dedans ,  &  celle  du  périptére  font  en  dehors , 
comme  aux  temples  des  anciens  ;  ainfi  tout  ce 
qui  eft  entouré  de  colonnes  n'eft  pas  périjlile. 
Voïez  Perràtit  Jur  Fitruve  ,   liv.j.  ch.  i.p.yo, 

PerisystolEj/Iw.  Terme  de  Médecine. 
Qui  eft  entre  les  deux  mouvemens  du  poux  , 
le  mouvement  du  fiflole  ou  de  contraâion.  Le 
mouvement  de  diallole  ou  de  dilatation. 

Péritoine,  j'.  m.  \  Omentum.  ]  Terme 
ii  Anatomie.  Membrane  qui  ocupe  tout  le  ventre 
inférieur. 

Perle,  f.^f.  [  Margarita  ,  unio.  ]  Sorte  de 
pierre  précieufe  ,  ronde  ,  longue  ,  plate  ,  en 
forme  de  poire  ,  ou  de  bouton ,  qui  fe  forme 


P  E  R. 

en  mer  dans  la  chair  des  coquilles  qu'on  poche 
aux  Indes  dans  de  certaines  faifons.  Voiez  là- 
defllis  Garcilajfo  de  la  Vega  ,  Relation  de  la  Floride  y 
&  Ac'Jla  ,l.^.de  l'Hijhire  des  Indes.  Quelques- 
uns  cillent  que  les  perles  font  conçues  de  la 
rofée  qui  tombe  dans  de  certaines  coquilles , 
&C  que  félon  que  cette  rofée  eft  pure  ,  les  perles 
font  blanches,  ou  de  belle  eau.  Rondelet, //i^'?(5;V« 
des  poiffims  ,  c.  44.  penfe  que  cette  opinion  eft 
fabuleufe.  Les  perles  que  Cléopatre  avoit  en 
pendans  étoient  d'un  prix  ineftimable  ,  foit  pour 
l'eau  ,  pour  la  groffeur  &  pour  la  figure.  Céfar 
en  fit  Icier  une  pour  faire  deux  pendans  à  la 
ftatuë  de  Venus.  Citri ,  Triumvirat.  Les  perles  (e 
forment  en  la  manière  des  oignons. 

On  apelle  suffi  perles  les  goûtes  de  rofée  qui 
font  lur  les  herbes  éclairées  des  raïons  du  Soleil. 

Perle  baroque.  C'eft  une  perle  dont  la  figure  eft 
irréguliére. 

Perle  parangon.  C'eft  une  perle  d'une  groffeur 
extraordinaire. 

Mere-perle.   C'eft  la  coquille  des  perles. 

Nacre  de  perle.  [  Concha  margaritifera.  ]  C'eft  le 
nœud  de  la  coquille. 

Gris  de  perle.  C'eft  une  couleur  femblable  à 
celle  de  la  perle. 

Blanc  de  perle.  C'eft  une  efpéce  de  fard  dont 
les  femmes  ufent  ,  croïant  qu'il  les  rend  plus 
belles. 

Perles  fines.  Les  véritables  ptHes. 

Perles  faufies.  Celles  qui  font  contrefaites, 
qui  ont  une  meilleure  forme  &  plus  d'éclat  que 
les  véritables. 

Semence  de  perles.  Les  plus  petites /'er/«. 

Perle  d'arbalète.  On  apelle  ainfi  un  grain  qu'on 
pafl'e  au  travers  d'un  fil  qui  eft  attaché  à  la 
fourchette  de  l'arbalète.  Cette  perle  fert  de  guidon 
à  celui  qui  tire. 

On  fe  fert  aufiî  de  perles  enfilées  pour  l'ufage 
de  divers  inftrumens  de  Gnomonique. 

f  *  C'efi  la  perle  des  beaux  efprits.  [  Flos,  decusJ] 
Ces  mots  font  un  peu  vieux  &c  ne  fe  difent  guère 
qu'en  riant. 

(  Les  Bergers  du  prochain  village 
Confultoient  fon  ciiftal  pour  y  voir  leurs  défaut* 
Enfin  c'étoit  la  perle  des  ruiffea'ux. 

Tribolel.  ) 

^:;^°  On  afeôoit  autrefois  d'exprimer  par  ce 
terme  perle  ,  une  beauté ,  un  mérite ,  un  efprit 
d'un  ordre  fupérieur. 

Mais  quoi  !  C'eft  un  chef-d'œuvre  ,  où  tout  mérite  abonde 
Un  miracle  du  Ciel ,  une  perle  du  monde. 

Malherbe  ,  Fragm.  ) 

Voïez  ce  que  Ménage  a  dit  dans  fes  Origines 
fur  le  mot  perle.  L'Hiftoire  Romaine  a  fait 
mention  de  certaines  perles  d'un  prix  exceftif. 
Suérone  a  remarqué  que  Jules  Céfar  acheta  une 
perle  foixante  fefterces  ,  qui  font ,  félon  la  fupu- 
tation  de  Budée  ,  cent  cinquante  mille  écus  ,  & 
qu'il  en  fit  préfent  à  Servilie  fœur  de  Caton 
d'Utique. 

"t"  *  Nous  nefornmespas  ici  pour  enfiler  des  perles. 
Locution  proverbiale  pour  dire  :  Nous  nejommes 
pas  ici  pour  perdre  le  temps  à  des  bagatelles. 

Perle',  P  r.  r  l  e'e  ,  ady.  [Murgaritis  dtfiinclus.'] 
Ce  mot  fe  dit  de  certaines  chofes  ,  &  veut  dire 
qui  efi  embelli  de  perles ,  qui  a  des  perUs.  { Diadème 
perlé.  Croix  perlée.  Voïez  Bouterouë  ,  Traité 
des  monnaies  ,  page   iSj-    6-  zzi.     Couronne 


P  E  R. 

perlée.    Ce   font  aufîî   des  termes  de  BLtfon. 

Perlé  ,  pcTlii.  Ce  mot  fe  dit  en  parlant  de 
bouillons  ,  &  veut  dire  blanchi  d'un  bon  lait 
d'amandes  qu'on  a  broïées  avec  de  bon  jus  de 
mouton  ,  &  qu'on  a  mifes  fur  le  potage.  (  Il 
nous  a  fait  manger  pour  fon  opéra  d'une  foupe 
à  boiiillon  perlé  ,  loutenuë  d'un  jeune  dindon. 
Mol.  Bourg.  Gencil.  a.  ^.^ 

Perlé.  [  Ludus  concinnus.  ]  Terme  de  Mufîquc. 
Qui  fe  dit  d'un  jeu  brillant  &  délicat  en  parlant 
du  lut ,  &  du  thuorbe. 

Perlois  ,  f.  m.  Petit  cifelet  ou  poinçon 
gravé  en  creux  ,  dont  fe  fervent  les  Fourbiflours 
&  autres  ouvriers  qui  ornent  leurs  ouvrages 
de  cifeiurcs  &  damafquinerle  ,  pour  former  les 
petits  orncmens  de  relief,  qui  font  faits  en 
forme  de   perles. 

PtRLURES, /!/.  [  Margaricaria  crijla  cornuum.l 
Terme  de  C/uJli.  Grumeaux  qui  font  le  long 
des  perches  &  des  andoiiillers  de  la  tête  du 
cerf,  du  daim  ou  du  chevreuil.  Salnove. 

Permanence,  f.  f.  Terme  Dogmatique. 
(  La  permanence  du  corps  de  Jefus-Chrift  dans 
l'Euchanllie.  )  Ce  mot  n'a  point  d'autre  ufage 
propre. 

Permanent  ,  Permanente  ,  adj.  [  Firmus  , 
(labilis  ,  conjians.  ]  Prononcez  permanan.  Qui 
dure.  Durable.  (  Rien  ici  bas  n'ell  permanent. 
Dieu  feul  eft  permanent.  ) 

Per messe  ,  /.'  m.  l^Permeffus.]  Fleuve  de  la 
Béotie  &  qui  tombe  du  Mont-Helicon  ,  fur  lequel 
les  Poètes  feignent  qu'Apollon  habite  avec  les 
Mufes.  Defpreaux  dit  qu'il  fut 

( . . . .  par  un  coup  du  fort  au  grand  jour  amené , 
Et  du  bord  du  Permejfe  à  la  Cour  entraîné.) 

Permettre,  V.  fl.  [  Permittere  ,  Jînere  , 
Jare  copiam.  ]  Je  permets  ,  J'ai  permis.  Je  permis  , 
je  permetrai.  Que  je  permette.  Je  permijfe.  Permet- 
tant ,  permis.  C'eft  donner  permilfion.  Acorder. 
Confentir.  (  Il  ne  faut  pas  ,  pour  quelque  confi- 
dcration  que  ce  foit ,  permettre  le  mal.  Je  vous 
permets  de  me  maltraiter  quand  j'aurai  recours 
à  vous.  Dieu  a  permis  que  les  méchants  tom- 
baffent  dans  la  mifere.  ) 

*  Permettre.  [  Licere.  ]  Ce  mot  fe  dit  dans  un 
fens  un  peu  figuré,  &  fignifie  ,  foufrir.  Donner 
la  liberté  ,  le  moïen  ,  &c.  de  faire  ou  de  dire 
quelque  choie.  (  Exemples.  Le  tems  ne  permet 
pas  de  fortir.  Le  refpeft  ne  permet  pas  de 
parler.  L'état  de  fes  afaires  ne  lui  permet  pas 
de  faire  une  grande  dépenfe.) 

Permis,  Permise,  adj.  [ Licitus. ]  Qu'on 
peut  faire  avec  juftice ,  avec  raifon.  [  Cela  eft 
permis.    Chofe  permife. 

Mais  c'eft  un  jeune  fou  qui  fe  croit  tout  permis 
Et  qui  pour  un  bon  mot  va  perdre  vingt  amis. 
Defpreaux.  ) 

Permission,/!  /\  [  Facilitas  ,  licentia,  permijjîo.'] 
C'eft  le  pouvoir  &  la  liberté  qu'une  perfonne 
fupérieure  acorde  à  fon  inférieur  de  faire  quel- 
que chofe.  Privilège.  (  Demander  la  permiffion 
de  faire  quelque  chofe.  Acorder  ,  obtenir  la 
permiffion  de  faire  batre  monoie.    Ablanc. 

Permijfion.  On  nomme  en  Flandre  ,  dans  le 
Brabant  &  en  quelques  autres  endroits  ,  Argent 
de  permijfion  ,  ce  qu'on  nomme  dans  le  commerce 
Argent  de  change  ,  c'eft-à-dire  ,  l'évaluation  fur 
laquelle  fe  font  les  remifes  &  les  chances  de 
ces  provinces  dans  le  pais  étranger. 
Tome  III. 


P    E   Pv.  107 

Per  missionnaire, y!  m,  [  Llcentiatus.  ] 
On  apelle  ainfi  à  Paris  celui  qui  a  permiffion 
du  Chantre  de  Nôtre-D.^me  de  tenir  de  petits 
penfionnaires  ,  &  de  leur  enfeigner  la  grammaire 
&  les  humanitez.  (C'eft  un  permiffionnaire.  ) 

Permutant,  f.  m.  [  Compermutans.  ] 
Terme  i^EcléJlajlique.  C'eft  le  Bénéficier  qui 
permute  ,  qui  change  fon  bénéfice  avec  un 
autre  ,  par  la  permiffion  du  Supérieur.  (  Si  l'un 
des  permutans  vient  à  mourir  avant  la  prife 
de  poffeffion  ,  le  furvivant  n'eft  pas  obligé  de 
quitter  fon  bénéfice.  ) 

Permutation,/!/]  [Permutatio  ,  cornmutatio.] 
Dans  le  droit  civil ,  la  permutation  eft  un  de 
ces  contrats  qui  n'ont  point  de  nom.  lih.  i.  de 
rerum  pcrmiit.  &  s'acompiit  en  donnant  une 
chofe  pour  une  autre  ;  il  eft  d'ailleurs  du  nombre 
de  ceux  que  les  Jurifconfultes  apellent  contrats 
de  bonne  foi ,  &  qui  produifent  une  aftion  qu'ils 
défignent  par  ces  mots  ,  prafcriptis  verhis. 

Ce  terme  permutation  eft  pkis  connu  dans  la 
jurifprudence  Ecléfiaftique  ,  c'eft  un  échange  , 
par  lequel  deux  Béncficiers  fe  tranfmettent 
réciproquement  le  droit  qu'ils  ont  dans  leur 
bénéfice  ,  dont  ils  font  en  poffeffion  actuelle  ; 
car  il  ne  fufit  pas  d'avoir  droit  au  bénéfice  , 
pour  pouvoir  en  faire  une  permutation  avec 
un  droit  réel  &  certain ,  l'expeftative  n'ayant 
rien  de  certain  qui  pût  équipoler  à  un  droit 
réel  &  certiin. 

L'intérêt  n'entrant  que  trop  fouvent  dans  la 
permutation  des  bénéfices  ,  il  faut  que  pour  la 
purger  de  la  fimonie  qu'il  pourroit  y  avoir  , 
elle  fe  faffe  de  l'autorité  du  Pape  ou  des  Evêques; 
la  permutation  faite  fans  l'autorité  de  l'un  ou 
de  l'autre  ,  feroit  non-feulement  nulle  ,  mais 
plufiei.rs  croïent  qu'elle  rendroit  les  deux  béné- 
fices vacans  &  impétrables  ;  on  peut  voir  fur 
cette  qiicftion  ce  que  Boetius  Epo  a  écrit  fur  le 
chapitre  cum  olim  de  rer.  permutât.  La  plupart 
des  Dofteurs  tiennent  que  les  Abés  exempts  , 
qui  jouillent  des  droits  Epifcopaux  par  pref- 
cription  ou  par  titre  ,  peuvent  admetre  des 
permutations  des  bénéfices  de  leur  Ordre  ;  parce 
qu'ils  ont  le  pouvoir  d'inftituer  &  de  deftifuer  : 
mais  cette  prérogative  n'apartient  qu'aux  Abez, 
qui  ne  connoiffent  pas  le  Pape  pour  leur  Supé- 
rieur. Car  un  Abé  dans  un  Ordre  qui  a  un  Chef 
Général,  comme  dans  l'Ordre  de  Citeaux ,  ne 
peut  autorifer  une  permutation  ;  il  faut  recourir 
au  Chef  de  l'Ordre.  Tous  les  jours  de  l'année 
ne  font  pas  également  libres  ;  &  que'qoes  Au- 
teurs ont  crû  que  l'on  ne  pouvoir  point  permuter 
deux  bénéfices  dans  les  mois  refervez  pour  les 
Graduez  par  le  Concordat ,  ni  au  préjudice  des 
Indultaires  ,  brévetaires  du  joVeux  avènement 
ou  du  ferment  de  fidélité.  L'Edit  du  mois  de 
Décembre  1691.  a  décidé  une  autre  queftion 
en  ces  mots  :  «  Déclarons  les  provifions  des 
»  Collateurs  ordinaires  par  démiffion  ou  per- 
»  mutation  nulles  ,  fi  les  procurations  pour  faire 
»  les  démiffions  &  permutations  enfemble  les 
»  provifions  expédiées  fur  icelles  n'ont  ete 
»  infinuées  deux  jours  francs  avant  le  décez 
»  du  réfignant  ou  permutant  ,  le  jour  de  l'infi- 
»  nuation  &  celui  du  décez  non  comptez  ,  ce 
»  que  nous  voulons  être  exaftement  gardé  par 
»  nos  Juges  ,  fans  y  contrevenir ,  à  peine  de 
»t  nullité  de  leurs  jugemens.  »  On  a  encore 
fait  naître  cette  queftion  fur  cette  matière  ;  fi 
la  régie  des  vingt  jours  a  lieu  dans  le  cas  de 
la  permutation  ;  enforte  que  l'un  des  permutans 

O  ij 


io8  P  E  R. 

mourant  dans  les  vingt  jours  depuis  fa  procu- 
ration, l'autre  permutant  ne  peut  point  prétendre 
le  bénéfice  du  décédé.  Les  Ultramontains,  fidèles 
exécuteurs  des  régies  de  la  Chancelerie  Romaine, 
décident  qu'il  n'y  a  plus  de  permutation  ,  & 
qu'elle  s'eft  évanouie  par  la  mort  de  l'un  des 
permutans  avant  les  vingt  jours  expirez  :  mais 
nous  tenons  en  France  que  la  régie  ne  peut 
avoir  lieu  qu'à  l'égard  des  permutations  qui  fe 
font  entre  les  mains  du  Pape  &  de  fon  autorité. 
Les  Grands-Vicaires  ne  peuvent  point  auto- 
rifer  une  permutation  ,  s'ils  n'en  ont  pas  un 
pouvoir  f[5écial  de  l'Evêque.  Cap.  ult.  di  Offic. 
Ficar.  in  6. 

Permuter,  v.  a.  [  Pcrmutare.  ]  Terme  d^ 
Bénéficier.  C'ed  changer  fon  bénéfice  avec  un 
autre  par  la  permillion  du  Supérieur.  (  Permuter 
un  bénéfice  contre  un  autre.  ) 

Pernicieux  ,  Pernicieuse  ,  adj.  [Perniclofus , 
exiiialis ,  nocens.  ]  Détcftable.  Nuifible.  (  Maxime 
pernicieufe.  Exemple  pernicieux.  S.  Ciran.  ) 

Pernicieusement  ,  adv.  [  Perniciosh.  ]  D'une 
manière  pernicieufe.    (  Il  vit  pernicieufement.  ) 

Péronnelle,/'./'.  [  Loquax  &  ridicida.  ] 
Mot  bas  &  burlefque  pour  dire  :  fotte  ,  mal- 
bâtie ,  idiote.  (  f  Taiiez  -  vous  ,  péronnelle. 
Molière  ,   Femmes  S  gavantes  ,   aci.  J .  fc.  6".  ) 

Peroole  ,  Bluct ,  Blaveolé,  Aubifoin.  [  Cyanus.'\ 
Plante  qui  croît  abondamment  dans  les  bleds  ; 
elle  contient  beaucoup  d'huile  &  de  phlegme 
&  peu  de  fel.  Sa  fleur  eft  afîringente  &  rafrai- 
chiffante ,  propre  pour  les  maladies  des  yeux. 

Peroquet  ou  Perroquet,/]  m.  \_PfItaccus.'\ 
Oifeau  qui  vient  des  Indes ,  qui  eft  ordinaire- 
ment verd  ,  qui  imite  le  langage  des  hommes  & 
le  cri  des  animaux.  Marmol ,  Hijloire  d'Afrique, 
liv,  i.  raconte  que  dans  les  montagnes  d'Etiopie 
il  y  a  des  perroquets  de  diverfes  couleurs  ,  & 
qu'il  s'en  trouve  qui  ont  la  queue  longue  d'un 
pié  &  demi  &  p'us  ;  mais  que  ces  perroquets 
à  longue  queue  n'aprennent  point  à  parler.  (Un 
perroquet  mâle.  Un  perroquet  femelle.  )  Olina 
dit  que  le  perroquet  aime  la  converfation  des 
enfans  ,  qu'il  eft  fujet  à  la  goûte  &  qu'il  vit 
environ  vingt-cinq  ans.  Olina  auroit  pu  dire 
que  cet  oifeau  vit  quelquefois  cinquante  ou 
foixante  ans. 

(  De  tous  les  perroquets  c'étoit  le  plus  charmant , 
Même  à  mordre  il  avoit  une  grâce  infinie  , 

Rongeoit  les  meubles  proprement , 

Et  ne  crioit  que  rarement. 

Pavillon.  ) 

Peroquet.  Se  dit  d'un  homme  qui  parle  fans 
s'entendre.  (  Il  faut  acoûtumer  les  hommes  à 
refléchir  ,  afin  d'en  faire  des  hommes ,  &  non 
pas  des  perroquets.   Belleg.  ) 

Peroquet.  [  Sella  plicatilis.  ]  Chaife  à  dos  qui 
fe  plie ,  &  dont  on  fe  fert  à  table. 

Peroquet.  [  Aloe  major.  ]    Plantes  d'aloës. 

Peroquet  ,  perroquet.  [  Magni  mali  appendix 
altéra.  ]  Terme  de  Mer.  C'eft  le  mât  le  plus 
élevé  du  vaifTeau  ,  arboré  fur  les  hunes  du 
grand  mât  &  de  la  mifaine  ,  &  fur  celle  du 
beaupré,  &  de  l'artimon.  On  ne  porte  la  voile 
de  peroquet  que  dans  le  beau  tems  ,  car  fi  le 
vent  étoit  forcé ,  le  vent  qu'elle  prendroit 
metroit  le  vaifl"eau  en  danger  de  fombrer  fous 
voiles.  Tems  de  peroquet.  C'eft  un  beau  tems  de 
Vent  médiocre ,  qui  porte  à  route. 

Péroraison  ,/!  /]  \_Peroratio.  ]  Terme 
de  Rêtorique.  C'eft  la  conclufion  d'un  difcours    \ 


P  E  R. 

on  d'un  pocme.  On  la  compofe  de  tout  ce 
que  l'on  a  dit  de  plus  capable  de  perfuadcr  & 
d'émouvoir  les  Auditeurs  ou  les  Ledeurs.  Les 
Grecs,  dit  Quintilicn  ,  lapellcnt  répétition^  &L 
les  Latins  énumtration.  C'eft  aufll  un  tableau  en 
racourci  de  la  caufe  que  l'on  préfente  aux  yeux 
des  Juges  pour  en  rapellcr  les  idées  dans  fon 
imagination.  Il  faut  que  la  peroraifon  foit  fuc- 
cinte  ,  autrement  ce  feroit  une  repétition  frès- 
ennuïeufe  &  qui  montreroit  trop  que  l'on  fe 
défie  de  la  mémoire  des  Juges,  à  qui  l'on  croit 
néceffaire  de  rapeller  tout  ce  qui  a  été  dit  : 
il  m'a  paru  que  rien  n'étoit  plus  propre  à  fe 
rendre  les  Juges  favorables,  que  de  mêler  dans 
la  peroraifon  quelque  trait  agréable  &  plaifant; 
c'eft  ainfi  que  l'on  s'infinue  dans  le  coeur  & 
que  l'on  perfuade  ;  c'eft  le  fentiment  de  Quinti- 
licn &  l'expérience  l'a  confirmé.  Lesperoraifons 
étoient  défendues  dans  le  barreau  d'Athènes  , 
&  fi  un  Avocat  s'avifoit  de  toucher  les  Juges 
par  de  longues  répétitions ,  il  y  avoit  un  Huiflier 
qui  étoit  en  droit  de  lui  impofer  filence.  L'Exorde 
a  la  même  vue  que  la  peroraifon.  Quintilien  a 
fait  un  long  chapitre  fur  ce  fujet,  où  il  marque 
tous  les  détours  dont  on  peut  fe  fervir  dans  la 
peroraifon  ;  &  après  en  avoir  fait  voir  l'utilité 
ou  l'inutilité  ,  il  dit  à  l'égard  de  la  compafTion, 
qu'il  n'apartient  qu'aux  grands  Orateurs  d'en- 
treprendre d'excifer  les  larmes  des  Juges  &  des 
Auditeurs.  C'eft  un  moïen  très-puiffant  quand 
on  y  peut  rèiiftir  ;  mais  s'il  ne  perce  pas  jufques 
au  cœur  ,  il  refte  froid  &  fans  éfet  :  ainfi  un 
Orateur  médiocre  leur  doit  laifl"er  la  liberté  de 
s'atendrir  ,  &  de  régler  fes  fentimens  fur  les 
circonftanccs  de  l'acufation.  Ce  précepte  eft 
très-important ,  &  c'eft  avec  raifon  que  Quin- 
tilien dit  que  dans  l'entreprife  d'exciter  des 
larmes ,  il  n'y  a  point  de  milieu  ,  fi  l'on  ne  fait 
pas  pleurer  les  Juges  ,  on  les  fait  rire  à  fes 
dépens  :  niràl  habetijla  ru  médium, fed aut  lacrymas 
mentur  aut  rifum  :  mais  ,  ajoute  ce  Rhéteur  , 
la  peroraifon  n'eft  pas  feuleiîient  ocupée  à 
exciter  la  compafllon  ,  on  eft  fouvent  obligé 
de  la  détruire  &  même  de  l'étoufer  entièrement 
dans  le  cœur  des  Juges,  foit  par  des  raifonnemens 
qui  les  calment,  foit  par  des  railleries  agréables 
qui  chafl'ent  la  trifteffe  de  la  compaflion  ;  il  en 
raporte  enfuite  deux  exemples  ;  quon  donne  ^ 
dit  un  Avocat ,  du  pain  à  cet  enfant ,  afin  qu'il 
ne  pleure  pas  ;  on  avoit  amené  cet  enfant  aux 
piez  des  Juges  pour  les  toucher  de  pitié  par  fa 
préfence.  Dans  une  autre  ocafion  un  Avocat 
plaidant  pour  un  homme  fort  gros  &  fort 
pefant  ;  votant  que  fon  adverfaire  avoit  aporté 
un  enfant  dans  l'Audience  ,  que  ferai-je ,  s'écria- 
t'il  ,  en  regardant  fa  partie  ,  je  ne  pourrai  jamais 
vous  porter  fur  mes  épaules.  Mais  Quintilien  nous 
avertit  fort  a  propos  ,  qu'il  faut  bien  prendre 
garde  dans  ces  ocafions  de  tomber  dans  une 
fade  raillerie.  Epilogue  &  peroraifon  marquent 
également  la  fin  du  difcours. 

P  E  R  C)  t  ,  /]  OT.  [  Secundaria  cœfionis  quercûs 
proletaria.  ]  Terme  des  Eaux  &  Forêts.  C'eft 
une  forte  de  baliveau. 

^y  Perot ,  eft  une  efpèce  de  chêne  que  l'on 
nomme  Perot ,  quand  il  a  les  deux  âges  de  la 
coupe  ordinaire.  «  Il  eft  dit  dans  l'article  119. 
»  de  la  Coutume  d'Amiens  :  &  fi  en  iceux  bois 
»  y  avoit  gros  arbres  qu'on  noinme  Perots  ou 
»  Tayons ,  ladite  veuve  ne  les  peut  couper  ou 
»  abatre  ,  ne  les  apliquer  à  fon  profit.  »>  Deheu 
fur  cet  article  ,  remarque   que    fi  on   nomme 


P  E  R. 

Perots  ces  arbres  qui  ont  les  trois  âges  des  autres 
avant  qii'étre  repuux_  tels  ,  on  les  nomme  aiiiïi 
Tayons .,  qui  lignifie  dans  le  langage  Picard,  le 
Grand-Pere  ;  ainfi  le;;  Perots  ou  Grands-Pcrcs  , 
doiverjt  avoir  trente  ans. 

^S;^  Pcrot.  On  dérive  ce  mot  de  Perrot , 
diminutif  de  Pierre.  Voïcz  Ménage. 

Pérou.  On  dit  proverbialement  dans  le 
commerce  ,  c'i^  un  Pérou  ,  pour  fignificr  un 
négoce  ,  une  entreprife  où  il  y  a  beaucoup  à 
gagner  ;  par  allufion  au  Pérou,  le  pais  de  l'univers 
le  plus  abondant  ea  mines  d'or  &  d'argent. 

Perpendiculaire  ,  adj.  [  Perpendicularis.  ] 
Terme  de  Géométrie  ,  &c.  Prononcez  perpan- 
diculalre.  On  dit  cju'une  ligne  droite  eft  ptrpen- 
cidairt  à  une  autre  ligne  droite  ,  lorfqu'elle  y 
tombe  à  angles  droits  ;  une  ligne  q{\. perpendiculaire 
à  un  plan  ,  à  vin  cercle ,  à  une  fphere ,  fi  elle 
ne  panche  pas  plus  d'un  côté  que  de  l'autre. 
On  dit  auin  au  même  fens  qu'un  plan  eft  per- 
pendiculaire à  un  autre  plan.  On  dit  qu'une 
ligne  ,  ou  un  plan  (onx perpendiculaires  à  l'horifon, 
loriqii'ils  tombent  à  plomb.  On  dit  qu'une  ligne 
droite  eft  perpendiculaire  à  une  ligne  courbe  , 
comme  à  un  cercle ,  à  une  parabole ,  &c.  lorfque 
cette  ligne  droite  eft  perpendiculaire  à  la  tan- 
gente de  cette  ligne  courbe  à  un  même  point. 

Perpendiculaire  ,  f.  f.  [  Linea  ad  perpendiculum 
exacla.  ]  Ligne  perpendiculaire.  (  Tirer  une 
perpendiculaire.  Elever  une  perpendiculaire.) 

Perpendiculairement,  adv.  \_Ad cathetum!\ 
D'une  manière  perpendiculaire.  (  Tomber  per- 
pendiculairement. Abl.  Un  diamètre  qui  coupe 
perpendiculairement  un  autre  diamètre  ,  divile 
le  cercle  en  quatre  parties  égales.  ) 

PERPENDicuLE,y^»z.  [  Perpendiculum,  ] 
C'eft  en  général  une  ligne  perpendiculaire  à 
l'horifon.  Et  en  particulier  on  spelle perpendicule 
le  filet  qui  tend  en  bas  par  le  moïen  d'un  poids 
qui  lui  eft  ataché  ,  &  dont  on  fe  fert  pour 
divers  inftruments  de  mathématique  ,  comme 
pour  le  niveau  ,  &c. 

Perpétrer,  v.  aci.  [  Perpetnire-I  Commettre, 
Ce  mot  ne  le  dit  guéres  que  des  grands  crimes  , 
&  il  n'a  d'ufage  que  dans  le  ftile  de  pratique. 
(  Ce  fcélérat  a  été  tué  pour  avoir  commis  & 
perpétré  plufieurs    affafTinats.  Jcad.  Fr.) 

P  E  R  p  e't  R  E  s.  Terres  communes ,  qui  ne  font 
en  la  poffeffion  d'aucun  particulier. 

P  E  R  p  e't  u  A  N  N  E  ,  C- /■  Sortc  d'étofFc  de  laine 
croifée  ,  qui  vient  ordinairement  d'Angleterre. 

Perpe'tuel  ,  Perpe'tuelle  ,  adj.\_Perpetuus, 
perennis.  ]  Continuel.  Qui  ne  ceffe  point.  Qui 
dure.  Qui  eft  à  vie.  (  Il  inftitue  un  Chef  d'Ordre 
qui  eft  à  vie  ,  ou  perpétuel.  Patru  ,  UrbaniJJes. 
La  dignité  d'Abé  &  d'Abeffe  ,  de  foi  eft  perpé- 
tuelle.  Pntru ,  Urbanijles.  ) 

Perpi'tuellement  ,  adv.  [  Perpetud  ,femper.'\ 
Toujours.  Inceffamment.  (Il  étudie  perpétuelle- 
ment. Ils  font  perpétuellement  enfemble.  ) 

P  E  R  p  e't  u  e  r  ,  V.  a.  [  /Eternitati  mandare.\] 
Rendre  perpétuel.  Eternil'er.  Immortalifer. 

Que  la  flame  du  Cie!  me  tue 
S'il  avient  que  je  perpétué 
L'honneur  de  vôtre  fouvenir. 

Main.  poéf.  ) 

Perpe'tuitf.',  /  /  [  Pcrpetuitas.  ]  Durée  qui 
ne  ceffe  point.  Continuation  de  longue  durée. 
(Cela  ne  détruit  ni  le  titre  ,  ni  la  perpétuité 
du  titre.  Patm  ,    Vrhanifles.  ) 

Monfieur  Nicole  a  fait  un  excellent  traité  de 


P  E  R.  109 

la  perpétuité  de  la  foi  touchant  î'Euchariflie  , 
auquel  Monfieur  Arnaud  a  eu  quelque  part  :  il  y 
montre  que  l'Eglife  a  toujours  crû  la  prcfence 
réelle  6i  la  tranfubftaniiation. 

A  perpétuité  ,  adv.  [  In  perpetuum.  ]  Pour 
toujours.  (  Condamner  aux  galères  à  perpétuité. 
Fonder  une  Meffe  à  perpétuité.  ) 

Perplexe  ,  adj.  [  Incertus  ,  diibius.  ]  Ou 
perplex  ,  au  mafculin  ,  &  perplexe  au  féminin. 
Irrcfolu.  Chancelant  &  incertain  de  ce  qu'il 
veut  faire. 

(  Deux  Avocats ,  qui  ne  s'acordoient  pas , 
Rendoient  perpUxe  un  Juge  de  Province. 

La  Font.  Cornes.  ) 

Ce  mot  a  vieilli. 

Perplexité',/!  y.  [  Dubitatio  ,  ha:jLtatio.~\ 
Irréfolution.  incertitude  de  ce  qu'on  doit  faire. 
Etat  irréfolu  &  inquiet  où  fe  trouve  une  per- 
fonne.  (  Alexandre  fe  trouva  dans  une  grande 
perplexité.  Faug.  Quint,  liv.  ^.  ch.  J.  Mètre 
quelcun  en  une  étrange  perplexité.  F^aug.  Quint. 

Je  ne  puis  /evenir  de  ma  perplexité  ; 
Je  l'aurois  méconnu  fans  fa  ditormité. 

Bourf.   Efope.  ) 

Perprendre,  V.  a.  Prendre  de  fa  propre 
autorité. 

Phrprinse  ou  Perprison  ,  /  /  Terme  de 
Coutume.  Adion  de  perprendre. 

Perquisition  ,  y./  (  Contjuijitio.  ]  Prononcez 
perkixicion.  Recherche.  Il  n'eft  guère  en  ufage 
qu'en  terme  de  Palais.  (  Faire  une  exafle  per- 
quifition  de  quelque  perfonne ,  de  quelque  vol , 
&c.  ) 

Perrau  ,  f.  m.  Grand  chauderon  de  cuivre 
étamé ,  dont  les  Marchands  Ciriers  fe  fervent 
pour  la  fabrique  des  cierges. 

Perre'e  ,  f.f.  Mefure  de  grains  dont  on  fe 
fert  à  Vannes  &  à  Auvray  en  Bretagne,  Dix 
perrées  font  le  tonneau  dans  ces  deux  Villes  ; 
mais  la  perrée  de  Vannes  eft  plus  forte  de  dix 
pour  cent  que  celle  d'Auvray. 

Perrete  ,  (Pierrette.)//  \_Petra.'\  Nom 
de  femme  qui  ne  fe  donne  guère  qu'aux  femmes 
du  petit  peuple.   (  Perrete  eft  mariée.  ) 

•\  Perrichon,//  Petite  Perrete.  (Perrichon 
eft  bien  jolie.  ) 

P  £  R  R 1 E  R.   Voïez  Pierrier. 

^^  Perrier.  Ce  terme  lignifie  dans  nos  anciens 
Hiftoriens  une  machine  de  guerre  qui  fervoit 
à  jeter  des  pierres  avec  tant  de  force  ,  que  les 
murs  les  plus  forts  en  étoient  renverfez.  Foiei 
les  Chroniques  de  Flandres.  Guillaume  de  Tyr 
les  apelle  Petraria.  Voïez  Pierrier, 

Perrière  ,  f.f.  Carrière  d'où  l'on  tire  des 
pierres.  Il  fe  dit  principalement  en  Anjou  des 
Ardoifieres. 

Perriq^ue,  //  [Pftaculus.]  Petit  per- 
roquet qui  n'eft;  pas  plus  gros  qu'un  merle,  & 
dont  le  plumage  eft  tout-à-fait  verd  ,  excepté 
le  bout  des  ailes  &  de  la  queue  qui  tire  fur  le 
jaune.  Il  y  a  des  pais  où  on  l'apelle  Peruche. 
C'eft  aujourd'hui  le  mot  le  plus  en  ufage. 

Perron  ,  /!  ot,  [  Podium  ,  fuggefus  lapideus.] 
Terme  à'Arckite&ure.  C'eft  un  lieu  élevé  devant 
un  logis  où  il  faut  monter  plufieurs  marches  de 
pierre.  (Un  beau  perron.  On  trouve  d'abord, 
je  crois  que  c'eft  un  perron  ,  non ,  non ,  c'eft 
un  portique  ,  je  me  trompe  ,  c'eft  un  perron. 
Par  ma  foi  je  ne  fçai  fi  c'eft  un  portique  ou 
un  perron,  Foit.  l.  qS. 


I  lO 


P  E  R. 


Il  gagne  les  degrez  &  le  perron  antique 
Ou  lani  celTe  étalant  bons  &  méchans  écrits , 
Barbin  vend  aiix  palTans  des  Auteurs  à  tout  prix. 

Di-jprcuiix.  ) 

^j"  Les  Architefles  ont  inventé  des  Perrons 
de  diférentes  manières  :  Perron  quarrc  ,  celui 
qui  eft  d'cqucrre  :  perrori  cintré  ,  celui  dont  les 
marches  font  rondes  ou  ovales  ;  il  y  a  des 
perrons  dont  une  partie  des  marches  eft  en 
dehors  ,  &  l'autre  en  dedans ,  ce  qui  forme  un 
paiier  rond  dans  le  milieu  ou  un  palier  ovale. 
Perron  à  pans ,  celui  dont  les  encoigneures  font 
coupées  :  Perron  double  ,  celui  qui  a  deux  rampes 
égales  ,  qui  tendent  au  même  palier ,  Ôic.  Foiex^ 
D'Aviler. 

P  E  R  R  O  Q.U  E  T.     VoiCZ  Peroquct, 

Perruche.   Voïez  Ptrrique. 

P  E  R  R  u  Q.U  E  ^f.f.  [  Coma  adfdtîiia,  galériens, 
cœj'aries.  ]  C'eft  une  coife  de  releau  autour  de 
laquelle  on  range  avec  tant  d'adreffe  des  che- 
veux qu'ils  repréfentcnt  la  coifure  naturelle 
d'une  perfonne.  (  Il  y  a  des  perruques  à  calote 
dont  les  cheveux  font  atachez  autour  d'une 
calote ,  &  ces  perruques  ne  font  que  pour  les 
enfans  malades  ,  pour  les  vieillards  ou  pour 
quelques  Ecléfiaftiques.  Les  autres  perruques 
s'apellent  Amplement  perruques.  Les  perruques 
blondes  font  les  ph'S  chères.  La  perruque  eft 
compofée  d'une  coife  de  refeau  dont  le  deffus 
garni  de  cheveux  s'apeile  plaque  ,  les  autres 
parties  font  le  devant ,  le  derrière  &:  les  coins. 

Combien  devant  nos  yeux ,  qui  ne  s'en  doutent  pas , 
Sous  leur  grande  perruque  étalent  des  apas 
Qui  de  la  tête  peinte  étant  le  vrai  modèle , 
Ont  beaucoup  d'aparence ,  &  n'ont  point  de  cervelle. 

Bourf.  Efope.  ) 

Ménage  a  raporté  dans  fes  Origines  les  difé- 
rentes étimoiogies  du  mot  perruque.  L'ufage  des 
perruques  eft  fort  ancien.  M.  Thiers  a  pris  foin 
d'en  raporter  les  preuves  dans  fon  Traité  des 
perruques  ,  qui  eft  beaucoup  plus  étendu  que 
celui  de  Rangon  ,  Rhéteur  du  Collège  de  Berlin, 
&  imprimé  à  Magdebourg  en  1663. 

Le  même  Monfieur  Thiers  dit  que  l'Abé  de 
la  Rivière  ,  Evêque  de  Langres  ,  a  été  le 
premier  des  Ecléfiaftiques  qui  ont  porté  des 
perruques  ,  &  qu'on  le  peut  par  conféquent 
apellcr  avec  juftice  le  Patriarche  des  EcUJîaftiques 
perruque^.  Son  exemple  établit  peu  à  peu  l'ufage 
des  perruques  dans  l'Eglife  ,  &  même  parmi 
quelques  moines. 

Perruquier  .,  f-  m.  \_  Galerïculorum  opifex.  ] 
Ceft  celui  qui  fait  des  perruques  pour  les 
hommes  ,  des  tours  &  demi-tours  de  cheveux 
pour  les  femmes  &  des  coins  pour  hommes. 
(  Un  bon  perruquier.  Les  perruquiers  ont  été 
érigez  en  corps  de  maîtrife  en  1674.  Pour 
diftinguer  leurs  boutiques  de  celles  des  Chirur- 
giens ,  ils  metent  à  leurs  enfeignes  des  baffîns 
blancs  ,  &  les  Chirurgiens  des  baffîns  jaunes. 
Les  perruquiers  dans  leurs  lettres  de  maîtrife 
s'apellent  Barbiers  ,  Baigneurs  ,  Etuvijles  & 
Perruquiers. 

P  E  R  R  U  Q.U  I  E  r  E  ,  /  /.  [  Comœ.  fubdititiœ 
textrix.  ]  Femme  ou  fiUe  qui  fait  des  perruques. 

■{■Pers,  Perse,  adj.  [  Cmmleus.  ]  C'eft- 
à-dire ,  bleu.  (  Yeux  pers.  Couleur  pcrfe.  )  Il 
vieillit. 

D'herbes  &  fleurs  rouges  &  verfes. 

Villon. 


P  E  R. 

On  difoit  autrefois  pars  pour  couleur  perfe. 
Dans  Martial  d'Auvergne ,  cité  par  Borel  dans 
fon  tréfor ,  on  lit  ces  vers  : 

Puis  venoit  une  haquenée 
Couverte  de  beau  cramoifi , 
Toute  de  fleurs  de  lis  l'emée 
Sur  un  beau  velours  pars  choid , 
Et  puis  venoit  le  Chancelier 
Habillé  de  velours  vermeil. 
Sur  un  cheval  tort  ûngulier, 
Couvert  de  velours  jufqucs  à  l'oeil. 

Persan.  \^Statua  tal'ulatophortE.'\  Nom  que 
les  Archiieftes  donnent  à  toutes  les  ftatucs 
d'hommes  qui  portent  des  entablement. 

^3^  Perse  ,  Persan  ,  Psrsienne.  Ce  dernier 
mot  n'eft  point  en  ufage  ,  nous  ne  recevons 
que  Perfe  ou  Perfan.  On  dit*  pourtant  un  habit 
à  la  Perfienne.  Une  belle  Perjienne.  Le  Père 
Bouhours  a  remarqué  que  pour  fignifier  une 
éiofe  faite  en  perfanne ,  il  ne  Içâit  s'il  ne  vau- 
drolt  pas  mieux  dire  ,  une  étofe  de  Perfe  ,  qu'w/ze 
étofe  Perfienne ,  comme  nous  dilons  une  étofe  de 
la  Chine  ,  plutôt  G^érofe  Chinoife  ;  mais  fi  le 
R.  Père  vivoit  encore  ,  fon  doute  cefferoit 
depuis  que  l'on  a  fait  en  France  ceitaines  étofes 
à  grands  ramages  ,  que  les  Dames  apellent 
tout  court  des  Perflennes.  On  dit  la  langue 
Perfanne  OU  le  Perfan  ;  mais  on  dit  à  la  Perfienne, 
pour  dire  à  la  manière  des  Perfes.  Vaugelas  a 
dit  dans  fon  Q.  Curce  ,  \êtu  à  la  Perfienne  , 
fon  cimeterre  à  la  Perfienne. 

Perse  A.   \_Perfa.'\  Arbre  dont  les  feuilles 
refl"embknt    afl'ez   à    celles    du    laurier,   &  le. 
fruit  à  une  poire. 

Perse'cuter  ,  V.  a.  [  Perfequi  ,  infeclari.'^ 
Prononcez  perceciité.  Ce  mot  fignifie  tourmenter. 
Faire  foufrir  perfécution.  Les  mots  qui  commen- 
cent par  per ,  &C  qui  ont  immédiatement  une  f 
après  ce  mot  per ,  veulent  qu'on  prononce  cette 
f  comme  un  c.  Faug.  Rem.  (  Néron,  Domitien, 
Adrien  ,  Sévère  ,  Décius ,  Valérien,  Diocictien, 
Maximien  font  les  Empereurs  qui  ont  perfécuté 
l'Eglife.  Voïez  Sulpice  Severe  ,  Hifloire  Sacrée , 
liv.  Z.  ) 

*  Perfecuter.  [  Vexare ,  txagitare.^  Importuner. 
PrefTer.  Solliciter.  Tourmenter.  Ne  laifl"er  point 
en  repos.  (  Il  le  perfécutoit  furieufement.  Il  fait 
des  vers  feulement  pour  donner  à  gagner  aux 
Libraires  qui  le  perfécutent.  Molière,  Précieufes.) 

On  dit  d'un  importun  qu'il  eft  ion  perfécutant. 
[  Importunus  ,    moleflus.  ] 

Persécuteur  ,  f.  m.  [  Vexator  ,  oppugnator."] 
Prononcez  percécuteur.  Celui  qui  perfécuté. 
(  Un  perfécuteur  de  l'Eglife.  Néron  ,  Dioclétien 
&  Maximien  ont  été  les  plus  cruels  perfécuteurs 
des  Chrétiens.  Ils  faifoient  femblant  d'arrêter 
les  perfécuteurs  fur  le  penchant  de  ma  ruine. 
Téophile  ,  poéf.  f  *  Un  perfécuteur  d'oreilles, 
c'eft-à-dire  ,  qui  fatigue  l'oreille  ,  parce  qu'il 
parle  mal.  Sarafn ,  poéf. 

Mille  perfécuteurs  s'élèvent  contre  lui. 
Ec  la  vérité  feule  étoit  tout  fon  apui. 

Poète  anon.  ) 

Persécution.  [  Kexatio  ,  infecîatio.  ]  Pronon- 
cez percécution.  Aftion  de  perfécuter.  Tourment. 
Peine  &  guerre  qu'on  fait  à  une  ou  plufieurs 
perfonnes  parce  qu'on  les  hait.  (Commencer  la 
perfécution  &  la  ruine  d'une  perfonne.  La 
perfécution  que  j'avois  fouferte  étant  finie ,  je 
crus.  Mémoires  de  M.  le  Duc  de  la  Rochefoucauld. 
L'Eglife  a  foufcrt  neuf  perfécutions ,  la  première 


P  E  R. 

s'alluma  fous  Néron ,  &  la  neuvième  s'éteignit 
lorfque  les  Empereurs  commencèrent  à  faire 
profclfion  du  Chriftianifme.  VoiezSu/piceSevcre, 
Hijlolre  ficrîi.  ) 

Perse'e.  [  Pcrfeus."]  Conftellation  compofée 
de  vingt -fix  étoiles. 

P  E  R  s  e' V  e'r  a  n  c  e  ,  /!  /!  [  Perfeverantia  ,  conf- 
tant'ui.  ]  Prononcez  pirccvcrance.  C'cft  la  conf- 
tance  qu'on  a  à  faire  le  bien.  (  La  perfévérance 
mérite  d'être  couronnée.  La  perfévérance  n'eft 
digne  ,  ni  de  blame  ,  ni  de  louange  ,  parce 
qu'elle  n'eft  que  la  durée  des  goûts  &  des 
fentimens  qu'on  ne  s'ôte  &  qu'on  ne  fe  donne 
point. 

PeRSe've'r  ANT,  PERS£'vE'RANTE,a<^".  [ConftiinS, 

immohilis  ,  firmus.  ]  Prononcez  pcrccvinint.  Qui 
a  de  la  perfévérance.  Qui  continué  fans  inter- 
ruption. (  Il  faut  être  perfévérant.  Elle  eft 
perfévérante.  ) 

P  E  R  s  e'v  e'r  e  r  ,  V.  n.  [  Perjijlere  ,  perfeverare!) 
Prononcez  perdvcré.  Avoir  de  la  perfévérance 
Perfifter.  Etre  ferme  &  confiant  dans  fon  fen- 
timent.  (  II  perfévére  dans  la  réfolution  qu'il 
a  prife.  Servir  une  maîtreffe  &  perfévérer ,  c'ell 
affez  dire  que  l'on  aime.   Patris.  ) 

Persicaire,//  ^Pirficaria.^  Plante  qui 
pouffe  des  tiges  de  la  hauteur  d'un  pied  ,  & 
dont  les  feiiilles  reffemblent  à  celles  du  pêcher, 
il  y  a  la  perficaire  douce  ,  avec  des  taches  & 
quelquefois  fans  taches ,  &  la  perficaire  brûlante 
ou  poivrée  ,  qui  eft  fans  taches  &  d'un  goût 
poivré. 

Persiflage  ,/!  m.  Mot  nouveau  ,  mais  fort 
ufité  depuis  plufieurs  années  &  qu'on  lit  dans 
beaucoup  d'écrits,  hç  Perjiflagc  n'eft  pas  la  même 
chofe  que  le  galimathias.  C'eft  un  difcours  qui 
préfente  des  idées  générales  ,  des  images  fra- 
pantes  ,  des  raifonnemens  vaftes  ,  enfin  un 
difcours  que  ni  celui  qui  le  fait ,  ni  ceux  qui 
l'écoutent  ne  fe  piquent  point  de  comprendre. 
1.Q  perffiage  eft  aujourd'hui  fort  à  la  mode.  Son 
principal  ufage  eft  de  fronder  tout,  &  de  fronder 
de  bon  air  &  du  bon  ton.  Voïez  la  Lettre  tTiin 
PatiJJier  Anglais  au  nouveau  Cuïjlnler  François. 

De  la  joie  &  du  cœur  on  perd  l'heureux  langage 
Pour  l 'ablurde  talent  d'un  trifte  perfiflage. 

Greffe!  ,  Comédie  du  Méchant 

Persil.  [  Apium  hortenfe.  ]  Prononcez  perci. 
C'eft  une  forte  de  petite  plante  bonne  à  manger, 
qui  porte  des  fleurs  blanches  ,  qui  a  une  racine 
odoriférante  &  qui  eft  chaude  &  apéritive. 
(  Perfil  commun.  Perfil  cultivé.  Perfil  fauvage, 
Perfil  de  marais  ,  &c.  Voïez  Dalec.  t.  i.  Le 
perfil  de  Macédoine  eft  le  meilleur  de  tous  , 
fon  goût  eft  aromatique  &  fon  odeur  agréable. 
Charas  ,  tkîriaque  ,  ch.   J3. 

Deux  alTiettes  fuivoient ,  dont  l'une  ctoit  ornée 
D'une  langue  en  ragoût  de  perfi  couronnée. 

De/préaux.  ) 

Çj*  Perjtl  vient  de  Petrofelinum ,  félon  Mé- 
nage. On  prononçoit  autrefois  perjîl  ,  comme 
dans  le  Rondeau  de  Villon, 

Repos  éternel   donne  pour  Cil 
Sire  ,  clarté  perpétuelle  , 

8ui  vaillant  plat'  ni  écuelle , 
'eft  oncques  util  de  petùl 
II  fut  rez ,  barbe  &  fourcil. 

On  dit  à  préfent  Perci. 

On  apelle  arracheurs  de  perjîl  les  bateliers  de 


P  E  R.  lîi 

de  la  Loire  qui  tirent  leurs  bateaux  pour  les 
faire  remonter.  [  Helciatores.  ] 

Perfdde  Montagne.  [  Oreofc/inum.]  Cette  plante 
contient  beaucoup  de  fel  eflentiel  &C  d'huile. 
Ses  feuilles  reffemblent  à  celles  de  l'Ache.  Elle 
eft  incifive  ,  déterfive ,  apéritive.  On  fe  fert 
de  fa  racine  &  de  fa  femence  pour  la  pierre  , 
la  gravelle  &  pour  exciter  l'urine. 

Persillade  ,  f.f.  [  Acctaria  petrof&lino 
refperfa.  ]  Terme  de  Cuijinier.  Afiaifonncment 
fait  avec  du  perfil.  Du  bœuf  à  la  pirfdlade  , 
c'eft-à-dire  ,  qu'on  mange  avec  du  perfil  crud. 

Persillé',  Persille'e  ,  adj.  \^Nlucidus.'\  Il  fe 
dit  de  certains  fromages  ,  &  il  ne  fe  dit  d'ordi- 
naire qu'au  mafculin.  Il  fignifie  qui  a  une  forte 
de  moififfure  ,  qui  a  un  verd  de  perfil.  (  Le 
fromage  perfillé  eft  bon  pour  les  Buveurs.) 

Persister  ,  v.  /2.  [  Stare  ,pzrffltre.'\  Demeurer 
ferme  dans  quelque  fentiment.  Continuer, 
Perfévérer.  (  Il  pcrfifte  dans  fa  dépofition.  Il 
perfifte  à  dire  &  à  faire  les  mêmes  chofes 
qu'auparavant.  ) 

Personnage  ,  /  wz.  [  Homo  ,  vir.  ]  Prononcez 
perçonnage.  Ce  mot  au  propre  fe  dit  feulement 
des  hommes  &  veut  dire  homme.  (  Un  grand  ,  un 
illuftre  ,  un  fameux  perfonnage.  Ablancourt  étoit 
un  excellent  perfonnage. 

Je  vous  dis  que  inon  fils  n'a  rien  fait  de  plus  fage 
Qu'en  recueillant  chez  foi  ce  divin  perfonnage. 

Molière.  ) 

Perfonnage.  Ce  mot  dans  la  fignificatloit 
à'homme ,  fe  joint  aufli  avec  des  épitétes  qui 
marquent  quelque  blame.  Ainfi  on  dit  ,  c'eft 
un  fot  perfonnage  ,  c'eft  un  ridicule  perfonnage, 
[  Ridiculus  homo.  ]  C'eft-à-dire  ,  un  franc  fot  , 
un  ridicule  achevé. 

Perfonnage.  Ce  mot  s'emploie  aufll  fans  épitéte 
&  toujours  en  mauvaife  part.  (  Si  vous  aviez 
vu  de  quelle  manière  la  nature  a  deflîné  ce 
perfonnage ,  VOUS  ne  pourriez  vous  empêcher 
de  rire.  ) 

Perfonnage.  [  Perfona.  ]  Terme  de  Comédien. 
A£teur.  Celui  ou  celle  qui  repréfente  quelque 
perfonne  à  l'aûion  de  la  pièce  qu'on  joue.  (  Les 
perfonnages  de  la  pièce  font  Sganarelle,  Lucinde.) 
Le  mot  A'Acleur  en  ce  fens  eft  plus  ufité  que 
celui  de  perfonnage. 

*  //  joué  dans  le  monde  le  perfonnage  d'un  fot!) 
[  Sibi  fatui perfonam  imponit.  ]  C'eft-à-dire ,  c'eft 
un  fot. 

(  Que  vous  jouez  au  monde  un  petit  perfonnage. 
De  vous  claquemurer  aux  chofes  da  ménage. 

Molière.  ) 

*  Il  a  fort  bien  Joué  fon  perfonnage  dans  toute 
l'afaire.  [  Recle  partes  egit.  ]  C'eft-à-dire  ,  il  a 
fort  bien  fait  ce  qu'il  devoit  faire. 

Personaliser  ,  V.  <z.  [  Profopopaiam  agere.  ] 
C'eft  feindre  que  les  créatures  inanimées  agiflent 
à  la  manière  des  hommes  ,  comme  fi  elles  en 
avoient  les  paffions  ,  comme  faire  parler  les 
murailles  ,  la  mer  ,  &c.   Voïez  perfonijier. 

P  E  R  s  o  n  A  T  ,  /;  TO.  [  Perfonatus.  ]  Ce  mot  fe 
dit  dans  certains  Chapitres  de  France.  C'eft  un 
Chanoine  qui  a  un  degré  au-deffus  d'un  fimple 
Chanoine. 

gf^  La  dignité  dans  l'Eglife  eft  acompagnèe 
de  jurifdiflion  ,  le  Perfonat  eft  fans  jurifdiâion. 

Personne.  [  f^ir  vel  millier.  ]  Ce  mot 
fignifie  l'ame  &:  le  corps  joints  enfemble  ,  & 


lït  P  E  R. 

en  ce  fens  il  efi  nufcidin  ou  fimuùn,  fclon  que 
la  chofc  fignihcc  le  demande. 

Pcrfonm.  [  JH^juis ,  mmo  ,  nullus.  ]  Ce  mot 
eft  toujours  mafcuiui ,  lori'qu'il  eft  pris  pour  tiiU 
ou  pour  aucun  ,  &  alors  il  n'a  point  Aepluricl ; 
c'cft  une  manière  de  nom  InJcclinabU  ,  on  ne 
l'employé  même  en  ce  Cens  qu'avec  une  néga- 
tive ,  ou  avec  une  interrogation.  Pcrjonne 
u'efl  venu  ici  ,  &  jamais  perj'onne  ne[l  vcnuï. 
Vaug.  Rem.  Perfonm  a-t-iL  jamais  fait  a  que 
vous  f.iitis  ? 

^ijT  Pcrjonne,  dit  Vaugelas  ,  fignifie  Vhomme 
&  la  fimme  tout  enfemble  ,  comme  fait  homo  en 
Latin  ,  &  en  ce  fens  il  eft  toujours  féminin  , 
&  a  perfonncs  au  pluriel ,  fe  gouvernant  en  tout 
&  par-tout  comme  les  autres  fubrtantifs  réguliers, 
par  exemple  ,  y 'rfi  v//  la  pcrjonne  que  vousjavci; 
il  faut  porter  du  rcj'pcci  aux  perfonncs  conjîituccs 
en  dignité. 

II  fignifie  le  nemo  des  Latins  ,  &  en  ce  fens  il 
eft  indéclinable  &  n'a  ni  genre  ni  pluriel ,  mais 
il  ert  toujours  mafculin.  Exemple  :  Perfonne 
ncfl  venu.  Je  ne  vois  perfonne  (i  heureux  que  vous. 
fi  pourtant  on  parle  à  une  femme  ,  il  faut  dire 
Ji  heurcufi  qui  vous ,  ce  qui  a  raport  à  femme , 
&  il  feroit  plus  régulier  de  dire  ,  je  ne  vois 
point  de  femme ,  au  lieu  de  perfonne  ,Jî  hcurcufe , 

fi  8'''^[f^  1"'  'i'ous. 

L'ufage  de  perfonne  pour  nemo  ,  n'eft  propre- 
ment que  pour  les  chofes  qui  regardent  l'un 
&  l'autre  fexe  conjointement ,  comme  perfonne 
n'a  été  fâche  de  fa  mort,  car  perfonne  com^prcnà 
l'homme  &  la  femme  fans  les  féparer  ;  ainfi  il 
a  le  genre  mafculin  :  mais  quand  perfonne  fe 
raporte  à  l'un  des  deux  fexes  ,  ou  a  une  perfonne 
feule  ,  alors  ce  n'eft  pas  le  lieu  d'employer 
perfonne  pour  nemo. 

Vaugelas  fait  enfuite  cette  obfervation  :  On 
ne  laiffe  pas  de  donner  quelquefois  au  terme 
perfonne  le  genre  mafculin  ,  &  même  plus 
élégamment  que  le  féminin  :  par  exemple  , 
Malherbe  dit  ;  j'ai  eu  cette  confolation  en  mes 
ennuis ,  qu'une  infinité  de  perfonncs  qualifiées  ont 
prix  la  peine  de  me  témoigner  le  déplaijîr  qu'ils 
en  ont  eu.  (Qu'ils  eft  plus  élégant  que  qu'elles, 
parce  qu'on  a  égard  à  la  chofe  fignifiée ,  qui 
îbnt  les  hommes  en  cet  exemple  ,  &  non  pas 
h.  la  parole  qui  fignifie  les  chofes. 

Voici  l'obfervation  de  l'Académie.  On  a 
condamne  ces  manières  de  parler  :  Je  ne  vois 
perfonne  f  lieureufe  que  vous  ;  je  n'ai  jamais  vit 
perj'onne fl  gro^e  quelle  ,  que  M.  de  Vaugelas 
femble  tolérer  ;  &  il  faut  dire  en  parlant  à  une 
femme  :  je  ne  vois  point  de  perfonne  fi  heureufe 
que  vous  ;  &  parlant  d'une  femme ,  je  n'ai  jamais 
vu  de  femme  fi  grojj'e  qu'elle,  ce  qui  eft  la  même 
chofe  que  fi  on  difoit ,  je  ne  vois  aucune  per- 
fonne ft  heureufe  que  vous  ,  aucune  femme  fi  grojfe 
qu'elle. 

A  l'égard  de  ce  que  Malherbe  dit  :  /'ai  eu 
cette  confolation  en  mes  ennuis  ,  quune  infinité  de 
perfcnnes  qualifiées  ont  pris  la  peine  de  me  témoigner 
le  déplaijîr  qu'ils  en  ont  eu;  on  a  décidé  qu'il 
auroit  été  mieux  de  dire,  qu'elles  en  ont  eu  ,  à 
caufe  que  le  genre  qu'il  faut  donner  à  ce  relatif, 
eft  déterminé  par  l'adje^Iif  qualifiées  ,  qui  eft 
féminin  ,  de  forte  que  pour  faire  recevoir  qu'ils 
au  lieu  de  quelles  ,  il  auroit  falu  dire  ,  plujkurs 
perfonncs  de  qualité ,  ou  du  moins  fe  fervir  d'un 
adjeftif  q"i  eut  le  genre  mafculin  &  le  genre 
féminin  fcmblablcs  ,  comme  :  plufïeurs  perj'onnes 
confidéral'lcs  ont  pris  la  peine  de  me  témoij;ner  le 


P  E   R. 

déphiifir  qu'ils  en  ont  eu.  Cet  3LiX]CÙ\i  confidérables, 
étant  de  deux  genres ,  ne  fait  pas  le  même  éfct 
que  qualifiées  ,  qui  étant  féminin  ,  ne  peut  être 
joint  qu'à  un  fubftantif  qui  foit  aufll  féminin. 
Le  Père  Bouhours  convient  avec  Vaugelas  , 
qu'après  avoir  fait  féminin  le  terme  perj'onne, 
on  peut  quelquefois  lui  donner  le  genre  mafculin, 
à  l'imitation  de  Malherbe  :  mais  ,  ajoute-t-il ,  il 
me  femble  que  M.  de  Vaugelas  n'a  pas  fuffi- 
famment  éclairci  ce  principe  ,  car  fi  la  chofe 
fignifiée  doit  fervir  de  régie  pour  changer  de 
genre  après  perfonne ,  il  y  a  des  rencontres  où 
il  feroit  un  folecifme  ;  par  exemple ,  fi  on  parle 
des  Dames  de  la  Cour  ,  après  avoir  dit ,  que 
ce  font  des  perfonnes  très-fpirituelles ,  je  ne 
dirai  plus  ,  ils  jugent  h'ien  des  ouvrages  d'ej'prit , 
il  faut  néceffairement  dire  elles  ,  par  raport  aux 
Dames  de  la  Cour  ,  qui  font  la  chofe  fignifiée  : 
au  contraire  fi  je  parle  des  Docteurs  de  Sorbonne, 
après  avoir  dit  qu'il  y  a  en  Sorbonne  des  per- 
fonnes très-fçavantes,  je  dirai  :  ils  ont  une  parfaite 
connoiffance  de  la  Théologie  ,  &  non  pas  elles  , 
parce  que  les  Dodeurs  font  la  chofe  fignifiée. 
Si  l'on  parle  de  plufieurs  perfonnes  de  l'un  &c 
de  l'autre  fexe  ,  je  dirai ,  ils  parlent  des  afaires 
de  la  guerre  ,  &  non  pas  elles  ;  car  lorfque  les 
deux  genres  fe  rencontrent ,  il  faut  que  le  plus 
noble  l'emporte. 

Il  faut  encore  faire  cette  réflexion  ,  que  quoi- 
qu'un homme  foit  la  chofe  fignifiée ,  on  met  le 
féminin  après  perfonne  ,  quand  le  mot  qui  s'y 
raporte  y  eft  joint  en  quelque  façon ,  par  exemple 
on  dit  :  Il  y  a  dans  la  Sorbonne  des  perfonnes 
très-fçavantes  &  tris-difcrétes  ,  aufquelles  on  peut 
Je  fier  pour  la  conduite  des  mœurs  :  ce  feroit  mal 
dit ,  aufquels ,  parce  que  le  relatif  aufquels  tient 
à  perfonne.  Perfonne  fignifie  quelquefois  le  corps 
ou  la  figure  extérieure  &  diférente  de  Perfonne  ,' 
qui  fignifie  l'homme  ou  la  femme  ,  on  dit  en 
ce  fens  :  fa  perfonne  plaît  extrêmement  ;  elle  <t 
mille  agrémens  en  fa  perfonne.  Voiez  les  Doutes 
du  même  Auteur. 

Perfonne.  [  Homo  ,  femina.  ]  Lorfque  ce  mot 
ne  fignifie  pas  nul ,  mais  l'homme  &  la  femme 
tout  enfemble  ,  il  eft  toujours  féminin  ,  &  il  a  un 
pluriel.  (Exemples.  J'ai  vu  la  perj'onne  que  vous 
fçavez.  C'eft  une  belle  perfonne.  Les  perfonnes 
qualifiées.  II  faut  porter  du  refpeft  aux /)i;//o/j/je5 
conflituées   en  dignité.   Vaug.  Rem.  ) 

Perfonne.  [  Multi.  ]  Ce  mot  ne  fignifiant  pas 
nul ,  mais  l'homme  &  la  femme  tout  enfemble 
eft  féminin  &  mafculin  dans  une  même  période , 
c'eft-à-dire  ,  que  le  pronom  qui  fe  raporte  au 
mot  de  perfonne  féminin  ,  fe  met  au  mafculin. 
Vaug. Rem.  (Exemples.  J'ai  eu  cette  confolation 
dans  mes  ennuis  qu'une  infinité  de  perj'onnes 
qualifiées  ont  pris  la  peine  de  me  témoigner 
le  déplaifir  qùils  ont  eu.  Vaug.  Rem.  Il  y  a 
des  perfonnes  qui  fe  font  perdues  par  une  chaleur 
de  dévotion  ,  parce  qu'ils  ont  voulu  plus  faire 
(\vCils  ne  pouvoient.  Port-Royal  ,  Imitation  de 
Jej'us-Chrifi. 

Que  tout  iroit  bien  mieux  fi  perfonne  ici  bas. 
Ne  fe  mèloit  jamais  de  ce  qu'il  ne  fçait  pas. 

Poème  fur  l'cd.  de  S.  Aupiflin.  ) 

Perfonne.  [  Species.  ]  Ce  mot  fe  prend  fouvent 
pour  la  figure ,  ou  l'extérieur  du  corps ,  &  en 
ce  fens  il  eft  toujours  féminin.  (  Sa  perfonne 
me  plaît  extrêmement.  Il  eft  bien  fait  de  fa 
perfonne.  Ablanc.  Sa  perfonne  eft  pleine  d'apas. 
Voit.  poij\ 

Entre 


P  E  R. 

Entre  la  veuve  d'une  année 

Et  la  veuve  d'une  journée 
La  diférence  eft  grande  ;  on  ne  croiroit  jamais 

Que  ce  fût  la  même  perfonne  : 
L'une  fait  fuir  les  gens ,  &  l'autre  a  mille  attraits. 

La  Fontaine.  ) 

Perfonne.  Ce  mot  s'emploie  fouvent  avec  les 
pronoms  paflifs  ,  &  alors  il  a  diverfes  fignifica- 
lions.  Jimer  fa  perfonne  ,  c'eft  aimer  fes  ailes, 
avoir  un  grand  loin  de  fa  fanté  ,  de  fon  corps  , 
de  fon  ajuftement. 

Etre  content  de  fa  perfonne.  C'eft  être  fatisfait 
de  foi-même. 

Paier  de  fa.  perfonne.  C'eft  aller  à  l'occafion  , 
s'expofer  au  péril ,  faire  bien  fon  devoir.  ^ 

S'aJJurerde  la  perfonne  de  quelcun.  C'eft  l'arrêter, 
le  mètre  en  prifon. 

Perfonne.  [  Perfona.  ]  Ce  mot  fe  dit  en  Théo- 
logie &  en  parlant  de  Dieu  :  c'eft  la  Nature 
divine  avec  fes  raports  &  fes  relations  réellement 
diftinftes.  (  Ainfi  la  perfonne  de  Jefus  eft  la 
divinité  de  Jefus-Chrift.  Il  y  a  un  Dieu  en  trois 
perfonncs.  ) 

Perfonne.  Terme  de  Grammaire.  C'eft  une 
particulière  diférence  du  nombre  du  verbe  , 
laquelle  eft  triple  en  chaque  nombre.  (  La 
perfonne  d'un  nombre  fmgulier  d'un  verbe  , 
c'eft  y«,  &c,) 

En  perfonne.  [  In  propriâ  perfona.  ]  Sorte 
^adverbe.  (  Il  commandoit  en  perfonne  ,  c'eft-à- 
dire ,  il  commandoit  par  lui-même  &  non  point 
par  autrui.  ) 

On  dit,  ofinfer  quelcun  en  fa  perfonne.  On  dit 
encore  ,  en  termes  de  Pratique  ,  parlant  à  fa 
perfonne  ,  parlant  à  fa  propre  perfonne  ,  c'eft-à- 
dire  ,  parlant  à  lui-même.  On  le  dit  aufll  dans 
le  ftile  familier.  On  dit  aufli  ,  dans  le  ftile 
familier ,  la  perfonne  ,  pour  fignifier  l'efpéce. 
Comment  trouvez-vous  ce  cafFé  ?  la  perfonne 
en  eft  excellente. 

Personnel  ,  Personnelle  ,  adj.  [  Proprius. ,] 
Qui  regarde  la  perfonne.  (  Les  fautes  font 
perfonnelles.    Ajournement  perfonnel.  ) 

Personnellement  ,  ao'v.  [Propriè  &Jîncerk] 
(  Je  fuis  perfonnellement  vôtre  ami.  C'eft-à-dire, 
pour  moi  je  fuis  vôtre  ami.) 

Perfonnellement  ,  adv.  [  Perfe.  ]  En  perfonne. 
(  Comparoître  perfonnellement.  Terme  de  Palais. 
S'établir  perfonnellement.  Terme  de  Notaire.  ) 

Personnifier,  v.  a.  \_Perfonam  effingere.  ] 
Il  fignifie  parler  des  chofes  ou  des  quaiitez  , 
comme  fi  c'étoient  des  perfonnes.  (  Les  Poètes 
ont  perfonnifié  toutes  les  pallions  ,  comme 
l'Envie  ,  la  Vengeance  ,  la  Gloire  ,  la  Fortune, 
la  Difcorde ,  le  Sommeil ,  &c.  ) 

Perspectif  ,  adj.  [  Scenographia.  ]  On 
apelle  en  Géométrie  un  plan  perfpecîif ,  l'apa- 
rence  d'un  plan  objeûif  décrit  au-delà  du  tableau 
fur  le  plan  géométral. 

Perspective  ,  f.f.  [ Pars  optices  cujus  ope 
quce  remota  funt  proxima  videntur.  ]  Il  y  a  deux 
fortes  de  perfpeâive ,  Vwnefpéculative ,  &  l'autre 
pratique.  La  Jpcculative  eft  une  connoiflance  de 
l'efprit  ,  par  laquelle  l'efprit  confidérant  de 
certains  objets  ,  connoît  les  raifons  de  leurs 
diverfes  aparences ,  félon  les  diverfes  pofitions 
de  l'œil  qui  regarde.  La  perfpeâive  pratique  eft 
aufli  une  connoiflance  de  l'efprit  ,  aidée  des 
fens  extérieurs  &  exécutée  par  la  main  ,  à  la 
faveur  de  laquelle  la  perfpeclive  pratique  nous 
enfeigne  à  repréfenter  dans  un  tableau  ce  qui 
paraît  à  nos  yeux  ,  cm  que  l'entendement  conçoit 
Tome  III, 


P  E  R-  tt3 

en  la  forme  que  nous  le  voyons.  Le  mot  ds 
perfpeclive  fignifie  aufli  des  tableaux  faits  pour 
repréfenter  des  objets  en  perfpedive. 

Perfpeclive.  Se  dit  d'une  peinture  qui  repré- 
fente  des  jardins ,  des  bâtimens ,  ou  autres  chofes 
femblables  en  éloignement  ,  pour  tromper  la 
vue  ,  &  qu'on  met  ordinairement  au  bout  de 
l'allée  d'un  jardin  ou  d'une  galerie. 

Perfpeclive  linéale.  C'eft  celle  qui  fe  fait  par 
les  lignes  feules. 

Perfpeclive  aérienne.  C'eft  celle  qui  fe  fait  par 
la  dégradation  des  couleurs. 

Perfpeclive.  Se  dit  de  l'afpeâ:  de  divers  objets 
à  la  campagne  viis  de  loin.  (  Ce  coteau  fait 
une  belle  perfpeflive.  Cette  maifon  a  une  belle 
ville  en  perpeftive.  ) 

Perfpeclive ,  au  figuré  fe  dit  de  divers  bonheurs 
ou  malheurs  qu'on  regarde  comme  certains  , 
quoiqu'encore  éloignez.  (  Les  biens  de  cet  oncle 
font  une  belle  perfpeâive  pour  vous.  Le  malheur 
qui  le  menace  eft  unie  fâcheufe  perfpedive  pour 
lui.  ) 

En  perfpeclive  ,  fe  dit  pour  en  éloignementi 
{ Il  eft  riche  ,  mais  ce  n'eft  encore  qu'en  perf- 
peftlve.  ) 

Perspicacité',  y;/  [  Perfpicacitas  ,fagacîtas.'\ 
L'Académie ,  qui  a  reçu  ce  mot  ,  dit  que  c'eit 
une  forte  de  vivacité  &  une  pénétration  d'efprit 
qui  fert  à  découvrir  les  chofes  les  plus  dificiles 
à  connoître.  Ce  mot  eft  très-propre  pour  expri- 
mer l'aûion  par  laquelle  l'efprit  connoît  la  vérité. 
Perspicuité,/;/^  [  Perfpicuitas.  ]  Ce  mot 
vient  du  Latin  &  iignie  clarté  ,  netteté.  Il  fe 
dit  du  difcours.  (  La  perfpicuité  du  ftile  ,  du 
difcours.  ) 

Perspiration  ,f.f.  Terme  de  Médecine. 
Tranfpiration  infeniible  qui  fe  fait  continuelle- 
ment par  les  pores  de  la  peau. 

Persuader.  [  Suadere  ,  perfuadere.  }  Ce 
verbe  régit  un  ^zccz^/à/;/"  quelquefois  ,  &  quel- 
quefois un  datif.  Il  femble  qu'il  répSeVacufatif 
quand  il  fignifie  amener  une  perfonne  au  fenîi- 
ment  qu'on  defire.  Convaincre  une  perfonne  à 
force  de  raifons ,  l'entraîner  par  de  puiflantes 
confidérations.  (  Exemples.  L'Orateur  perfuade 
fes  Auditeurs  par  la  force  de  fon  raifonnement. 
Ablanc.  Je  n'ofe  lui  parler  d'amour  de  crainte 
de  la  perfuader.  Gomb.  Ep.  i.  Mais  lorfque 
perfuader  fignifie  confeiller ,  porter  à  croire  , 
faire  croire  ,  il  femble  qu'il  veuille  un  datif. 
(Cette  conduite  perfuadoit  à  la  Reine  que  ,  &c. 
Mémoires  de  M.  le  Duc  de  la  Rochefoucauld.  Il  lui 
perfuada  de  prendre  la  robe.  On  peut  plaire 
&  ne  pas  perfuader.  Coftar,yà«ê  de  fa  défenfc  ^ 
page  jz.  dit  que  Balzac  avoit  le  fecret  de  parler 
magnifiquement  ,  mais  qu'il  n'avoit  pas  le  talent 
de  plaire  ni  de  perfuader.  ) 

Se  perfuader ,  croire  ,  s'imaginer  ,  fe  figurer.' 
[  Il  fe  perfuade  tout  ce  qui  flate  fa  vanité.  ) 

Persuadant  ,  adj.  Qui  perfuade.  Difcours 
perfuadant.   Raifon  perfuadante. 

Persuasif,  Persuasive,  adj.  \_Perfuaforius, 
fuafione  pollens.  ]  Qui  perfuade.  Qui  a  la  force 
de  perfuader.  (  Difcours  perfuafih  Abl.  Avoir 
une  éloquence  perfuafive.  Molière,  Critique  de 
l'Ecole  des  Femmes.  )  On  dit  aufli  d'un  homme 
éloquent  ,  //  efl  fort  pcrfuafif. 

Persuasion,/!/.  [  Perfuafio  ,  induclus.  ] 
Conviûion  de  l'efprit  caufée  par  la  force  &;  la 
vérité  des  raifons.  Créance.  Sollicitation.  (  La 
perfuafion  n'a  pour  l'ordinaire  fur  nous  qu'autant 
de  puiflTance  que  nous  voulons.  Defp.  Longin, 

P 


> 


114  P  E  R. 

ch.  :.  Il  fera  porté  à  manger  de  ces  viandes; 
avec  perfiiafion  qu'il  a  qu'elles  font  fouilL-es. 
jS'ouveau  Tefijment  ,  première  Epïtrt  de  S.  Paul 
aux  Corinihiens.  Il  a  fait  cela  à  la  perfuafion 
de   Monlieur  un   tel.) 

Dans  ce  grand  nombre  de  Divinitez  que  le 
P.iganifme  avoit  inventées  ,  la  Perfuafion  ocu- 
poit  une  place  parmi  les  Dceffes.  Hérodote 
AV.  8-  a  dit  que  la  Perfuafion  &  la  Néceflîté 
ctoient  deux  puiflantes  Divinitez. 

Perte,  f.f.  [  Dainnum,  jaclura ,  detrirrientum.'] 
Dommage  qu'on  a  foufFert  en  perdant  quelque 
cliofe.  (  Faire  de  grandes  pertes.  Faire  des  pertes 
confidérables.  Réparer  fa  perte.  Recouvrer  fa 
perte.  Ahlanc.  Une  perte  de  fang.  La  perte 
d'une  bataille. 

Ils  foupircnt  après  la  pertt 
De  leur    dcrniete  liberté. 

BuJTu  ) 

Perte  ou  gain  tout  ejl  égal.  C'eft-à-dire  ,  ne 
fe  foucier  ni  de  perte  ni  de  gain ,  recevoir  l'un 
&  l'autre  d'un  vifagc  égal.    Scaron.  ) 

A  perte  de  vui  ,  adv.  [  Longe  lateque,  ]  C'eft 
aufiî  loin  que  la  vue  fe  peut  étendre,  (  Une 
allée  à  perte  de  vue.  ) 

•}■  *  Parler  à  perte  de  vuï,  [  Immodicl  loqui.  ] 
C'eft-à-dire  ,  parler  fans  réflexion.  (  C'eft  un 
homme  qui  parle  de  tout  à  perte  de  vue  ,  & 
qui  foavent  fe  fait  fifler.  ) 

On  dit  auffi  courir  à  perte  d'haleine.  [  Ad 
interclujlonetn  animœ  currere.  ] 

En  perte  ,  *n  pure  perte  ,  adv.  (  Il  fait  des  frais 
en  pure  perte.  Tout  cela  eft  en  perte  pour  moi.) 

Perte.  Toile  de  chanvre  qui  fe  fabrique  en 
Bretagne  ,  fur-tout  dans  le  village  nommé  Perte, 
&  en  d'autres  lieux. 

PERTEGUEs,y^OT.  /»/.  [  Pertlculoi.  ]  Terme 
de  Marine.  Bâtons  qui  portent  une  pièce  d'étofe 
qu'on  apelle  tendelet ,  qui  fert  à  couvrir  la  poupe 
d'une  galère ,  contre  le  foleil  &  la  pluye. 

Pertinacite' , //;  \_Pervicacia.']  Opiniâtreté 
en  quelque  chofe.  (  Il  foutient  fes  opinions 
avec  une  grande  pertinacite.  ) 

Pertinent,  Pertinente,  adj.  [Aptus  ^  ido- 
neus,  conveniens.  ]  Convenable.  Qui  eft  à  propos. 
(  Il  a  alégué  une  raifon  pertinente.  Ses  offres 
ont  été  déclarées  pertinentes.  ) 

Pertinemment,  adv.  [  Apte ,  convenienter, 
appojlt}.  ]  Prononcez  pertinamman.  Convenable- 
ment. Raifonnablemcnt.  Fort  à  propos.  (  Il  a 
répondu  pertinemment  à  toutes  Les  demandes 
qu'on  lui  a  faites.  ) 

Pertuis,/;72.  [  Foramen.  ]  Ce  mot  fignifie 
un  petit  trou  ,  mais  il  n'eft  guère  ufité  dans  le 
langage  ordinaire.  (Boucher  un  pertuis.  On  dit 
plutôt  boucher  un  trou.  ) 

*  Pertuis.  [  Sinus.  ]  Paffage  fur  une  rivière  , 
oîi  les  bateaux  ne  peuvent  paffer  que  les  uns 
après  les  autres  ,  &  où  quelquefois  on  ne  pafl'e 
pas  fans  quelque  danger ,  à  caufe  que  le  paffage 
eft  difficile.  (  Paffer  un  pertuis.  ) 

^^^  Pertuis  de  bajjtn.  C'eft  un  trou  par  où 
fe  perd  l'eau  d'un  baffin  de  fontaine  ou  d'un 
réfervoir  ,  lorfque  le  plomb  ,  le  ciment  ou  le 
corroy  ,  eft  perdu  en  quelque  endroit ,  ce  que 
les  fontainiers  apellcnt  aufli  Rinard ,  du  Latin 
Runa.  D'Aviler. 

Pertuis.  [  Foramen.  ]  Chez  les  Serruriers  c'eft 
le  trou  d'une  clef  forée.  Chez  les  Tireurs  d'or, 
c'eft  le  trou  de  la  filière  par  o\i  paffe  le  lingot. 
En  Géographie  ,  c'eft  un  détroit  de  mer  entre 


P  E  R. 

'  une  Ifle  &  la  terre  ferme.  [  Sinus.  ]  Le  pertuis 
Breton  ,  vers  l'Ifle  de  Rhé. 

Pertuisanne  ,/■/.  [  Spiculi  longioris  &  latioris 
hajîa.  ]  C'eft  une  arme  qui  eft  compofèe  d'une 
hampe  &  d'un  fer  large  ,  aigu  &  tranchant  au 
bout  de  la  hampe ,  &  qu'on  donne  à  de  certains 
foldats  de  chaque  compagnie  d'infanterie.  (  \Jne 
bonne  pertuifanne.  On  commence  à  ne  fe  plus 
fervir  des  pertuifannes  ,  parce  qu'elles  ne  font 
pas  un  grand  effet.  )  Ce  mot  eft  dérivé  de  per- 
tundere  ,  pertufus  ,  pertuj'ana.    Pertuifanne. 

PertuisannieRjPertusannier,/?»?.' 
[  Siciliarius.  ]  On  dit  pertuifannier  ,  &  non  pas 
pertufannier.  C'eft  le  foldat  fantaffin  qui  eft 
armé  d'une  pertuifanne.  (Un  bon  pertuifannier.) 

Perturbateur, y;  OT.  Il  vient  du  Latia 
perturbator.  C'eft  celui  qui  trouble  ,  qui  met  le 
defordre  &  la  divifion.  (  Etre  perturbateur  du 
repos  public.  Voit.  let.  Z-  C'eft  un  perturbateur 
de  l'Etat ,  de  l'Eglife  ;  c'eft  le  perturbateur  du 
peuple.  ) 

Perturbation,  f.f.  Terme  Dogmatique. 
Trouble  ,  émotion  de  l'ame  à  l'ocafion  de  quel- 
que mouvement  dans  le  corps. 

Perturbatrice  ,  f.  f.  [  Perturbatrix.  ]  Celle 
qui  trouble  &  met  en  defordre.  (  Elifabeth  qui 
étoit  une  perturbatrice  du  repos  de  l'Eglife ,  a 
dit.  Maucroix  ,  Schifme  ,  liy.  J.  p.  -4J77.  ) 

Pervenche  ,  f.f.  [  Pervinca  vulgaris  latifolia.'\ 
Ce  mot  vient  du  Latin  pervinca.  C'eft  une  plante 
médecinale  ,  qui  rampe  ,  dont  les  feiiilles  font 
d'un  beau  verd  &  les  fleurs  blanches.  C'eft  un 
des  vulnéraires. 

Pervers,  Perverse,  adj.  [  Perverfus  «' 
depravatus.  ]  Ce  mot  fe  dit  des  perfonnes  ,  6c 
veut  dire  méchant  ,  fcélèrat ,  &  ne  fe  dit  bien 
qu'au  mafculin.  (  Efprit  pervers.  ) 

Pervers  ,  f.  m.  [  Sceleftus  ,  pravus.  ]  Méchant,' 
fcélèrat.  C'eft  un  pervers. 

Il  eft  l'apuL  des  bons ,  la  terreur  des  pervers. 

Le  Juge  prétendoit  qu'à  tort  &  à  travers 

On  ne  fçauroit  manquer  condamnant  un  pervers. 

La  Fontaine  ) 

•j*  Perversion  ,  f.f.  [  Depravatio.]  C« 
mot  eft  écorché  du  Latin.  Il  ne  fe  dit  guère, 
fignifîe  l'aftion  par  laquelle  on  pervertit  quelcun 
&  par  laquelle  on  rend  plus  méchant ,  ou  de- 
vient plus  méchant. 

Perversité',//  [  Perverjîtas  ,  pravitas  , 
nequitia.  ]  Mot  tiré  du  Latin  ,  qui  fignifie  mé-, 
chanceti ;  il  peut  trouver  fa  place  dans  le  difcours 
grave  &  férieux.  (Il  a  triomphé  de  la  perverfité 
de  fes  ennemis. 

Trop  de  perverfné  règne  au  fiécle  où  nous  femmes 
Et  je  veux  me  tirer  du  commerce  des  hommes. 

Molière.  ) 

Pervertir,  V.  a.  [  Pervertere  ,  corrumpertf 
depravare.  ]  Ce  mot  fe  dit  proprement  des 
perfonnes  ,  &  veut  dire  gâter.  Mettre  dans  les 
mauvaifes  voyes.  (  Sous  couleur  de  l'inflruire 
il  l'a  perverti.  Les  flateurs  &  les  méchants 
pervertiffent  beaucoup  de  monde.) 

Pervertir  l'ordre  des  chofes.  C'eft  troubler  l'ordr* 
établi.  On  dit  aulli ,  pervertir  U  fens  dt  FEeriturtf 
pervertir  le  fens  d'uji  pafj'age. 

P  E  S. 

Pesade,//  [  Anteriorum  ptdum  ereBio 
poflicis  immotis.  ]  Terme  de  Manégt.  Aûion  du 


P  E  s. 

cheval  qui  levé  les  pieds  de  devant  fans  remuer 
ceux  de  derrière.  La  péfade  eft  le  fondement 
de  tous  les  airs.  ) 

P  e'  s  A  G  E.  L'aftion  de  péfer. 

Je  vis  fans  balancer  rejeter   maint  ouvrage, 
Que  je  penfois  au  moins  mériter  le  pifags. 

Anon,  Mercure  de  Févr.  ij^g. 

V iSAtiT  ,  f.  m.  [  Sicoma.  ]  Terme  de  Chafu- 
hl'ur.  C'eft  un  affez  gros  morceau  de  fer  ou  de 
plomb  envelopé  de  toile  ou  d'étofe  qu'on  met 
fur  la  befogne  pour  la  tenir  lorfqu'on  travaille. 
(  Mon  pefant  eft  perdu.  ) 

Pefant  ,  Pcfanu  ,  f-  m.  [  Gravis ,  ponderofus.  ] 
Terme  de  Phyfiquc.  C'eft  tout  ce  qui  eft  porté 
comme  de  foi-même  en  ba*.  Qui  tend  en  bas. 
(  Le  mouvement  des  chofes  pefances  ne  vient 
pas  tant  d'un  principe  interne  que  d'un  externe.) 

Pefant  ,  pcfanu  ,  adj .  [  Gravis.  ]  Lourd  ,  qui 
péfe.  (  Corps  pefant.  L'eau  eft  pefante.  ) 

.     .     .     ...     Et  ma  mufe  tremblante 

Fuit  de  ce  grand  fardeau  la  charge  trop  pefante, 

Defpréaux. 

Pefant ,  Pefante.  [  Ponderans.  ]  Il  fe  dit  des 
pièces  de  monnoye ,  &  veut  dire  qu'elles  font 
du  poids  régUî  dont  elles  doivent  être.  (  Cet 
ccu  eft  pefant.  Une  piftole  pefante.  ) 

*  Pefant, pefante  ,  adj.  [Parum  ejfficax,  tardus.] 
Ce  mot  fe  dit  des  perlonnes  &  veut  vire  lourd. 
Qui  a  peu  de  feu  &  de  vivacité ,  peu  de  brillant. 
(  Efprit  pefant. 

Il  n'eft  pas  fans  efprit ,  mais  né  trifte  &  pefant 
11  veut  être  folâtre ,  évapojé ,  plaifant. 

De/préaux.  ) 

Pefant ,  pefante.  [  Moleflus  ,  gravis  ,  incommo- 
dus.  ]  Fâcheux  ,  onéreux  ,  embaraffant.  (  La 
carde  de  deux  filles  eft  un  peu  trop  pefante. 
Molière.  Il  s'avança  avec  toute  la  diligence  dont 
étoit  capable  une  armée  auflî  pefante  que  la 
fienne.  Faug.  Quint,  l.  j.  c.  y.) 

Pefant ,  pefante  ,  adj.  [  Ingravefcens.  ]  Ce  mot 
fe  dit  de  certains  chevaux  de  fille.  C'eft  un  cheval 
pefant  à  la  main ,  c'eft-à-dire  ,  qui  s'abandonne 
îlir  la  bride. 

Avoir  la  main  pefante  ,  avoir  le  bras  pefant  , 
c'eft  être  fort  &  robufte ,  &  donner  de  grands 
coups.  On  le  dit  aufîi  d'une  perfonne  puiflante , 
dont  le  reffentiment  &  la  vengeance  font  à 
craindre.  (  Vous  avez  afaire  à  un  homme  qui 
a  le  bras  pefant.  ) 

Avoir  la  tête  pefante  ,  c'eft  l'avoir  chargée 
d'humeurs  ,  de  vapeurs. 

On  dit  d'un  homme  qui  a  beaucoup  de  mérite, 
qu'jV  vaut  fon  pefant  d'or.  [  Decet  aura  hune  ho- 
minem  expcndi.  ] 

^^  Les  Muficiens  difent  une  mufique  pefante, 
quand  les  mouvemens ,  &  par  conféquent  les 
notes ,  font  d'une  longue  durée.  Foiei  Broflard , 
Diftionnaire  de  mufique. 

ppSAMMENT  ,  adv.  [  Gravatim  ,  lente  ,  tarde.  ] 
D'une  manière  pefante.  (  Il  n'avoit  avec  lui 
que  des  foldats  pefamment  armez.  Ahlanc.  Ret, 
\_  Catapkracli  milites.  ] 

Pesanteur,/;/.  [  Gravitas.  ]  Terme  de 
Phyfique  ,  qui  n'a  point  de  pluriel.  La  pefanteur 
n'eft  autre  chofe  que  le  mouvement  des  corps 
vers  le  centre  de  leur  tourbillon ,  ou  l'éfort  que 
les  corps  font  ,  lorfqu'ils  font  retenus  ,  pour 
fe  mouvoir  vers  ce  centre.  La  pefanteur  ne 
ne  reconnoît   d'autre  caufe  quQ  Ximpulfion  ®u 

Tome  III. 


P  E  S.  II  î 

le  choc  de  queiqu'autre  corps.  M.  Bouillet , 
Dofteur  en  Médecine  ,  a  donné  une  bonne 
differtation  fur  la  pefanteur ,  qui  a  remporté  le 
prix  de  l'Académie  de  Bourdeaux.  (  Une  pierre 
tend  en  bas  par  fa  propre  pefanteur.  ) 

Pesanteur.  [  Impulfio  gravis.  ]  Charge 
lourde,  poids.  (Soulevez  un  peu  ce  balot  & 
vous  en  fentirez  la  pefanteur.  ) 

Pefanteur  ;  fe  dit  en  parlant  des  coups  que 
donne  un  homme  fort  &  robufte  ,  &  du  bras 
&  de  la  main  qui  les  donne.  (La  pefanteur  de 
fon  bras  ,  de  fa  main  ,  de  fon  corps.  )    ' 

Pefanteur  de  tête.  [  Capitis  gravitas.  ]  Maladie 
qui  vient  de  l'abondance  du  fang  ou  d'autres 
vapeurs  groffiéres.  (Cela  caufe  des  pefanteurs 
de  tête.  Il  a  une  pefanteur  de  tête  qui  l'incom- 
mode fort.  ) 

Pefanteur  ,  Se  dit  figurément  de  l'efprif.' 
[  Tarditas  ingenii.  ]  (Les  habitans  du  Nord  ont 
plus  de  pefanteur  d'efprit  que  ceux  du  midi,  ) 

§3^  Balzac  dit  dans  fon  Socrate  Chrétien,  pag. 
231  ■  «  Quand  l'ame  fe  trouve  dans  fes  pefanteurs 
»  &  dans  fes  aflbupiflemens  ,  Dieu  prend  plaifir 
»à  la  reveiller,  &  à  s'aparoître  à  elle. 

Pfsche,  pefcher.  Vo'iez  ci-devant,  Pêche, 
pêcher  ,    &c. 

Pese'e  ,  /.  /  [  Penfura.  ]  C'eft  tout  ce  qu'on 
pefe  en  une  feule  fois.  (  Une  bonne  pefée. 
Faire   plufieurs  pefées.  ) 

Une  pefée ,  eft  auflî  une  quantité  de  laine  qu'on 
donne  au  poids  à   l'ouvrier. 

Peser,  v.  a.  [  Appendere  ,  ponderare.  ]  Voir 
la  pefanteur  d'une  chofe  avec  les  poids.  (Pefer 
une  piftole.  Pefer  du  chanvre,  du  lin,  de  la 
laine,    &c. 

Pefer ,  v.  n.  [  Gravem  6-  ponderofum  effe.  \ 
Avoir  de  la  pefanteur.  (  Coffre  fort  qui  pefe 
beaucoup.  ) 

Pefer,  v.  n.  [  Molefum  effe.  ]  Etre  onéreux , 
fâcheux  &  embaraffant.  (  La  Couronne  lui  pefe 
fur  la  tête.  ) 

Quand  on  r^nnoît  l'Amour,  fes  caprices,  fes  peines , 
Quand  on  fait ,  comme  moi ,  ce  que  peferir  fes  chaînes. 

Deshoulieres ,  Poëf) 

Pefer  la  pierre.  Terme  de  Carrier.  C'eft  la 
foulever  de  de  defl"us  le  tas  avec  la  groffe  barre  , 
pour  la  mettre  fur  les  boules. 

*  Pefer  ,  v.  a.  [  Rem  perpendere ,  examinare  , 
trutinari.  ]  Confidérer ,  examiner  ,  so\ï.  (  Pefer 
la  diférence  qu'il  y  a  entre  les  chofes,  Lifez  & 
pefez  chaque  mot.  Pefer  un  crime.  Patru , 
Plaidoié.  ) 

*  Pefer  ,  v.  n.  [  Prœgravare  manum.  ]  Ce  tnot 
fe  dit  de  certains  chevaux  de  felle ,  &  veut  dire , 
s'abandonna  trop  fur  la  bride.  (Cheval  qui  pefe 
à  la  main.) 

*  Pefer.  [  Infigere  vefigia.  ]  Terme  de  Chajfe. 
Ce  mot  fe  dit ,  quand  une  bête  enfonce  beaucoup 
de  fes  piez  dans  la  terre ,  ce  qui  eft  une  marque 
que  la  bête  a  grand  coriage.  Salnove.  ] 

Pefer.  [Morari ,  moram  facere.]  Terme  de 
Mufique.  Qui  veut  dire ,  apuur  fur  les  notes, 
(  Pefez  bien  fur  vos  notes.  ) 

Pes^uti  ,  f.  m.  [  Librator  ,  penfator.  J  Celui 
qui  pefe.  Mais  il  fignifie  proprement ,  celui  qui 
efl  établi  par  autorité  publique  pour  pefer  certaines 
chofes.  (  Un  bon  pefeur.  Un  pefeur  exad  &c 
fidelle.) 

§3°  P  E  s  M  e.  Vieux  mot  qui  fignifie  ,  dur  , 
fâcheux  ,  pénible.  Ville-Hardouin  ,  n^ ,  ^y.  Et 
didens  al  fejor  lor  avint  uni   mefaventure  qui  fu 

P   ij 


1 1 6  P  E  S. 

pefmt  &  dure.  Du  Cange  raportc  dans  fort  Glnffu'ire 
fur  cetu  hiftoire  ,  pliiftciirs  endroits  de  diférens 
Auteurs  ,  qui  s'en  l'ont  Tervis.  Guillaume  de 
Nangis  M.  S.  fous  l'an  1116.  parlant  du  Roi 
des  AfTaffins,  ici  crls-pcfms  Roi  &  mal  voulant 
Seigneur  des  Harquajjes  hahitoit  en  la  Contrée 
d'Antioche   &   de  Damas. 

Guillaume  Guiart  fous  Xaw  1267. 

Eftoit  le  Duc  de  Bavière 
Un  neveu  Maintroi  qai  mort  ère 
De  vil.iine  mort  &.  de  fxjive 
ComaJin  ot  nom  en  baptcfme. 

Philipe  Moufques  en  la  vie  de  Charles  le 
Simple. 

Terris  Fius  Gulllauine  fu  fi  efine , 
Qiii  ne  fut  pas  crucux  ni  fifinc. 

En  la  vie  de  Philipe  I. 

Dont  fit  une  très-grand'gélée 
Trop  pcj'me  &  trop  déméfurée. 

Peso,  y;  m.  Monoie  de  compte  d'Efpagne. 
(  Les  dix  mille  pefos  valent  douze  mille  ducats.  ) 

Peson,  f.  m.  \_Statera,  vccHs.'\  Ce  il  une 
forte  d'inftrument  qu'on  apelle  aulfi  la  balance 
romaine ,  &  avec  quoi  on  pef'e  ce  qu'on  ne  peut 
commodément  pefer  avec  des  balances.  Il  eft 
compofé d'une  verge,  d'une  mafie ,  d'un  crochet 
&  d'autres  petites  chofes  que  les  Balanciers 
apellent ,  broches  ,  joues  ,  gardes  &  tourrets.  (Un 
bon  pefon.  Un  pefon  fort  jufte.  ) 

Pefon  à  reffort.  Sorte  de  machine  dont  on  fe 
fert  pour  pefer  diverfes  marchandifes.  Ce  pefon 
n'eft  pas  fi  jufte  que  le  pefon  à  contre-poids 
ou  romaine  ,  parce  que  le  reffort  eft  fujet  à 
fe  relâcher  &  à  s'afoiblir  par  fon  trop  grand 
ufage. 

Pefon.  [  yerticillus.  ]  Morceau  de  plomb  que 
les  femmes  mettent  au  bout  de  leur  fufeau , 
lorfqu'ciles  filent  ,  afin  de  le  tourner  plus 
facilement. 

Pcfe-liqueur ,  f.  m.  [Hydro'netrum.']  C'eft  un 
inftrument  par  le  moïen  duquel  on  connoît 
combien  une  liqueur  eft  plus  pefante  qu'une 
autre.  C'eft  une  fiole  de  verre ,  à  demi  pleine 
de  vif  argent ,  fur  le  cou  de  laquelle  il  y  a 
plufieurs  «divifions.  Quand  on  la  plonge  dans 
quelque  liqueur,  plus  elle  enfonce,  l'on  juge  que 
la  liqueur  eft  moins  pefante ,  &  au  contraire,  &c. 

Pessaire,  /.  m.  Terme  àHJpoticaire. 
Médicament  externe  propre  pour  le  cou  &  le 
corps  de  la  matrice,  compofé  de  racine  d'herbes, 
de  femences  de  fleurs  ,  &  de  fucs  tirez  de  ces 
chofes,  &  incorporez,  avec  gommes ,  oignons, 
confeftions,  poudres,  miel  &  coton.  Le  tout 
pour  guérir  les  maladies  de  la  matrice  ,  pour 
provoquer  ou  arrêter  les  mois.  (  Peffaires 
émoUiens.  ) 

•{•Pesse,  //.  C'eft  une  forte  de  fapin. 
Voïez  Sapin. 

Pfste,//  [  Pejlis  ,  pefliUntia.  ]  Maladie 
populaire  &  contagieufe  qui  eft  celle  de  toutes 
les  maladies  qui  emporte  le  plus  de  monde. 
C'eft  une  tumeur  qui  naît  fous  la  gorge ,  aux 
oreilles  &f  aux  aînés.  Le  fierni  a  fait  deux 
piaifar^s  Capito/i  fur  la  Pefle.  (  La  pcfte  fe  mit 
dans  l'armée  &  emporta  une  partie  des  plus 
braves  folda's.  Le  mauvais  air ,  la  méchante 
nourriture  &  la  trop  grande  chaleur  engendrent 


PES. 

la  pefte.  Avoir  la  pefte.  Donner  la  pefte.  Aporter 
la  perte  dans  un  pais.  La  pefte  fe  gagne  &  fe 
comunique. 

La  Pi^c  ,  puifqu'il  faut  rapcllcr  par  fon  nom , 
Capable  d'enrichir,  en  un  jour,  l'Atheron  , 
Faiiliit  aux  animaux  la  guerre. 

La  Fontaine.') 

*  Il  ne  manquoit  pas  de  flaferrs ,  peflifatah 
qui  renverle  plus  d'Etats  que  les  armes  des 
ennemis.  Vang.  Q^iiint.  l.  S-  chap.  6.[Pernicies 
fatalis,  ] 

(  La  Difcorde  aux  crins  de  couleuvres , 
Tcjh  fatale  aux  Potentats  , 
Ne  finit,  &c. 

Malherbe,  Poéf.  /._?.) 

*  Pe^i.  Ce  mot  fe  prend  quelquefois  en  bonne 
part  &  fur  tout  en  parlant  d'amour.        v 

(  C'eft  un  fubtil  venin  ,  c'eft  une  douce  pefle 
Qui  veut  charmer  mes  fens. 

Benfcrade ,  Poëf.  ) 

*  Pefte.  [  Malus  cruclatus.  ]  Ce  mot  fert  à 
faire  quelque  imprécation  &  à  examiner  quelque 
mouvement  de  l'ame.  (  La  pefte  étoufe  le  rimeur. 
f-^oit.  [  Pefis  opprimât  Poctum.  ]  La  pefte  foit  du 
fou.   Oh,  oh,  pefte  la  belle.  Molière. 


/h  '  j'oubliois,  Pefte  de  ma  mémoire, 
(.  elui  qui  iait  grand  cancan  dans  l'Hiftoire. 

Scarron.  ) 

Pcfte.  [  Maligmis.  ]  Se  prend  quelquefois  pour 
i.n  adj.  {^Cet  écolier  ejl pefe  ,  pour  dire,  malin. 

Oui  fe  fent  prude  &  précieufe. 
Pour  toujours  eft  en  fureté , 
Et  fût-elle  pcjlc  &  rieufe , 
Les  rieurs  font  de  fon  côté. 

MUe.  de  la  Vigne.  ) 

*Pester,  V,  n.  \^  In  aliquem  debacchari , 
alicuifomackari.]  Dire  du  mal.  Injurier.  S'em- 
porter contre  une  perfonne  ou  quelqu'autre 
chofe ,  mais  avec  des  paroles  injurieufes  & 
outrageantes.  (  Pefter  contre  le  genre  humain 
Il  pcfte  contrç  les  Médecins  &  avec  raifon , 
car  ils  ont  tué  fa  maîtreffe  à  force  de  la  faigner 
6i  de  la  purger. 

Je  fuis  parti  ,  les  Cicux  d'un  noir  crêpe  voilez , 
Feftant  fort   contre  vous  dans  ce  fâcheux  martire. 
Et  maudifTant  vingt  fois  l'ordre  dont  vous  parlez. 

Molière. 

On  fe  foulage ,  quand  on  pefle , 
Et  l'on  ne  fauroit  trop  pcjler  contre  l'Amour. 

Cadmus,  a.  j.') 

fFESTERFE,//  Mot  bas  &  burlefque. 
Tu  ne  pouvais  mieux  rencontrer  dans  ton  humeur 
de  peferie.  Saint  Amand ,  Rome  ridicule.  C'eft- 
à-dire ,  dans  l'humeur  oit  tu  étois  ,  de  dire  rage 
&  de  peftcr. 

Pestiféré',  Pestifere'e,  adj.  \_Pefte 
lahorans  , peftilentià  conflicldtus.'\  Qui  a  la  pefte, 
infefté,  contagieux.   (Endroit  peftiteré.  ) 

Pefiferé,  f.  m.  [  Pefte  corruptus.  ]  Qui  a  la 
pefte  &  qui  la  peut  donner.  {  Au  lieu  de  vous 
fuir  comme  un  peftiferé ,  on  a  vu  beaucoup 
de  gens  de  naiffance  ne  faire  point  de  dificulté 
d'aler  boire  avec  vous.  Roman  Bourgeois,  Epit. 
au  Bourreau.  ) 


P  E  s. 


PET. 


Pestifire,  adj.  On  dit.  Un  air  pijiifcre , 
c'eft-à-djre ,  qui  comunique  la  pefte  on  quelque 
maladie  contagieufe.  Une  odeur  peftiteie  ,  une 
vapeur  pelîifere. 

Pestilentiel,  Pestilentielle,  aiij. 
[  PcfH/cr.]  Qui  a  une  qualité  maligne,  envenimée. 
Si  qui  tient  de  la  pefte.  (  Fièvre  peftilentielle. 
La  Chambre.  ) 

Pestilentieux  ,  adj.  Il  fignifie  la  môme  chofe 
que  peftilentiel.  (  Air  pellilentieux.  Vapeurs 
peflilentieufcs.) 

Pestilence,//  [ Pclliknûa. ]  Corruption 
de  l'air.  Pefte  répandiie  dans  un  païs.  (  II  y  a 
une  grande  peftilence  à  Naples.)  L'Académie 
Françolfe  reçoit  ce  mot  comme  en  ufage , 
quoiqu'il  foit  vieux.  L'Ecriture  dit ,  que.  ceux 
qui  hantent  des  hommes  corrompus ,  font  ajjis 
dans  La.  chaire  de  pejiilence. 

Pestilent,  Pestilente,  adj.  [  Pejïilenti 
feire fiiucius.]  (Maladie  peftilente.  Bouhours , 
j4ubuJjon,  l.  5.  pag.  28g.  Fiévre  peftilente.  ) 

Pestrin.   Voïez  Pétrin. 

Pestrir.  Voïez  Pétrir. 

PET. 

Pet,/  m.  [  Crépitas  ventris.  ]  Vent  qui  fort 
du  fondement  avec  bruit.   (  Faire  un  pet. 

Déjà  plus  fier  qu'un  pet  en  coque , 
Il  avoit  tagoté  vos  murs  de  biquoque. 

S.  Amand ,  Rome  rid.  ) 

On  apelle  auffi ,  pcjl ,  une  forte  de  baignets 
fort  enflez. 

Pe'tales,  pi.  fein.  ou  Feuilles.de  la 
Fleur.  Terme  de  Fleurijle.  les  pétales  mollement 
repliées ,  font  comme  les  langes  où  la  femence 
de  la  fleur  eft  reçue  dans  fon  enfance ,  •&  qui 
la  couvrent ,  tant  qu'elle  eft  incapable  de 
fuporter  le  grand  jour.  Fabio  Colonna  eft  le 
premier  qui  daris  un  livre  imprimé  à  Rome  en 
164  c).  s'eft  fervidu  mot/Jt;'ra/«,  pourdiférencier 
les  feiiilles  des  fleurs  ,  des  feiiilles  proprement 
dites ,  ou  feiiilles  des  plantes,  on  dit  auffi  au 
finguiier,  une  pétale,  la  pétale.  Les  fleurs  ont 
fouvent  deux  enveloppes  ;  l'une  verte,  que  l'on 
apelle  ,  Calice  ;  ôi  l'autre  ,  colorée  ,  que  l'on 
nomme  proprement ,  pétale. 

P  E  T  A  L  I  s  M  £  ,  /'.  m.  C'étoit  à  Syracufe  ,  la 
même  chofe  que  l'oftracifme  à  Athènes.  Voïez 
Ojlracifme. 

Pe'tarade,//  Quantité  de  pets  que  fait 
le  cheval  en  levant  le  derrière.  (  Le  cheval  fît 
la  pétarade.  Lu  Fontaine ,   Fable ,  liv,  6. 

^  *  Faire  la  pétarade.  C'eft  fe  moquer  en 
faifant  des  gambades.  (  Il  lui  a  fait  la  pétarade.  ) 
Petarasse,//  \_Afcia  hifida.'\T&xm.^  de 
Marine.  Elpece  de  hache  à  marteau ,  qui  a  le 
côté  du  taillant  fait  comme  un  calfat  double , 
&  dont  on  fe  fert  à  poufl'er  l'étoupe  dans  les 
grandes  coutures.  ) 

Pétard,  /  m.  [  Pyloclajlrum.  ]  Sorte  de 
machine  à  anfes,  qui  eft  de  métal,  qui  eft  faite 
en  matière  de  grand  gobelet ,  qui  eft  creufe 
de  fept  pouces  ou  environ  ;  &  large  par  la 
bouche  à  peu  près  de  cinq ,  qu'on  emplit  de 
poudre  fine  &  batiie ,  qu'on  couvre  enfuite  fort 
bien ,  &  dont  on  fe  fert  pour  faire  fauter  les 
portes  &  les  barrières  des  villes  qu'on  veut 
prendre  d'emblée ,  pour  rompre  quelque  pont- 
levis  ,  des  chaînes  &  autre  obftacle,  )  Charger 
un  pétard.  Mettre  le  feu  au  pétard.  Atacher 
le  pétard.  ) 


PET.  uy 

Pétard.  [  Tormmtum  ducîile.  ]  C'eft  une  carte 
où  l'on  met  de  la  poudre  ,  qu'on  plie  bien  dans 
cette  carte  ,  &  qu'on  pique  de  pUiiieurs  coups 
d'épingles.  Enfuite  on  la  pofe  fous  le  talon  du 
foulicr  avec  une  traînée  où  l'on  met  le  feu ,  &C 
cela  fait  du  bruit.  Les  jeunes  garçons  s'amufent 
à  faire  ces  fortes  de  pétards  pour  fe  divertir. 
(Tirer  des  pétards.) 

Petarder,  V.  a.  [  Admoto  pyloclaflro  » 
valvas  difrumpere.  ]  Faire  fauter  quelque  porte 
ou  quelque  barrière  avec  le  pétard.  Se  lèrvir 
du  pétard  pour  rompre  quelque  obftacle  que 
ce  foit.  (  Petarder  un  pont-levis.  Petaider  une 
barrière.   Petarder  une  porte.  ) 

Petaruier,  /]  m.  [  Pyloclajlri  vibrator.  ] 
Celui  qui  peiarde.  Celui  qui  va  atacher  le  pétard 
à  quelque  forte  d'obftacle.  (  Les  petardie.-s  font 
en  danger.  ) 

Petase,  /  m.  \_Petafus.'\  Nom  que  les 
Antiquaires  donnent  au  chapeau  ailé  de  Mercure. 

P  E  T  a  s  i.T  E ,  [  Pitafues.  ]  Plante  qui  croît  ai;x 
lieux  humides ,  &  qui  eft  bonne  pour  la  toux 
&  pour  l'aftme. 

Petechies,  Taches  qui  s'élèvent  fur  la  peau 
dans  des  fièvres  malignes  ,  d'où  l'on  les  apelle  , 
fièvres  petéchiales. 

Petaud.  On  ne  fe  fert  de  ce  mot  que  dans 
ce  proverbe.  Ceci  rejfemble  à  la  Cour  du  Roi 
Petaud,  pour  dire ,  qu'il  n'y  a  que  dèfordre  cC 
confufion.   Ac-id.   Franc. 

(Chacun  y  contredit,  chacun  y  parle  haut. 
Et  c'eft  tout  juftement  la  Cour  du  Roi  Pciuiid. 

Mulieie,  ) 

Pétaudière,//  [  Locus  confujîonis.  ] 
Terme  de  Raillerie.  Pour  marquer  un  lieu  rempli 
de  dèfordre  &  de  confufion.  Acad.  Franc.  On  dit 
proverbialement,  La  Cour  du  Roi  Petaud,  où 
tout  le  monde  eji  maître. 

Petenuche,/!  m.  C'eft  une  bourre  de  foie 
d'une  qualité  inférieure  à  celle  qu'on  nomme , 
fleuret.  On  l'apelle  auffi  ,  gallette  de  cocole. 

Peter,  [  Crepitum  reddere.  Faire  un  pet. 

Peter  plus  haut  que  le  eu.  Proverbe  populaire. 
C'eft  entreprendre  des  chofes  au  deffus  de  fes 
forces ,  prendre  des  manières  au  deflus  de  fon 
état. 

\  *  Peter.  [  Crepitare.  ]  Ce  mot  fe  dit  de  la 
poudre  ,  Si.  veut  dire ,  faire  du  bruit  en  tirant. 
Eclater  avec  bruit.  (  Le  charbon  fait  peter  la 
poudre.  ) 

•[•  *  Peter.  [  Difrumpi.  ]  Ce  mot  fe  dit  des 
marons  qu'on  met  au  feu  fans  les  fendre  ,  &  il 
fignifie,  faire  un  bruit  prefque  femblable  à  celui  que 
fait  un  petit  pijlolet ,  lorfquon  le  tire.  Eclater 
avec  bruit.  (Les  marons  pètent,  fi  on  ne  les 
fend,   avant  que  de  les  mettre  au   feu.) 

Peteur,/  m,  [  Crepitator.  ]  Celui  qui  pete. 
(  Vilain  peteur. 

L'un  avecque  prudence  au  Ciel  s'impatronife , 
Et  l'autre  en  fut  chafle  comme  un  peteur  d'Egllfe- 

Régnier ,  Sat.  14.  ) 

Péteuse,//  [  Qwœ  crepitum  edit.  ]  Celle  qui 
pete.  (Groffepeteul'e.  Fi,  la  peteufe.  Une  petite 
peteufe.  )  . 

Peteufe  ,  ou  Bouvier.  [  Bubulca.  ]  Petit  poiflbn 
de  rivière  long  de  trois  ou  quatre  doigts,  de 
couleur  argentine.  Sa  queiie  eft  fourchiie.  Il 
eft  apéritif. 

Pétillant,  Pétillante,  adj ,\_Crtpitam .'\ 


î  1 8  PET. 

Ce  mot  fe  dit  proprement  du  feu ,  Se  veut  dire  , 
qui  étincelle  avec  btuit.  On  le   dit  auffi  du  vin. 

(  P.ir-tout  alors  eft  en  campagne 
Le  fciill.:r,t  vin  de  Champagne  ; 
Le  maître  ne  l'épargne  pas. 

Perrault,  Chajft.) 

*  EnfaT}t  pétillant.  [  Puer  viviJits.  ]  C'eft-à- 
dire,  entant  vif  &  plein  de  feu, 

*  Yeux  petillans.  [  Scintillantes  ocuU.  ]  C'eft- 
à-dire,  vifs  &  brillans. 

Pétillement,/;  m,  \^ Formicatlo. ]  Certain 
mal  qu'on  fent  dans  les  jambes ,  comme  fi  elles 
étoient  couvertes  de  fourmis.  Danet. 

Pétillement ,  f.  m,  [  Scintillatio.  ]  L'aftion  de 
pétiller.  (Le  pétillement  des  yeux ,  du  feu,  du 
vin.  Danet.  ) 

Pétiller.,  v.  n.  [  Crepitu  peiflrepere.  ]  Ce 
mot  fe  dit  proprement  du  feu.  (J'elî  jeter  avec 
des  manières  d'étincelles.   (  Le    feu  pétille.  ) 

*  Pétiller.  [Scintillare.']  Briller,  éclater.  (On 
voit  pétiller  en  elle  je  ne  fai  quoi  de  brufque. 
Bcnfcrade.  ) 

*  PitilUr.  (^Micare.'\  Ce  mot  fe  dit  du  vin,  & 
fignifîe ,  étinceUr. 

Vrai  Dieu  !  que  le  vin  eft  bon , 
Qu'il  eft  frais  !   dans  mon  verre  il  pétille. 

Scarron,  Po'èjîcs^ 

Il  fe  dit  auffi  des  yeux  ,  &  fignifîe ,  qu  ils  font 
vifs  &  éclatans.  (  On  cflime  les  yeux  qui  pétillent. 
Il  pétille  d'impatience.  ) 

Petit,  Petite,  adj.  ÇParvus,  exiguus.^ 
Ce  mot  fe  dit  des  chofes  &  des  perfonnes,  & 
veut  dire,  qui  n'efl  pas  grand.  (Petit  lieu,  petit 
cabinet ,  petite  chambre  ,  petite  ville ,  petit 
homme,  petit  garçon,  pstite  femme,  petite 
£lle.) 

Petit ,  petite.  [  Minimus.  )  Qui  n'efl  pas  de 
conféquence.  {  Vous  ne  manquerez  de  recevoir 
ma  lettre ,  par  ce  bonheur  que  vous  dites  que 
vous  avez  dans  toutes  les  petites  chofes.  Foit. 
liv.  zz.  ) 

Petit ,  Petite.  [  Infans.  ]  Ce  mot ,  en  parlant 
d'enfant ,  veut  dire  ,  fort  Jeune.  (  J'etois  petit , 
quand  cela  arriva.  Il  eft  chargé  de  quatre  petits 
enfans.  ) 

*  C'eji  un  petit  efprit.  [  Parviim  &  médiocre 
ingenium.  ]  C'efl-à-dire ,  qui  a  peu  de  génie.  Qui 
n'eft  point  confidérable  pour  l'efprit. 

*  Tout  pttit  Prince  a  des  Ainbaffadeurs.  La 
Fontaine,  Fables,  liv.  i.  C'efl-à-dire  ,  Tout 
chetif  &  tout  pauvre  Prince.  Tout  Prjncs  peu 
confidérable. 

■*  Mon  petit  Monfleur ,  je  vous  trouve  plaifant. 
Ces  mots  fe  difcnt  en  colère ,  pour  marquer  à 
un  homme  qu'il  manque  de  refped  &  de  fens. 
(  Molière  a  écrit  :  mais  mon  petit  Monfitur , 
prenez-le  un  peu  moins  haut,  Voïez  Mifantrope  , 
Acîe  z.  ) 

Un  petit.  [  Paululum.  ]  C'efl-à-dire  ,  un  peu  , 
tant  foit  peu.  (  Aimez-moi  par  charité  un  petit. 
Foit.^  II  n'eft  plus  d'ufage. 

A  moins  d'être  Sofie , 
On  ne  peut  pai  favoir  tout  ce  qu'il  dit. 
Et  dans  l'étonncment  dont  mon  unie  eft  Caifie , 
Je  commence,  à  mon  tour,  à  le  croire.^/;  pciil. 

Molière.  ) 

•  Petit ,  petite  ,  adj.  [  Humilis.  [  Peu  confidé- 
rable en   comparaifon  d'un  autre  plus  grand. 


PET. 

(  N'en  déplaife  aux  Grands,  ils  font  petit  s  devant 
les    Dieux.  Benferade. 

Les  petits  en  toute  afaire 
Elquivent  fort  aifément  ; 
Les  grands  ne  le  peuvent  faire. 

La   Fontaine.  ) 

Petit  lard ,  f.  m.  [  Lardum  fatis  pingue.]  C'cft 
une  forte  de  lard  entre-lardé ,  &  qui  n'efl  pas 
épais  comme  le  lard  à  larder.  (  Le  petit  lard 
eft  excélent.  ) 

Petit  métier,  f.  rn.  [  Cruflulum  tortile.  ]  Pâte 
faite  de  farine ,  de  fucre  ,  d'œuf  &  d'eau , 
détrempez  enfemble ,  qu'on  fait  cuire  entre 
deux  fers  fur  un  feu  clair  ,  &  qu'on  roule 
enfuite  ,  fi  l'on  veut ,  en  petits  cornets.  (  Faire 
un   petit  métier.  ) 

Ce  mot  ,  petit,  fe  joint  encore  à  divers 
autres  mots ,  avec  lefquels ,  îl  change  un  peu 
de  fignifîcation.  (Petit  lait,  petite  oïe.  Le  petit 
doigt.  Le  petit  coucher.  Mon  petit  cœur.)  [  Meum 
corculum.  ]  (Petits  piez.  Etre  réduit  au  petit  pié. 
Petit  fils. 

Petit-Gris.  Sorte  de  fourrure  faite  de  peaux 
d'une  efpéce  de  rats  ou  d'écureiiils ,  dont  le  poil 
de  l'échinie  eft  d'un  très-beau  gris  cendré ,  & 
celui  de  la  queiie  &  du  ventre,  d'un  blanc 
tirant  un  peu  fur  le  gris.  (  Le  petit  gris  vient 
des  pais  froids,  fur  tout  de  la  Sibérie.) 

Petit-Gris,  fé  dit  auffi  d'une  efpéce  de  duvet, 
ou  petites  plumes  qui  fe  tirent  du  ventre  & 
du  defTous  des  aîles  de  l'autruche. 

Petit- Noir.  Sorte  de  plumes  noires,  qui 
proviennent  auffi  de  l'autruche. 

Petiti ,  f.  m.  [^Humiles.]  Le  Peuple.  le  petit 
Peuple. 

*  (On  voit  que  de  tout  tems. 
Les  petits  ont  pati  des  fotifes  des  Grands, 

La  Fontaine,  Fables,  liv.  i.  ) 

Petits ,  f.  m.  \^  Catuli ,  pulli.  ]  Mot  général  J 
dont  on  fe  fert  fouvent  pour  dire ,  les  animaux 
nouveau-nex  ,   qui  font  nourris  par  leur  mère. 

Petits  Choux  ,  f.  m.  [  Globulus  pifloriuS:  J 
PâtifTerie  faite  de  fleur  de  pur  froment,  d'œufs, 
de  fromage  &  d'un  peu  de  fel.  (Les  petits  choux 
font  bons.  ) 

■\  Petit  à  petit ,  adv.  \_Paulatim.'\  Peu  à  peu.' 
(Il  en  viendra  à  bout  petit  à  petit.  ) 

^f^  Voici  la  remarque  du  Père  Bouhours  fur 
le  mot  petit.  Petit ,  dit-il ,  joint  à  homme  ou  à 
jemmt ,  ne  fignifie  que  la  taille  ,  un  petit  homme, 
une  petite  femme  ;  &  quoiqu'en  dilant  c'e^  un 
plaij'ant petit  homme,  c'efl  une  bonne  petite  femme  , 
on  entendra  je  ne  fais  quoi  qui  marque  autre 
chofe  que  la  taille  ,  ce  qu'on  dit ,  a  quelque 
raport  au  corps ,  de  forte  qu'on  ne  dira  pas 
cela  d'un  homme  ni  d'une  femme  de  grande 
taille,  comme  on  dit  d'un  homme  de  petite 
taille ,  tel  qu'étoit  Alexandre ,  c'efl  un  grand 
homme.  A  la  vérité  ,  les  femmes  fe  traitent  quel- 
quefois entre  elles  de  ma  petite ,  quelques  grandes 
qu'elles  foient ,  mais  c'efl  par  un  jargon  d'amitié , 
qui  ne  mérite  pas  d'être  compté  entre  les 
cxpreffions  de  la  langue.  L'Auteur  de  l'Epître 
écrite  à  une  perfonne  de  la  Cour  fur  les  Conquêtes 
du  Roi ,  s'eft  fervi  du  mot ,  petit ,  pour  fignifier  , 
coumun  ,  ordinaire. 

Ce  n'eft  pas  fans  fujet  que  je  tiens  ce  propos. 

Sans  parler  du  ficcle  où  nous  fommes , 
Dans  les  fiécles  paflez  fouvent  de  grands  Héros 
Ont  été  de  nks-pctits  hommes. 

C'eft-à-dire  ,   comme    l'Auteur    l'explique   lui- 


PET. 

même ,  que  les  Héros  les  plus  fameux ,  qui  (c 
lignaloient  dans  les  combats  ,  qui  rempliflbient 
tout  le  monde  de  la  gloire  de  leurs  armes , 
étoient  Ibuvent  dans  la  vie  civile  &  par-tout 
ailleurs  des  hommes  du  commun  ,  qui  fe 
trouvoient  confondus  dans  la  foule.  Mais  petit 
joint  à  d'autres  noms  apcllatifs  ,  lignifie  ,  dans 
le  figuré  ,  peu  de  chofc ,  peu  de  mérite  ,  &C  cela 
fans  nul  raport  à  la  taille  :  petit  Prince,  petit 
peuple ,  petites  gens  ,  petit  Prophète ,  &c.  &  nous 
difons  en  riant  :  mes  petits  Meffîeurs ,  je  vous 
trouve  plaifans  ,  d'en  ufer  comme  vous  faites. 

•{•Petitement,  [  Modicè  ,  exiguë  ,  parce  , 
tenuiter.  ]  D'une  manière  petite  &  pauvre.  (  Il 
vit  petitement. 

Nôtre  Do£leur  régaloit  fa  moitié  , 
Petitement  ;  enfin  c'étolt  pitié. 

La  Fontaine.  ) 

Petitesse,  f.  f.  \_Staturcz  brevitas.  Petite 
taille.  (  Ma  petiteffe  m'a  été  reprochée  plulieurs 
fois.  Voit.  l.  32.). 

*  La  petiteffe  de  Vefprit  fait  C  opiniâtreté.  S^Exi- 
guitas  ,  tenuitas  ingenii.  ]  Mémoires  de  AI.  le  Duc 
de  la  Roche-Foucaut. 

(  Etre  aujourd'hui  grandeur,  &  demain,  pcti.'ejfc, 
C'eft  le   commun  deftin  des  Grands  par  cas  fortuit. 

Buurf.  Efop.  ) 

Petiteffe,  fignifie  auffi  ,  modicité;  &  en  fens  , 
on  ne  le  dit  guéres  qu'en  parlant  de  dons ,  de 
préfens.  (  J'ai  égard  à  la  bonne  volonté ,  6c  non  à 
la  petiteffe  du  don.) 

Petiteffe ,  le  dit  pour  minutie ,  bagatelle.  (  Il  eft 
plein  de  petiteffe.  ) 

•{•PE'TiTiON,yi/.  [  Petitio  ,  poflulatum.  ] 
Prononcez ,  péticion.  Ce  mot  vient  du  Latin  , 
petitio,  qui  fignifie  ,  demande,  mais  il  n'eft  pas 
en  ufage  en  ce  fens  général. 

Il  eft  ufité  dans  les  Mathématiques  ;  où  il 
fignifie ,  une  demande  claire  &  intelU'fible  ,  dont 
l'exécution  &  la,  pratique  ne  requièrent  aucune 
demonpration.  (  La  Géométrie  eft  établie  fur  les 
définitions  ,  les  axiomes  &  les  pétitions.  Les 
pétitions  fervent  de  difpofition  à  la  Géométrie 
pratique.  Le  Clerc  ,  Principes  de  Géométrie.  ) 

f  Pétition.  [  Poflulatio ,  poflulatum.  ]  Terme  de 
Palais.  Demande  ou  adion  en  Juftice.  La  plus 
pétition ,  c'eft  une  demande  plus  grande  qu'on 
ne  la  doit  faire  de  droit. 

\  Pétition  de  principe.  \Petitioprïncipii.'\  Terme 
de  Logique.  Il  fe  dit ,  lorfqu'on  fupofe  &  met 
pour  chofe  certaine,  ce  qui  ne  l'cft  pas,  &  qni 
a  befoin  de  preuve.  Logique  de  Port-Roial.  J'. 
Partie. 

•f  P  e't  i  T  o  I  R  E  ,  y!  w.  [  Petitoria  difceptatio.  ] 
Terme  de  Palais.  Aftion  par  laquelle  on 
demande  la  propriété  de  quelque  chofe.  Il  eft 
opofé  à  pojfeffoire.  (  Il  faut  juger  le  poffeffoire 
avant  le  pétitoire.  ) 

|3"Lorfque  le  poffeffeur  d'un  fonds  eft  troublé 
dans  fa  poffeffion  ,  ou  qu'il  en  eft  chaffé  par 
force ,  il  fe  pourvoit  au  Juge  Roial  du  lieu  en 
complainte  contre  celui  qui  l'a  troublé  ,  pour 
être  maintenu  ou  rétabli  dans  fa  poffeflîon. 
L'inftance  étant  liée  ,  on  contefte  fur  le  poffef- 
ffoire ,  pour  favoir  qui  des  deux  reftera  en 
poffeffion  du  fond  pendant  la  conteftation  fur 
ce  pétitoire  :  ce  préalable  eft  fondé  fur  la 
neceffué  de  réglerla  poffeffion  momentanée,  afin 
«l'éviter  que  les  parties  n'en  viennent  aux  armes 


PET.  1 1 9 

pour  jouir.  Jufqu'A  ce  que  le  fond  de  l'ataire 
foit  décidé  ,  celui  des  deux  qui  a  joui  pendant 
la  dernière  année,  eft  maintenu;  ainfi  c'eft  une 
régie  générale  que  l'on  ne  peut  point  acumuler 
le  pétitoire  &c  le  poffeffoire.  On  apelle,  pétitoire, 
l'aftion  réelle  que  l'on  a  fur  le  fond  dont  il 
s'agit.  L'Ordonnance  de  1667,  Tit.  iS.  explique 
cette  matière. 

•{•  Peton,/  m.  \_Pediculus.'\  Mot  burlefque 
qui  eft  fouvent  en  la  bouche  des  nourrices,  & 
qui  veut  dire ,  pié.  {  Ah  les  beaux  petits 
petons  !  ah  ,  que  j'en  fai ,  belle  nourrice  ,  qui 
fe  tiendroient  heureux  de  baifer  feulement  les 
petits  bouts  de  vos  petons  !  Molière,  Médecin 
malgré  lui,  Âcl.  3- ./<^-  J- ) 

Pétoncle,/;/  [  Petunculus.  ]  Efpéce  de 
petit  poiffon  à  coquille.  Rondelet.. 

Pétoncle.  Terme  de  Rocailleur.  Sorte  de  petite 
coquille  grlfatre  &  plate.  (  Une  petite  ou  groffe 
pétoncle.  Une  jolie  pétoncle.  ) 

Petreau  ,  yi  m.  Terme  de  Jardinier.  C'eft 
le  fûuvageau  qui  repouffe  du  pié  de  quelque 
arbre  que  ce  loit.  Ainfi  l'on  dit  que  les  pruniers 
repouffent  beaucoup  de  petreaux.  Quint.  Jardins 
fruitiers.  ) 

*  ?  ETKtE,  adj.  Plein  de  pierres,  mot  qui 
ne  fe  dit  qu'en  Géographie,  en  parlant  de  l'Al-abie, 
pais  fort  inculte,  féparé  de  l'Arabie  heureufe. 
(L'Arabie  petrée.  )  IPetroft.'] 

Petreol,  /  m.  \_Oleum  peirolinum.]  Ce 
mot  vient  de  l'Italien  ,  petrogUo.  C'eft  de  l'huile 
qui  fort  d'un  rocher.  Il  s'en  trouve  dans  l'Ile  de 
Zante,  &  dans  quelques  Iles  de  l'Archipel.  On 
dit,  le  petreol  &  riiuile  de  petreol.  (Ce  petreol 
eft  fort  inflammable,  &  l'on  s'en  fert  à  la 
compofition  des  feux  d'artifices  qui  brûlent 
dans  l'eau.  L  huile  de  petreol  a  une  odeur  forte 
&  défagréable  ) 

*Petricherie,/./[  Inflructus  pifcatorius.  ] 
Terme  de  Mer ,  qui  fe  dit  de  tout  l'apareil  qui 
fe  fait  pour  la  pêche  des  morues ,  comme 
chaloupes,  hameçons,  &c.  Ce  terme  a  été 
emprunté  des  Efpagnols ,  qui  apellent ,  petrechos, 
un  équipage  de  guerre  ou  de  chaffe. 

Pe'trification  ,  //  [/«  lapiJem^  converfio.'\ 
Ce  mot  en  terme  de  P/;7/,/tte ,  fignifie,  le  chan- 
gement qui  fe  fait,  quand  L'eau,  le  hais  ou  quelqu  autre 
corps  fe  convertit  en  pierre.  (La  pétrification  du 
bois  eft  dificile  à  expliquer.  ) 

Pétrification.  [Lupidea  tranfmutatio.]  Ce  mot 
fe  dit  auffi  pour  fignifier ,  les  corps  mêmes  qui 
ont  été  convertis  en  pierre.  (  H  y  a  des  cavernes 
où  l'on  voit  plufieurs  fortes  de  pétrifications. 
Les  cabinets  des  curieux  font  pleins  de  diverfos 
pétrifications.  ) 

P  e'  T  R  I F  i  £  r  ,  V.  a.  {In  lapidem  convertere.  ] 
Convertir  en  pierre.  (Il  y  a  de  certaines  fontaines 
qui  ont  la  vertu  de  pétrifier  de  certains  corps 
durs  qu'on  y  jette.  Roli.  Phyf  Ilfe  dit  figurément. 

*Quel  tort  lui  fais-je  enfin  ?  ai-je  par  un  écrit, 
Pétrifié  fa  veine ,  &  glacé  fon  efprit  ? 

De/préaux,  Sait  s-) 

C'eft-àdire,  ai-je  durci  fa  veine  ?  Suis-je  caufa 
que  Chapelain  fait  des  vers  durs ,  ^rudes  & 
laborieux,  &  qu'il  n'a  point  de  feu  d'efprit  ? 

Se  pétrifier,  v.  r.  [  Lapidefcere.  ]  Devenir  pierre. 
(  Phinée  fe  pétrifie  à  la  vue  de  Méduie.  Btnf  ) 

Pétrole,//;  Efpéce  d'huile  ou  de  bitume, 
dont  il  y  a  de  deux  fortes  ;  l'une  blanche  ,  & 
l'autre  noire.  L'une   &  l'autre  fo.al   incifiycs , 


iio-  PET.         PEU. 

pénétrantes  raréfiantes ,  rcfolutives  ,  atémiantes. 
Elles  réfiftent  au  venin,  chaffent  les  vers, 
font  (lifTiper  les  vents ,  &  fortifient  les  nerfs. 

P 1  T  u  1.  A  N  c  p ,  y!  /  [  PauLanda.  ]  Mot  qui 
eft  pris  du  Latin  ,  &  qui  veut  dire  ,  une  manicn 
d'agir ,  où  il  y  a  de  Cernporumtnt  ,  de  l'in/blence 
&  de  rcfiontirii ,  &  qui  regarde  Us  actions  &  les 
paroles.  (C'étoit  un  autre  Lucien  par  fes  bons 
mors ,  par  fa  raillerie  ,  &C  par  fa  pétulance  (ans 
pareille.  Maucroix,  Schifme  d'Angleterre ,  l.z. 
page  294.) 

Pi-'ruLANT,  Pe'tulante,  aJj.  [Petulans.] 
Mot  tiré  du  Latin ,  fignifiant ,  qui  a  de  la 
pétulance ,  qui  a  une  forte  de  conduite  emportée  6* 
infolente.  (Un  efprit  pétulant.  Humeur  pétulante.) 

P  e'  T  U  L  E  M  M  E  N  T  ,      adv .      [  Afpiic.  ]      AvCC 

pétulance.  (Agir  pétulamment. ) 

Petun,  /  m.  \^Petunum,  tabacum,  ]  Tabac. 
(  Prendre  du  petun.  )  II  n'y  a  guère  que  les 
Américains  qui  nomment  ainfi  le  tabac. 

Petuner  ,v.  «.  [  Tahacifumum  ore  naribusque 
excipere.  ]  Prendre  du  tabac.  Fumer  avec  la  pipe.) 

(Aujourd'hui  l'aveugle  Fortune 
Eft  pour  qui  boit ,  pour  qui  peiune. 

Scar.   Foéf.) 

PEU. 

Peu,  adv.  \_Pan\m  ,  paululiim.  ]  Qui  fignifie  , 
En  petit  nombre ,  en  petite  quantité.  (  Il  a  peu  de 
bien.  Il  a  peu  d'argent.  Il  y  a  peu  de  queftions , 
où  vous  ne  trouviez  que  l'un  dit  oiii ,  &  l'autre 
dit  non.  ) 

Un  peu  ,  adv.  [  Parum.  ]  (  Cela  eft  un  peu 
ridicule.  Cela  eft  un  peu  fort.  )  Voïez ,  plus  bas , 
le  mot  peu ,  pris  fubftantivemcnt. 

Un  tant  foit  peu ,  adv.  [  Parum.  ]  (  Donnez 
m'en  un  tant  foit  peu.  ) 

Un  peu  moins  ,  adv.  [  Pnulh  minus.  ]  (  II  y  a 
un  peu  moins  que  vous  ne  dites  ) 

Un  peu  plus,  [  Paulb  magis.  ]  Un  peu  davantage. 
(  Il  y  a  un  peu  plus  que  vous  n'avez  écrit.  ) 

Un  peu  aprh,  [  Paulà  pofl.  ]  Prefque  aufli-tôt. 
(Il  eft  venu  un  peu  après.) 

Un  peu  auparavant  ,  adv.  [  Paulà  anteà,  ] 
(  Cela  eft  arrivé  un  peu  auparavant.  ) 

Peu  à  peu ,  adv.  [  Paulatim.  ]  Infenfiblement. 
(  On  devient  bon  ou  méchant  peu  à  peu.  ) 

A  peu  prks.  [  Ferme ,  ferè.  ]  Prefque.  En  partie. 
(  Je  vous  raporterai  à  peu  près  la  fubftance  de 
fon  difcours.  Faug.  Rem.  ) 

Peu  s'en  faut  que,  [Parum  abefi  ut.'\  Sorte  de 
conjonftion  qui  régit  le  fubjonftif.  (Peu  s'en 
faut  que  je  ne  dife  que  les  hommes  font  fous , 
de  fe  donner  tant  de  peine ,  &  de  faire  mille 
bafl'effes  pour  amaffer  du  bien  ,  quand  une  fois 
il  en  ont  autant  qu'il  en  faut  pour  vivre 
honnêtement.  ) 

Peu  fouvent,  adv.  [  Rarh.  ]  Afl"ez  rarement. 
(  Il  arrive  peu  fouvent  que  l'amitié  qui  eft  entre 
les  hommes  foit  de  longue  durée  ,  parce  qu'elle 
n'a  d'ordinaire  pour  fondement  que  le  feul 
intérêt.  ) 

Tant  foit  peu  ,  adv.  [  Pauiifper.  ]  Confidérez 
tant  foit  peu  ce  que  c'eft  que  la  colère  ,  &  vous 
ne  vous  y  abandonnerez  pas  facilement. 

*  Quelque  peu.  C'eft  la  même  chofe  que  tant 
foit  peu. 

iUn  Païen  qui  fentoit  quelque  peu  le  fagot , 
t  qui  croioit  en  Dieu ,  pour  ufer  de  ce  mot , 
Par  bénéfice  d'inventaire  , 
Alla  confulter  Apollon. 

La  Font.  ) 


PEU. 

Peu  ,  fm.  Ce  mot  eft  quelquefois  fuhflantif^ 
&  il  a  divers  fens.  Lorfqu'il  fignifie  peu  de  chofe  , 
&  qu'il  eft  le  nominatif  du  verbe  ,  il  veut  le 
verbe  au  fingulier.  Mais  lorfqu'il  fignifie  un  petit 
nombre  ,  &  qu'on  fous-entend  un  génitif  pluriel 
après /'^K  ,  il  demande  le  verbe  an  pluriel.  (Faites 
part  aux  pauvres  &  avec  joie  de  ce  peu  que 
vous  avez.  [Parvurn.]  Peu  avec  la  juftice  vaut 
mieux  que  de  grands  biens  avec  l'iniquité.' 
Proverbes  de  Salomon ,  c.  i5.  Peu  agiffent  ron- 
dement, c'eft- à -dire,  peu  de  gens  en  ufent 
fincérement.  [  Pauci.  ]  Le  monde  fe  paie  de 
paroles  ,  peu  aprofondifferff  les  chofes.  C'eft- 
à-dire  ,  peu  de  perfonnes  fe  donneat  la  peine 
d'examiner  les  chofes.) 

*  Peucedanum.  Plante  qu'on  apelle  autrement 
Queue  de  pourceau. 

Feuille,//;  Terme  de  Monnaie.  Morceau 
de  pièces  de  monnoie  que  l'Eftaïeur  a  rompues 
pour  en  faire  effai.  (  Voilà  une  peuille.  Amafler 
les  peuilles.  ) 

Selon  Bo'izzrd  ,  pag.  14c).  les  Ordonnances 
veulent  que  des  quatre  peuilles  coupées  par 
l'Effaïeur  ,  il  en  laiffe  une  aux  gardes ,  &  une 
autre  au  maître  ,  &  qu'il  fe  charge  des  deux 
autres  ,  dont  il  garde  l'une  ,  &  l'autre  lui  ferve 
à  faire  l'effai.  Chacune  des  trois  peuilles  doit 
être  enclofe  dans  du  papier ,  celles  des  gardes 
eft  cachetée  par  l'Effaïeur  ,  celle  du  maître  par 
les  gardes  &  par  l'Effaïeur  ,  &  fur  chacune  on 
doit  marquer  la  quantité,  le  poids,  l'aloi  &  le 
jour  de  la  délivrance  :  l'Ordonnance  ajoute  :  6c 
feront  les  trois  peuilles  gardées  jufqu'après  le 
jugement  des  boëtes. 

Peuplade,/;/  [  Colonia.  ]  Gens  envoïer 
d'un  pais  pour  peupler  un  lieu  particulier.' 
Colonie  de  gens  qu'on  envoie  pour  peupler  un 
lieu.  (  Envoler  des  peuplades  en  quelque  lieu. 
Ablancourt.  ) 

Il  fignifie  auffi  le  lieu  où  l'on  a  fait  quelque 
peuplade.  (  On  a  envolé  un  Gouverneur  &  des 
Miffionnaires  dans  les  peuplades  du  Canada, 
Incolœ.  ) 

Peuple, /ot.  [ Populus ,  gens.  }  Ce  mot  en 
général  fignifie  une  multitude  de  perfonnes  qui 
habitent  dans  un  même  lieu  ,  en  y  comprenant 
les  perfonnes  de  qualité  &  autres.  (  Ainfi  on 
dit ,  il  y  a  bien  du  peuple  à  Paris.  Il  y  a  une 
infinité  de  peuple  à  Paris. 

Ce  n'eft  que  fur  fjs  ennemis 
Qu'on  entend  gronder  le  tonnerre  i 
Les  peuples  qui  lui  font  fournis 
•    Sont  les  plus  heureux  de  la  terre. 

Rec.dtBouh.) 

Peuple ,  f.m.  Ce  mot  fe  prend  dans  un  fens 
vague  ,  pour  dire  ,  tout  le  corps  du  peuple ,  fans 
y  comprendre  ce  qu'on  apelle  gens  de  qualité 
&  les  gens  qui  ont  de  l'efprit  &  de  la  politeffe; 
C'eft  en  ce  fens  que  d' Ablancourt  a  écrit  que 
le  peuple  était  amoureux  de  la  nouvtauté. 

Je  vois  courir  le  peuple ,  &  je  lis  dans  fes  yeux  , 
Que  Loiiis  eft  viflorieux. 

J>esh.) 

Peuple.  [Cives fparceciani,']  Ce  mot  fe  prend 
auflî  dans  un  fens  plusrefferré,  pour  dire  toutes 
les  perfonnes  qui  font  d'une  même  Paroiffe. 
(  S.  Euftache  eft  la  Paroiffe  de  tout  Paris  où  il 
y  a  le  plus  de  peuple.  ) 

Le  petit  peuple.  [  Plebecula  ,  plebs  infima.]  C'eft 
toute  la  racaille  d'une  Ville.  C'eft  tout  ce  qu'il 


PEU. 

y  a  de  gens  qui  ne  font  pas  de  qualité  nî  boiir-    , 
geois  ailez,    ni  ce  qii  on  apelle  honnêtes  gens. 
(Le  petit  peuple  eft  méchant. ) 

Ce  petit  peuple  en  étoit  curieux 
Et  chetchoit  à  lui  faire  outrage. 

Rec.  de  Bou/i.) 

•^  Peuple  poétique.  \_Plehs po'étarum.'\  C'eft-à- 
dire,  la  mirttitiide  des  petits  Poètes.  (  H  y  va 
de  l'honneur  de  vous  autres  héros  du  Parnaffe 
de  ne  point  foufrir  qu'on  outrage  le  peuple 
poétique.  ) 

*  Peuple.  {Fulgus.'\  Ce  mot  fe  dit  au  figuré 
dans  un  fens  aflez  nouveau.  (  Il  faut  être  bien 
peuple  pour  fe  laiffer  ébloiiir  par  l'éclat  qui 
environne  les  Grands.  Les  Princes  Lorrains 
avoient  fi  bonne  mine  ,  qu'auprès  d'eux  les 
autres  Princes  paroiffoient />««//£  ,  c'eft-à-dire, 
bourgeois.  Nouvelles  Remarques  fur  la  langue.  En 
ce  fens  il  eft  vrai  de  dire  que  dans  toutes  les 
conditions  il  y  a  des  gens  qui  font  peuple  ,  & 
qu'on  en  trouve  fans  nombre  depuis  le  Prince 
jufqu'au  Savetier.  ) 

Ç^  Racine  a  dit  dans  fon  EJîlier ,  act.  i.fc.  i. 

Qui  pourroit  cependant  t'exprimer  les  cabales 
Qui  formoit  en  ces  lieux  ce  peuple  de  rivales. 

*  Peuple  ,  fe  dit  auflî  du  petit  poiffon  qu'on 
acheté  pour  alviner  un  étang.  (  On  a  obligé  ce 
fermier  à  mettre  deux  milliers  de  peuple  dans 
cet  étang,  ) 

Peupler  ,  v.a.  [  Urbem  civibus  frequentare,'\ 
Remplir  Ae  peuple.  Mettre  des  gens  dans  un  lieu 
pour  l'habiter.  (  On  dit  qu'un  des  fils  de  Caïn 
peupla  l'Ethiopie.  Abl.  Marmol.  ) 

Peupler,  v.  n.  \^Propagare.'\  Ce  mot  fe  dit 
fouvent  entre  marchands  de poijfons  dans  un  iens 
neutre ,  &  fignifie  multiplier.  (  La  carpe  peuple 
fort.  )  ^  . 

On  dit  znffi  peupler  un  étang ,  peupler  une  vigne, 
peupler  un  bois. 

*  Peupler ,  v.  a.  Terme  de  Charpentier.  Garnir 
de  pièces  de  bois  convenables  ,  les  parties  vuldes 
d'un  bâtiment.  (Il  faut  trente  folives  pour  peupler 
ce  plancher.  ) 

Peupler.  Terme  de  Manufacture.  Peupler  une 
étofe  en  boutons  ;  c'eft  la  friïer ,  foit  par  l'envers 
comme  certains  draps ,  foit  par  l'endroit  comme 
des  ratines. 

*  P  E  u  p  L  e'  ,  P  E  u  F  L  e'e  ,  [  Populis  ficquens  , 
populo  fus.  ]  Lieu  où  il  y  a  beaucoup  àt  peuple. 
(  La  France  eft  très-peuplée.  Opéra  peuplé  de 
mille  Dieux.  P errant.  ) 

P BvvtïiTL  ,  f.  m,  [ Populus. ]  Il  y  a  deux 
fortes  de  peupliers  ,  un  blanc  &  un  noir.  Le 
peuplier  blanc  eft  un  arbre  grand  &  haut ,  qui  a 
le  tronc  gros  ,  l'écorce  des  branches  liiTe  & 
blanchâtre ,  fon  bois  eft  blanc  &  tendre  ,  &  fcs 
feuilles  comme  celles  de  la  vigne.  Le  peuplier 
noir  eft  celui  qu'on  apelle  ordinairement  tremble. 
Voiez  Tremble.  (  Le  peuplier  aime  les  lieux 
marécageux.  Dal.  ) 

L'écorce  An  peuplier  blanc  e^àéKQrÇwe  ,  propre 
pour  la  fciatique  ,  pour  la  dificulté  d'uriner ,  &c 
pour  la  brûlure  :  on  s'en  fert  ext^euremcnt. 
Les  feiiilles  du  peuplier  noir  font  propres  pour 
adoucir  les  douleurs  de  la  goutte,  en  les  apliqnant 
fur  la  partie  malade. 

P  E  u  R  ,y;  /;  [Timor  ,  metus.l  II  vient  du  Latin 
pavor,  &  l'on  dil'oit  anciennement/i.7i.'«r.  Crainte, 
^préhenfion.  Fraieur.  (Avoir  peur.  Donner  de 
Tome   m. 


PEU.     P  H.     P  H  A.     izï 

la  peur  à  quelqu'un.  La  peur  le  faifit ,  &  il  fe 
troubla  fi  l'on  qu'on  ne  le  put  jamais  remettre. 
Trembler  de  peur.  Abl.  ) 

Une  fervile  peur  tient  lieu  de  charité  , 

Le  befoin  d'aimer  Dieu  pafle  pour  nouveauté. 

Defp.) 

La  plus  légère  peur  corrompt  les  cœurs  timides  ; 
Et  des  plus  vertueux  lait  fouvent  des  perfides. 

Qrsh.  Trjg.  de  Catil.  a.  J.fi.  J.' 

Avoir  peur  de  fon  ombre.  [  Umhram  timere.  ] 
C'eft-à-dire  ,  avoir  peur  de  rien.) 

De  peur  de.  [  A'i;.  ]  Sorte  de  conjonction  qu* 
régit  le  verbe  à  l'infinitif.  (  Quand  on  n'eft  pa^ 
habile  ,  le  plus  fur  eft  de  peu  parler  ,  de  peur 
de  faire  connoître  fon  foible.  ) 

Charles  VII.  s'abftint  de  manger  par  la  crainte 
d'être  empoifonné  ,  &  fe  laiffa  mourir  ,  At  peur 
de  mourir.    Farillas. 

De  peur  que.  [  Ne.  ]  Conjonction  qui  demande 
le  verbe  au  fuhjonclif.  (  Le  plus  fiir  c'eft  de  ne 
point  parler  des  Grands  ,  de  peur  qitWs,  ne  fe 
vengent  fi  on  en  parle  mal  ,  &  qu'ils  ne 
s'ofenfent  fi  on  n'en  parle  pas  avec  toute  la 
bonne  opinion  qu'ils  ont  fouvent  tout  feuls 
d'eux-mêmes.) 

Peureux  ,  Peureuse,  adj.  \^Pavidus.\  Qui 
craint.   (  Il  eft  peureux.  Elle  eft  peureufe. 

Aminte  ,  tu  me  fais,  &  tu  me  fuis  ,  volage  , 
Comme  le  fan  peureux  de  la  biche  fauvage. 

Ségrais,  Eglogue  4.  ) 

Peureux  ,  peureufe.  \Sufpicax  ,  fujpiciofus.]  Ce 
mot  fe  dit  des  chevaux  ,  &  veut  dire  ombrageux. 
(  Cheval  qui  eft  peureux.  ) 

Perraut   apelle   une   bande  de  canards ,   un 

efcadron  peureux. 

.  (Et  le  coup  qu'à  fleur  d'eau  l'on  tire 
Difperfe  l'efcadron  peureux. 

_  Perr.  ) 

Peut-être  ,  adv.  [Fortaffe  ,  forfitan  ,  forte.  ] 
Par  hazard.  Ménage  avoiie  en  quelque  endroit 
de  fes  ouvrages  qu'il  n'a  point  de  génie  pour 
les  vers  ,  &  cela  eft  peut-être  plus  vrai  qu'il  ne 
le  dit. 

P  H. 

Ph.  Ces  deux  lettres  P  &  ^jointes  enfembla 
fe  prononcent  comme  une  F. 

Il  y  a  quelques  mots  ,  qu'on  écri voit  par /"/z , 
félon  leur  étimologie  ,  que  plufieurs  écrivent  à 
préfent  par  une  F,  On  les  trouvera  en  leur  rang, 

P  H  A. 

Phaeton,  f  m.  [Phaeton.l  Fils  du  Soleil 
&  de  Climéne.  (Phaëion  fut  téuéraire,  mais  il 
fut  auffi  malheureux. 

Croïez-moi ,  Seigneur  Thaëton , 
C'eft  en  Dieu  de  bon  fens  ,  qu'avec  vous  je  m'explique  ,' 
Ne  prenez  point  un  fi  haut  ton  , 
En  chofe  problC-mati.juc. 

Bourfaut.  ) 

^^  Quelques  Auteurs  croient  que  la  fable  de 
Phaëton  renferme  une  vérité  hiftorique  ,  & 
plufieurs  autres  font  perfuadez  qu'elle  eft  une 
image  Ingcnieufe  de  la  témérité  des  ambitieux  , 
qui  s'expofent  aux  plus   grands   dangers  pour 

Q 


111  P  H  A. 

aqitérir  ou  des  rlcheffes  ou  de  la  gloire  ;  les 
premiers  clifent  que  l'on  a  entendu  parler  de 
quelques  chaleurs  excelTives  ,  qui  embraferent 
la  terre  &  en  confumerent  les  fruits.  Les  autres 
foutiennent  qu'il  y  a  eu  un  Prince  du  nom  de 
Phaëton,  lequel  en  fe  promenant  dans  fon  char 
fur  le  rivage  du  Pô  ,  y  fut  noie.  Zetzes  traite 
de  fable  tout  ce  qu'Ovide  a  raconté  dans  fes  Mé- 
tamorphofes  de  l'aventure  malheureufe  de  Phaë- 
ton :  mais  il  ne  nous  aprend  point  la  caufe  du 
malheur  arrivé  A  ce  Prince ,  qui  n'eft  pas  moins 
fabuleux  que  celui  d'Ovide.  Il  me  femble  que 
l'on  doit  regarder  cette  avanture  ,  comme  une 
allégorie  dans  toute  fon  étendue  ,  &  il  eft  aifé 
d'en  comprendre  le  fens  caché  fous  des  fiftions 
qui  peuvent  fervir  de  leçons  &  d'exemples  aux 
ambitieux.  On  a  inventé  depuis  quelque  tems 
une  ei'péce  de  voiture  que  l'on  a  apellée  Phacton, 
parce  qu'elle  reffemble  en  quelque  manière  aux 
Chars  que  les  Peintres  ont  accoutumé  de  repré- 
fenter  quand  ils  peignent  la  chute  de  Pha'éion, 
En  ce  fens ,  un  Phacton  efl  une  petite  calèche 
découverte  ,  fort  légère  ,  &  portée  fur  deux 
roues. 

P  H  A  G  e'd  f.'n  t  Q^u  E  ,  adj .  Epitéte  qu'on  donne 
aux  ulcères  malins  qui  mangent  &  rongent  les 
parties  voifmes.  On  apelle  encore  i£u  phagédé- 
niqui ,  une  eau  de  chaux  dans  laquelle  on  a 
mêlé  du  fublimé  corrofif ,  &  qui  efl  propre  à 
^yjkii'ix  \ts  v\cii^%  phagidéniquts ,  aies  déterger, 
à  confumer  les  chairs  baveufes  &  fuperfluës. 
Ce  mot  vient  de  Çi>»  je  mange. 

Phalange,/,  y;  [  Phalanx':  ]  Terme  de 
Milice  Gréque.  C'étoit  l'infanterie  des  Grecs 
péfanment  armée.  Abl.  Traité  de  la  bataille  des 
Romains.  D'autres  difent  que  la  phalange  étoit 
un  corps  d'infanterie  de  huit  mille  hommes. 

[  Mais  lorfqu'à  vaincre  tout  fes  Phalanges  font  prêtes  , 
Le  Ciel  avec  fes  jours  termine  fes  conquêtes. 

Rec.  de  i' Acad.  1707.) 

La  phalange  étoit  un  corps  de  feize  mille 
hommes  rangés  fur  feize  de  profondeur  ,  quand 
les  Romains  portèrent  la  guerre  en  Macédoine. 
Elle  étoit  invincible  ,  dit  Polybe  ,  tant  qu'elle 
dtmeuroirunie  ,  mais  il  étoit  rare  ,  qu'occupant 
vingt  flades ,  c'eft-à-dire  ,  une  lieuë ,  elle  trouvât 
im  tcrrcin  qui  lui  convînt. 

*  Phalange ,  efl  aulfi  un  petit  Infefte  venimeux. 
Les  Médecins  apellent  phalanges  les  rangs  & 

difpofitions  des  doigts  de  l'homme. 

Phalangium,/ot.  [  Phalangium.'\  Plante 
qui  pouffe  fes  feiiilles  dès  fa  racine  ,  &  dont  les 
fleurs  font  blanches  ,  &  le  fruit  rond. 

*  P  H  A  L  A  R  1  s.  [Phalaris  major.]  Plante  dont 
le  fuc  eft  bon  contre  les  douleurs  de  la  vefîie. 

P  H  A  L  E  u  Q.U  £ ,  adJ.  [Phaleuci  ver/us.]  Terme 
de  Pocjîe.  Efpéce  de  vers  qui  a  cinq  pieds 
communs  ,  un  fpondée  ,  un  daftile  ,  &  trois 
trochées.  (Les  vers  de  Catule  font  phaleuqucs.) 

PhantÔme.   Voicz  Fantôme. 

Se  former  des  phantômes  ,  ow  fantômes.  Patru, 
plaid.  2.   C'cft-à-dirc  ,  fe  former  des  chimères. 

Pharaon,/;  m.  Jeu  de  Cartes.  (Jouer  au 
Pharaon.  )  Ce  jeu  a  été  défendu  par  plufieurs 
Ordonnances. 

Phare,/:  m.  [Phan/s.']  Ce  mot  vient  du 
Grec pharos ,  que  les  Latins  ont  rendu  en  leur 
langue  par  celui  depharus,  les  François  j)ar  celui 
de  Feu  ,  de  Fanal,  ou  de  Phare.  Les  Efpagnols 
apellent  le  phare  farol ,  &  les  Italiens  fl-iale. 
Ce  qu'on  nommoit  autrefois  phare  étoit  une  tour 


P  H    A. 

fur  un  rocher  dans  une  Ide  de  ce  nom ,  bâtie 
par  Ptolomée  Philadelphe  ,  où  l'on  alumoit  des 
feux,  afin  que  ceux  qui  navigeoient,  puffent 
régler  fùrement  le  cours  de  leurs  vaiffeaux. 
Aujourd'hui ,  par  raport  à  cet  ancien  phare  , 
on  apelle  de  ce  nom  une  tour  qui  efl  élevée 
fur  la  côte  ,  &  dont  le  haut  porte  un  fanal 
qu'on  allume  la  nuit ,  pour  montrer  la  route  aux 
vaiffeaux ,  &  les  empêcher  de  dflnner  contre 
la  côte. 

!Ç3^  Le  mot  phare  efl  rude  ,  &  même  peu 
connu  ;  on  ne  doit  point  l'emploïer  au  figuré  , 
à  l'exemple  de  M.  Godeau  dans  une  Ode  au 
Roi  Loins  XIII. 

Loiiis ,  permets  moi  de  le  dire  , 
Tu  reçus  un  grand  don  des  Cleux , 
Lorfqu'ils  te  donnèrent  l'Empire 

Su'avoient  poffédé  tes  aïeux, 
ais  c'eft  une  grâce  plus  rare 
D'avoir  aujourd'hui  pour  ton  p/iare 
Un  Richelieu  dans  tes  Etats , 
Ses  confeils  te  donnent  le  titre 
D'apui,  de  vengeur  &  d'arbitre 
Des  peuples  &  des  Potentaw. 

Ph  A  R I  eu  M.  Poifon  dont  parle  Diofcorîde  ; 
mais  on  ne  fçait  aujourd'hui  ce  que  c'eft. 

Pharisiens.   [  Phari/ki.  ]    Seâaires  parmi 
les  Juifs  ,  qui  faifant  profeffion  d'obferver  exté- 
rieurement la  loi ,  étoient  fort  méchans  au  fond 
du  cœur.    On  trouve  leur  portrait  dans  l'Evan-i 
gilede  S.  Mathieu,  ch.  23.  Le  Seigneur  parlant  ^ 
au  peuple  &  à  fes  Difciples  dit  :  »Les  Scribes 
»  &  les  Pharifiens  font   aflis  fur  la  chaire  de 
»  Moife  :  obfervez  donc  &  faites  ce  qu'ils  vous 
»  difent  :  mais  ne  faites  pas  ce  qu'ils  font;  car 
»  ils  difent  ce  qu'il  faut  faire  ,  &  ne  le  font  pas  ; 
»  ils  lient  des  fardeaux  pefans  Se  infuportables  , 
»  &  les  mettent  fur  les  épaules  des  hommes, 
»  &  ils  ne  veulent  pas  les  remuer  du  bout  des 
»  doigts.  Ils  font  toutes  leurs  aftions  afin  d'être 
»  vus  des  hommes  ,  c'efl  pourquoi  ils  portent 
»  les  paroles  de  la  Loi  écrites  dans  des  bandes 
»  de  parchemin  plus  larges  que  les  autres ,  & 
»  ont  aufîi  des  franges  plus  longues  ;  ils  aiment 
»  les  premières  places  dans  les  feflins  ,  &  les 
>>  premières  chaires  dans  les  Synagogue»  ;  ils 
»  aiment  qu'on  les   falue  dans  les  places  publi- 
»  ques  ,  &  que  les  hommes  les  apellent  Maîtres. 
II  finit  le  portrait  par  ce  trait  qui  doit  èfraïer 
ceux  qui  fuivent  aujourd'hui  les  traces  des  Pha- 
rifiens  :   »  Mais  ,   malheur  à  vous  Scribes  & 
»  Pharifiens  hipocrites  ,  parce  que  vous  fermez 
»  aux  hommes  le  Roïaume  des  Cieux  ;  car  vous 
»  n'y  entrez  point  vous-même  ,  &    vous  n'en 
»  permetez  pas  l'entrée  à  ceux  qui  défirent  d'y 
»  entrer.  Malheur  à  vous  Scribes  &  Pharifiens 
»  hipocrites  ,  parce  que  fous  prétexte  de  vos 
»  longues  prières  ,  vous  dévorez  les  maifons 
»  des  veuves  ,  &c. 

Pharmacie,  ff  [  -^rs  medicamentaria.  ] 
Mot  originairement  Grec ,  qui  veut  dire  l'art 
de  guérir  par  des  remèdes.  Il  y  a  deux  fortes 
de  pharmacie,  la  Galénique  &  la  Chimique.  La 
pharmacie  Galénique  efl  la  partie  de  la  Médecine 
qui  enfeigne  le  choix  ,  la  préparation  &  la 
mixtion  de0médicaniens.  La  pharmacie  Chimique 
efl  un  art  qui  enfei(»ne  à  réfoudre  les  corps  mixtes, 
à  divil'cr  &c  à  connoître  les  parties  dont  ils  font 
compofez  pour  en  (cparer  celles  qui  font  mau- 
vaifes ,  en  exalter  les  bonnes  &  k  s  unir  lorfqu'U 
efl  befoin.  (La  matière  de  la  pharmacie  efl  le 
remède  ,  fonfujet  le  corps  humain  ,  &  fa  fin  la 


P  H  A.     P  H  E. 

connoiffance  des  remèdes  &  la  fanté.  Les  prin- 
cipes de  la  pharmacie  Chimique  font  le  foufre  , 
le  mercure,  le  phlegme  &  la  terre.) 

P  H  A  R  M  A  c  I  EN  ,/.  m.  [PharmacopoLt.l  Celui 
qui  {çà'it  la  p/iarmacu.  (Il  eft  bon  Pharmacien. 
C'eft  un  excélent  Pharmacien.  Le  Pharmacien  a 
une  double  fin  :  La  première  ,  c'eft  la  vraie 
connoiffance  &  la  parfaite  préparation  du  médi- 
cament, la  deuxième  ,  c'eft  la  fanté  de  l'homme, 
pour  laquelle  le  Pharmacien  choifit  ,  prépare 
&  mêle  tous  les  médicamens.  Ckaras,  Phar.  i. 
p.  c.z.) 

Ph  AR  M  acope'e  ,f.f.  [Pharmacoptea.]  Livre 
qui  donne  la  connoiffance  de  la  pharmacie.  (  La 
Pharmacopée  de  M.  Charas  eft   bonne.) 

Pharmacopole,  Terme  de  Jéri/îon.  Qui 
fe  dit  d'un  Apoticaire  qui  prépare  &  qui  vend 
les  remèdes, 

Phar  1  NX.  Terme  à'^natomie.  Partie  de  la 
bouche  ou  commence  le  conduit  qui  va  à 
l'eftomac. 

Pharyngotome,/.  m.  Inftrument  de  Chi- 
rurgie dont  on  fe  fert  pour  fcarifier  les  amygdales 
euflammées  &  gonflées  ;  ou  pour  ouvrir  les 
abcès  dans  le  fond  de  la  gorge. 

Phase  ,  f.  f.  \_PhaJîs  ,  apparennaA  Terme 
^ Aflronomk.  Ce  mot  eft  Grec ,  &  il  fignifie 
toutes  les  diférentes  aparences  des  Aftres  par 
raport  au  Soleil  &  à  la  Terre  :  mais  particuliè- 
rement de  la  Lune  &  de  Venus  ;  qui  paroiffent 
dans  une  rondeur  parfaite  ,  &  enfuite  elles 
forment  une  efpéce  de  croiffant.  Voïez  Or^an. 
DiU.  Mathémat. 

P  H  E. 

Phebus,/ TO.  [Jpol/o.]  Apollon,  Dieu  de 
la  Poëfie  ,  félon  les  Anciens. 

(F/iébus,  ni  fon  troupeau  , 
Nous  n'eûmes  fur  le  des  jamais  un  bon  manteau. 

Regn.  Sat.  ) 

^^  M.  Defpréaux  a  dit  dans  fa  première 
Satire  :  ^ 

Il  eft  vrai  que  du  Roi  la  bonté  fecourable 
Jette  enfin  fur  la  mufe  un  regard  favorable , 
Et  réparant  du  fort  l'aveuglement  fatal, 
.Va  tirer  déformais  Phebus  de  l'hôpital. 

Phébus,f.  m.  \_Nug(z canorx.lSorte àe  langage 
affefté ,  peu  naturel ,  &  qu'on  ne  comprend  que 
dificilement.  (  Le  Phèbus  de  notre  langue  ne  fe 
raporte  prefque  point  à  celui  des  Grecs.  Jlbl. 
Lucien,  t.  J. 

Un  autre,  en  mots  pompîux  l'un  à  l'autre  coufus. 
Nous  donne  pour  fublime  un  fuperbe  plicbus. 

^  L'AbédcVilliers.) 

Parler  phébus.  C'eft  exprimer  en  termes  trop 
figurés  &  trop  recherchez  ce  qui  doit  être  dit 
plus  fimplement. 

Donner  le  phèbus  ,  emploïer  le  phébus.  C'eft  fe 
fervir  d'un  ftile  trop  affeûé  ,  trop  figuré. 

P  H  e'l  A  N  D  R  y  u  M  ,  y;  m.  Plante  dont  il  y  a 
deux  efpéces.  L'une  &  l'autre  font  apèritlves. 
Elles  excitent  l'urine  ,  &  les  mois  aux  femmes , 
&  purifient  le  fang.  La  racine  de  la  féconde 
eft  fudorifique. 

Phénix,  y:  OT.  \_Phœnix.']  Belon  ,  Hijloire  des 
oïfeaux ,  lib,  6.  c.  Jj.  dit  que  le  phénix  eft  un 
oifcau  grand  comme  un  aigle  ,  que  les  plumes 
d'aïUour  de  fon  cou  font  dorées  &  que  les  autres 


P  H  E.      PHI. 


12-5 


plumes  font  de  couleur  de  pourpre  ,  que  fa  tête 
eft  embellie  de  plumes  élevées  en  forme  de  crére, 
qu'il  compofe  fon  nid  de  rameaux  de  cafle 
odoriférante  &  de  rameaux  d'encens  ,  que  le 
Soleil  venant  enfuite  à  alumer  tout  cela  ,  le 
phénix  brCde  &  renaît  quelque  temps  après  de 
fcs  cendres,  Jonfion  ,  Hijl.  des  oifeauv  ,  die  que 
tout  cela  eft  fabuleux  ,  &  on  croit  qu'il  a  raifon. 
■j"  *  Phénix.  [  F/os  ,  aies.  ]  Ce  mot  au  figuré 
eft  comique.  (  Diana  apelle  Vafquez  le  phénix 
desefprits.  C'eft  le  phénix  des  efprits  relevez. 
Defpr.  Sat.  g,  M.  Bulteau  de  Préville  eft  le 
phénix  des  beaux  efprits  de  Roiien. 

Un  Sonnet  fans  défaut  vaut  feul  un  bon  Poëme  ; 
Mais  en  vain  mille  Auteurs  y  penfent  arriver  , 
Et  cet  heureux  Phénix  eft  encore  à  trouver. 

Defpr.  ) 

Phénomène, y!  OT.  [Phœnomenon.']  Terme 
de  Philofophie.  Mot  qui  vient  du  Grec.  C'eft  une 
aparence  qu'on  découvre  dans  le  ciel  &  dans 
tous  les  éfets  fenfibles  de  la  Nature.  (Les  éclipfes 
font  des  phénomènes.  Les  mouvemens  des  pla- 
nètes ,  leurs  aproches  ,  leurs  afpefts  ,  leurs 
opofitions ,  font  des  phénomènes  du  ciel.  La 
féchereffe  de  la  terre  ,  la  chaleur  du  feu ,  &c. 
font  des  phénomènes  de  la  terre  &  du  feu. 
Découvrir  un  nouveau  phénomène.  Chercher 
la  caufe  d'un  phénomène.  ) 

Phénomène  ,  au  figuré  ,  fe  dit  d'une  chofe  rare. 
(  On  dit  à  une  perfonne  qu'on  n*a  point  vue 
depuis  long-tems  ,  c'eft  un  phénomène  de  vous 
voir.  )  On  fe  fert  encore  de  cette  expreffion 
dans  le  ftile  familier ,  en  plufieurs  ocafions. 

P  H  e'r  e'c  r  a  t  I  e  n,  f^'ers  Phérécraùcn  ,  ainft 
nommé  de  fon  Auteur ,  Phérécrate  ,  Athénien  , 
contemporain  de  Flaton.  Le  f^ers  Phérécraùcn 
étoit  compofé  des  trois  derniers  plés  du  Vers 
hexamètre  ,  avec  cette  condition ,  que  le  premier 
de  ces  trois  pies  doit  toujours  être  un  ipondée. 
Dans  Horace  ,  Qjiamvis  pontica.  pinus  ,  eft  un 
Vers  phérécratien, 

PHI. 

Philactere,/;/;.  [  Antidotum.  ]  Pronon- 
cez,  &  même  ccnvezfilaclére.  Ce  mot  vient  du 
Grec.  Préfervatif.  C'eft  un  remède  fuperftitieux, 
qu'on  ataciie  au  cou  ,  aux  bras  ,  aux  jambes  des 
hommes,  ou  des  bêtes,  pour  chafler  ou  empê- 
cher quelque  maladie  ,  ou  quelque  fâcheux 
événement.  (  Les  philadéres  font  défendus ,  & 
ont  été  condamnez  par  les  Pérès  &  par  les 
Conciles  ,  Thiers  ,  fnperjl.  Il  y  a  des  philaftères 
qui  fe  font  par  des  paroles,  mais  ils  font  ridicules.) 
Ce  mot  eft  Grec  ,  fXauTtfloi' ,  qui  fignifie  en 
général  un  préfervatif  ,  une  défenfe  contre  le 
venin  ,  &  contre  tout  ce  qui  peut  nous  nuire. 
La  fuperftition  a  inventé  plufieurs  fortes  de 
philaftéres ,  &  leur  a  donné  plufieurs  noms , 
dont  le  plus  commun  eft  vhami^ioi  dans  la  langue 
Grecque ,  &  AmuUtum  dans  la  Latine.  La  forme 
n'a  jamais  été  fixe  ;  tout  ce  qui  pouvoit  être 
porté  ou  au  col ,  ou  aux  bras ,  ou  en  quelque 
autre  partie  du  corps  avec  un  fentiment  de 
religion,  étoit  un  Phylactère  ,  &  dans  la  fuite 
on  s'eft  fervi  de  ce  nom  pour  exprimer  les 
reliquaires  &  les  agnus  Dei  ,  que  l'on  portoit 
fur  foi.  Le  Pape  S.  Grégoire  écrivant  à  Théo- 
delinde  ,  Reine  des  Lombards  ,  lui  aprend  qu'il  a 
envoie  au  Roi  Adolouvald  un  phylactère ,  con- 
fiftant  dans  une  croix ,  où  il  y  a  du  bois  de  la 


12-4 


PHI. 


Croix  (hi  Seigneur ,  &  un  Evangile  enferme  dans 
une  boite  magnifique.  Et  nous  liions  clans  S. 
Mathieu,  ch.  2.3.  «.3.  que  les  Pharifiens  afec- 
toient  de  porter  un  philaciérc  ,  &  de  riches 
trangcs  ,  omnia  vab  opéra  j'ita  faciunt  ut  vLùaniur, 
Jilutant  cnim phyLicler'ui /ha  &  mannlfuantjimbrias. 
if  Ils  font  toutes  leurs  aQions  afin  d'être  vus 
»  des  hommes  ,  c'eft  pourcpioi  ils  portent  les 
»  paroles  delà  loi  écrites  dans  des  bandes  de 
«  parchemin  plus  larges  que  les  autres,  &  ont 
«  des  franges  plus  longues. 

Il  y  a  aparence  que  les  Pharifiens  portoient  leurs 
phylactères  plutôt  par  oftentation  que  par  fuperf- 
lition  ,  comme  on  les  a  portez  dans  la  fuite  ; 
ce  n'eft  pas  que  les  Juifs  ne  fuffent  prévenus 
du  pouvoir  de  certains  préfervatifs  contre  les 
maux  qui  arrivent  fouvent  aux  hom.mes.  Saint 
Cyrille ,  Evêque  de  Jérufalem ,  dans  la  première 
de  fes  inftruftions  qu'il  donne  à  ceux  qui  éioient 
nouvellement  baptifez  article  3,  déclare  que  la 
divination,  les  augures,  \cs  phylactères  qws  Von 
porte  fur  foi  &  qu'il  apelle  TnfUfin.xra  ,  ces 
mots  écrits  fur  une  feiiille  d'arbre  ou  de  papier, 
&c  toutes  les  chofes  de  ce  caradére  ,  font  un 
culte  diabolique. 

Saint  Ambroife  ,  Saint  Auguftin  &  plufieurs 
autres  Pérès  de  l'Eglife,  les  Conciles  de  Rome  , 
d'Agde  ,  de  Conftantinople  ,  de  Tours ,  &  une 
infinité  de  Synodes  ont  également  condamné  les 
/'/;_>'/ijf7trV«,  les  remèdes  apliquez  avec  des  paroles, 
&c  étoient  régardez  comme  des  inventions  du 
Démon  ,  dont  le  culte  ofenfe  direflement  l'au- 
torité d'un  Dieu ,  que  nous  devons  uniquement 
adorer.  Voïez  Thiers,  dansfon  Traité  des  Superjl. 
tom.  i.    liv.  3.  chap.  i.  &  fiiiv. 

Phylactères  ,  f.  m.  [P/iylacleria.  ]  Bandes  de 
parchemin ,  que  portoient  les  plus  dévots  d'entre 
les  Juifs  fur  leur  front ,  &  où  étoient  écrites  les 
paroles  delà  loi.  (Ils étendent  leurs phylaûéres. 
P  H  I  L  A  u  T  I  E.  Amour  de  foi-même.  Complai- 
fance  vitieufe  pour  foi-même.  (Cet  homme  eft 
plein  de  philautie.  j4cad.  Fr.  ) 

P  H  I  L  I  F  E  ,  ou  F  I  L I  p  E  ,  y^  m.  [  Philippus.  ] 
Nom  d'homme  ,  dont  le  diminutif  efl  Philipot , 
qui  veut  dire  ,  petit  Philipe.  (  Philipe  de  Valois 
Roi  de  France  mourut  en  i  370.  âgé  de  cinquante- 
cinq  ans.) 

Phi  Li  POT  ,  y^  /«.  Petit  Philipe.  (Philipot 
devient  grand.  ) 

Ph  I  L  I  POT  E  , /./.  Nom  de  fille  ,  qui  veut 
dire  petite  Ptiilipt.   (  Philipote  eft  belle.  ) 

Philologie,  f.f.  {^Philologia.  ]  C'eft  une 
litcrature  univerfelle  qui  s'étend  à  toute  forte 
de  fcience  &  d'Auteurs.  Ce  mot  eft  Grec. 

Pliilologiie  ,  f.f.  Un  Sçavant  qui  a  une  litté- 
rature univerfelle  ,  ou  qui  écrit  fur  toute  forte 
de  littérature  ,  ou  qui  peut  en  difcourir. 

Philologique  ,  adj.    On  nomme  Philologicjue 

une  Differtation  fur  des  matières  de  litcrature. 

Philomfle.  Nom,  dont  les  Poètes  fe  fervent 

fouvent  pour  marquer  un  roflignol. 

(  Et  dans  les  bois  prochains  Philométe  en  génùt. 

On  voit  plus  d'une  hirondelle , 
Et  l'on  entend  nuit  &  jonr, 
La  cliarmame  Philomèlc 
Parler  de  fon  tendrs  amour. 

Bofquillon.  ) 

Philosophe,/,  m.  \_Philofopt{us.'\  Mot  qui 
vient  du  Grec  &  qui  veut  dire  Amateur  de  la 
Sagejfe,  Sage.  Prudent.  Mais  comme  dans  ce  fens, 


PHI. 

le  nombre  des  Phdofophes  d'aujourd'hui  eft  fort 
limité,  on  l'étend  un  peu  davantage,  &  on 
nomme  philoloplie  celui  qui  fçait  ,  qui  croit 
fçavoir  ,  ou  qui  fe  pique  de  fçavoirla  Logique, 
la  Morale  &  la  Phyfique.  (Lucien  a  mis  les 
anciens  l^hilofophes  à  l'encan,  &  à  fon  imitation 
on  feroit  un  plaifant  dialogue  fur  les  Philofophes 
modernes.  ) 

Defcartes  eft  le  plus  grand  Philofophe  qu'il  y 
ait  eu.  Gaffendi  l